KOD -Chapitre  50 - Il y a trois ans

 

Accident

 

Après avoir été interpelé une fois par eux, Jiang Xinhong refusa de leur parler à nouveau. Il resta assis en classe, refusant catégoriquement de bouger. Les quatre en furent assez désemparés ; afin de ne pas attirer l’attention des autres PNJ, ils décidèrent de revenir le lendemain. Ils se donneraient une nouvelle occasion de discuter avec Jiang Xinhong, car il semblait être la clé de l’indice le plus crucial.

Ruan Nanzhu bâilla doucement.« C’est tout pour aujourd’hui, allons dormir tôt, je suis fatigué aussi. »

« D’accord. » répondit Li Dongyuan, qui depuis leur entrée dans la Porte n’avait quasiment jamais contesté les propositions de Ruan Nanzhu. Quand ce dernier disait quelque chose, il exécutait, on pouvait dire qu’il était très attentionné.

Tous quatre mangèrent quelque chose rapidement, puis rentrèrent au dortoir. Arrivés devant la porte, ils virent la nouvelle venue anxieusement faire les cent pas.

« Il s’est passé quelque chose ? » demanda Lin Qiushi.

La jeune fille hésita, puis finit par dire d’un ton incertain : « Euh... Un de mes coéquipiers… n’est toujours pas revenu. »

« Où êtes-vous allés ? » demanda Ruan Nanzhu.

« Le vieux bâtiment scolaire. » répondit-elle. « Je suis allée aux toilettes un moment, et en revenant, il avait disparu. J’ai cherché partout dans l’immeuble sans le trouver. J’ai eu tellement peur que je suis rentrée seule. »

« Il a disparu dans le vieux bâtiment ? » répéta Li Dongyuan en jetant un coup d'œil à l’extérieur, où il faisait désormais complètement nuit. « Ce n’est pas la peine de paniquer, il est trop tard maintenant pour repartir à sa recherche. Je te conseille de bien te reposer cette nuit. Demain, on t’y accompagnera pour aller voir. »

Même si elle semblait toujours très inquiète, la jeune fille hocha tout de même la tête sagement. Il semblait qu’elle n’avait pas non plus très envie de retourner à une heure pareille dans ce vieux bâtiment lugubre.

Le groupe retourna donc à sa chambre pour se reposer.

Avec l’expérience accumulée dans le monde des Portes, chacun savait très bien ce que signifiait une disparition. Dans ce monde rempli de pièges mortels, ceux qui disparaissent soudainement avaient très peu de chances de survivre. Il semblait donc que le coéquipier mentionné par la nouvelle n’avait que peu de chances d’avoir survécu.

Allongés dans leur lit, ils commencèrent à analyser les informations récoltées durant la journée.

Ruan Nanzhu évoqua alors un indice très important : « Ils ne vont pas bientôt passer leurs examens de terminale ? »

Lin Qiushi répondit : « Oui, pourquoi ? »

Ruan Nanzhu poursuivit : « D’après la météo actuelle, ce n’est certainement pas l’hiver. Il ne fait ni trop chaud ni trop froid, voire même un peu chaud. Ce ne sont donc pas les examens de fin de semestre d’hiver. »

Lin Qiushi comprit instantanément ce que voulait dire Ruan Nanzhu : « Tu veux dire que ce qu’ils vont passer, c’est le Gaokao ? » (NT : examen d'entrée à l'université)

« Exactement. » répondit Ruan Nanzhu. « Je pense que c’est un moment-clé. Une fois le Gaokao terminé, ils ne seront plus élèves dans cette école. »

Xia Rubei comprit aussi : « Donc les examens finaux, c’est en fait le Gaokao ? C’est notre dernière échéance ? Et si… si on ne trouve pas la clé ? »

Ruan Nanzhu sourit : « Ne pas la trouver mène à deux possibilités : soit le temps se réinitialise et on revit encore ces quelques jours, soit les esprits se déchaînent, tuant tout le monde sauf un survivant, et la porte s’ouvre automatiquement. » — Dans tous les cas, c’était extrêmement mauvais.

