Tu prends trop de risques ! Tu es venu tout seul comme ça ?
Cette bataille pourrait facilement être qualifiée de summum de la vie de Xiang Shu. Un homme seul défia 60 000 hommes ; ce fut comparable à ce dieu martial imbattable qui chargea seul sept fois à travers les rangs ennemis sur l'ancien champ de bataille de Dangyang, il y avait près de deux cents ans.
(NT : référence à Zhao Yun (赵云), qui traversa à sept reprises les rangs ennemis pour sauver le jeune héritier Liu Shan, le fils de Liu Bei.)
Peu importait combien il en tua, la cavalerie Rouran continua à venir et à venir, et Xiang Shu, qui combatait seul, perdit ses forces. Quand il entendit les mots de Chen Xing : "Tu ne peux pas tous les battre, cours !", ce fut comme s'il y avait une bouchée de sang dans sa poitrine. Contrairement à l'intention initiale des mots, ils agitèrent plutôt le sang dans tout son corps. Il n'avait pas peur de la mort et donna encore une fois tout au pied de la falaise !
Chen Xing grimpa avec ses mains et ses pieds, et d'en bas, il vit Xiao Shan essayer de soulever le pilier de pierre ; toute sa personne sautait sur ses griffes, et il utilisa toute sa force pour marcher dessus. Mais ensuite, Che Luofeng ramassa sa lame et la dirigea directement vers Chen Xing qui grimpait toujours ! Chen Xing n'osa pas crier, craignant que cela ne distraie Xiang Shu, il n'eut donc d'autre choix que de serrer les dents et de se balancer le long de la falaise.
Che Luofeng fulmina de rage : "Chien Han, l'heure de ta mort…"
Ensuite, le pilier de pierre sur la plate-forme tomba et s'écrasa contre la taille de Che Luofeng.
Avant que Chen Xing ne pût voir clairement ce qui s'était passé, il sentit quelque chose clignoter devant ses yeux. Il vit Che Luofeng les bras ouverts et un pilier de pierre le suivant directement voler vers lui. Le visage de Che Luofeng paraissait féroce alors qu'il tomba devant Chen Xing.
Chen Xing : "???"
Chen Xing leva immédiatement les yeux et cria : "Xiao——"
Il n'eut pas encore fini que les milliers de piliers de pierre jin entraînèrent la chaîne de fer avec eux et woosh ! —— Chen Xing fut également abattu et vola directement vers le bas de la falaise ! Chen Xing sentit que l'attraction soudaine devait déformer son expression faciale.
Chen Xing : "AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA----"
La main droite de Xiang Shu tremblait d'épuisement, alors il changea l'épée pour sa main gauche. Alors qu'il était sur le point d'inciter son cheval à gravir la montagne, il vit un pilier de pierre rouler derrière l'armée de Rouran. Il fit trembler le sol en entraînant Chen Xing enchaîné le long de la falaise!
Chen Xing, qui était traîné par la chaîne comme un cerf-volant dérivant dans le vent, cria de loin : "Méfie-toi des chutes de pierres…"
Zhou Zhen, qui commandait l'armée, tourna soudainement la tête pour voir une pierre massive rouler et écraser près de dix mille cavaliers Rouran. Cette tournure des événements n'était pas bonne du tout, alors il s'esquiva rapidement pour éviter cet énorme rocher qui tombait du haut de la montagne. Xiao Shan le poursuivit immédiatement et Sima Wei, avec une armure noire couvrant tout son corps, se précipita du haut pour le poursuivre. Désespéré, Sima Wei se détacha et jeta son bouclier noir. Il tourna en volant, s'alignant parfaitement avec les pieds de Chen Xing.
