Jour vingt-six | Les deux écrivent un secret et l’enterrent sous un arbre, puis fixent un rendez-vous dans le futur pour le déterrer à nouveau.

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Tous deux prirent une couchette pour leur voyage de retour. De cette façon, ils éviteraient tout embarras ou gêne persistante pendant le trajet.
Le train s’éloigna de Xiamen, et tout ce qui s’était passé ces deux derniers jours devint des souvenirs dont on se souviendrait à jamais. De l’extérieur de la fenêtre, on apercevait vaguement la ville. Une légère brise de mer filtra le paysage, portant encore une saveur humide.
Rien ne sembla avoir changé ; pourtant, en même temps, tout avait changé.

Le couple était resté éveillé toute la nuit et s’était également engagé dans une activité très consommatrice d’énergie. Ainsi, il n’était pas surprenant qu’ils fussent extrêmement fatigués ; leurs esprits agités refusaient de se calmer. Ce ne fut que maintenant, alors qu’ils se trouvaient dans un environnement clos, qu’ils s’enfoncèrent lentement dans leurs rêves.

Le paysage onirique de Wang Guangning fut assez désordonné. Il revint à un vague souvenir du moment où il venait d’entrer à l’université. Zhang Lingyi se tenait sous le soleil, portant des vêtements de camouflage. Même si son image n’était pas claire, car il était trop loin, Wang Guangning sentit encore son attitude imposante (et irritante) malgré la distance.
Puis la scène changea, et il revécut le souvenir de la cérémonie d’entrée à l’université, où lui et Zhang Lingyi étaient les représentants des étudiants et avaient prononcé des discours. Ils se rencontrèrent dans les coulisses, et ce fut la première fois qu’ils se trouvèrent si près et prirent contact. Zhang Lingyi lui lança un regard méprisant.
Les scènes changèrent, encore et encore, tous les fragments de moments où il avait trouvé Zhang Lingyi ennuyeux ou gênant.
Il était évident, d’après ses souvenirs, que lui et Zhang Lingyi étaient complètement incompatibles, comme le feu et l’eau ; pourtant, pourquoi son cœur ressentait-il une mélancolie indescriptible ?

*

Lorsqu’ils arrivèrent à l’université, il faisait déjà nuit. Tout le campus était vide d’étudiants. D’abord, ils retournèrent tous les deux dans leurs propres dortoirs pour se reposer et réorganiser leurs affaires. Ensuite, Zhang Lingyi vint frapper à la porte de Wang Guangning.

Aujourd’hui pouvait être considéré comme le dernier jour de leur accord d’être gay, même s’il restait encore quatre autres objectifs sur le guide qu’ils n’avaient pas terminés —— se tenir ensemble sous la pluie, regarder un concert ensemble, s’inviter l’un l’autre pour voir leur famille et s’aimer pour la vie.
Cependant, en raison de la difficulté élevée de ces tâches, les deux décidèrent de terminer la liste ici.
Même s’il y avait une légère réticence de leur part, aucune fête ne durerait éternellement, tout comme il n’y avait pas d’accords qui ne finiraient pas par s’achever.
Par conséquent, les deux décidèrent de terminer cette tâche finale, puis de rentrer chacun chez soi.

« Shou shou, allons-y ! » Après s’être reposé une journée, Zhang Lingyi était désormais capable de faire face à Wang Guangning et d’agir naturellement. Il retrouva son ancienne manière espiègle et courut vers Wang Guangning tout en agitant une boîte dans les airs.
Lorsque Wang Guangning vit l’apparence intacte de Zhang Lingyi, l’inquiétude qu’il avait dans son cœur se dissipa également. Cependant, une déception indescriptible subsista.
Zhang Lingyi était prêt à faire ce genre de chose avec lui, pourtant, Wang Guangning ne comprenait toujours pas les vraies pensées de l’autre.

