HSAV - Chapitre 110 - Il est impossible de ne pas en profiter.

 

Jouer ou non le rôle de la troisième femme principale, telle était la question.

Mais s’il jouait le rôle de Lin Shenling, que se passerait-il si Yan HeQing essayait de l’embrasser ou de le serrer dans ses bras ? Ne découvrirait-il pas qu’il était en réalité un homme ? Si Xiao YuAn ne pouvait pas envoyer Yan HeQing à Lin Shenling, et si ses yeux guérissaient avec le temps, que ferait Xiao YuAn si Yan HeQing découvrait que c’était lui, tout ce temps ?

D’un autre côté, s’il ne jouait pas son rôle et changeait l’intrigue de façon aléatoire, ce qui arriverait dans le futur ne pourrait plus être prédit. Que ferait-il si quelqu’un, qui n’était pas censé être impliqué, était blessé à cause de cela ?

Xiao YuAn appliqua négligemment des médicaments sur les blessures de Yan HeQing, quand, par inadvertance, il appuya sur une plaie qui arracha à l'autre un gémissement de douleur. Les sourcils de Yan HeQing se froncèrent et Xiao YuAn paniqua. Après avoir retiré sa main aussi vite que possible, il s’excusa : « Euh, je suis désolé. J’ai été distrait, est-ce que je t’ai blessé ? »

Yan HeQing secoua la tête, tendit la main, saisit le poignet de Xiao YuAn et ramena sa main contre sa blessure.

Xiao YuAn se figea quelques secondes, et ce ne fut qu’après que Yan HeQing relâcha son poignet qu’il retrouva son calme. Il inclina docilement la tête et continua à appliquer l’onguent sur Yan HeQing. Cette fois, il n’osa plus s’abandonner à ses pensées et se concentra entièrement sur le pansement. Soudain, il entendit Yan HeQing demander d’une voix douce : « Tu… pourquoi veux-tu me sauver… ? »

Yan HeQing ne m’a-t-il pas déjà posé la même question auparavant ? Est-ce parce que j’ai répondu au hasard que le script de la troisième femme principale a dérapé ? Est-ce que l’intrigue repart en arrière pour tout recommencer ?

Comment Lin Shenling a-t-elle répondu dans le livre original ? Était-ce quelque chose comme : “Sauver une vie est plus méritoire que de construire une pagode à sept étages” ? Ou plutôt : “J’ai vu Gongzi allongé dans le ruisseau de montagne, gravement blessé, comment pouvais-je simplement l’ignorer” ?

Xiao YuAn réfléchit un instant, puis répondit : « Je ne peux simplement pas voir quelqu’un qui semble sur le point de mourir et ne pas essayer de le sauver. »

Yan HeQing baissa les yeux. Le clair de lune, froid et fin, ne se reflétait pas dans ses pupilles, laissant une ombre sombre qui masquait son expression. Au bout d’un moment, il demanda doucement : « Où vis-tu maintenant ? »

« Gongzi a-t-il entendu parler du village de Taoyuan ? »

Yan HeQing secoua la tête.

« J’habite temporairement là-bas. »

« Une résidence temporaire ? »

Xiao YuAn finit de panser la dernière blessure de Yan HeQing et, après avoir hoché la tête, se rappela que celui-ci, toujours aveugle, ne pouvait pas le voir. Alors il répondit : « Oui, la vie est comme une lentille d’eau flottant sur la rivière, qui sait ce qui va arriver ensuite ? »

Yan HeQing demanda encore, d’une voix toujours aussi douce : « Alors tu… vis-tu bien… ? »

Xiao YuAn haussa les épaules : « Il ne s’agit pas de bien vivre ou pas. Si vous avez une mauvaise vie, alors vous devez essayer chaque jour de bien vivre. La vie est trop courte après tout, il faut profiter des plaisirs tant qu’on est encore jeune. »

Yan HeQing resta longtemps en transe avant de laisser échapper un léger « hmm ».

