SAYE - Chapitre 99 - C'est là que réside la différence.
Dès que la Saint-Valentin fut passée, la dernière trace d'insouciance dans l'air disparut avec elle.
Sans mentionner les sujets qui tournaient autour de quel duo était en couple ou quel couple sortait pour célébrer la journée ensemble, même les conversations semblaient beaucoup plus creuses.
L'atmosphère dans les salles de classe s'assombrit lentement. Les surperformants étudiaient ; les élèves moyens qui voulaient saisir cette dernière opportunité se crispaient et écoutaient les cours ; ceux qui voulaient abandonner mais ne pouvaient pas tout à fait s'y résigner écoutaient parfois et dormaient d'autres fois ; tandis que quelques-uns de ceux qui avaient totalement abandonné ne venaient même pas en classe.
Jiang Cheng voyait Lao-Xu rôder autour et à l'extérieur de la salle de classe toute la journée. Son visage apparaissait à la porte d'entrée, à la porte de derrière, aux fenêtres ; chaque fois qu'il regardait dehors, huit fois sur dix, il y avait le visage de Lao-Xu.
Les gens parlent de la perte de poids des surperformants, mais Jiang Cheng pensait même que Lao-Xu avait beaucoup maigri - son visage paraissait très mince. "Est-ce que Lao-Xu a eu une injection d'amincissement du visage", dit Jiang Cheng doucement. "Il semble qu'il ait tellement maigri."
"À cause de tout le souci, bien sûr", Gu Fei regarda vers la porte d'entrée. "Il est occupé à faire des visites à domicile et à traquer les étudiants paresseux pour discuter avec eux, bientôt ce sera le tour des surperformants."
"Il n'y a rien à discuter avec moi", remarqua Jiang Cheng. "Personne dans toute cette ville ne travaille aussi dur que moi."
"Il est sous une pression encore plus grande que toi en ce moment", sourit Gu Fei. "Il est sur le point de te suivre jusqu'à l'examen lui-même."
Jiang Cheng jeta un coup d'œil à la moitié du visage de Lao-Xu qui se montrait à la porte d'entrée. Lao-Xu pencha la tête et lui fit un signe, son visage soudainement pris d'un enthousiasme fiévreux. Jiang Cheng hocha immédiatement la tête en retour, craignant que s'il répondait trop tard, Lao-Xu ne lève les mains et ne commence à applaudir.
Environ une semaine avant le premier examen pratique à Si Zhong, Pan Zhi lui envoya les questions de leur premier examen pratique. Pour obtenir la plus grande précision et empêcher Jiang Cheng de voir accidentellement les questions, cette fois Pan Zhi les envoya sur le téléphone de Gu Fei. Son Lycée avait créé ses propres questions pour le premier examen pratique. Même si Jiang Cheng pensait qu'il mettait assez d'efforts dans ses études, il voulait quand même faire la comparaison. "Je vais aller les imprimer alors ?", dit Gu Fei. "Mhm", acquiesça Jiang Cheng. "Je vais commencer à les faire dans les prochains jours. »
"Est-ce que ce sera trop de pression de les faire tous d'un coup ?", demanda Gu Fei. "De plus... si tes deux notes sont différentes, est-ce que cela affectera ta mentalité ?"
"As-tu peur que si mes notes pour les tests de Fu Zhong (NT : ‘Lycée associé’, l’ancien lycée de Jiang Chen) sont plus basses que celles des tests de Si Zhong, cela affectera ma mentalité?", sourit Jiang Cheng.
"Mhm," Gu Fei jeta un coup d'œil à son téléphone. "J'ai jeté un œil sur la géographie, ça a l'air assez difficile."
"C'est bon," Jiang Cheng s'étira. "Nous sommes déjà là, ce qui signifie qu'il est temps d'affronter la différence de front. Comment puis-je continuer à avancer si je ne sais pas combien il me reste à parcourir ?"
"Est-ce que tu ne charges pas déjà assez fort ?" Gu Fei se tourna vers lui.
"Toute ma vie, ma plus grande force a été de travailler dur." Jiang Cheng tapota les épaules de Gu Fei. "Cheng-ge te montrera ce que signifie charger."
