TTBE - Chapitre 3 - Le prince doit écouter la princesse consort.
Voyant l’homme s’éloigner sans même se retourner, An Changqing ressentit à la fois frustration, humiliation et une pointe d’angoisse.
Il avait déployé tant d’efforts, allant jusqu’à ravaler sa fierté pour s’avancer vers lui — et au final, il se retrouvait ramené au même chemin que dans sa vie précédente : Xiao Zhige n’avait toujours pas partagé sa couche et avait choisi de dormir dans le bureau.
Si les événements suivaient le même cours que jadis, dès le lendemain, la rumeur se répandrait. Tout le monde saurait que le troisième jeune maître du manoir du Premier ministre n’était qu’un ornement inutile, qu’il avait été délaissé par le prince de Beizhan dès la nuit de noces. Même les domestiques du palais princier oseraient se permettre des remarques acides en sa présence.
Autrefois, An Changqing s’en serait moqué. Mais cette nuit, il ne savait pourquoi, l’image de Xiao Zhige s’en allant sans se retourner le faisait souffrir. Il se demandait tour à tour si, dans cette vie, Xiao Zhige ne l’aimait tout simplement pas et s’il ne s’agissait que d’une illusion de sa part ; ou bien s’il s’agissait là d’une punition du ciel pour l’avoir ignoré et blessé dans sa vie antérieure. Ce Xiao Zhige-là, si indulgent, si patient avec lui — il ne l’avait jamais vu. Et quand enfin il avait compris, il était déjà trop tard : Xiao Zhige ne l’aimait plus.
Plus terrifiant encore était le sentiment que, malgré cette seconde chance, il ne pourrait échapper à son destin. Qu’au final, il mourrait tout de même dans les souffrances causées par le poison. Et que Xiao Zhige, de son côté, deviendrait ce tyran honni de tous, serrant entre ses doigts son pendentif de jade, pour finir seul et oublié au palais Qifeng.
Il resta là, les yeux grands ouverts dans l’obscurité, se retournant sans cesse sur le lit jusqu’à la moitié de la nuit. Lorsqu’il finit par s’endormir, il fut assailli de rêves — des souvenirs de sa vie passée qui défilaient comme un kaléidoscope incessant. Il revivait l’agonie de ses derniers instants, chaque organe tordu dans une douleur insoutenable qui lui donnait presque envie de mourir pour de bon.
À l’aube, lorsque An Fu entra pour le réveiller, il découvrit un jeune homme trempé de sueur, comme s’il avait été repêché d’un étang. Son teint était cireux, ses yeux rouges et gonflés, et de profonds cernes violacés marquaient son regard. Il était méconnaissable de fatigue.
« Maître ? » An Fu, qui connaissait manifestement les événements de la veille, l’appela d’une voix pleine d’inquiétude. « Le prince a fait transmettre un message : il n’est pas nécessaire de se rendre au palais aujourd’hui. »
« J’ai compris. » lui répondit An Changqingavec un sourire qui se voulait rassurant. Il se massa les tempes avant d’ajouter, d’un ton ranimé : « Fais préparer l’eau, je veux prendre un bain. »
An Fu s’empressa d’exécuter l’ordre. An Changqing demeura assis un instant, puis se dirigea vers la salle de bain. L’eau chaude avait déjà été préparée. Deux servantes attendaient, tenant ses vêtements dans les bras. N’étant pas habitué à se faire servir, il les renvoya d’un geste.
Lorsqu’il fut seul, il poussa un léger soupir, défit ses habits et s’immergea dans l’eau fumante.
Ce n’est qu’après un long moment dans cette chaleur bienfaisante que sa tête, lourde de douleurs, retrouva un semblant de clarté. Il prit soin de se laver et enfila une nouvelle tenue avant de regagner ses appartements. Une servante vint lui apporter une serviette pour sécher ses cheveux, puis elle coiffa sa longue chevelure à l’aide d’un ornement de corail rouge incrusté de pierres précieuses.
Fixant son reflet dans le miroir, An Changqing se trouva certes plus présentable, mais la fatigue restait perceptible au premier coup d’œil.
S’il devait croiser quelqu’un, nul doute que les rumeurs se multiplieraient.
