SAYE - Chapitre 92 - Peu importait la difficulté, il devait quitter cet endroit.
C'était une journée nuageuse. Le soleil qui aurait dû montrer son visage ne fit pas son apparition, et les rares lampadaires intacts le long de la ruelle étaient toujours allumés.
Gu Fei ressentit une légère fraîcheur contre son corps alors qu'il filait vers l'appartement de Jiang Cheng sur sa moto. Mais c’était aussi une sensation satisfaisante, comme si tout son être était enveloppé par le vent frais et rafraîchissant.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas conduit sa moto. Habituellement, il ne l’utilisait que lorsqu'il sortait avec Li Yan et les gars, mais depuis qu'il était avec Jiang Cheng, il ne sortait plus que rarement avec eux. L'autre jour, Liu Fan l'avait appelé et avait dit qu'il écrivait un poème pour commémorer le "meilleur ami qui m'a abandonné".
La distance entre sa maison et celle de Jiang Cheng n'était pas très grande. En moto, à la vitesse à laquelle il allait, cela ne prit que moins de cinq minutes au total.
Il était un peu inquiet que Jiang Cheng ne puisse pas contenir sa colère et qu’il descende pour régler le problème avec Li Hui tout seul. Jiang Cheng ne serait certainement pas désavantagé face à Li Hui. Même si Li Hui était accompagné, avec l'habileté de combat de Jiang Cheng, il n'y avait aucune chance que l'autre côté l'emporte.
Cependant, ce étaient des moments particuliers. Jiang Cheng était un élève de terminale se préparant pour ses examens. Ce serait un gros problème si quelque chose venait à affecter son humeur, sans parler de se retrouver avec des problèmes comme celui-ci. C'était déjà assez impactant pour lui d'avoir déménagé d'un lycée clé à un endroit comme Si Zhong, puis d'être tourmenté par tous ces problèmes...
Il n'y avait pas beaucoup de monde dans la rue à cette heure. Ceux qui devaient aller à l'école ou au travail n'avaient pas encore quitté leur domicile, de sorte que les seules personnes en mouvement étaient les grands-parents qui se levaient tôt pour faire de l'exercice ou faire des courses.
Par conséquent, dès qu'il tourna au coin de la rue de Jiang Cheng, Gu Fei put voir les personnes se tenant non loin devant. Il ne portait pas ses lunettes. À cette distance, il ne pouvait distinguer que Li Hui, qui se tenait à quelques pas du reste. Il ne reconnaissait personne d'autre.
Mais cela n'avait pas d'importance de toute façon. Les seules personnes que Li Hui pouvait réussir à rassembler étaient des délinquants oisifs. La seule différence était entre les délinquants de l’aciérie et les délinquants hors de l’aciérie.
Gu Fei n'a pas ralenti et fonça sur le groupe de personnes se tenant près de la route. Les délinquants ont tendance à être assez agiles. Dans le rugissement du moteur, ils ont tous tourné la tête et ont commencé à se déplacer pour s'écarter.
Gu Fei se pencha sur la moto et sortit une longue matraque en caoutchouc du garde-boue arrière modifié. Lorsque la moto a rugi jusqu'au groupe, beaucoup d'entre eux s'étaient écartés. Cependant, ils n'étaient pas la cible de Gu Fei.
La réaction de Li Hui fut clairement plus lente que celle de ces voyous. Ce n'est que lorsque tout le monde s'est dispersé qu'il a réussi à tourner la tête. Gu Fei se balança. La matraque dans sa main claqua contre les fesses de Li Hui.
Li Hui cria, mais sans beaucoup de conviction ou de puissance, en fait, probablement seulement à 70% de ses capacités. La couleur de son visage trahissait le fait qu'il avait probablement passé toute la nuit à jouer au mahjong ; il était d'un gris acier.
