DPUBFTB - Chapitre 86 - J’ai entendu dire que je suis le Dieu de la Guerre (fin)

 

Devenir divin, fou, impossible à prévenir.

 

Zhan Yanchao fit un rêve.

Dans son rêve, il était un observateur transparent, une troisième personne.

Il vit un jeune homme qui lui ressemblait exactement, frappant avec un fouet, forçant Ji Zuoshan à se replier en boule.

Ji Zuoshan avait des membres très fragiles, il avait l’apparence d’un oméga standard, et il se protégeait habilement la tête, laissant les autres parties de son corps subir les coups du fouet, comme s’il avait accepté ce destin cruel.

Zhan Yanchao resta sidéré.

Il n'eut pas le temps de se demander pourquoi Xiao Ji était devenu un oméga, il savait juste qu'abuser des oméga n'était pas humain.

Il tenta de saisir la main de ce salaud, de lui donner une claque.

Cependant, lorsqu’il leva la main pour frapper, il ne toucha que l’air.

La scène changea, et la personne identique à lui revint à la normale. Il tenait Ji Zuoshan dans ses bras, enfouissant son visage confortablement dans sa poitrine. Ji Zuoshan était déjà tellement fatigué qu’il s’était endormi, ses cils, aussi noirs que des plumes de corbeau, tremblaient légèrement, comme s'il était plongé dans un cauchemar terrible.

Zhan Yanchao ressentait à la fois de la jalousie et de la colère, son cœur semblait être plongé dans une cuve à moitié pleine de glace et à moitié pleine d'eau bouillante, et il tremblait de rage.

Comment osait-il traiter Xiao Ji de cette façon ?

La scène changea encore.

Lorsqu’il vit cette personne traîner Xiao Ji, le forçant à aller avec lui sur le champ de bataille, Zhan Yanchao en perdit presque l’esprit. Il attrapa la main de Xiao Ji dans son rêve, criant de ne pas y aller, de ne pas écouter ce salaud.

Il avait vu des omégas en chaleur sur la ligne de front, et lorsque leurs phéromones explosaient, les alphas se transformaient en loups affamés qui sentaient la chair fraîche.

Ne va pas avec lui, c’est trop dangereux—

Ji Zuoshan, tu m’entends ?!

Mais ses appels furent ignorés par Ji Zuoshan, qui regardait d’un air résigné le petit jeune homme qui se roulait au sol, et après un moment d’hésitation, il acquiesça.

Zhan Yanchao regarda, impuissant, cet autre lui-même serrant les épaules de Ji Zuoshan, lui promettant solennellement "je te protégerai", avant de voir Ji Zuoshan dans un petit entrepôt de vivres, pris en tenaille par plusieurs alphas.

Il tenta de repousser les loups à dents pointues et salivants, brandissant ses mains, allant jusqu’à sortir son arme.

Mais, en tant qu'étranger à ce monde, ses poings, son arme, ne pouvaient pas stopper ces bêtes enragées. Les alphas le traversaient, comme s'il n’était rien, leurs mains pleines de résidus de fusil et d’huile de moteur se tendant vers Ji Zuoshan.

...Ji Zuoshan criait désespérément son nom, "Yanchao", il hurlait son nom.

Zhan Yanchao, les larmes dans la voix, cria : "Xiao Ji, je suis là, je suis là, n'aie pas peur."

Mais il ne pouvait ni lui prendre la main, ni le rassurer.

Il se réveilla en pleurant.

Il futaccueilli par la vue d’un blanc immaculé, qui l’éblouit un instant, et ses larmes coulèrent encore plus fort.

Zhan Yanling était assis à côté de son lit en train de lire le journal. En entendant le bruit, il leva la tête et vit son petit frère, étouffant ses pleurs, essayant de reprendre son souffle, et il s'écria : "Putain !" en courant chercher une infirmière.

De loin, Zhan Yanchao pouvait entendre son frère, d'habitude si calme et rationnel, crier : "Venez ici ! Mon frère est réveillé !"

