I see you- Chapitre  6

 

Le lendemain matin, Yan Xixia emmena Xiao Lian brûler de l’encens devant les tablettes commémoratives de ses parents. Se souvenant des paroles de Xiao Lian la veille, Yan Xixia dit à Jiusi : « Va d’abord prendre ton petit-déjeuner. Ma femme me guidera pour rentrer. »

Jiusi s’inclina respectueusement devant eux : « Bien, jeune maître, madame. Je me retire.»

Xiao Lian n'était pas habitué à ce que les gens lui montrent autant de respect et répondit par un hochement de tête : "Oui."

Yan Xixia pencha la tête en direction de Xiao Lian : "Madame, pourriez-vous allumer l'encens, s'il vous plaît ?"

"Oui." Xiao Lian prit l'encens posé sur l'autel et, avec un air solennel, l'alluma à la flamme d'une bougie avant de le tendre directement à Yan Xixia.

Réalisant que Yan Xixia ne pouvait pas déterminer la position de l'encens, il rougit légèrement et prit la main de Yan Xixia pour y placer l'encens : "Tiens-le bien."

Yan Xixia inclina la tête : "Merci, madame."

Xiao Lian prit ensuite trois bâtons d'encens, les alluma, et prit la main de Yan Xixia pour l'amener devant les coussins de prière. Ils s'agenouillèrent ensemble et firent trois prosternations. Bien que Yan Xixia ne puisse pas voir, leurs mouvements étaient étonnamment synchrones. Ensuite, ils insérèrent l'encens dans le brûleur devant les tablettes ancestrales.

Ainsi, Xiao Lian avait officiellement rencontré les parents de Yan Xixia. Ils se relevèrent, Xiao Lian marchant devant, Yan Xixia tenant son bras. Alors qu'ils entraient dans la salle à manger et s'apprêtaient à s'asseoir, Xiao Lian vit une femme vêtue de violet s'approcher. Elle ignora complètement Xiao Lian et se dirigea directement vers Yan Xixia, lui prenant le bras : "Frère Xi Xia, pourquoi n'as-tu pas laissé Jiusi t'accompagner ?"

"Madame est avec moi," répondit Yan Xixia en retirant son bras. "Je t'ai déjà dit plusieurs fois, je suis un homme, Zimian, tu devrais faire attention."

Zimian fit la moue, mécontente : "Nous étions bien plus proches que ça quand nous étions enfants."

"Mais nous avons grandi maintenant," dit Yan Xixia avec un léger sourire, se tournant vers Xiao Lian. "Madame, voici la fille de l'intendant Yan, Yan Zimian."

Xiao Lian inclina la tête en direction de Zimian : "Bonjour, Mademoiselle Zimian."

Yan Zimian fixa Xiao Lian avec des yeux écarquillés, sa bouche en moue semblait prête pour y accrocher une bouteille d'huile. En tant que jeune fille, son expression n'était pas agaçante, mais plutôt pleine de coquetterie. Zimian ignora les paroles de Xiao Lian et poussa un petit grognement.

Xiao Lian, voyant que Zimian était manifestement plus jeune que lui, ne prit pas la chose à cœur et voulut faire asseoir Yan Xixia. Cependant, Yan Xixia ne bougea pas et saisit plutôt la main de Xiao Lian, s'adressant à Zimian : "Zimian, Xiao Lian est ma nouvelle épouse. Il est désormais un autre maître de la maison Yan. J'espère que tu le traiteras avec le même respect que tu as pour moi." Sa voix restait douce, mais avec une pointe de sérieux.

Xiao Lian n'intervint pas. Il n'était pas en colère, mais le manque de respect de Zimian était un fait, et Yan Xixia agissait pour son bien. Il n'avait aucune raison de rejeter cette bienveillance.

Zimian aimait Yan Xixia, mais elle savait que son statut ne lui permettait pas de prétendre à lui. Elle avait donc refoulé ses sentiments, espérant que Yan Xixia épouserait une femme de son rang. Lorsque Yan Xixia avait présenté le contrat de mariage avec la famille Xiao, Zimian avait été mécontente. Un homme, et de surcroît issu d'une famille de marchands, même s'il était l'aîné légitime, était tout juste acceptable. Mais lorsqu'elle apprit que la nouvelle épouse était un fils illégitime, elle fut profondément contrariée. D'une part, elle trouvait que Yan Xixia perdait la face en épousant un fils illégitime, et d'autre part, elle était en colère contre la famille Xiao qui profitait de la cécité de Yan Xixia pour le tromper.