Il était vraiment à la hauteur dans son rôle de cher fils que Li Baoguo avait élevé de ses propres mains. Au moment où tout le monde s'est regroupé et a attaqué, la moto de Gu Fei avait déjà parcouru plusieurs mètres. Il freina et posa un pied à terre. L'extrémité arrière de la moto pivota. Cette fois, il était plus proche et pouvait distinguer les personnes que Li Hui avait amenées. Il y en avait quatre ou cinq, tous du quartier de l’aciérie, mais il ne connaissait que le gars que les gens appelaient San Gou (NT : troisième chien), qui achetait souvent des choses dans son magasin. San Gou l'a reconnu et a cligné des yeux, « Da-Fei ? »
« Hors du chemin. » exigea Gu Fei.
La moto chargea à nouveau le groupe. San Gou hésita une fraction de seconde, puis recula.
Cette fois, les autres étaient préparés. Quelqu'un s'avança vers la moto avec un couteau à la main et le brandit violemment vers le visage de Gu Fei. Gu Fei dirigea un peu vers le côté pour éviter le couteau, tout en abattant la matraque sur le bras du gars.
Alors que la moto fonçait de nouveau, il entendit le bruit du couteau qui tombait au sol. Il n'avait pas utilisé beaucoup de force sur cette frappe, car son seul but était de repousser le couteau. Il ne souhaitait pas provoquer ces personnes plus que nécessaire, car il ne les connaissait pas bien. Si l'un d'eux se révélait avoir le même tempérament que Hou Zi, cela pourrait être un autre problème difficile à résoudre.
Sa cible était seulement Li Hui. Li Hui était un lâche. S'il n'avait pas amené du monde avec lui, il n'aurait pas osé venir chercher Jiang Cheng seul. Même avec une bande, il n'osait toujours pas chercher Jiang Cheng à l'école.
Pour les élèves de Si Zhong, se battre leur était aussi facile que de manger. Si Jiang Cheng avait vraiment amené d'autres personnes pour le défier, Li Hui n'aurait jamais osé le confronter directement.
Li Hui voulut s'écarter, mais il ne pouvait pas être plus rapide que la moto. Juste au moment où il se retournait pour s'enfuir, la matraque de Gu Fei s'abattit à nouveau, cette fois sur sa jambe.
« Merde ! » explosa Li Hui.
« J'emmerde ton grand-oncle ! Est-ce que je t'ai foutrement fait quelque chose ? »
« Oui. » Gu Fei fit pivoter sa moto à nouveau.
« Tu paries que je prendrai soin de toi aussi ! » Li Hui le menaça du doigt. En disant cela, il jeta un coup d'œil sur les côtés, signalant aux autres qu'ils devaient tous s'élancer ensemble.
«Cette affaire n'a rien à voir avec ces frères ici. » Gu Fei coupa le moteur et descendit de la moto. Tenant la matraque, il s'approcha de Li Hui. « Tu as appelé tous ces gens juste pour embêter un lycéen. Si ça se sait, tu ne te ridiculiseras pas seulement, tu feras aussi une blague des personnes qui t'ont aidé. »
« Ne tente pas de semer la discorde ! » cracha pratiquement Li Hui en criant. « Il a pris les économies de mon père!»
« Ton père avait des économies ? » Gu Fei ricana. « Peut-être que tu devrais aller vérifier à la banque d'abord. Si la banque ne te laisse pas vérifier, tu peux appeler les flics pour t'aider. Les flics t'aideront sûrement. »
« Je n'ai pas besoin de vérifier ! Je sais qu'il les a prises ! » hurla Li Hui.
“D'accord alors,” dit Gu Fei en le regardant. « Quand est-ce que tu vas me payer pour toutes ces choses que tu as prises dans mon magasin la dernière fois ? »
Li Hui fut déconcerté, « Quand est-ce que j'ai pris quelque chose dans ton putain de magasin ? »
« Une boîte entière de Zhonghua (NT : cigarettes) et deux caisses de Maotai (NT : boisson alcoolisée), » dit Gu Fei. « Et... »
« Putain de merde ! » l'interrompit Li Hui. « Est-ce que ta boutique merdique a même autant de Zhonghua et Maotai ! »
« Alors est-ce que ce père à toi qui devait même tenir un compte pour le jeu avait un compte d'épargne ? » demanda Gu Fei.
