ISMM - Chapitre 33 - Ton père sera toujours ton papa.

 

588.
Puisque les photos de l'hôpital avaient déjà été diffusées, continuer à tourner avec un « corps malade » permit de renforcer l'image de « même si mon jeu d'acteur était médiocre, j'étais extrêmement dévoué et je travaillais dur chaque jour pour progresser ».
De plus, je devais constamment m'efforcer d'améliorer ma relation avec Gu Yiliang, en me concentrant sur les détails pour gagner encore plus de son affection.
Je ne pouvais pas perdre une seconde, chaque moment comptait !

Ainsi, l'après-midi approchant, sous le regard complexe et riche en émotions de Gu Yiliang, je brossai soigneusement William plusieurs fois, me lavai les mains dix fois, lui donnai sa nourriture en conserve, vérifiai une dernière fois les portes et fenêtres, rangeai son sac et sortis avec lui.

 

589.
Arrivés devant la voiture, je fis un pas rapide en avant et lui ouvris la porte. Il me jeta un regard, serra les lèvres et s’installa au volant.
Je courus de nouveau vers le siège passager, m'assis et m'apprêtais à tendre la main pour attacher ma ceinture, mais il se pencha vers moi et attacha lui-même ma ceinture.
Ce type devait-il être aussi compétitif ?
Je n’étais pas d’accord !
Je baissai le pare-soleil pour lui, il baissa les buses de la climatisation pour éviter que l'air me souffle dessus.
Je tendis la main pour régler son rétroviseur pour qu’il voie mieux, il inclina mon siège pour que je sois assis plus confortablement.

 

590.
D'accord, j’admets ma défaite !
À une seconde de nous battre dans la voiture, je fis un geste de réconciliation : « Allez, on y va, si on tarde trop, le tournage sera terminé. »
Il sourit brièvement, démarra et partit.

 

591.
Gu Yiliang n'aimait jamais parler en conduisant, et je n'osais plus appuyer sur le bouton de démarrage du système audio, flirtant discrètement sur mon téléphone avec Lao Huang, en lui reprochant son style flamboyant.

Lao Huang : « Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? »
William : « … Utiliser de l'argent pour briser des fenêtres ? »
Lao Huang : « Un gros virement, mais la banque était fermée la nuit. »
William : « … »
William : « … Et la signature, c'était bien "Ton papa" ? »
Lao Huang : « Cet argent venait-il de moi ? »
William : « Oui… »
Lao Huang : « Est-ce pour toi que j’ai dépensé cet argent ? »
William : « Oui… »
Lao Huang : « Suis-je ton papa ? »
William : « … »
Lao Huang : « Rien de suspect avec cette signature ? »
William : « … Non. »
Lao Huang : « Rappelle-toi, ton papa sera toujours ton papa. »

Je fermai mon téléphone en grimaçant de frustration.

 

592.
Je fixais le devant de la voiture en réfléchissant profondément, quand Gu Yiliang tourna la tête vers moi et, à ma grande surprise, engagea la conversation : « …Tu étais en train de discuter avec ce Mr. Huang, n’est-ce pas ? »
Je me figeai, hé, comment savait-il pour Lao Huang ?
Est-ce qu’il avait entendu ma conversation téléphonique l’autre jour ?
Dans ce cas, il avait sûrement entendu tous mes éloges sans retenue !
J’étais embarrassé, alors je répondis timidement : « Ah, tu as entendu ma conversation ce jour-là ? »
Il serra un peu plus fort le volant : « … Oui. »
Ah, il était gêné aussi !
Je souris intérieurement, je devais lui dire encore plus de compliments à l’avenir !
Mais étant donné que je m’étais immiscé dans ses affaires familiales, je ne voulais pas trop en dire. De peur qu’il me demande ce que j’avais écrit à Lao Huang, je répondis rapidement : « Oh, c’était juste un message de routine pour prendre des nouvelles, rien de plus. »
À peine avais-je fini de parler qu’il changea de posture, une main sur le volant, l'autre posée sur la fenêtre, soutenant son visage, l’air décontracté tout comme Fujiwara Takumi (NT : personnage fictif issu du manga et de l'animé Initial D) dans un drama pour idoles, puis il répondit tranquillement : « Oh, je vois. »