Zhan Yanchao toussota deux fois, et d’un geste fatigué, il attrapa le bouton d’appel sur la table de chevet et appuya dessus.

Heureusement, Heureusement, Zhan Yanling ne perdit son sang-froid que pendant un court instant.. Lorsque le médecin et l'infirmière arrivèrent pour vérifier l’état de Zhan Yanchao, confirmant qu'il n'était plus en danger de mort, Zhan Yanling retrouva son calme habituel.

Il n'était pas en uniforme militaire, juste vêtu de ses vêtements de maison, ce qui montrait qu’il s’était occupé de lui sans interruption depuis un certain temps.

Il s'assit à nouveau près de lui, essuya les coins de ses yeux avec un mouchoir blanc : "Tu as si mal que ça ?"

Zhan Yanchao se souvint alors de la raison de son évanouissement.

Dupés par la tactique consistant à montrer leur faiblesse arrangée par Ji Zuoshan, les Zergs avaient déployé toute leur force militaire pour lancer une invasion écrasante et à grande échelle de la planète.

Zhan Yanchao faisait partie des troupes en première ligne, et se retrouva plusieurs fois coincé dans une mer de Zergs, sous le bruit incessant des insectes.

Le mécha de Zhan Yanchao fut presque déchiqueté par les ailes des insectes, et pourtant, pendant une dizaine de minutes après avoir perdu connaissance, son corps continua de se battre.

Zhan Yanling lui donna une claque sur la tête : "Tu as échappé à la mort de justesse. Tu sais quoi? Papa a failli me tuer en entendant la nouvelle."

Zhan Yanchao demanda : "Et lui ?"

Zhan Yanling savait très bien de qui il parlait.

La tactique de feinte de Ji Zuoshan visait à convaincre les insectes que la planète humaine était sur le point de tomber, vulnérable, et que les forces humaines pouvaient être facilement submergées. Alors que l'armée des insectes se lançait dans la bataille, Ji Zuoshan avait mené ses troupes pour attaquer le flanc arrière des insectes.

Zhan Yanling eut une expression un peu étrange : « Ne t'en fais pas pour lui, prends ton médicament. »

Zhan Yanchao s'assit soudainement, sans se soucier de sa blessure. Il fixa son frère intensément : « Qu'est-ce qui lui est arrivé ? »

« Il va très bien ! » Zhan Yanling poussa son frère pour le remettre dans le lit et dit avec exaspération, « Il a ramené toutes ses troupes sans en laisser un seul homme derrière ! Et il a tué la reine des Zergs ! »

Zhan Yanchao souffla de soulagement : « Ce n’est rien, tant qu’il va bien. »

Après quelques secondes allongé, il ouvrit soudainement les yeux, horrifié : « … Il a tué quoi ?!»

Zhan Yanling tapa le journal qu'il tenait dans les mains de Zhan Yanchao : « Cela fait dix-huit jours qu'il est en une des médias, il est devenu une légende vivante, on va bientôt écrire son histoire sous forme de roman. »

Zhan Yanchao attrapa le coin du journal, fixant la photo de Ji Zuoshan avec enthousiasme, son épaule tremblant d'excitation.

Sur la photo, Ji Zuoshan sortait du vaisseau spatial en tenant la tête géante de la reine des Zergs, tout couvert de blessures de guerre, mais toujours aussi beau, brillant d'une lueur héroïque.

Une bataille qui avait donné naissance à un dieu, c'est à peu près comme ça qu’on pourrait décrire ça.

Désormais, dans les livres d’histoire, le nom de Ji Zuoshan y figurerait à jamais. Héros, dieu de la guerre, tous les adjectifs glorieux, ceux qu’on pouvait imaginer et ceux qu’on ne pouvait pas, s’abattraient sur lui comme une pluie de flocons de neige.

Zhan Yanchao plaça le journal contre son visage et inspira profondément l'odeur de l’encre.

Les médias imprimés étaient déjà en déclin à l’heure actuelle, mais le fait que Ji Zuoshan puisse encore être en une en disait long.

