HSAV - Chapitre 53 - Il a dû mal comprendre.

 

Tous deux furent respectueusement accueillis dans la salle principale du manoir princier, et après un bref instant, un jeune homme vêtu d’un élégant brocart arriva.
Le Prince Wuning s’agenouilla et le salua : « Votre Majesté, pour quelle raison est-il venu honorer de sa présence impériale mon humble demeure ? »

Humble… humble demeure ?
Xiao YuAn jeta un œil autour de lui.
D’accord, si cela peut te faire plaisir.

Trop paresseux pour s’y attarder, Xiao YuAn déclara : « Je veux emprunter de l’argent. »
Le Prince Wuning crut avoir mal entendu : « Emprunter… quoi ? »
« De l’argent. »

Le Prince Wuning se mit à réfléchir à toute vitesse.
Que voulait dire l’Empereur ? Était-ce une mise à l’épreuve ? Une plaisanterie ? Et emprunter de l’argent ? Emprunter ? L’Empereur avait-il même besoin d’utiliser ce mot ? Combien voulait-il ? Dix mille taels d’or suffiraient-ils ? Même s’il parvenait à les réunir, cela faisait tout de même un peu mal.

« Que dit Sa Majesté ? Pourquoi aurait-elle besoin d’en emprunter ? De combien Sa Majesté a-t-elle besoin ? » demanda-t-il prudemment.

« Beaucoup. »

Le cœur du Prince Wuning se serra. Se pouvait-il que dix mille taels ne suffissent pas ?

« Deux cents taels. »

« Co… combien ? Deux cents taels ? »

« Oui, deux cents taels d’or. Est-ce trop ? »

« Non, pas du tout, je vais appeler quelqu’un pour les préparer. »

Le Prince Wuning sortit du hall principal sans bien comprendre ce qui se passait. Il appela aussitôt son serviteur et lui expliqua cette situation des plus étranges. Les deux chuchotèrent un moment, jusqu’à ce qu’ils parviennent à un accord.

L’Empereur, il…

…avait dû juger que son abstinence durait depuis trop longtemps !!!

Pour honorer la piété filiale envers le défunt Empereur, le jeune Souverain devait purifier ses six racines (NT : concept bouddhiste — rester à l’écart des tentations). Mais cette année, son anniversaire revêtait un caractère particulier, et après tout, il était difficile d’échapper à certaines pensées…
Craignant d’être surpris en train de faire des choses inappropriées dans le Palais, il devait sûrement se faufiler discrètement pour assouvir ses désirs !

Oui, cela devait être l’explication !

Le Prince Wuning, très satisfait de sa propre logique, donna alors les ordres avec confiance pour préparer rapidement les deux cents taels, puis retourna dans le hall principal, où il déclara à Xiao YuAn : « Votre Majesté, j’ai envoyé quelqu’un préparer les deux cents taels d’or, mais il y a encore quelque chose dont je souhaiterais discuter avec vous. »

Xiao YuAn, perplexe, demanda : « Ah ? De quoi s’agit-il ? »

Le Prince Wuning s’inclina : « Ce jour est l’anniversaire de Sa Majesté, et j’avais naturellement préparé un présent. Je comptais le lui offrir après le banquet, mais les circonstances malheureuses ont écourté l’événement, et je n’ai pu réaliser ce souhait. Maintenant que Sa Majesté honore ma demeure de sa présence, ce serait un plaisir si elle daignait accepter mon modeste cadeau. »

Xiao YuAn suivit le mouvement : « D’accord. »

« Je vais prier Sa Majesté de me suivre. »

Xiao YuAn et Yan HeQing échangèrent un regard, puis marchèrent au même rythme que le Prince Wuning.

Le manoir Wuning se révélait luxueux et splendide, orné de balustrades sculptées, de peintures raffinées, et d’un jardin de rocaille avec un étang de lotus. En observant les lieux, Xiao YuAn pensa que le Prince Wuning devait sûrement avoir accepté quelques pots-de-vin…

Ils traversèrent ensemble le pavillon du cloître jusqu’à s’arrêter devant la porte de la pièce de l’aile est. Le Prince Wuning fit un geste d’invitation, et Xiao YuAn, quelque peu dubitatif, ouvrit la porte. Yan HeQing le suivait de près, prêt à entrer, mais il fut arrêté par le Prince Wuning : « Garde du corps impérial xiao-ge (NT : petit frère), il vaut mieux que tu attendes dehors. »

Xiao YuAn insista : « Il ne peut pas venir avec moi ? »

Yan HeQing fronça les sourcils, le visage assombri.

Le Prince Wuning ne répondit pas, mais son sourire en disait long.

Xiao YuAn rit, un frisson lui parcourant l’échine. Il devina vaguement ce qui l’attendait à l’intérieur.

« Alors, attends-moi dehors. » déclara-t-il en tapotant l’épaule de Yan HeQing.

« Oui », répondit celui-ci en hochant la tête, tandis qu’il regardait Xiao YuAn pénétrer dans la pièce de l’aile.

La pièce de l’aile était immense, enveloppée d’une brume parfumée et persistante. La salle extérieure regorgeait de calligraphies rares, de toutes sortes de peintures et de trésors précieux. Xiao YuAn traversa le hall extérieur et pénétra dans la pièce intérieure, où il s’arrêta net.

Sur le grand lit, une gaze rouge s’entortillait, la literie était en désordre, et les corps de deux beautés vêtues de rouge à peine couvraient leur nudité. Enlacées, leurs peaux se frottaient l’une contre l’autre. Toutes deux paraissaient envoûtantes et haletaient doucement, leurs yeux de velours posés sans détour sur Xiao YuAn.

Celui-ci esquissa un sourire, se frotta les reins (NT : les reins sont associés à la sexualité en Chine) et détourna le regard, laissant les deux beautés sur le lit.

*

À l’extérieur de l’aile, alors que Xiao YuAn refermait la porte derrière lui, le Prince Wuning s’approcha soudain de Yan HeQing et murmura : « Prince du royaume du sud de Yan, Yan HeQing.»

Yan HeQing parut clairement stupéfait.

« Prince Yan, cela doit être difficile d’être si près de l’Empereur. »

Le Prince Wuning plissa légèrement les yeux, son ton devenant ambigu.

Les yeux de Yan HeQing s’écarquillèrent légèrement, son regard vacilla, incrédule. Il saisit soudain la poignée de l’épée attachée à sa taille, pinçant ses lèvres fines. Il réprima l’émotion dans son regard, qui devint extrêmement profond et ténébreux.

Le Prince Wuning fit un pas de plus, si bien que leurs corps se retrouvèrent presque collés. Il esquissa un sourire feint et recouvrit de sa main celle de Yan HeQing, qui tenait son épée. Ce geste, cette proximité, auraient pu paraître empreints de chaleur, mais Yan HeQing ne réagit pas avec colère : il resta figé, abasourdi.

Car l’autre venait de glisser quelque chose dans sa main.


Traducteur: Darkia1030

 

 

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