"AAAAAAAAAA——" La langue de Chen Xing faillit voler dans le vent. Alors que le rocher l'entraînait toujours vers le bas, il marcha sur le bouclier et commença à descendre comme s'il était à ski : il glissa vers la gauche, évita vers la droite —— tout en restant menotté. Le rocher écrasa tout ce qu'il heurtait, et la cavalerie Rouran n'eut pas assez de temps pour l'esquiver. Tout comme un rouleau à pâtisserie, le pilier aplatit les cavaliers et les chevaux en galettes de viande.
Xiang Shu : "…"
Chen Xing se sentit étourdi pendant un moment et continua à changer de direction pendant que Xiao Shan essayait de se jeter sur lui plusieurs fois. Heureusement, non seulement il ne tomba pas, mais il réussit même à se stabiliser. Préoccupé par l'esquive, Zhou Zhen oublia de manière inattendue pendant un moment que Xiang Shu était toujours là. Pris de panique, il se précipita dans le canyon. Xiang Shu se retourna à nouveau pour monter sur son cheval et poursuivit Zhou Zhen.
Zhou Zhen changea la direction de son cheval et se retrouva face à face avec Xiang Shu.
"Lampe du Cœur !" rugit Xiang Shu.
Chen Xing était étourdi par tous les traînements qu'il avait subi, et il continuait à voir des étoiles devant ses yeux. Quand il entendit le cri de Xiang Shu, il alluma instinctivement la lampe du cœur.
La lumière brillante de la lampe du cœur clignota à l'intérieur du canyon sombre. Xiang Shu leva son épée large et la pointa vers l'horizon. De là, une lumière blanche jaillit et balaya les environs ; la lame de l'épée brilla, chaque caractère des neuf syllabes du Dao y apparaissant successivement——
——Les yeux de Zhou Zhen s'écarquillèrent. Lorsqu'il rencontra le regard perçant de Xiang Shu, il leva la main pour bloquer la lumière.
"Retournez d'où vous venez". La voix de Xiang Shu résonna dans son oreille. Puis, l'épée le fendit. Au milieu de ce cri puissant, Zhou Zhen éclata soudainement en poussière scintillante avant de se disperser dans toutes les directions.
Pendant ce temps, le pilier de pierre traînant Chen Xing roula dans la forêt avant de s'écraser sur un gros rocher —— il se brisa immédiatement en près de dix morceaux.
En chemin, chaque fois que Chen Xing n’était pas gêné par des branches, il glissait dans la neige. Il faillit tomber sur le côté mais réussit à se tenir à nouveau sur le bouclier et à éviter le danger, s’arrêtant de manière inattendue sans la moindre blessure. Puis, il souleva le bouclier et l’attrapa avec ses mains. Ses mains étaient toujours liées par la chaîne de fer et maintenant il était attaché aux restes d’un énorme pilier de pierre qui pesait encore environ 60 ou 70 jin ; tout son visage était pâle et il haleta.
Lorsque Xiang Shu rattrapa enfin Chen Xing, il saisit soudainement ses mains. Il était couvert de sang noir de la tête aux pieds. Ils ne dirent rien tous les deux.
« Tu… tu… » Chen Xing regarda Xiang Shu et ne sut quoi dire.
« Moi, moi quoi ? » Xiang Shu attrapa le poignet de Chen Xing et ne voulut pas le lâcher — le blessant un peu inconsciemment. En regardant autour de lui, il ne vit que du chaos partout. La plus grande partie de la cavalerie Rouran avait été prise en charge par la chance Jupiter de Chen Xing et se regroupait maintenant dans une ruée paniquée. Il dit rapidement : « Ce n’est pas le moment de parler, allons-y ! »
Chen Xing : « Xiao Shan… »
Xiang Shu : « Il peut se protéger ! »
Chen Xing pensa également que la vitesse de Xiao Shan était en effet très rapide. Puisque Sima Wei n’avait pas pu l’attraper, Xiao Shan devrait pouvoir protéger sa propre vie sans trop de problèmes. Maintenant, la chose la plus importante était qu’il ne devait pas tomber entre les mains de l’ennemi et redevenir un otage, sinon cela ne ferait que désavantager Xiao Shan et Xiang Shu.
