ETILH - Chapitre 35
Le deuxième jour d'école, lorsque Ye Zhou et Shang Jin sortirent du dortoir, ils virent Zhou Wendao attendre à côté du Shang Ye.
Ce jour-là, c’était au tour de Shang Jin de conduire. Ye Zhou se dirigea directement vers la banquette arrière du cyclo-pousse et demanda : « Wendao, tu attends quelqu’un ? »
« Non, je vais avec vous les gars. » Après avoir aperçu Ye Zhou, Zhou Wendao sortit son vélo et le plaça spécialement devant lui.
Ye Zhou s’arrêta, mit son cartable dans le compartiment arrière et, se levant, tapota la nouvelle banquette du vélo : « Est-ce ton nouveau véhicule ? Je pensais qu’après avoir pris un vélo avec banquette arrière, tu voudrais qu’une fille s’y asseye la première. Je ne m’attendais pas à ce que tu m’invites à m’y installer avant elles. Alors, je ne peux qu’obéir respectueusement. »
Ye Zhou allait grimper, mais Zhou Wendao agita la main comme pour chasser une mouche et dit : «Allez, allez, je voulais seulement te le montrer. Penses-tu que je peux avoir une petite amie ce semestre ? »
Ye Zhou pinça les lèvres, se frotta le front et répondit : « Essaye de moins rêver en plein jour. »
Zhou Wendao ignora la remarque et posa un pied sur la pédale. Tandis que Shang Jin démarrait, il appuya à son tour et s’élança presque en même temps.
Ce comportement étrange attira l’attention de Ye Zhou. Il baissa la vitre et vit Zhou Wendao rouler côte à côte avec le Shang Ye, le dos droit, visiblement appliqué à rendre sa posture plus élégante. Sans avoir l’allure d’une idole, il se donnait pourtant des airs.
Ye Zhou éclata de rire et toussa pour attirer son attention : « Tu n’as vraiment pas l’intention d’utiliser Shang Jin et son cyclo-pousse pour déclencher ton “vaillant esprit de héros” (NT : idiome chinois : 英雄气概, qui désigne la posture noble et courageuse d’un héros), n’est-ce pas ? »
Le corps de Zhou Wendao se raidit, et, feignant l’indifférence, il déclara : « Mon esprit héroïque n’a pas besoin d’être déclenché. »
Ye Zhou pinça les lèvres pour retenir son rire et frappa à la vitre derrière Shang Jin : « J’ai vu une personne que je connais. Pouvons-nous la laisser monter ? »
Shang Jin ne répondit pas. Mais lorsque Ye Zhou lui demanda d’arrêter, il freina doucement.
Ye Zhou ouvrit la portière et sourit : « Camarade Su, tu veux faire un tour ? »
« Ye Zhou ? » s’exclama Su Yin, surprise. Le Shang Ye était déjà célèbre sur le campus et elle en avait entendu parler depuis longtemps. Parce que cette voiture appartenait à la fois à Ye Zhou et à Shang Jin, Su Yin avait trouvé cela suspect et avait évité de rencontrer Ye Zhou ces deux derniers mois. C’était aussi bien ainsi.
Ye Zhou avait une demande pour elle mais, contre toute attente, il ne l’avait pas contactée depuis un certain temps. Elle en était venue à penser : Ye Zhou s’était-il prosterné devant le charme de Shang Jin et avait-il oublié Tang Dongdong ? Après tout, Shang Jin était si exceptionnel, et Tang Dongdong, en apparence comme en talent, lui était bien inférieur. Les observateurs attentifs auraient sans doute choisi Shang Jin… Son dieu mâle avait été remplacé par Ye Zhou…
Ye Zhou demanda finalement à Su Yin : « Tu vas en classe ? » Il tourna ensuite son regard vers la fille à ses côtés. Ce fut avec surprise qu’il découvrit qu’il s’agissait en réalité de la beauté numéro un de la faculté de musique. Était-ce parce qu’il ne s’intéressait pas aux filles qu’il n’était pas sensible à leur charme ?
Ye Zhou jeta un coup d’œil discret à Shang Jin. Ce dernier s’était affalé sur sa chaise et bâillait. Depuis la reprise des cours après le Nouvel An, il ne s’était toujours pas habitué à se lever tôt. Il s’appuyait mollement contre le guidon, s’ennuyant en attendant que les autres montent.
Un instant… Ye Zhou lui-même ne regardait pas les filles parce qu’elles ne l’intéressaient pas. Mais pourquoi Shang Jin, lui non plus, ne semblait-il pas sensible aux beautés ? Se pourrait-il que Shang Jin n’aime pas les filles non plus ?
