« Très bien, nous avons maintenant l’un des plus beaux garçons de notre école pour interpréter la chanson "过火" - Guo Huo. On le connaît sous le nom de Mr Parfait de l’Université F, et on raconte que les filles qui croisent son regard ne peuvent s’empêcher de tomber sous son charme… à moins, bien sûr, qu’elles n’aient vu Zhang Lingyi en même temps. Oui, vous avez bien entendu, il est l’ennemi naturel de la laideur et le bourreau des déesses. »
Des cris et des acclamations éclatèrent au pied de la scène.
« Accueillons dignement le "tueur de dames" Wang Guangning ! »
Alors que l’hôte Sun Siyang, un homme plutôt corpulent au visage rayonnant, achevait son introduction exagérée, un jeune homme grand et séduisant fit son apparition, émergeant tranquillement des coulisses. Ses traits profonds et captivants imposaient un silence admiratif.
En passant devant Sun Siyang, Wang Guangning posa sur lui un regard perçant et se pencha légèrement : « Qui t’a permis de mentionner Zhang Lingyi ? » murmura-t-il.
Sun Siyang lui tira la langue avec malice avant de s’effacer. Dans la salle, les filles se mirent à crier sauvagement.
« Wang Guangning ! »
« Wang Guangning ! »
« Wang Guangning ! »
L’ambiance semblait frôler la frénésie.
Wang Guangning esquissa un sourire espiègle avant de faire signe au public de se calmer. Il s’empara du micro et, d’une voix chargée de sous-entendus, déclara : « Merci à tous d’être venus. La chanson d’aujourd’hui, je voudrais la dédier à une fille que j’aime. »
« Waaa ! »
Devant lui, l’excitation atteignit son paroxysme. Une voix aiguë perça soudain le vacarme : «Est-ce moi ? »
« Désolé, mais ce n’est pas toi », répondit calmement Wang Guangning, visiblement habitué à ce genre de situation.
Le chaos reprit de plus belle.
Voyant la salle lui échapper, Wang Guangning s’empressa de clarifier : « Cette chanson, je voudrais la dédier à Yu Haining, de la faculté de journalisme. »
« Waaa ! » Un nouveau cri d’enthousiasme retentit tandis que la mélodie commençait à envahir l’espace. La voix de Wang Guangning s’éleva alors, parfaitement synchronisée avec l’ouverture de la chanson :
« Est-ce moi qui t’ai trop promis ? Ou est-ce que je n’ai tout simplement pas donné assez ? »
Il chantait avec une justesse et une émotion telles que, combinées à son charme naturel et son allure sereine, il envoûta immédiatement une grande partie de l’audience féminine, laissant derrière lui des cœurs brisés et des regards rêveurs.
Ses yeux balayèrent le public, apparemment calmes en surface, mais intérieurement, il exultait.
Parfait. Avec cela, il avait réussi à se rapprocher de Yu Haining. Il gagnerait son cœur, sans aucun doute.
Et surtout, il vaincrait Zhang Lingyi.
**
Wang Guangning était très beau et grand, et lorsqu’il souriait, une fossette apparaissait sur sa joue. Plus important encore, il n’était pas seulement attirant avec des notes exceptionnelles, mais il était aussi riche et doté d’un excellent tempérament.
Il ressemblait à un acteur idole tout droit sorti de l’écran pour se matérialiser dans la réalité. Bien sûr, cela n’était qu’une façade, car au fond, il n’était qu’un jeune homme stupide et arrogant. Cependant, il gardait sa fierté pour lui-même, car devant les autres, il affichait une élégance et une humilité irréprochables. C’était pour cette raison qu’à partir de la sixième année de l’école primaire, il resta toujours le plus beau garçon numéro un. Il attirait d’innombrables prétendantes et n’avait pratiquement aucun rival.
Cette aura l’accompagna jusqu’à l’université. C’est alors qu’il rencontra le rival de sa vie : Zhang Lingyi, du département de gestion des ressources humaines à l’Université F. Apparemment, lui et Zhang Lingyi partageaient un passé très similaire. Tous deux possédaient une apparence remarquable et une excellente réputation. Zhang Lingyi avait également réussi à conserver son titre de xiao cao (NT: ‘herbe de l’école’, le plus beau garçon) et à intégrer cette prestigieuse université située dans le sud.
Ainsi, ces deux jeunes hommes, qui avaient grandi en étant reconnus comme les seuls et uniques xiao cao, durent partager ce titre à l’Université F. Cela ne convenait ni à Wang Guangning ni à Zhang Lingyi, et une rivalité secrète s’installa entre eux dès le début de l’université.