Chen Xing courut jusqu’à ce qu’il fût à bout de souffle. Au fond des bois, une grotte apparut.
« Ah ! » Chen Xing fut sur le point de dire « bien ! » lorsque Xiang Shu appuya sur sa tête et lui fit signe de ne pas parler. Ils entrèrent tous les deux.
La grotte était d’un noir absolu et elle était couverte de givre. Chen Xing éclaira une petite zone avec la lampe du cœur.
« Pourquoi est-ce juste vous deux ? » demanda Chen Xing.
Xiang Shu : « Je n’ai pas laissé venir Xiao Shan ! Il m’a suivi ! Ne suis-je pas assez pour te sauver ? »
Xiang Shu était plutôt furieux contre Xiao Shan. Auparavant, il était prêt à sauver Chen Xing, mais Xiao Shan continua à le suivre. Ainsi, Xiang Shu dut changer ses plans. Il défia l’ennemi de front pour détourner son attention pendant que Xiao Shan escaladait le sommet pour sauver tranquillement Chen Xing. Le résultat final : Xiao Shan monta, se déchaîna et fit un si gros gâchis à la fin.
« Et Karakorum ? » demanda Chen Xing.
« C’est gardé. » Xiang Shu marcha vers l’avant, une main portant le rocher et tirant la chaîne. Il regarda attentivement autour de lui, guettant une embuscade.
Chen Xing se calma finalement. Il fronça les sourcils et dit : « Tu prends trop de risques. Tu es venu ici seul ? »
Xiang Shu : « Je ne veux pas que mon peuple risque ou pire perde sa vie simplement parce qu’il m’a suivi pour te sauver. Tu as un problème avec ça ? »
Chen Xing se sentit un peu coupable quand il entendit cela, et il ne savait pas pourquoi, mais il se sentit très gêné quand il regarda Xiang Shu. Si je n’avais pas aidé à défendre la ville pour toi, aurais-je été pris ? Mais ce ne fut qu’une pensée passagère. En regardant l’armure de Xiang Shu qui était couverte de sang noir et ses cheveux ébouriffés, il ressemblait plus à un fantôme qui avait rampé tout droit hors du monde souterrain —— cela rendit Chen Xing légèrement mal à l’aise.
Il aurait voulu répondre par : « Alors pourquoi es-tu venu à nouveau ? », mais il choisit finalement autre chose dans les mots de Xiang Shu. La sensation était la même que lorsqu’on tirait sur une corde ; elle émettait un vibrato à peine audible et difficile à discerner. Il voulut écouter attentivement, pour découvrir que le son du guqin avait disparu depuis longtemps et qu’il n’en restait que l’écho —— un sentiment similaire à celui qui apparaissait lorsque l’on goûtait une illusion d’amour réciproque.
Ils restèrent tous les deux silencieux pendant un moment.
« Tu te sens mieux ? » demanda Xiang Shu durement.
« Quoi ? » Chen Xing était perdu. « J’ai toujours été bien. »
« Connerie ! » Xiang Shu se retourna et dit avec colère : « Tu vomissais du sang ! »
Chen Xing se rendit alors compte que Xiang Shu parlait du moment où il s’était évanoui parce qu’il avait épuisé le pouvoir de sa lampe du cœur. Il eut l’impression d’avoir été giflé durement, alors il se dépêcha de répondre : « Ce n’est rien. C’est juste parce qu’alors, j’avais abusé de la puissance de la Lampe du cœur, ça m’a rendu incapable de respirer pendant un moment… Allons-y ah ! Ou tu vas me frapper maintenant ? »
Xiang Shu porta le rocher et tira le long de la chaîne. Les deux marchèrent vers la partie venteuse de la grotte et en moins d’un quart d’heure, ils virent une lumière. Ils entrèrent de manière inattendue dans un ravin spacieux au cœur des montagnes Yin.
