KOD -Chapitre 2 - Porte et clé en fer

 

Indice

 

Après le lever du jour, l'atmosphère terrifiante de la nuit précédente s'était quelque peu dissipée.

Lin Qiushi descendait l'escalier du deuxième étage lorsqu'il entendit des bruits provenant du troisième étage. C'était comme si de nombreuses personnes discutaient de quelque chose. Au départ, il n'avait aucune intention d'enquêter, mais il entendit ensuite les pleurs d'une femme, un cri déchirant et lein de chagrin qui semblait indiquer un événement tragique.

Avec une certaine hésitation, Lin Qiushi se retourna et se dirigea vers les escaliers menant au troisième étage pour voir ce qui s'était passé à l'étage supérieur.

La structure de cet immeuble était en bois, et les escaliers étaient quelque peu usés. Chaque marche grinçait bruyamment sous ses pieds, et à certains endroits, le bois tremblait même, comme s'il peinait à supporter le poids d'une personne.

En atteignant le troisième étage, Lin Qiushi vit plusieurs personnes rassemblées dans le couloir. Cependant, ce qui attira son attention fut l'épaisse odeur de sang imprégnant l'air.

L'odeur du sang était accablante, piquant douloureusement ses narines. Lin Qiushi eut un pressentiment. Il s'approcha avec prudence, se faufilant derrière le groupe de personnes.

"Je le savais", dit l'homme grand qui avait accueilli Lin Qiushi et les autres hier, parlant d'une voix basse en discutant avec les autres. "Quelque chose s'est mal passé hier après tout..."

Xiao Ke intervint également, disant : "Je le pense aussi. Je pensais que c'était..."

Elle s'interrompit et jeta un coup d'œil en arrière vers Lin Qiushi, puis décida de ne pas finir sa phrase. "Oublie."

Lin Qiushi se demanda ce qu'elle voulait dire par là. "Tu pensais que c'était qui ? Tu pensais que c'était moi et Ruan Baijie ?" Il leva les yeux et remarqua une porte entrouverte derrière Xiao Ke.

La porte était légèrement entrebâillée, et le sol à l'intérieur était couvert de flaques de sang coagulé. En raison du froid, le sang s'était déjà solidifié, mais il était évident qu'il y en avait eu beaucoup.

"Qu'est-ce qui s'est passé ?" demanda Lin Qiushi.

"Il y a eu un décès", répondit Xiong Qi d'un ton plat.

"Un décès ?" Lin Qiushi aurait trouvé cela incroyable hier, mais après avoir vécu ce qu'il avait vécu la nuit dernière, il réalisa maintenant que l'endroit où il se trouvait n'était plus un monde qui pouvait être expliqué par le bon sens.

"Ouais", confirma Xiong Qi.

Lin Qiushi changea d'angle pour regarder à l'intérieur de la pièce. D'un seul coup d'œil, il eut un hoquet de choc involontaire. La pièce était remplie de sang coagulé, et deux corps gisaient sur le sol de manière horrible. L'étendue du carnage était telle qu'il était impossible de les reconnaître comme humains ; ils ressemblaient plus à de la chair dépourvue de peau. Le sang s'était écoulé des murs au sol, ne laissant presque aucun endroit propre sur le troisième étage.

Malgré sa préparation mentale, Lin Qiushi fut écœuré par la scène. Il se couvrit la bouche et se détourna, mais Xiao Ke fut étonnamment très compréhensif, et elle indiqua: "Il y a une salle de bain dans la pièce adjacente."

Lin Qiushi se précipita dans la salle de bain et vomit sans retenue.

Une fois qu'il eut fini, Xiao Ke commenta : "Je pensais que tu ne vomirais pas."

Lin Qiushi : "Ah ?"

Xiao Ke dit d'un ton léger : "Toi et Ruan Baijie êtes déjà des nouveaux très compétents. Habituellement, l'état des nouveaux au premier portail est particulièrement mauvais, avec un taux de survie ne dépassant pas 20%."

Lin Qiushi : "..."

Xiao Ke dit : "Allez, descendons prendre le petit déjeuner."