À ces mots, Xia Rubei rentra la tête dans les épaules et se tut.

« Mengmeng, tu as traversé combien de Portes ? » demanda soudain Li Dongyuan. « On dirait que tu as pas mal d’expérience. »

« Monsieur Meng, personne ne t’a jamais dit qu’il ne faut pas demander les cartes cachées des autres ? » répondit Ruan Nanzhu sans aucune courtoisie. « Et même si je suis très forte, je ne peux pas être plus forte que le chef du Cerf blanc, non ? »

Li Dongyuan haussa un sourcil : « Ça, ce n’est pas certain. »

Après cette conversation, ils se préparèrent à dormir.

Lin Qiushi fixa le sommier supérieur, et s’endormit peu à peu.

Ce fut une nuit sans rêves, paisible. Lin Qiushi se réveilla calmement sous les premiers rayons du soleil du lendemain.

À sept heures du matin, tous quatre se levèrent à l’heure. Après leur toilette, ils décidèrent d’aller avec la nouvelle, celle dont le coéquipier avait disparu, jeter un œil au vieux bâtiment scolaire.

« Je m’appelle Luo Xiaoyu. » La nouvelle se présenta à voix basse. Elle n’avait visiblement pas dormi de la nuit : de grands cernes soulignaient ses yeux, et son expression était empreinte d’inquiétude. « Vous voulez dire… qu’il est déjà… mort ? »

« Très probablement. » expliqua Li Dongyuan. « S’il était encore en vie, il n’aurait pas passé la nuit dans l’ancien bâtiment scolaire. »

Cela paraissait logique. Luo Xiaoyu croisa les bras, frissonnant de tout son corps.

Ils arrivèrent à l’ancien bâtiment scolaire et constatèrent que le portail en fer était non verrouillé et ouvert,. Luo Xiaoyu expliqua que c’était elle qui l’avait ouvert à leur arrivée. La veille, lorsqu’elle était partie, elle avait calé la porte avec une pierre, de peur que son coéquipier soit enfermé à l’intérieur. Elle ne s’attendait pas à ce que tout soit resté exactement comme la veille. Cela confirmait au moins une chose : son coéquipier n’était pas sorti du bâtiment.

« À quel étage avez-vous perdu le contact ? » demanda Ruan Nanzhu.

« Au quatrième. » répondit Luo Xiaoyu, se souvenant très clairement. « Dans une salle de classe au fond du couloir, je crois que c’était la classe 2 des deuxièmes années… »

À l’écoute de ces mots, « classe 2 », Lin Qiushi et Ruan Nanzhu échangèrent un regard complice.

« Allons voir. » dit Li Dongyuan.

Les cinq se dirigèrent vers le quatrième étage. Lin Qiushi tendait l’oreille en montant. Il redoutait d’entendre à nouveau ce bruit de bonds sur le plancher – le « dong dong » sinistre qui signifierait que Satchan était dans les parages. Mais fort heureusement, jusqu’à leur arrivée à l’étage, aucun son suspect ne se fit entendre.

Sur la plaque de la salle de classe au fond du couloir, étaient inscrits en grands caractères les mots « classe 2 ». Ils regardèrent par la fenêtre et purent voir l’intérieur.

La salle de classe n’était pas grande, on pouvait tout voir depuis l’extérieur. Les bureaux et les chaises y étaient rangés de manière ordonnée, mais aucune trace du coéquipier mentionné par Luo Xiaoyu.

« Il n’est pas là. » constata Li Dongyuan. « Peut-être est-il allé ailleurs. Comment vous êtes-vous séparés exactement ? »

Luo Xiaoyu répondit d’une voix tremblante : « J’étais allée aux toilettes près d’ici, et quand je suis revenue, il n’était plus là. Je ne l’ai plus revu depuis… »

« On va voir aux autres étages ? » proposa Lin Qiushi.