Zimian ne dit rien, mordant ses lèvres, les yeux légèrement rouges, fixant Yan Xixia. Mais Yan Xixia, ne pouvait voir son expression pitoyable.

Zimian ajouta : "La famille Xiao t'a trompé, substituant un chat à un tigre, te donnant un fils illégitime pour te berner."

"Xiao Lian n'est pas un 'chat', et le fils légitime de la famille Xiao n'est pas un 'tigre'," répondit Yan Xixia, amusé par les paroles de Zimian. "Même si c'était vraiment un chat substitué à un tigre, ce chat serait bien plus précieux et bien plus à mon goût que ce tigre."

Zimian ne voulait rien entendre : "Je trouve toujours qu'il n'est pas à ta hauteur."

"Si tu dis cela, alors je pense que je ne suis pas à sa hauteur. Notre famille n'est plus ce qu'elle était. Lui, un homme, a un avenir prometteur, alors qu'il est lié à un aveugle comme moi."

En entendant cela, Xiao Lian saisit l'autre main de Yan Xixia : "Non, tu es merveilleux."

Yan Xixia tourna légèrement la tête en direction de Xiao Lian et cligna des yeux, souriant : "De plus, juger de la compatibilité de deux personnes dans un mariage sur leur valeur est en soi une erreur."

Xiao Lian regarda les yeux de Yan Xixia, bien qu'ils fussent sans éclat, il sembla y voir une lumière.

Yan Xixia se tourna à nouveau vers Zimian : "Peut-être que lorsque tu auras grandi, tu comprendras. Zimian, tu es ma famille, et j'espère que tu pourras l'accepter du fond du cœur. Si tu ne peux pas l'accepter tout de suite, j'espère que tu le respecteras."

Yan Xixia avait mis les points sur les i. Si Zimian persistait dans son attitude, elle paraîtrait immature. Zimian s'inclina légèrement devant Xiao Lian : "Madame, je vous prie de m'excuser pour mon impolitesse."

Xiao Lian, voyant l'expression chagrinée de Zimian, la regarda comme une petite sœur et sourit : "Ce n'est rien."

À peine Xiao Lian avait-il fini de parler qu'un enfant, tel un boulet de canon, se précipita pour étreindre Yan Xixia : "Frère !"

Yan Xixia caressa la tête de Yan Xidong : "Xidong, tu n'as pas encore salué ton beau-frère."

Yan Xidong tourna la tête vers Xiao Lian et dit d'une voix claire : "Bonjour, beau-frère !"

Xiao Lian, voyant que Yan Xidong ressemblait un peu à Yan Xixia, sourit et répondit : "Bonjour, Xidong."

À ce moment, l'intendant Yan et sa femme arrivèrent. Après quelques échanges, tout le monde s'assit. Yan Xidong, tel un petit adulte, s'assit à côté de Yan Xixia et demanda : "Frère, que veux-tu manger ? Aujourd'hui, il y a des galettes aux légumes, des galettes à la pivoine, des galettes à la fleur de lotus et des galettes à la viande."

"Xidong, mange toi-même. Ton frère a maintenant sa femme," dit Yan Xixia en tenant son bol et ses baguettes, se tournant vers Xiao Lian. "Madame, accepterais-tu de m'aider ?"

Xiao Lian comprit que Yan Xixia l'aidait à s'intégrer dans la famille Yan et fit de son mieux pour ne pas perdre contenance : "Bien sûr, que veux-tu manger, mon époux ?"

"Pourrais-tu me servir une galette à la viande, s'il te plaît ?"

Xiao Lian prit ses baguettes pour en prendre une. Il s'attendait à ce que Yan Xixia, avec son air distingué, choisisse une galette à la pivoine ou à la fleur de lotus. Xiao Lian rit intérieurement, sentant que l'aura mystique de Yan Xixia s'était un peu dissipée, le rendant plus accessible.

"Merci, madame."

L'intendant Yan, observant la manière dont ils interagissaient, rit jusqu'à en avoir des rides. Remarquant que le visage de Xiao Lian lui semblait familier, il se souvint soudain : "N'étais-tu pas celui qui se tenait à la porte ce jour-là ?"

