DPUBFTB - Chapitre 61 - Chanson d'amour sur glace (18)

 

Obstruction, conception, acte de bravoure.

 

Le meneur, un type aux cheveux jaunes, demanda : « Vous l'avez bien repéré ? »

Tous hochèrent la tête : « Oui, celui qui porte une veste en duvet blanc et a les cheveux longs. »

Pour ce genre de chose, il fallait éviter de donner l'alerte. La salle de jeux était bruyante et sombre, mais c'était seulement dans un endroit comme celui-ci qu'ils pouvaient observer librement sans craindre d'être repérés par Dong Ge et les autres.

L'un d'eux dit : « Frérot, on l'attaque quand ? »

Un autre ajouta : « Celui qui a volé la personne que notre frérot aime, même le castrer ne suffirait pas à apaiser notre colère. »

Le type aux cheveux jaunes fit un bruit de dégoût : « Cassez-lui une jambe, ça suffira. Si on tue quelqu'un, ça va mal se terminer pour tout le monde. On agira quand je donnerai le signal. »

Après avoir rapidement discuté, ils retournèrent jouer au billard ensemble.

Les jeunes hommes continuaient de faire du bruit, tandis que le maigre, tenant une bouteille de bière ouverte et deux gobelets en plastique, s'approcha du type aux cheveux jaunes et lui servit un verre : « Tu l'as bien repéré ? »

Le type aux cheveux jaunes sortit de sa poche la photo de groupe froissée : « Tiens, garde cette photo. »

Le maigre : « ... C'est celle que je t'ai donnée ?! »

« Elle a fait le tour, alors sois content qu'elle soit encore en un seul morceau. » Le type aux cheveux jaunes ricana et fit un geste obscène. « Les filles sont plutôt jolies, alors ils ont profité de la photo pour... »

Le maigre, dégoûté, frotta la photo contre sa veste : « Vous l'avez bien identifié ? »

« Pas vraiment. »

Le maigre le fusilla du regard : « Vous avez passé votre temps à vous branler, c'est ça ? »

Le type aux cheveux jaunes agita la main : « Ces danseurs, à première vue, ils se ressemblent tous. Comment tu veux qu'on les distingue ? »

Le maigre sortit la photo et l'examina.

Les jeunes hommes et femmes sur la photo portaient tous des vêtements blancs et noirs, et comme ils avaient été soigneusement sélectionnés depuis leur enfance, leurs corps étaient également similaires.

Impossible de les distinguer par leur apparence, leurs vêtements étaient identiques, et en plus, c'était une photo de groupe. Difficile de les différencier d'un coup d'œil.

Même le maigre dut les compter un par un pour trouver son frère.

Le type aux cheveux jaunes but une gorgée de bière : « Tu n'as pas de photo individuelle de ce gamin ? »

« Mon frère en a probablement, mais il est trop peureux pour qu'on lui parle de ce qu'on prépare.» Le maigre continua. « Mais ce petit con de Dong Ge est assez célèbre, on peut trouver plein de photos de lui sur Internet. »

Le type aux cheveux jaunes répondit : « Mieux vaut éviter. Ces petits cons, si on leur dit qu'ils vont tabasser un connard qui a volé la petite amie de quelqu'un, ils seront tous partants. Mais si on leur dit qu'ils vont s'attaquer à un champion du monde, ils vont tous flancher. »

Le maigre fronça légèrement les sourcils : « Cette affaire pourrait finir au poste, ils sont fiables ?»

Le type aux cheveux jaunes claqua la langue : « T'inquiète pas. Je connais bien les flics de cette petite ville, et Dong Ge n'est pas issu d'une grande famille, c'est juste un petit bonhomme. Il ne fera pas de vagues. J'ai bien briefé les gars, on va monter une petite scène pour faire passer ça pour une "bagarre d'ivrognes"... »

Il baissa la voix : « ... Même s'ils découvrent que Dong Ge n'est pas un inconnu, pour éviter de finir en taule, ils devront insister sur le fait que c'était une "bagarre d'ivrognes". On les aidera à payer les dommages, et au pire, ils écoperont de quinze jours de prison. »

Le maigre poussa un soupir de soulagement.