Après avoir arrangé ses vêtements, il se leva et ne prit avec lui qu’An Fu pour se rendre au bureau, dans l’intention de voir Xiao Zhige. Mais à sa grande surprise, il n’y trouva que l’intendant, Wang Fugui. Aucune trace du prince.
« Le prince n’est pas au manoir ? » demanda-t-il.
Wang Fugui s’inclina respectueusement. « Le prince est parti tôt ce matin pour le camp militaire, hors de la ville. »
An Changqing, intérieurement, fulminait. Xiao Zhige l’avait fait exprès. Quel homme partait ainsi au camp dès le lendemain de ses noces ?
« A-t-il précisé l’heure de son retour ? »
« Non, » répondit Wang Fugui d’un ton neutre.
L’intendant restait impassible, et An Changqing ne parvint à tirer aucune information utile. Il fut donc contraint de s’en aller bredouille.
Mais alors qu’il traversait un portique orné de fleurs, accompagné d’An Fu, il entendit deux voix claires converser non loin :
« Vous avez entendu ? Le prince est parti dès l’aube au camp militaire. »
Une autre voix reprit aussitôt : « Oui, j’ai entendu. On dit qu’il a aussi dormi dans le bureau. Vous auriez dû voir le visage de la princesse consort ce matin… Nous n’osions même pas respirer trop fort. »
« À mon avis, vous vous inquiétez pour rien, » ajouta la première voix. «On voit bien que la princesse consort ne plaît pas au prince. Ce n’est qu’un titre vide de sens. Et puis, c’est un homme… Il ne pourra même pas lui donner un enfant pour se sécuriser… »
« À mon avis, nous les servantes sommes bien mieux loties », répliqua une voix dans un murmure rieur. « À force de servir le prince chaque jour, qui sait ? Peut-être qu’un jour, il posera enfin les yeux sur l’une d’entre nous. Et si elle a la chance de lui donner un enfant, elle pourrait bien gravir les échelons et devenir noble grâce à son fils… »
À ces mots, un éclat de rire général éclata dans le pavillon.
An Changqing, qui avait tout entendu, demeura impassible. Mais An Fu, lui, ne put contenir son indignation. Il éleva la voix, furieux : « Insolentes ! Depuis quand des servantes se permettent-elles de médire sur leurs maîtres ? »
Les jeunes filles qui s’étaient laissées aller à la plaisanterie sursautèrent de frayeur. Toutes s’agenouillèrent aussitôt en file, baissant la tête tout en jetant des regards furtifs, inquiets, vers An Changqing.
Ce dernier s’approcha à pas lents, son regard balayant calmement la rangée de servantes prosternées.
« Levez la tête », ordonna-t-il d’un ton posé.
Une à une, elles relevèrent le visage. Toutes étaient jeunes, fraîches et pleines de charme, aux silhouettes gracieuses, aux traits délicats, la peau tendre comme un fruit mûr. L’une d’elles, vêtue d’une veste cintrée en coton rose pâle et d’une jupe vert tendre, se distinguait par une beauté encore plus marquée. Ses yeux brillaient d’un éclat humide et clair, capable de faire fondre n’importe quel cœur.
An Changqing esquissa un léger sourire. Il sut aussitôt que c’était elle qui avait ouvert la bouche la première. Le temps avait beau avoir effacé bien des souvenirs de sa vie précédente, en entendant cette voix claire, semblable au chant d’un loriot, il se rappela aussitôt de qui il s’agissait.
Yan Hong, servante de premier rang auprès de Xiao Zhige.
Dans sa vie antérieure, c’était elle qui avait été la première à colporter les rumeurs de mésentente entre lui et Xiao Zhige. Voyant qu’il n’avait pas les faveurs du prince, elle n’avait cessé de lui manquer de respect, adoptant un ton arrogant et un visage plein de suffisance. À cette époque, alors que la relation entre An Changqing et Xiao Zhige était tendue, il devait endurer ces affronts en silence.
Quant à elle, bien qu’elle n’eût pas réussi à s’élever en devenant concubine, elle avait épousé le fils adoptif de Wang Fugui, l’intendant du palais, et avait su tirer son épingle du jeu. Plus tard, lorsque Xiao Zhige entra en conflit avec le prince héritier pour la succession, elle avait même accepté de l’argent de la famille An et divulgué en secret des informations confidentielles sur la résidence princière.
