HSAV - Chapitre 175 - De quoi les gens ont-ils peur quand ils dorment ?

 

Xiao YuAn resta stupéfait un instant, traîné dans la grotte. Lorsque l’homme barbu le relâcha, il s’agenouilla devant lui : « Votre Majesté, je suis le général adjoint du général Li Wuding. Vous ne me connaissez peut-être pas, mais ne vous inquiétez pas, je sais comment sortir d’ici. Cet humble vous escortera. »

« Je… je ne suis pas… » La voix de Xiao YuAn trembla légèrement alors qu’il tendait la main pour relever l’homme barbu. « Ne t’agenouille pas devant moi. Lève-toi. »

L’homme barbu refusa de se lever et insista : « Votre Majesté, vous devez croire que cet humble va vous sortir d’ici. J’ai déjà préparé cet endroit et une voie d’évacuation depuis longtemps. Votre Majesté, vous avez assez souffert. Emprisonné dans le pays de l’ennemi, endurant l’humiliation et subissant l’intimidation par d’autres… »

Xiao YuAn l’interrompit soudain : « Non, je suis ici de mon plein gré. »

La voix du barbu s’interrompit brusquement, comme une corde brisée du Guqin. Ses épaules s’affaissèrent. Lorsqu’il regarda Xiao YuAn, son visage exprimait une incompréhension totale : « Vous… vous restez volontairement ici ? Comment pouvez-vous… comment pouvez-vous rester ici volontairement ? »

Xiao YuAn tendit la main pour l’aider à se relever : « Je suis juste… je vis juste ici, comme toi. »

Au sommet de la falaise, quelqu’un commença à crier le nom de Xiao YuAn ; le son parvint faiblement jusqu’à eux dans la grotte.

L’homme barbu s’agenouilla de nouveau, cette fois sur les deux genoux : « Votre Majesté, j’ai passé la moitié de ma vie à me battre pour le Royaume du Nord, et je n’ai jamais douté pendant tout ce temps. J’ai eu de nombreux camarades, mais tous sont morts au combat. J’étais le seul à avoir survécu, et depuis, ma conscience me tourmente chaque jour. J’ai rêvé de ces morts un nombre incalculable de fois. Dans ces rêves, ils me frappaient dans le dos et me demandaient pourquoi j’étais encore en vie. Votre Majesté, pouvez-vous me dire pourquoi je suis encore en vie ? »

Xiao YuAn ne pouvait supporter de voir l’homme barbu s’incliner ainsi ; il s’agenouilla lui aussi et dit : « Je ne suis pas l’Empereur du Royaume du Nord… »

Le barbu l’interrompit : « Votre Majesté ! Même si notre pays a été conquis, vous êtes toujours notre empereur. Le titre de Monarque du Royaume du Nord est gravé dans vos os et vous suivra toute votre vie. Même si vous changez de nom, même si vous le niez, tout cela ne sert à rien. Votre Majesté, quittons cet endroit ; peut-être pourrons-nous encore nous relever et reprendre le Royaume du Nord ! »

Les mots de l’homme barbu frappèrent Xiao YuAn comme un fouet de fer avec des épines (NT : idiome signifiant une critique dure et pénétrante). Chaque phrase était une gifle pour son cœur, jusqu’à ce que la douleur devienne si intense qu’il ne distinguait plus son propre visage. Xiao YuAn ne put répondre.

Soudain, l’homme barbu sortit un poignard de sa ceinture : « Votre Majesté, ne voulez-vous vraiment pas quitter cet endroit ? »

Xiao YuAn resta silencieux.

« Très bien… alors pardonnez à cet humble d’être grossier. Je partirai en premier. J’avais cette intention depuis longtemps, mais je n’osais me décider. Aujourd’hui, en vous voyant, je n’ai pu m’empêcher de penser que le sens de ma vie était de vous retrouver et de vous extraire du Royaume du Sud Yan. Mais je ne m’attendais pas à ce que Votre Majesté refuse de partir… qu’il accepte d’être prisonnier… De quoi je parle ? Qui suis-je pour blâmer Votre Majesté ? Alors que moi aussi j’ai trahi mes frères d’armes et me suis rendu à l’ennemi… »

Soudain, il rejeta la tête en arrière et éclata de rire, jusqu’à être essoufflé, comme s’il avait perdu la raison. Xiao YuAn pensa qu’il parlait de partir, mais l’homme barbu leva brusquement son poignard, pointu et glacé.