Ce journal que son frère lui avait apporté lui rappelait Xiao Ji qu'il avait connu il y a tant d'années, celui qui aimait collectionner des journaux.

Un jour, Zhan Yanchao lui avait demandé pourquoi il collectait ces vieux journaux, et Ji Zuoshan, un peu embarrassé, lui avait répondu qu’il les utilisait pour se réchauffer lorsqu’ils erraient ensemble, en fugue.

À l'époque, Zhan Yanchao ramena des piles de journaux, trois kiosques de journaux entiers, et les empila devant Ji Zuoshan en disant avec fierté : « Tu vois ça ? Si tu suis ce jeune maître, tu ne manqueras jamais de nourriture ni de chaleur. Et tu auras tous les journaux que tu veux. »

Il ne se rendait pas compte pas à l'époque qu'il passait à côté de quelqu’un, ainsi que de toute une vie.

Aujourd'hui, seule cette douce odeur d'encre lui permettait de se souvenir de ces moments où il rentrait chez lui en chantonnant, un journal sous le bras.

Zhan Yanchao eut une soudaine envie de pleurer, mais en même temps, il voulait rire.

À ce moment, le communicateur de Zhan Yanling sonna. Il décrocha et dit deux phrases, puis appuya sur le microphone et se tourna vers Zhan Yanchao : « Le ministère de la Défense t'appelle pour prendre des nouvelles de ta blessure. »

Zhan Yanchao enfouit son visage dans le journal et marmonna : « Dis-leur que je vais bien, et que je ne peux pas prendre l'appel. »

Zhan Yanling insista en articulant chaque mot : « C’est le général Ji Zuoshan qui t'appelle en personne. »

Zhan Yanchao se redressa brusquement, arracha le téléphone et s'emmitoufla dans ses couvertures, son cœur battant la chamade.

Au bout du fil, la voix calme de Ji Zuoshan résonna : « Zhan, comment va ta blessure ? »

Zhan Yanchao joua nerveusement avec le coin de sa couverture : « Ça va, je vais bien. »

Ji Zuoshan poursuivit : « J'ai vu ta vidéo de combat. Tu as efficacement ralenti l'avancée de l'armée des insectes, et le ministère de la Défense envisage de te remettre une médaille de première classe, ainsi que de te promouvoir au rang de sous-commandant. »

Zhan Yanchao s’imaginait la mine froide de Ji Zuoshan de l'autre côté, et rougit de plus en plus : « Merci. »

Ji Zuoshan ajouta : « Dans quelques jours, j'irai te rendre visite à l'hôpital avec le major Xu et le général Bai. En ce moment, je suis avec Luo Qian et Xiao Qing à faire du shopping, à plus tard.»

Zhan Yanchao : « Attends... »

Son cœur s'arrêta presque de battre. Ji Zuoshan n'avait pas raccroché : « Oui ? »

Zhan Yanchao, d'une voix grave et précautionneuse, dit : « Quand tu viendras, pourrais-tu m'apporter mes fruits préférés ? »

Ji Zuoshan répondit sans hésitation : « Bien sûr, c'est pour une visite de malade. »

Après avoir raccroché, Ji Zuoshan se tourna vers Wang Xizhou, qui semblait épuisé et qui soufflait bruyamment : « On y va ? »

Qui aurait pu imaginer que l'homme qui était adoré par tous, le héros qui faisait fondre les cœurs de milliers de jeunes filles, portait des lunettes de soleil, un pull à carreaux noir et blanc et un jean, et se tenait à l'extérieur d'une boutique de vêtements pour femmes enceintes.

À l'intérieur, Luo Qian et Wang Xiaoqing étaient occupées à essayer des vêtements. Luo Qian tenait une robe léopard et l’ajustai sur Wang Xiaoqing, avant de recevoir une claque de cette dernière.