Xiao YuAn, après avoir rangé les vêtements de Yan HeQing, conclut : « D’accord, Gongzi, il est tard maintenant, nous devrions dormir un peu. »

Yan HeQing le remercia d’une voix tranquille et s’allongea sur le lit. Pendant ce temps, Xiao YuAn arrangea le coton et la paille de l’autre côté de la planche, puis s’allongea à son tour.

La lune brillait et les étoiles étaient rares. Les grenouilles croassaient et les cigales stridulaient. C’était une nuit calme, et à minuit, lorsque la respiration de Xiao YuAn devint régulière, Yan HeQing se leva lentement. Avec l’aide du clair de lune, il étudia attentivement le visage de Xiao YuAn mais, comme ils étaient un peu éloignés, il se rapprocha pour le voir plus clairement.

Il l’observa longuement. Ses poings se serrèrent et tout son corps trembla. Puis il s’allongea à côté de Xiao YuAn mais, de peur de le réveiller, il n’osa pas le toucher.

Yan HeQing commençait à avoir froid, quand soudain Xiao YuAn, qui dormait profondément, se retourna et se retrouva dans ses bras.

Le corps de Yan HeQing devint si raide qu’il cessa même de respirer pendant un bref instant.

Cependant, puisque Xiao YuAn ne s’était pas réveillé, et bien que Yan HeQing restât très confus à propos de tout ce qui se passait, il essaya de s’endormir lui aussi.

Après avoir attendu longtemps, Yan HeQing se détendit peu à peu. Ses yeux restaient fixés sur le visage endormi de Xiao YuAn, doucement éclairé par le clair de lune, mais même avec une telle proximité, il n’osa pas le contempler trop longtemps. Il n’osait même pas l’observer de loin. Il avait l’impression d’être seul au monde, et Xiao YuAn lui manquait incroyablement.

Yan HeQing étendit lentement son bras et étreignit Xiao YuAn, comme s’il faisait face à un abîme. Son corps tremblait de peur et d’inquiétude.

Xiao YuAn s’éveilla tôt le lendemain, s’étira, et quand il tourna la tête sur le côté, il vit Yan HeQing endormi sur son lit.

De l’autre côté, Yan HeQing dormait encore calmement, alors Xiao YuAn sortit silencieusement de la cabane. Après s’être lavé, il décida de monter dans la montagne pour récolter des herbes médicinales comme à son habitude. Un jour, alors qu’il ramassait des herbes, il avait découvert un ruisseau clair et peu profond dans la forêt ; il pensait donc y laver toutes les herbes qu’il avait cueillies ces derniers jours.

Xiao YuAn venait de mettre le panier de médicaments sur son dos quand il entendit soudain la porte en bois cogner derrière lui. Il se retourna et aperçut Yan HeQing, sombre et silencieux ces derniers jours, qui refusait de lui parler ou de bouger, en train de trébucher. Comme il ne voyait pas clairement, ses genoux heurtèrent violemment le cadre de la porte, ce qui lui arracha un froncement de sourcils.

Xiao YuAn s’avança rapidement pour l’aider, tout en fourrant un petit fruit rouge dans sa bouche. Après avoir attendu quelques secondes que sa voix change, il s’exclama : « Gongzi, pourquoi sors-tu de la cabane ? »

Yan HeQing détourna soigneusement les yeux du petit fruit rouge, comprenant soudainement pourquoi la voix de Xiao YuAn ressemblait à celle d’une femme. Il tendit la main, toucha le panier que Xiao YuAn portait et demanda : « Où vas-tu ? »

« Il y a un ruisseau peu profond dans la montagne, je vais laver les herbes médicinales que j’ai cueillies ces jours-ci », répondit Xiao YuAn honnêtement.

Yan HeQing hocha la tête et dit : « Je viens avec toi. »

Xiao YuAn en resta stupéfait et répondit vivement : « Mais, Gongzi, tu ne vois pas encore très bien. »

La voix de Yan HeQing était si douce et si légère qu’elle était presque inaudible, mais assez claire pour que Xiao YuAn la capte tout de même : « Alors, pourrais-tu… pourrais-tu m’y conduire ? »

 

 

Traducteur: Darkia1030