ROAMS - Chapitre 56 – Nouvelles opportunités

 

Alors que Bai Lang était occupé à filmer La fin, tout le cœur et l'attention de Kang Jian se concentrèrent sur sa société commerciale.
Bien avant que les calculs de Kang Jian ne visent l'appartement de Li Sha, Qiu Qian avait déjà pris des dispositions pour permettre à Kang Jian d'utiliser l'argent qu'il avait sous la main et de découvrir la douceur de faire des affaires. De cette façon, il l’incita à emprunter davantage et à placer cet argent dans un trou noir sans fond. Si, à ce moment-là, l'entreprise de Kang Jian faisait faillite, il perdrait les économies de toute une vie et ne pourrait plus jamais relever la tête devant Li Min. Cependant, même ainsi, il était probable que sa montagne de soutien, Li Sha, resterait inébranlable. Après tout, à cette époque, Kang Jian ne l’avait pas encore réellement trompée.

Mais ensuite, l'apparition de Lin ChenYuan fit perdre son sang-froid à Qiu Qian. Il décida de manière vindicative de rendre Kang Jian encore plus gourmand. Plus il devenait gourmand et atteignait des sommets, plus sa chute serait vertigineuse. Ainsi, lorsque Kang Jian emprunta 6 millions en hypothéquant l'appartement de Li Sha, Qiu Qian lui permit très généreusement de réaliser d'abord une aubaine. De cette manière, les 6 millions, additionnés aux 3 millions que Kang Jian possédait à l'origine, furent retournés plusieurs fois. Moins de six mois après avoir lancé sa société, Kang Jian se retrouva à la tête d'une entreprise valant environ 20 millions.

20 millions… Ce chiffre était suffisant pour lui assécher la bouche. Même l'empereur du cinéma populaire actuel ne pouvait espérer gagner cette somme en travaillant pendant plus de six mois. De plus, dans le monde des affaires, Kang Jian n’avait pas besoin de se souvenir des lignes d’un script, de braver le soleil et la pluie, ou de sauter des repas pour courir d’un lieu de tournage à un autre. Tout ce qu’il avait à faire, c’était assister à quelques événements et fêtes, et l’argent pleuvait. C’était si facile que l’effort déployé ne se comparait en rien à la récompense obtenue.

Après avoir goûté à cette douce réussite, Kang Jian ne voulut plus accepter de rôles. Il ne pensait qu’à investir, investir et encore investir. Lorsque son manager lui proposa des scripts, il les rejeta tous. S’il s’agissait de publicités représentant des produits, il les acceptait avec désinvolture, mais il n'avait plus le temps de s'occuper de son site de fans ni de rencontrer ses admirateurs.

Lorsqu’il avait du temps libre, Kang Jian le passait soit à feuilleter aveuglément d’épais magazines financiers, soit à essayer de se rapprocher de Xiao Xu (NT : petit Xu). Xu Li était la personne que Qiu Qian avait placée auprès de Kang Jian dès le début.

Cependant, après avoir amassé les 20 millions, Kang Jian remarqua que Xiao Xu semblait devenir évasif. Peut-être était-il jaloux de son succès, car il ne lui prêtait plus autant d'attention qu’avant.

Non seulement Xiao Xu, mais tous les amis de Kang Jian qui savaient qu’il avait monté une entreprise, y compris Li Min, ne semblaient pas très attachés à son succès. Ceux qui ignoraient les détails se contentaient de lui sourire et de le féliciter de manière superficielle, mais leurs expressions trahissaient leur scepticisme. Quant à ceux qui connaissaient les dessous de l’affaire, comme Li Min, ils ne disaient que quelques mots : «Tu as beaucoup de chance. »

Chanceux ?! Chanceux ?! La chance était aussi une forme de talent, non ? Lorsque Kang Jian montra fièrement son bordereau de dépôt bancaire à Li Min et ne récolta que ces trois mots « Tu as beaucoup de chance », son visage vira au vert.