S'il n'y avait pas eu d'autre choix, il n'aurait pas fait appel à des frères peu fiables.

Mais ce He Changsheng était le coup de cœur de son frère, et il pourrait bien entrer dans la famille Lou un jour. Lui-même était un visiteur régulier chez son cousin, et si He Changsheng le surprenait en train de traîner avec ces gars, son frère serait dans de sales draps.

Ne pouvant pas agir directement, le maigre avait décidé de recruter quelques visages inconnus.

Le type aux cheveux jaunes lui tapota l'épaule : « Frérot Lou, tu peux me faire confiance pour cette affaire, je te promets que ça se passera bien. »

Le maigre lui rappela : « Une jambe, hein. »

Le type aux cheveux jaunes répondit : « Une jambe, pas plus. »

Ils échangèrent un sourire et trinquèrent.

Vers cinq heures de l'après-midi, les trois sortirent de la salle de jeux ensemble.

Lou Sifan semblait un peu déçu : « On part déjà ? »

He Changsheng répondit : « On a promis à la mère de Dong Ge de rentrer pour le dîner. »

Dong Ge : « Oui. »

Lou Sifan ne s'en formalisa pas et dit gentiment : « Alors, où est-ce qu'on va demain ? »

He Changsheng sortit un petit carnet de sa poche et ouvrit une page sur laquelle il avait pris de nombreuses notes.

Les activités dans cette petite ville étaient limitées, et He Changsheng avait fait de gros efforts pour aider Lou Sifan à surmonter ses complexes.

Il dit : « Demain, on va au karaoké. »

Lou Sifan proposa : « Si on va au karaoké, pourquoi ne pas dîner au barbecue avant ? »

He Changsheng regarda Dong Ge : « On va demander l'avis de la mère de Dong Ge. »

Dong Ge : « Oui. »

He Changsheng dit : « Arrête de toujours dire "oui". »

Dong Ge réfléchit un instant et changea de phrase : « Je fais comme le senior veut. »

He Changsheng ne supportait plus d'entendre Dong Ge dire "senior". C'était froid, mais ça avait quelque chose de séduisant.

He Changsheng détourna le visage, incapable de s'en empêcher : « ... Oui. »

Lou Sifan : « ... » Je ferais mieux de devenir aveugle.

Il réprima son impatience et sourit : « Alors, contactez-moi ce soir. Je réserverai une salle. Disons de huit heures à minuit, ça vous va ? »

He Changsheng et Dong Ge répondirent en même temps : « Oui. »

Lou Sifan : « ... Je vous raccompagne. »

He Changsheng dit : « On te raccompagne, puis on rentrera à pied. » Comme ça, il pourrait marcher deux fois plus longtemps avec Dong Ge.

Lou Sifan serra les dents : « Non, je rentre seul. »

He Changsheng, déçu, répondit : « Ah ? »

Lou Sifan, luttant contre la veine qui pulsait sur sa tempe, se détourna : « Je rentre. »

Après avoir regardé Lou Sifan s'éloigner, Dong Ge dit : « Senior, rentrons. »

He Changsheng, déçu après avoir eu de l'espoir, était plongé dans son désappointement : « Oui. »

Dong Ge regarda l'expression visiblement triste du jeune homme et pinça légèrement ses lèvres : « Senior, allons chez le coiffeur. »

He Changsheng le regarda.

Dong Ge se toucha la tête : « Je vais me faire couper les cheveux. » Comme ça, il pourrait laisser le petit et son senior passer plus de temps ensemble.

He Changsheng accepta immédiatement : « D'accord. Je connais un endroit où ils coupent bien les cheveux. »

Ils traversèrent à pied la moitié de la petite ville pour se rendre dans un salon de coiffure soi-disant « bien ».

En réalité, He Changsheng ne connaissait aucun bon salon de coiffure. C'était simplement celui que Lou Sifan fréquentait souvent.