Si Wang Guangning rejoignait le syndicat étudiant, alors Zhang Lingyi intégrait l’association étudiante. Si Wang Guangning devenait président du syndicat étudiant, Zhang Lingyi prenait ensuite la présidence de l’association étudiante. Si Wang Guangning remportait la bourse de première année du département de marketing, Zhang Lingyi obtenait alors la bourse de première année du département de gestion des ressources humaines.
Si l’on annonçait qu’une beauté suprême du département des finances avait confessé son amour à Wang Guangning, alors dès le lendemain, la beauté suprême d’une université voisine invitait Zhang Lingyi à participer à des activités.
Ces deux jeunes hommes s’affrontaient dans tous les domaines : de l’apparence au talent en passant par la popularité. Les étudiants de l’Université F savaient tous que ces deux beaux garçons, désignés comme les xiao cao de l’université, étaient comme le feu et l’eau, incapables de se supporter. Même la personne qu’ils aimaient tous les deux était la même : Yu Haining, la beauté du département de journalisme.
Yu Haining était plus jeune que Wang Guangning et Zhang Lingyi. Elle possédait un sourire charmant, une voix douce et un teint d’une blancheur éclatante. Dans un endroit comme la faculté de journalisme, où les beautés étaient aussi nombreuses que les nuages dans le ciel, elle parvenait tout de même à éclipser les autres filles grâce à des atouts si frappants qu’ils semblaient capables de renverser des cités entières.
Lors de la finale de la compétition des dix meilleurs chanteurs d’élite de l’Université F, Yu Haining fut invitée comme artiste spéciale. Vêtue d’une robe en coton blanc et tenant un violon d’un geste délicat, elle monta sur scène. Son aura pure et raffinée captura l’attention de toute l’école.
Pour Wang Guangning, qui n’avait posé les yeux sur aucune des filles de l’Université F jusqu’alors, seule Yu Haining, avec ses qualités supérieures, pouvait être considérée comme digne de lui. Ainsi, pour la première fois, Wang Guangning, habitué à être poursuivi avec ferveur par les étudiantes, décida de courir après une fille.
Cependant, contre toute attente, Zhang Lingyi s’intéressa également à Yu Haining. Après avoir reçu un bouquet de fleurs de Wang Guangning le matin, Yu Haining recevait du chocolat de Zhang Lingyi dans l’après-midi. Si Wang Guangning prévoyait d’aller à la bibliothèque avec Yu Haining un samedi, alors Zhang Lingyi s’assurait de l’inviter à se promener sur le campus le dimanche. Mais, comme dans toutes leurs compétitions précédentes, Wang Guangning et Zhang Lingyi se retrouvèrent à égalité dans leur quête de Yu Haining.
Yu Haining accepta les roses de Wang Guangning, mais aussi le chocolat de Zhang Lingyi. Elle alla lire à la bibliothèque avec Wang Guangning, mais accompagna également Zhang Lingyi pour une promenade autour de l’université. Ces deux jeunes hommes pouvaient tolérer un résultat nul dans toutes leurs autres compétitions, mais en ce qui concernait cette fille, cela était inconcevable !
Par conséquent, Wang Guangning pensa que le problème venait du fait qu’il n’avait pas encore trouvé le moyen d’émouvoir profondément le cœur de Yu Haining. Il passa près d’une journée à explorer Baidu et Weibo, jusqu’à ce qu’il découvre enfin la solution parfaite. Chaque année, en décembre, l’Université F organisait un festival dans le gymnase pour accueillir les nouveaux étudiants et dire adieu aux diplômés.
Wang Guangning se convainquit qu’une confession faite devant toute l’université serait à la fois imposante et profondément émouvante. Avec cette déclaration, il se débarrasserait définitivement de Zhang Lingyi. Profitant des connexions et relations qu’il avait patiemment cultivées au sein du syndicat étudiant, Wang Guangning s’arrangea pour obtenir cette opportunité.
**
Juste au moment où Wang Guangning achevait sa chanson d’une voix tendre, un grand bruit retentit. Sun Siyang, trébuchant sur scène, s’exclama : « Étudiants, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer !»
Le visage rouge d’excitation, Sun Siyang poursuivit : « Il y a quelques instants, notre équipe a reçu une demande spéciale d’un étudiant pour ajouter un programme supplémentaire… »
Alors que Wang Guangning tournait distraitement le bouchon de sa bouteille d’eau, un sombre pressentiment l’envahit. Effectivement, Sun Siyang annonça d’une voix exagérée et tremblante : «Cet étudiant partage le titre de xiao cao de l’Université F avec Wang Guangning, et il a volé le cœur de millions de filles – Zhang, Ling, Yi ! »
Sun Siyang fit un geste de la main, et Zhang Lingyi monta sur scène. Alors qu’il saluait le public avec un sourire éclatant, des acclamations assourdissantes retentirent dans la salle.