Ye Zhou reporta son attention sur Zhou Wendao, arrêté depuis longtemps déjà. Ce dernier les observait avec application. Voilà qui paraissait normal.
« Tu montes ? Tout le monde est pressé le matin. » Après un silence, Shang Jin tourna la tête et insista : « J’avais calculé l’heure de notre départ. Si nous continuons à traîner, nous n’arriverons pas en classe à temps. »
« Shang… Shang Jin ? » Su Yin redressa son dos, dissimula son visage derrière un livre et lança un regard noir à Ye Zhou. Elle chuchota : « Pourquoi m’as-tu fait arrêter aujourd’hui ? Je me suis levée tard et je n’ai pas mis de maquillage ! Je suis fichue, c’est fini… »
Ye Zhou resta perplexe : « Quand as-tu jamais mis du maquillage ? Je ne crois pas que tu connaisses même une routine beauté. »
« Tais-toi !!! » murmura férocement Su Yin, choquant Ye Zhou. Mais lorsqu’elle fit face à Shang Jin, elle devint telle une rose timide et sans épines. Sa voix, douce et basse, donna à Ye Zhou la chair de poule lorsqu’il l’entendit : « Shang Jin, alors nous allons vous déranger. Chi Xi, nous sommes toutes les deux minces et devrions pouvoir nous faufiler. »
Le visage de la beauté de la faculté de musique rougissait également, et elle murmura : « Shang Jin, je te dérange. »
Sans tourner la tête, Shang Jin répondit d’un simple son et démarra le cyclo-pousse.
Zhou Wendao, qui croyait au départ avoir sa chance, resta figé : non seulement la beauté de la faculté ne montrait aucune aversion, mais de plus elle montait dans ce petit trois-roues qu’il avait autrefois méprisé, affichant un léger sourire qu’elle ne pouvait contenir.
Effectivement, les contes de fées n’étaient qu’une arnaque. Tant qu’il s’agissait d’un prince, qu’il monte un cheval blanc ou un cyclo-pousse, la princesse était prête à l’accompagner.
En arrivant en classe, les deux filles remercièrent timidement Shang Jin une fois encore, incitant Ye Zhou à protester avec irritation : « Clairement, c’est moi qui les ai invitées dans la voiture. Pourquoi n’ont-elles remercié que toi ? »
Shang Jin remarqua calmement : « Demande-leur, pourquoi me le demander ? »
Ye Zhou le regarda, stupéfait : « Je pensais que tu aurais dit que ton charme est sans limites. » Shang Jin avait-il vraiment laissé passer une occasion de le mettre sous pression ?
« Une chose aussi évidente a encore besoin que je la souligne ? »
« Ha ha. »
Les deux jeunes filles plaisantèrent en entrant dans le bâtiment de l’école, ignorant complètement le camarade de la « vie sans amour », Zhou Wendao, derrière eux.
Cette fois, Ye Zhou avait proposé à Su Yin de monter dans la voiture car il savait que le « dieu masculin » de Su Yin était en réalité Shang Jin, et il voulait lui offrir une chance de se rapprocher de lui. Cela pouvait être considéré comme l’accomplissement du rêve de Su Yin. Mais Ye Zhou ne s’attendait pas à ce que cette faveur, accordée presque machinalement, lui fût rendue quelques semaines plus tard.
Dans la soirée, Ye Zhou était allongé sur son lit, regardant son téléphone, lorsque Su Yin lui envoya un message.
Su Yin : Tang Dongdong veut venir à l’Uni A ce week-end, envie de le rencontrer ?
Ye Zhou se redressa brusquement. Ce mouvement attira aussitôt les regards des trois autres du dortoir.
« Ce n’est rien, ce n’est rien. Continuez, les gars. » Il se rallongea lentement. Si Su Yin ne le lui avait pas rappelé, il aurait oublié qu’elle lui devait encore la faveur de le présenter à Tang Dongdong. Ces derniers temps avaient été trop chargés, et il en avait presque oublié son coup de foudre. Vraiment un péché, un péché.
Il s’empressa de répondre : Bien sûr que j’ai envie de le rencontrer !!
Su Yin, en envoyant ce message sur WeChat, s’était sentie hésitante et incertaine. En réalité, son but était de sonder l’état d’esprit de Ye Zhou. Mais à présent, c’était clair : Ye Zhou s’intéressait toujours à Tang Dongdong… Toutefois, était-il aussi lié à Shang Jin ?
Avec cette pensée, Su Yin choisit de demander franchement :
Su Yin : Ye Zhou, dis-moi honnêtement : tu n’as pas un pied dans deux bateaux, quand même ?? (NT : idiome signifiant entretenir deux relations amoureuses en même temps).
Ye Zhou eut un petit rire amer. Était-il vraiment une personne aussi immorale ?