Aucun des deux n'était bavard. Dong Ge se fit couper les cheveux en silence, tandis que He Changsheng le regardait tranquillement, tous deux se sentant parfaitement à l'aise.

Ils restèrent ensemble jusqu'à environ sept heures du soir, puis rentrèrent chez eux en triporteur.

Dès qu'ils franchirent la porte, Dong Ge reçut plusieurs coups de balai en bambou de sa mère.

Dong Ge était un peu vexé : « Pourquoi ? »

Sa mère, l'air féroce, lui tapota le front : « Petit vaurien, je t'avais dit de te faire couper les cheveux avant le Nouvel An ! Tu ne sais pas que se faire couper les cheveux pendant le premier mois lunaire porte malheur à ton oncle ?! »

Dong Ge : « ... Je n'ai pas d'oncle. »

Sa mère fut prise de court et pointa Dong Feihong, qui était en train de disposer les plats sur la table : « Et ton oncle, là ? »

Dong Feihong, tenant un plat, ne put s'empêcher de rire : « À table. »

He Changsheng sourit également.

L'ambiance familiale chez Dong Ge était totalement différente de celle, stricte, de chez Lou Sifan. He Changsheng adorait cette tendresse simple et chaleureuse des gens ordinaires.

Le lendemain matin, Dong Ge et He Changsheng s'entraînèrent sur la patinoire familiale. Après le déjeuner, ils retournèrent chacun dans leur chambre pour une sieste, se préparant pour la soirée.

À quatre heures de l'après-midi, Lou Sifan arriva. Dong Ge et He Changsheng se levèrent et commencèrent à s'habiller.

Dong Ge, tout en choisissant une veste, dit à sa mère : « Maman, ne nous attends pas ce soir. »

Sa mère demanda : « Dans quel karaoké allez-vous ? Je demanderai à ton oncle d'aller vous chercher après. »

Lou Sifan intervint immédiatement : « Tante, ne vous inquiétez pas. Je raccompagnerai Dong Ge et les autres après la soirée. »

La mère de Dong Ge : « Oh, ce serait trop gentil. »

Lou Sifan sourit : « Je suis le plus âgé, c'est normal. »

Alors que les trois quittaient la patinoire, le type aux cheveux jaunes, qui fumait en les observant, envoya un message aux petits voyous déjà prêts.

« La cible porte une veste bleu clair et une casquette. »

« Ne touchez surtout pas celui en rouge, c'est le coup de cœur du petit frère du boss. »

« L'heure et le lieu vous ont été envoyés. Il n'y a qu'une seule entrée. Attendez l'opportunité. »

À la fin de la soirée, il était déjà minuit.

Pendant le premier mois lunaire, les familles se réunissent, donc peu de gens sortent pour s'amuser avec des amis. De nombreux magasins avaient déjà éteint leurs lumières, seules quelques boutiques de coiffure restaient ouvertes. Des vieilles banderoles de Nouvel An arrachées des portes volaient dans le vent froid, produisant un bruit de papier froissé, comme des faux billets mal découpés.

Le karaoké se trouvait dans une ruelle sombre et sinueuse. Les trois devaient traverser trois ruelles avant d'arriver à la rue principale.

En traversant la deuxième ruelle, ils entendirent des chants désaccordés venant de devant eux.

Lou Sifan sentit une forte odeur d'alcool s'approcher et sourit légèrement.

... Ils étaient bien là.

Ça valait la peine d'avoir discrètement informé son cousin de l'endroit hier.

Mais il prit immédiatement un ton dégoûté : « Changsheng, Dong Ge, restons sur le côté. »

He Changsheng hocha la tête et attrapa la manche de Dong Ge, qui marchait à l'extérieur : «Reste sur le côté. »

Mais lorsque le groupe arriva à leur hauteur, He Changsheng réalisa qu'il était impossible de les éviter.

Ils foncèrent droit sur Dong Ge comme des taureaux, le heurtant violemment à l'épaule.