L'intendant Yan ne précisa pas de quel jour il parlait, mais Xiao Lian comprit. Il rougit légèrement et répondit : "Oui, j'ai été très impoli."

L'intendant Yan rit : "Pas du tout. Tu es resté là toute la matinée. Si j'avais été plus attentif et t'avais invité à entrer, tu n'aurais pas eu à attendre dehors pendant plusieurs jours."

En entendant cela, Xiao Lian, pris de panique, s'étouffa avec sa bouillie et se mit à tousser. Yan Xixia lui tapota doucement le dos en souriant : "Oncle Yan, ne dis plus rien, il est timide."

Le majordome Yan rit et dit à deux reprises : "Ce garçon est bien, ce garçon est bien."

Zimian, assise à côté du majordome Yan, avait toujours l'air mécontent, mais elle ne dit rien.

Après le repas, Yan Xixia emmena Xiao Lian dans l'arrière-cour. L'arrière-cour était divisée en deux parties égales par des bambous et des érables, les érables rouges et les bambous verts s'entrelaçant pour créer une beauté encore plus grande. Au centre se trouvait une petite maison en bois de deux étages, avec un chemin de pierres bleues menant à l'entrée.

Yan Xixia n'avait pas besoin que Xiao Lian le guide ou lui rappelle où aller. Il se dirigea avec aisance à l'intérieur de la maison. À l'intérieur, il y avait une table en bambou, quelques chaises en bambou, et sur la table se trouvaient des ustensiles à thé et un plateau de jeu d'échecs. Yan Xixia toucha le plateau d'échecs : "C'est ici que je bois du thé et discute avec mes amis et camarades de classe. Quand il ne fait pas trop froid, je lis au deuxième étage. Madame, aimerais-tu voir ?"

Xiao Lian était impatient de voir l'endroit où Yan Xixia passait souvent son temps : "Oui, j'aimerais bien."

Yan Xixia prit la main de Xiao Lian et l'emmena au deuxième étage, jusqu'à un bureau : "Madame, crois-tu que je puisse encore écrire ?"

"Je crois que tu peux."

"Et crois-tu que j'écris aussi bien qu'avant ?"

"Je crois que tu peux."

"Alors, qu'est-ce que tu ne crois pas ?"

"Je crois tout ce que tu dis."

Yan Xixia sembla ravi par les paroles de Xiao Lian. Il rit, sortit une feuille de papier de riz et l'étala : "Madame, pourrais-tu m'aider à broyer l'encre ? J'ai peur de ne pas voir et de me salir."

Xiao Lian s'approcha et commença à broyer l'encre. Yan Xixia prit un pinceau, le trempa dans l'encre et se mit à écrire. Xiao Lian regarda les caractères nets et ordonnés sortir un à un du pinceau de Yan Xixia, encore plus beaux que les siens, et il fut encore plus impressionné.

Alors qu'il écrivait, Yan Xixia demanda à Xiao Lian : "Tu n'es pas curieux ?"

"Je suis un peu curieux," répondit Xiao Lian sérieusement, "mais dès que je pense à toi, tout me semble normal."

"Je ne suis pas un dieu," dit Yan Xixia en riant. "Si je te le dis, tu vas peut-être te moquer de moi."

"Je ne me moquerai pas," répondit Xiao Lian. "Alors, comment fais-tu pour écrire si proprement ?"

"Avant, à l'école, le professeur me faisait copier des textes en punition. Quand je copiais tard le soir, mes yeux se fermaient tout seuls. Au début, les caractères étaient un peu désordonnés, mais après avoir été puni plusieurs fois, j'ai fini par trouver une méthode."

Xiao Lian était surpris : "Tu as aussi été puni par le professeur ?"

"Quand j'étais jeune, j'étais un peu turbulent. Tu ne l'aurais pas deviné ?"

"Non, pas du tout."

Yan Xixia rit et raconta à Xiao Lian quelques anecdotes de son passé. Xiao Lian pensa que Yan Xixia avait probablement remarqué qu'il se sentait un peu mal à l'aise dans la famille Yan et essayait de le divertir pour le mettre à l'aise. Xiao Lian sentit que Yan Xixia cherchait à rapprocher leurs distances, et il se détendit peu à peu.

 

Traducteur: Darkia1030