Ye Zhou : Comment est-ce possible ? Shang Jin et moi sommes innocents. Tu ne sais toujours pas qui j’aime ?
Su Yin : Avant je le savais. Maintenant, je ne sais plus…
Ye Zhou : Mon cœur est ferme !
Su Yin : Tu ne m’as pas demandé de nouvelles de Tang Dongdong depuis deux mois. C’est ça, la fermeté ?
Ye Zhou resta muet, reconnaissant intérieurement que son comportement avait été quelque peu inconsistant. Pourtant, il se défendit mentalement : pour un coup de foudre, une seule rencontre pouvait suffire à semer les graines de l’émotion ; ensuite, tout dépendait des interactions futures. Plutôt que de harceler Su Yin pour obtenir des nouvelles, il valait mieux le rencontrer directement.
Su Yin : Très bien. Cette semaine, il viendra s’amuser ici. Je l’inviterai à la cantine samedi midi. À ce moment-là, fais semblant que ce soit une coïncidence et viens t’asseoir. Je te préviens : Dongdong n’a jamais eu de relation toutes ces années, et je ne sais pas s’il peut accepter les garçons. Si ce n’est pas le cas, tu n’auras pas le droit de le harceler.
Ye Zhou : Pas de problème !
Après cet accord, Ye Zhou se sentit soudain excité. Il jeta un coup d’œil au calendrier. Samedi serait le 15 mars. Tiens… cette date lui semblait familière.
Allongé sur son lit, il demanda : « Quel jour spécial est le 15 mars ? »
Liu Yutian déclara : « Journée mondiale des droits des consommateurs. »
Ye Zhou reprit : « À part ça ? »
« Nan. »
Ye Zhou pensa qu’il avait déjà vu cette date auparavant, mais ce n’était certainement pas la Journée de la protection des consommateurs. Pour qu’elle lui restât gravée dans la mémoire, cela signifiait qu’elle devait avoir une signification particulière.
Il y réfléchit pendant quelques jours, jusqu’au vendredi, sans parvenir à la moindre idée. N’abandonnant pas, Ye Zhou changea de méthode et demanda : « Shang Jin, nous n’avons pas d’examens demain, n’est-ce pas ? »
« Non. » Shang Jin lui jeta un coup d’œil au sens indéchiffrable et ajouta : « Pas d’examens, pas de devoirs, pas d’activités. Pourquoi es-tu si sérieux à propos de cette date ? »
« J’ai toujours l’impression que mon cœur est accroché à quelque chose. Si je ne trouve pas, je ne peux pas me reposer ni manger en paix. »
« Comme tu voudras. »
Le samedi, Ye Zhou cessa de s’interroger sur la nature de l’affaire. La chose la plus importante pour lui ce jour-là était de rencontrer Tang Dongdong !
Même lorsqu’il ne s’habillait pas spécialement, Ye Zhou avait de l’allure ; encore plus lorsqu’il se soignait de la tête aux pieds. Quand il sortit ce jour-là, le nombre de têtes qui se retournèrent sur son passage augmenta aussitôt.
Sachant que Tang Dongdong aimait particulièrement les sucreries, Ye Zhou se rendit spécialement dans le magasin de desserts le plus célèbre de la ville. Ébloui, il hésita longuement parmi une pile de beignets et de macarons délicats et magnifiques.
« Pourquoi les garçons aimeraient-ils manger sucré ? » Ye Zhou se contenta de sentir les odeurs, déjà un peu écœuré. Non seulement Tang Dongdong aimait les sucreries, mais même Shang Jin raffolait des bonbons à la fraise.
C’était justement la saison des fraises, et le magasin en utilisait beaucoup dans ses desserts. Passant devant l’étal des gâteaux, Ye Zhou fut attiré par un gâteau d’anniversaire recouvert de fraises.
Il regarda autour de lui un moment, puis apporta les desserts qu’il avait choisis à la réception pour les régler. Une femme d’une trentaine d’années désigna le gâteau aux fraises exposé en vitrine et demanda : « Puis-je prendre ce gâteau directement ? Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon enfant et j’ai oublié de commander à l’avance. »
Ye Zhou eut soudain un éclair de lucidité et se souvint ! Le 15 mars était la date d’anniversaire de Shang Jin !
Lorsqu’il était retourné à D City en train à grande vitesse avec Shang Jin l’année précédente, Ye Zhou avait jeté un coup d’œil à la carte d’identité de ce dernier et avait retenu cette date.
À l’époque, il avait même déploré que l’anniversaire de Shang Jin fût trop facile à retenir. Il ne s’attendait pas à l’avoir oublié ces derniers jours, et pire encore, il avait été assez bête pour aller lui poser la question directement !
Traducteur: Darkia1030
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