HSAV - Chapitre 68 - Chagrin d'amour.
Dans une pièce sombre et lugubre, les bougies vacillèrent, s’allumant et s’éteignant, créant une atmosphère étrange capable d’emplir le cœur de panique.
Au centre de cette pièce, les mains de Yan HeQing étaient enchaînées et suspendues en hauteur. Ses cheveux tombaient en désordre, son torse était nu, et sa peau était marquée de profondes traces de coups de fouet, sanglantes et effroyables. L’intendant Feng jouait avec un fouet de fer entre ses mains tout en observant Yan HeQing. Ce fouet, hérissé de barbelures, pouvait lacérer la chair à chaque coup.
« Est-ce que ça fait mal ? » L’intendant Feng éclata de rire, puis tendit la main pour appuyer brutalement sur l’une des blessures de Yan HeQing, enfonçant ses doigts dans la plaie.
« Mnh… » Le corps de Yan HeQing se mit à trembler violemment, et sa gorge laissa échapper un gémissement douloureux, à peine contenu.
« Dis-moi, depuis quand le Prince Wuning et toi complotez-vous cette rébellion ? Où sont les preuves ? Oh, tu ferais mieux de m’écouter : dépêche-toi de dire la vérité. Si tu parles maintenant, tu échapperas à ce genre de souffrance. Il vaut mieux endurer une douleur brève qu’un supplice prolongé. » L’intendant Feng parlait d’un ton faussement doux. Il excellait dans l’art de manipuler par les mots.
Cependant, Yan HeQing ignora ses propos et ricana, son visage empreint d’un profond sarcasme.
L’intendant Feng secoua la tête, comme désolé, puis abattit de nouveau le fouet sur son corps. La lanière barbelée déchira la chair, laissant une plaie béante et sanglante. Yan HeQing ravala ses cris et ses sanglots avec une telle force qu’il respirait à peine à cause de la douleur.
« Dans ta situation actuelle, il t’est presque impossible de survivre. Alors pourquoi ne pas avouer pour échapper à la torture ? Tu espères encore que Sa Majesté viendra te sauver ? » L’intendant Feng agita le fouet de fer pour en secouer le sang, puis ajouta : « Réveille-toi. Tu as comploté avec l’ennemi et tu as failli faire tuer Sa Majesté. »
La respiration de Yan HeQing s’interrompit un instant, puis il haleta de douleur.
« Si tu ne peux pas supporter davantage, il te suffit de me parler de ta collusion avec le Prince Wuning. Tu mourras de toute façon, alors mieux vaut une mort rapide qu’une agonie lente. Dépêche-toi ! » L’intendant Feng crut que Yan HeQing atteignait ses limites et tenta à nouveau de le convaincre par des paroles rusées. Cependant, Yan HeQing refusa obstinément d’ouvrir la bouche.
L’intendant Feng répéta ses paroles, puis jeta le fouet à terre. Il décrocha une pelle accrochée au mur, parmi divers instruments de torture, et la glissa dans le brasier de charbon ardent au centre de la pièce.
La respiration de Yan HeQing, affaiblie par la douleur, devint lourde et sifflante. Les sons rauques de sa gorge se mêlèrent au crépitement du métal chauffé à blanc, produisant une ambiance sonore terrifiante.
« J’ai eu la gentillesse de t’offrir une chance. » L’intendant Feng retourna lentement la pelle dans le brasier, puis déclara d’un ton détaché : « Aucune de mes méthodes n’arrive à la cheville de celles de l’eunuque Zhao. Tu sais qu’il possède un type rare de poudre ? Lorsqu’elle est saupoudrée sur une plaie, elle provoque des démangeaisons et des douleurs si atroces qu’on croirait être dévoré vivant par des milliers de fourmis. Ah, je l’ai vu une fois… L’homme s’est débattu dans une agonie indescriptible, s’arrachant la peau pour trouver un semblant de soulagement. Je te conseille donc, encore une fois, de parler avant qu’il ne soit trop tard ! »
Voyant que Yan HeQing restait muet, l’intendant Feng saisit la pelle rougeoyante, s’approcha de lui et souffla dessus sans la poser sur sa peau. Une vague de chaleur brûlante s’échappa du métal incandescent.
« Vas-tu enfin t’expliquer ? Dis-moi pourquoi tu fais preuve d’une stupidité aussi obstinée ?»
« Très bien, j’en ai assez de jouer les bienveillants. Puisque tu tiens tant à mourir, ne viens pas te plaindre. » L’intendant Feng secoua la tête et dirigea la pelle vers la poitrine de Yan HeQing.
« Arrête !! » hurla soudain une voix furieuse, suivie d’un fracas : la porte de la pièce fut violemment défoncée. La main de l’intendant Feng relâcha immédiatement la pelle, qui tomba au sol dans un bruit métallique.
La première chose que vit Xiao YuAn en entrant fut l’état pitoyable dans lequel se trouvait Yan HeQing. Son souffle se coupa brusquement, comme si on lui arrachait tout l’air des poumons.
« Votre Majesté ?! » L’intendant Feng tomba à genoux, terrifié, comme s’il se trouvait au milieu d’un champ de bataille. Son visage devint livide.
Xiao YuAn ne lui accorda pas un seul regard. Il se précipita vers Yan HeQing et défit les chaînes de fer qui retenaient ses poignets. Yan HeQing, incapable de se tenir debout, s’effondra dans ses bras.