Dong Ge fut projeté sur le côté et tomba dans les bras de He Changsheng.

Lou Sifan, furieux, fit un pas en avant et gronda : « Qu'est-ce que vous faites ? »

Dong Ge ne dit rien, mais He Changsheng, trop habitué à ce genre de « provocations », tenta de retenir Lou Sifan pour l'empêcher de s'engager dans une dispute.

Mais il était déjà trop tard.

Le chef du groupe, un homme gros et ivre, cracha sur la chaussure de Lou Sifan : « Hé, t'es un sacré numéro, toi. »

Lou Sifan répliqua sérieusement : « La rue est large, vous deviez vraiment nous bousculer ? »

Le gros homme répondit : « Ouais, je t'ai bousculé. T'es pas content ? »

Lou Sifan : « Vous ne savez pas raisonner ?! »

Le gros homme attrapa le col de Dong Ge, le soulevant et le poussant sur le sol caillouteux : «Hé, je raisonne pas avec les cons, tu veux quoi ? »

À peine ces mots prononcés, les autres membres du groupe apparurent comme des fantômes, formant un demi-cercle autour de Dong Ge et des autres, lançant des insultes grossières.

He Changsheng regarda autour de lui.

Il y avait un chantier de construction à proximité, avec des briques et des planches de bois.

La situation était totalement différente de celle où Dong Ge avait affronté quatre personnes. Cette fois, les adversaires étaient des adultes, grands et costauds, au nombre de six ou sept. Ils n'étaient que trois, et avec tous ces outils à portée de main, une bagarre ne pourrait que mal se terminer.

Surtout à ce moment-là, alors qu'ils avaient une compétition dans quelques mois.

He Changsheng, bien que droit, ne faisait jamais preuve de témérité.

Il savait que la seule solution était de fuir.

Ce qui le soulageait, c'est que Dong Ge avait également une estimation réaliste de ses propres capacités.

Il ne chercha pas à provoquer, mais se contenta de balayer la poussière sur ses vêtements en silence, puis se releva en titubant.

Cependant, dès qu'il fut debout, le gros homme lui donna un coup de pied, frappant directement son ventre.

Le coup fut si violent que Dong Ge roula sur plusieurs mètres.

Lou Sifan, voyant que le moment était venu, poussa le gros homme et cria : « Cours !!! »

Dong Ge réagit rapidement. Ignorant la douleur, il attrapa la manche de He Changsheng, qui tentait de l'aider, et se mit à courir à toute vitesse dans la direction d'où ils étaient venus.

061 posa la même question pour la trente-sixième fois, avec une note d'inquiétude palpable dans sa voix : « Tu veux que je t'aide ?! »

Chi Xiaochi répondit pour la trente-sixième fois : « Attends. »

061 tremblait de douleur : « Tu es blessé ! Une contusion des tissus mous... »

Chi Xiaochi, boitant tout en essayant de contenir la douleur sourde, continua de courir : « Je m'en suis rendu compte. »

Tout en parlant, il tendit l'oreille pour écouter les bruits derrière lui.

... Ces gens ne les poursuivaient pas.

Et Lou Sifan ne les suivait pas non plus.

Lorsque son nez fut frappé par un coup de poing, Lou Sifan fut tellement pris au dépourvu qu'il plia sous la douleur aiguë et brûlante qui lui fit monter les larmes aux yeux.

Il avait prévu de pousser le gros homme, puis de se faufiler derrière eux pour se cacher quelque part, laissant les autres attraper Dong Ge. Ensuite, il traverserait les ruelles qu'il connaissait si bien, retrouverait Changsheng et jouerait le rôle du sauveur.

Mais le gros homme l'attrapa, ricana, et lui asséna un coup de poing en plein visage.

Lou Sifan, touchant son nez visiblement déplacé, souffrit atrocement : « Qu'est-ce que vous faites ? »

Personne ne répondit à sa question.

Il fut jeté au sol par un coup de pied, et une pluie de coups de poing et de pied s'abattit sur lui.

Il était comme un sac de frappe, frappé jusqu'à en perdre la voix.

