SAYE - Chapitre 135 - C'est toujours valable.

 

Jiang Cheng jetait un coup d'œil à ce restaurant de barbecue situé entre l'école et les cours particuliers à chaque fois qu'il passait devant. Après un semestre d'observation, il estimait que ce restaurant proposait une gamme complète de variétés de barbecue et que la viande était fraîche. Mis à part le prix, qui était trop élevé, il n'y avait rien à reprocher. Mais c'était précisément à cause de ce prix, associé à son humeur pas très brillante, qu'il n'avait jamais décidé d'y manger.

Le prix aujourd'hui était toujours effrayant, mais il pouvait l'ignorer. "Laisse-moi voir s'il y a des coupons," dit Jiang Cheng en sortant son téléphone. "Ils avaient une offre de groupe le mois dernier, je ne sais pas s'ils en ont toujours maintenant."

"Laisse-moi faire," Gu Fei le bloqua et sortit son téléphone. "Je suis riche maintenant."

"Oh," sourit Jiang Cheng, "Combien as-tu gagné ?"

"Pas mal," dit Gu Fei, "Ne t'ai-je pas dit avant que j'avais pris une série de photos pour l’aciérie ?"

"Ah oui," acquiesça Jiang Cheng.

"L'éditeur les a beaucoup aimées et a utilisé plusieurs clichés. Maintenant, ils veulent faire un nouveau thème, où quelques personnes photographient le même sujet sous différents angles," Gu Fei parcourut son téléphone. "J'ai décroché un segment."

"Cela semble impressionnant, n'est-ce pas ?" remarqua Jiang Cheng.

"Très impressionnant," répondit Gu Fei. "J'ai même augmenté mes tarifs pour les travaux de photographie commerciale."

Jiang Cheng sourit mais ne dit rien.

Cela faisait longtemps que Jiang Cheng n'avait pas autant apprécié un barbecue.

Ils avaient encore leurs vieilles habitudes, lui étant responsable de ramener la viande et Gu Fei de la griller. "Celui-ci est brûlé," Jiang Cheng sortit un morceau de viande, "tes compétences ont décliné."

"Tu en brûlais souvent aussi," se défendit Gu Fei.

Jiang Cheng baissa la tête et prit une bouchée de viande. Oui, il en brûlait souvent, car Gu Fei n'était pas très concentré lorsqu'il grillait la viande, son regard le suivant toujours partout où allait.

Gu Fei enveloppa lentement la viande dans des feuilles de laitue, " Je trouve que la viande ici est délicieuse. On en a pour son argent."

"Ah oui," Jiang Cheng mangeait trop vite, il hocha vaguement la tête en confirmant : "Oui."

"Mange un peu plus," Gu Fei lui tendit la viande, "tu es maigre depuis avant le Nouvel An, et tu n'as toujours pas repris de poids."

"Ah oui," sourit Jiang Cheng.

Les sentiments actuels de Jiang Cheng étaient compliqués. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti cette sensation de paix et de chaleur en mangeant lentement une grande assiette de viande que Gu Fei avait grillée pour lui. C'était l'opposé de ce qu'il avait ressenti le mois précédent, où chaque pensée lui faisait mal au cœur.

Maintenant, Gu Fei était juste en face de lui, et ils étaient revenus à leurs jours précédents, mais il se sentait toujours un peu... mal à l'aise, comme la nervosité et la contrainte des premiers stades d'une relation.

Peut-être qu'ils avaient gardé trop de choses en eux pendant trop longtemps. Pendant tout ce temps, Jiang Cheng n'avait pas eu de vraies conversations avec Gu Fei, n'avait pas pu parler de façon détendue de tout et de rien avec lui. À part Gu Miao, il n'y avait pas eu d'autres sujets de conversation entre eux depuis longtemps.

C'était comme une éponge comprimée longtemps: une fois libérée, elle restait en partie comprimée et il lui faudrait beaucoup de temps pour retrouver son état initial.

Les choses qui les avaient pressées fortement étaient maintenant relâchées, alors que Gu Fei avait parlé. Ils voulaient retrouver complètement l'atmosphère d'avant, mais cela nécessiterait encore du temps.

Ce repas de barbecue avait été très satisfaisant. Quand Jiang Cheng sortit du restaurant, il sentit qu'il avait du mal à marcher.