« Toi... » Li Hui cligna des yeux en essayant de suivre.
« Ne t'inquiète pas de savoir si j'en ai dans le magasin, » dit Gu Fei. « J'ai dit que tu les as pris. Je sais que tu les as pris. »
« Putain de... » Les yeux de Li Hui sortaient pratiquement de leurs orbites. Il ne savait presque pas comment continuer la conversation, alors il décida de balancer son bras et de lancer un coup de poing vers le visage de Gu Fei. Gu Fei ne se dérangea même pas pour esquiver. Le poing de Li Hui mit tellement de temps à arriver que quand son propre coup atterrit sur le nez de Li Hui, le gars avait encore les bras ouverts comme s'il allait faire un câlin.
Quand Jiang Cheng entendit le bruit d'une moto, il fit une pause d'une fraction de seconde et se demanda si c'était Gu Fei. Juste au moment où il allait regarder par la fenêtre, il entendit le rugissement du moteur accélérant de l'extérieur, et sut immédiatement que Gu Fei était venu, et qu'il était venu pour se battre.
Avant même de vérifier l'état de la bataille à l'extérieur, il tendit la main en arrière et attrapa la fronde sur la table, puis il ramassa quelques cailloux dans le pot de fleurs. Il banda d'abord la fronde, puis en regardant vers le bas pour viser, il vérifia enfin ce qui se passait en bas.
Son corps entier fut figé de choc en apercevant Gu Fei debout dehors, torse nu, avec une matraque noire à la main. Il n'avait jamais vu Gu Fei quitter la maison sans chemise auparavant. Et à cause de Gu Miao, Gu Fei ne se mettait presque jamais torse nu même quand il était à la maison, encore moins quand il sortait.
Bien que ce soit entièrement une autre affaire qu'il soit parfois sans pantalon quand il était chez Jiang Cheng. Le point, c'était qu'à cet instant Gu Fei était torse nu, portant seulement un pantalon de jogging avec des bandes blanches sur les côtés, et tenant une matraque à la main.
Voilà.
……C'était le Mini Tyran de l’aciérie, longtemps absent.
Li Hui avait amené quatre personnes, ils étaient donc cinq en le comptant. Jiang Cheng fixa son regard sur eux, la fronde tendue, mais à part Li Hui, aucun des autres gars ne montrait de signes de vouloir passer à l'action.
Il pensa que Li Hui n'avait amené que des gars qui traînaient habituellement dans le quartier. Même si Gu Fei avait « perdu » contre Hou Zi auparavant, cette méthode de « duel » ne représentait clairement pas une véritable force physique. Ces personnes ressentaient sans aucun doute de l'appréhension à l'idée de se mesurer à Gu Fei.
Jiang Cheng ne pouvait pas entendre l'échange entre Li Hui et Gu Fei, mais il pouvait dire que Li Hui était extrêmement agité et en colère. Ensuite, il vit Li Hui lancer un poing.
Jiang Cheng n'eut pas le temps de relâcher le caillou qu'il tenait. Avant que le poing de Li Hui ait terminé son arc lent dans l'air, le coup de poing de Gu Fei avait déjà atterri sur son nez.
Li Hui recula violemment, puis passa une main derrière son dos.
Le voilà.
Alors que Li Hui sortait un couteau de derrière son dos, Jiang Cheng lâcha la fronde avec un « pop ! », et le caillou vola, frappant le poignet de la main de Li Hui qui tenait le couteau.
Jiang Cheng avait déjà testé la puissance de cette fronde de nombreuses fois. Avec ce seul coup, la main de Li Hui enflerait à coup sûr. S'il avait utilisé plutôt une bille d'acier, cela aurait certainement fracturé quelques os.
Le couteau de Li Hui tintinnabula en tombant au sol. Avant qu'il ne puisse se baisser pour le ramasser, le pied de Gu Fei était déjà dessus. Il abattit la matraque sur l'épaule de Li Hui.
