La farine d’avoine plongea dans le lait dans un éclaboussement sonore, troublant le liquide laiteux.
La confiture de fraises fut ajoutée avec enthousiasme à la mêlée ; incapable de se fondre harmonieusement avec les flocons d’avoine et le lait, elle teinta ce dernier d’un rose délicat.
Le lait ainsi rosé fut bientôt envahi, puis dominé par la farine d’avoine, jusqu’à ce qu’il fût entièrement submergé par sa saveur.
(NT : censure oblige, mais quel dommage ….)
Jiang Chijing s’étendit sur la poitrine de Zheng Mingyi, tentant de reprendre son souffle. Un certain temps s’était écoulé depuis leur apogée, mais tous deux haletaient encore lourdement, comme si la course effrénée de tout à l’heure avait épuisé jusqu’à leur dernière réserve d’énergie.
« Es-tu fatigué ? » demanda Zheng Mingyi en caressant doucement le dos de Jiang Chijing, le long duquel de fines perles de sueur s’étaient formées, chaudes et collantes au toucher.
Jiang Chijing laissa échapper un « euh » paresseux. Il n’avait vraiment plus la force de parler.
S’il s’était retrouvé deux mois plus tôt, jamais Jiang Chijing n’aurait imaginé que les images lascives qui le hantaient prendraient vie, que cet homme autrefois inatteignable, qu’il observait à distance, se révélerait en réalité encore plus fou que lui, labourant avec férocité chaque centimètre de son corps.
Peut-être avaient-ils trop longtemps réprimé leurs désirs ; le salon tout entier portait les marques de leur ardeur.
La cravate avait depuis longtemps perdu toute forme, transformée en une corde en lambeaux. Les Essentiels du go, posé sur la table basse, était tout froissé, car le professeur Zheng avait forcé l’officier Jiang à lui en faire la lecture à haute voix. Mais Jiang Chijing n’avait pas tenu plus d’une page avant de s’effondrer, vidé, sur la table.
Le cliquetis régulier de la climatisation finit par couvrir le bruit de leur respiration. Jiang Chijing retrouva enfin suffisamment de force pour endurer la douleur de sa mâchoire et murmura : « As-tu faim ? »
Il avait parlé avec assurance, plus tôt, affirmant qu’il le dévorerait avec plaisir. Mais l’épreuve avait consommé toute son énergie ; l’objectif était inatteignable. De surcroît, il avait oublié les menottes et la matraque, ce qui avait provoqué le mécontentement du maître Zheng. Ce n’est qu’après avoir compensé par d’autres moyens que Zheng Mingyi avait consenti à le laisser aller.
Il était presque midi. Après une matinée entière d’agitation, Jiang Chijing se trouvait affamé. Lorsqu’il demanda à Zheng Mingyi s’il avait faim, celui-ci cessa de lui caresser le dos et interrogea : « As-tu de la nourriture à la maison ? »
Jiang Chijing, qui rentrait tôt du travail, préparait généralement un repas fait maison pour le dîner. Mais aujourd’hui, il ne souhaitait vraiment pas s’en donner la peine. Il répondit nonchalamment : « J’ai congelé des steaks dans le congélateur. »
« Je vais cuisiner pour toi. »
Sur ces mots, Zheng Mingyi se leva du canapé et marcha pieds nus vers la cuisine.
Jiang Chijing s’assit également et baissa les yeux, déroulant les bandages médicaux enroulés autour de lui, tout en disant : « Les steaks sont dans l’étagère supérieure du congélateur. »
« D’accord. » Zheng Mingyi ouvrit le congélateur. « Où est le tablier ? »
« Il est… » Le cœur de Jiang Chijing se serra. Il tourna lentement la tête vers Zheng Mingyi et constata que ce dernier n’avait ramassé aucun des vêtements éparpillés au sol. Il le fixa, puis poursuivit : « Dans le tiroir à côté du réfrigérateur. »
Zheng Mingyi sortit deux steaks et les laissa décongeler au micro-ondes. Il prit ensuite le tablier dans le tiroir et l’enfila, tout simplement.
Par moments, il tournait le dos à Jiang Chijing, offrant parfois son profil. Cela seul suffisait déjà à provoquer une certaine tension érotique — sans parler du moniteur de suivi électronique attaché à sa cheville, qui renforçait l’impact visuel.