Gu Fei lui sourit et ne répondit pas. Pour être honnête, peut-être parce qu'il avait grandi dans ce genre d'environnement, Gu Fei n'avait jamais rencontré quelqu'un comme Jiang Cheng auparavant. Et ce n'était pas seulement l'aspect surperformant.
C'était tout son être. C'était le courage d'avancer, de regarder droit devant et d'affronter tout ce qui venait à lui, et l'air puissant qui l'entourait quand il laissait tout aller et se lançait dans une tâche.
Comme le soleil d'été le plus chaud, le genre d'air qui enflammait tout.
Gu Fei n'avait jamais vu quelqu'un comme ça auparavant, et il n'avait jamais pensé qu'il rencontrerait un jour quelqu'un comme ça. Plus encore, il n'avait pas prévu qu'une personne comme ça laisserait une empreinte si profonde dans sa vie.
Jiang Cheng ne quittait pas l'école après la fin des cours. Ces jours-ci, les professeurs venaient dans la salle de classe pendant les périodes d'étude du soir pour passer en revue les questions. Même si Jiang Cheng ne posait jamais vraiment de questions lui-même, il restait quand même là jusqu'à la fin des séances d'étude du soir chaque jour. Il passait de la fin du dernier cours à la fin de la dernière séance d'étude du soir, puis il retournait chez lui et continuait à étudier jusqu'à environ 2 heures du matin.
Gu Fei alla imprimer l'examen pratique après l'école. En passant devant la pharmacie, il entra pour acheter quelques boîtes de thé au ginseng.
Ces derniers jours, parmi les élèves les plus travailleurs de la classe, plusieurs étaient tombés malades. Certains avaient de la fièvre, d'autres avaient attrapé des rhumes.
Jiang Cheng pouvait avoir une bonne constitution, mais son état de bataille constant s'était étendu du semestre dernier jusqu'à maintenant - il était trop tendu.
"Ah M. Xu, je vous recommande toujours de vous reposer davantage, votre santé est importante."
Gu Fei entendit cela dès qu'il entra dans le magasin. Il se retourna et vit Lao-Xu, debout près du comptoir de médecine chinoise. "Eh bien, j'enseigne la dernière année en ce moment, il ne reste que quelques mois. Je pourrai me détendre après qu'ils auront fini leurs examens." dit Lao-Xu.
"Ne vous souciez pas de mes reproches, mais dans tout le Si Zhong, même si vous vous inquiétez comme ça, il n'y en aura pas tant qui réussiront." Le propriétaire de la pharmacie prononça ces mots tout en préparant les herbes pour Lao-Xu. "Regardez simplement mon fils, regardez la note qu'il a ramenée l'année dernière, et il ne voulait même pas le repasser cette année."
"Eh bien, on ne peut pas forcer les enfants." Lao-Xu sourit. "Mais dans ma classe cette année, j'ai un bon jeune plant qui va sûrement entrer dans l'une des meilleures universités. Il sera premier de la ville à coup sûr, et peut-être même de la province."
"M. Xu, je ne savais jamais que vous étiez si doué pour parler grand." Le propriétaire remit les herbes emballées à Lao-Xu.
"Ce n'est pas du tout du vent," Lao-Xu agita la main. "Attends juste de voir."
"Si c'est vrai, serait-il le premier dans l'histoire de Si Zhong à entrer dans une grande école?" Demanda le propriétaire.
"Absolument !" Lao-Xu leva le menton avec fierté et se dirigea vers la porte avec son médicament.
Gu Fei hésita pendant une seconde, puis suivit Lao-Xu et l'appela, "Xu-zong."
"Oui," répondit d'abord Lao-Xu avant de se retourner. "Gu Fei ? Que faites-vous ici... Vous êtes malade ?"
"Non, je ne suis pas malade, je suis là pour acheter du Shi Quan Da Bu. (NT : médecine traditionnelle tonifiante)"
Gu Fei regarda le médicament dans les mains de Lao-Xu. "C'est pour vous ?"
"Ah, je vais bien," sourit Lao-Xu. "Il y a toujours quelque chose quand on vieillit."
"Vous venez de passer cinquante ans, vous appelez ça vieux ?" le questionna Gu Fei.
"C'est juste un peu d'insomnie," soupira Lao-Xu. "Ce sont mes nerfs, un peu de stress et je ne peux pas m'endormir, donc je prends des herbes pour faire une petite révision."