Lin Qiushi demanda : "Et que faire de ces deux cadavres ?"

Xiao Ke, à ces mots, afficha une expression étrange : "Comment veux-tu les gérer ?"

Lin Qiushi n'avait rien à répondre. Alors qu'il suivait les autres vers le bas, il se souvint soudain de quelque chose et demanda avec perplexité : "Attendez, quand j'étais au deuxième étage, j'ai entendu une femme pleurer au troisième étage..." Il regarda autour de lui, confirmant que Xiao Ke était la seule fille parmi eux. Malgré son apparence calme, elle ne semblait pas être du genre à fondre en larmes.

"Une femme pleurant ?" répéta Xiao Ke, "Aucun de nous n'a entendu ça. Tu as dû mal entendre."

Lin Qiushi : "... D'accord."

Le petit déjeuner au rez-de-chaussée était déjà prêt, fumant sur la table. Les cuisiniers étaient supposés être des villageois, indiscernables des gens ordinaires.

Après le petit déjeuner, Lin Qiushi emprunta quelques vêtements épais et s'informa sur le village.

"Nous n'avons pas de gros problèmes dans notre village", semblèrent dire les villageois, incapables de fournir des informations utiles. "Quelques touristes viennent en hiver."

Lin Qiushi : "Oh... Comment gérez-vous les besoins quotidiens ?"

Le villageois répondit : "Nous achetons à l'extérieur des montagnes. Les routes de montagne sont difficiles, mais nous trouvons toujours un moyen. Cependant, dès qu'il neige, nous ne pouvons plus sortir. Les routes de montagne sont bloquées, et nous devons rester ici tout l'hiver."

Après avoir réfléchi un moment, Lin Qiushi demanda soudain : "Est-ce que tous les puits de votre village sont au centre de la cour ?"

Que ce soit une illusion de Lin Qiushi ou non, les villageois semblèrent visiblement nerveux lorsqu'il mentionna les puits. Cependant, ils ne donnèrent aucune information spéciale, se contentant d'acquiescer avant de s'en aller.

Après avoir réfléchi un moment, Lin Qiushi décida d'abord de remettre les vêtements à Ruan Baijie avant de s'occuper d'autres choses.

Lorsqu'il entra dans la pièce, Ruan Baijie était allongée sur le lit en train de jouer avec son téléphone. En le voyant entrer, elle marmonna légèrement : "Tu es si lent."

Lin Qiushi plaça les vêtements empruntés sur le lit : "Lève-toi, il y a le petit déjeuner en bas."

Ruan Baijie acquiesça d'un murmure.

Lin Qiushi dit : "Je t'attends dehors."

"Attends," s'exclama soudain Ruan Baijie, "Qu'est-ce que tu as sur la tête ?"

"Quoi ?" Lin Qiushi resta perplexe.

Ruan Baijie lui fit signe de s'approcher, et Lin Qiushi s'approcha d'elle.

"C'est tout rouge..." Ruan Baijie toucha la tête de Lin Qiushi, puis retourna sa paume, "Qu'est-ce que c'est ?"

À la vue de ce que Ruan Baijie tenait dans sa main, Lin Qiushi se sentit mal à l'aise, car cela ressemblait à du sang gelé.

"Je vais vérifier." Lin Qiushi se précipita dans la salle de bain, et en effet, comme l'avait dit Ruan Baijie, ses cheveux étaient couverts de petits cristaux de glace rouges, cachés dans ses cheveux et presque invisibles au premier coup d'œil. Il ne savait pas quand cela s'était retrouvé sur sa tête.

"Merde." marmonna Lin Qiushi doucement, utilisant une serviette pour essuyer sa tête. Plus il essuyait, plus cela devenait terrifiant ; presque toute la serviette devint rouge. Il n'avait cependant toujours pas réussi à nettoyer ses cheveux correctement.

Ruan Baijie, maintenant vêtue de vêtements épais, s'approcha et dit avec peu de courtoisie : "Heureusement que cette chose n'est pas verte." (NT : le vert est le symbole d’être cocu en Chine, un chapeau vert équivaut à porter des cornes)

Lin Qiushi : "Tu as déjà vu du sang vert ?"

