HSAV - Chapitre 97 - Es-tu vivant ? C'était arrangé.
L’épouse de Zhang Changsong mourut jeune, sans laisser d’enfants. Zhang Changsong, homme fidèle, ne se remaria point. Il conserva la petite boutique de médicaments transmise par ses ancêtres et mena une vie bien remplie, solitaire, sans famille.
Ainsi, à l’âge de trente-cinq ans, il adopta Zhang Baizhu, alors encore bébé.
Zhang Changsong était un homme au caractère fort mais au cœur tendre. Après avoir recueilli Zhang Baizhu, il le traita comme son propre fils et ne le maltraita jamais. Même les villageois, qui savaient que Zhang Baizhu n’était pas son fils de sang, ne l’évoquaient jamais, et tous les appelaient : « Daifu Zhang, Daifu Xiao-Zhang ! » (NT : Docteur Zhang, Docteur petit Zhang).
Puis, six mois plus tôt, Xiao YuAn, qui s’était entre-temps bien intégré parmi les villageois, vint soudain demander à Zhang Changsong s’il pouvait l’accepter comme apprenti. Quand Zhang Changsong lui demanda pourquoi, Xiao YuAn expliqua qu’il voulait guérir son Didi (NT: jeune frère).
En effet, il y avait dans la résidence de Xiao YuAn un jeune homme malade, dont on disait que le nom de famille était Xie.
De plus, leur résidence paraissait bien étrange : une famille de quatre frères vivait dans le village de Taoyuan, mais chacun portait un nom de famille différent.
Zhang Changsong y réfléchit, mais n’opposa pas de refus.
Et ce jour-là survint la scène présente.
Après une heure entière de soins, ils arrachèrent enfin le soldat au col de Guimen (NT : des portes de la mort). Zhang Changsong essuya la sueur de son front, jeta un regard aux deux morveux, puis se détourna pour aller se reposer.
Zhang Baizhu fouilla dans les affaires du soldat et remarqua : « Oh ! Il vient du royaume oriental de Wu. Attends, veux-tu le porter chez toi ? »
Xiao YuAn répondit avec un sourire : « Oui, je ne veux pas te déranger. »
Zhang Changsong, étendu sur son fauteuil inclinable en bambou, renifla bruyamment.
Les deux jeunes étaient depuis longtemps habitués à la langue acérée et au cœur doux de Zhang Changsong ; aussi ne prirent-ils pas ses grognements à cœur. Zhang Baizhu demanda alors : « Tu as dit que tu voulais sauver ces gens. Mais pourquoi mets-tu toujours les soldats de Yan du Sud et ceux de Wu de l’Est dans la même chambre ? Cela ne risque-t-il pas de provoquer une bagarre ? »
« Eh bien, s’il s’agit d’une question de vie ou de mort, quel est le problème ? Et puis… » Xiao YuAn marmonna à voix basse : « Dans quelques années, ce sera un grand pays, et ils appartiendront de toute façon au même camp. »
Zhang Baizhu, n’ayant pas bien entendu, demanda : « Quoi ? »
Xiao YuAn secoua la tête : « Cela n’a pas d’importance. »
Zhang Changsong rugit : « Avez-vous encore le temps de bavarder tous les deux ? Avez-vous pris soin des herbes médicinales du jardin ? »
Zhang Baizhu s’enfuit aussitôt, et Xiao YuAn voulut l’imiter. Mais Zhang Changsong l’arrêta : « Xiao YuAn, reviens ici ! »
Xiao YuAn obéit et revint sagement.
Zhang Changsong reprit son souffle et demanda : « Ton frère, va-t-il mieux ? »
Xiao YuAn, surpris, secoua la tête, impuissant.
Zhang Changsong soupira : « Va chercher un peu plus de calmants avant de partir. Il souffre de chagrin d’amour, il ne faudrait pas qu’il soit trop tourmenté. Son rétablissement dépendra de la volonté du Ciel. »
« Oui, merci, Shifu », le salua Xiao YuAn.
« Et ne va pas trop loin pour ramasser des herbes médicinales. Il y a la guerre aux frontières, et les armes n’ont pas d’yeux. Si tu ne fais pas attention, ils te perceront un grand trou dans le corps, et tu n’auras même plus d’endroit où pleurer ! » poursuivit Zhang Changsong d’une voix rude et féroce.
