ISMM - Chapitre 3 - Couleur rouge brique, ça me va bien !
34.
Je pensai que...
L'embarras d'être surpris par ses parents en train de regarder un film porno et de se masturber ne pouvait pas être pire que ça.
Non, en fait.
L'embarras d'être surpris par ses parents en train de regarder un film porno super hardcore avec des scènes de bestialité, tentacules, orgies et hybridations, tout en se masturbant, ne pouvait pas être pire que ça.
35.
Avec une rapidité fulgurante, je verrouillai l'écran de mon téléphone et le retournai violemment pour le poser face contre la table. J'adressai un sourire en coin à Gu Yiliang : "Ah, bonjour."
"…"
Gu Yiliang jeta un coup d'œil à mon téléphone, resta silencieux un moment, puis me salua également.
Pour combler l'immense gêne, je cherchai désespérément quelque chose à dire : "On a pas mal de scènes ensemble, on pourrait répéter un de ces jours, si tu as le temps."
"Oui," acquiesça-t-il. "Je viens d'arriver sur le plateau, je fais le tour pour saluer tout le monde."
Le contenu de la conversation n'avait rien de bizarre, mais pourquoi l'ordre des phrases semblait-il si chaotique ?
Je hochai la tête à mon tour : "Ah, haha, tu as déjà mangé?"
Il marqua une pause : "Pas encore."
Je n'eus plus rien à ajouter. Dans ma tête, mon moi intérieur se tordait de gêne.
36.
Heureusement, Xiao Chen vint à mon secours. Il entra en trombe avec deux tasses de thé au lait, s'exclamant : "Tu n'avais pas dit ce que tu voulais comme garniture, alors j'en ai pris deux. Tu choisis celle que tu veux !"
En se retournant, il remarqua la présence de Gu Yiliang et se redressa immédiatement, prenant un air sérieux. Il le salua respectueusement : « Gu ge. »
Gu Yiliang lui rendit son salut.
Enfin, j'eus un sujet de conversation : "On commence bientôt le tournage, ce n'est pas bon de ne rien avoir mangé. Tu veux boire un thé au lait pour te caler l'estomac ?"
Après avoir posé la question, je me souvins d'un article que j'avais lu récemment, qui mentionnait que Gu Yiliang n'aimait pas les boissons trop sucrées. J'ajoutai donc : "C'est peu sucré, ça ne sera pas trop fort en sucre."
Gu Yiliang eut un léger sursaut, puis acquiesça.
Ah, Xiao Chen, le sauveur des situations gênantes.
Je lui pris les deux tasses de thé au lait avec gratitude, mais en les regardant de plus près...
L'une était juste du thé au lait pur, sans aucune garniture, tandis que l'autre était remplie à ras bord de noix de coco, pudding, perles de tapioca, aloe vera et gelée d’herbe, tellement bourrée que ça ressemblait à un bric-à-brac dans ma main.
37.
Ce gamin était vraiment un génie.
38.
Ah, Xiao Chen, le pyromane de la gêne.
Réprimant un frisson d'embarras qui parcourait tout mon corps, je dis à Gu Yiliang en serrant les dents : "Écoute... si ça ne te dérange pas, on pourrait ouvrir les deux tasses et partager les garnitures... ?"
Après avoir prononcé cette phrase, je fus sur le point de mourir de honte, espérant secrètement que Gu Yiliang refuserait d'un geste de la main et quitterait rapidement ma loge.
Immédiatement. Tout de suite.
39.
« D’accord, » dit-il en venant s’asseoir à côté de moi. « Tu as un couteau ? »
Je le regardai, interdit, mais Xiao Chen répondit rapidement : « Oui, oui, oui ! » et lui tendit un couteau à fruits propre.
Avec une habileté délicate, il traça un cercle avec la pointe du couteau sur les couvercles des deux tasses de thé au lait, ouvrit les emballages, puis trouva une cuillère dans le sac en plastique. Il me demanda : « Qu’est-ce que tu veux ajouter ? »
Comme sortant d’un rêve, je répondis : « Juste de la gelée d’herbe. »
Il récupéra alors toute la gelée d’herbe et la mit dans ma tasse, puis demanda : « Tu ne veux rien d’autre ? »
Je fis un geste de la main : « Non, non, tu n’as pas mangé, alors mange plus, ça remontera ta glycémie. »
Il regarda, un peu embarrassé, la tasse de thé au lait remplie de garnitures : « Il en reste encore beaucoup, tu es sûr de ne rien vouloir d’autre ? »
40.
Je dis : « Alors, ajoute-moi sur WeChat. »
41.
J’avais certainement lu trop de fanfictions.
Non seulement moi, mais Gu Yiliang et Xiao Chen furent également stupéfaits. Nous formions à nous trois un cercle de silence, unis dans notre malaise.
42.
Xiao Chen, ne supportant probablement plus la situation, inventa une excuse pour aller aux toilettes et fut le premier à partir.
Il ne resta donc que Gu Yiliang et moi, assis en silence dans la loge, dans un embarras partagé, étrangement indiscernables l'un de l'autre.
Gu Yiliang, toujours aussi sociable, brisa le silence. Il sortit son téléphone et ouvrit rapidement l’interface du code QR : « J’avais oublié de t’ajouter avant, désolé. »
Je m’empressai de répondre : « Non, non, pas de problème. »
Je pris mon téléphone.