"S'ils peuvent réussir, ils réussiront, et ceux qui ne le peuvent pas, même si vous perdez du sommeil à cause de cela, ils ne pourront toujours pas réussir," remarqua Gu Fei. "Pourquoi vous tracassez vous- autant à ce sujet ?"
"Ce n'est pas comme si je voulais m'inquiéter," Lao-Xu le regarda. "Prends toi par exemple... Toi, les enfants, vous ne comprenez jamais nos douleurs. Je donnerais n'importe quoi pour passer les examens à votre place, mais aucun de vous ne prend votre avenir au sérieux du tout."
"Vous devriez rentrer chez vous," dit Gu Fei en se tournant pour entrer dans la pharmacie. "Allez prendre votre médicament."
"Ah Gu Fei," appela Lao-Xu. "Est-ce que tu étudies toujours avec Jiang Cheng ces jours-ci ?"
"... Mhm," répondit Gu Fei. "Comment va-t-il en ce moment ? Je pensais lui parler après la publication de ses premiers résultats d'examen pratique, sinon j'ai peur de lui mettre trop de pression," dit Lao-Xu.
"Il travaille assez dur depuis tout ce temps, vous n'avez pas à vous inquiéter," relata Gu Fei. "Vous... essayez de vous détendre, d'accord, vous avez l'air d'avoir récemment eu une injection pour affiner le visage."
"Injection pour affiner le visage ?" Lao-Xu cligna des yeux. "Qu'est-ce que c'est ?"
"On reçoit une injection sur ton visage, et puis le visage devient tout fin," expliqua Gu Fei.
"Aussi puissant que ça ?" Lao-Xu rit. "Alors je devrais dire au professeur Lu d'aller se faire piquer, il a pris du poids récemment."
"Vous devriez rentrer chez vous et manger," dit Gu Fei en entrant dans le magasin.
"Une injection pour affiner le visage ? Je ne peux pas croire qu'une chose aussi incroyable existe," rit Lao-Xu en s'éloignant.
Après avoir acheté les pilules de Shi Quan Da Bu, Gu Fei alla imprimer les examens pratiques avant de les faire relier, puis alla commander des tourtes à emporter chez Wang Xu.
"Tu devrais te dépêcher sur ton vélo," dit Wang Xu. "Sinon l'extérieur va devenir tout mou, et ça ne sera pas aussi bon."
"Mhm," répondit Gu Fei. Depuis cette nuit avant la Saint-Valentin, Wang Xu était soudainement devenu beaucoup plus mature, solide et réservé, comme s'il avait pris des hormones de croissance rapide pour les porcs. Même quand il parlait, c'était sans le ton vantard qu'il avait l'habitude d'avoir avant.
Gu Fei ne pouvait pas dire si cela pouvait s’interpréter comme une croissance ou une dépression.
"Tu veux prendre aussi de la soupe d'agneau ?" demanda Wang Xu. "Je vais vous prendre un thermos."
"D'accord," acquiesça Gu Fei.
Wang Xu mit la soupe dans le récipient et le lui remit.
"Tu...," Gu Fei marqua une pause. "Tu vas à la période d'étude ?"
"Da-Fei," Wang Xu le regarda. "Tu ne trouves pas que c'est une question très cruelle à me poser ?"
"... Oh," Gu Fei le regarda, sentant que Wang Xu pourrait écrire un poème brisé dans la seconde suivante, alors il attrapa rapidement la nourriture. "À plus tard."
Derrière lui, Wang Xu laissa échapper un soupir.
Quand Gu Fei arriva dans la salle de classe, ce n'était pas encore l'heure de l'étude du soir. Il n'y avait que quelques personnes assises à leur place, plongées dans leurs livres.
Jiang Cheng était enfoui derrière un énorme tas de matériel d'étude plus grand que sa tête, et il ne remarqua même pas lorsque Gu Fei s'approcha du bureau.
Gu Fei ouvrit le sac de tourtes à la viande et le plaça de son côté du bureau.
Quelques secondes plus tard, il vit le stylo qui griffonnait furieusement s'arrêter un moment, avant que Jiang Cheng ne tourne rapidement la tête.
"Tu as un sacré odorat," chuchota Gu Fei en riant doucement.