Ce n'est qu'à ce moment-là que Gu Fei se tourna pour regarder en haut.
Jiang Cheng se retira rapidement à l'intérieur, où il ouvrit la porte de l'appartement et descendit les escaliers trois marches à la fois.
Il ne servirait à rien de simplement se cacher dans sa chambre et de tirer dans l'ombre. Ainsi, toute leur colère se concentrerait sur Gu Fei. Il ne voulait pas que Gu Fei soit de nouveau pris dans ces ennuis et ne voulait pas voir un autre duel débile à la façon aciérie.
En sortant rapidement de la cage d'escalier, il vit que Gu Fei avait déjà donné un coup de pied au couteau sur le côté. La matraque en caoutchouc noir avait également été jetée. Les mains vides, Gu Fei se tenait face à face avec Li Hui.
« Si tu veux des ennuis, je te tiendrai compagnie », dit Gu Fei.
“Je n’ai pas besoin de ta compagnie!” Li Hui s'essuya la bouche, remarqua que Jiang Cheng sortait en courant, et le désigna immédiatement du doigt. « C'est toi que je cherche. »
Un coin de la bouche de Jiang Cheng tressaillit. « Quel est ton problème avec moi ? » « Ça n'a plus rien à voir avec lui maintenant », dit Gu Fei. « En ce moment, c'est entre toi et moi. Si tu penses que Jiang Cheng m'a appelé ici pour donner un coup de main, tu peux aussi te faire aider. Qui vas-tu choisir ? »
Des expressions gênées apparurent sur les visages des autres gars et ils commencèrent tous à se sentir mal à l'aise. L'un d'eux fronça les sourcils et dit : « Li Hui, est-ce que ce ne serait pas un malentendu ? Si nous venons juste pour un gamin comme ça, ça ne serait pas très bien si c'était vraiment un malentendu. »
« Trente mille yuans ! » Li Hui serra son épaule, qui venait d'être frappée par Gu Fei.
« Jiang Cheng, crache les trente mille que tu as pris à mon père, et j'oublierai toute cette histoire ! »
Jiang Cheng essaya de contenir sa rage et son irritation « Si Li Baoguo avait trente mille à dépenser, il n'aurait pas été poussé à sauter du bâtiment par toi. »
« Putain de connerie ! Il a sauté juste après que tu sois monté à l'étage... » Li Hui était énervé et lançait des insultes en chargeant Jiang Cheng, mais il n'a pas pu faire plus de deux pas. Il n'a même pas pu finir sa phrase.
Gu Fei se jeta sur le côté et donna un coup de pied dans l’estomac. Li Hui se plia immédiatement en boule. Gu Fei s'approcha et lui donna un coup de coude dans le dos. Une fois que Li Hui était à genoux sur le sol, il attrapa les cheveux de Li Hui d'une main et écrasa son visage sur son genou.
Lorsqu'il lâcha prise, Li Hui tomba à plat sur le dos, le sang jaillissant de son nez faisait un gâchis autour de sa bouche. Jiang Cheng regarda la série de mouvements de Gu Fei et ne put pas tout à fait comprendre ce qu'il ressentait à ce moment-là. Chaque fois qu'il voyait Gu Fei se battre... ou plutôt, voyait Gu Fei tabasser quelqu'un, il était un peu surpris.
C'était l'expression froide sur le visage de Gu Fei et la décision et la précision avec lesquelles il effectuait chaque mouvement.
C'était seulement à cause de cette férocité qu'il avait surnommé Gu Fei le Mini Tyran de l’aciérie. Mais ce n'était pas entièrement exact non plus. Le terme « Mini Tyran » était un peu trop mignon pour ce qu'était Gu Fei, il n'était pas adéquat pour décrire tout ce qu'il englobait.
Si Gu Fei n'était pas Gu Fei, il serait un véritable tyran brutal de l’aciérie que personne n'oserait défier. Le Patron Numéro Un de l’aciérie. Jiang Cheng regarda Li Hui, qui était allongé par terre depuis un moment et ne semblait pas se relever de sitôt, puis regarda les assistants qu'il avait amenés, qui avaient regardé la scène froidement depuis la ligne de touche sans montrer d'indication de venir l'aider à se relever, et se retrouva tout à coup perdu quant à la suite des événements.