Puis je le reposai.
Je maintins un calme apparent et souris légèrement : « Euh, et si… je cherchais directement mon identifiant sur ton téléphone ? »
Il sembla se souvenir de ce qu’il avait vu en entrant et son geste se figea presque imperceptiblement avant qu’il ne me tende son téléphone.
43.
Bon, nous étions maintenant amis sur WeChat.
Je considérai cela comme une contribution à la grande cause de l’armée Niangzi.
Assis là, mal à l’aise, je mordillai le bout de ma paille tout en regardant Gu Yiliang déguster lentement sa tasse de thé au lait bien garnie.
L’ambiance était silencieuse, mais l’embarras parlait plus que mille mots.
Gu Yiliang, toujours aussi poli, tourna la tête vers moi et complimenta avec courtoisie : « Ton apparence est vraiment belle, le gris-bleu te va bien. »
Ah, le moment des échanges de compliments était arrivé ! Je le regardai, dans son vêtement couleur brique rouge, et lui lançai spontanément : « Ton apparence est aussi très belle, elle va bien avec la mienne. »
44.
Mon Dieu, je souhaitai à cet instant me transformer en un paratonnerre géant, attirant sur moi toutes les foudres du ciel pour m’aider à m’envoler sur-le-champ.
Tirez sur moi ! Tirez sur moi !
45.
Gu Yiliang fut surpris un instant, puis éclata de rire.
Ce n’était pas un rire forcé pour dissiper la gêne, ni un rire moqueur, mais un rire simple et sincère, joyeux.
C’était rare de le voir si proche de moi, me permettant de recevoir de plein fouet l’assaut de sa beauté divine.
Sérieusement, ce n’était pas seulement les dieux qui l’avaient béni avec un festin de beauté, je sentais que la déesse Nüwa (NT : déesse ayant créé les humains et représentant la puissance féminine) elle-même était intervenue, l’ayant probablement façonné avec l’aide de Michel-Ange. Rien qu’en regardant son visage, je pouvais écrire un essai sur l’esthétique et l’art.
46.
Je plaisante, je n’ai pas assez de talent pour écrire ça.
Mais il était vraiment trop beau, au point que son sourire pouvait ensorceler n’importe qui.
47.
Mais il riait vraiment depuis trop longtemps, c’était à ce point drôle ?
Je le regardai rire, comme des épis de blé dorés ployant sous le vent, comme des branches courbées par le poids des fruits, comme un paysan au sourire chaleureux.
Regarde, j’avais même fini de réciter une comptine dans ma tête, et il riait encore.
Je le poussai finalement : « Qu'est-ce que tu fais ? »
Il arrêta enfin de rire, mais sa voix gardait une trace d’amusement : « Je n’avais jamais remarqué à quel point tu étais drôle avant. »
Je connaissais la réponse à cette question : « Parce que tu n’as pas l’œil pour repérer la beauté ? »
Lui : « … »
48.
Je lui couvris la bouche une seconde avant qu’il ne se remette à rire.
Son souffle chaud effleura mes doigts, ses sourcils se froncèrent légèrement avant de se détendre, et il cligna des yeux, l’air innocent.
Le tournage allait bientôt commencer, et avant que je puisse retirer ma main et me lever, Xiao Chen entra en trombe dans la loge, criant : « En place, c’est l’heure - »
49.
Xiao Chen me regarda, puis Gu Yiliang, puis ma main sur le visage de Gu Yiliang. Horrifié, il referma la porte d’un coup sec, s’approcha de moi et me dit avec sincérité : « Wei ge, on vit dans une société de droit, tuer est illégal ! »
50.
Je sentis que le tournage de Lan Jue ne pourrait jamais aboutir.
51.
Je retirai ma main en tremblant, me tins le front, et du coin de l’œil, je vis l’expression indécise de Gu Yiliang. Je lui fis signe de ne rien dire, car à ce moment-là, j’étais faible, vulnérable et incapable de supporter le moindre choc ou stimulation.
Évidemment, Gu Yiliang interpréta mal mon geste. Il sourit, comprenant : « Je ne suis pas en colère.»
Moi : « Non… »
« Mais, » ajouta-t-il en jetant un regard perplexe à Xiao Chen avant de revenir à moi, « pourquoi il t’appelle “Viagra” ? » (NT : Viagra, Wěi gē (伟哥) en chinois, similaire à Wèi gē (卫哥), frère Wei)
52.
Putain.
53.
OK.
Je vous en prie, que quelqu’un m’apporte ma lance Zhangba (NT : arme légendaire de la mythologie), mon arbalète Zhuge (NT : arme à projectiles capable de tirer plusieurs flèches en succession) et mon épée dorée à tête de tigre.
Si c’est trop lourd, un flacon de Hanxiao Banbudian fera aussi l’affaire.
(NT : Hanxiao Banbudian (含笑半步癫) se traduit littéralement par "Rire à moitié fou en un demi-pas". Elle est utilisée pour décrire un état de fou rire incontrôlable. Ici cela suggère que Wei Yanzi préférerait quelque chose qui le fasse rire ou l'aide à oublier ses problèmes)
Traduction: Darkia1030
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