Wang Xizhou, les bras remplis de sacs de shopping, murmura : « Frère Ji, je t’admire vraiment. Moi, je déteste accompagner ma sœur faire du shopping. Je ne sais pas d'où elle trouve toute cette énergie. »

Ji Zuoshan répondit : « Tu es l'oncle, considère ça comme une sortie avec ton neveu. »

Dès qu’il mentionna son petit neveu, les yeux de Wang Xizhou brillèrent d’enthousiasme, mais il se laissa vite abattre : « Frère Ji, Luo Qian achète toujours des vêtements pour ma sœur, mais où sont les affaires pour mon petit neveu ? »

Ji Zuoshan répondit brièvement : « Je les ai achetées. »

Il leva les sacs de vêtements pour bébés et de couches qu'il tenait dans ses mains, sans l'ombre d'une attitude impériale.

Il dit : « Quand j'étais petit, j’aidais souvent mes parents à s'occuper des enfants, je sais ce que ça implique. »

Wang Xizhou, à moitié admiratif, répondit : « Frère Ji, lorsque moi et Jun Yun aurons des enfants, ce sera à toi de les garder. »

Ji Zuoshan sourit.

Jun Yun, originaire d'un milieu modeste, était le sous-officier de Wang Xizhou, tandis que ce dernier était le capitaine, mais chaque jour, Jun Yun se permettait de faire ce qu'il voulait, pinçant les joues de Wang Xizhou sans cesse. Les deux prenaient plaisir à ces petites interactions, et Wang Xizhou se lavait le visage tous les jours avec le meilleur savon pour le plaisir de Jun Yun.

Wang Xizhou se vantait qu'il était en train de dorloter sa future femme.

Mais Ji Zuoshan avait vu les vidéos de combat de Jun Yun, et selon lui, Wang Xizhou était en fait celui qui livrait son âme sur un plateau d'argent, en mettant un joli nœud papillon autour de son propre cou.

Mais Ji Zuoshan n'essayait même pas de le réveiller, il laissait Wang Xizhou dans ses illusions.

Wang Xizhou se pencha sur la balustrade, observant Ji Zuoshan d’un air désintéressé : « Frère Ji, la troisième vague d'assaut sur l'insecte est terminée, que comptes-tu faire ensuite ? »

Ji Zuoshan leva les yeux vers le dos de Luo Qian.

Puisque la menace extérieure avait disparu, la tradition militaire de longue date de la planète perdait son importance.

Dans la société, de plus en plus de gens se faisaient entendre pour l’égalité, et Ji Zuoshan comptait proposer au ministère de la Défense, après que l’opinion publique ait fait son travail, de rendre la compétition de méchas non obligatoire, au lieu de la forcer chaque année pour tous les jeunes.

Ils étaient déjà tous des bêtas de naissance, et s’ils voulaient rester bêtas, tant mieux.

S’ils voulaient devenir des alphas, bien sûr, c'était possible, mais cela signifierait qu'ils devraient accepter de perdre une partie des ressources sociales.

Quant aux omégas, certains d’entre eux voudraient probablement le devenir, mais le nombre d'omégas serait limité et régulé, et un traité de protection des omégas serait mis en place pour les limiter au domaine noble.

Ensuite, des réformes militaires comme la réduction des effectifs continueraient, ce qui toucherait inévitablement les partisans des anciennes traditions.

Ce serait un long processus.

Mais Ji Zuoshan avait l’intention de mener cette réforme avec son statut de héros impérial.

Il résuma simplement tout ce qu’il comptait faire pour Wang Xizhou : « … Je veux donner plus de choix aux gens. »

Luo Qian et Wang Xiaoqing avaient terminé leurs achats, et sortaient de la boutique.

Luo Qian tenait plusieurs sacs de shopping et dit en souriant : « Voilà, j’ai acheté toutes les vêtements du deuxième au dixième mois. »

Wang Xiaoqing lui pinça la taille.

Luo Qian lui donna un baiser sur la joue.

Wang Xizhou se cacha les yeux : « Ah. »

Soudain, un homme surgit de nulle part et se précipita sur Wang Xiaoqing.

Ji Zuoshan fit un mouvement rapide et se plaça silencieusement devant Wang Xiaoqing, lui disant de ne pas avoir peur.