« Je m’excuse pour cette décision soudaine », déclara Zhang Lingyi d’une voix calme. « J’espère que cela n’a pas affecté votre humeur. Tout comme Wang Guangning, je voudrais profiter de cette rare occasion pour chanter une chanson à la fille que j’aime. Haining, j’espère que tu comprendras ce que je veux dire. »
Le public explosa de nouveau en acclamations. La voix claire de Zhang Lingyi s’éleva alors qu’il entonnait la chanson Wo De Ge Sheng Li. (NT: ‘Dans mon chant’, chanson populaire de Qu Wanting)
Wang Guangning sentit la colère monter en lui. C’était son plan soigneusement élaboré, pourquoi devrait-il céder une telle opportunité à Zhang Lingyi ? Il y avait des choses qu’il pouvait tolérer, mais celle-ci en faisait partie de celles qu’il ne pouvait pas.
« Zhang Lingyi, si tu es un homme, viens sur le faux gazon à trois heures demain après-midi », cracha Wang Guangning avec agressivité, bloquant le chemin de Zhang Lingyi alors que ce dernier descendait les escaliers.
C’était la première fois que Wang Guangning et Zhang Lingyi se défiaient en face à face. Bien qu’ils aient sans cesse concouru dans le passé, ils n’interagissaient que rarement. Ils maintenaient un semblant de paix en surface, car le syndicat étudiant et l’association étudiante collaboraient régulièrement pour organiser divers événements et activités.
Mais cet acte intolérable de Zhang Lingyi brisa la retenue de Wang Guangning. Pourquoi aurait-il dû conserver son attitude élégante face à une telle provocation ?
Zhang Lingyi leva fièrement le menton : « Bien sûr. Je suis un homme, donc je vais résoudre ce problème comme un homme. »
**
Le lendemain, à trois heures de l’après-midi, Wang Guangning et Zhang Lingyi arrivèrent à l’heure sur le faux gazon. Ce terrain, en réalité, était le terrain de football de l’Université F. L’établissement possédait deux terrains : l’un couvert de vraie herbe et l’autre, de pelouse artificielle.
Étant donné que le terrain en pelouse synthétique se trouvait dans un endroit relativement isolé, il attirait rarement les sportifs. Peu à peu, ce champ devint le lieu par excellence où les étudiants de l’Université F réglaient leurs comptes. Quelles que soient les rancunes, les garçons les résolvaient toujours ici. Parfois, on pouvait même apercevoir quelques filles en train de se disputer dans des scènes aussi spectaculaires que mémorables.
Le temps ce jour-là semblait parfaitement propice à un combat : le vent froid et mordant faisait virevolter les feuilles fanées tombées au sol. Les deux adversaires se firent face. Wang Guangning, légèrement plus grand que Zhang Lingyi, affichait une silhouette fine mais athlétique. À l’inverse, Zhang Lingyi, plus robuste, compensait cette différence par une carrure imposante. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne se laissait impressionner. Debout, leurs vêtements flottant au vent, ils dégageaient une aura mêlant fierté et solennité.
Plissant légèrement les yeux, Wang Guangning déclara : « Tout d’abord, convenons que frapper au visage est interdit. »
Zhang Lingyi esquissa un sourire : « D’accord. »
À peine avait-il fini de parler que Wang Guangning sentit un coup s’écraser sur son ventre.
« Merde ! » s’exclama-t-il.
Zhang Lingyi ignora les jurons et, sans perdre une seconde, lança un coup de pied, ne voulant pas laisser à son adversaire l’occasion de répliquer. Très vite, les deux jeunes hommes entrèrent dans une lutte intense. Wang Guangning, membre du club de basketball, s’appuyait sur son agilité et ses réflexes, tandis que Zhang Lingyi, de l’équipe d’athlétisme, comptait sur sa puissance et son endurance. Ils semblaient parfaitement égaux, échangeant coups et esquives avec une énergie féroce.
Le résultat restait incertain. Wang Guangning reçut plusieurs coups dans l’estomac, et la douleur le fit grimacer. Réalisant que la situation ne pouvait continuer ainsi, il prit une décision radicale : il donna un coup de pied implacable, balayant Zhang Lingyi qui s’effondra au sol. Sans perdre une seconde, Wang Guangning se jeta sur lui, s’assit sur son ventre et lui asséna un coup de poing en plein visage.
« Putain, tu m’as frappé au visage ! » rugit Zhang Lingyi, furieux.
D’un geste brusque, il renversa Wang Guangning et le projeta au sol. Sans la moindre retenue, il riposta avec un coup de poing à son visage. Ainsi, leur accord tacite de ne pas viser le visage vola en éclats.