"Merde," Jiang Cheng déglutit et attrapa une tourte à la viande. "J'avais tellement faim que mes mains devenaient glacées."
"La croûte est-elle devenue molle ?" l’interrogea Gu Fei tout en s'asseyant.
"Non, c'est délicieux," Jiang Cheng mangea la moitié de la tourte à la viande en deux bouchées. "Tu as imprimé les tests ?"
"Tout est là," Gu Fei agita le dossier épais dans sa main. "Lequel veux-tu faire en premier ?"
"Je vais les faire selon l'ordre standard," dit Jiang Cheng en mastiquant. "Qu'y a-t-il dans le thermos ?"
"De la soupe d'agneau," annonça Gu Fei.
"Vite," les yeux de Jiang Cheng pétillaient. "Passe-moi un bol."
Gu Fei en versa un peu dans le couvercle du thermos pour lui. Les mains de Jiang Cheng tremblaient presque en acceptant le bol. Gu Fei trouva ça amusant. "Tu es sérieux ?"
"Les tourtes à la viande et la soupe du restaurant de Wang Xu sont les choses les plus délicieuses sur terre," affirma Jiang Cheng.
À ce moment, Yi Jing, qui était assise la tête baissée au premier rang en mémorisant des passages, se tourna et regarda en arrière.
Gu Fei croisa son regard, et elle lui fit un petit sourire.
"Qu'est-ce que...?" Jiang Cheng remarqua le mouvement de Yi Jing et dit doucement tout en continuant à grignoter les tourtes à la viande. "Le sans-cœur Wang Jiuri lui a-t-il dit ?"
"Je ne pense pas, elle a probablement juste senti l'odeur de la nourriture," Gu Fei leva les tourtes à la viande et les agita vers Yi Jing, qui secoua la tête et se remit à étudier. "Wang Xu est plutôt fiable pour ce genre de choses. Si c'était la guerre, il serait l'un de ceux qui abandonnent seulement après une semaine de bastonnade."
"Ces types qui semblent ne rien savoir d'utile seraient morts en une semaine après les coups," soupira Jiang Cheng. "Est-il toujours comme ça ? Tout chagriné ?"
"Mhm," Gu Fei prit une tourte à la viande et la mangea lentement. "Je ne sais même pas comment lui parler maintenant."
"Il devrait prendre des leçons de Pan Zhi," Jiang Cheng jeta un coup d'œil dans la direction de Yi Jing. "Regarde notre Maître Pan, année après année, il largue et se fait larguer si souvent que c'est aussi normal pour lui que de manger et de boire. S'il ne te le dit pas, tu ne peux même pas dire quand il sort avec quelqu'un et quand il se fait larguer à nouveau. Ce scélérat."
"Un jour, quelqu'un viendra le gérer tôt ou tard," rit Gu Fei.
"J'attends juste ce jour-là," dit Jiang Cheng. "Si un jour il déprime après une rupture, je serai là à rire pendant 180 jours d'affilée."
Gu Fei ne pouvait pas arrêter de rire en mangeant.
*
Jiang Cheng utilisa ses heures du soir pour faire les premiers examens pratiques de Fu Zhong. Il rentrait une période plus tôt de l'étude du soir chaque jour, et Gu Fei le surveillait.
"Nous allons distribuer les épreuves maintenant, tout le monde, veuillez rester calme et ne pas parler entre vous," dit Gu Fei en sortant les derniers examens d'anglais du dossier. "Vous avez 120 minutes pour compléter le test. Ne soyez pas nerveux, lisez attentivement les questions, organisez bien votre temps..."
Il plaça les feuilles devant Jiang Cheng. Jiang Cheng prit les feuilles et écrivit d'abord son nom, puis commença à feuilleter rapidement les pages. Gu Fei s'assit à côté de lui et démarra le chronomètre sur son téléphone.
C'était le dernier ensemble d'examens de Fu Zhong. Il avait déjà scanné et envoyé les réponses complétées à Pan Zhi, qui les imprimerait et les ferait corriger par les enseignants là-bas.
Parfois, Gu Fei pouvait sentir la pression que Jiang Cheng ressentait. Compléter simplement un ensemble d'examens pratiques de Fu Zhong impliquait déjà tellement de personnes. L'ancien directeur de Jiang Cheng, Lao-Yuan, l'avait même appelé plusieurs fois à ce sujet. Les attentes de ces personnes ajoutaient toutes une pression sur son dos.
