HSAV - Chapitre 141 - Tu peux hurler tout ce que tu veux, mais je perdrai mes oreilles si je ne t'assomme pas.

 

Quand il vit que Xiao YuAn dormait sans défense dans la partie intérieure du lit, Yan HeQing haussa légèrement les sourcils, surpris : « Tu es bien à ton aise avec moi. »

Xiao YuAn, si épuisé qu’il sombrait déjà dans un sommeil léger, se moquait de savoir si Yan HeQing comprenait ses paroles ou non : « Yan-ge, même si tu es un président tyrannique, je sais que tu n’es pas le genre de président tyrannique qui pense avec la moitié inférieure de son corps. »

Yan HeQing ne le dérangea plus. Il souffla la bougie posée sur la table basse, puis reprit la lecture du livre militaire à la lumière du clair de lune qui filtrait à travers la tente.

Bien que Xiao YuAn fût si somnolent qu’il articulait à peine, il murmura encore, sentant la lumière s’éteindre : « Allume la… bougie, je… je peux dormir, toi… n’abîme pas tes yeux… allume, allume-la… »

Cependant, Yan HeQing ne ralluma pas la bougie. Xiao YuAn continua à parler, ses mots se perdant dans l’obscurité, jusqu’à ce que la tente se remplisse de nouveau de la lueur vacillante de la flamme.

Le lendemain matin, lorsqu’il s’éveilla, Xiao YuAn découvrit qu’il s’était endormi seul, et, lorsqu’il ouvrit les yeux, il était encore seul.

La tente était vide. Yan HeQing avait disparu.

Xiao YuAn remit le masque sur son visage et sortit, confus. À l’extérieur, la caserne semblait déserte. Il s’approcha d’un garde de faction et demanda : « Où est votre Empereur ? »

« Médecin Xiao ? Sa Majesté a conduit ses troupes au combat tôt ce matin », expliqua le garde.

« Si pressé ?! Mais il est encore blessé !!! » s’écria Xiao YuAn.

« Ah… ? N’est-ce pas courant d’être blessé à la guerre ? » répondit le soldat, abasourdi par son emportement.

« …… » Xiao YuAn se rendit compte de son impolitesse, porta la main à sa bouche pour tousser et, baissant la tête, agita la main sans rien ajouter. Puis il se dirigea vers la tente où reposaient les soldats blessés et handicapés.

Les jours suivants, des soldats blessés affluèrent sans cesse du champ de bataille vers la tente médicale. La plupart étaient couverts de sang ; les plus chanceux ne souffraient que de blessures par couteaux ou flèches, d’autres avaient perdu bras ou jambes, et les plus malheureux périssaient avant même d’être traités.

L’odeur âcre du sang emplissait l’air, donnant la nausée à Xiao YuAn. Un jour, on amena un soldat dont le visage avait été si ouvert que l’os de la mâchoire était visible. Xiao YuAn tenta désespérément tout ce qu’il put pour le sauver, mais en vain : il ne parvint pas à le ramener du col de Guimen (NT : littéralement « les Portes des Esprits », expression chinoise signifiant le seuil entre la vie et la mort).

Il ne put qu’assister, impuissant, à la lente agonie du soldat jusqu’à ce que sa dernière étincelle de vie s’éteigne.

Lorsque le corps, enveloppé d’un drap blanc, fut emporté hors de la tente, Xiao YuAn sortit précipitamment et se pencha pour vomir. Un soldat accourut pour lui tapoter le dos : «Médecin Xiao, ça va ? »

Xiao YuAn fit un geste de la main, se rinça la bouche à l’eau claire, puis posa une main sur l’épaule du jeune soldat et dit sincèrement : « Si, dans ta prochaine vie, tu deviens PDG, n’oublie pas de soutenir le système médical quand tu feras la charité. »

Le jeune soldat cligna des yeux, déconcerté : « Hein ? Quoi ? Quoi ? Ah ? »

Avant que Xiao YuAn ne puisse reprendre pleinement ses forces, quelqu’un fit irruption dans la tente en hurlant : « Médecin ! Sauve-le ! Sauve-le vite !! Médecin ! »

« Ce… par ici », répondit faiblement Xiao YuAn, la voix enrouée d’avoir vomi. Il fit signe aux soldats de déposer leur camarade, prit de la gaze et des herbes hémostatiques, puis, en découvrant le visage du blessé, resta pétrifié : « Général adjoint Chen ?! »

L’épaule droite de Chen Ge avait été transpercée par une flèche acérée, et une autre lui avait traversé l’abdomen. Il avait perdu connaissance sous l’effet de l’hémorragie. Xiao YuAn n’osa pas perdre un instant et entreprit d’extraire la flèche. À sa grande consternation, celle-ci, issue du royaume de Wu oriental, portait un crochet : il fallait la retirer en déchirant la chair, ce qui risquait d’aggraver la blessure.

Voyant cela, Xiao YuAn serra les dents et utilisa un couteau pour l’extraire.

La douleur fut telle que Chen Ge se réveilla en plein milieu de l’opération et hurla à s’en rompre la gorge. Les cris étaient si perçants que Xiao YuAn en eut presque les oreilles assourdies, et les jeunes soldats alentour restèrent pétrifiés. Alors, d’un geste rapide, il l’assomma d’un coup sec du tranchant de la main.

Lorsque le général adjoint Chen se réveilla pour la seconde fois, ses premiers mots furent : « Ne m’assomme pas ! J’ai quelque chose à dire ! »

Xiao YuAn, qui terminait de poser le dernier bandage, leva le menton pour lui faire signe de parler.

Alors, le général adjoint Chen hurla : « Cette bataille va bientôt se terminer ! Nous sommes sur le point de gagner ! Aaaahhhhhh, ça fait mal !! Putain, ça fait vraiment mal ! Putain de merde !! »

Xiao YuAn se frotta l’oreille, puis, sans la moindre hésitation, l’assomma de nouveau d’un coup sec de la main.



Traducteur: Darkia1030