À présent, leur haine mutuelle éclatait au grand jour. Chacun voyait dans le visage de l’autre une cible à défigurer. Leur jalousie, enflammée par l’idée que leur rival pouvait être aussi beau qu’eux-mêmes, attisait leur colère. Avant, ils avaient au moins fait semblant de maintenir une certaine noblesse. Mais désormais, ils ne souhaitaient qu’une chose : défigurer l’autre jusqu’à ce qu’il devienne méconnaissable.
Le terrain résonnait du bruit des poings qui s’abattaient, entrecoupé de cris furieux.
« Ah ! Tu m’as frappé à l’œil ! »
« Et toi, tu m’as donné un coup de pied à mon petit frère… »
« Putain, si tu touches encore à mon nez, je ne me retiendrai pas ! »
« Essaie pour voir… »
**
Le combat persista pendant deux heures, jusqu'à ce que, finalement, les deux s'allongèrent sur le sol, à bout de souffle. Leurs visages étaient trop épouvantables pour être décrits, couverts d’ecchymoses aux teintes variées. Leurs corps, épuisés, refusaient de bouger malgré leur volonté.
"Ce n'est pas... ce n'est pas fini... attends que laozi (NT: ‘moi ton aîné’, expression arrogante pour parler de soi) reprenne son souffle, alors nous nous battrons à nouveau", haleta Wang Guangning. Bien que sa voix fût dure, son regard se perdait dans le ciel, vague et lointain.
Zhang Lingyi, incapable lui aussi de former une phrase complète, répondit : "D'accord… plus tard… laozi brisera ton… petit… petit frère !"
Après cela, un long silence s'installa. Leurs corps meurtris les clouaient au sol, les rendant incapables de se relever. Ayant épuisé les mots, aucun des deux ne souhaita reprendre la parole.
À la tombée de la nuit, le terrain, déserté et balayé par un vent sifflant, parut encore plus vide. Le bruit des feuilles mortes s'entremêlait avec les halètements des deux jeunes qui peinaient à respirer.
"Chéri, pourquoi es-tu venu si tard ? Tu m'as fait attendre si longtemps !"
C'était la douce voix de Yu Haining, teintée de coquetterie, qui résonnait soudain.
"Je n'ai été que retardé… tu sais bien que je dois assister à des dîners tous les jours. Je viens de finir de boire du vin avec le maire et de discuter de ce projet d'une valeur de cent millions…" La voix rauque et hésitante de l’homme trahissait une ivresse manifeste. Ses phrases, brouillées par l'alcool, se terminèrent par un hoquet. Il était évident qu'une consommation prolongée de tabac et d'alcool avait laissé des traces.
Le cœur serré, Wang Guangning et Zhang Lingyi se regardèrent en silence. Puis, dans un moment de compréhension tacite, ils se redressèrent doucement et avancèrent furtivement vers la source des voix.
Non loin de là, à l’extérieur de la clôture grillagée, se trouvait une petite route goudronnée. Cet endroit, relativement isolé, voyait rarement des promeneurs, et encore moins des véhicules.
Les deux jeunes se cachèrent dans un coin et jetèrent un coup d’œil discret. Garée au bord de la route, une Mercedes-Benz rutilante, marquant ostensiblement la richesse de son propriétaire, trônait fièrement. Debout à côté du véhicule, un homme corpulent à l'air féroce, légèrement chauve, posait une main lourde sur les fesses de Yu Haining.
Le dos de Yu Haining faisait face à Wang Guangning et Zhang Lingyi, mais les deux distinguèrent parfaitement ses formes, que la main du gros homme caressait sans retenue.
Faisant une moue enjouée, Yu Haining gifla doucement le bras de l’homme : "Tu es si vilain ! N'avais-tu pas promis de m’emmener quand tu es allé discuter du projet ? Pourquoi es-tu parti tout seul ?"
"Ah, tu es si belle… Si le maire tombait sous ton charme, que ferais-je ?" plaisanta le gros, en pinçant ostensiblement les fesses de Yu Haining.
"J'ai entendu dire que tu es très populaire à l'université", ajouta-t-il avec un ricanement. "Hier soir, deux xiao cao se sont même battus par jalousie pour toi."
Yu Haining éclata de rire, sa voix cristalline résonnant comme une cloche d’argent : "Chéri, tu ne me comprends toujours pas ? Je ne m'intéresse qu'à un homme stable et mûr comme toi, pas à ces jeunes garçons naïfs."
"Ah, je vois… Les petits garçons ne doivent certainement pas avoir beaucoup d’argent dans leurs poches", répondit-il en riant. Tout en parlant, il ouvrit la portière de la voiture et y entraîna Yu Haining.
"Allons-y, j'ai déjà réservé une chambre au Di Hao ce soir. Tu dois m'accompagner dignement."
Di Hao était un hôtel cinq étoiles bien connu dans la région, réputé pour ses prestations luxueuses.
Traducteur: Darkia1030
Créez votre propre site internet avec Webador