Ainsi, lorsqu’il rentra chez lui, Kang Jian brisa violemment une table. Pour la toute première fois, il cria furieusement à Li Sha : « Tu as vu ce qui s’est passé aujourd’hui ?! Ton père est tellement insupportable !! Il ne me prend pas au sérieux !! De la chance !? Ce n’est que de la chance !? Après tout mon travail acharné et mes efforts, il ose dire que c’est une putain de chance ?! »

« Ah Jian… » Li Sha, effrayée par cette explosion soudaine, se réfugia auprès de leur fils en le tenant contre elle. À ses yeux, les paroles de son père, Li Min, n’étaient pas fausses. Kang Jian avait effectivement eu de la chance. Cependant, d’un autre côté, elle voulait aussi croire que son mari était capable, et elle ne souhaitait pas le décourager. Alors elle répondit prudemment : « Quoi qu’il en soit, n’avons-nous pas gagné de l’argent ? Le résultat est là, et avec le temps, papa finira par te reconnaître. Utilisons cet argent pour rembourser une partie du prêt, puis achetons une autre maison… »

« Acheter !? Acheter quoi ?! Ce sont les fonds essentiels à mon entreprise ! Toi et ton père, vous feriez mieux de me regarder de près et de vous taire !! Je vais vous montrer de quoi je suis capable !! » cria Kang Jian avec rage. Sans même jeter un regard à son fils, qui pleurait à cause de la dispute, il partit en claquant violemment la porte derrière lui.

Li Sha resta figée, trop choquée pour réagir. Elle oublia même de l’appeler. Jusqu’à présent, Kang Jian ne lui avait montré que son côté chaleureux et tendre.

Cependant, en cet instant, Kang Jian ressentit un étrange soulagement mêlé de joie. Enfin, il avait pu exprimer ses véritables sentiments.

Parce que Kang Jian se rendait compte qu'il pouvait désormais compter sur lui-même pour gagner de l'argent. Il pourrait en gagner beaucoup, beaucoup. Il n'avait plus besoin d'être mené par le nez par Li Min. Alors pourquoi aurait-il dû baisser la tête comme un petit-fils devant Li Min ou agir comme un serviteur devant Li Sha ? Regardez, tout à l'heure, il s'était tenu droit et avait crié sur Li Sha. La sensation avait été plutôt agréable.

Rien qu'en y repensant, l'humeur de Kang Jian s'améliora encore davantage. Il se dirigea rapidement vers le petit appartement de Lin ChenYuan. Il avait l'impression que sa vie marquait enfin un tournant. Et ce n'était que le début : un avenir encore plus glorieux l'attendait. Pour cette raison, Kang Jian décida que ce soir, il emmènerait Lin ChenYuan dans un club exclusif pour profiter de la vie.

Ce club lui avait été présenté par Xiao Xu. La cotisation annuelle était si chère qu'elle pouvait presque vous faire vomir du sang. Cependant, l'essentiel était que de nombreux grands patrons fréquentaient cet endroit.

Et cela signifiait des opportunités commerciales.

Puisque Xiao Xu était jaloux de lui, Kang Jian décida qu'il ne l'utiliserait plus. Il se promit de trouver par lui-même la prochaine opportunité.

*

« Je n'ai jamais pleuré aussi lamentablement dans un cinéma auparavant. Si j'avais su, je n'aurais pas emmené ma femme. Pourtant, elle a pleuré encore plus que moi. Haha, elle n'arrêtait pas de me demander des mouchoirs, des piles entières. »

« Pendant le milieu du film, c'était vraiment difficile de me contrôler. Tout mon corps tremblait. Mais à la fin, mon voisin a soudainement laissé échapper un sanglot, haha. Mon voisin a perdu le contrôle avant moi et s'est effondré en larmes. »

« Quand je suis sorti du cinéma, j'avais la tête complètement étourdie et je transpirais de partout. Peut-être parce que j'avais pleuré jusqu'à l'épuisement, mais mes émotions étaient plus légères. C'était comme si j'avais fait un rêve. Je pense que l'effet psychologique de soulagement du stress était plutôt bon, hahaha. »

« Une fois le film terminé, bien que je sache que ce n'était qu'une fiction, j'avais l'impression que mes problèmes n'étaient plus vraiment des problèmes. Bien sûr, il y a toujours des petites choses frustrantes ou irritantes, mais au final, ce n'est rien de grave. Quand je pense à ce qui s'est passé dans le film... »

