HSAV - Chapitre 37 – Complot prémédité.
Le pied de Xiao YuAn était foulé et non disloqué. Le médecin impérial déclara qu’un peu de repos pendant quelques jours suffirait.
Alors Xiao YuAn mangea et but paresseusement, allongé chaque jour comme un cadavre.
Le troisième jour, la princesse Yongning vint rendre visite au patient, et derrière elle se trouvait Cui’er, la femme de chambre qui ressemblait à Lu Zhishen. Cui’er, très timide, baissa la tête et fit quelques pas sans regarder où elle allait, heurtant ainsi accidentellement un garde posté à la porte de la chambre impériale. Avec un cri, elle entra timidement dans la chambre à coucher. Le garde, quant à lui, s’affala au sol, convaincu d’avoir une côte brisée.
La princesse Yongning s’assit au bord du lit, les yeux emplis d’inquiétude. « Frère impérial, comment se fait-il que tu sois malade puis blessé coup sur coup ? »
Xiao YuAn la rassura : « Je me suis juste foulé la cheville par accident, ne t’en fais pas. »
« Eh bien, frère impérial, Yongning a préparé du porridge pour toi. » Sur ces mots, elle fit signe à Cui’er, qui s’empressa d’apporter une exquise boîte à nourriture en bois.
En voyant Hong Xiu s’approcher, la princesse Yongning saisit la boîte elle-même et déclara avec un sourire : « C’est bon, je vais m’en occuper, le sucre n’a pas encore été ajouté. »
Hong Xiu hocha la tête et se retira.
Un doux parfum émanait de l’intérieur de la boîte. Xiao YuAn se redressa et se pencha : «Quel genre de bouillie est-ce ? »
La princesse Yongning sourit : « Porridge aux fleurs de poire des neiges. »
(NT : Pyrus nivalis, La plante tire son nom de la pubescence blanche comme neige des feuilles et des pousses. Les fruits ne se mangent pas, étant trop acides. Aussi métaphore de la pureté et d’affection sincère)
Xiao YuAn tomba aussitôt du lit.
Un cri de surprise retentit dans la chambre, et la princesse Yongning, effrayée, s’empressa de l’aider à se remettre sur le lit : « Frère impérial, fais attention. »
Xiao YuAn demanda en tremblant : « T-tu as dit, quelle bouillie ? »
La princesse Yongning, déconcertée, répondit : « Porridge aux fleurs de poire des neiges. »
« Cuisiné avec les fleurs de poirier séchées au soleil depuis août dernier ? »
« Eh ? » s’étonna-t-elle. « Frère impérial, qu’y a-t-il ? Pourquoi sembles-tu si effrayé ? »
Comment Xiao YuAn aurait-il pu ne pas l’être !!!
Porridge aux fleurs de poire des neiges ???
Dans le livre original, c’était le tout premier signe d’affection de Yan HeQing envers la princesse Yongning, celui qui avait fait éclore leurs sentiments jusque-là inavoués !!
Dans le livre original, Yan HeQing, alors garde du corps impérial, avait été émerveillé après avoir goûté au porridge de fleurs de poire des neiges préparé de ses propres mains par la princesse ; celle-ci avait alors souri, les yeux plissés : « Si tu l’aimes, puis-je t’en refaire ? »
Le cœur de Yan HeQing s’était réchauffé. Il se remémora pendant plusieurs jours la gentillesse de la princesse Yongning et combien elle était douce. Alors, des pensées amoureuses commencèrent à éclore !
Et l’auteur soulignait bien que, cette année-là, les poiriers n’avaient donné que quelques fleurs, tout juste assez pour une seule portion de porridge. Dans le livre original, seul le protagoniste masculin Yan HeQing avait eu le privilège de goûter à ce porridge rare.
Le cœur de Xiao YuAn battait à tout rompre : Alors pourquoi l’as-tu préparé ! Non seulement tu l’as fait, mais tu me l’as apporté !!! Je vais mourir jeune !! C’est l’intrigue du porridge aux fleurs de poire des neiges, mais les deux personnages ne se sont même pas encore rencontrés !! Pas ! Encore ! Rencontrés !
Xiao YuAn se sentit littéralement étouffer.
La princesse Yongning ouvrit la boîte de nourriture en bois. Tenant la pince, elle ajouta du sucre dans la bouillie douce et parfumée : « Frère impérial aime les sucreries, alors j’ai mis un peu plus de sucre. »
Peu importe ce que j’aime ou non !! Ce qui compte, c’est ce que Yan HeQing aime !!
La princesse Yongning saisit la cuillère en bois, remplit un petit bol et le tendit à la bouche de Xiao YuAn : « Frère impérial, goûte-le, s’il te plaît. »
Xiao YuAn prit le bol et avala une gorgée de bouillie ; ses yeux s’illuminèrent aussitôt.
Délicieuse !! Et c'était la bouillie que seul le protagoniste masculin avait le droit de goûter !!!
Xiao YuAn ingéra la bouillie avec des sentiments profondément contradictoires. Il en fit l’éloge et déclara : « Mes lèvres et ma langue en conservent le parfum, l’arrière-goût est infini, c’est un délice. »
La princesse Yongning reprit le bol, ravie : « C’est merveilleux que le frère impérial l’ait tant apprécié. Et si Yongning préparait à nouveau ce porridge pour frère impérial, cela te plairait ? »
Le visage de Xiao YuAn se décomposa.