« Li Hui », intervint Gu Fei. « Ne pense pas que je ne connais pas le genre de personne que tu es. Tout le monde qui a grandi dans ces parages connaît le genre de personne que tu es. Je considérerai cette affaire comme réglée maintenant. Si ton père avait vraiment un compte d'épargne, tu le sais mieux que quiconque ainsi que où il le gardait. »
Les jambes de Li Hui tressautèrent alors qu'il se tenait le nez, mais il resta silencieux. Gu Fei regarda autour de lui les autres gars. « Je le répète. J'ai grandi ici. Toute personne qui me connaît sait cela, je ne cherche jamais les ennuis. Mais si quelqu'un a l'idée de me défier, je ne vais pas me laisser faire. »
Ils rirent tous nerveusement. Gu Fei se concentra particulièrement sur l'un d'entre eux, «San Gou ».
« Ouais, je sais, je sais. » Celui qu'il appelait San Gou vint vers Gu Fei et lui tapa sur l'épaule. « Il doit s'agir d'un malentendu, ouais ! »
« J'apprécie la courtoisie. » Gu Fei se pencha et ramassa le bâton en caoutchouc du sol, puis le remit dans le garde-boue arrière de la moto. San Gou agita la main, et les autres, après une certaine hésitation, partirent tous avec lui. Parmi ces prétendus assistants que Li Hui avait amenés, aucun d'entre eux ne prit même la peine d'aider Li Hui à se relever avant de partir.
Jiang Cheng regarda Li Hui allongé par terre avec stupeur et fut soudainement envahi par un sentiment qu'il ne pouvait pas vraiment définir. Cet endroit et les gens ici, tout cela était difficile à décrire avec satisfaction.
« Allons-y. » Gu Fei monta sur sa moto. « Dois-tu monter à l'étage pour prendre tes livres ? »
« Mhm, je vais... aller les chercher. » Jiang Cheng jeta un autre coup d'œil à Li Hui et baissa la voix. « Et lui ? »
« Il se lèvera tout seul d'ici peu », dit Gu Fei. « Ce n'est pas comme si je lui avais cassé des os.»
“Alors, attends-moi.” Jiang Cheng tourna rapidement dans la cage d'escalier.
Il monta les escaliers et prit le sac à dos qu'il avait déjà préparé, remit sa fronde dans le tiroir, puis attrapa un T-shirt au hasard dans son placard, avant de redescendre en courant.
Lorsqu'il sortit à nouveau, Li Hui ne gisait plus par terre. Jiang Cheng regarda dans la rue et vit Li Hui traverser lentement la route, le dos voûté.
"Mets ça." Jiang Cheng lança le T-shirt à Gu Fei.
"Il ne va plus t'embêter." Gu Fei jeta un coup d'œil dans la rue en enfilant le T-shirt. "Je parie qu'il doit probablement de l'argent quelque part."
Jiang Cheng soupira.
"S'il revient, tu dois quand même me le dire. Ne rentre pas en conflit direct avec lui." continua Gu Fei. "Tu ne dois pas toucher à ces gens-là, ne laisse pas ça influencer tes études et tes examens."
"Et toi ?" fronça les sourcils Jiang Cheng.
"Je sais comment gérer ce genre de gens." Gu Fei sourit. "Ne t'inquiète pas."
Jiang Cheng ne répondit pas en montant sur la moto derrière Gu Fei. Lorsque le moteur rugit, il frotta doucement ses mains contre les côtés de Gu Fei. "Est-ce la seule façon ? De régler ces choses-là ?"
"Mhm," répondit Gu Fei. "Comment faire autrement ? Tu n'as même pas de raison d'appeler la police, et ils ne peuvent rien y faire non plus. Si tu veux faire appel à la raison, eh bien, s'il était raisonnable, il ne serait pas venus te voir en premier lieu. Pour ces gens, ta seule option est de les battre jusqu'à ce qu'ils se soumettent, jusqu'à ce qu'ils n'osent plus venir t'embêter."