Ruan Baijie s’étonna : "C'est du sang ?"

Lin Qiushi soupira et raconta brièvement ce qui s'était passé au troisième étage. Quand il mentionna que quelqu'un eétait mort,

Ruan Baijie pleura doucement et dit : " Lin ge, j'ai peur. Et si le prochain à mourir, c'était nous ?"

En fin de compte, quelle personne pourrait supporter de voir une si belle et élégante fille pleurer misérablement comme ça

Lin Qiushi s'avança pour la réconforter, lui serrant les épaules.

Tout à coup, alors que Ruan Baijie se préparait à poser sa tête sur son épaule, elle lui demanda soudain : " Lin ge, tu mesures combien ?"

Lin Qiushi répondit : "... Un mètre quatre-vingt."

"Oh," dit Ruan Baijie, "Tu es même plus petit que moi."

Lin Qiushi : "..." Tu es vraiment cruelle avec moi.

Lin Qiushi se retourna pour se nettoyer les cheveux tout en réfléchissant à l'origine de ce sang. Finalement, il eut une pensée terrifiante... Ce ne serait pas tombé du plafond du troisième étage, n'est-ce pas ?

"Je veux aller voir au troisième étage," déclara Lin Qiushi. "Tu devrais descendre prendre le petit déjeuner au rez-de-chaussée."

"Tu veux y aller seul ?" demanda Ruan Baijie. "Allons-y ensemble."

"Tu n'as pas peur ?" Lin Qiushi était sceptique, se souvenant à quel point elle avait pleuré copieusement juste avant.

"Si tu es là, pourquoi aurais-je peur ?" Ruan Baijie lui sourit doucement en replaçant ses mèches de cheveux près de son oreille. "Tant que tu es là, je n'ai rien à craindre."

Lin Qiushi admit en lui-même qu'elle avait raison. Après tout, elle avait couru plus vite que lui la nuit dernière.

Ainsi, ils montèrent ensemble au troisième étage.

Le sol était toujours maculé de sang, les deux corps mutilés toujours là sans avoir été déplacés. Cette fois-ci, Lin Qiushi fixa le plafond, et il ne fut pas surpris de trouver des traces de sang là-haut également. Cependant, ces marques lui donnaient un sentiment très inconfortable, semblant indiquer que quelque chose avait rampé lentement sur le plafond. Après tout ce temps, les traces de sang sur le plafond étaient coagulées, mais les taches sur le sol où le sang avait goutté étaient encore visibles.

Lin Qiushi sentit ses cheveux se hérisser, ne voulant pas penser à ce qui avait pu être suspendu au plafond lors de leur première visite au troisième étage... et qu'ils n'avaient jamais remarqué.

Ruan Baijie regarda fixement le plafond pendant un bon moment.

Lin Qiushi lui demanda ce qu'elle voyait.

"Je vois le plafond," dit Ruan Baijie. "Tu t'attends à ce que je voie quoi d'autre, le ciel étoilé et les rêves ?"

Lin Qiushi : "..."

Elle avait vraiment un sacré courage. Après avoir examiné le plafond, elle alla même jeter un coup d'œil aux deux cadavres ensanglantés. Elle ne montra aucun signe de malaise tout au long de son observation, semblant même un peu excitée.

Ce n'est que lorsque Lin Qiushi la regarda d'un air perplexe en demandant : "Tu n'as pas peur ?" qu'elle sembla se souvenir de quelque chose et commença à faire semblant de pleurer de manière très coopérative.

Lin Qiushi : "... Arrête de pleurer. Tu veux manger le petit déjeuner ou pas ?"

"Je veux manger, manger, manger !" dit Ruan Baijie. "Je suis affamée aussi."

Ils descendirent enfin ensemble et virent que les autres avaient déjà fini leur petit déjeuner et semblaient les attendre.

"Où étiez-vous deux ?" demanda Xiong Qi, les regardant tous les deux.

Ruan Baijie, sans montrer le moindre signe de nervosité malgré le regard des autres, s'assit gracieusement à la table et prit un bol pour commencer à manger.

