HSAV - Chapitre 58 - Bien sûr, je choisis de lui pardonner.

 

Au printemps, le travail et les hirondelles étaient abondants, le monde, lui, restait imprévisible.
Alors que Xiao YuAn pensait avoir complètement perturbé l'intrigue du livre original, des nouvelles inattendues, échappant à son contrôle, vinrent du manoir du général Sun.

L’ancien général Sun était gravement malade.
Ce n’était pas une surprise que son corps cède enfin : après toutes ces années de batailles, il n’était pas concevable qu’il soit resté indemne. Pourtant, personne ne s’attendait à ce qu’il tombe si soudainement malade, et à un moment aussi critique.

Lorsque Xiao YuAn arriva au manoir pour lui rendre visite, le général Sun était déjà à l’agonie. Il prit la main de Xiao YuAn et fondit en larmes : « Votre Majesté, bien que vous ayez été confus dans le passé, vous avez changé. Vous avez su reconnaître vos fautes et les corriger. Ce ministre sait que Sa Majesté a le peuple à cœur, qu’elle est un monarque éclairé, digne de la confiance de ses soldats, capable de protéger le pays contre les menaces mortelles. Mais Sun Yuzhong va bientôt mourir, et je ne peux plus retourner sur le champ de bataille. Je ne peux plus protéger le Royaume... Mon cœur refuse, il refuse vraiment. »

Xiao YuAn sentit comme une arête de poisson coincée dans la gorge. Après un long silence, il répondit doucement : « Général Sun, vous avez tant donné. Vous avez travaillé dur. »

Comme l’ancien général Sun avait besoin de repos, Xiao YuAn n’osa rester trop longtemps. Après avoir reçu encore quelques conseils, il se retira.

Lorsqu’il sortit de la résidence officielle, Xiao YuAn heurta un homme. C’était le deuxième protagoniste, Li Wuding.

Son visage exprimait le deuil et la gravité. Il semblait lui aussi au courant de l’état critique du général Sun. En apercevant Xiao YuAn, Li Wuding s’agenouilla et salua : « Cet humble vous salue, Sa Majesté. »

« Lève-toi. »

Xiao YuAn le regarda, le cœur chargé de pensées complexes.
Le général Sun ne pouvant plus commander l’armée, il fallait transférer le pouvoir militaire. Par sentiment comme par raison, Xiao YuAn devait nommer Li Wuding à sa place. Mais il hésita, se rappelant que ce dernier deviendrait sûrement un traître dans un avenir proche.

« Et toi et Xie Chungui, vous entendez-vous bien ces temps-ci ? » demanda Xiao YuAn.
« Répondant à Sa Majesté, le plus jeune fils de la famille Xie est fort capable. Cet humble pense qu’il réalisera de grandes choses à l’avenir », répondit Li Wuding.

L’un allait trahir le Royaume, l’autre le protéger jusqu’à la mort. Et pourtant, ces deux-là s’entendaient bien ? Même en connaissant l’intrigue du livre original, Xiao YuAn trouvait le destin de ces deux personnes difficile à appréhender.

Il hocha la tête et s’apprêtait à tourner les talons lorsque Li Wuding l’interpella soudain :
« Votre Majesté. »
« Hein ? » répondit Xiao YuAn en se retournant, visiblement confus.

Les yeux de Li Wuding s’assombrirent, et après un bref silence, il dit enfin : « Votre Majesté, il faut se méfier, même de la personne la plus proche et la plus intime… que ce soit un courtisan ou un ministre. »

Xiao YuAn le fixa sans rien dire. Le silence plana quelques secondes, jusqu’à ce qu’il demande franchement : « Va droit au but. »
« Sans preuve concrète, ce fonctionnaire n’ose rien avancer », répondit Li Wuding.

Il ne cherchait visiblement pas à plaire.
Xiao YuAn hocha simplement la tête et s’en alla.

