HSAV - Chapitre 42 - Les conditions nécessaires pour gâter le protagoniste.
Après avoir écouté la méthode de Xiao YuAn, Yan HeQing demanda avec légèreté : « Un si grand mouvement ne provoquera-t-il pas inévitablement des troubles ? »
« Bien sûr que si. » La voix de Xiao YuAn se fit légère, et il sourit joyeusement. Il s’arrêta pour jouer avec la neige accumulée sur les balustrades du couloir et déclara : « Depuis les temps anciens, les parents et beaux-parents se sont toujours mêlés à la politique. Et comme je n’ai pas de concubines, certains puissants n’ont d’autre choix que de s’appuyer sur les concubins masculins. Sais-tu combien de parents masculins de hauts fonctionnaires sont présents dans le harem ? Donc, si je renvoie tous les concubins, certaines personnes paniqueront, c’est certain. »
« Tu veux donc centraliser le pouvoir ? Les renvoyer ? » Yan HeQing regarda Xiao YuAn rouler la neige pour en faire deux grosses boules qu’il empila l’une sur l’autre.
« Ça ne compte pas vraiment. Après tout, ce ne sont pas de véritables concubins. Ils n'ont aucun rang officiel – ils sont là principalement pour plaire à l’Empereur. En réalité, je m’inquiète davantage pour toi. »
(NT : les épouses et concubines étaient très hiérarchisées, les concubins masculins n’étaient pas reconnus officiellement)
« Pour moi ? »
« Oui. » Xiao YuAn jeta un coup d’œil autour de lui, ramassa deux fines branches et les planta sur les côtés de la boule de neige, la transformant en un petit bonhomme de neige. Puis, il leva les yeux vers Yan HeQing et lui sourit : « En ce moment, tu fais partie des trois mille beautés du harem, et tu partages leur affection. »
(NT : référence directe à un poème chinois classique, ‘Chant de la Beauté ‘, souvent attribué à Li Yannian, un musicien de la cour impériale de la dynastie Han.)
« Sans parler de la personne au Palais Jing Yang qui te jalouse et souhaite ta mort. Tu es le Prince du Royaume du Sud Yan, et je suis l’Empereur du Royaume du Nord. Sais-tu ce que cela signifie si la rumeur selon laquelle je t’aime et ne favorise que toi vient à se répandre hors du palais ? On parlera de chaos, de charme de renard (NT : séducteur et esprit maléfique dans la mythologie chinoise). Ce genre de chose est ignoble à entendre, et je ne veux pas que tu sois la cible de ces jugements. Alors je vais simplement dissoudre le harem et faire croire au monde que je n’aime plus les hommes. »
Xiao YuAn dessina les yeux et la bouche du bonhomme de neige du bout des doigts, puis épousseta la neige de ses mains.
Yan HeQing demeura silencieux. La lumière de la lune caressait son visage d’une beauté inégalable, rendant ses traits difficiles à déchiffrer.
« Allons-y, il fait trop froid dehors. »
Xiao YuAn, qui s’était amusé comme un enfant à jouer dans la neige quelques instants plus tôt, prit soudain conscience du froid mordant. Il resserra sa robe autour de lui et heurta légèrement Yan HeQing de son épaule, pour plaisanter.
Yan HeQing revint à lui et hocha doucement la tête.
*
Le jour suivant, une grande agitation secoua le Palais Jing Yang.
Car, dès le matin, lors de la réunion de la Cour, l’Empereur annonça solennellement à tous les hauts fonctionnaires civils et militaires qu’il respecterait une période de piété filiale et d’abstinence en raison du décès de feu l’Empereur – et ce, pour une durée de trois ans.
L’assemblée entière en resta stupéfaite.
Voilà près d’un an que le défunt Empereur avait quitté ce monde. Que signifiait cette soudaine piété filiale ?
À l’époque, lors de la mort de l’ancien souverain, n’avait-on pas vu nombre de personnes conseiller à l’actuel Empereur de pratiquer cette piété et de se tenir éloigné des plaisirs ? Pourquoi annoncer cela aujourd’hui ?
