HSAV - Chapitre 56 – Profitant d'un beau paysage par une belle journée.

 

Xiao YuAn et Yan HeQing marchaient lentement côte à côte sur le panneau de pierre bleue au bord de la rivière. Il y avait beaucoup de bougies éclairant la rivière, c’était un si beau paysage. Xiao YuAn demanda à Yan HeQing : « Veux-tu mettre une lanterne ? »
« Ce n’est pas nécessaire. »
« Alors, allons nous promener ? »
« Oui. »
Xiao YuAn s’arrêta de marcher et regarda Yan HeQing ; il lui demanda avec confusion :
« Es-tu en colère ? Qu’est-il arrivé ? »
Il ne s’attendait pas à ce que Xiao YuAn voie clair en lui. Yan HeQing dissimula son expression et répondit doucement : « Rien ne s’est passé. Il y a une troupe qui chante là-bas, veux-tu aller la voir ? »
« Allons-y, allons-y, allons-y. »
En haut de la scène, installé avec désinvolture sur une planche de bois recouverte d’un tissu rouge, se trouvait un homme vêtu à la manière féminine. Il agitait ses manches en dansant, chantant une journée lumineuse et ensoleillée.
Sous la scène, plusieurs tables basses accueillaient de nombreux spectateurs. Les tambours résonnaient bruyamment, les applaudissements ne faiblissaient pas.
Après avoir tous deux écouté la musique attentivement, Yan HeQing demanda soudain :
« Aimes-tu la princesse du royaume occidental de Shu ? »
« Ah ??? » Xiao YuAn grignotait des graines de melon en écoutant la musique. La question de Yan HeQing le prit de court, il en fut terrifié et les graines tombèrent de ses mains. Lorsqu’il comprit enfin le sens de ces mots, Xiao YuAn réagit avec brusquerie.
Nom d’un chien, Yan HeQing était vraiment en colère ! À cause de sa proximité avec Xiao PingYang, il commençait à se méfier !

Yan HeQing, Yan HeQing, c’est toi qui manges dans le bol et regardes la marmite ! C’est trop, beaucoup trop.

(NT : expression décrivant quelqu’un qui possède déjà quelque chose (symbolisé par le bol), mais qui convoite encore ce qu’il n’a pas (symbolisé par la marmite). )

Et comment oserais-je lorgner ta femme ! Tout le monde sait que la femme d’un protagoniste étalon ne peut pas être touchée ! On ne peut même pas la regarder !


« Ahem. » Xiao YuAn tapota les miettes de graines de melon sur ses mains et, après avoir réfléchi un instant, répondit finalement : « Je ne l’aime pas. Qui t’a dit que j’étais attiré par les femmes ? »
Effectivement, cette fois, il devait s’appuyer sur son orientation sexuelle pour dissiper tout soupçon !
Les yeux de Yan HeQing se plissèrent légèrement : « Tu as déjà dit que tu n’étais pas une manche coupée. »
« Ah ? J’ai dit ça ? Quand est-ce que j’ai dit ça ? Oh, il me semble que je l’ai dit. » Xiao YuAn resta stupéfait : « C’était avant. Les gens changent avec le temps. J’ai découvert récemment que je m’intéressais davantage aux hommes. Regarde l’acteur qui chante sur scène, par exemple : je le trouve très accrocheur. »
Yan HeQing : « …… »
Xiao YuAn sentit que l’air ambiant s’était légèrement rafraîchi. Prudemment, il observa le visage de Yan HeQing et ne put s’empêcher de crier intérieurement :
Je t’ai expliqué, mais tu n’es toujours pas satisfait ! Que veux-tu que je fasse de plus ?!

À la fin de la soirée, les chansons prirent fin. Les rues du marché se vidèrent peu à peu, laissant derrière elles le tumulte de la fête.
Xiao YuAn, toujours de bonne humeur, pesa dans ses mains l’or emprunté à Wuning Wangye. Il emmena Yan HeQing vers le caviste le plus réputé de la Cité Impériale pour acheter des vins fins et enivrants, qu’ils rapportèrent au Palais.
À l’intérieur du palais, ils arrivèrent ensemble au sixième étage de la tour Yuhua. Contempler les hauts bâtiments, les montagnes et les rivières sans fin sous la lune brillante offrait un spectacle d’une rare beauté.
« Viens, soûlons-nous et profitons tant que nous le pouvons encore. »
Xiao YuAn sourit en ôtant le sceau du pot de vin, et aussitôt, un doux parfum s’en échappa.
Yan HeQing sembla de meilleure humeur et prit le pot pour boire aux côtés de Xiao YuAn.
Réchauffé par l’alcool, Xiao YuAn devint légèrement ivre. Il posa la tête sur sa main et contempla la corniche du Palais au loin. Les étoiles, rares, scintillaient doucement. Un sourire tendre aux lèvres, il déclara : « Je n’aurais jamais cru qu’un jour, je serais si proche de toi. »