… Avec Ji Zuoshan là, Wang Xiaoqing n’avait pas peur.

Elle savait qu’il suffirait qu’il attrape une boîte de lait en poudre pour lancer un obus.

Mais l’homme ne semblait pas vouloir attaquer. À quelques pas de Ji Zuoshan, il se laissa tomber en glissant, puis se traîna et saisit la jambe de Ji Zuoshan, hurlant : « Sauve-moi, sauve-moi ! »

La personne semblait être un bêta adulte sans aucune capacité de combat, ce qui étonna Ji Zuoshan — un bêta sans capacité de combat aurait dû être éliminé lors des éliminatoires, il aurait dû devenir un oméga.

Il était sale, avec des lentes visibles dans ses cheveux, et une forte odeur de déchets pourris. Il était probablement entré ici en se cachant dans un camion poubelle.

Luo Qian couvrit le nez de Wang Xiaoqing et la fit reculer.

Ji Zuoshan se baissa et lui demanda : « Dis-moi calmement. »

La personne semblait être dans un état mental instable, ses yeux opaques roulaient dans ses orbites, tremblant violemment. Il serra les bras de Ji Zuoshan, murmurant : « S’il te plaît, emmène-moi à l'espace principal, je ne veux pas rester ici ! Il ne me reconnaît même plus, pourquoi devrais-je revenir ici... je veux rentrer chez moi, emmène-moi à la maison... »

Wang Xiaoqing fronça les sourcils : « Est-ce un fou ? »

Elle ne comprenait pas pourquoi Ji Zuoshan avait autant de patience avec ce sans-abri qui avait pénétré dans la zone militaire, allant même jusqu’à se baisser pour lui poser des questions avec sérieux : « Tu viens de l’espace principal ? Tu... connais Chi Xiaochi ? »

Les mains sales de l'inconnu s'accrochèrent au col de Ji Zuoshan, qui ne semblait plus écouter quoi que ce soit. Ses ongles acérés griffaient sa veste : « Emmène-moi, je veux retourner dans mon propre monde... »

Les gardes de sécurité arrivèrent, s'excusèrent auprès de Ji Zuoshan et tentèrent de l’attraper pour le traîner.

L’inconnu se mit à gesticuler frénétiquement : « Maître, cet enfoiré de Maître, je vais le tuer !! Je vais le tuer !! »

Ji Zuoshan réfléchit quelques secondes : « Attendez. »

Certaines des gardes reconnurent Ji Zuoshan, et un frisson d’excitation parcourut leur corps.

Ji Zuoshan fit un geste de la main pour qu'ils se calment et se tourna vers l'homme au regard de plus en plus agité : « Emmenez-le, nettoyez-le d'abord, ne soyez pas trop brusques. Je le prendrai avec moi quand je partirai. »

*

Lorsque Chi Xiaochi termina la mission du quatrième monde, ses informations furent instantanément envoyées dans "l’espace fugace".

Identifiant du sujet : 1198

Nom du sujet : Chi Xiaochi

Évaluation de la difficulté du monde : niveau A

Degré d'achèvement du monde : 100 %

Évaluation de l'état du sujet : toutes les fonctions sont stables et en bon état, prêt à être téléporté à tout moment.

Valeur totale de l'entropie obtenue : 98 (inférieure à la valeur moyenne de 4190)

Ce 98 en rouge fit plisser les rides du Maître Suprême, qui commença à resserrer ses traits.

Sa voix devint basse et fit frissonner l'IA : "Que s'est-il passé exactement ?"

Depuis qu'il avait vu le 061 devenir un mécha, le Maître Suprême n'avait plus suivi les progrès de ce monde. Il avait de nombreux autres mondes à surveiller.

L'IA se tut un instant : "Désolé, j'ai eu beaucoup de choses à gérer récemment."

Le Maître Suprême explosa soudainement de colère : "Net'avais-je pas dit de surveiller le 061 ?!"

L'IA répondit : "Vous êtes encore en colère ?"