Xiao YuAn cria immédiatement en se précipitant : « NON ! »

Mais il était trop tard. L’homme barbu se trancha la gorge, et le sang chaud éclaboussa le visage de Xiao YuAn, amenant avec lui une odeur métallique écrasante.

Tout à coup, Xiao YuAn fut ramené à l’époque où il travaillait dur chaque jour, essayant minutieusement de sauver le Royaume du Nord. Mais à la fin, il se sentit de nouveau impuissant et craignit la volonté des Cieux, l’entraînant encore et encore dans l’abîme.

Le corps de Xiao YuAn trembla de façon incontrôlable, tandis que ses oreilles résonnaient du son répété de quelqu’un appelant « Votre Majesté ». Ces voix mêlées étaient comme des milliers de fantômes pleurant et hurlant de détresse.

Xiao YuAn leva soudain la main et se frappa violemment le visage. Puis il se tint la tête entre les mains.

Lorsqu’un garde du corps impérial descendit la falaise pour le retrouver, il constata que l’homme barbu avait déjà rendu son dernier souffle. Xiao YuAn était recroquevillé sur le sol, couvert de sang. Le garde du corps s’avança précipitamment : « Xiao-gongzi, ça va ? Je vais vous emmener, puis nous irons faire un rapport à Sa Majesté… »

Xiao YuAn leva brusquement la main, attrapa le bras du garde, leva la tête et dit : « Ne le dites pas à votre empereur. Ne dites rien. »

Toues deux avaient convenu que Yan HeQing serait responsable de diriger le pays et l’État, donc Xiao YuAn devait s’occuper de ces choses.

*

À ce moment-là, Yan HeQing lisait les documents officiels lorsqu’il entendit soudain un rapport des gardes du corps impériaux : « Votre Majesté, le général Xue a dit qu’il avait quelque chose d’important à signaler. »

Yan HeQing leva la tête des monuments commémoratifs, fronça légèrement les sourcils et dit : « Laissez-le entrer. »

Après un court instant, Xue Yan entra, serra le poing et s’agenouilla : « Votre Majesté. »

« Général Xue, vous pouvez vous lever. » Bien que Yan HeQing restât courtois, son attitude n’était ni froide ni chaleureuse. Il n’appela même pas Xue Yan « Oncle » comme il le faisait par le passé.

Xue Yan se leva et dit : « Votre Majesté, des soldats de l’armée avaient comploté une rébellion. Nous les avons découverts à temps et avons pris des mesures. »

Yan HeQing répondit : « Hmm, le général Xue a travaillé dur. »

Xue Yan reprit : « Votre Majesté, la raison de cette rébellion est que certains généraux adjoints ont entendu dire que vous protégiez l’ancien empereur du Nord… »

Yan HeQing l’interrompit d’une voix lourde : « Général Xue, y a-t-il autre chose que vous souhaitez signaler ? Sinon, vous pouvez repartir et vous reposer. »

Xue Yan resta abasourdi. Après un instant d’hésitation, il mit son poing en coupe et se retira. Cependant, une fois qu’il eut fait demi-tour, il s’exclama soudain : « HeQing, dis-moi. Veux-tu l’amour, ou veux-tu ta famille et ton pays ? Veux-tu rester avec lui ou conquérir le monde ? »

Yan HeQing ne détourna pas les yeux des monuments commémoratifs qu’il tenait. En terminant sa dernière phrase, il répondit d’une voix indifférente : « Mon oncle, je veux les deux. »

La chose dont Yan HeQing n’avait pas peur, c’était de se battre de toutes ses forces. À quoi bon lui dire de choisir entre les deux, alors qu’il était clair qu’il ne mettrait pas sa vie en danger ?

Dans ce monde, la chose la plus difficile à obtenir était que la personne que vous aimiez vous aime en retour.

À ce moment, Xiao YuAn se tenait à ses côtés et ne voulait plus partir. Même si des milliers de soldats se dressaient contre lui, et même si des milliers de regards le pointaient du doigt, de quoi Yan HeQing aurait-il peur ?

 

Traducteur: Darkia1030