Je faillis être ébloui par son allure, et puis il me demanda : « Tu n’as pas besoin de m’expliquer, mais… Que fait ce Mr. Huang maintenant ? »

 

593.
Lao Huang ? Que pouvait-il faire d’autre ? Il nageait dans des piles de pièces d’or comme un vieux riche imitant Oncle Picsou.
Ce n'était pas de chance, la famille Huang ne s’était pas contentée de rester riche pendant trois générations, ils avaient encore le potentiel de continuer à l’être pendant encore 70 ans ?
Se comparer aux autres ne fera que vous mettre en colère. Si seulement j'étais son enfant légitime…
Bien qu'il ne m'ait jamais maltraité, ni moi ni ma mère, et qu’il fût presque un modèle de père et mari, je n’arrivais pas à me faire à l’idée que notre relation fût si peu officielle. À la maison, je l'appelais Lao Huang (NT : vieux Huang), et à l’extérieur, je l'appelais Mr. Huang. Il était toujours là pour me soutenir dans l’industrie, ce qui faisait que tout le monde pensait que j’étais son protégé. C'était une situation compliquée et difficile à assumer.

 

594.
Je jetai un coup d'œil à l'heure sur mon téléphone : « Il n’avait rien de pressé, à cette heure-ci, il doit être en train de promener son oiseau. »
Gu Yiliang eut un petit moment de confusion, puis il répondit avec une expression hésitante : « …Mr. Huang a des passe-temps… particuliers ? »
Moi : « … ? »
Moi : « … »
Moi : « Oh mon Dieu, qu’est-ce que tu avais dans la tête ?! Les montagnes et les rivières s'effondraient dans ton esprit ??? Un oiseau ! Un avec des ailes, qui vole, pas un oiseaux qui rétrécit ou grandit et qui peut être mangé ! »
Lui : « … »
Lui : « Malentendu, malentendu. »
Lui : « … qui peut être mangé ? »
Moi : « … »
Moi : « Lapsus, lapsus. »

595.
Ses paroles me firent perdre mes moyens, et ce n'est qu'avec difficulté que je repris mon calme, prête à rivaliser avec Gu Yiliang pour essayer d'être meilleur.
Le plateau de tournage était un endroit propice aux accidents. Dès que je changeai de costume, je passai en mode alerte de niveau 1, les yeux comme des miroirs démoniaques et les jambes aussi agiles que le vent. Je surveillais chaque éventualité, prête à réagir à tout moment. Où qu’il aille, je le suivais, près de lui à chaque instant, sans négliger aucun détail.
Lui aussi agissait de la même manière envers moi, ce qui rendait la situation un peu étrange.

 

596.
Après avoir terminé une scène ensemble, je lui tendis rapidement un parasol, il me donna aussitôt une bouteille d'eau. Je lui tendis du papier pour absorber son maquillage, il me donna une serviette pour essuyer la sueur de mon visage. Je lui conseillai de vérifier la sécurité des accessoires pour la scène suivante, il me rappela qu’il y avait des émotions particulières à gérer dans la scène à venir.

Je lui proposai de répéter nos répliques, au cas où il aurait oublié quelque chose, et il me répondit avec un sourire : « C’est super, j’apprécie beaucoup que tu sois là. »
Après une série de gestes coordonnés, nos performances se valaient.

En me retournant soudainement, je remarquai que tout le plateau nous observait, abasourdi. Les assistants tenaient des parasols, des bouteilles d’eau, des serviettes, des papiers absorbants et des scripts sans savoir où les poser, aussi désorientés qu’un cœur agité.
Gu Yiliang : « Hm… »
Moi : « Hm… »
Moi : « Quel beau temps aujourd’hui, c’est un jour propice. Et si nous faisions vœu d’amitié fraternelle devant tout le monde ? »
Il éclata de rire, me tira doucement par la manche et, avec un rire léger, dit : « Arrête de plaisanter. »

 

597.
Ses mots doux, plein de tendresse, comme une flèche traversant les nuages, me clouèrent sur place.
Je m’étais pourtant juré de ne pas succomber aujourd’hui !
Je me sentais si mal ! C’était comme si mon cœur était en train de se faire déchirer !
Est-ce que cela correspondait à ce qu’on appelle un sevrage émotionnel ?