Ce ravin avait des armes et des armures éparpillées partout. Chen Xing murmura : « Où sommes-nous ? »
« La fosse des pécheurs. » Xiang Shu regarda autour de lui. Il vit que le ravin avait la forme d’une demi-lune ; il était entouré de plusieurs sommets et au loin, il y avait une forêt dense couverte de neige. Il déclara : « À l’intérieur de l’alliance Chi Le, les personnes qui ont commis un crime ne sont pas envoyées dans le ciel et doivent être enterrées à la place. C’est là qu’elles sont toutes enterrées.»
Chen Xing regarda vers le ciel. Le ciel était si couvert qu’il ne pouvait même pas faire la différence entre l’est, l’ouest, le sud et le nord. Comment avaient-ils pu quitter la montagne ? Pendant qu’il réfléchissait à cela, le bruit d’une pierre tombant au sol vint soudainement de côté. Xiang Shu se soutint avec son épée alors qu’il haletait légèrement pour respirer. Il était clair que la bataille avait eu raison de lui et qu’il ne pouvait plus marcher.
Chen Xing s’empressa de faire asseoir Xiang Shu et détacha son armure. Il y avait des taches de sang à l’intérieur et à l’extérieur, et même le vêtement à l’intérieur de l’armure de cuir avait été imbibé de sang violet et noir.
« Combien en as-tu vaincu ? » Chen Xing se rappela cette scène étonnante.
« Je ne sais pas. » Xiang Shu s’appuya contre un grand arbre, les yeux fermés, et répondit froidement : « Pas le temps de compter. Aide-moi à enlever mon armure. »
Xiang Shu portait une armure lourde Tiele. Peu de temps après être entré dans le canyon, le cheval de guerre fut touché par une flèche et il ne put tenir le coup. Cette armure avait été fabriquée en acier trempé par les artisans des Tiele et des Rouran. Elle était déformée par toutes les flèches et coups d’épées reçus, mais elle avait bien protégé son corps.
Chen Xing découvrit la poitrine de Xiang Shu. Xiang Shu prit une profonde inspiration et haleta pour plus d’air.
« Repose-toi, » dit Xiang Shu en s’asseyant sous l’arbre, calant son dos contre lui. Il ferma les yeux puis ajouta : « Guwang est trop fatigué, trop fatigué… »
Chen Xing, toujours enchaîné, déchira avec beaucoup de difficulté sa robe pour couvrir le haut du corps de Xiang Shu. En regardant le visage fatigué et taché de sang de Xiang Shu, il pensa qu’il était toujours aussi beau. Il ne put s’empêcher de vouloir tendre la main et toucher le visage de Xiang Shu. À ce moment, une idée surgit dans son esprit, le pressant apparemment de faire quelque chose pour exprimer sa gratitude envers Xiang Shu.
« Quelle distance y a-t-il entre Karakorum et ici ? » demanda Chen Xing.
« Un jour et une nuit, » répondit Xiang Shu.
Chen Xing pensa : Es-tu venu me sauver dès que j’ai été attrapé ?
« Tu veux quelque chose à manger ? » demanda Chen Xing une fois de plus : « As-tu faim ? »
« Manger quoi ? » répondit Xiang Shu avec indifférence : « Peux-tu même me trouver quelque chose à manger ? Combien de liangs de viande penses-tu avoir ? »
Chen Xing dut laisser tomber le sujet.
La respiration de Xiang Shu se stabilisa et il ne parla plus, clairement endormi. Chen Xing s’assit sur le côté, légèrement appuyé contre lui. Son environnement était calme ; le seul bruit qu’il pouvait entendre était le bruissement du vent traversant les montagnes et les forêts. À cet instant, ce fut comme si tous les dangers s’étaient éloignés d’eux, et dans le monde entier, il n’y avait plus que cette neige paisible et ces hautes montagnes.