Lin Qiushi, moins audacieux que Ruan Baijie, expliqua les taches de sang sur ses cheveux et mentionna également les étranges traces qu'ils avaient remarquées au plafond du troisième étage.

Les autres dans la pièce devinrent sérieux en entendant cela, certains jetant même un regard instinctif vers le plafond.

Alors qu'ils discutaient de la mort des personnes la nuit précédente et de ces traces étranges, un homme d'une quarantaine d'années entra lentement. Il portait un manteau de coton vert militaire et tenait une lampe à huile vacillante à la main, marchant péniblement dans le hall.

"Bonjour," commença l'homme. "Je suis le chef du village. Vous êtes les personnes que j'ai fait venir pour aider, n'est-ce pas ?"

À peine avait-il parlé que tout le monde dans la pièce se tut.

"Il fait froid aujourd'hui. Nous avons besoin de fabriquer des cercueils en bois pour nous préparer pour l'année prochaine," continua-t-il d'une voix rauque. "Je compte sur vous pour aider notre charpentier."

Personne ne répondit aux paroles du chef du village, et il ne semblait pas attendre de réponse de leur part.

Après avoir dit cela, il toussa quelques fois, puis ramassa la lampe à huile qui vacillait et sortit lentement à l'extérieur. Bien que la neige ait cessé, le vent continuait à souffler. Les cris du vent semblaient résonner contre les portes et les branches des arbres, semblables à des plaintes humaines.

"Ça commence," murmura doucement Xiong Qi.

À peine eut-il prononcé ces mots que le vent souffla violemment à l'extérieur, poussant la porte semi-ouverte avec force contre le mur. Il y eut un craquement, et la porte en bois apparemment solide se brisa en plusieurs morceaux.

Dans la maison, un silence pesant régnait. Finalement, Xiong Qi prit la parole : "Il semble que nous devions fabriquer des cercueils."

Pourtant, des pleurs éclatèrent soudain dans la pièce. Lin Qiushi se retourna et vit qu'un homme de leur équipe était au bord de la crise émotionnelle. "Comment cela a-t-il pu arriver ?" hurla-t-il, renversant tout ce qui se trouvait sur la table, le visage couvert de larmes et de morve. "Treize d'entre nous sont entrés, et dès le premier jour, deux sont morts... Comment peut-on survivre dans un monde aussi impitoyable ? Qui va fabriquer des cercueils ? Nous allons mourir ici, nous allons tous mourir..."

Xiong Qi, visiblement habitué à de telles réactions, resta impassible.

L'homme au bord de la crise continua de pleurer et de crier, mais ses mots étaient maintenant inintelligibles sous le flot de ses émotions.

"Ça suffit !" s'impatienta Xiong Qi. "Est-ce que pleurer va t'empêcher de mourir ? Arrête de faire un drame ! Tu te prends pour un débutant ? Regarde comment les débutants se comportent !"

Ces mots provoquèrent un regard féroce de la part de l'homme, qui fixa soudain Lin Qiushi d'un regard plein de ressentiment. Lin Qiushi se demanda s'il n'avait pas tort d'être aussi calme dans une telle situation.

Cependant, il n'était pas étrange que l'homme soit au bord de la crise. Dans ce monde étrange et terrifiant, loin des normes du monde réel, avec toutes sortes de présages sinistres, il était difficile de rester calme.

"Commençons par discuter de ce que nous devons faire," dit Xiong Qi. "Le chef du village a parlé de fabriquer des cercueils, alors la clé doit être là."

Lin Qiushi demanda : "Excuse-moi, mais que veux-tu dire par 'clé' ?"

Xiong Qi le regarda avec un air méprisant. "C'est ce qui ouvre les portes, bien sûr. Une fois que nous serons entrés, nous devrons suivre les indices fournis par les personnes à l'intérieur pour trouver cette clé de sortie, puis localiser une porte de fer pour quitter cet endroit."

"Y a-t-il une limite de temps ?" demanda Lin Qiushi.