An Changqing l’observa longuement sans un mot.
Sous ce regard, Yan Hong commença à se sentir mal à l’aise, mais se ravisa bien vite. Après tout, ce jeune homme n’était pas en faveur, et elle, en tant que servante de Xiao Zhige, pouvait se permettre quelques audaces. Elle reprit donc contenance et feignit une expression d’injustice, la voix tremblante : « Votre Excellence, puis-je savoir ce que nous avons fait de mal ? »
An Changqing la fixa. Ses larmes perlaient avant même qu’un mot ne soit dit, comme une favorite en quête de larmes, usant de ruses pour gagner les grâces de son maître. Elle ne ressemblait plus du tout à une simple servante. Manifestement, elle tirait son assurance du fait qu’elle servait directement Xiao Zhige, convaincue qu’An Changqing n’oserait pas la punir.
Les lèvres d’An Changqing s’étirèrent en un sourire imperceptible. Il ne répondit pas et se tourna vers An Fu : « Va chercher l’intendant Wang. »
An Fu ne comprit pas la raison de cette demande, mais s’exécuta sans tarder. Quelques instants plus tard, l'intendant Wang fut amené devant eux.
l'intendant Wang , Wang Fugui de son vrai nom, avait environ cinquante ans, le visage allongé et émacié. Il avait la démarche posée et les mains jointes dans ses manches, exactement comme dans les souvenirs d’An Changqing. Il était un ancien serviteur de Xiao Zhige. Depuis que ce dernier avait quitté le palais pour fonder sa propre résidence, Wang Fugui gérait les affaires domestiques de la maison. Il lui était loyal, certes, mais comme tout homme, il avait ses propres calculs.
Voyant que Xiao Zhige ne prêtait pas attention à son épouse, il s'était lui aussi permis de négliger An Changqing. Tant que les troubles restaient internes et que rien ne transparaissait au dehors, il fermait les yeux, même lorsque des servantes comme Yan Hong manquaient de respect au prince consort.
Mais les choses avaient changé.
Maintenant qu’An Changqing connaissait les véritables sentiments de Xiao Zhige et qu’il comptait bien bâtir un avenir avec lui, il était temps d’endosser pleinement son rôle de princesse consort du Nord et de restaurer la dignité du titre. Sinon, non seulement il perdrait la face, mais Xiao Zhige aussi en pâtirait.
« Que puis-je faire pour Votre Altesse ? » demanda Wang Fugui en s’inclinant avec respect. Il n’y avait aucune faute dans ses mots, mais tout dans son attitude trahissait un certain désintérêt.
An Changqing ne s’en formalisa pas. Il releva légèrement sa robe et s’assit sur la chaise qu’An Fu venait de lui installer, avant de déclarer d’un ton calme : « Que dit le règlement de la résidence quand des domestiques osent médire de leur maître ? »
Wang Fugui fut pris de court. Son regard glissa vers Yan Hong, agenouillée au sol, et il tenta : « Votre Altesse entend par là… ? »
« S’il n’existe pas encore de règles, je vais en établir une », l’interrompit An Changqing. Ses yeux de phénix se plissèrent légèrement tandis qu’il le fixait avec calme. « Médire d’un maître est passible de trente coups de bâton et d’une mise en vente immédiate. Les complices seront envoyées à l’extérieur pour des corvées. Quant à celle qui a mené la danse… puisque l’intendant Wang l’a déjà identifiée, qu’elle soit vendue sur-le-champ. »
Le visage de Wang Fugui se figea. Il hésita un instant et dit prudemment : « Peut-être vaudrait-il mieux attendre le retour du prince pour trancher… »
« L’intendant Wang insinue-t-il que, parce que le prince est absent, je n’ai même pas autorité pour punir une simple domestique ? » La voix d’An Changqing s’était soudain glacée, son regard pesant fixé sur lui.