« Ça marche. » acquiesça Ruan Nanzhu.

Les cinq prirent donc la direction des escaliers, mais un bruit soudain retentit derrière eux : un fracas violent, comme si quelque chose était tombé de très haut et s’était écrasé au sol.

Tous furent surpris par ce bruit. En le suivant, ils découvrirent rapidement qu’il provenait de la classe 2, où auparavant il n’y avait rien.

À présent, dans cette salle vide qui n’était censée contenir que des bureaux, gisait un cadavre mutilé, baignant dans le sang et la chair éclatée. Il semblait avoir chuté du plafond, brisant au passage les bureaux soigneusement rangés qui étaient désormais éparpillés dans le chaos.

Luo Xiaoyu poussa un cri involontaire en voyant cela. Xia Rubei, un peu plus calme, ne cria pas, mais recula de quelques pas en plaquant une main sur sa bouche.

« On va jeter un œil. » d&clara Ruan Nanzhu, sortant une épingle à cheveux pour crocheter la serrure.

Lin Qiushi, habitué à cette manœuvre, se contenta de l’observer calmement. Xia Rubei, en revanche, était curieuse mais craintive : elle se tenait à distance, se haussant sur la pointe des pieds pour voir, sa posture avait même quelque chose d’un peu mignon.

Quelques instants plus tard, un « clac » retentit. La serrure simple du bâtiment céda facilement. Ruan Nanzhu fut le premier à entrer, découvrant le désordre à l’intérieur.

Lin Qiushi le suivit de près et remarqua rapidement un détail étrange : « Ces trucs-là… »

Ruan Nanzhu commenta : « Intéressant. »

Autour du cadavre, se trouvaient des livres éparpillés, comme s’ils étaient tombés en même temps que lui. De loin, on aurait dit des manuels scolaires. À présent, ces livres gisaient en désordre autour du corps, ce qui donnait une impression des plus étranges.

Li Dongyuan, intrépide, s’approcha du cadavre et ramassa un livre : « C’est un manuel. »

Lin Qiushi et Ruan Nanzhu s’approchèrent à leur tour et virent ce qu’il tenait.

C’était bien un manuel scolaire, et tous les livres présents semblaient être des manuels. Chaque page était couverte de gribouillis au marqueur rouge : des insultes, des malédictions, et surtout cette phrase répétée sans fin — « meurs, meurs, meurs, meurs ».

Ruan Nanzhu en ramassa un autre au hasard. Il était dans le même état : couvert de mots de haine. Il réfléchit un instant, referma le livre, puis l’ouvrit à la première page. Lin Qiushi était juste à côté de lui, il vit donc très clairement ce qui était écrit tout en haut de cette page : trois caractères soigneusement tracés à la main.

« Sachiko » — c’était le livre de Sachiko !!

Et le cadavre au centre de la salle de classe avait bel et bien un pied en moins, ce qui semblait confirmer que c’était l’œuvre de Sachiko. On ne savait cependant pas quelle méthode elle avait utilisée cette fois-ci pour pousser cette personne à prononcer cette fameuse phrase qu’il ne fallait jamais dire.

*

Nie Chenghe était venu à l’ancien bâtiment scolaire avec Luo Xiaoyu.

Pendant que Luo Xiaoyu était aux toilettes, il attendait tranquillement devant la porte de la salle de classe. Le bâtiment entier était terriblement silencieux. Le couloir vide faisait résonner le moindre mot.

Nie Chenghe regarda le couloir qui s’étendait à perte de vue et ressentit une angoisse inexplicable. Il sortit son téléphone, pensant jouer un peu pour détendre ses nerfs, mais son expression se figea soudain — il venait d’entendre un bruit étrange, un murmure confus provenant de l’intérieur de la salle de classe, un chuchotement si brouillé qu’il lui donna la chair de poule.