Xiong Qi ricana froidement. "Bien sûr, avant que tout le monde ne meure."

Comprenant cela, Lin Qiushi se sentit quelque peu soulagé. Au moins, il y avait une méthode pour s'en sortir. Ce qui l'effrayait le plus, c'était l'idée d'une horreur insoluble, où aucune issue n'était possible, quelle que soit la tentative.

"Les indices sont dans les cercueils," continua Xiong Qi en regardant le ciel extérieur. "Allons d'abord voir les artisans du village, ceux qui travaillent le bois. Demandons-leur ce qu'il en est."

"D'accord," dit Xiao Ke, "Je viendrai avec toi."

Lin Qiushi leva la main. "Je veux aussi y aller."

Xiong Qi acquiesça sans enthousiasme. "Très bien." Sans même s'en rendre compte, il était devenu le leader tacite de toute l'équipe. "Vous, restez dans le bâtiment et examinez s'il y a des indices utiles."

À ce moment-là, Ruan Baijie s'approcha doucement, attrapant légèrement la manche de Lin Qiushi. À voix basse, elle dit : "J'ai peur. Je veux rester avec toi."

Bien qu'elle soit grande et ne donne pas l'impression d'être vulnérable comme une jeune fille, son apparence suscitait néanmoins un certain sentiment de compassion chez Lin Qiushi. Il acquiesça : "D'accord, mais je ne peux pas garantir ta sécurité."

Ruan Baijie sourit. "Ce n'est pas grave." Elle se caressa les cheveux près de l'oreille. "Je me sens en sécurité avec toi."

Lin Qiushi pensa : Elle sait vraiment comment charmer les gens.

Ainsi, les quatre se dépêchèrent de sortir alors qu'il faisait encore jour.

Sur le chemin, Lin Qiushi posa encore quelques questions à Xiong Qi sur les détails de ce monde. Il apprit que les créatures étranges n'attaquaient généralement pas les gens sans raison. Cependant, il y avait des exceptions : dans les mondes de haute difficulté, ces créatures n'avaient aucune retenue, attaquant quand bon leur semblait. Dans de telles situations, survivre était pratiquement impossible.

" Pour quelle raison ces mondes existent-ils?" demanda Lin Qiushi, posant la question qui le préoccupait le plus.

Xiong Qi, à l'écoute de cette question, le regarda profondément : "Quand tu seras de retour en vie, tu le sauras."

Lin Qiushi : "… D'accord."

Ils obtinrent l'adresse du menuisier du village auprès des villageois, mais le chemin enneigé rendait le déplacement presque impossible, et cela leur prit près d'une heure.

Lin Qiushi en profita pour observer les environs du village.

Le village n'était pas grand, entouré de forêts denses. Habituellement, tout allait bien, mais avec la neige, les routes vers l'extérieur étaient pratiquement coupées. La population du village était également réduite, avec seulement deux ou trois personnes visibles de temps en temps. Normalement, la présence d'étrangers dans un tel endroit serait considérée comme quelque chose d'exceptionnel, mais les villageois semblaient peu curieux de l'arrivée de Lin Qiushi et des autres.

La maison du menuisier était à l'extrémité est du village, où la lueur faible d'une lampe à huile filtrait à peine de l'intérieur.

Xiong Qi s'approcha et frappa à la porte. Après un moment, un vieil homme de petite taille apparut derrière la porte. Il devait avoir soixante-dix ou quatre-vingts ans, ses cheveux clairsemés, vêtu d'une vieille veste de coton gris, et son visage était ridé et ses yeux laiteux. Il demanda : "Que voulez-vous ?"

"Il fait trop froid dehors. Pouvons-nous entrer pour discuter ?" demanda Xiong Qi.

Le vieil homme ne dit rien mais se décala pour laisser passer les visiteurs.

Les quatre entrèrent en file indienne.

La maison n'était pas grande et était très désordonnée. Lin Qiushi observa autour de lui et remarqua qu'une fenêtre était brisée, obstruée grossièrement par une planche de bois pour bloquer le vent.