« Votre Altesse, je n’oserais jamais », répondit précipitamment Wang Fugui en tombant à genoux. Il s’expliqua, tête basse : « C’est seulement que ces servantes sont habituées à servir le prince. En changer subitement pourrait le désorienter… »
« Contentez-vous de les punir. J’expliquerai moi-même au prince. » Sur ces mots, An Changqing mit fin à la conversation, fit signe à An Fu et quitta calmement les lieux pour regagner ses appartements.
Wang Fugui, contemplant sa silhouette s’éloigner, ne put que répondre à contrecœur : « À vos ordres. »
Une fois tout le monde parti, Yan Hong se précipita en sanglotant, les yeux noyés de larmes comme une fleur de poirier sous la pluie. « Parrain, je ne veux pas être vendue... »
Wang Fugui, les mains croisées dans ses manches, la toisa du coin de l’œil. Il resta silencieux un long moment avant de dire froidement : « Tiens-toi tranquille pour l’instant. Lorsque Son Altesse reviendra, je veillerai à tout arranger pour toi. »
*
Xiao Zhige était parti dès l’aube pour le camp militaire situé aux abords de la ville. Il n’avait pas fermé l’œil de la nuit et avait quitté la résidence à cheval bien avant le lever du jour. Mais bien que son corps fût au camp, son esprit, lui, semblait égaré on ne savait où. Même lors des exercices, il montra des signes de distraction.
Ce ne fut que dans l’après-midi, alors que l’heure du repas était déjà dépassée, qu’il ôta enfin son armure, prêt à regagner la résidence.
À cet instant, le général auxiliaire Zhao Yue entra dans le camp, et les deux hommes se croisèrent de front. Zhao Yue, arborant un sourire hypocrite, lança d’un ton narquois : « Le prince, à peine le lendemain de ses noces, se montre déjà si assidu... Il ne profite donc pas davantage de sa nouvelle épouse ? »
Xiao Zhige fronça les sourcils et lui lança un bref regard, sans daigner répondre. Il serra les flancs de sa monture et poursuivit sa route vers la sortie du camp.
Mais Zhao Yue ne comptait pas le laisser filer si facilement. Il s’accrocha avec insistance, prenant un malin plaisir à attiser la provocation : « Serait-ce que la princesse consort ne satisfait pas Son Altesse ? Ça tombe bien : j’ai justement fait venir quelques beautés récemment. Je pourrais en faire envoyer une ou deux à votre résidence demain matin. »
Zhao Yue et Xiao Zhige faisaient partie des Douze Généraux, et ne s’étaient jamais entendus.
Depuis sa fondation, le Grand Yé avait établi une division militaire rigoureuse : la capitale, douze provinces, soixante-quatre districts, et six Grands Généraux Piliers (NT : piliers de l’armée impériale)— Zhao, Chu, Xue, Shi, Xiahou et Shentu — chacun responsable de deux provinces. Sous leurs ordres se trouvaient douze généraux, un pour chaque préfecture.
Le grand-père de Zhao Yue, Zhao Xinchong, était l’un des six Grands Généraux Piliers. La famille Zhao était la famille maternelle de l’impératrice douairière, et l’actuelle impératrice était sa petite-nièce. De ce fait, la maison Zhao avait toujours été fidèle au prince héritier, Xiao Qi’an. Et puisque ce dernier entretenait une hostilité profonde envers Xiao Zhige — lequel, de surcroît, jouissait d’un prestige militaire sans égal, en tant que premier des Douze Généraux — Zhao Yue lui cherchait querelle dès qu’il en avait l’occasion, multipliant sarcasmes et remarques acérées.
En temps normal, Xiao Zhige aurait probablement ignoré ce genre de provocation, mais ce jour-là, son humeur était particulièrement sombre. Ses épais sourcils se froncèrent d’un air glacial tandis qu’il lança à Zhao Yue un regard des plus sévères.
Ce dernier, voyant qu’il avait touché un nerf, se mit à rire plus fort encore : « Quoi ? Le prince n’apprécie donc pas les femmes ? Préfère-t-il les hommes robustes ? Il paraît que la princesse consort est une beauté remar— »
Avant qu’il ne puisse achever sa phrase, une lance de guerre à double pointe en acier noir vola droit devant lui et s’enfonça dans le sol à quelques centimètres de ses pieds. La hampe vibrait encore sous la violence du choc.