Il n’y avait personne dans ce bâtiment, comment pouvait-il y avoir des chuchotements ? Pourtant, les murmures se firent de plus en plus forts, jusqu’à devenir un brouhaha assourdissant.

Nie Chenghe s’avança lentement vers la fenêtre et, à travers la vitre, il vit enfin d’où venait le bruit — c’était bien cette salle de classe devant lui.

La salle, auparavant vide, était désormais pleine d’élèves, apparus on ne savait quand. Certains étaient assis, d’autres debout, et tous semblaient agités, discutant avec ferveur de quelque chose.

La scène était si terrifiante que Nie Chenghe recula instinctivement. Mais alors qu’il comptait partir discrètement, les élèves commencèrent tous à chanter en chœur une chanson au ton étrange :

« Satchan s’est toujours appelée Sachiko, c’est trop drôle oh, elle adore les bananes mais ne peut en manger qu’une moitié à chaque fois, trop triste oh, Satchan est partie au loin, elle m’oubliera sans doute, Satchanest si seule… »

Nie Chenghe n’avait jamais entendu une chanson pareille. Elle lui glaçait littéralement le sang, comme s’il se trouvait en plein hiver glacial. Il voulut bouger, mais son corps semblait engourdi, figé par le froid.

« Satchan s’est toujours appelée Sachiko, c’est trop drôle oh, elle adore les bananes mais ne peut en manger qu’une moitié à chaque fois, trop triste oh, Satchan est partie au loin, elle m’oubliera sans doute, Satchanest si seule… » — la chanson se répétait encore et encore, et les gens dans la classe avaient remarqué Nie Chenghe.

Ils tournèrent la tête pour regarder vers la fenêtre, vers lui. Et c’est à ce moment-là que Nie Chenghe réalisa : tous ces visages avaient les yeux sans pupilles, seulement deux cavités noires, combinées à un teint cadavérique — ce n’étaient manifestement pas des vivants.

Pris de panique, Nie Chenghe recula en titubant. Il ouvrit la bouche, et entendit alors les élèves chanter la dernière phrase du morceau : « Je n’ai plus de jambes, tu me donnes les tiennes ? Je n’ai plus de jambes, tu me donnes les tiennes ? »

Encore et encore, cette phrase semblait devenir une incantation pleine de malédiction. Le visage de Nie Chenghe devint absent, ses lèvres bougèrent, et il murmura d’une voix basse : « Je n’ai plus de jambes, tu me donnes les tiennes ? »

À cet instant, le silence s’abattit dans la salle.

Tous ces visages livides sourirent d’un air tordu.

Nie Chenghe prit alors pleinement conscience de ce qu’il venait de faire. Il voulut aussitôt fuir, mais il entendit derrière lui des bruits sourds de pas : dong, dong, dong. Il se retourna affolé, et vit une silhouette humaine qui approchait lentement depuis l’ombre du couloir. La chanson continuait de résonner : « Je n’ai plus de jambes, tu me donnes les tiennes ?… »

Une douleur fulgurante transperça les jambes de Nie Chenghe, et tout devint noir devant ses yeux.

*

Après être sortis de l’ancien bâtiment scolaire, Lin Qiushi et les autres décidèrent d’aller parler encore une fois à Jiang Xinhong.

Mais vu la nervosité excessive dont ce dernier avait fait preuve la veille, Ruan Nanzhu proposa de le coincer devant l’entrée de l’école, et de l’emmener quelque part où personne ne les verrait pour lui poser toutes les questions qu’il fallait.

Li Dongyuan approuva activement la proposition de Ruan Nanzhu, et déclara avec enthousiasme : « J’ai de la force, je peux très bien le porter tout seul jusqu’à l’endroit. »

Lin Qiushi, quant à lui, se disait que heureusement tout cela ne se passait pas dans la vraie vie, sinon avec leurs airs furtifs, les quatre auraient déjà été arrêtés par le service de sécurité.