Autrefois, lorsqu’il faisait saisir des steaks chez lui, Zheng Mingyi portait encore un pantalon. Mais désormais, installé chez Jiang Chijing, il se laissait aller à sa nature profonde, comme s’il l’invitait à le contempler.
« Comment aimes-tu ton steak ? » demanda Zheng Mingyi, toujours de dos.
« Deux. » (NT : la cuisson se mesure en chiffres en Chine, de 1 cru à 7 bien cuit)
Comme le regard de Jiang Chijing ne s’était jamais détaché de la croupe rebondie de Zheng Mingyi, le seul chiffre que son esprit put alors formuler fut « deux », car cette pêche semblait avoir deux joues.
« Deux ? » Zheng Mingyi le regarda, visiblement perplexe.
« Sept », rectifia aussitôt Jiang Chijing. « As-tu besoin d’aide ? »
« Ça va. » Zheng Mingyi tourna de nouveau la tête, et la concentration qu’il mettait à saisir les steaks s’avéra plus envoûtante encore que leur arôme.
Il n’y avait guère de complexité à cette tâche ; personne n’avait besoin d’assistance pour saisir des steaks. Jiang Chijing cherchait seulement un prétexte pour pénétrer dans la cuisine. Puisque Zheng Mingyi avait déclaré que ce n’était pas nécessaire, il s’y faufila simplement.
Il marcha pieds nus jusqu’à lui, passa ses bras autour de sa taille et posa doucement son menton sur son épaule. Il déclara : « J’ai tellement faim. »
Zheng Mingyi inclina légèrement le visage, jeta un regard à Jiang Chijing et demanda : « Je ne t’ai pas suffisamment nourri ? »
Comme ses mains ne servaient à rien, Jiang Chijing mordilla le lobe de son oreille en murmurant : « C’est toujours loin d’être suffisant. »
Zheng Mingyi baissa les yeux, continuant de retourner les steaks dans la poêle. « Il est encore tôt. Nous reprendrons cet après-midi. »
Pour l’heure, manger demeurait le plus pressant. Jiang Chijing retira sa main vagabonde et se mit à sortir des assiettes et des couverts des armoires.
Tous deux prirent leur déjeuner dans un calme complice. Une fois le repas achevé, Zheng Mingyi débarrassa de nouveau spontanément la table. Jiang Chijing s’installa sur le canapé, concentré sur son téléphone. Son visage conservait un sérieux absolu, mais ses doigts faisaient défiler toutes sortes de positions sexuelles complexes.
« Je n’ai pas encore ton numéro. »
Après avoir fini la vaisselle, Zheng Mingyi ramassa son costume resté au sol, en tira son téléphone, puis vint s’asseoir à côté de Jiang Chijing.
Ce dernier s’appuya naturellement contre l’épaule de Zheng Mingyi, les yeux toujours rivés à son écran. Il tendit une paume ouverte vers lui.
« Passe ton téléphone. »
Le téléphone de Zheng Mingyi était un ancien modèle. Peu d’applications y figuraient, mais l’application de reconnaissance vocale avait été placée en évidence sur l’écran d’accueil.
Jiang Chijing ajouta un nouveau contact, appuya sur le bouton d’appel, attendit que son propre téléphone sonne, puis raccrocha avant de lui rendre l’appareil.
Une suite de chiffres inconnus s’afficha sur son écran. À sa grande surprise, sur les onze chiffres, cinq étaient des « 1 » — ce qui ne manqua pas de retenir son attention. À cet instant, il entendit Zheng Mingyi, assis à côté de lui, dire soudainement à son téléphone : «Femme.»
Déconcerté, Jiang Chijing se redressa et fixa le téléphone de Zheng Mingyi. « Qui appelles-tu femme ? »
« Toi. » répondit calmement Zheng Mingyi, les yeux attentifs à l’écran.
Jiang Chijing se pencha pour regarder de plus près et constata que le nom qu’il avait initialement enregistré sous « Jiang Chijing » avait été modifié par la reconnaissance vocale en « Femme », avec même un emoji de voiture de police ajouté à la fin.
