ISMM - Chapitre 27 - Ne serait-il pas en train de planifier de me faire quelque chose ?

 

437.

La voiture roulait lentement et régulièrement.
Gu Yiliang ne disait rien, et je n'osai pas prendre la parole.
C'était silencieux, trop silencieux.
C'était plus calme que mes veines, plus calme que Jingxiang, plus calme que le quartier de Jing'an, même plus calme que les pilules de tranquillité.

 

  1.  

Je me sentais très nerveux un sentiment de crise m'enveloppait comme une corde.
À part le vrombissement du moteur et le bruit des appareils électriques, j'avais l'impression d'entendre mon cœur battre violemment dans ma poitrine.
Ce n'est pas que j'étais faible, c'est juste que l'atmosphère était trop étrange !
Pourquoi ses doigts qui tenaient le volant étaient d’une telle pâleur, pourquoi son dos était-il si raide, pourquoi ses oreilles étaient-elles rouges et pourquoi sa pomme d'Adam roulait-elle ainsi ?!

  1.  

Cette situation, ce silence, cette tension...
Je plissai les yeux, et mon regard devint soudainement perçant.
— Gu Yiliang ne serait-il pas en train de planifier de me faire du mal ?!

  1.  

Est-ce qu'il voulait vendre mes organes ? Me vendre à un cirque ou dans les montagnes profondes ? Ou bien voulait-il simplement me tuer et me manger ?
Après avoir tourné deux coins de rue, je réussis à rationaliser la situation : ces derniers temps, il avait été tellement gentil avec moi, peut-être qu'il essayait de me faire baisser ma garde pour trouver l'occasion de me tuer d'un coup sec, éliminer l'ennemi et progresser dans sa carrière.

  1.  

Ce sentiment de crise atteignit son apogée lorsque je vis pour la troisième fois le même panneau publicitaire dehors.
Je collai presque tout mon corps contre la portière, prête à sauter par la fenêtre et à m'enfuir à tout moment, et je lui demandai prudemment : « On… on tourne en rond ici, non ? »
Gu Yiliang sembla devenir encore plus tendu, et il répondit encore plus prudemment que moi : « Il manque des affaires à la maison, je voulais en profiter pour chercher… euh, un supermarché. »

  1.  

Qu'est-ce qui n'était pas prêt pour qu'il soit aussi nerveux et perturbé ?!
Du ruban adhésif ? De la corde en nylon ? Des pinces à os ? Une scie électrique ? Des bâches en plastique ? Des sacs poubelles noirs ?
Monsieur l'agent de police, j'ai peur !
Je me collai encore plus contre la portière, baissant ma voix au minimum, essayant de calmer son esprit : « Il y a un petit magasin juste à droite là-bas, je viens de le voir. »
Il tourna légèrement la tête et me jeta un coup d’œil, son visage semblait soudainement beaucoup plus calme.
La voiture tourna à droite, puis s'arrêta.
Il dit : « Je vais faire une course, attends-moi dans la voiture. »
Je hochai la tête en tremblant, le regardai sortir de la voiture et entrer dans le petit magasin, avant de me précipiter à côté pour chercher frénétiquement à ouvrir la porte, essayant d'ouvrir la serrure.

Mémo de téléphone de Yiliang - Extrait 1
Ce qui devait arriver arriva, l'autre partie veut venir chez moi.
Je suis très nerveux.
Il n'y a pas de matériel adéquat à la maison, c'est ma négligence.
L'ennemi reste beaucoup plus calme que moi, il sait que je n'ai rien préparé, et il essaie même de me réconforter.
Reste calme et posé, il faut absolument rester calme et posé.
Je devrais toujours porter mon carnet de notes avec moi, sinon je ne saurais même pas comment organiser mes pensées.

  1.  

Quand Gu Yiliang revint avec un grand sac plastique, je venais juste de défaire ma ceinture de sécurité, et j'étais en train de préparer un coup de coude contre la fenêtre.
Il : « … ? »
Je remis rapidement la ceinture de sécurité et me redressai, lui souriant : « Tu es déjà revenu, si vite ? »
Il hocha la tête d'un air calme, s'assit de façon élégante et naturelle au poste de conduite, dégageant une impression de calme et de maîtrise totale, comme s'il n'avait rien à voir avec l'image de l'homme nerveux et dérangé qu'il avait eu plus tôt.

  1.  

Ne serait-il pas descendu discrètement pour prendre un calmant ?

  1.  

Alors qu'il plaçait le sac plastique sur la banquette arrière, je suivis ses mouvements du regard, examinant intensément ce qu'il y avait à l'intérieur.
Le sac était plein, et on pouvait entrevoir des paquets de mouchoirs, des serviettes en papier, des chips, du cola zéro, des pizzas surgelées, des gobelets jetables...

  1.  

Hein ?
C'est quoi ça ? L'équipement standard pour un homme qui regarde un match de foot la nuit ?
Donc, tout à l'heure, il s'inquiétait que ses préparations pour recevoir des invités ne soient pas à la hauteur et qu'il ne les accueille pas bien ?
Je le regardai avec un air interrogatif, et il me rendit un regard rassurant, me faisant signe avec ses yeux que tout allait bien.
Hein ? Qu'est-ce que tu veux dire par « tout va bien » ?

447.
La voiture redémarra, Gu Yiliang conduisait avec concentration, toujours sans dire un mot.
Bien que l’atmosphère soit encore un peu étrange, elle était déjà bien meilleure que tout à l'heure.
Je n’arrêtais pas de me demander ce qui clochait, quand soudain, une idée brillante traversa mon esprit.
Je savais maintenant !
La musique de fond ! C’est sûrement parce qu’il n’y a pas de musique de fond !
Le silence doit être adouci et comblé par la musique de fond , l’émotion doit être amplifiée et guidée par la musique de fond, et moi, en tant qu’acteur—ah non, en tant que personne qui fait des films—j'avais oublié un élément aussi important !