« Les masochistes vont adorer, mais je ne le regarderai jamais une deuxième fois. Une fois suffit largement, c'est vraiment trop éprouvant. Cependant, si je rencontre quelqu'un qui ne l'a pas vu, je lui dirai de foncer. Cela vaut vraiment la peine d'être vécu au moins une fois. »

« Les applaudissements sont sincères. Je sais que cela semble un peu idiot, mais c'est la première fois que j'applaudis dans un cinéma. Même si ce ne sont que des personnages dans un film, j'avais vraiment envie, du fond du cœur, de… comment dire… leur montrer mon soutien ? »

Les mots de ces six spectateurs, prononcés avec des yeux rougis et gonflés, apparaissaient dans la bande-annonce de La fin.

À la fin de la bande-annonce, un clip montrait tout le public se levant et applaudissant pendant le générique. Cela constituait l'intégralité du matériel promotionnel.

En d'autres termes, pour promouvoir La fin, aucun extrait du film n'était diffusé.

L'affiche du film ne montrait pas non plus de personnages. Tout ce qu'elle représentait était un lit simple et ordinaire.

Ce mode de promotion attisa naturellement la curiosité du public et les poussa à aller voir le film au cinéma. Une autre raison résidait dans le fait qu'aucun extrait individuel du film n'aurait eu de sens. Ce n'est qu'en regardant l'intégralité de l'histoire que l'on pouvait comprendre les messages qu'elle cherchait à transmettre.

Ainsi, les activités promotionnelles de La fin ne suivaient pas la norme des autres films, où les acteurs principaux participaient à des émissions et programmes variés pour parler du contenu. Même les invitations actives de certains programmes, comme Devant et derrière les caméras, furent toutes rejetées afin de respecter la méthode de promotion unique de La fin.

La promotion du film se concentra exclusivement sur les ressentis des spectateurs après avoir vu le film. Chaque mot reflétait leurs pensées véritables à propos de La fin.

Il existait plusieurs versions de ces clips. Lorsque La fin sortit enfin dans les cinémas grand public, plus de 100 personnes avaient partagé leurs réflexions dans des clips courts. Chaque clip promotionnel comprenait cinq spectateurs, ce qui signifiait près de vingt versions différentes de ces vidéos.

Ainsi, parce que le clip était continuellement rafraîchi et gagnait en intensité à chaque fois, les spectateurs ne s’en lassèrent pas. Au contraire, cela les rendit de plus en plus curieux.

Concernant les dépenses nécessaires pour une telle promotion, elles semblaient quelque peu contre-productives pour un film artistique comme La fin, qui ne disposait pas d’un gros budget. Mais Bai Lang ayant rejoint La fin, il était évident que Qiu Qian se tenait derrière lui. Bien que ce dernier eût accepté de ne pas intervenir pendant le tournage, une fois le film terminé, Qiu Qian s’impliqua naturellement dans les activités promotionnelles. Cela n’interférait en rien avec l’expression artistique de Bai Lang.

Ainsi, lors de la première semaine de diffusion de La fin, le box-office dépassa complètement les attentes de la réalisatrice Xu Wei, rapportant environ 80 millions.
La deuxième semaine, les chiffres continuèrent à augmenter, montrant que le bouche-à-oreille était favorable et que la bonne performance du film était assurée.

À partir de là, il devint évident pour tout initié que ce film était définitivement promis au succès. Non seulement il était accrocheur et artistique, mais les résultats au box-office étaient tout à fait honorables. Pour la plupart des films artistiques, le box-office ne commençait à croître qu’à partir de la deuxième semaine. C’était comme une canne à sucre : plus on la mâchait, plus elle devenait sucrée.

*

Alors que La fin continuait de rencontrer un grand succès dans les cinémas, Bai Lang se retrouva avec beaucoup plus de temps libre.

En raison des émotions qu’il avait traversées lors du tournage de La fin, Bai Lang accepta la proposition de Qiu Qian de se reposer un moment après la fin du projet. Les travaux exigeants, comme le tournage d’un film ou d’une série télévisée, furent tous reportés. Qiu Qian demanda même à Fang Hua de ne pas déranger Bai Lang avec des propositions publicitaires ou des représentations de marque, sauf s’il s’agissait d’opportunités véritablement exceptionnelles.

