Certaines personnes furent heureuses, et d’autres, tristes.
Il était certain que Li Wuding était le plus apte à occuper le poste de Grand Général, mais au Palais du Prince Wuning, le ciel se couvrit de sombres nuages.
Le jeune monarque avait promis au Prince Wuning qu’il transmettrait le poste de général à son ami proche, mais à présent, sans prévenir, il changea d’avis, faisant marcher le Prince Wuning sur une fine couche de glace.

Dans l’obscurité de la nuit, au Wangfu, le Prince Wuning et son conseiller discutèrent de l’incident : « Prince, le Royaume du sud de Yan a discrètement envoyé des troupes pour vous soutenir. Concernant l’événement majeur, celui de la rébellion, vous devez prendre une décision éclairée. Aucun retard n’est permis. »
Le Prince Wuning pressa son front d’une main et soupira : « Mais l’Empereur ne quitte pas le Palais Impérial. Jour et nuit, il est… »
Son conseiller murmura : « Votre Altesse, dans quelques jours, l’Empereur quittera définitivement le Palais Impérial. »
Le Prince Wuning le regarda étrangement : « Pourquoi ? »
Le conseiller s’approcha de son oreille, murmura à voix basse, puis déclara à haute voix : «Cela dépend de ce que le Prince veut faire. »
« Ne penses-tu pas que ce serait trop soudain de lancer la rébellion maintenant ? »
« Votre Altesse, vous vous préparez depuis si longtemps… comment cela pourrait-il être une décision précipitée ? De plus, ces derniers jours, le tempérament de l’Empereur a changé. Il n’est plus une manche coupée, et il a donné le poste de général à Li Wuding. Tout cela n’est-il pas un signe ? Votre Altesse, en ce moment, l’hésitation est interdite. »
le Prince Wuning acquiesça, et dans ses yeux brilla une lueur maléfique et désespérée.

Le troisième jour après que Li Wuding eut été nommé Grand Général, l’ancien général Sun mourut.
Ce jour-là, le royaume du Nord connut la dernière vague de froid avant le printemps, accompagnée des dernières chutes de neige. Tout fut enseveli sous un manteau blanc.
Même si le général Sun avait émis le souhait avant sa mort d’être enterré simplement, Xiao YuAn refusa, estimant qu’en tant que général, ses funérailles devaient se dérouler en présence de l’armée.

Ce jour-là, Xiao YuAn revit Li Wuding et Xie Chungui. Ils portaient des vêtements de deuil blancs. Ils soulevèrent le cercueil et marchèrent en direction du cimetière.
Le général Sun n’avait pas d’héritiers, et pourtant, il ne manquait pas de gens prêts à l’honorer.
Des drapeaux blancs flottaient dans le vent, et des pièces de cuivre jaunes furent jetées en l’air (NT : monnaie funéraire pour accompagner le défunt dans son voyage).
Des pleurs et des sanglots résonnaient de toutes parts, tandis que Xiao YuAn se tenait devant la pierre tombale, ayant soudain l’impression que le vent et les nuages devenaient étranges — comme si le monde devenait de plus en plus froid et sombre.

Vers la fin de la soirée, une fois les funérailles achevées, Xiao YuAn retourna au palais dans le char impérial. Escorté de gardes impériaux devant et derrière lui, la procession donnait l’impression d’un long et lourd cortège funéraire.
Hong Xiu, qui marchait à côté du char, vit que Xiao YuAn semblait de mauvaise humeur. D’une voix inquiète, elle demanda : « Votre Majesté, vous sentez-vous bien ? »
Xiao YuAn secoua la tête et répondit : « Je vais bien, c’est juste que je ne m’attendais pas à ce qu’il neige à nouveau. »
Hong Xiu tenta de le réconforter : « Ne vous inquiétez pas, Votre Majesté. Nous sommes déjà le 28 février, ce doit être la dernière chute de neige du printemps. »
Xiao YuAn sembla saisir quelques mots essentiels et sa voix changea brusquement : « Le 28 février ? »
Hong Xiu lui répondit : « Oui, Votre Majesté, qu’y a-t-il ? »
Xiao YuAn s’agrippa au bord du char impérial, et une inquiétude profonde s’insinua peu à peu dans son cœur.
Le 28 février, dans le livre original, était le jour où Yang LiuAn sacrifia sa vie pour sauver le jeune empereur.

Dans le livre original, il n’y eut point de funérailles pour l’ancien général Sun. Le Monarque du Royaume du Nord sortit simplement jouer ce jour-là. Sur le chemin du retour vers le palais impérial, une tentative d’assassinat fut menée par des civils, las de supporter sa tyrannie. En tant que garde du corps impérial, Yang LiuAn, afin de protéger la vie de l’empereur, donna finalement la sienne.

À présent, Yang LiuAn avait été remplacé par Yan HeQing.
Xiao YuAn leva les yeux et aperçut Yan HeQing, qui se tenait sur le côté gauche du char impérial. Il prit une profonde inspiration et réprima le malaise qui envahissait son cœur.

Non, se dit Xiao YuAn, j’ai toujours été humble, il ne dilapide pas le trésor national, n’impose pas de lourdes taxes, et n’ai jamais puni le peuple sans raison.

De plus, il ne jouait même pas, et le Palais Impérial n’était plus celui d’autrefois. Il ne devait donc pas s’inquiéter.

Xiao YuAn se rassura à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’un calme relatif s’installe enfin en lui. Lorsqu’il leva de nouveau les yeux, il vit Yan HeQing le regarder avec une certaine inquiétude.

Xiao YuAn lui adressa un sourire. L’atmosphère autour d’eux devint inexplicablement silencieuse. La neige tombait, les nuages ne se dispersaient point ; au contraire, des masses noires s’amoncelaient, oppressant la ville, tandis que la lune disparaissait lentement derrière elles.
Un instant, la nuit venteuse s’obscurcit davantage encore, et Xiao YuAn ne distingua plus clairement les traits de Yan HeQing.

Les deux hommes se regardèrent dans l’obscurité, et lorsque la lumière lunaire perça enfin, par instants, les nuages épais, les yeux de Xiao YuAn se plissèrent soudainement.

Car une flèche acérée surgit de nulle part ! Et elle vint frapper le char impérial, juste à côté de son oreille !

Traducteur: Darkia1030