Xiao YuAn n’osa pas se demander s’il était arrivé trop tard. Il serra Yan HeQing contre lui et s’élança à toute vitesse vers le Palais Taiyi.
*
Yan HeQing demeura inconscient pendant toute une journée, sans se réveiller.
Xiao YuAn faisait les cent pas dans le Palais Taiyi. Le vieux médecin impérial, légèrement inquiet, tenta de le rassurer : « Votre Majesté, vous n’avez pas à vous inquiéter. Sa vie n’est pas en danger. »
Xiao YuAn acquiesça, et lorsqu’il vit le médecin pilonner les herbes médicinales, il s’approcha et tendit la main : « Je vais m’en charger. »
Le visage du médecin blêmit d’effroi : « Votre Majesté ! Comment ce sujet pourrait-il laisser Sa Majesté faire une chose pareille ?! »
Xiao YuAn saisit tout de même le pilon et le bol : « Je vais t’aider à relâcher la pression. »
Il insista, malgré les protestations du médecin, qui tenta de l’en empêcher, et le harcela à plusieurs reprises. Le cœur du vieux médecin impérial faillit lâcher sous le stress.
En réalité, Xiao YuAn était de très mauvaise humeur.
D’extrêmement mauvaise humeur. Car il se rendait peu à peu compte que, malgré tous les efforts qu’il avait déployés pour modifier l’intrigue d’origine, le cours général des événements semblait dirigé par une force invisible.
Cependant, parce que Hong Xiu était morte pour lui, Xiao YuAn refusait de rester les bras croisés en attendant la mort. Il voulait changer le destin.
Car sa vie ne lui appartenait plus seulement à lui, mais aussi à ce jeune Monarque du Royaume du Nord, sauvé par le sacrifice de Hong Xiu.
Soudain, un bruit de porcelaine brisée résonna depuis la pièce intérieure, suivi de la toux rauque de Yan HeQing. Xiao YuAn et le médecin sursautèrent, surpris. Xiao YuAn se leva aussitôt, puis s’immobilisa.
Le médecin impérial courut dans la pièce intérieure. Après quelques minutes, il en ressortit en hâte et s’adressa à Xiao YuAn : « Votre Majesté, il est réveillé. »
Xiao YuAn hocha la tête, fit quelques pas en direction de la porte, mais n’entra pas immédiatement.
Il prit un instant pour s’observer objectivement, car une question essentielle l’occupait : il ne savait pas comment concilier le Royaume du Nord et Yan HeQing.
Il avait toujours cru pouvoir ignorer la contradiction entre les deux. En renforçant le Royaume du Nord, il pensait pouvoir aussi protéger Yan HeQing.
Mais en ce monde, il était impossible de satisfaire les deux camps à la fois.
La mort soudaine de Hong Xiu l’avait brutalement ramené à la réalité. Elle lui avait fait comprendre qu’il n’avait jamais été un simple spectateur dans ce monde. Jamais. Et même s’il n’en avait pas pris conscience jusqu’ici, il aurait tôt ou tard été confronté à ce dilemme.
À présent, il n’hésiterait plus.
Il ne pouvait trahir le sacrifice de Hong Xiu.
Jamais.
Xiao YuAn inspira profondément, poussa la porte et entra dans la pièce intérieure.
Yan HeQing, assis sur le lit, tentait de ramasser le bol en porcelaine qu’il avait renversé à son réveil. Lorsque Xiao YuAn entra, il prit le bol et le déposa à côté du lit. Il regarda attentivement Yan HeQing et lui demanda : « Ça va ? Comment te sens-tu ? »
Yan HeQing hocha lentement la tête. Il supporta la douleur qui parcourait son corps et régula péniblement sa respiration.
« Alors repose-toi bien. Je reviendrai demain soir. Il y a quelque chose dont je dois te parler.» La main que Xiao YuAn tenait dissimulée dans son dos était serrée en un poing.
En voyant Xiao YuAn se détourner, un malaise sourd monta dans le cœur de Yan HeQing. Ce pressentiment qu’il avait déjà ressenti autrefois, grandissait à présent avec insistance. Yan HeQing ouvrit soudain la bouche pour l’appeler : « Xiao YuAn. »
Xiao YuAn se retourna lentement. Ses yeux noirs, chaleureux mais graves, se fixèrent sur ceux de Yan HeQing.
Et alors, Yan HeQing comprit enfin d’où venait ce malaise. Depuis l’attaque du Prince Wuning, depuis la mort de Hong Xiu, Xiao YuAn ne lui avait plus jamais souri.
« Yan HeQing. » Xiao YuAn parla lentement, comme s’il prononçait un verdict irrévocable. Ses paroles tombèrent, aussi tranchantes que l’éclat argenté d’une lame. « Tu devrais m’appeler “Votre Majesté” à partir de maintenant. »
Yan HeQing retint son souffle, son dos se redressa d’un coup. Sa bouche s’ouvrit, comme s’il voulait dire quelque chose… mais aucun son n’en sortit.
Xiao YuAn ne s’attarda pas davantage. Il quitta la pièce, laissant Yan HeQing seul.
Pendant longtemps, Yan HeQing garda la tête baissée. Sa main pressait sa poitrine avec force, et lorsqu’il toucha une blessure, la douleur irradia à travers ses nerfs. Pourtant, il sembla l’ignorer et resserra son étreinte sur son cœur, car la souffrance qu’il ressentait en cet instant surpassait de loin la douleur physique.
Traducteur: Darkia1030
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