Pourtant, Jiang Cheng semblait bien se porter. Sa confiance en ses propres capacités académiques était capable de supporter cette pression.
Vraiment impressionnant, petit ami.
Gu Fei leva son téléphone et prit une photo du dos travailleur de Jiang Cheng. Les questions du premier examen pratique de Fu Zhong étaient plutôt difficiles ; Jiang Cheng se sentit un peu appréhensif après les avoir terminées. Cependant, il était relativement calme, car quelle que soit sa performance sur ces questions, cela lui indiquerait au moins l'écart qu'il devait combler. Tant que les examens d'entrée à l'université ne commençaient pas demain, il avait encore du temps.
Un jour avant le début des premiers examens pratiques du Si Zhong, Pan Zhi envoya à Gu Fei les résultats de chaque matière et le score total.
"Tu veux regarder ça après avoir fini ceux-ci ?" demanda Gu Fei.
"Mhm," acquiesça Jiang Cheng.
"Pan Zhi a dit que c'était plutôt génial," continua Gu Fei."Il dira ça tant que j'ai un score plus élevé que le sien," sourit Jiang Cheng. "En gros, je voulais juste voir à quel point je suis en retard après avoir passé un an ici. Je ne peux rattraper mon retard que si j'ai une idée de la différence."
"Mhm," Gu Fei se tourna vers Jiang Cheng depuis sa position affalée sur le bureau, puis sortit deux petites bouteilles différentes de son tiroir. "Allez, bois ça d'un trait."
"Pourquoi j'ai l'impression de prendre ça plusieurs fois par jour," accepta Jiang Cheng et les avala. Gu Fei lui achetait des boîtes de suppléments censés nourrir le cerveau, renforcer le système immunitaire et booster l'énergie, et lui en faisait boire tous les jours. "Je n'en ai pas pris ce matin ?"
"Celles-ci, c'est deux fois par jour, d'accord," expliqua Gu Fei. "On dirait que tu en as vraiment besoin, ton cerveau est seulement bon pour étudier ces jours-ci, il ne peut même pas accueillir un autre sujet."
Jiang Cheng rit un moment en regardant les petites bouteilles dans sa main. "Peux-tu accueillir beaucoup de sujets dans ton cerveau ?"
"Non," soupira Gu Fei. "Mon cerveau est tout rempli de choses te concernant maintenant. L'autre jour, Er-Miao me demandait combien font 7 fois 9, et j'ai dû commencer à réciter depuis 4 fois 9 pour arriver à la réponse correcte."
Jiang Cheng arrêta de sourire, tendit discrètement la main et toucha la jambe de Gu Fei. "Tu as travaillé dur."
L'arrivée des premiers examens pratiques instaura enfin une atmosphère de tension à Si Zhong. L'école ne se contentait pas simplement de séparer les pupitres comme elle le faisait pour les examens réguliers, mais a également mélangé les différentes classes.
Jiang Cheng était entouré de personnes qu'il ne reconnaissait pas de part et d'autre. Lorsqu'il regardait à droite, il ne pouvait pas voir le profil familier de Gu Fei, ni la manière dont il lançait les dés sur les réponses. Il n'était pas habitué à cela.
En revanche, ces examens pratiques utilisaient les tests standard utilisés dans toute la ville, et avec les tests du Si Zhong qu'il avait remplis auparavant, Jiang Cheng sentait que ceux-ci étaient relativement plus faciles.
Voilà où résidait la différence.
C'était la phrase qui résonnait dans l'esprit de Jiang Cheng alors qu'il travaillait sur chaque problème. Il y avait des gens qui partaient avant l’heure pour chaque matière - ils avaient déjà abandonné et ne venaient que pour montrer leur visage et confirmer qu'ils ne pouvaient vraiment pas répondre aux questions.
Jiang Cheng avait suffisamment de temps restant après avoir terminé, mais il resta quand même assis à sa place et vérifia encore et encore jusqu'à la dernière seconde. Il n'y avait pas besoin de se vanter cette fois-ci.
Il était également ravi de voir que dans la classe d'à côté, Gu Fei ne remettait pas non plus son test tôt, ni ne lançait les dés sur les questions.