Après plusieurs dizaines de secondes de coups, les coups s'arrêtèrent soudainement.

Les hommes s'écartèrent, et Lou Sifan, le visage couvert de poussière, ouvrit les yeux, voyant le gros homme choisir une planche de bois épaisse comme un bras parmi un tas de matériaux.

Non, ce n'était pas possible...

Il devait y avoir une erreur...

Lou Sifan hurla : « Lâchez-moi ! Je suis— »

Le gros homme ne lui laissa pas le temps de finir son introduction.

La planche, portée par le vent, s'abattit violemment sur le genou de Lou Sifan.

Lou Sifan fut immédiatement réduit au silence, la bouche grande ouverte, les yeux pleins de poussière et de larmes, s'effondrant sur le sol.

He Changsheng, qui avait couru sans réfléchir avec Dong Ge dans les ruelles sur plus de cent mètres, réalisa enfin que Lou Sifan ne les avait pas suivis.

Il s'arrêta.

À peine eut-il tourné la tête qu'un cri déchirant traversa ses nerfs comme les roues d'un camion.

He Changsheng ouvrit grand les yeux.

La seconde suivante, il se retourna pour courir.

Dong Ge l'attrapa fermement : « Où vas-tu ? »

He Changsheng, paniqué, avait des sanglots dans la voix : « Frère Lou ! Frère Lou n'est pas sorti !! »

Dong Ge fut surpris, comme s'il venait de s'en rendre compte. Il prit deux grandes respirations, serra fermement la main de He Changsheng, se pencha pour ramasser deux briques dans un coin et les mit dans les mains de He Changsheng : « On y va ensemble. »

061 s'énerva : « Qu'est-ce que tu fais ? »

Chi Xiaochi ne répondit pas, se contentant de bouger légèrement le cou.

061 : « ... Merde ! »

Les deux jeunes hommes, tenant leurs briques, s'apprêtaient à foncer quand une silhouette surgit de côté, les attrapant chacun par un bras : « Dong Ge ! Changsheng ! »

Dong Ge se retourna, surpris : « Oncle ? »

C'était Dong Feihong.

Il regarda l'énorme empreinte de pas sur les vêtements de Dong Ge et demanda, inquiet : «Qu'est-ce qui s'est passé ? Ta mère m'a demandé de venir te chercher, et dès que je suis arrivé, j'ai entendu— »

He Changsheng tremblait de manière incontrôlable : « Oncle, il y a un problème. Frère Lou a des ennuis. »

Dong Feihong dit : « Je vais voir. »

Dong Ge saisit sa main, l'air également tendu : « Ils sont nombreux. »

Dong Feihong répondit succinctement : « Je m'en occupe. »

Il tourna son regard vers He Changsheng, ses yeux habituellement chaleureux maintenant remplis de froideur, et ordonna : « Restez ici tous les deux, ne bougez pas, ne compliquez pas les choses, et appelez immédiatement la police. »

Sur ces mots, il se retourna et courut vers l'endroit d'où provenait le cri.

Dans un endroit que Dong Ge ne pouvait pas voir, les yeux de Dong Feihong devinrent complètement sombres.

Il bougea légèrement son cou, produisant un craquement osseux distinct.

Alors qu'ils venaient de composer le numéro, ils entendirent un autre cri déchirant provenant de la même direction.

He Changsheng et l'opératrice téléphonique sursautèrent tous les deux en entendant les bruits au téléphone.

Mais heureusement, la voix n'appartenait ni à Dong Feihong ni à Lou Sifan.

Un autre cri retentit aussitôt après.

L'opératrice, entendant ces bruits, comprit la gravité de la situation. Après avoir obtenu l'emplacement exact de la bagarre, elle envoya immédiatement la police.

En l'espace d'une minute, sept cris de douleur furent entendus depuis la ruelle.

Dès qu'il raccrocha, He Changsheng, incapable de contenir son inquiétude, lâcha la brique qu'il tenait et se précipita vers la ruelle.

Dong Ge le suivit de près.