Pendant un moment, la Cour Impériale ne fut que tumulte. Les gens allaient et venaient en tous sens, les murmures se mêlaient aux soupçons, et chacun spéculait à voix basse.
Mais Xiao YuAn s’en soucia fort peu. Il demanda simplement à Hong Xiu de rassembler tous les concubins masculins dans la cour principale du Palais Jing Yang.
En tant qu’ancien président d’entreprise, Xiao YuAn savait comment gérer les licenciements avec diplomatie.
Indemnités, opportunités futures : il fallait que le départ soit aussi satisfaisant pour eux que pour lui.
Autrement dit, il fallait offrir une compensation suffisante pour leur permettre de rebondir. Et tout irait bien.
Devant les concubins agenouillés, Hong Xiu expliqua d’un ton calme les dispositions prises par Sa Majesté dans le cadre de sa piété filiale : « Sa Majesté se souvient des sentiments partagés, même dans l’intimité. C’est pourquoi il vous offrira à tous cent liang d’or. Une fois la récompense perçue, vous pourrez retourner à vos quartiers, faire vos bagages et quitter le Palais Impérial. »
Cent liang d’or ! Une somme colossale. À moins de naître dans une famille de hauts fonctionnaires ou de riches marchands, on n’en voyait jamais autant dans toute une vie.
Mais malgré cela, aucun d’eux n’osa bouger, de peur qu’il ne s’agisse d’un stratagème de l’Empereur pour sonder leur loyauté. Se relever pourrait coûter leur tête.
Xiao YuAn sourit avec impuissance et ne put s'empêcher de penser : l'impression obscène que ce jeune monarque avait laissée à ces personnes était décidément bien ancrée.
« Ajoute une autre récompense. Si l’un d’entre vous a déjà été fonctionnaire, il pourra être réintégré à son poste d’origine. »
Un silence de mort s'abattit sur la cour principale du palais Jing Yang.
L’un d’eux garda la tête baissée, ses mains posées au sol se crispèrent lentement en poings. Le gravier meurtrit ses ongles et entailla le bout de ses doigts, couvrant ses paumes de sang. Puis, il se leva.
Xiao YuAn fixa Qin Yu. Il portait toujours des habits rouges, son regard demeurait aussi charmant qu’à l’accoutumée, mais son expression n’avait plus rien de celle qu’il avait affichée la première fois qu’ils s’étaient rencontrés.
Qin Yu baissa la tête, puis, pas à pas, il quitta la cour d’un pas lourd et lent. Il ne jeta pas un seul regard à Xiao YuAn.
Ce dernier pensa qu’il aurait dû lui dire quelque chose, mais il ignorait quoi.
C’était comme dans le livre original.
Lorsque le jeune monarque avait vu Qin Yu pour la première fois, il était resté bouche bée, tel un garçon prépubère. Son visage s’était empourpré pendant un long moment, et à la fin, il n’avait su prononcer le moindre mot.
Et encore une fois, dans le livre original.
Lorsque le royaume du Nord fut détruit, le jeune monarque empoisonna tous les concubins. Mais quand Qin Yu s’apprêta à boire le vin empoisonné, il lui fit lâcher la tasse de porcelaine d’un coup. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais sanglota en silence à la place.
Toujours, dans le livre original.
Lorsque le jeune monarque voulut s’échapper vers le nord, d’innombrables personnes lui dirent que Qin Yu le trahirait. Il se contenta de renifler froidement, sans répondre.
Et encore dans le livre original.
Même après avoir été trahi par Qin Yu et capturé par Yan HeQing devant les portes du Palais Impérial, il lutta encore et cria : « Dites à Qin Yu ! Que je… je… »
Ce qui devait suivre, il ne le prononça jamais. Pas même avant de mourir.