"C'est aussi comme ça que tu résolvais les choses avant, n'est-ce pas ?" demanda Jiang Cheng.
"Cheng-ge," sourit Gu Fei en éteignant le moteur, et se tourna pour regarder Jiang Cheng. "Je sais ce que tu penses."
"Vraiment ?" Jiang Cheng le regarda en retour.
"Si c'était avant," dit Gu Fei. "Chacun d'entre eux qui était ici tout à l'heure, je ne les aurais pas laissés partir. Je compterais tout le monde présent, personne ne quitterait les lieux."
"Pourquoi n'as-tu pas fait ça aujourd'hui ?" sourit Jiang Cheng.
"J’essaie de suivre le surperformant," expliqua Gu Fei. "J’essaie de suivre l'exemple du petit ami, et pour ne pas inquiéter mon petit ami."
Jiang Cheng ne dit rien, il se contenta de tapoter son dos.
"Allons prendre le petit-déjeuner?" Gu Fei redémarra le moteur.
"Mhm," acquiesça Jiang Cheng. "C'est mon tour."
Quand l'appel de Li Hui était arrivé au petit matin, Jiang Cheng ne pouvait pas penser à d'autre moyen de résoudre cela que d'aller dehors et de le tabasser. Si Gu Fei n'était pas venu et qu'il était descendu affronter Li Hui lui-même, cela se serait passé de la même manière.
C'était comme l'avait dit Gu Fei, il n'avait même pas de raison d'appeler la police. Et il n'avait pas l'énergie. Un lycéen occupé à étudier et à se préparer pour les examens semblait ne pas avoir d'autre choix quand il était confronté à un scélérat comme Li Hui.
Et pourtant – il fixa le dos de Gu Fei – même si Gu Fei n'agissait plus comme avant, Jiang Cheng se sentait toujours mal à l'aise. Peu importe à quel point Gu Fei essayait de "suivre l'exemple du petit ami", il était le seul à le faire. À part lui, personne d'autre ici – sûrement la majorité des gens – ne suivrait l'exemple de qui que ce soit. Ils ne changeraient jamais.
Jiang Cheng pourrait quitter cet endroit. Il quitterait certainement cet endroit. Mais qu'en était-il de Gu Fei ?
Gu Fei le protégeait de la crasse et de la boue, mais ensuite ? Jiang Cheng baissa la tête et s'appuya contre le dos de Gu Fei.
Oui, même maintenant, il ne savait toujours pas quoi faire. Gu Fei était passé de plein d'espoir à enterrer son espoir, à fermer les yeux en paix ; il ne savait pas quoi faire non plus.
Mais même ainsi. Il ne pouvait s'empêcher de serrer les dents.
Gu Fei devait quitter cet endroit.
Peu importe à quel point c'était difficile, il devait quitter cet endroit.
Ce n'était pas que Gu Fei n'avait pas d'espoir, il l'avait seulement enterré.
Tout comme Jiang Cheng était déterminé, tout comme son moral était au plus haut, Gu Fei s'inclina soudainement un peu en arrière et poussa contre lui. Jiang Cheng était à une seconde de chanter.
"Viens avec moi !
Nous partons à l'aube !"
"Redresse-toi," dit Gu Fei en tournant la tête. "Il y a des étudiants de Si Zhong devant."
"Oh," Jiang Cheng regarda devant lui. Ils avaient déjà tourné sur la route où ils allaient habituellement prendre leur petit-déjeuner. Il y avait pas mal de gens debout et assis autour des stands de petit-déjeuner. "Tu peux encore voir sans tes lunettes ?"
"J'ai deviné," rit Gu Fei.
Jiang Cheng se mit à rire.
"C'est vrai que ma vue ne peut pas rivaliser avec la tienne, même depuis l'étage tu n'as raté aucun tir," dit Gu Fei. "Quand est-ce que tu as acheté un nouvel lance-pierre ?"