Ils sortirent chacun un morceau de papier et y écrivirent un secret, puis les placèrent dans la boîte.
« Ahaha. Allons l’enterrer maintenant. Lorsque nous obtiendrons notre diplôme, nous pourrons déterrer la boîte et les lire. Je me demande ce que ce sera alors ! » L’expression de Zhang Lingyi était pleine d’anticipation.
Comme c’était un secret, Zhang Lingyi ne demanda pas à Wang Guangning ce qu’il avait écrit exactement.
Wang Guangning se contenta de dire que c’était « assez embarrassant ! »
C’était peut-être quelque chose de très émouvant, ou quelque chose qui ferait rire.

Les deux étudiants portèrent la boîte, ainsi qu’une petite pelle, et se dirigèrent vers le lac de la Lune. Après une brève discussion, c’était l’endroit où ils avaient décidé d’enterrer les secrets. Wang Guangning estimait que l’environnement du lac de la Lune était plutôt bon. Le lac lui-même était entouré de collines et d’arbres, ce qui en faisait un endroit parfait pour enterrer des choses.
Zhang Lingyi pensait que le lac de la Lune et les activités qu’ils avaient menées dans le cadre de leur accord étaient liés par le destin ; ainsi, ils s’accordèrent tous les deux avec joie sur cet emplacement.

Le couple fit le tour du lac de la Lune avant de finalement se décider pour un figuier à feuilles de violon qui semblait imprégné d’histoire.
La raison pour laquelle ils choisirent cet arbre fut qu’il était le seul de son genre près du lac, donc ils n’auraient pas à s’inquiéter de ne pas pouvoir le retrouver à l’avenir.
« Enfouissons-la ici », décida Wang Guangning. Puis il demanda à Zhang Lingyi de commencer à creuser.
Après environ une demi-heure, les deux réussirent finalement à enterrer la boîte. Ils la recouvrirent d’une couche de terre, avant d’annoncer finalement que la tâche était terminée.
« Nous viendrons le déterrer après notre diplôme. »

L’humeur de Zhang Lingyi était quelque peu compliquée alors qu’il regarda l’endroit où ils avaient enterré la boîte. Il dit : « À ce moment-là, nous serons probablement devenus de très bons amis ! »
Être de très bons amis était-il la seule chose qu’ils pourraient être ?
Wang Guangning sourit. « Ne sommes-nous pas déjà de bons amis ? »
« Ce n’est pas la même chose ! » Zhang Lingyi passa son bras autour de l’épaule de Wang Guangning et haussa un sourcil. « Nous sommes actuellement de très bons petits amis ! »
Le coin des lèvres de Wang Guangning se tordit, et un sourire disgracieux apparut sur son visage.

Comme c’étaient les vacances d’hiver, les terrains du campus étaient complètement vides. Même la plupart des snack-bars entourant l’université étaient fermés (les propriétaires étant rentrés chez eux), avec seulement un ou deux qui insistaient encore pour ouvrir.
Wang Guangning et Zhang Lingyi choisirent au hasard de la nourriture à manger, puis retournèrent dans leur dortoir.

« Shou shou, je pars demain matin. À quelle heure pars-tu ? » demanda Zhang Lingyi. La famille de Wang Guangning vivait dans la ville S, à environ deux heures de la ville G. Par conséquent, il était peu probable qu’il eût besoin de réserver des billets à l’avance.
« Je rentre aussi chez moi demain. Cependant, je pars dans l’après-midi », répondit Wang Guangning.
Zhang Lingyi tendit soudainement la main et le serra dans ses bras, tenant fermement Wang Guangning dans son étreinte. D’un ton sérieux (qu’il n’utilisait presque jamais), Zhang Lingyi dit : «Bon voyage. »
Wang Guangning se raidit et lutta pour contenir ses émotions. « Toi aussi. »

Zhang Lingyi retourna ensuite à l’étage pour faire ses bagages. Wang Guangning s’appuya contre la balustrade, regardant fixement dans le vide.
Le ciel était déjà sombre, et quelques étoiles pouvaient être vaguement aperçues.
Le campus était recouvert d’un voile noir, avec seulement quelques lumières vacillantes dans les dortoirs des gens qui n’étaient pas encore partis. De loin, elles ressemblaient à des lumières suspendues dans l’obscurité.
Le mois dernier avait été comme un très long rêve, et celui qui s’était faufilé dans et hors de tout avait été Zhang Lingyi.