Je suis désolé, déclara Chen Xing dans son cœur. Si je n’avais pas fait de toi mon protecteur à sens unique, je ne t’aurais pas causé autant de problèmes.
Chen Xing soupira silencieusement, mais à ce sujet, il était très confus. De temps à autre, Chen Xing allait jusqu’à traiter Xiang Shu comme son dernier espoir, car lorsqu’il avait été kidnappé, Xiang Shu s’était battu avec acharnement et avait risqué sa vie pour lui.
Chen Xing ne s’appuyait que légèrement sur lui, mais Xiang Shu, les yeux toujours fermés, leva un bras et le passa autour des épaules de Chen Xing, le rapprochant un peu plus de lui. Cette action sembla remplir Chen Xing d’un courage sans fin, sa frustration momentanée s’évanouissant comme de la fumée dans l’air.
Chen Xing se pencha lentement. Appuyant sa tête sur le corps de Xiang Shu, il regarda les tombes désolées devant lui.
« Quoi ? » dit Xiang Shu tout à coup.
« Quoi ? » demanda Chen Xing sans comprendre.
« Lampe du cœur, » déclara Xiang Shu avec concision.
Chen Xing dit : « Lampe du cœur ? Mais je ne l’utilise pas. »
Xiang Shu ouvrit les yeux et dit avec doute : « Je le sens. C’est comme si tu brillais partout. »
« Moi ? » Chen Xing leva la tête, mais Xiang Shu l’appuya pour que sa tête reste posée sur son corps. Appuyé sur lui, Chen Xing se sentit mieux, mais il ne put dire pourquoi.
Xiang Shu changea de sujet et demanda : « As-tu vu Che Luofeng ? »
« Oui, » Chen Xing donna un aperçu approximatif des événements. Xiang Shu fronça les sourcils et déclara : « Zhou Zhen est devenu un cadavre vivant peu de temps après sa mort, tout comme Youduo. Où se sont-ils cachés toutes ces années ? »
C’était aussi le point sur lequel Chen Xing était le plus perplexe. Si le qi spirituel du monde avait toujours été là, ils auraient peut-être pu demander aux yaos qui se trouvaient partout dans les montagnes ou dans d’autres régions.
« Qu’est-ce que tu vas faire avec Che Luofeng ? » demanda Chen Xing.
« Je vais le ramener, » déclara Xiang Shu à voix basse, « ou l’achever ici. C’est de ma faute. »
Chen Xing avait initialement voulu dire qu’il n’aurait pas dû confier la responsabilité de garder Chi Le Chuan à Che Luofeng, mais à quoi bon dire cela maintenant ? De plus, en pensant aux circonstances à ce moment-là, même si Xiang Shu n’avait pas remis la responsabilité à son Anda, si Che Luofeng devait prendre le contrôle de Chi Le Chuan et tuer des gens de toute façon, il n’y aurait eu personne qui aurait pu le contrer. La décision de Xiang Shu de quitter Chi Le Chuan était une erreur, et cette erreur fut causée par Chen Xing lui-même.
« Avant de partir, il m’a promis, » murmura Xiang Shu, « qu’il ne se vengerait pas des Akeles et qu’il protégerait Chi Le Chuan pour moi. Cette nuit-là, entourés des chefs de clan, nous sommes parvenus tous les deux à un accord. »
Chen Xing se souvint soudain de la nuit où le roi Akele avait attendu à l’extérieur de sa tente et proposé de l’emmener vers le nord. Le roi Akele avait dû également sentir que la dispute entre Xiang Shu et Che Luofeng était sans fin. Il ne voulait pas entraîner tout le Chi Le Chuan dans le danger à cause de lui-même, et ne voulait pas non plus que le Grand Chanyu abandonne tout le Chi Le Chuan pour le bien des Akeles, alors il partit sans permission au milieu de l’argument et vint aider Chen Xing tout seul.
