HSAV - Chapitre 92 - Un homme travailleur complotant avec la vie de deux personnes.

 

Les mains de Xiao YuAn étaient cachées à l’intérieur de ses manches, serrées en poings au point d’y creuser presque des marques en forme de croissant rouge. Il demeura figé, ne sachant s’il devait se retourner ou non.

« Jeune femme ? » La voix de l’homme ne lui laissa aucune échappatoire, alors qu’il l’appelait à nouveau avec une grande patience. La main posée sur l’épaule de Xiao YuAn ne se desserra pas.

Xiao Fengyue et Yang LiuAn furent également très surpris par ce développement soudain. La main de Yang LiuAn effleura doucement l’endroit de sa taille où reposait un poignard dissimulé. Xiao Fengyue s’avança, protégeant à demi Xiao YuAn : « Officier, ma sœur a peur des étrangers et elle est muette. S’il y a un problème, vous pouvez me demander. »

L’homme vêtu d’un uniforme de garde gloussa en lâchant son épaule : « Alors je vais déranger les deux frères pour qu’ils viennent avec moi. »

Xiao Fengyue resta interdit : « Venir avec vous… mon Dage et moi ? »

L’homme hocha fermement la tête : « Ne t’inquiète pas, après quelques questions, tu pourras repartir. »

Xiao Fengyue et Yang LiuAn échangèrent un regard. Au final, ils ne purent rien faire d’autre qu’obéir.

Xiao YuAn leur tapota doucement l’épaule à tous les deux, indiquant que tout irait bien et qu’ils devaient revenir au plus vite.

Voyant l’homme accompagner Xiao Fengyue et Yang LiuAn, Xiao YuAn se retira à l’extérieur de la porte de la ville impériale, attendant leur retour. Soudain, il entendit des pas à ses côtés, suivis d’une voix calme et digne : « Empereur du Royaume du Nord, quelle triste apparence vous avez. Vous avez vraiment dû vous donner beaucoup de mal pour tenter de fuir et survivre. »

Xiao YuAn eut peur tout d’abord, puis se résigna et soupira de sa défaite. Tout en défaisant son chignon, il se retourna pour faire face à l’homme : « Général Xue. »

Xue Yan se tenait les mains croisées devant lui, légèrement surpris : « L’Empereur du Royaume du Nord sait vraiment qui je suis ? »

Bien sûr que je le sais ! Tu es l’oncle de Yan HeQing, le protagoniste masculin ! Le frère aîné de sa mère, l’Impératrice !

Xiao YuAn se souvenait que, dans le livre original, Xue Yan était un grand général du royaume du Sud de Yan. Extrêmement fidèle aux Yan du Sud, il avait reconnu très tôt les capacités exceptionnelles de Yan HeQing et l’avait soutenu jusqu’au bout, espérant qu’il transformerait le royaume du Sud en un pays puissant. C’était aussi une figure majeure dans l’histoire originale.

« La réputation du général Xue s'est répandue fort loin », affirma Xiao YuAn d’un ton superficiel.

En vérité, Xue Yan ne se souciait guère de l’attitude étrange de Xiao YuAn. Tout en redressant négligemment ses manches, il lança : « Empereur du Royaume du Nord… »

Xiao YuAn l’interrompit soudain d’une voix ferme : « Je ne suis plus l’Empereur du Royaume du Nord. »

Xue Yan parut légèrement surpris par cette réponse, puis, après un bref moment, il sourit : « Bien, alors je ne vous désignerai pas par ce titre. Vous n’avez pas à me craindre, je ne suis pas venu pour vous empêcher de partir. »

Xiao YuAn pouvait à peine en croire ses oreilles.

Xue Yan n’était pas venu l’arrêter ? Dans le livre original, il était décrit comme un homme d’une grande méticulosité. Et pourtant, à en juger par la situation, ne craignait-il pas que Xiao YuAn, une fois en sécurité, tente de restaurer son royaume ? Ne valait-il pas mieux éliminer le problème à sa racine ? N’était-ce pas précisément pour cela qu’il qu'il était venu ?

Xue Yan observa attentivement l’expression de Xiao YuAn, puis l'interrogea : « Je me demande ce que vous comptez faire à l’avenir, après cette évasion. »

Essayait-il de sonder ses intentions ?