" Aîné, nous sommes ici parce que le chef du village nous a demandé de fabriquer des cercueils", expliqua Xiong Qi. "Mais nous ne savons pas très bien comment procéder. On nous a dit que vous étiez un menuisier réputé du village. Auriez-vous des conseils à nous donner ?"

Le vieil homme regarda froidement Xiong Qi : "Pour fabriquer des cercueils, il faut d'abord abattre des arbres. Une fois les bois prêts, vous me les apportez, et ensuite vous devez aller au temple pour rendre hommage. Ensuite seulement vous pourrez commencer."

Xiong Qi saisit l'information clé : "Aller au temple pour rendre hommage ?"

Le vieil homme hocha la tête : "Il y a un ancien temple près du village. Ici, fabriquer des cercueils est une tâche qui perturbe l'équilibre yin-yang (1). Il faut rendre hommage avant de commencer."

Il répéta à plusieurs reprises le terme " rendre hommage ", ce qui rendait l'atmosphère inconfortable.

"Que se passe-t-il après l’hommage ?" demanda Xiong Qi.

Le vieil homme ne répondit pas.

Xiong Qi insista : "Ainé ?"

Le vieil homme sourit finalement sous la lueur du feu, un sourire qui semblait sinistre. Il baissa la voix et dit : "Voyez si vous êtes encore en vie, alors revenez me poser la question."

Le visage de Xiong Qi devint livide.

Ruan Baijie, imperturbable, dit sans ménagement : " Ainé, il fait si froid aujourd'hui. Et si vous mouriez avant nous après avoir terminé le travail ?"

Le vieil homme ricana : "Un vieil homme comme moi a un risque de mourir."

Ruan Baijie répliqua : "Je vois que la chance est votre seul atout."

Le vieil homme : "..."

Les autres : "..."

Lin Qiushi se demanda où diable as-tu appris quelque chose comme ça, ah ça. Est-ce que les joueurs devraient vraiment pouvoir attaquer les PNJ comme ça ? Normalement, la plupart des gens seraient intimidés par quelqu'un avec une telle aura sinistre, mais Ruan Baijie, avec ses yeux innocents, semblait ne voir aucun problème.

"C'est bon, c'est bon," intervint Lin Qiushi. "S'il ne veut pas parler, ne le forçons pas..."

Ruan Baijie rétorqua : "Est-ce qu'on peut éviter de forcer les choses ? Si on passe en premier, on l'acceptera, mais s'il passe en premier, qu'est-ce qu'on fait ?" Alors qu'elle disait cela, elle retroussa ses manches et parcourut la pièce du regard, finissant par poser les yeux sur un bâton de bois aussi épais qu'un bras.

Lin Qiushi maugréa intérieurement, pensant : Bon sang, on en arrive vraiment à la violence ? Ce foutu monde d'horreur — est-ce acceptable de tabasser les PNJ ?

Mais avant que Ruan Baijie ne puisse même saisir le bâton, le vieil homme recula, frustré, et dit : "Après avoir rendu votre hommage, allez creuser un puits, et ensuite le cercueil sera prêt !"

Ruan Baijie gémit : "wouah wouah wouah, Qiushi, il me fixe !"

Lin Qiushi: "... » Ton expression tout à l'heure était plus effrayante que la sienne.

Apparemment pris au dépourvus, Xiong Qi et Xiao Ke restèrent immobiles un moment. Depuis leur arrivée dans ce monde, ils avaient été polis envers tout le monde qu'ils rencontraient. Qui aurait cru que Ruan Baijie ignorerait complètement les règles ? De plus, elle avait obtenu facilement la réponse finale — bien que cette réponse ne soit peut-être pas correcte.

En sortant de la maison du menuisier, Xiong Qi demanda son nom à Ruan Baijie avec des sentiments mitigés.

Ruan Baijie avait l'air pitoyablement mignonne et dit : "Mon nom de famille est Ruan, et je m'appelle Baijie. Grand frère, tu peux m'appeler Jie Jie." (NT : grande sœur)

Xiong Qi l’appela : "Jie Jie", mais sentit que quelque chose n'allait pas. À la fin, il décida de l'appeler Baijie comme Lin Qiushi le faisait.