448.
Je compris soudainement, je me maudis pour ma stupidité, tendis la main pour appuyer sur le bouton de la radio de la voiture, et demandai poliment à Gu Yiliang : « Est-ce qu’on peut mettre de la musique ? »
Gu Yiliang répondit par un "Mm", alors j'appuyai sur le bouton de lecture, et la musique se mit à jouer avec une douceur apaisante.
Au moment où je reconnus la chanson, je suis tombé dans un profond silence.
Le problème est là.
Tu sais ce que c'est que ce dang dang dang dang...?
Le dang dang dang c'est—

449.
Dans un espace clos en mouvement, une idole de qualité, dont un simple clin d'œil ou un sourire me faisait perdre toute capacité à penser, était assis juste à côté de moi, à moins d'un mètre.
Écoutant la chanson Only You en 3D surround, pleine de tendresse et de douceur, je’étais dans un état d’hébétude, assis sur des épines de douleur.

450.
L'atmosphère devient encore plus étrange, oh mon Dieu !!
La musique de fond est complètement inappropriée !!
Ce n’était pas censé être une musique qui intensifie l’ambiance ambiguë !
Des bulles roses commencent à se former autour de nous !!
Ne fais pas de virages brusques sur cette route droite !!
Arrête-toi !! Ce n’est pas une route vers l'amitié !!
Si je continue à écouter, je vais finir par voir défiler un clip de mon "dieu" en boucle !

Tremblant, je fis semblant d’avoir accidentellement changé de chanson, en appuyant maladroitement sur le bouton.
Les mêmes astuces ne fonctionnent pas deux fois.
Ainsi, pendant les dix minutes suivantes, dans un état d’hébétude, avec des tremblements sur mes lèvres et mes mains, je finis par écouter Wonderful Tonight, Say You, Say Me, Nothing’s Gonna Change My Love For You, Can You Feel The Love Tonight, Quando Quando

En transe, les lèvres et les mains tremblantes, mes yeux étincelaient comme s'ils étaient remplis d'éclairs, tandis que je me tenais sur des charbons ardents...

451.
Je mourais d'envie de secouer Gu Yiliang et de lui demander où il avait trouvé cette playlist ?!
Est-ce que c’est le top 50 des classiques romantiques européens et américains ?!!

452.
Quand l’intro de Careless Whisper démarra, je pensais même encore plus à sauter de la voiture par rapport à tout à l'heure.
Gu Yiliang, lui, semblait totalement calme, ses doigts tapotant doucement le volant au rythme de la musique, comme s’il était dans une zone où personne ne pouvait l’empêcher de briller.
Il me jetait aussi un petit sourire chaque fois qu’il attendait à un feu rouge.

453.
Les bulles roses de la musique se sont presque complètement accumulées au-dessus de ma tête, je lutte, je résiste, je me sens impuissant, je commence à sombrer lentement.
Oh mon Dieu, même un petit arbre droit peut se plier sous une tempête ! Gu Yiliang, arrête de chanter Make You Feel My Love à voix basse, d’accord ?! Je ne suis peut-être pas un arbre, mais tu es définitivement une tempête ! Je n'en peux plus !! Accélère la voiture, sinon la pizza surgelée va fondre !!

454.
Je n'ai plus de doutes, je pense maintenant qu’il ne veut pas seulement me toucher, il veut vraiment me faire fondre.

455.
Non, non, il doit vraiment y avoir trop de drame dans ma tête.
Cette voiture peut être conduite par n’importe qui, la musique n’est pas spécialement pour moi, après tout, il s'agit de Sanhao Yiliang, né sous le drapeau rouge et élevé dans le vent printanier, Gu Yiliang, un homme modèle ! Comment pourrait-il penser à quelque chose de déplacé avec son partenaire de travail et de CP ?

(NT : Sanhao (三好) fait référence à la notion de "trois bonnes qualités" qui inclut : être bon dans les études, être bon moralement, et être bon physiquement.)
En tant qu’homme droit, il est toujours conscient qu’il est en mode travail, il est assidu à étudier des romans et les différentes façons de travailler, discutant minutieusement sur la manière de progresser ensemble, tout en m’offrant des bonbons sans relâche à moi et au peuple. Comment ai-je pu avoir une pensée aussi malveillante envers lui !
Cette amitié pure et sincère, c’est bouleversant !

456.
Heureusement, heureusement, avant que Make You Feel My Love ne finisse, la voiture tourna dans un parking souterrain.
Gu Yiliang fredonna doucement, gara la voiture avec précision, et je soufflai un grand soupir de soulagement en détachant ma ceinture.
Juste au moment où je pensais que tout allait bien, il défit sa ceinture et se tourna pour attraper un sac en plastique sur le siège arrière. Nos regards se croisèrent juste à ce moment-là.
Il s’arrêta un instant, sourit en plissant les yeux, et, en harmonie avec la musique douce, il chanta la dernière ligne de la chanson : "... To make you feel my love."

457.
Sa voix n'était pas du tout juste, sa respiration était irrégulière, il chantait comme s’il récitait une ligne de dialogue, mais il était terriblement captivant, comme un sort qui m’avait complètement ensorcelé, me réduisant à néant, me détruisant.
Je fixai ses yeux brillants, mon esprit n’avait plus qu’une seule pensée.

458.
Cette amitié dégradée, c'était une offense à la morale et à la justice.

 

Traduction: Darkia1030