*
"Vraiment?" Jiang Cheng le regarda.
"Vraiment," dit Gu Fei. "Je dois donner un peu de crédit à mon petit ami, non ? Puisque je t'ai accompagné pendant si longtemps pendant que tu étudiais, ce serait gênant, n'est-ce pas, si je devais encore lancer les dés pendant le test?"
Jiang Cheng ne répondit pas, seulement il plissa les yeux.
"Est-ce que j'ai tort ?" Gu Fei sourit. "La façon dont tu es sur mon dos jour après jour, me faisant te tester."
Jiang Cheng claqua sa langue, mais ne dit toujours rien.
"Tu pensais être discret ?" demanda Gu Fei.
"Uh huh," Jiang Cheng ne savait pas quoi dire. À en juger par la réaction de Gu Fei, il semblait avoir remarqué sa tactique depuis longtemps, mais ne semblait pas non plus mécontent de ce qu'il avait fait. Bien que cela ne signifie pas qu'il l'admettrait aussi facilement. "N'est-ce pas normal de se tester mutuellement?"
"Cheng-ge," Gu Fei leva les bras en l'air pour s'étirer, et fit pivoter ses épaules. "La façon dont tu faisais si attention..."
Jiang Cheng le coupa. "Quand ai-je jamais fait attention."
"La façon dont tu faisais si attention, c'était vraiment touchant," insista Gu Fei pour finir sa phrase.
Jiang Cheng marqua une pause, puis soupira, "D'accord, donc je faisais attention. C'est quand même mon petit ami, si c'était quelqu'un d'autre, je n'aurais pas l'énergie pour m'en soucier."
"Être tenu dans le cœur de quelqu'un comme ça," Gu Fei passa un bras autour des épaules de Jiang Cheng. "C'est un sentiment assez spécial."
"Oui." Jiang Cheng hocha la tête.
Gu Fei parlait de lui-même, mais Jiang Cheng ressentait exactement la même chose. Tenir quelqu'un dans son cœur est en fait une chose très difficile. Tout le monde aspire à l'avoir, mais tout le monde ne recevra pas de réciprocité.
"Ton score d'avant," Gu Fei sortit son téléphone. "Veux-tu le voir maintenant?"
"Mhm," les mots de Gu Fei ramenèrent Jiang Cheng sur terre. "Est-il supérieur à 630?"
Gu Fei n'a pas répondu tout de suite, il fronça les sourcils et dit : « Les paroles de Pan Zhi ne peuvent vraiment pas être prises au sérieux. »
"C'est 628, ce qui est déjà très bien." Gu Fei appuya sur lecture sur le message vocal que Pan Zhi avait envoyé, et mit le téléphone près de l'oreille de Jiang Cheng. "Tiens, tu peux écouter ce qu'il a dit."
-Lao-Yuan a dit que vous n'aviez pas encore fini de réviser, et cette fois ils ont marqué tous les tests plus sévèrement. Son test a également été noté selon des critères plus stricts. J'ai vérifié les classements, son score total le place en quatrième position, à seulement 2 points de moins que la troisième place. Comparé à ses capacités précédentes, il est resté à peu près au même niveau, et n'a pas régressé. De plus, cette fois, il n'a pas été pénalisé pour le manque de netteté. Tu te rappelles son écriture merdique avant ? Eh bien, maintenant ça n'a plus l'air d’un tas de merde. Il a pratiqué son écriture même pendant qu'il étudiait, tu ne trouves pas ça vraiment impressionnant de sa part.
Jiang Cheng fit un bruit de mécontentement et rendit le téléphone à Gu Fei.
"Qu'en penses-tu, les tests étaient déjà assez difficiles, et ils ont été stricts dans la notation." souligna Gu Fei.
"Combien a obtenu le premier?" a demandé Jiang Cheng.
Gu Fei jeta un coup d'œil : "637.".
Jiang Cheng émit un autre bruit de mécontentement. Après un moment, il en a encore fait un, puis comme si un barrage avait été ouvert, il émit udesn bruits de mécontentement tout le chemin de la salle de classe jusqu'au portail de l'école, au moins 80 fois, asséchant toute sa salive.
"Ta langue va bien?" soupira Gu Fei.
"C'est toute une différence de 10 points." déclara Jiang Cheng.