Le Maître Suprême : "…"

"J'ai déjà préparé le prochain monde pour lui." Après un moment de silence, le Maître Suprême réussit à se calmer. "Fais venir le 089. C'est à lui de rendre des comptes."

Dans "l’espace fugace", 089 fit son rapport sur la situation récente concernant les tirages au sort, et une fois toutes les données vérifiées, il éteignit son écran. Avec un sourire éblouissant et insouciant, ses yeux en forme de pivoine brillèrent : "Chef, il y a quelque chose d'autre ?"

Le Maître Suprême demanda : "Combien de missions te restent-elles avant de compléter ta tâche ?"

089 prit un stylo et calcula en traçant une formule sur sa paume : "Un peu plus de deux mille."

Le Maître Suprême demanda : "Comment se passent tes tâches ?"

089 répondit sincèrement : "Le plus ennuyeux, c'est qu'on n'a pas droit aux snacks pendant le temps de travail, ça me dérange. Et puis, le 023 ne me donne même pas de films à regarder, il a un problème avec moi, il me traite différemment. Chef, tu dois vraiment intervenir, il faut promouvoir l'esprit de solidarité, un pour tous, tous pour un…"

Il continua à se plaindre pendant environ un quart d'heure.

Le Maître Suprême : "…" Il sentit un gros malaise.

Il se tut puis fixa l'IA avec un regard clair, comme s'il espérait discuter davantage.

Le Maître Suprême : "… C'est bon, tu peux partir."

089, déçu, répondit : "Chef, tu ne veux pas discuter un peu ?"

Le Maître Suprême : "…" Il n'avait vraiment pas envie de perdre du temps avec un bavard.

Ne recevant pas d'attention de son supérieur, 089 partit en marmonnant.

Le Maître Suprême demanda : "Le cheval de Troie a-t-il été installé ?"

L'IA répondit : "Oui."

Le Maître Suprême pensa à l'étendue de son bavardage et ne put s'empêcher d'éprouver une légère inquiétude : "… La prochaine fois, installons-le à distance."

À chaque fois qu'il voulait influencer le processus de mission du sujet, il installait un programme cheval de Troie perturbateur dans le cerveau de 089. Après chaque perturbation réussie, le virus se "suicidait", , détruisant d'un coup les preuves de ses crimes.

Le Maître Suprême ricana froidement.

… Heureusement, 089 était un rare imbécile.

Peu de temps après que 089 soit sorti de "l’espace fugace", il croisa le 061 qui arrivait en sens inverse.

Il se précipita vers lui, les larmes aux yeux, et dit : "Oh, toi, sale fantôme, pourquoi tu n’es tu pas revenus nous voir plus tôt ?"

061 semblait de bonne humeur : "Mon cher, ne sois pas en colère, tu es le seul dans mon cœur."

089 lui tapa violemment le dos de la main : "Honte à toi !"

Puis, en se couvrant le visage, il se mit à rire d'une façon qui ressemblait à de petites clochettes d'argent et courut vers le bureau de 023, ouvrit la porte et entra.

La voix de 023 se fit entendre rapidement depuis la porte entrouverte : "Sécurité, sécurité, un fou est entré ici, vous ne pouvez pas faire quelque chose ?"

061 sourit légèrement en entendant cela et se dirigea vers le bureau des archives, prêt à consulter son dossier de missions précédentes.

Cependant, après quelques pas, il se sentit soudainement gêné par quelque chose.

Il leva le dos de sa main qu'avait frappée 089, et remarqua que de l'encre l'avait tachée.

Outre une formule d'addition et de soustraction incompréhensible, il y avait une ligne de texte écrite à l'envers : "Sois prudent dans le prochain monde."

Le 061 fronça les sourcils et, voyant que l'archive était encore à quelques pas, se rendit dans le magasin voisin, séparé par une simple cloison.

Lorsqu'il entra dans le magasin, la poignée de la porte de l'archive tourna, et un œil unique silencieux apparut sur le verrou.

L'œil se tourna vers le magasin où se trouvait le 061, se plissant légèrement, comme pour jauger son intention.