« Che Luofeng n’est pas ce genre de personne. Certains mots ont été prononcés simplement parce qu’il a laissé ses émotions le submerger dans le feu de l’action. Une fois qu’il se sera calmé, il finira par avoir une vue d’ensemble. C’est Zhou Zhen et Shi Hai… » murmura Xiang Shu, « C’est le médicament que Shi Hai lui a donné qui a changé son tempérament. »
Xiang Shu dit : "Peux-tu le sauver à nouveau ?"
Chen Xing répondit : "C'est difficile à dire. Si le qi spirituel du ciel et de la terre était toujours là, j'aurais pu tenter de dissiper l'influence du sang du Dieu diable."
Xiang Shu déclara : "Il est impossible qu'il soit pardonné. Je veux juste qu'il retrouve sa dignité et qu'il meure ensuite."
"Pour quel crime ?" lança une voix rauque. "Shulü Kong, celui qui devrait demander pardon, c'est toi."
Chen Xing leva soudainement les yeux. Cependant, Xiang Shu semblait déjà savoir que Che Luofeng arrivait. Il tapota avec désinvolture Chen Xing, lui indiquant de se lever, avant de se redresser lui-même, s’appuyant sur son épée.
"Laisse tomber, explique-toi."
Che Luofeng avait été battu au-delà de toute reconnaissance. Lorsqu’il était tombé de la falaise, sa tête s'était cognée jusqu'à en être déformée, son armure et ses vêtements avaient été réduits en lambeaux, et l'une de ses mains, brisée, pendait maintenant mollement à son côté.
Les yeux grands ouverts, Che Luofeng fixa Xiang Shu. "Mon Anda, tu devrais te souvenir des conséquences de revenir sur tes paroles."
"Ne t’éloigne pas d’un zhang de cet arbre." Xiang Shu ramassa son épée et s'éloigna lentement de Chen Xing. Le haut de son corps était nu, révélant la cicatrice laissée à Chang’an lorsqu’il avait bloqué une flèche pour Chen Xing. Le bas de son corps était encore recouvert de l’armure de fer. Tenant son épée à l’horizontale, il barra la route à Che Luofeng.
Un léger bruit s’éleva de toutes parts – un puissant ressentiment se répandait silencieusement dans l’ancien cimetière.
Sima Yue apparut depuis l'intérieur de la forêt. Tenant un bâton de bois de cerf, il se dressa sur un terrain surélevé, surplombant les trois hommes dans le cimetière.
Chen Xing leva la tête vers lui, remarquant que le bâton commandait le ressentiment environnant. Au bout d’un instant, il grandit à une vitesse effrayante, et tout le ressentiment au-delà de la Grande Muraille se précipita vers le cimetière, déferlant dans le ravin tel un torrent déchaîné !
"Sima Yue !" prononça Chen Xing d'une voix grave. "Laisse ton maître sortir et parler !"
"Exorciste", rétorqua Sima Yue, debout au-dessus d'eux, d’une voix distante et froide. "Tu le verras bien assez tôt. Je vais te donner une chance : renonce à toute résistance et viens avec moi. Ainsi, tu auras naturellement l'occasion de tout lui demander."
À cet instant, une idée traversa l'esprit de Chen Xing : Si je faisais semblant de perdre et de me laisser capturer, que se passerait-il ? Il était évident que ces deux cadavres ressuscités, appelés "rois des démons de la sécheresse", avaient reçu l'ordre de leur supérieur de l’emmener vivant.
Mais il rejeta immédiatement cette idée. Shi Hai voulait le voir, d’où leur insistance à le garder en vie, mais rien ne garantissait que Xiang Shu bénéficierait du même traitement. C’était trop risqué, et cela n’en valait pas la peine.
"Je n’ai aucun intérêt à négocier avec lui." Chen Xing souleva sa chaîne et fit face à l’ennemi perché sur les hauteurs. Ne laissant transparaître ni émotion ni peur, il déclara : "Retourne-lui dire ceci : ma mission est de l’anéantir et de le renvoyer au samsara, là où les morts doivent aller."