*

Chaque année, au début du printemps, se tenaient des compétitions dans la caserne du Royaume du Nord. Elles servaient d’abord à tourner la page sur l’année écoulée, ensuite à permettre à chaque soldat d’évaluer ses progrès en entraînement.
Cette tradition avait été instaurée par l’ancien général Sun. Et bien qu’il fût désormais trop malade pour diriger l’armée, la règle perdurait.

À ce moment-là, plusieurs soldats installaient l’arène de défi ; même s’il ne s’agissait que d’une structure temporaire, elle devait être solidement montée.

Cependant, les soldats semblaient quelque peu abattus.
Car Xiao YuAn se tenait à leurs côtés, applaudissant gaiement.
Chaque fois qu’ils frappaient sur le coin de bois, Xiao YuAn applaudissait, les obligeant à suivre son rythme.
Il suffisait de frapper en cadence, et c’était tout !

Xiao YuAn chantait même en rythme : « Deux tigres, deux tigres. Hé, frappez plus vite là-bas, ralentis ici. Tu comprends les quatre temps ? Quatre sur quatre, applaudissements. »

Le soldat qui tenait le marteau s’effondra soudain. Il ne comprenait rien ! Vraiment rien du tout !

Un camarade à ses côtés le tapota doucement.
Camarade, ressaisis-toi… c’est l’Empereur. Tu ne peux pas lui lancer le marteau, d’accord ?

Heureusement, après un moment de supplice, Li Wuding apparut juste à temps pour sauver ce groupe de cinq solides soldats forcés de subir une leçon de musique improvisée.

« Votre Majesté ? » Li Wuding parut surpris et le salua respectueusement : « Pourquoi êtes-vous ici ? »

Xiao YuAn répondit avec un sourire espiègle : « Aucune raison particulière, je suis juste venu jeter un coup d’œil. »

Bien que ce ne fût pas un mensonge, ce n’était pas toute la vérité non plus.
Le général Sun étant gravement malade, le poste de commandement militaire était désormais vacant. Xiao YuAn restait indécis quant à l’idée de confier cette position à Li Wuding. Il était donc simplement venu observer la situation de ses propres yeux.

Li Wuding demeura silencieux un instant, légèrement troublé de voir Xiao YuAn vêtu d’un sobre brocart blanc à manches longues, impeccablement ordonné. Il se demanda pourquoi l’Empereur, qui aimait autrefois se faire remarquer, arborait désormais une telle modestie.

Ce qui le surprit davantage encore, c’était que Xiao YuAn ne fût accompagné que d’un seul garde du corps impérial. Celui-ci se tenait tranquillement derrière lui. Il ne souriait pas, mais n’exprimait pas non plus de colère. Son aura imposante parlait d’elle-même, et la froideur de son regard ne passait pas inaperçue.

Li Wuding déclara : « Votre Majesté, l’extérieur est couvert de poussière. Vous pouvez vous rendre à la tente militaire. »

« Oui, je voulais aussi te poser une question. » acquiesça Xiao YuAn.
Il se retourna pour partir, puis sembla soudain se rappeler quelque chose. Il fit volte-face vers les soldats trop effrayés pour continuer à installer l’arène de défi et lança : « Quatre applaudissements ! Fort, faible, fort, faible ! »

Un soldat manqua de peu de se frapper la main avec son marteau.

Quelques instants plus tard, plusieurs personnes se réunirent dans la tente militaire : tous étaient des soldats venus discuter des modalités de la compétition.
En voyant entrer Li Wuding et l’Empereur, ils s’agenouillèrent aussitôt pour saluer Sa Majesté.

Xiao YuAn fit un geste de la main : « Relevez-vous. J’ai quelque chose à dire en privé avec le général Li. Sortez un moment, je vous prie. »

Les soldats quittèrent rapidement la tente, ne laissant que Xiao YuAn et Li Wuding derrière eux.

 

Traducteur: Darkia1030