HSAV - Chapitre 43 - Les conditions nécessaires pour être un garde du corps impérial.

 

Xiao YuAn interrogea ensuite Hong Xiu à son sujet et découvrit que, depuis son arrivée au palais Jing Yang, Xie Chungui n’avait pu compter que sur lui-même.
La famille Xie appartenait à la caste militaire. De génération en génération, elle servit le Royaume du Nord avec loyauté et bravoure. Le père et le frère de Xie Chungui tombèrent au combat. Puis, lorsque vint son tour, le jeune monarque monta sur le trône. La famille Xie voulut alors que Xie Chungui se rende au palais impérial afin de rencontrer l’Empereur avant de rejoindre l’armée.
Mais, en fin de compte, le jeune monarque se montra stupide. Il crut que Xie Chungui n’était qu’un serviteur de la famille Xie et ordonna qu’on l’envoie au palais Jing Yang.

Dans le roman original, lorsque le vieux général Sun retourna dans sa ville natale, il demeura préoccupé par le sort du pays et du peuple. Il souhaitait promouvoir plusieurs jeunes talents, et pensa naturellement à Xie Chungui, de la famille Xie.
Le général Sun se précipita chez les Xie, mais apprit que, ah ! il se trouvait au palais Jing Yang ! Le vieux général en cracha du sang et faillit avoir une attaque. Il finit par adresser une lettre de remontrance à l’Empereur, fit sortir Xie Chungui du palais et l’envoya à la caserne. C’est ainsi que cela se passa.

Mais, à présent, le général Sun n’était pas retourné dans sa ville natale ; il commandait toujours ses propres troupes. Hélas, il n’avait pas songé à ce détail, et Xie Chungui demeura oublié au palais Jing Yang.

Ce fut désormais au tour de Xiao YuAn de vouloir cracher du sang et s’effondrer d’une crise cardiaque.

Lorsque Xie Chungui leva de nouveau la tête vers Xiao YuAn, il vit que son expression s’était assombrie. Bien qu’il eût pensé que Xiao YuAn ne l’autoriserait pas, il était jeune et obstiné : « Si Sa Majesté ne me le permet pas, alors je renonce à ces cent taëls d’or. Quand la guerre éclatera, il faudra des soldats, je m’engagerai alors ! »

Qui ne te le permettra pas !! Même si tu refuses, je te jetterai moi-même dans une caserne, rien que pour tes capacités militaires !!

Tandis qu’il réfléchissait ainsi, Xiao YuAn demanda avec un sourire : « Et s’il n’y a pas de guerre, si la paix perdure ? »

Xie Chungui réfléchit un instant, puis déclara : « Alors nous marcherons vers le sud, reprendrons le royaume du Sud de Yan, puis nous avancerons vers le Wu oriental. Maintenant que nous avons un million de soldats dans le Nord, nous pouvons sans doute étendre notre territoire et surpasser le reste du monde ! »

Xiao YuAn resta sans voix. Après un moment, il dit : « Dans quelques jours, je t’emmènerai rencontrer le général Sun. Prépare-toi. »

Les yeux de Xie Chungui brillèrent, et il s’agenouilla au sol : « Merci, Votre Majesté. »

Xiao YuAn sortit de la cour et se rendit directement dans la chambre de Yan HeQing.
Yan HeQing faisait ses bagages ; puisque Xiao YuAn avait annoncé qu’il observerait une période de piété filiale, le palais Jing Yang allait peut-être être converti en temple taoïste, voire en sanctuaire.

En réalité, Yan HeQing n’avait pas grand-chose à emporter : seulement quelques vêtements légers, une longue épée, et une épingle à cheveux en jade. On aurait pu dire que, plus que préparer ses affaires, il tuait le temps, cherchant à tromper l’ennui.

Lorsque Xiao YuAn arriva, Yan HeQing était assis à une table, nettoyant la lame de son épée. Xiao YuAn entra sans annoncer sa présence : « Ah, ce garçon… Il a le sang si chaud. Franchement, il a l’audace de vouloir commander un million de soldats en armure. Comme des papillons de nuit, ils suivront sa flamme ardente juste pour s’entraîner. Ses os et sa chair nourriront les ventres pourris des fonctionnaires corrompus. » (NT : il sera comme une arête dans leur gorge)

Yan HeQing était depuis longtemps habitué aux monologues matinaux de Xiao YuAn, et ce dernier savait aussi qu’il pouvait tout dire devant lui sans crainte.

Xiao YuAn s’assit à la table, l’air détendu. Il posa sa tête sur ses bras et, tout en se reposant, leva les yeux vers Yan HeQing : « Une fois la démobilisation achevée, je veillerai à ce que tu retournes à la Chambre des affaires intérieures. »

Yan HeQing acquiesça, puis rangea son épée dans son fourreau.

