« Maître, j'ai reçu un rapport. »
Joseph leva les yeux et regarda le jeune homme blond, droit comme un I à l’entrée, arborant une expression respectueuse.
« Entre, Claude. »
Tout en disant cela, il posa son stylo, retirant ses lunettes et se pinçant l’arête du nez : « Encore un problème avec l’Œuf du Miroir Démoniaque ? Ces chasseurs… »
Le vieil homme avait un regard perçant comme l’éclair. Il se leva et observa les dossiers entassés sur la table, poussant un long soupir : « Vraiment une bande de vermines de Nuozin ! »
Assis, il ressemblait à un simple vieil homme cultivé.
Mais debout, il était massif : ses muscles faisaient saillie sous sa chemise, et avec son visage résolu et ses cheveux grisonnants, il dégageait une autorité naturelle.
Claude salua ceux à l’extérieur et referma doucement la porte avant de s’avancer : « Pardon, maître, il s’agit d’une nouvelle affaire. »
« Nouvelle affaire ? Qu’est-ce qui peut être pire que les ennuis causés par ces abrutis attardés qui ne savent qu'aboyer et causer des ennuis?! »
Joseph, furieux, serra le poing et tapa légèrement sur la table. Son bras mécanique émit un bruit métallique de frottement, « kacha ».
Un “bang” retentit et les dossiers sur la table tremblèrent. Une fissure apparut sur le bureau.
« Merde, si ce n’étaient pas eux, je serais en train de profiter de ma retraite tranquille ! Une bande de bâtards sans mère ! Maudit soient-ils ! Je finirai par m’entraîner à boxer avec les pierres tombales de leur mère ! »
Claude esquissa un sourire forcé : « Maître, faites attention à votre image… »
Joseph grogna : « Peu importe ! »
Il jeta un regard nonchalant derrière Claude.
« N’avais-tu pas fermé la porte ? »
Claude : « … » Alors c’est ça, votre excuse pour cracher vos injures ?!
« Bon… » Claude se gratta la tête, déposa les dossiers sur la table et poursuivit : « Les éclaireurs chargés de surveiller les chasseurs ont repéré Wilde dans la 23e avenue … »
« Qui ?! »
Le visage de Joseph se durcit, ses yeux jaillirent d’une lumière tranchante.
« Wilde, Frank Wilde, ‘Homme sans visage aux écailles noires’, mage noir de niveau Destruction certifié par l’union de la Vérité, disparu depuis la bataille des Collines Blanches il y a deux ans, actuellement recherché. La récompense augmente chaque année, ce qui provoque une forte opposition au sein de la Tour des Rites Secrets. »
Claude, anticipant la réaction de son maître, énuméra calmement les informations avec précision.
Joseph ricana : « Il est enfin réapparu. Je pensais que cette vermine resterait tapie tremblante dans les égouts pour toujours. »
Claude murmura : « Mais c’est vous qui étiez convaincu qu’il était encore en vie et qu’il réapparaîtrait, ce qui vous a poussé à augmenter la prime… »
« Bien sûr ! Personne ne le connaît mieux que moi. »
Joseph baissa les yeux sur sa prothèse métallique, entièrement fournie par l’Union de la Vérité, serra le poing, et un bruit mécanique crissa douloureusement.
Lors de la bataille il y a deux ans, il avait perdu son bras droit mais détruit la majeure partie du corps de Wilde.
Beaucoup pensaient que Wilde était mort.
Mais Joseph avait eu toujours le pressentiment que ce type reviendrait.
« Je n’aurais jamais cru qu’il soit à Nuozin, sous la lumière tout semble noir… Espérons qu’il ait enfin quelque chose dans son cerveau ratatiné, autre que de l’eau .»
Joseph posa ses mains sur la table : « Que faisait-il dans la 23e avenue ? »
Claude répondit : « Selon nos éclaireurs, il est entré dans une librairie apparemment ordinaire et y est resté plus d’une heure, semble-t-il pour acheter ou emprunter des livres. »
« Un mage noir qui puise son pouvoir dans le langage, acheter des livres ? Quelle absurdité ! Cette librairie doit cacher quelque chose. Avez-vous vérifié ses antécédents ? »
« Oui. Elle appartient à la Guilde du Frêne, elle est en activité depuis trois ans. Bonne réputation, peu de clients, affaires maigres. Le propriétaire semble être un étranger. Nous soupçonnons un possible repaire de mages noirs, mais nous ne sommes pas certains. »
« Pas certains de quoi ? »
Claude, embarrassé : « La Guilde du Frêne est une propriété de prêtres druidiques… Ce sont des fidèles de la nature et des forêts, peu susceptibles de collaborer avec des mages noirs. Si nous intervenons à l’aveugle, nous risquons de nuire à leur réputation et les druides pourraient protester auprès de la Tour des rites Secrets. »
Joseph frappa la table : « Ces foutus emmerdeurs végétariens ! »
« Euh, les druides ne sont pas végétariens… »
« Peu importe ! N’importe qui peut être complice des ténèbres et la mission des chevaliers est de purger les ténèbres. Wilde est resté plus d’une heure dans cette librairie. Tu imagines ? A lire, à boire du thé ?!
« Oh, mon cher disciple Claude, un mage noir impitoyable, un vengeur calculateur, dans une librairie ordinaire, en train de lire un livre ?!
« Si tu continues à penser ça, je vais enfiler ces bottes en mithril à pointe et te botter les fesses ! »
Claude, humilié, ne répondit que par un sourire gêné : « Mais maître, la Guilde fournit 40 % du budget de notre service de renseignement. »
Joseph se figea, inspira profondément deux fois, sortit de derrière son bureau, ajusta son nœud papillon, et enfila son manteau. Sa carrure imposante, associée à ces vêtements, pourrait être décrite à juste titre comme « voyou en costume » : « Très bien, je vais moi-même faire un tour sur la 23e Avenue! Je veux voir ce que cache cette librairie ! »
« Oui, maître. »
Claude baissa la tête et ouvrit la porte.
Joseph marcha rapidement dans les allées labyrinthiques de la Tour, où les passants s’inclinaient en le croisant.
« Bonne après-midi, Grand Chevalier. »
« Votre grandeur, Chevalier Radieux . »
« Bonjour, Chef. »
« Avez-vous déjà mangé ? »
Abraham Joseph, l’un des dix Chevaliers Radieux de la Tour. Ou plutôt, ancien Chevalier Radieux.
Après la bataille des Collines Blanches contre Wilde, ce dernier avait été gravement blessé et avait disparu.
Joseph, quant à lui, avait subi des blessures physiques et psychiques, et était passé à semi-retraite, intégrant le service de renseignement de la Tour.
« Haa… »
Joseph appuya sur le bouton de l’ascenseur central. L’ascenseur descendit lentement.
La Tour des Rites Secrets mesurait 300 mètres de haut, avec des zones de bureaux en nid d’abeille et un réseau interne complexe.
Ses services comprenaient : renseignement, formation, combat, logistique.
Les chevaliers, héritiers des pouvoirs élémentaires anciens, continuaient de lutter contre le mal.
Quarante-neuf grands ascenseurs traversaient la tour, transportant chaque jour des milliers d’employés, comme une torche flamboyante.
« Lin Jie… voyons qui vous êtes vraiment. »
Joseph regarda les portes de l’ascenseur s’ouvrir lentement et glissa les documents dans sa poche . Soudain, il se couvrit les yeux, murmurant : « Merde, encore ces hallucinations… »
Traduction: Darkia1030
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