Il était six heures de l’après-midi, l’heure à laquelle les élèves sortaient peu à peu de l’école.

En temps normal, les élèves de troisième année devaient rester pour les cours du soir, mais à cause des événements récents dans cet établissement, tous les élèves quittèrent l’école avant dix-neuf heures, après quoi le campus, autrefois animé, devenait plus silencieux qu’un cimetière.

Les quatre restaient postés à la porte de l’école, mais Jiang Xinhong ne se montrait toujours pas.

Finalement, Xia Rubei craqua et dit, pleine de doutes : « Est-ce qu’on ne l’aurait pas loupé ? Ça fait un moment et on ne l’a toujours pas vu passer. »

« Impossible. » répondit Ruan Nanzhu, sûr de lui. « Il n’est pas encore venu, j’en suis certain. »

« On va jeter un œil dans le bâtiment ? » proposa Li Dongyuan.

« D’accord. » dit Ruan Nanzhu. « Vous deux, restez ici. Yu Linlin, viens avec moi. »

Lin Qiushi allait répondre oui, mais Li Dongyuan dit avec un sourire en coin : « Mengmeng, ce n’est pas très approprié. »

Ruan Nanzhu haussa un sourcil : « En quoi est-ce inapproprié ? »

Li Dongyuan répondit : « Et si on tombe sur Jiang Xinhong à la porte ? Tu n’as pas peur qu’on obtienne des informations sans te les dire ? »

Ruan Nanzhu lança un regard à Li Dongyuan. Il comprit que même si ce dernier parlait d’eux en général, il insinuait en réalité qu’il craignait que Lin Qiushi et Ruan Nanzhu cachent quelque chose. Après tout, ils faisaient partie de deux organisations différentes, donc une certaine méfiance était normale.

« Pourquoi ne resterais-tu pas ici avec Xia Rubei ? Et moi, j’irai avec Yu Linlin jeter un œil ?» proposa Li Dongyuan. « Ainsi, on sera tous rassurés. »

Ruan Nanzhu réfléchit un instant, puis accepta la proposition de Li Dongyuan : « Ça me va aussi. » Il se tourna ensuite vers Lin Qiushi. « Revenez vite. »

Lin Qiushi acquiesça.

Ainsi Lin Qiushi et Li Dongyuan prirent la direction du bâtiment scolaire pour essayer de localiser Jiang Xinhong. En chemin, Li Dongyuan interrogea à plusieurs reprises Lin Qiushi au sujet de Zhu Meng : la relation entre Yu Linlin et Zhu Meng, la position de Zhu Meng au sein d’Obsidienne, etc. Mais Lin Qiushi repoussa toutes ses tentatives avec une politesse glaciale, répondant systématiquement : « Je ne sais pas », « Je ne suis pas au courant », « Aucune idée ».

Malgré ce mur, Li Dongyuan ne s’en offusqua pas, et continua à lui sourire : « Vous êtes tous aussi intéressants chez Obsidienne ? »

Lin Qiushi répondit : « Nous ne sommes pas très intéressants, juste moyens. »

Arrivés au pied du bâtiment scolaire, ils constatèrent que presque tout le monde était déjà parti. Seules quelques salles de classe restaient allumées, dont celle de la Terminale 3, classe 3.

« Allons voir. » dit Li Dongyuan.

Ils montèrent donc à l’étage de la Terminale 3, classe 3. À peine arrivés à proximité de la salle, ils entendirent de vives disputes. En tendant l’oreille, ils reconnurent l’une des voix : celle de Jiang Xinhong, visiblement en plein désaccord avec quelqu’un.

« Tu savais depuis le début, hein ? » lança une voix inconnue mais juvénile — sans doute celle d’un élève.

« Comment j’aurais su quoi que ce soit !! Je ne sais rien ! Ne viens plus me chercher ! Une fois l’examen terminé, tout ça sera fini !! » répondit Jiang Xinhong, avec une colère perceptible.