Sima Yue éclata d’un rire rauque et frénétique. "Toi seul ? J’aimerais voir, avec le Silence de toute Magie, ce qu’un exorciste faible et sans défense peut faire !"
À peine sa voix s’éteignit-elle qu’il planta son bâton dans le sol, déclenchant une déferlante de ressentiment ! Des vents glacés hurlèrent dans l'ancien cimetière, et en un instant, leur environnement sembla basculer dans un monde souterrain.
Voyant cela, Chen Xing murmura : "Mauvais signe." Comme le miroir Yin-Yang et le tambour Zheng, cet artefact magique avait été raffiné à partir du ressentiment ! La haine accumulée dans l'artefact, combinée à celle engendrée par la guerre et les massacres de Chi Le Chuan, commença à ébranler la veine terrestre de cette région obscure. La situation s’annonçait encore plus critique que lorsqu’ils s’étaient retrouvés à Chang’an !
Au début, il n'y avait pas prêté attention, car Chi Le Chuan comptait peu d'habitants et n'avait pas connu de conflit majeur depuis des années. Même si du ressentiment subsistait, il aurait dû se dissiper rapidement. Cependant, ce qu’il n’avait pas anticipé, c’était que Chi Le Chuan manquait du facteur clé qui permettait cette dissipation : la présence humaine.
Moins il y avait de vivants, plus le qi yang s’affaiblissait, ralentissant ainsi la neutralisation du ressentiment porté par les morts. Sima Yue avait invoqué cet artefact magique renfermant une puissance maléfique colossale, et à présent, il libérait toute son énergie.
En un instant, des nuages sombres envahirent le ciel, tandis que des éclairs rouge sang déchiraient l'obscurité.
D’innombrables ombres jaillirent des montagnes, encerclant le grand et ancien arbre du cimetière.
"Shulü Kong…" rugit Che Luofeng depuis l'intérieur des nuages noirs. "Je t’ai donné presque tout ce que j’avais, et toutes ces années, je ne t’ai jamais rien dû…"
Che Luofeng émergea lentement du ressentiment dense. Chen Xing balaya du regard le cimetière et constata avec horreur que d’innombrables animaux étaient devenus corrompus – des cerfs, des loups, des chiens sauvages, des renards, des vautours… Une horde de créatures mortes aux os blanchis et aux yeux vitreux les fixaient, avançant d’un pas chancelant vers le cimetière.
"Mon Anda est déjà mort", déclara Xiang Shu, brandissant son épée large. "Le monstre qui se tient devant moi n’est personne."
Chen Xing s’obligea à rester calme. Il pouvait voir que le corps meurtri et brisé de Che Luofeng était, à sa grande stupeur, en train de se réparer sous l'effet du ressentiment qui l'enveloppait.
Le regard levé vers le ciel obscurci, il activa la lampe du cœur. Cette aura maléfique interférait bel et bien avec la lumière de l’épée de Xiang Shu, réduisant son efficacité.
Le ressentiment était si lourd qu'il rongea le pouvoir de la Lampe du cœur de minute en minute.
"Shulü Kong," déclara Che Luofeng, tremblant. "Espèce d'homme égoïste, ingrat et vil. Je perçai clairement ta nature, meurs ! Rends-moi tout ce que je t'ai offert !"
Chen Xing s'écria : "Xiang Shu ! Ne t'éloigne pas trop de moi ! Le mana de la Lampe du cœur s'affaiblit!"
Chen Xing se précipita sur le champ de bataille tandis que Xiang Shu reculait. Un ressentiment incomparable enveloppa Che Luofeng ; il se montra encore plus irréconciliable que Feng Qianyi. Il dévoila un fouet dans sa main gauche et bondit sur Xiang Shu !
Traducteur: Darkia1030
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