Après s’être rempli l’estomac d’une simple bouillie, tout le monde commença à discuter des contre-mesures pour s’échapper de la Cité Impériale. Comme le royaume du Sud de Yan n’était pas strict avec ceux qui voulaient quitter la ville, ils décidèrent de partir pendant la journée.

Leur groupe étant d’une taille conséquente, ils jugèrent préférable de se diviser en deux et de partir séparément : Xiao PingYang partirait d’abord avec la princesse Yongning, puis Xiao YuAn, Yang LiuAn et Xiao Fengyue se déguiseraient en frères exilés. Enfin, ils se retrouveraient à la station de poste à l’extérieur de la Cité Impériale.

Tous s’inquiétaient pour Xiao YuAn. Son évasion du palais impérial devait avoir été découverte depuis longtemps, et pourtant, lorsque les gardes féminines sortirent se promener, elles ne virent aucun mouvement suspect indiquant qu’il était recherché. Ne sachant pas ce que Yan HeQing prévoyait, ils devaient faire face à la situation étape par étape.

Xiao YuAn se changea, enfila des vêtements en lambeaux et se barbouilla le visage de plâtre et de boue, au point que ses traits d’origine devinrent méconnaissables. Xiao PingYang, en le voyant, s’interrogea : « N’est-ce pas trop ? »

Xiao YuAn éclaira l’eau du puits pour observer son reflet : « Cela semble un peu excessif, en effet. »

Cependant, il lui était impossible de ne pas se couvrir : les gardes du Sud deviendraient sûrement méfiants en voyant son apparence délicate.

Xiao PingYang posa deux doigts contre son menton, réfléchit un instant, puis déclara : «Pourquoi ne fais-tu pas simplement semblant d’être une femme ? »

Xiao YuAn : « Quoi ?! »

Xiao PingYang demanda à l’une des gardes une robe bouffante grise et un manteau court, puis les tendit à Xiao YuAn : « Votre Majesté, la chose la plus importante en ce moment est de protéger votre vie. »

Xiao YuAn : « … »

Il comprenait le raisonnement, mais pourquoi retenait-elle son sourire ?

Oublions cela… le plus important, pour l’instant, était de s’enfuir au plus vite. Xiao YuAn ne voulait pas mettre les autres en danger simplement parce qu’il risquait d’être découvert à tout moment.

Il tendit la main et prit la robe grise ainsi que le manteau court. En raison de l’apparence douce et délicate de l’empereur du royaume du Nord, ainsi que de sa silhouette particulièrement mince, le déguisement féminin ne paraissait pas incongru et rien de suspect ne sauterait aux yeux au premier regard.

La gardienne l’observa longuement, puis tendit soudain les mains pour relever ses cheveux en un chignon.

Xiao YuAn : « … »

La princesse Yongning, également changée, sortit à ce moment-là. Lorsqu’elle aperçut Xiao YuAn, elle resta d’abord muette de stupeur, mais après s’être remise, elle déclara : « Cette Jiejie est si belle. »

Xiao YuAn réfléchit un instant, puis, d’une voix plus aiguë, répondit : « Meimei doit plaisanter, je n’oserais pas me comparer à la beauté de Meimei. »

La princesse Yongning couvrit aussitôt sa bouche et éclata de rire.

Xiao PingYang releva les coins de ses lèvres, puis souligna : « Tu ferais mieux de faire semblant d’être muette, sinon tu te trahiras dès que tu ouvriras la bouche. »

Xiao YuAn étendit les mains et marmonna pour lui-même : « Je ne peux pas m’en empêcher, les androgènes me font avoir une pomme d’Adam. »

Lorsque Yang LiuAn et Xiao Fengyue entrèrent depuis l’extérieur du temple, Yang LiuAn s’exclama aussitôt : « Les gardes changeront à midi, sortons pendant que nous le pouvons encore — Votre Majesté ?!?!!! »

En voyant la réaction effarée de Yang LiuAn devant son apparence féminisée, Xiao YuAn trouva soudain cela très amusant. Il se retourna alors, fit un petit mouvement de hanche et dit : « Yang-ge, qu’est-ce qui ne va pas ? Ne peux-tu pas reconnaître ta Xiao-mei ? »

Yang LiuAn recula brusquement de plusieurs mètres.

Xiao YuAn éclata de rire, et les gardiennes du royaume Western Shu ne purent s’empêcher de se couvrir la bouche tout en ricanant discrètement. L’atmosphère joyeuse leur fit oublier, l’espace d’un instant, les difficultés de l’évasion.

Après avoir ri lui aussi, Xiao Fengyue s’avança et dit d’une voix douce : « Xiao-mei, ne panique pas, Dage et Er-ge t’aideront sûrement. »

Xiao YuAn hocha la tête, et la dépression qui pesait sur son cœur depuis plusieurs jours se dissipa peu à peu.

Il n’y avait pas de temps à perdre, et une dizaine de personnes se précipitèrent vers les portes de la Cité Impériale. Xiao PingYang et la princesse Yongning partirent les premières. Les gardes du Sud les arrêtèrent, les interrogèrent longuement, puis les laissèrent passer. Le processus sembla se dérouler sans encombre.

Voyant que venait le tour des deux frères exilés et de leur « sœur », Yang LiuAn et Xiao Fengyue gardèrent Xiao YuAn à moitié caché, à moitié protégé derrière eux, et quittèrent lentement la ville impériale au milieu de la foule.

Les gardes du Sud les stoppèrent et demandèrent, comme à l’accoutumée : « Combien de personnes ? »

« Mon frère, ma sœur et moi-même. Trois personnes. » Xiao Fengyue tira nerveusement sur le poignet de Yang LiuAn, mais son visage demeura d’un calme imperturbable.

« Où vivait votre famille auparavant ? »

« En dehors de la périphérie ouest de la ville. »

Le garde du Sud jeta un coup d’œil aux trois personnes, puis désigna Xiao YuAn : « Toi, lève la tête et laisse-moi te voir. »

Le cœur des trois bondit dans leur poitrine. Xiao YuAn leva lentement la tête ; son visage, légèrement couvert de poussière, conservait encore des traits reconnaissables.

Le garde hocha la tête, posa quelques questions plus simples, puis, d’un grand geste, les laissa passer.

Soulagés et heureux, ils se hâtèrent de quitter la Cité Impériale au plus vite.

Alors que la porte était sur le point de disparaître derrière eux, Xiao YuAn inspira profondément pour relâcher la tension de son corps. Mais, soudain, une main se posa sur son épaule.

Xiao YuAn se figea, raide comme une statue, lorsqu’il entendit la voix d’un homme derrière lui : « Jeune femme, puis-je vous parler un instant ? »

 

Traducteur: Darkia1030