Lorsque Wang Guangning avait chassé Yu Haining, il pensait que c’était de l’amour. Ce ne fut que maintenant qu’il comprit que ce n’était pas le cas. Après tout, il ne pensait pas sans cesse à Yu Haining ; et quand il pensait à elle, il ne se sentait pas aussi chaleureux et heureux. Il ne ressentait pas non plus ce sentiment de désolation dans ce bonheur. Quand il pensait à elle, son estomac ne gonflait pas et il ne ressentait pas ce sentiment incontrôlable de chagrin d’amour.
Il ne savait pas qu’aimer une personne pouvait être un tel tourment pour sa volonté.

Zhang Lingyi, et toi ?
Es-tu comme moi, essayant toujours en silence de deviner les vraies pensées de l’autre ?
Ou as-tu déjà perdu tout intérêt ?

Wang Guangning secoua la tête, essayant de se sortir de son état d’esprit désordonné.
Il retourna ensuite dans son dortoir. À part son sac à dos qui avait été précédemment jeté par terre, il était complètement vide. Wang Dafa, qui avait été laissé seul dans le dortoir ces deux derniers jours, était posé sur la table de Wang Guangning. Malgré cela, il était de couleur verdoyante et grandissait heureux.
En voyant la plante, Wang Guangning se rappela comment lui et Zhang Lingyi s’étaient disputés au sujet du nom de famille de Wang Dafa. Il secoua la tête, impuissant.

Ouvrant son placard, Wang Guangning commença à préparer les bagages qu’il emporterait pour son voyage de retour. Il n’avait pas beaucoup de vêtements, donc ce ne fut pas difficile de les trier. C’est-à-dire jusqu’à ce qu’il trouva l’ensemble de vêtements de couple qu’il avait acheté avec Zhang Lingyi ainsi que le pyjama Bob l’éponge que l’autre lui avait donné.
Le souvenir d’eux faisant du shopping ensemble était encore vivace dans son esprit. Wang Guangning se rendit compte plus tard que Zhang Lingyi avait probablement découvert son appréciation pour Bob l’éponge lors de cette sortie.
Par la suite, Zhang Lingyi lui avait ainsi envoyé le pyjama Bob l’éponge. Cependant, Wang Guangning ne savait pas ce que Zhang Lingyi aimait.

En considérant le temps qu’ils avaient passé ensemble au cours des dernières semaines, Wang Guangning constata que c’était toujours Zhang Lingyi qui l’avait traîné. Wang Guangning avait simplement coopéré puisqu’il n’y avait pas d’autre choix.
Pourtant, à la fin, ce fut lui qui était tombé le premier.
Cela n’avait plus d’importance cependant, puisque tout était déjà passé.

Wang Guangning sourit amèrement en fermant la valise et se dépêcha d’aller prendre une douche. Comme c’était actuellement les vacances d’hiver, il n’y avait pas beaucoup d’eau chaude fournie et la température de l’eau n’était pas élevée non plus. Wang Guangning trembla pendant qu’il se doucha. Quand il eut fini, il sprinta jusqu’à son lit et sauta sous les couvertures.
Il fallut un certain temps jusqu’à ce qu’il se sentît à nouveau réchauffé. C’est à ce moment que le téléphone de Wang Guangning vibra. C’était un appel du conseiller, alors il l’accepta.