Xiao Zhige s’avança à cheval, tira la lance profondément fichée dans la terre, puis dit d’une voix sourde et menaçante : « Une lance n’a pas d’yeux. Le général Zhao ferait bien de surveiller ses paroles. »
Puis il talonna son cheval et s’en alla, soulevant sur son passage un nuage de poussière qui couvrit Zhao Yue de la tête aux pieds.
Une fois hors du camp, son cheval emprunta la large voie officielle qui menait jusqu’à Yejing. L’entrée Est de la ville, la porte Zhimen (NT : litt. Porte principale), ouvrait directement sur la rue Changle (NT : litt. Longue félicité), bordée de deux marchés : à l’est, ceux consacrés aux biens de première nécessité, à l’ouest, les maisons de plaisir, les salons de thé et les tavernes.
À Yejing, le couvre-feu n’était pas en vigueur. Le ciel n’était pas encore tout à fait noir que déjà les lanternes s’allumaient dans les marchés de l’ouest, plongeant la rue dans une animation chatoyante.
Au passage de Xiao Zhige, un silence se fit naturellement tout autour. Puis, dès qu’il s’éloigna, le brouhaha reprit de plus belle. Il en avait l’habitude. Mais ce jour-là, en passant devant une boutique de pâtisseries, il hésita un instant avant de s’arrêter.
La boutique s’appelait « Les Trois Saveurs » et ses douceurs étaient réputées comme les meilleures de toute la capitale. Chaque jour, les familles nobles y envoyaient leurs domestiques faire la queue.
Après un court instant de réflexion, Xiao Zhige avança d’un pas ferme. Les clients alignés devant la boutique s’écartèrent immédiatement pour lui ouvrir le passage. Il n’y prêta aucune attention et s’adressa au commis : « Une boîte de gâteaux aux fleurs de pruniers. »
Il se souvenait vaguement que son vice-général lui avait recommandé cette boutique. Il lui avait dit que les gâteaux aux fleurs de pruniers étaient les plus fins de la ville, et que son épouse les appréciait tout particulièrement. Chaque fois qu’il l’avait contrariée, il suffisait d’une boîte de ces douceurs pour la cajoler.
Le commis emballa la boîte avec mille précautions et la lui tendit avec un sourire tremblant, n’osant même pas réclamer le paiement.
« Son Altesse souhaite-t-elle autre chose ? » osa-t-il tout de même demander, la voix tremblante.
Xiao Zhige sortit une petite barre d’argent et la jeta sur le comptoir, puis remonta à cheval sans un mot.
Lorsqu’il rentra à la résidence, le majordome Wang Fugui vint aussitôt à sa rencontre. Xiao Zhige lui remit la boîte de pâtisseries d’un geste distrait : « Apporte ceci à la princesse consort.»
Wang Fugui resta figé un instant, jetant un coup d’œil prudent à l’expression de son maître. Mais Xiao Zhige, comme à son habitude, ne laissait rien paraître. Il se ravisa donc et modifia ses paroles : « J’envoie quelqu’un immédiatement. D’ailleurs, ce matin, la princesse est venue vous chercher dans votre cabinet d’étude. »
Le regard de Xiao Zhige se fit légèrement plus profond : « La princesse consort… va-t-elle bien ?»
Wang Fugui baissa la tête et répondit : « Ce matin, quelques servantes, dont Yan Hong, ont manqué de soin dans leurs tâches, ce qui a irrité la princesse. Elle a ordonné qu’on les vende...»
Xiao Zhige répondit d’un simple « Hmm », indifférent.
Voyant qu’il ne semblait pas vouloir ajouter un mot, Wang Fugui, après une brève hésitation, se risqua à dire : « Yan Hong et les autres vous servent depuis de nombreuses années. Les faire vendre ainsi, n’est-ce pas un peu excessif… ? »
Xiao Zhige lui lança un regard froid, où brillait une autorité implacable : « Ce ne sont que quelques servantes. Faites comme la princesse le dit. »
Le cœur de Wang Fugui fit un bond. Il comprit qu’il lui fallait désormais réévaluer la place qu’occupait An Changqing. Il n’osa plus rien dire et répondit en s’inclinant : « Bien, Votre Altesse. »
Traducteur: Darkia1030
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