« Fini ? Comment ça, fini ! Et si elle vient aussi à l’université ? Ce genre de choses… il n’y aura jamais de fin ! » La voix montait en intensité, accompagnée de coups sur une table. «Tu es sûr que tu ne sais rien ? »

« Je ne sais rien ! Rien du tout ! » s’écria Jiang Xinhong. « Si je savais, tu crois que je les aurais laissés mourir de façon aussi horrible ?! »

« Mais pourquoi toi, tu n’es pas mort… » dit l’autre. « Il n’y a que toi. Toi seul qui est encore en vie. »

Cette remarque mit Jiang Xinhong hors de lui. Il explosa : « Bordel de merde, c’est quoi ton délire ? Qu’est-ce que tu veux dire par “toi seul qui vis encore” ? Tu n’es pas vivant, toi aussi ?!! »

« Si ce n’était pour ce que tu m’as dit à l’époque, je ne serais pas là non plus. Maintenant qu’ils sont tous morts, qu’est-ce que ça change que je vive ? Je te le dis, Jiang Xinhong… si jamais je découvre que tu as vraiment quelque chose à voir avec cette histoire… » La voix devint glaciale, glaçant les os. « Je te le ferai payer. »

Jiang Xinhong cria : « Fous le camp ! Espèce d’ingrat ! »

L’autre ricana froidement : « Pas besoin que tu me le dises. Je pars de moi-même. Toi… fais attention. » Il sortit en trombe de la salle sans remarquer Lin Qiushi et Li Dongyuan qui s’étaient cachés dans un recoin, puis descendit précipitamment les escaliers.

Jiang Xinhong proféra encore quelques jurons dans la salle avant de finalement se calmer et de sortir, sac sur le dos.

Mais à peine eut-il mis le pied dehors qu’il vit Lin Qiushi et Li Dongyuan, et son visage se durcit immédiatement : « Qu’est-ce que vous me voulez à la fin ? Je vous ai dit que je ne savais rien ! »

Li Dongyuan sourit : « Jiang, on ne t’a encore rien demandé. »

« Je ne sais rien ! » répéta Jiang Xinhong, puis tenta de partir, mais Li Dongyuan l’attrapa par le bras.

« Qu’est-ce que tu fous ! » s’énerva Jiang Xinhong, furieux d’être retenu.

Le sourire de Li Dongyuan s’effaça peu à peu : « Petit, ce n’est pas bien de refuser le vin de l’amitié pour boire celui de la punition. »

Jiang Xinhong répliqua : « Toi… »

Li Dongyuan l’interrompit : « Il y a souvent des morts dans cette école, pas vrai ? »

Jiang Xinhong ouvrit grand les yeux.

Li Dongyuan continua : « Si tu disparaissais soudainement, tu crois qu’ils penseraient que tu t’es fait tuer par un humain… ou par un fantôme ? »

Jiang Xinhong se tut. Il comprenait clairement que Li Dongyuan avait mis le doigt sur son point faible. Cette école avait déjà connu d’innombrables incidents sans conclusion. Tout le monde savait, sans en parler, que certaines choses étaient indicibles.

Qui plus est, il avait un statut particulier : il faisait partie de cette fameuse classe disparue, la classe 2. Même s’il disparaissait, les gens seraient enclins à croire à une explication surnaturelle.

« Très bien… qu’est-ce que tu veux savoir ? » Après avoir comparé sa carrure à celle de Li Dongyuan, Jiang Xinhong renonça à lutter. « Mais je ne sais pas grand-chose ! »

Li Dongyuan relâcha enfin son étreinte et reprit son air jovial. Lin Qiushi, de son côté, ne put s’empêcher de se dire que ce type, même coupé en deux, serait noir jusqu’au cœur. Malgré ses sourires angéliques, il menaçait avec une aisance terrifiante.