Ils étaient ici depuis près d'une journée, et Xiong Qi venait juste d'apprendre le nom de Ruan Baijie. Hier, en voyant Ruan Baijie pleurer les larmes aux yeux, il avait probablement pensé que Ruan Baijie ne survivrait pas longtemps dans ce monde. Ainsi, il n'avait même pas pris la peine de lui demander son nom.

Cependant, après avoir assisté à la brillante performance de Ruan Baijie juste maintenant, Xiong Qi pensa aussi que cette fille n'était pas aussi fragile qu'elle en avait l'air.

"Tu n'as pas eu peur tout à l'heure ?" lui demanda Xiong Qi.

La réponse de Ruan Baijie était convaincante. Elle dit : "Peur ? Pourquoi aurais-je peur ? Si on a peur des fantômes, c'est une chose, mais avoir peur des gens serait trop pitoyable. De plus, ce genre de personne est clairement un PNJ clé. S’il meurt vraiment, ne perdrons-nous pas toutes les informations ? Alors comment pourrons-nous survivre jusqu'à la fin ?"

Les trois autres restèrent sans voix en réponse, trouvant son raisonnement assez sensé.

Ayant obtenu des informations cruciales du menuisier, tout le monde se sentit beaucoup plus à l'aise. Ils décidèrent de rentrer et d'informer les autres de la situation.

Bien qu'on fût en plein jour, le ciel était couvert de gros nuages sombres, sans qu'il neige, et le vent froid hurlait. Ruan Baijie portait sa longue jupe avec deux épais manteaux de coton, marchant derrière Lin Qiushi. Son apparence fragile donnait l’impression qu'elle pourrait être emportée par le vent à tout moment.

Voyant cela, Lin Qiushi ne put s'empêcher de lui tendre la main et de la retenir, la laissant marcher devant lui et la protégeant du vent derrière.

Ruan Baijie fut profondément touchée et cligna des yeux devant Lin Qiushi, disant : "Tu es vraiment gentil."

Lin Qiushi répondit modestement : "Ce n'est rien."

Ruan Baijie demanda : "Tu es gentil comme ça avec tout le monde ?"

Lin Qiushi plaisanta : "... Tu m'as vu traiter Xiong Qi comme ça ? Eh bien, il faut aussi être beau."

Marchant devant, Xiong Qi réagit : "Je t'ai entendu."

Entendant cela, Ruan Baijie afficha une expression réfléchie et insista : "Donc, tant que tu es beau ?"

Lin Qiushi pensa qu'elle plaisantait et ajouta négligemment : "Bien sûr, il faut aussi être grand."

Ruan Baijie : "Oh..."

 

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L'auteur a quelque chose à dire :

Ruan Baijie : "Yingyingying"

Lin Qiushi : "Arrête de pleurer, tu me fais toujours penser à quelque chose."

Ruan Baijie : "A quoi ?"

Lin Qiushi : "Vieux Ying attrape le petit poulet." (NT : jeu de mot sur ying aigle et yīng onomatopée pour les pleurs et les cris d’oiseaux)

Ruan Baijie : "Alors tu es le petit poulet ?"

Lin Qiushi : "......"

 

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Note du traducteur

(1) Equilibre yin yang

Le  Yin (阴) : Représente le côté féminin, sombre, passif, froid, réceptif, et introspectif. Il est souvent symbolisé par la lune, l'eau, l'obscurité et la terre.

Le Yang (阳) : Représente le côté masculin, lumineux, actif, chaud, dynamique, et extraverti. Il est souvent symbolisé par le soleil, le feu, la lumière et le ciel.

Le yin et le yang sont en constante interrelation dynamique et complémentaire. Ils ne sont pas des entités opposées mais plutôt des forces complémentaires et interdépendantes. Les forces du yin et du yang ne sont pas statiques mais dynamiques, formant un cycle constant de transformation.

L'équilibre du yin et du yang est essentiel pour maintenir l'harmonie et la santé dans l'univers ainsi que dans les aspects individuels de la vie humaine, comme la santé physique et émotionnelle.

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

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