"Je ne vais pas prendre la voiture," il se tenait l'estomac, "rentrons à pied. Je sens que si je monte en voiture maintenant, je vais être malade en un rien de temps."

"D'accord," Gu Fei rit, "on dirait que tu as rentabilisé ton repas."

"Je rentabilise toujours mes repas," confirma Jiang Cheng, "sinon, je ne me sentirais pas satisfait."

"Tu devrais garder cette carte de membre," Gu Fei sortit une carte de son portefeuille, "si tu as envie de manger, viens, et appelle Zhao Ke et les autres."

"Hein ? Il y a une carte de membre ?" Jiang Cheng fut surpris.

"Je viens juste de la prendre," expliqua Gu Fei, "il suffit de mettre un peu d'argent dessus, et tu auras même une réduction."

"Combien as-tu mis ?" Jiang Cheng le regarda.

"Mille," précisa Gu Fei.

"Nom de Dieu," Jiang Cheng regarda la carte dans sa main, se retourna pour re rentrer dans l’établissement, "je vais la rendre d'abord."

"Jiang Cheng, Jiang Cheng," Gu Fei le retint rapidement, "il fallait mettre au moins cinq cents, je pensais qu'après ce repas, il ne resterait pas beaucoup, donc j'ai mis mille."

"C'est trop cher," insista Jiang Cheng.

"Ce n'est pas toujours comme ça," Gu Fei le tira en avant, "tu n'as pas d'autre passe-temps en dehors de la viande de porc…"

"Qui a dit ça ?" Jiang Cheng le regarda, puis après un moment, soupira, "je ne peux même pas te contredire."

Gu Fei ne rejouta rien, mais il posa doucement sa main sur son épaule.

En revenant du restaurant barbecue, la distance n'était pas courte, mais ils n'eurent pas l'impression d'avoir marché depuis longtemps, lorsqu’ils arrivèrent à l'hôtel où logeait Gu Fei.

Alors qu’ils se tenaient devant la porte de l'hôtel, l’atmosphère devint subtilement gênante, malgré le fait qu'ils n'aient pas rompu à cause de problèmes de relation et qu'ils se soient réconciliés.

Entrer ou retourner à l'école : c'était une décision très difficile pour Jiang Cheng.

Gu Fei hésita un moment, puis attrapa le bras de Jiang Cheng. "Jiang Cheng."

"Hein," répondit Jiang Cheng.

" Est-ce que ça te vas si tu ne retournes pas au dortoir ce soir?"?" proposa Gu Fei, "Je pars tôt demain matin, reste avec moi un peu."

Jiang Cheng le regarda. "D'accord."

La demande de Gu Fei le prenait par surprise.

D'après sa compréhension de Gu Fei, il ne ferait généralement pas une telle demande dans cette situation. Si Jiang Cheng était prêt à rester, il resterait, mais si Jiang Cheng voulait retourner au dortoir, Gu Fei ne dirait pas grand-chose.

Mais Gu Fei avait ouvert la bouche et lui avait demandé de ne pas rentrer à l'internat.

De l'entrée de l'ascenseur à l'ouverture de la porte de la chambre, Jiang Cheng le suivit de près, l'examinant attentivement.

"J'ai l'impression que ma tête va brûler," Gu Fei retira son manteau et se tourna vers lui, "Qu'est-ce qui ne va pas ?"

"Tu as pu le sentir ?" Jiang Cheng était assez surpris.

"Je ne l'ai pas senti," déclara Gu Fei, "je l'ai vu quand je me suis retourné."

"Oh," Jiang Cheng hocha la tête, un sourire éclairant son visage, "tu t'es retourné ?"

"Je me suis retourné, et en plus," Gu Fei agita sa main près de sa tête, "j'ai utilisé un peu ma vision périphérique."

"Ton champ de vision périphérique est plutôt large," Jiang Cheng se souvint soudain de l'époque au lycée, quand Gu Fei se tenait dans le couloir, il pouvait le voir même quand il était penché sur son bureau en train de lire. "Tu peux rivaliser avec moi."

"Oh vraiment ?" Gu Fei sourit.

"Avant..." Jiang Cheng fit un geste, puis se sentit un peu idiot, "Est-ce que je t'ai déjà dit quelque chose à ce sujet ?"