« Qui est ta femme ? » gronda-t-il en fronçant les sourcils, tentant de saisir le téléphone.
Mais Zheng Mingyi ne lui permit pas d’arriver à ses fins. Au contraire, il l’attira contre lui, le tenant solidement dans ses bras, pointant son menton vers le téléphone. « Change le mien en mari. »
« Il n’en est pas question », répliqua Jiang Chijing avec froideur. Ce genre d’appellation lui donnait franchement la chair de poule.
« Tu refuses ? » Zheng Mingyi haussa les sourcils, manifestement mécontent. « Qui donc, tout à l’heure, n’arrêtait pas de m’appeler mari, incapable de se contenir ? »
C’était une circonstance particulière, à ce moment-là. Jiang Chijing avait cru qu’il allait littéralement mourir ; dans un tel état, qu’est-ce qu’il n’aurait pas crié ? Ce qui se passait au lit restait au lit. Mari ? Et alors ? Il aurait très bien pu hurler des obscénités bien pires.
« N’emploie pas les mots de l’intimité pour te justifier », déclara-t-il d’un ton raide.
« Pas de changement ? » Zheng Mingyi se retourna et le plaqua sous lui. « Il faut bien que quelqu’un donne une leçon à ce scélérat. »
Leurs corps demeuraient encore collants de sueur. Si cela avait été une journée ordinaire, Jiang Chijing serait depuis longtemps allé prendre une douche dans la salle de bain. Mais il aimait simplement transpirer avec Zheng Mingyi, et il aimait encore davantage voir Zheng Mingyi transpirer au-dessus de lui.
La pièce était indéniablement suffisamment refroidie, mais les endroits où leurs peaux se touchaient brûlaient encore du feu des corps mêlés. Zheng Mingyi saisit les hanches de Jiang Chijing et le porta, lui faisant un geste de ses yeux vers les escaliers. « Allons-nous monter à l’étage ? »
Ils avaient presque fini de déverrouiller la carte du jeu du rez-de-chaussée ; il était temps de monter à l’étage pour en explorer une nouvelle. Mais le lit à l’étage demeurait toujours placé à côté de la fenêtre. Si Zheng Mingyi le découvrait, cela exposerait potentiellement le voyeurisme de Jiang Chijing.
Celui-ci hésita un bref instant, mais ne voulant interrompre un moment tel que celui-ci pour déplacer le lit, il dit simplement : « Allons-y. »
On ne plaçait normalement pas un lit de 1,8 mètre à côté d’une fenêtre, mais cela ne signifiait pas que tout le monde suivait la logique usuelle pour agencer les choses.
Lorsque Zheng Mingyi poussa la porte de la chambre, Jiang Chijing avait déjà une excuse prête. « J’aime dormir contre le mur. »
Ces mots sortirent un peu brusquement. Même Jiang Chijing jugea qu’ils ressemblaient à un panneau « Je n’ai pas enterré de trésor ici » posé sur un trésor caché, car Zheng Mingyi n’aurait peut-être même pas remarqué l’anomalie dans le placement du lit.
« Contre le mur ? » Zheng Mingyi jeta un coup d’œil à la disposition de la pièce et une lueur de compréhension scintilla dans ses yeux. Il jeta Jiang Chijing sur le lit, puis grimpa à la fenêtre, observant sa maison avec un intérêt considérable.
La petite et belle maison avait été carbonisée en débris noircis. Depuis la chambre de Jiang Chijing, on distinguait encore vaguement l’armoire brûlée et le sac de sable.
Jiang Chijing se sentit inévitablement un peu nerveux. Craignant que Zheng Mingyi, avec son QI élevé, n’en déduisît quelque chose, il s’approcha vivement, tira la tête de Zheng Mingyi vers lui et l’embrassa, espérant le distraire. Mais Zheng Mingyi ne lui permit pas de faire ce qu’il voulait. Il regarda rapidement de l’autre côté de la rue, puis demanda à Jiang Chijing : « Cette nuit-là, as-tu jeté l’eau de toilette dans ma chambre d’ici ? »
Bien que ce fût déjà un fait tacitement établi entre eux, Jiang Chijing voulut le dissimuler par réflexe et ne répondit pas immédiatement, ripostant par une question : « Comment peux-tu être sûr que ce n’était pas un passant qui a eu la gentillesse de t’avertir ? »
« Parce que l’eau de toilette a frappé ma garde-robe », déclara Zheng Mingyi en le fixant. «Si quelqu’un avait jeté quelque chose dans ma chambre depuis le rez-de-chaussée, il n’aurait pas pu toucher ma garde-robe. »
Jiang Chijing connaissait la disposition de la chambre de Zheng Mingyi. Son armoire était placée contre le mur, à côté de la porte, face à la fenêtre. La seule possibilité était que l’eau de toilette ait volé en ligne droite pour percuter la garde-robe depuis cet endroit.