"Neuf points." corrigea Gu Fei.
"Ah, neuf points, c'est toute une question." Jiang Cheng fronça les sourcils. "Voilà où réside la différence."
"Il reste plus de deux mois." remarqua Gu Fei.
"Charge !" Jiang Cheng lança son bras en l'air.
Seul Gu Fei comprenait le poids derrière le "charge !" de Jiang Cheng. Après tout, le score total de Jiang Cheng pour l'examen pratique de Si Zhong était de 648 - le premier de toute la ville.
Debout au pupitre, Lao-Xu était tellement excité que ses lèvres tremblaient. Seul Gu Fei savait que pour Jiang Cheng, leurs tests n'étaient pas si difficiles. Même s'ils étaient dans le meilleur lycée de la ville, cela ne pouvait pas être comparé au lycée d'où il venait.
Selon les critères de Jiang Cheng, il devait encore avancer. C'était un mot très simple, mais le mettre en action était un peu effrayant.
Gu Fei pensait que Jiang Cheng travaillait déjà très dur, mais ne savait pas qu'il pouvait aller encore plus loin.
En fait, Jiang Cheng n'a pas augmenté le temps qu'il passait à étudier chaque jour, mais il était clair que son attention était encore plus concentrée qu'auparavant, et les fois où il jetait des coups d'œil furtifs à Gu Fei pendant les études avaient diminué drastiquement.
Même en mangeant son en-cas du soir, ses yeux restaient rivés sur les livres. Jiang Cheng dans cet état a surpris Gu Fei, mais il en a aussi ressenti de la fierté. Cependant, lentement, à mesure que les jours passaient, Gu Fei se sentait de plus en plus anxieux.
Voilà où réside la différence.
C’étaient les mots que Jiang Cheng avait prononcés.
Pour Jiang Cheng, la différence résidait dans ces points. Mais pour Gu Fei, la différence était bien plus compliquée.
S'il devait remonter à la source de la différence, il devrait aller de plus en plus profondément, jusqu'à réaliser que la différence était là dès le départ.
Ces différences, avec le passage du temps, avec le changement d'environnement et des gens qui les entouraient, deviendraient progressivement de plus en plus importantes. Cela pourrait prendre un an, deux ans, ou trois... Peut-être cela finirait-il par devenir un grand gouffre, impossible à combler uniquement par l'affection de deux lycéens s'appuyant l'un sur l'autre.
"Gu Fei." Jiang Cheng posa son livre.
"Hm?" Gu Fei le regarda. "Peux-tu me masser le cou ?" Jiang Cheng sourit.
Gu Fei s'approcha derrière lui et pétrit doucement l'arrière de son cou. "Ici ?"
"Mhm," Jiang Cheng baissa la tête, sa main revint sur le livre. "C'est agréable."
"Pourquoi ne te reposes-tu pas un peu ?" demanda Gu Fei.
"Je me repose maintenant," Jiang Cheng retira sa main. Après un moment, il pencha la tête sur le côté et dit : "Hé, je voulais te demander quelque chose."
"Quoi ?" Gu Fei caressa sa joue avec un doigt.
"Es-tu de mauvaise humeur ces derniers temps ?" demanda Jiang Cheng.
"Le suis-je ?" Gu Fei sourit. "Tu as le temps de penser à ces choses ?"
"C'est un non ?" Jiang Cheng se retourna pour le regarder.
"Non," répondit Gu Fei. "Je suis juste... un peu nerveux."
"Nerveux à propos de quoi ?" Jiang Cheng était un peu perdu.
"Je ne peux pas dire exactement," réfléchit Gu Fei. "Je suppose qu'après tout, je suis aussi quelqu'un qui va passer les examens d'entrée à l'université."
"Merde," Jiang Cheng marqua une pause, puis se détourna et ne put s'arrêter de rire. "Pourquoi cela ne semble-t-il pas du tout crédible venant de toi ?"
"Alors, qu’est ce qui est crédible ?" Gu Fei rit aussi.
"Quand tu dis que tu m'aimes," Jiang Cheng posa sa tête contre le ventre de Gu Fei. "Ça, je le crois."
"Je t'aime," Gu Fei le regarda. "Beaucoup, beaucoup, comme un coup de foudre invincible."
Traducteur: Darkia1030
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