Yan HeQing regarda Xiao YuAn et répondit : « Moi non plus. »
Xiao YuAn but la seconde moitié du pot de vin, se leva en vacillant, prit une profonde inspiration et annonça : « Je veux soudainement chanter une chanson. »
« Quel type de chanson ? »
« Une chanson d’amour. » Xiao YuAn s’éclaircit la gorge, s’agrippa à la balustrade et commença à chanter : « Tu es un homme puissant et majestueux à cheval, ton cheval au galop est comme le vent ! La nature sans limites errera avec toi ! »
« Pft— » Yan HeQing s’étouffa après avoir pris une gorgée de vin et toussa pendant longtemps.
Xiao YuAn le regarda et se moqua de lui. Son sourire était indulgent et chaleureux ; il oscillait, ses pieds chancelaient. Il trébucha et fut soutenu par Yan HeQing. Xiao YuAn s’accrocha au bras de Yan HeQing et s’écroula à moitié assis sur le sol : « C’est vraiment une chanson d’amour, même si tu ne me crois pas, c’en est une. Tu me crois ou pas ? »
Yan HeQing nota, impuissant : « Je crois surtout que tu es ivre. »
« Eh bien, je suis ivre, » reconnut Xiao YuAn avec un sourire. « Parce que tu es devenu deux, vous êtes deux devant moi. »
Après avoir dit cela, Xiao YuAn attrapa le pot de vin à moitié rempli. Yan HeQing tenta de le lui enlever, luttant avec lui. Finalement, Xiao YuAn le serra contre lui et en vida le contenu dans son estomac, abandonnant le pot presque vide sur le sol. Il demanda ensuite à Yan HeQing avec un sourire : « As-tu déjà pensé à l’avenir ? »
Yan HeQing haussa doucement les sourcils : « L’avenir ? »
« Oui, l’avenir. »
Xiao YuAn s’appuya contre la rambarde, un bras autour de son genou, un sourire éclatant illuminant son visage :
« Je veux trouver un village tranquille, acheter un terrain, cultiver une ferme, ouvrir un magasin de vin ou faire du commerce. Même si le capitalisme est pourri, c’est quand même mieux que de ne pas avoir d’argent. Je me ferai de bons amis érudits, il n’y aura pas de tromperie, je n’aurai à soupçonner personne, et il n’y aura pas d’épée à mon cou. Je vivrai une vie libre, en toute sérénité.»
Yan HeQing se pencha et observa Xiao YuAn. Il resta silencieux pendant un long moment, comme s’il attendait qu’il continue. Finalement, ne pouvant plus attendre, il demanda : « Et alors ? »
Xiao YuAn le regarda, mais sentit que sa vision était un peu floue, il ne pouvait plus se concentrer : « Et alors ? »
Les yeux de Yan HeQing étaient d’une limpidité absolue, et sa voix très douce : « Où suis-je ? Et… et moi ? »
« Tu es… tu es… » Xiao YuAn tenta de se lever en se tenant à la balustrade, mais le vin l’avait trop étourdi. Sa bouche pâteuse ne parvenait plus à articuler les mots, mais dans son esprit, sa voix résonnait calmement, clairement.

Tu fais des remontrances à tous les Officiers des affaires civiles et militaires, tu brandis ton épée qui contrôle le monde entier, tu dors sur un lit qui sent bon. Toi et moi, nous sommes trop différents. L’un partira et l’autre sera indulgent, chacun suivant sa voie vers le bonheur.

Oui, Xiao YuAn comprenait que même s’il était désormais l’empereur du royaume du Nord, il espérait toujours que Yan HeQing gouvernerait le monde.
« Tu… tu peux… veux… veux me ramener… » Xiao YuAn ne put finir sa phrase et dut s’appuyer à la balustrade. Il tremblait, et la moitié de son corps bascula dans le vide.
Les yeux de Yan HeQing se rétrécirent. Il s’élança aussitôt, tendit la main vers Xiao YuAn et le rattrapa dans ses bras. Xiao YuAn s’écrasa contre lui, et tous deux s’étreignirent.
Sous la force de l’impact, ils titubèrent de quelques pas. Leurs pieds heurtèrent le pot de vin, renversant la liqueur. Son arôme doux emplit l’air, enivrant.
Le cœur de Yan HeQing battait si fort qu’il en eut le souffle coupé. Xiao YuAn gloussa deux fois.
Yan HeQing, le regard effréné, plongea ses yeux dans les siens, embués par l’ivresse. Et juste à cet instant, il entendit les murmures passionnés du monde des mortels soufflés à son oreille.
En cette longue nuit, le vent agitait leurs manches, et la lanterne rouge éclairait l’angle du balcon. Yan HeQing enlaça la taille de Xiao YuAn, se pencha soudainement et l’embrassa. Le parfum du vin était si enivrant qu’il lui fit oublier le tumulte du monde.
Xiao YuAn fut embrassé avec tant de passion qu’il ne parvint plus à respirer. Ses yeux s’ouvrirent avec difficulté ; il se sentit comme en transe. Ses pieds ne touchaient plus terre, comme s’il flottait dans un rêve, prêt à tomber dans les nuages. Il agrippa le col de Yan HeQing, le tira à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’une petite boîte tombe de ses manches.
Cela effraya Yan HeQing. Il interrompit aussitôt son geste, se pencha dans la panique pour ramasser la boîte, mais avant cela, il jeta un coup d’œil en arrière. Xiao YuAn était affalé contre la balustrade, si ivre qu’il s’était évanoui.
La petite boîte, tombée au sol, contenait un morceau de soie d’à peine deux pouces de long. Yan HeQing la ramassa vivement et la déroula. Ses yeux devinrent soudainement glacés.
Sur le tissu de soie, il n’y avait que quelques mots :

« Au début du troisième jour de mars, à l’auberge Baili à l’ouest de la Cité impériale, j’attendrai sept jours. Gardez le tissu de soie en guise de gage. »

Ce jour-là, on était le troisième jour de février.
Yan HeQing plia le tissu de soie très lentement, le remit dans la boîte et la cacha dans sa manche.
Puis, il porta Xiao YuAn sur son dos et, pas à pas, marcha lentement vers la chambre impériale, prenant soin d’être aussi silencieux que possible, s’arrêtant chaque fois que nécessaire.


Traducteur: Darkia1030

 

 

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