Bientôt, 061 sortit du magasin, portant un sac plastique, dans lequel se trouvaient les graines de melon préférées de 089 et les gaufres préférées de 023.

L'œil se ferma immédiatement et reprit son apparence de serrure de porte.

061 déposa les objets dans le bureau de 023. Les deux personnes étaient en train de se disputer et n'avaient pas le temps de s'occuper de lui. Il sourit, puis retourna dans le corps de Chi Xiaochi.

Durant ses congés, Chi Xiaochi choisit de retourner dans l'immeuble, comme si, à part cet endroit, il n'y avait vraiment rien d'autre qu'il avait envie de voir.

L'humain et le système communiquaient via téléphone portable, tout en se demandant ce qui allait bien pouvoir se passer dans le prochain monde.

061 pensa au message à l'encre laissée sur le dos de sa main par 089, et un pressentiment inquiétant commença à l'envahir.

*

Lorsque les congés prirent fin et que la transmission de Chi Xiaochi fut terminée, le 061 regarda attentivement la scène devant lui et se sentit un peu perplexe.

Car tout semblait parfaitement normal.

Quand Chi Xiaochi ouvrit les yeux, l'agencement autour de lui le surprit un peu.

Il s’exclama : "Une loge ?"

Cet endroit était l'image même d’une loge de tournage moderne, avec deux rangées de miroirs de maquillage contre les murs, disposés face à face, et de nombreux porte-vêtements en désordre.

Il avait du maquillage à moitié appliqué sur le visage, et le maquillage des yeux était particulièrement lourd, donnant l'impression qu'il était extrêmement fatigué. A part lui, il n'y avait personne d'autre dans la pièce.

Il se trouvait face à un miroir.
Chi Xiaochi leva une main pour toucher le coin de son œil.
Son visage était beau, mais c'était surtout sa paire de pupilles hétérochromes qui captait le regard.
Son œil gauche était d'un bleu profond, tandis que son œil droit était d'un ambre éclatant. Avec son regard indolent, Chi Xiaochi donnait l'impression d'un chat persan, allongé près d'un poêle, en train de se lécher les griffes.
Cependant, bien qu'il semblait être un acteur, il n'était pas maquillé, et son visage, d'une pâleur étrange, laissait deviner qu'il était en très mauvais état.

Chi Xiaochi regarda son visage dans le miroir et commenta sérieusement : "Problème de rein, parfois dû à une activité excessive."

Cependant, le 061 ne répondit pas à sa remarque.

D'après ce qu'ils avaient convenu précédemment, Chi Xiaochi s'attendait à ce que ce soit un monde ancien, car selon les paroles du 061, plus il traversait de mondes, plus il s'éloignait de la ligne temporelle originale.

Alors qu'il pensait se lever pour jeter un coup d'œil, une voix de femme se fit entendre depuis la porte : "Chunyang... Ah, pourquoi tu n'as toujours pas fini de te maquiller ? Le réalisateur Le réalisateur s'impatiente."

Une femme apparut à l'entrée de la loge.

Chi Xiaochi regarda rapidement dans le miroir.

… La femme était belle, le maquillage impeccable, mais de son cou jusqu'à la taille, il n'y avait rien du tout.

Sa tête flottait comme un ballon, souriant à Chi Xiaochi.

Chi Xiaochi faillit s'étouffer et cria d'une voix aigüe, comme une poule qu'on étranglait : "Professeur Liu, c'est quoi ça ?!"

Une voix mécanique, froide et totalement différente de celle du 061, résonna dans son esprit : "Song Chunyang, la huitième mission commence. Veuillez vous rendre immédiatement sur le plateau pour commencer votre tâche."

… C'est alors que Chi Xiaochi se rendit compte que, depuis qu'ils étaient entrés dans ce monde, le 061 n'avait plus prononcé un mot.



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L'auteur a quelque chose à dire :

Xiaochi dans l'au-delà : Ah ah ah ah ah ah--

 

Traduction: Darkia1030