« Guangning, les procédures pour l’échange de Taiwan sont terminées. Vous irez directement là-bas le trimestre prochain. » La voix du conseiller était légère et teintée de joie. Après tout, l’occasion d’un échange était assez rare. Il était fier que quelqu’un sous son administration eût pu saisir cette chance.
« Mm, d’accord. Merci professeur. » L’humeur de Wang Guangning n’était pas très bonne et sa réponse fut quelque peu superficielle.
« D’accord. Je voulais juste vous conseiller de préparer tout ce dont vous aurez besoin pendant ces vacances… » Le conseiller parla encore un moment, lui expliquant quelques petites choses. Finalement, il dit : « Eh bien, c’est à peu près tout. Bonne nuit ! »

Wang Guangning raccrocha, mais il ne s’était toujours pas remis de ses pensées précédentes.
Alors qu’il fixait son téléphone qui affichait le sourire exagéré de Zhang Lingyi, Wang Guangning se rappela le moment où ils avaient mis en place un mot de passe pour leur téléphone portable.
S’il participait à l’échange de Taiwan, il ne pourrait pas voir Zhang Lingyi pendant un an !
Les pensées de Wang Guangning s’évanouirent inconsciemment.

Partager un verre avec Zhang Lingyi, regarder un film ensemble, cuisiner ensemble, jouer à des jeux ensemble, faire du vélo ensemble, se brosser les dents ensemble…
Ils s’étaient embrassés dans une rue inconnue et s’étaient réconfortés sous le couvert de l’obscurité.
Ils avaient été fortement ivres ensemble et étaient restés ensemble pendant une nuit.
Tous ses souvenirs étaient remplis de Zhang Lingyi, et Wang Guangning ne put leur échapper.

Ce jeu qui s’était fait passer pour un accord était maintenant terminé ; pourtant, ses sentiments étaient comme un train qui était devenu incontrôlable, incapable de faire demi-tour.
Qui fallait-il blâmer ?
Qui pourrait être blâmé ?
Wang Guangning se rendit soudain compte que ces sentiments ne disparaîtraient pas avec la résiliation de l’accord.
Au lieu de cela, ils s’étaient déjà étendus rapidement hors de son contrôle en si peu de temps.
C’était au point qu’il serait incapable de les retenir plus longtemps.

Zhang Lingyi, et toi ?
Seras-tu comme moi ? Te souviendras-tu de tous les souvenirs partagés que nous avons eus ensemble ?
Te souviendras-tu aussi du bonheur que nous avons créé ensemble ?
Regretteras-tu aussi que nous ayons si facilement mis fin à tout cela ?
Souhaites-tu toi aussi… que ce jeu puisse devenir réel ?

Wang Guangning ressentit un brusque sentiment d’étouffement.
C’était comme si tout son cœur avait été tordu et déchiré.
Devait-il le lui dire ?
Wang Guangning se souvint de cette nuit à Xiamen, le son de tous les deux haletant.
Peut-être que Zhang Lingyi avait aussi ressenti quelque chose pour lui !
Mais si ce n’était pas le cas… alors ils ne pourraient probablement même plus être amis !
Même s’il ne disait rien, Wang Guangning n’était pas certain de pouvoir continuer à être ami avec Zhang Lingyi comme si rien ne s’était passé.

Après avoir réfléchi, encore et encore, Wang Guangning était toujours incapable de décider.
La seule pensée qui devenait de plus en plus claire était qu’il ne voulait pas quitter Zhang Lingyi.
Wang Guangning fut tourmenté par ces deux choix différents jusqu’à ce que la première lueur de lumière apparût à l’extérieur. C’est à ce moment que son téléphone sursauta à nouveau. De façon inattendue, c’était un message de Zhang Lingyi.

- Shou shou, tu dors probablement encore en ce moment, non ? Je rentre chez moi, mais je te verrai au prochain trimestre. Bon voyage !
PS. Bien que le temps que j’ai passé avec toi ait été court, il a été rempli de bonheur !

L’esprit de Wang Guangning s’éveilla, et le problème qui l’avait tourmenté toute la nuit trouva enfin sa résolution.
« Dis-lui !
Dis-lui que tu l’aimes bien! »

 

Traducteur: Darkia1030