Fang Hua roula des yeux à cette exigence de’ "opportunité exceptionnelle". Elle grogna qu’il n’était pas nécessaire de poser des conditions aussi strictes : il pouvait tout aussi bien fermer la porte complètement. Cependant, à sa grande surprise, quelques jours à peine s’écoulèrent avant qu’une opportunité qui remplissait réellement ces critères ne se présente. Enthousiaste, elle se précipita pour contacter Bai Lang.

Il s’avérait que la série de livres dont Bai Lang avait acquis les droits pour le marché chinois proposait cette année le tournage du quatrième film de la saga. Étonnamment, un rôle d’étudiant asiatique figurait dans ce nouveau volet, et la production souhaitait inviter Bai Lang à l’interpréter.

Il convient de mentionner que cette série de livres avait commencé à être adaptée au cinéma il y avait trois ans dans son pays d’origine, le pays G. Après une année de production, le premier film avait été projeté avec un succès retentissant. Les incroyables effets spéciaux avaient sublimé les éléments fantastiques et imaginatifs du roman, provoquant une vague de popularité renouvelée pour la franchise. La renommée des livres atteignit alors de nouveaux sommets.

Actuellement, l’adaptation de la saga cinématographique entrait dans sa quatrième année, correspondant au tournage du quatrième film de la série.

À partir de ce film, un personnage asiatique fut introduit. Âgé d’environ vingt ans, il était étudiant. Le réalisateur Jackson Shaik cherchait un acteur asiatique et remarqua que le jeu de Bai Lang était particulièrement mature. Bien qu’il fût légèrement plus âgé que le personnage, son apparence, du point de vue occidental, restait très jeune, et l’écart d’âge était totalement invisible. Ses qualités correspondaient parfaitement aux exigences du rôle, si bien qu’ils vinrent s’enquérir de son intérêt pour le projet. De plus, Bai Lang avait la particularité d’être leur agent officiel pour le marché chinois.

Ainsi, lorsque Bai Lang entendit la nouvelle, il réagit comme Fang Hua : il n’y crut pas immédiatement. Après une longue pause, il finit par hocher la tête. C’était véritablement une opportunité pour laquelle on pouvait prier. Le timing n’avait aucune importance, car pour Bai Lang, participer à une telle production avait toujours semblé une ambition lointaine et irréaliste. Et pourtant, cette opportunité se trouvait désormais juste devant lui.

Cependant, en apprenant cette nouvelle, le visage de Qiu Qian s’assombrit au point qu’il semblait dégouliner d’encre. Bien que le tournage ne dût pas commencer avant six mois, le simple fait que Bai Lang eût accepté ce rôle signifiait qu’il ne pourrait probablement pas profiter pleinement de sa liberté jusque-là. Bai Lang ne put nier la justesse des propos de Qiu Qian. Il savait qu’il souhaitait utiliser cette période pour s’exercer et approfondir ses compétences en langue étrangère. Alors, pour apaiser Qiu Qian, il lui promit que durant ce semestre, il se reposerait réellement. Il ajouta, avec un sourire conciliant, que s’il avait besoin de quoi que ce soit, il se montrerait docile et attentif.

Voyant l’expression de Bai Lang, Qiu Qian ordonna d’un ton mécontent : « Alors, demain, tu viens avec moi au club pour jeter un coup d’œil. »

Après avoir parlé, il glissa une brochure élégamment conçue dans les mains de Bai Lang. Celui-ci la feuilleta et constata que les photos dépeignaient un environnement luxueux et confortable.

Apparemment, Qiu Qian voulait lui offrir une opportunité de se détendre tout en évitant qu’il ne s’ennuie. Il avait donc imaginé ce moyen pour lui changer les idées et l’amuser.

Touché, Bai Lang embrassa Qiu Qian avec tendresse. « D’accord, je viens avec toi. »

Cependant, aucun des deux ne soupçonnait que, dès leur premier jour au club, ils croiseraient deux personnes qu’ils espéraient ne jamais revoir : Kang Jian et Lin ChenYuan.

 

Traducteur: Darkia1030