"Quoi ?" Gu Fei s'approcha de lui.

"Eh bien, quand tu étais dans le couloir et que j'étais dans la salle de classe, je pouvais te voir clairement sans même me tourner." affirma Jiang Cheng.

Gu Fei ne dit rien, le fixa pendant un moment, puis s'approcha pour l'embrasser sur le front.

Quand les lèvres de Gu Fei touchèrent les siennes, c'était toujours une sensation familière : douce, légèrement humide, et cette chaleur délicate qui chatouillait son cœur comme un doux rayon solaire lui fit fermer les yeux.

(NT : le texte original mentionne des poils doux, je ne trouvais pas ça très romantique et j’ai donc changé en rayon solaire)  

"Jiang Cheng," les lèvres de Gu Fei se déplacèrent vers son nez, l’effleurant légèrement,

"hm?"

"Rien," dit Gu Fei, "Ca faisait trop longtemps que je ne t'avais pas appelé."

"Oh," dit Jiang Cheng, "alors laisse-moi te rafraîchir la mémoire, pour que tu n’oublies pas comment m'appeler dans le futur."

"Jiang Cheng," Gu Fei l'appela de nouveau, ses lèvres se déplacèrent vers le bas et atterrirent sur les siennes.

"Hm," répondit Jiang Cheng.

Dans tout le spectre de ce qu'il pouvait ressentir, il n'y avait que l'odeur de Gu Fei, cette odeur unique qu'il pouvait distinguer instantanément.

Jiang Cheng frotta légèrement ses lèvres contre les siennes.

Gu Fei l'enlaça, baissant la tête pour l'enterrer dans son épaule, inspirant profondément.

"Tu as changé de gel douche ?" demanda Gu Fei doucement.

"Non, tu es sérieux ?," rétorqua Jiang Cheng, "je l'ai changé, Zhao Ke m'en a donné un, c'était deux bouteilles pour le prix d'une, il m'en a vendu une de force, j'ai dit que j'en avais déjà une, mais il a utilisé la mienne quand il a pris sa douche et l’a finie, puis il m'a vendue la sienne."

Gu Fei rit enfoui contre son épaule pendant un moment, puis leva le bras et pointa vers le côté. "Clash avec lui."

"Ne me copie pas," ricana Jiang Cheng.

"Si je te copiais vraiment," Gu Fei l'embrassa de nouveau, ses doigts glissant sous son vêtement, caressant doucement son dos, "je serais sûrement très doué."

Jiang Cheng sourit, ne dit rien, et se frotta contre son épaule.

Il n'y avait pas de désir intense de faire des folies, peut-être parce que cette subtilité n'avait pas encore disparu, ou peut-être parce qu'il savait que dans le sac de Gu Fei, il n'y avait qu'un caleçon, un portefeuille et une bouteille d'eau, et que l'hôtel n'avait pas fourni d'équipements pour faire des folies...

Non, en fait, c'était juste parce que, à ce moment précis, Jiang Cheng voulait simplement toucher et sentir, avec sérieux, avec soin, les yeux fermés.

Ça faisait trop longtemps qu'il n'avait pas eu ce genre de contact intime, comme s'il voulait extraire lentement tous les fragments de souvenirs de sa mémoire à travers ce toucher.

Gu Fei embrassa doucement son cou, descendant lentement jusqu'à son oreille, puis finalement, revint délicatement sur ses lèvres.

La pointe humide de sa langue glissa entre ses lèvres, de gauche à droite, puis revint lentement, puis, enfin, effleura légèrement entre ses dents.

Jiang Cheng ne répondit pas, il mordilla simplement la pointe de la langue de Gu Fei, qui ne recula pas, émettant juste un léger "hm".

Ce son, presque chuchoté à son oreille avec un léger halètement, éveilla en lui une certaine émotion.

La main de Jiang Cheng glissa sous le vêtement de Gu Fei.

Quand la paume de sa main toucha la peau chaude de Gu Fei, il ne put s'empêcher d’avancer, enveloppant la pointe de la langue de Gu Fei.

Ça faisait trop longtemps depuis qu'il avait touché Gu Fei pour la dernière fois, comme s'il ne l'avait jamais touché de sa vie.