"Pan Zhi me l'a donné la dernière fois qu'il était ici," dit Jiang Cheng. "Celui-ci est vraiment... j'ai l'impression que la prochaine fois, il pourrait juste me donner une arbalète directement."
"C'est bientôt le 1er octobre, il va venir ?" Gu Fei arrêta la moto. (NT : fête nationale commémorant la création de la république populaire de Chine le 1er octobre 1949)
En effet, il y avait quelques étudiants de Si Zhong aux stands de petit-déjeuner. Honnêtement, Jiang Cheng n'en reconnaissait aucun. Il pouvait seulement dire qui ils étaient parce que lorsque lui et Gu Fei descendirent de la moto, ces personnes se tournèrent toutes pour les regarder à l'unisson.
"Il ne peut pas venir, son quatrième grand-père vient de décéder, à si court préavis, il ne peut plus inventer d'autres parents décédés. Sans parler du fait que s'ils mouraient trop fréquemment, personne ne le croirait." Expliqua Jiang Cheng. " Si Zhong ne donne pas de congé pour le 1er octobre de toute façon, mais surtout parce que je ne peux pas me permettre de perdre plus de temps."
Il n'y avait plus de tables vacantes aux stands de petit-déjeuner. Les deux achetèrent leur petit-déjeuner, firent le tour des tables, et durent finalement se contenter de partager une table avec deux autres étudiants de Si Zhong. Ces deux-là étaient probablement un jeune couple. Dès qu'ils s'assirent, le couple échangea des regards complices, prit une gorgée de lait de soja, puis jeta un coup d’oeil sur le visage de Gu Fei.
Jiang Cheng fronça les sourcils. Il commençait déjà à voir la puissance des mots "compositeur Gu Fei". Il regarda Gu Fei avec inquiétude. Gu Fei lui-même était plutôt calme. Il avait un beignet de pâte frite dans une main et un bol de tofu au tapioca dans l'autre, et mangeait joyeusement.
Lorsque le couple eut enfin fini de manger et se leva pour partir, Jiang Cheng soupira de soulagement. "Merde."
"Quoi ?" Gu Fei termina son propre pudding au tofu, puis attrapa celui de Jiang Cheng et en prit quelques gorgées.
"Rien," Jiang Cheng prit un petit pain. "Je trouve juste que ces gens sont tellement agaçants, à te regarder ouvertement comme ça. Pourquoi diable te fixent-ils."
Gu Fei sourit un peu et ne dit rien.
Lorsqu'ils arrivèrent à l'école, ils continuèrent à recevoir toutes sortes de regards. Jiang Cheng était un peu désolé de ne pas avoir encouragé Gu Fei à sécher les cours. Cependant, c'était beaucoup mieux une fois qu'ils furent dans leur salle de classe. Après tout, les élèves de la Classe-8 avaient été dans la même pièce que Gu Fei pendant si longtemps que même s'ils étaient surpris, ils n'avaient pas une réaction aussi extrême que tout le monde.
De plus, il y avait le faux tyran de la classe, le capitaine Wang Jiuri, qui essayait de voler la vedette de force. "C'est exactement ça !" Wang Xu était assis sur son bureau, se vantant aux gens autour de lui. "Je ne prends pas la peine de me montrer normalement, quand j'ai commencé à m'amuser avec la guitare, vous étiez probablement encore des chanteurs sous la douche ! Quoi qu'il en soit, mon niveau de compétence est seulement correct."
Wang Xu se tourna et repéra Jiang Cheng, et fit immédiatement signe. "Jiang Cheng ! Viens leur dire, comment était ce solo intermédiaire que j'ai ajouté ! Est-ce que ça n'a pas beaucoup ajouté à notre performance !"
"Oui." Jiang Cheng hocha la tête avec sérieux et lui donna un pouce levé.
"Tu envisages de postuler dans une école de musique ?" demanda quelqu'un.