Peut-on arrêter de me donner tous les rôles principaux dans les scènes réservées au héros et à l’héroïne ? Je ne peux pas endosser tout ça !
« Mais il en reste encore beaucoup. Frère impérial en veut-il davantage ? » demanda la princesse Yongning en regardant la boîte de nourriture.
« Je vais le boire ! » s’écria Xiao YuAn soudainement. « Laisse-la ici, j’en prendrai encore dans un moment. »
« Bien. » La princesse Yongning sourit avec bonheur.
Elle bavarda un instant avec Xiao YuAn, puis quitta la chambre impériale.
*
Après son départ, Xiao YuAn se redressa d’un coup. Il rangea la boîte de nourriture, ignora sa blessure à la cheville, et insista pour se rendre au palais Jing Yang.
Yan HeQing fut surpris par son apparition soudaine. Xiao YuAn posa la boîte sur la table, souleva le couvercle et remplit un bol. Craignant que l’autre refuse de boire, il insista : «Bois, bois, bois. »
Bien que Yan HeQing ne comprît rien à la situation, il prit tout de même une gorgée de la bouillie gluante tendue par Xiao YuAn.
« Alors, c’est comment ? » demanda ce dernier.
Yan HeQing fronça les sourcils : « C’est trop sucré. »
La main de Xiao YuAn trembla, manquant de peu de laisser tomber le bol en porcelaine.
Trop sucré ? Sucré ??
Tu ne devrais pas plutôt user des plus beaux mots du monde pour louer ce porridge ? Qui t’a donné le courage de ne pas l’aimer ? Tu refuses ta future épouse ou quoi !
Xiao YuAn demanda : « Tu ne ressens rien ? »
« Ressentir quoi ? »
Bien sûr que si ! Des palpitations ! L’élan du premier amour ! L’émoi d’une jeune fille… Pah ! Une émotion sincère, bon sang !
« Tu dois tout boire. » Xiao YuAn poussa la boîte vers Yan HeQing.
Celui-ci le fixa, puis avala lentement la bouillie jusqu’à se sentir rassasié.
Xiao YuAn demanda, nerveux : « Alors ? C’était comment ? »
Yan HeQing se servit une tasse d’eau et la porta à ses lèvres : « Légèrement gras. »
« … » Xiao YuAn se leva. « Je reviendrai demain matin. Il faut que je te présente quelqu’un de spécial, c’est indispensable ! »
Yan HeQing but de l’eau, tentant de chasser la sensation de graisse qui lui restait en bouche, tout en écoutant les élucubrations de Xiao YuAn à propos d’une intrigue, d’un rôle masculin et d’un rôle féminin. Finalement, Xiao YuAn insista de nouveau sur le fait qu’il reviendrait le lendemain matin, poussa un long soupir et partit.
Yan HeQing resta perplexe, se demandant pourquoi Xiao YuAn semblait si attristé par le fait qu’il n’ait pas terminé la bouillie.
Il posa une main sur son menton et baissa les yeux. Soudain, il perçut quelque chose d’anormal. Il se leva et alla ouvrir la fenêtre. Le vent était glacial, de la glace et de la neige couvraient les alentours. Yan HeQing plissa légèrement les yeux. Après avoir observé les lieux et constaté que tout semblait en ordre, il conclut qu’il se faisait des idées et referma la fenêtre.
Au même moment, un homme se dissimulait derrière un grand arbre dans la cour.
Il était mince et agile. Voyant Yan HeQing refermer la fenêtre, il poussa un long soupir de soulagement, essuya la sueur froide sur son front et s’élança vers une autre aile du palais Jing Yang.
Il atteignit la chambre de Qin Yu.
Ce dernier faisait nerveusement les cent pas à l’intérieur, rongé par l’angoisse que quelque chose ait mal tourné, que tout soit découvert.
Qin Yu craignait la mort. C’est pourquoi il n’avait jamais osé désobéir à l’ordre de l’Empereur, acceptant de rejoindre le harem impérial. Par peur de mourir, lorsque le jeune monarque lui confia son amour, il dut refouler son dégoût et simuler flatterie et charme. Par peur de la mort, son tempérament autrefois fort devint peu à peu irritable et hypersensible. Il fut un temps où il était franc et dénué de calcul, mais il n’eut d’autre choix que de devenir manipulateur. Après tout, dans ce palais saturé de malveillance, il n’y avait aucune place pour la sincérité.
Soudain, on frappa à sa porte. Pris de panique, Qin Yu se précipita pour ouvrir.
L’homme entra vivement dans la pièce et referma aussitôt la porte derrière lui : « Qin-gongzi, Sa Majesté reviendra voir Yan HeQing demain matin. »
En entendant la nouvelle, Qin Yu hocha la tête, se leva, prit un sac d’argent dans une armoire en bois et le tendit à l’homme maigre. Celui-ci le remercia à plusieurs reprises, puis Qin Yu lui ordonna : « Va demander à Xiao Fengyue s’il s’est décidé, compris ? »
Traducteur: Darkia1030
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