Xiao YuAn lui demanda avec un sourire : « L’eunuque Zhao de la Chambre des affaires intérieures veut te nuire. N’as-tu pas peur ? »

Yan HeQing répondit avec indifférence : « Cela vaut-il la peine d’en avoir peur ? »

« Je suis sérieux. Et si un jour, je cesse de te prêter attention ou de te protéger, que feras-tu s’il te brise les bras et les jambes ? » dit Xiao YuAn en redressant la tête, feignant l’intimidation.

Yan HeQing lui demanda soudain, à la place : « Pourquoi tiens-tu autant à moi ? »

Parce que je veux que tu aies une bonne impression de moi ! Pour éviter que tu ne me tues un jour !!!

Xiao YuAn ne lui répondit pas. Il posa plutôt la tête dans ses mains, songeant qu’en son absence, Yan HeQing et la princesse Yongning se seraient sans doute déjà épris l’un de l’autre. Xiao YuAn devait assumer la responsabilité du fait que Yan HeQing n’avait encore jamais rencontré sa première épouse.

De plus, ces derniers jours, Yan HeQing n’était plus simplement un personnage de roman dans le cœur de Xiao YuAn. Il était devenu un homme de chair et de sang, capable de ressentir la joie comme la douleur. Peu à peu, il s’imprimait dans le cœur de Xiao YuAn — par touches subtiles, mais sûres — jusqu’à y trouver sa place.

Xiao YuAn leva la tête et sourit : « Yan HeQing, pourquoi ne deviens-tu pas mon garde du corps impérial ? Je saurai te protéger, et jamais je ne laisserai quiconque te blesser. »

Yan HeQing le fixa. La peau lisse et douce de son visage était d’une beauté remarquable, mais ce qu’il voyait réellement chez Xiao YuAn, ce n’était pas son apparence : c’étaient ses yeux — purs comme du jade noir, toujours limpides, chaleureux, empreints de douceur.

Alors, Yan HeQing se souvint d’un moment survenu juste avant la destruction complète du royaume du Sud de Yan, lorsque le palais impérial menaçait de s’effondrer. À cet instant, sa mère lui avait saisi la main avec une poigne féroce. Ses ongles s’étaient enfoncés dans sa chair, et son sang s’était mis à couler comme des larmes. Sa voix, pleine de haine, était si déchirante qu’elle semblait pouvoir recracher du sang : « Après cela, tu marcheras seul sur toutes les routes. Personne ne pourra te protéger, mais tu devras vivre. Tu dois vivre ! »
Puis, sans la moindre hésitation, sa mère s’était jetée dans le puits profond du palais.

Continuer à vivre s’était révélé si épuisant, si difficile. Même sa mère n’avait pu le supporter. Et pourtant, il lui fallait survivre — ce paradoxe lui semblait profondément absurde.

Mais c’était à cause de cette injonction que, plus tard, lorsque les prisonniers du royaume du Sud de Yan furent contraints de marcher vers le Nord, enchaînés lourdement, même lorsque les soldats leur lançaient de la terre et riaient tout en proférant des injures, même lorsque les prisons du Nord ressemblaient à des enfers peuplés de spectres, même lorsqu’il était projeté au sol, la tête enfoncée dans l’eau croupie, et que le fouet de fer s’abattait sans pitié sur son corps nu — jamais il ne songea vraiment à se suicider.

Il est terriblement difficile de vivre avec ces trois mots simples.

« Yan HeQing ! Yan HeQing ! »

Quand il revint à lui, Yan HeQing aperçut Xiao YuAn qui l’appelait à plusieurs reprises, tout en lui saisissant le poignet.

« Que fais-tu ? Ce n’est pas douloureux ? » demanda Xiao YuAn, anxieux et désemparé.

Il ouvrit doucement les doigts de Yan HeQing, et ce ne fut qu’à ce moment-là que celui-ci s’aperçut qu’il avait serré son poing si fort que sa paume s’était écorchée, laissant couler du sang.

Xiao YuAn prit un chiffon de soie propre et banda la main de Yan HeQing pour arrêter le saignement. Il comprit aussitôt que ses paroles avaient ravivé chez Yan HeQing le souvenir de sa mère. Avant sa propre tentative de suicide, Xiao YuAn avait toujours eu l’habitude de s’occuper des autres, et ces mots lui avaient échappé sans réflexion. Pourtant, en les prononçant à la légère, il avait réveillé une douleur profondément enfouie.

Yan HeQing regarda le tissu de soie maculé de sang enroulé autour de sa main. Il le serra, puis desserra lentement ses doigts : « Je... »

Xiao YuAn l’interrompit sans hésiter : « Tu es ce que tu es. Prépare tes affaires et rejoins-moi dans la deuxième salle du Palais impérial. »

La deuxième pièce se trouvait à l’ouest de la chambre impériale de Xiao YuAn. C’était également la résidence des gardes du corps impériaux.

Yan HeQing prit le tissu de soie à deux mains, puis posa les yeux sur Xiao YuAn. Ses prunelles froides se fondirent lentement dans la chaleur de celles de l’autre. Les coins de ses lèvres se soulevèrent à peine, et le ton de sa voix se raffermit imperceptiblement : «D’accord. »

 

Traducteur: Darkia1030