Lorsqu'ils retournèrent dans la ruelle, tous deux ne purent s'empêcher de retenir leur souffle.

Les sept hommes qui les avaient encerclés gisaient maintenant au sol, chacun avec une fracture évidente, gémissant et pleurant de douleur.

Le gros homme qui faisait le fier tout à l'heure était maintenant réduit à une masse tremblante, traînant une jambe cassée tout en reculant de peur.

Dong Feihong s'approchait de lui pas à pas, son visage empreint d'une froideur glaçante.

Le gros homme, les yeux rouges, claquait des dents et suppliait sans cesse : "Frère, frère, pitié. Laissez-moi, je n'oserai plus jamais..."

Dong Feihong se tourna vers Dong Ge et demanda : "Dong Ge, est-ce eux qui t'ont harcelé ?"

En entendant ce nom, le gros homme ouvrit grand les yeux, comme s'il avait vu un fantôme, sa poitrine se gonfla et la graisse de son visage trembla : "Dong Ge ? Dong Ge... C'est lui, Dong Ge ?"

Dong Feihong fronça les sourcils : "Qu'est-ce que tu veux dire ?"

Puis, il comprit que quelque chose n'allait pas : "Vous cherchiez spécifiquement Dong Ge ? C'était prémédité ?"

Avant que le gros homme ne puisse répondre, Dong Feihong lui envoya un coup de poing qui s'écrasa contre le mur à côté de son oreille gauche.

Le gros homme entendit distinctement le bruit des gravats tombant et la voix basse de Dong Feihong : "Parle."

Terrifié à l'idée de ce qu'un tel coup pourrait faire à sa tête, le gros homme se mit à pleurer et à crier, avouant tout : "C'est le frère... C'est Lou Siyun ! Le frère de Lou Sifan nous a demandé de frapper Dong Ge, de lui casser une jambe ! Ce n'est pas nous qui voulions le faire !..."

He Changsheng, qui venait de s'accroupir près de Lou Sifan pour examiner ses blessures, resta figé.

Il tourna lentement son regard vers Lou Sifan, inconscient, et ses lèvres se mirent à trembler légèrement.

Dong Feihong, remarquant quelque chose d'anormal, insista : "Alors pourquoi vous êtes-vous trompés de personne ?"

*

Une heure plus tard.

Dans l'infirmerie du poste de police, le numéro 061 posa la même question à Chi Xiaochi, qui venait de se faire soigner.

"Pourquoi se sont-ils trompés de personne ?"

Chi Xiaochi remit délicatement son vêtement : "Pourquoi ne se seraient-ils pas trompés ?"

061 resta silencieux un moment : "... Tu le savais depuis le début ?"

Chi Xiaochi répondit : "Il y avait trop d'incohérences. L'emplacement du KTV, le moment choisi pour y aller, tout était suspect."

061 se souvint.

La veille, après avoir reçu un message de Lou Sifan lui indiquant l'emplacement du KTV réservé, Chi Xiaochi avait vérifié l'adresse précise.

Chi Xiaochi se tenait le ventre, essayant de soulager la douleur : "J'ai fait des recherches sur la famille de Lou Sifan à plusieurs reprises. Je connais très bien ses relations sociales."

C'était vrai, mais 061 n'avait pas imaginé que Chi Xiaochi se souviendrait aussi clairement des informations consultées il y a longtemps.

Chi Xiaochi ajouta : "Ces hommes nous ont suivis hier."

061 demanda : "... Comment as-tu remarqué ça ?" Même lui ne l'avait pas vu.

Chi Xiaochi répondit : "Je suis une star."

061 : "... Hein ?"

Chi Xiaochi expliqua : "Quand je sors pour jeter les poubelles, il y a six ou sept paparazzis qui me suivent."

061 : "... Je vois."

"Sentant que quelque chose n'allait pas, j'ai commencé à réfléchir à un plan," continua Chi Xiaochi. "Vu le caractère de Lou Sifan, il ne ferait jamais le sale travail lui-même, ni ne demanderait à quelqu'un de proche de le faire, pour éviter d'être impliqué. Puisque ces hommes ne nous connaissaient pas, il y avait forcément des failles dans leur perception."

