HSAV - Chapitre 83 - Notre objectif principal est de créer du désordre! Créer du désordre! Et créer des ennuis !

 

Avertissement : scène d'automutilation.

 

D'accord !!!

Comme prévu, il s’avéra que l’emplacement spécifique restait nécessaire pour déclencher l’intrigue originale !!!

Xiao YuAn hocha lentement la tête et avança, d’un pas lourd suivi d’un pas chancelant, vers la chambre impériale.

Alors que la neige tombait, ses vêtements étaient détrempés ; vêtu d’un simple manteau blanc, il avait grelotté une bonne partie de la nuit. À cet instant, ses yeux étaient vides, ses pieds trébuchaient sans cesse. Tous les dix pas, il devait s’arrêter pour reprendre son souffle. Son dos et ses épaules, légèrement voûtés, semblaient porter un fardeau de mille livres tant la fatigue l’écrasait. Ce mouvement bouscula le poignard dissimulé sur sa poitrine, coincé entre deux épingles à cheveux et un bandeau. L’arme lui pinça violemment la chair, provoquant une vive douleur qui l’aida à ne pas sombrer tout à fait dans l’engourdissement glacé. Il s’efforça de concentrer toute son énergie restante pour continuer à avancer sans se rendre compte que Yan HeQing le suivait de près, les yeux emplis de douleur et d’un chagrin silencieux.

Yan HeQing ouvrit plusieurs fois la bouche et tendit la main à maintes reprises. Mais les mots qu’il souhaitait prononcer, sans en avoir le courage, se perdirent dans le vent et la neige. Lentement, sa main tendue se referma en un poing, et il la laissa retomber le long de son corps.

Ainsi, le trajet qui aurait dû durer un quart d’heure leur prit une demi-heure.

Xiao YuAn s’arrêta devant l’entrée de la chambre impériale, expira longuement une buée blanche, puis se retourna pour faire face à Yan HeQing.

Après plusieurs mois de séparation, leurs regards se croisèrent à nouveau. Mais cette fois, les émotions enfouies dans les yeux de l’autre n’étaient plus aussi claires qu’autrefois. Xiao YuAn se demanda : dans le roman original, quelle avait été l’humeur du jeune empereur du Royaume du Nord lorsqu’il avait vu cet homme, aussi élégant qu’incomparable, se tenir devant lui ?

Avait-il ressenti davantage de colère que de peur ? Ou bien sa peur surpassait-elle la haine ?

Quelle était l’émotion du jeune empereur lorsque Yan HeQing lui avait arraché les os ensanglantés de son corps encore vivant ?

Et Yan HeQing, alors ?

Avait-il pu exprimer toute sa rage ?

Il avait dû se sentir soulagé, face à ces ennemis qui, autrefois, avaient détruit sa famille puis anéanti son royaume. Ces ennemis qui opprimaient son peuple, qui l’avaient contraint à ramper dans la poussière… Tous ces visages, il les oublia en une unique entaille, n’est-ce pas ?

Xiao YuAn observa Yan HeQing s’approcher. Depuis le départ de ce dernier, Xiao YuAn avait souvent rêvé de cette scène. Dans ses rêves, il était parfois le jeune empereur du Royaume du Nord, parfois un simple spectateur. Mais quel que soit le rôle qu’il endossait, il ressentait toujours le froid et la peur.

Pourtant, maintenant que le moment était réellement venu, Xiao YuAn se rendit compte qu’il n’éprouvait plus aucune peur à l’égard de Yan HeQing. Il se tenait là, calme, comme chaque fois qu’il l’avait vu s’approcher dans le passé.

Mais à présent, plus rien n’était comme avant.

Xiao YuAn baissa les yeux et sortit lentement le poignard dissimulé contre sa poitrine. En voyant cela, Yan HeQing s’arrêta net, le regard figé sur lui, déterminé à ne pas détourner les yeux.

Xiao YuAn prit une profonde inspiration, puis posa brusquement la lame contre son propre bras, traçant une entaille profonde dans sa chair.