Après le départ silencieux de Qin Yu, beaucoup commencèrent à se lever et à s’éloigner précipitamment. Finalement, cinq personnes restèrent agenouillées au sol. Quatre d’entre elles tremblaient de peur. Mais un jeune homme, en particulier, demeurait droit, les yeux baissés, les poings serrés. Sa posture à genoux était si singulière que Xiao YuAn ne put s’empêcher de le fixer davantage.
« Avez-vous été envoyés ici par Wuning Wangye ? » demanda-t-il aux quatre hommes terrorisés. (NT : Wuning Wangye est un officier qui apparaîtra plus tard.)
Les quatre hommes se regardèrent et acquiescèrent d’un hochement de tête.
« Vous pouvez partir. Wuning Wangye ne vous fera aucun mal », les rassura doucement Xiao YuAn.
Les quatre hommes hésitèrent encore, mais Hong Xiu, perdant patience, s’exclama d’un ton moqueur : « Qu’attendez-vous ? Vous voulez perdre la tête ? »
Ce n’est qu’à cet instant que les quatre hommes se levèrent enfin et quittèrent la cour précipitamment, pris de panique. Le seul à rester fut le jeune homme, toujours agenouillé en silence. Hong Xiu s’apprêtait à le menacer d’un ton acide, mais Xiao YuAn l’arrêta.
« Votre Majesté. » Le jeune homme parla lentement. « Je ne veux pas des cent liang d’or. »
L’intérêt de Xiao YuAn pour lui grandit. « Alors que veux-tu ? »
Le jeune homme releva la tête. Ses yeux brillaient comme des torches ardentes. « Je veux devenir soldat. »
Devenir soldat ? Avait-il bien entendu ?
Jeune homme, tu n’es plus un simple ruisseau clair… Tu es devenu une cascade de montagne.
Xiao YuAn demanda : « Comment t’appelles-tu ? »
Le jeune homme répondit : « Xie Chungui. »
Xiao YuAn inspira brusquement, manquant de s’étouffer avec sa propre salive. Il se frappa la poitrine d’un coup sec, puis répéta : « Xie… Xie quoi ? »
« Xie Chungui. »
Xie ? Chun ? Gui ?!
Pourquoi un homme aussi fort, à l’âme brûlante, avait-il été choisi pour devenir un charmant compagnon destiné à réchauffer le lit impérial ?
Xie Chungui était une légende dans le livre original.
Dans le roman, après que le général Sun se fut mis en colère contre l’Empereur et quitta l’armée pour retourner chez lui, il ne resta que deux généraux dans le royaume du Nord.
Mais les ennemis les acculèrent :
De ces deux généraux, l’un fut vaincu par Yan HeQing, se rallia à lui et devint un traître.
L’autre, dès que l’ennemi approcha, rangea ses affaires et s’enfuit.
Dans ces circonstances, la tâche de diriger l’armée pour vaincre l’ennemi revint à Xie Chungui.
Mais Xie Chungui était trop jeune pour gagner la confiance des soldats. À la fin, l’armée du Nord se rebella et prit la fuite.
Xie Chungui, seul, s’appuya alors sur sa propre force. Il rassembla les blessés et les éclopés pour contre-attaquer, parvint à repousser l’ennemi et à bloquer Yan HeQing à la frontière du Royaume du Nord pendant près d’un demi-mois.
On peut dire qu’il fut l’un des adversaires les plus redoutables que Yan HeQing ait affrontés dans sa carrière.
Pour le Royaume du Nord, Xie Chungui était comme l’éclair ! Comme la lumière ! Une légende vivante au milieu d’une horde aveugle et barbare !
À ce moment-là, Xiao YuAn ne put s’empêcher de hurler intérieurement :
Pourquoi es-tu au Palais Jing Yang !! Pourquoi n’es-tu pas au camp militaire !!! Tu ne peux pas mourir si tôt !!! Seras-tu capable de défendre le Royaume du Nord quand le moment viendra !!! Ou seras-tu simplement écrasé par Yan HeQing !!!
Traducteur: Darkia1030
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