Incapable de cacher plus longtemps la vérité, Jiang Chijing feignit la nonchalance, comme s’il discutait paresseusement avec Zheng Mingyi. « Je venais de voir quelqu’un faire les cent pas furtivement devant ta maison cette nuit-là. »
« Vraiment ? » répondit Zheng Mingyi. « Si je me souviens bien, il était une heure et demie du matin. »
Jiang Chijing avait l’habitude de jeter un coup d’œil vers la maison de Zheng Mingyi avant de dormir, mais c’était évidemment quelque chose qu’il ne pouvait pas confesser. Il songea immédiatement aux événements de cette nuit-là et soupira secrètement de soulagement, expliquant : « Ma montre s’est cassée ce jour-là. J’ai essayé de la réparer jusqu’à une heure et demie, et j’ai alors entendu une étrange perturbation de l’autre côté de la rue. »
En vérité, l’homme en noir n’avait fait aucun bruit, et c’était aussi une chance que la montre de Jiang Chijing se fût cassée cette nuit-là. Sinon, il n’aurait pas pu avertir Zheng Mingyi à temps.
« Est-ce vrai ? » Zheng Mingyi hocha pensivement la tête. Il quitta enfin la fenêtre et tourna son attention vers Jiang Chijing.
Il semblait que Jiang Chijing s’en était tiré.
Celui-ci se détendit complètement, pressant Zheng Mingyi sur le lit. Mais soudain, Zheng Mingyi se retourna, l’épingla sous lui et le regarda malicieusement en disant : « Officier Jiang, t’es-tu caressé quand tu m’as espionné ? »
Pris au dépourvu, Jiang Chijing se figea, puis entendit Zheng Mingyi poursuivre : « T’es-tu allongé ici, à côté de ta fenêtre, une main tenant ton monoculaire, et l’autre main étant coquine, hm ? »
« Qu-qu’est-ce que tu dis ? » s’énerva Jiang Chijing. « Je ne t’ai jamais espionné. »
« Tu penses vraiment que je ne savais pas ? » sourit Zheng Mingyi. « Le petit pervers essaie-t-il d’agir comme un homme respectable ? »
Le cerveau de Jiang Chijing se transforma instantanément en un chaos total. Il eut l’impression que les innombrables déchets pornographiques enfouis sous le sol avaient été mis au jour par une grande excavatrice, puis étalés devant Zheng Mingyi pour son plus grand plaisir.
« Je n’ai jamais… » Les joues de Jiang Chijing rougirent alors qu’il niait obstinément.
« Tu ne m’as jamais espionné en train de boxer ? » demanda Zheng Mingyi.
Jiang Chijing serra les dents, n’osant pas soutenir le regard de Zheng Mingyi.
« Ou allais-tu dire que tu ne m’as jamais espionné portant un tablier ? » continua Zheng Mingyi.
Jiang Chijing avala sa salive, toute force de réplique lui faisant complètement défaut.
« Tu penses vraiment que je suis exhibitionniste ? » mordit Zheng Mingyi les lèvres de Jiang Chijing avec un sourire en coin. « C’est à toi de voir, officier Jiang. »
La tête de Jiang Chijing chancela. Il ne parvenait pas à comprendre précisément où il s’était exposé. Mais ce ne fut qu’à cet instant qu’il réalisa pleinement que Zheng Mingyi l’avait, en tous points, dépouillé de ses sous-vêtements.
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L’auteur a quelque chose à dire :
Zheng Zheng : Femme, bisous bisous.
Jiang Jiang: [S'enfuit pour vivre la vie d'ermite]
Traducteur: Darkia1030
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