"On verra, ce n'est pas comme si on devait entrer dans une école de musique pour apprendre ça," l'expression de Wang Xu était solennelle. "Et si un jour je m'envole de ce trou de merde et me retrouve dans une grande ville, je dois avoir une compétence sur laquelle je peux vivre !"
"Oh... » tout le monde hocha la tête en chœur. Jiang Cheng ricana, mais se sentit soudain un peu mélancolique en s'asseyant. Même Wang Xu parlait en grand de son rêve de sortir un jour de cet endroit, et osait dire que sa façon de jouer de la guitare était une raison pour vivre...
Gu Fei était celui qui avait réellement une compétence sur laquelle vivre, plus d'une même. Même s'il devait postuler aux écoles locales pourries, si Gu Fei le voulait, il pourrait au moins entrer dans la moins pourrie du tas de pourriture.
Jiang Cheng jeta un coup d'œil à Gu Fei. Il ne lui dirait pas ça. En ce moment, tout était encore en suspens. Si Gu Fei ne voulait pas être réveillé, il ne pouvait pas le réveiller.
Jiang Cheng soupira et s'affaissa sur son bureau.
Il était fatigué. Il n'avait pas bien dormi toute la nuit, et avec Li Hui qui était venu faire du bruit si tôt le matin, il ne ressentait désormais qu'une fatigue extrême maintenant que tout s'était calmé.
Au cours de la courte heure de la période d'auto-étude du matin, il a dû bâiller au moins huit cent soixante fois, sa vision était pratiquement couverte de larmes.
"Comment peux-tu être aussi somnolent ?" Gu Fei posa le téléphone avec lequel il jouait. "As-tu eu des pensées inappropriées toute la nuit ?"
"Va te faire foutre." Jiang Cheng rit, puis dès qu'il s'arrêta, il bailla de nouveau.
"Et si... tu veux faire une sieste ?" demanda Gu Fei.
"Nah, je dois encore noter les points clés." Jiang Cheng se frotta les yeux. "On dirait que je vais devoir acheter un enregistreur vocal."
"Tu veux que je prenne des notes pour toi ?" demanda Gu Fei.
"Quoi ?" Jiang Cheng cligna des yeux.
"Les points clés dont tu parlais, et des notes," dit Gu Fei. "Je les prendrai pour toi, tu n'auras qu'à écouter, et si tu ne peux pas rester éveillé, tu peux faire une petite sieste ?"
"Alors, tu vas..." Jiang Cheng regarda Gu Fei, et poussa son propre cahier vers lui. "M'aider à prendre des notes ?"
"Mhm," Gu Fei ouvrit le cahier. "Ah, la première classe c'est l'anglais ?"
"...Tu ne sais même pas quelle est la première classe ?" Jiang Cheng sourit.
"Je ne sais pas quelle est aucune classe, je le découvre seulement lorsque le professeur entre dans la salle." Gu Fei jeta un coup d'œil à Lao-Lu, qui venait d'entrer dans la salle de classe. "Quand tu réviseras les notes, seras-tu tellement stimulé par ma belle écriture que tu ne pourras pas te concentrer ?"
"Oh, arrête ça." Protesta Jiang Cheng.
Comme d'habitude, Lao-Lu asséna d'abord sa paume de guerrier divin sur le pupitre pour stupéfier les étudiants endormis à moitié avant de commencer son cours.
Jiang Cheng s'affala sur le bureau avec la tête reposant sur son bras. Il écouta Lao-Lu avec ses oreilles, tandis que ses yeux restaient fixés sur Gu Fei.
Gu Fei fit tourner le stylo, semblant un peu nerveux, probablement parce qu'il n'avait jamais pris de vraies notes auparavant, encore moins des notes d'anglais.
Lorsque Lao-Lu se tourna vers le tableau noir et commença à écrire les points clés, Gu Fei baissa la tête et commença à copier.
L'esprit de Jiang Cheng divaguait alors qu'il fixait le profil de Gu Fei.
Quand j’ouvrirai les yeux, je l'entendrai certainement.
Traducteur: Darkia1030
Créez votre propre site internet avec Webador