 

Ses mains se souvenaient encore du corps de Gu Fei, chaque centimètre, chaque courbe étaient encore si familiers. Le dos ferme, la taille fine, en les touchant, en les pressant, en les saisissant, toutes les sensations semblaient être un réflexe conditionné, provoquant une excitation familière au moment du contact.

Gu Fei le serra dans ses bras et se retourna, le poussant en arrière.

Derrière lui se trouvait le lit, et Jiang Cheng sentit que l'image d'eux tombant sur le lit ne devait pas être très belle, car il heurta le bord du lit en reculant sans lâcher Gu Fei, de sorte que Gu Fei fut tiré avec lui et s’écrasa sur le lit.

Il heurta même la mâchoire de Gu Fei avec ses dents.

"Tes dents vont bien?" Gu Fei s'est frotté doucement la mâchoire en appuyant dessus. "Est-ce que ça fait mal ?"

"Ton menton va bien?" rétorqua Jiang Cheng en riant.

Gu Fei baissa rapidement la tête et le mordit à la mâchoire.

Jiang Cheng inclina la tête en arrière.

La respiration de Gu Fei fit soudainement une pause, puis devint un peu plus lourde.

"Tu oses me mordre..." Jiang Cheng n'a pas pu finir sa phrase avant que la main de Gu Fei ne glisse dans son pantalon, lui faisant retenir son souffle, et il eut du mal à finir sa phrase, "moi ?"

" À quelle fréquence me mords-tu?" Gu Fei l'embrassa.

.

Les halètements dans la pièce ont peu à peu diminué, et Jiang Cheng commença à entendre les bruits de la circulation à l'extérieur.

Cette sensation était un peu étrange. Avant, dans son appartement loué, après ce genre d’activité, il entendait surtout le silence, parfois une voiture passant, parfois des cris d'enfants.

Il tourna rapidement la tête pour regarder Gu Fei, qui était allongé à côté de lui.

La vue de beau visage familier dissipa immédiatement son anxiété.

Il se retourné et a regardé Gu Fei couché sur le côté.

Les scènes de séries télévisées et de films n'avaient toujours pas eu lieu, ils n'avaient même pas enlevé leurs vêtements, ils avaient juste baissé leur braguette, pour la plupart des spectateurs, ce serait une scène décevante.

Mais il se sentait plutôt content.

Il appuya du doigt sur le bout du nez de Gu Fei, puis traça des cercles autour des marques de dents sur sa clavicule.

"Tu n'as apporté qu'un seul caleçon?" demanda Jiang Cheng.

« Oui ». Gu Fei regarda vers le bas, "et ton pantalon... est-il... taché?"

"Ah," répondit Jiang Cheng.

"Tu peux porter le mien plus tard," proposa Gu Fei.

"Et toi?" demanda Jiang Cheng.

"Je vais me débrouiller," dit Gu Fei.

"Parfait," Jiang Cheng rit, "en fait, je peux juste rentrer au dortoir pendant ma pause demain, ce ne prendra que quelques minutes."

"Porte le mien." insista Gu Fei.

Jiang Cheng le regarda, puis sourit après un moment. "D'accord."

Même si le dîner les avait presque rendus incapables de marcher, ils étaient retournés dans leur chambre et s’étaient masturbés. Après avoir pris une douche, Jiang Cheng se sentait à nouveau affamé.

"Ce n'est pas bon signe," dit-il en touchant son ventre, il se plaça devant Gu Fei. "Est-ce que je suis en train de prendre du poids ?"

"Tu devrais prendre du poids, en fait," dit Gu Fei en lui pinçant la taille et en caressant sa jambe. "Tu as vraiment... maigri."

"Ça va, je ne le ressens pas vraiment moi-même," répondit Jiang Cheng.

Gu Fei ne dit rien, il l'entoura de ses bras et posa sa tête sur son ventre.

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" demanda Jiang Cheng.

"Je ressens un peu de... tristesse," dit Gu Fei.

"Un peu ?" répliqua Jiang Cheng.

"Beaucoup en fait," avoua Gu Fei.

"Trop tard," dit Jiang Cheng.

"Oh," soupira Gu Fei en frottant deux fois vigoureusement contre son ventre. "Je ne voulais pas paraître trop cliché en disant 'beaucoup'."