« Linlin, ne me regarde pas comme ça. » dit Li Dongyuan, comme s’il lisait dans ses pensées. « Je ne suis pas comme ça d’habitude. »

Lin Qiushi répondit : « D’habitude tu passes directement aux coups, c’est ça ? »

Li Dongyuan éclata de rire : « Haha, tu es drôle toi. »

Lin Qiushi : « … » Ce mec n’avait même pas essayé de nier.

Jiang Xinhong croisa les bras, visiblement peu enclin à discuter. Il dit : « Posez vos questions, vite. Je veux rentrer chez moi. »

« Tu faisais partie de la classe 2, pas vrai ? Et le gars d’avant, c’était aussi un de tes anciens camarades ? » demanda Li Dongyuan.

« Oui. » confirma Jiang Xinhong. « Lui aussi était dans la classe 2. »

« Combien êtes-vous encore dans la classe 2 ? » demanda Li Dongyuan.

Jiang Xinhong répondit : « Juste nous deux. »

Li Dongyuan insista : « Donc, tu sais ce qui est arrivé à Sachiko dans l’école, pas vrai ? »

À la mention de ce nom, une terreur incontrôlable traversa le regard de Jiang Xinhong. Il en trembla même légèrement, puis serra les dents et hocha la tête.

« Raconte ce qui s’est passé entre vous et Sachiko à l’époque. » dit Li Dongyuan. « Et puis, cette phrase d’hier : “Elle n’aurait jamais dû exister”, ça veut dire quoi exactement ? »

Jiang Xinhong essuya la sueur froide sur son front, puis dit : « Il n’y a pas grand-chose à dire… Quand elle est arrivée dans notre classe, elle a été harcelée par certains. Ces gens avaient l’habitude de s’en prendre à elle… »

« Comme écrire “Va crever” sur ses livres ? » dit Li Dongyuan.

« Comment tu sais ça ? » demanda Jiang Xinhong, le visage blême, fixant Li Dongyuan avec effroi.

« On en sait beaucoup. » répondit Li Dongyuan avec un sourire. « Donc avant de parler, réfléchis bien à ce que tu dis. Si ce que tu racontes ne colle pas avec ce qu’on sait déjà… faudra pas venir pleurnicher. »

Jiang Xinhong déglutit bruyamment.

« Tu sais, parfois les humains sont bien plus terrifiants que les fantômes. » dit Li Dongyuan. « Si jamais le gars à côté de moi se met à te faire quelque chose, je pense que tu préférerais crever sur-le-champ. »

Lin Qiushi, qui se tenait tranquillement à côté en arrière-plan, se dit que Li Dongyuan avait sûrement été contaminé par Ruan Nanzhu — il lui collait des répliques dignes d’un film dramatique sans prévenir.

« On est d’accord, Linlin ? » demanda même Li Dongyuan en se tournant vers lui pour voir sa réaction.

Lin Qiushi répondit : « …Oui. »

Li Dongyuan lui fit un clin d’œil espiègle.

Lin Qiushi : « … » — Ces deux-là, lui et Ruan Nanzhu, sont franchement bien assortis, au fond.

Le plus tragique fut que Jiang Xinhong sembla croire aux menaces de Li Dongyuan. Il jeta un regard apeuré à Lin Qiushi et recula même d’un pas. Il dit : « Je vous jure que je ne sais pas grand-chose… »

Li Dongyuan demanda : « Alors Lu Zuozhi, comment est-elle morte, exactement ? Pourquoi tous tes camarades sont-ils morts… et toi, pourquoi es-tu le seul à avoir survécu ? »

Jiang Xinhong dit : « Il faut remonter à trois ans en arrière pour comprendre cette histoire…»

 

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L’auteur a quelque chose à dire :

J’ai vu Another, je connais l’intrigue. Mais les personnages de cette histoire n’ont rien à voir avec ceux de l’animé, et leur signification est totalement différente. Vous comprendrez en lisant la suite. D’ailleurs, petite recommandation : cet anime est vraiment très bien ~

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

 

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