Xiao YuAn, plein de doutes, sentit que ses paroles étaient empreintes de ruse. Après un instant de réflexion, il répondit avec franchise : « Je veux vivre une vie simple de fermier et oublier tout du passé. »

Xue Yan le fixa avec un regard semblable à un crochet, comme s’il voulait arracher le cœur de Xiao YuAn pour le montrer au monde entier et vérifier s’il disait vrai : « La vie de fermier est en effet très bonne. Mais, même si vous affirmez que c’est votre décision finale, êtes-vous prêt à prêter serment ? »

Xiao YuAn murmura : « Peu importe, il n’y a rien à craindre », puis leva trois doigts vers les Cieux : « Les Cieux et la Terre sont témoins. Si je peux partir aujourd’hui en toute sécurité, alors je jure de ne plus jamais franchir le seuil de cette ville, et si je romps ce serment, je mourrai d’une mort non naturelle ! »

Xue Yan applaudit soudainement et éclata de rire. Puis il se retourna et ne chercha plus à piéger Xiao YuAn. Au même moment, le garde qui avait emmené Xiao Fengyue et Yang LiuAn revint avec eux. Il suivit ensuite Xue Yan, et tous deux rentrèrent dans la Cité Impériale.

Alors qu’ils marchaient tous les trois vers la porte de la Cité Impériale, Xiao YuAn eut la sensation qu’un mur invisible se dressait, l’isolant des autres ; comme s’il était en transe, comme s’il marchait dans un monde complètement différent.

Le garde chuchota à Xue Yan : « Général, ce mouvement était vraiment dangereux. »

Xue Yan demeura silencieux un instant avant de dire lentement : « Mais j’ai gagné le pari. »

C’était dangereux… bien trop dangereux.

Pour le bien du royaume du Sud de Yan, le monarque du Nord ne pouvait pas rester. Il ne pouvait absolument pas rester. Pourtant, Xue Yan savait aussi qu’il ne pouvait pas le tuer ni même le blesser, car, connaissant le tempérament de Yan HeQing, si quelque chose arrivait au monarque du Nord, il irait au bout de l’enquête.

Cependant, dans ce monde, outre blesser le corps de quelqu’un, on pouvait aussi frapper son cœur.

Il envoya donc l’un de ses hommes faire semblant de blesser l’Empereur du Nord, en lui ordonnant de ne laisser aucune séquelle physique, puis il apparut au moment opportun pour le sauver. Tout cela afin que l’Empereur du Nord croie que Yan HeQing cherchait à lui nuire.

Xue Yan connaissait Yan HeQing et savait que la seule manière de le pousser à relâcher le monarque du Nord serait que ce dernier veuille partir de lui-même.

Il voulait qu’il s’enfuie sans hésitation, nourrissant de la haine à l’égard de Yan HeQing.

Ainsi, Xue Yan avait parié que l’Empereur du Royaume du Nord n’interrogerait jamais Yan HeQing sur les raisons de sa prétendue trahison.

Et à présent, c’était lui qui avait gagné ce pari. Il avait joué pour la prospérité du royaume du Sud de Yan, il avait joué pour le futur règne de Yan HeQing sur les quatre nations.

Le garde interrogea Xue Yan avec prudence : « Général, comptez-vous informer le Prince Yan de l’évasion du monarque du Nord ? Après tout, le Prince a dit qu’il devait être retrouvé immédiatement. »

Xue Yan réfléchit longuement avant de répondre : « Donne-lui la nouvelle, mais dis que, parce que les gardes ont tenté d’empêcher le monarque du Nord de fuir, il les a combattus en risquant sa vie. Il était complètement déterminé à partir, et comme les gardes craignaient de le blesser, ils l’ont laissé partir. De cette façon, Yan-huangzi cessera de nourrir des illusions à son sujet. »

Le garde comprit l’ordre, salua le poing fermé en signe de respect et se dirigea vers le palais impérial.

Une demi-heure plus tard, un cheval sortit au galop du palais impérial. L’animal hennit vers les Cieux, se précipitant hors de la Cité Impériale sans s’arrêter, faisant sursauter les gens ordinaires.

Quelqu’un, dont les yeux étaient perçants, reconnut le cheval royal et s’écria : « Le Prince Yan ?! »

Cependant, personne ne répondit. Le cheval portant le jeune homme vêtu de blanc ne laissa derrière lui qu’un nuage de poussière. C’était comme si le destin le pressait, comme si, au moindre retard, il devrait le regretter pour le reste de sa vie.

 

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

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