« J’ai compris, j’ai compris », répondit Xiao YuAn avec un sourire.
« Bien. De plus, cet homme est grièvement blessé, il vaut donc mieux ne pas le déplacer. Laisse-le récupérer ici. Les deux autres que tu as sauvés auparavant, sont-ils hors du village ? » demanda Zhang Changsong.
« Oui. Les soldats de Yan du Sud et de Wu de l’Est, qui se remettaient de leurs blessures, se sont battus chez moi plus tôt et furent trop gênés pour rester ; alors je leur ai donné des médicaments et je les ai renvoyés dans leurs casernes respectives », précisa Xiao YuAn.
Zhang Changsong lui lança un regard noir : « Tu es vraiment… Pourquoi les as-tu mis ensemble dans la même pièce ? Leurs deux pays se font la guerre à la frontière, comment ne se battraient-ils pas en se voyant ? D’accord, d’accord, d’accord. Va chercher les médicaments et rentre chez toi. »
Xiao YuAn sourit en réponse tandis qu’il se dirigeait vers l’armoire à pharmacie pour prendre des remèdes. Après cela, il dit à Zhang Changsong qu’il reviendrait le voir le lendemain, puis il ramena les médicaments vers la rue Est.
C’était l’heure du coucher du soleil. Quelques vieillards sortirent de chez eux pour se rafraîchir. Xiao YuAn les salua un à un et joua également quelque temps avec les enfants dans la rue. Après s’être amusé, il retourna à sa résidence.
Cette résidence n’était pas grande. Elle possédait une petite cour, quelques pièces d’aile, quelques saules autour de l’étang à poissons et une table de pierre, laquelle était toujours garnie de la nourriture parfumée et délicieuse de la tante.
À ce moment-là, la troisième tante sortait de la cuisine avec des légumes lorsqu’elle aperçut Xiao YuAn : « YuAn, tu arrives juste à temps. Le dîner est prêt, va vite appeler Chungui. »
Cette demeure appartenait à l’origine à la troisième tante, dont le mari, riche et célèbre marchand, connut des ennuis avec des bandits et mourut, la laissant seule dans un grand manoir vide. La troisième tante était une femme fière et ne voulut pas se remarier ; elle resta donc veuve et vécut ainsi pendant plusieurs années.
Lorsque Yang LiuAn et Xiao Fengyue arrivèrent au village au début, ils demandèrent autour d’eux s’il y avait une maison disponible à acheter. La troisième tante alla les trouver et leur dit qu’elle était prête à céder sa demeure à bas prix, mais qu’elle voulait continuer à y vivre, et que la structure ainsi que la décoration de la maison ne pouvaient pas être modifiées.
Yang LiuAn et Xiao Fengyue acceptèrent naturellement ses conditions.
La troisième tante leur fit confiance. Même si leur identité demeurait mystérieuse, elle ne se donna pas la peine d’en demander davantage. Après avoir vécu ensemble et s’être entendus pendant plus de six mois, elle savait déjà qu’ils étaient de bonnes personnes.
La troisième tante était également très diligente et ne supportait pas de voir ces hommes adultes traverser des moments difficiles. Elle lavait, cuisinait pour eux, et même si tout le monde lui disait de ne pas se surmener, elle affirmait qu’elle était heureuse ainsi. Après tout, elle avait été seule pendant la majeure partie de sa vie, et désormais, elle pouvait traiter ces quatre jeunes hommes comme ses propres fils.
Xiao YuAn lui sourit : « La troisième tante a beaucoup travaillé aujourd’hui, je vais l’appeler tout de suite. »
Xiao YuAn sortit de l’aile Est et, plus loin, se pencha vers l’intérieur d’une pièce. Les fenêtres en étaient grandes ouvertes, et un pot d’orchidées posé sur la table devant elles répandait un parfum délicat. Jetant un coup d’œil à travers l’ouverture, Xiao YuAn aperçut un homme penché sur un bureau, concentré sur des comptes. Son apparence était sérieuse et appliquée.
Traducteur: Darkia1030
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