Dans de telles circonstances, mieux valait se blesser soi-même que de salir les mains de Yan HeQing.

Le sang écarlate et l’éclat argenté du poignard frappèrent de plein fouet le regard abasourdi de Yan HeQing. La scène fit trembler ses entrailles d’une douleur violente. Ses yeux se rétrécirent, et il fit un pas en avant ; cependant, Xiao YuAn s’écria soudain : « Non ! Ne viens pas, je t’en prie, écoute-moi, je t’en supplie, écoute-moi. »

Après ces multiples supplications, Yan HeQing fut contraint de s’arrêter. Le regard fixé sur le poignard que tenait Xiao YuAn, sa pomme d’Adam bougea nerveusement, et il eut soudain l’impression d’étouffer.

Xiao YuAn rassembla son esprit, tendit son bras blessé, laissant le sang rouge couler le long de sa manche et tomber sur la neige. Lorsque la douleur se fit moins vive, il ouvrit lentement la bouche : « Yan HeQing, avec ce poignard sur moi, je t’en supplie… s’il te plaît, laisse partir l’eunuque Zhao. Ne punis pas les gens ordinaires du Royaume du Nord. Si tu veux te venger, si tu es en colère… alors fais-le contre moi. Dix fois plus. »

Dès qu’il eut terminé de parler, Xiao YuAn traça une nouvelle entaille profonde sur son bras. Le sang éclaboussa sa peau pâle, et tandis que la vive douleur faisait tressaillir et trembler son corps tout entier, il murmura d’une voix lente : « Ces blessures sont pour le salut de ton peuple perdu. Durant toutes ces années, le défunt empereur détruisit ton pays et tua ta famille. Maintenant, c’est au tour de la famille royale du Royaume du Nord de disparaître. Mais je t’en prie, protège Ning’er. Elle est au palais de Yongning à présent, j’espère que tu pourras te hâter de la retrouver. De toute façon, je ne peux pas m’échapper du Palais. Une fois que tout sera terminé, tu pourras me punir comme tu l’entends, même me couper en morceaux… »

Avant que Xiao YuAn ne puisse achever sa phrase, Yan HeQing s’avança brusquement et lui arracha le poignard. Tout se déroula en un éclair. Xiao YuAn n’aperçut qu’une ombre vacillante devant lui, et l’instant suivant, Yan HeQing se trouvait déjà à ses côtés.

Xiao YuAn voulut reculer instinctivement, mais son corps, raide et douloureux, refusa de lui obéir. Déséquilibré, il chancela en arrière. Il ne tomba cependant pas, car une main puissante le retint par la taille. Il se retrouva soudainement enveloppé dans la chaleur du corps de Yan HeQing.

Celui-ci le tenait fermement d’une main, tandis que de l’autre, il pressait avec force sur ses blessures pour tenter de stopper l’hémorragie. Ses mains tremblaient, ses lèvres devinrent blanches, comme si ces profondes entailles lacéraient sa propre chair.

Xiao YuAn, complètement abasourdi, entrouvrit la bouche sans savoir quoi dire. Après un bref instant d’hésitation, une douleur sourde enfla dans sa poitrine. C’était la détresse accumulée depuis des jours, cette frustration de voir tous ses efforts réduits à néant, qui jaillit soudain, libérée après tant de répression. Une bouffée de sang monta dans sa gorge, éclaboussant tout d’un rouge effrayant.

Après avoir craché le sang, une vive douleur lui traversa le crâne. Il entendit vaguement, comme à travers un voile, la voix anxieuse de Yan HeQing qui l’appelait. Ce cri résonna en lui avec une telle intensité que son cœur et ses poumons semblèrent se déchirer.

Mais Xiao YuAn ne parvint pas à comprendre ce que disait Yan HeQing. Il tenta désespérément de répondre, mais ses forces l’abandonnèrent. Et, sans pouvoir lutter davantage, il s’évanouit, basculant dans l’obscurité.

 

Traducteur: Darkia1030