Il se frotta les blessures et demanda lentement : " Professeur Luo, laisse-moi te poser une question. Si tu ne connais pas bien une personne, quel est le meilleur moyen de la reconnaître ?"

... Bien sûr, c'est par ses caractéristiques.

061 eut une révélation : "Alors, hier, quand tu es allé te faire couper les cheveux..."

Chi Xiaochi hocha légèrement la tête : "Après avoir effacé la caractéristique la plus évidente, il fallait en changer une autre."

En disant cela, il se leva, marcha vers le dossier de la chaise et prit la veste qui y était posée.

C'était une veste réversible.

L'intérieur était bleu clair, et l'extérieur blanc, avec une empreinte de pas noire imprimée dessus.

Chi Xiaochi prit la veste et dit d'un ton détaché : "Aujourd'hui, après que Lou Sifan soit rentré chez lui, j'ai choisi mes vêtements en fonction de la couleur de sa veste."

061 retint son souffle.

Il se souvenait que Lou Sifan portait aujourd'hui une veste bleu foncé.

À première vue, le bleu foncé et le bleu clair sont bien sûr faciles à distinguer, mais sous les lumières tamisées des lampadaires, la vision humaine est gravement affectée.

Et dans le KTV, lorsque Chi Xiaochi enleva puis remit sa veste, il retourna naturellement le côté blanc vers l'extérieur et glissa sa casquette dans son sac.

Aux yeux des voyous qui les avaient interceptés, aucun des trois ne portait de casquette, et sans la référence des cheveux longs, l'un portait un rouge vif, l'autre un blanc éclatant, et le dernier du bleu. Qui se souciait de savoir si c'était du bleu foncé ou du bleu clair ?

À ce stade, 061 ne put s'empêcher de poser une question supplémentaire : "Et s'il n'avait pas l'intention de passer à l'action ? Et s'il voulait simplement écouter les conseils de He Changsheng et réparer votre relation ?"

Chi Xiaochi cligna des yeux et rétorqua : "Et bien, qu'est-ce que je perdrais à me couper les cheveux et à changer de vêtements ?"

061 : "..."

Chi Xiaochi tourna son regard vers la fenêtre en verre.

Sous les lumières vives du couloir, He Changsheng était assis seul sur un banc en plastique, son ombre s'étirant longuement. Il tenait sa tête entre ses mains, fixant le sol, perdu dans ses pensées.

Chi Xiaochi murmura : "Celui qui a le plus à perdre est là-bas."

061 pensa que la personne qui avait le plus à perdre était en fait à l'hôpital.

*

À ce moment précis, Dong Feihong était assis dans la salle d'interrogatoire.

Le rapport médical venait d'arriver, et l'officier chargé de l'enquête ne cachait pas son étonnement : "Une seule blessure par personne ?"

La personne qui avait apporté le rapport hocha la tête, impressionnée : "Une seule blessure par personne, mais chaque blessure est une fracture. Les coups étaient précis et maîtrisés."

La définition légale de la légitime défense ou de l'intervention d'urgence est d'agir rapidement pour arrêter une menace. Si, après que l'adversaire a perdu sa capacité à se défendre, on continue à le frapper ou à le blesser, cela devient une défense excessive.

Mais dans ce cas, avec des coups aussi précis et décisifs, personne ne pouvait dire que la personne qui avait frappé avait agi de manière excessive. Cela ne pouvait être considéré que comme un acte de bravoure.

L'officier et son collègue retournèrent dans la salle d'interrogatoire et s'assirent en face de Dong Feihong, examinant son visage.

Un homme si raffiné...

Après avoir posé les questions habituelles sur le nom, l'âge et le sexe, l'officier demanda : "Quelle est votre profession ?"

Dong Feihong répondit poliment : "Dessinateur de bandes dessinées."

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

 

Créez votre propre site internet avec Webador