 

598.
Mon cœur battait la chamade, je laissai Gu Yiliang derrière moi et courus en direction de la salle de repos, fouillant mon téléphone comme une mère cherchant son enfant, hésitant à ouvrir le forum pour me calmer un peu et apaiser les battements de mon cœur.
Eh ?
Depuis quand le sucre m’a-t-il autant calmé, plus que ma relation avec Gu Yiliang ?
Je fixai le téléphone éteint, perdue dans mes pensées.
Soudain, mon téléphone s'alluma, indiquant que quelqu'un m'avait contacté sur QQ.

 

599.
WilLiam : « !!! D'où viens-tu, toi, une informatrice interne ? Serais-tu une envoyée du ciel pour bénir l'armée NIangzi ?! »
Yantastic : « … ? »
WilLiam : « Du sucre ! Du sucre, je suis complètement brisée par ce sucre, mon esprit est en lambeaux, mon foie et mon cerveau sont pulvérisés (au sens propre) ! C’est trop sucré, je suis morte !»
Yantastic : « … Qu'est-ce qui se passe ? »
WilLiam : « C’est que les filles du groupe ne voient pas l’évidence ! Elles sont aveugles et insensées ! Elles ont expulsé cette grande déesse ! Tu veux revenir ?! »

Je n’y comprenais rien, un peu perdu, mais j'acceptai l’invitation à rejoindre le groupe.

 

600.
À peine avais-je rejoint le groupe que des centaines de messages commencèrent à s'afficher, avec des acclamations frénétiques de tous les membres, criant à l'arrivée de la « reine divine ».
Moi ???
Je quittai le chat et envoyai un message privé à WilLiam pour lui demander ce qu'il se passait.
Elle m’expliqua que l’une des grandes fans de Gu Yiliang, qui avait un lien légèrement privé avec lui, venait de se désabonner et de le critiquer, révélant des informations vraies ou fausses à son sujet.
Avant même que je n’aie eu le temps de tout comprendre, elle m’envoya une capture d’écran d’une conversation, sans les avatars des personnes concernées, contenant seulement deux répliques :
« Puis-je vous demander quelle relation vous avez exactement avec l'autre partie ? Est-ce de la publicité de la part de l'agence, ou est-ce une liaison privée ? Les autres fans aimeraient avoir une idée plus claire. »
Liam : « C’est moi qui paye le salaire de son assistant. »

 

601.
Moi : « …………………………………………… »
Mon cœur se serra comme si j'avais reçu un coup de poing de Saitama (NT : protagoniste principal du manga et de l'anime "One Punch Man").
Un Gu Yiliang en version chibi dansa dans mon esprit, chantant joyeusement : « Mon chéri, as-tu faim ? Si tu as faim, dis-le à Yiliang, Yiliang va t’envoyer du sucre géant ! »

 

602.
C’était tellement sucré, une cascade de sirop de sucre qui m’éclaboussait de la tête aux pieds. J’étais comme une friandise enrobée de sucre, prête à attirer les abeilles, les mouches et les moustiques du parc.
Gu Yiliang ne m’épargnait jamais. Il n’avait jamais montré de pitié pour moi, cette fragile fleur.

 

603.
À cet instant, pour des raisons à la fois professionnelles et personnelles, j’avais une forte envie de sortir, de sauter dans la voiture avec Gu Yiliang et de foncer au bureau de l'état civil, mais je craignais qu’il ne prenne un détour pour m’emmener à un cybercafé et passer toute la nuit à jouer à des jeux en ligne !
Comment faire face à ce type ?
Je me laissai aller à une rêverie désorientée, cherchant frénétiquement l’insuline pour sauver ma vie, quand la porte de la salle de repos fut frappée trois fois doucement.

 

604.
Gu Yiliang passa sa tête par l'ouverture et, les yeux plissés, me sourit : « Ne sois pas paresseux, viens finir la scène, ce soir le groupe part en dîner ensemble. »
Je hochai la tête, perdu, et le suivis dehors.

 

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

 

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