"Je n'ai pas peur des clichés," dit Jiang Cheng. "J'ai juste besoin de poivre de Sichuan (NT : de stimulant) maintenant."

"Jiang Cheng," murmura Gu Fei, sa voix étouffée, "je suis vraiment triste. Quand je pense à toi, je ressens une telle douleur, surtout... tout cela est à cause de moi, je ne peux vraiment pas le supporter."

"Ce n'est rien," affirma Jiang Cheng en lui caressant la tête. "Tu n'as pas à te sentir coupable. Je suis quelqu'un qui... garde rancune, tu sais. Je me souviendrai de ces choses toute ma vie."

"D'accord," sourit Gu Fei. "Alors rappelle le toi toute ta vie, je t'en prie."

Ce soir-là, Jiang Cheng ne retourna pas à son dortoir, et personne ne lui envoya de message pour lui demander où il était. Probablement que Zhao Ke lui avait trouvé une excuse. Il prévoyait de le remercier demain en l'invitant à un barbecue.

"Veux-tu changer de chaîne ?" demanda Gu Fei en tenant la télécommande.

"Peu importe, de toute façon je ne regarde pas," répondit Jiang Cheng.

La télévision n'était qu'un bruit de fond, peu importait sur quelle chaîne elle était réglée, peu importe ce qui se passait.

Quand ils étaient ensemble dans leur ancien logement, ils faisaient souvent ainsi, allumer la télévision et discuter.

Maintenant... ils ne parlaient pas comme avant. Peut-être qu'ils n'avaient pas parlé depuis longtemps, peut-être que leurs sentiments actuels étaient trop complexes. Quoi qu’il en soit, ils restaient silencieux.

Et c'était bien.

Jiang Cheng n'avait rien à dire, il voulait juste rester là, immobile, avec cette personne à ses côtés, à portée de main, à portée de vue, à portée de nez quand il fermait les yeux. C'était suffisant.

Certaines petites cicatrices ont eu besoin de temps pour guérir.

"Comment va Er Miao ces derniers temps?" demanda Jiang Cheng.

"Ça va, la dernière fois qu'elle a dû passer une IRM, elle a piqué une crise et n'a pas voulu aller en salle d'examen, donc les autres patients se sont plaints," rit Gu Fei. "Mais sinon, ça va."

" Vas-y doucement. Avant, je ne savais vraiment pas quoi faire, maintenant j'ai une direction, tant que je persiste, il y aura des progrès," affirma Jiang Cheng.

"D'accord," répondit Gu Fei en se retournant pour l'embrasser. "Jiang Cheng."

"Hmm?" Jiang Cheng détourna la tête.

"Je te trouvais vraiment innocent avant, particulièrement innocent, et j'aimais ça," dit Gu Fei en lui caressant le menton. "Je me sens vraiment devenu trop mature, j'ai grandi sans jamais être pur."

"C'est vrai," énonça Jiang Cheng. "Je suis juste un adorable innocent."

Gu Fei rit pendant un moment, puis se racla la gorge avant de continuer : "En fait, ton innocence n'est pas de l'immaturité."

"C'est vrai ?" réfléchit Jiang Cheng. "Je me trouve assez mature en fait."

Gu Fei sourit sans dire un mot.

L’innocence de Jiang Cheng était due à sa force intérieure, à sa capacité à ne pas être facilement abattu, c'est pourquoi il restait toujours pur.

Gu Fei sentait vraiment qu'il n'avait pas cette même innocence.

Il n'avait jamais envisagé ce qui serait arrivé si Jiang Cheng avait vécu les mêmes expériences que lui. Il savait simplement que c'était la force et l'obstination de l'innocence de Jiang Cheng qui l'avaient finalement réveillé.

Et finalement, avancer était beaucoup plus simple et pur qu'il ne l'avait imaginé. Parce que qu'un Jiang Cheng comme celui-ci, une fois manqué, ne reviendrait jamais.

Il ne se rappelait pas s'être déjà senti aussi effrayé auparavant, paniqué de perdre quelque chose.

Peut-être que cela lui était déjà arrivé d’avoir peur d’avoir ses attentes déçues et de perdre des rêves insaisissables.

Mais c'était la première fois qu'il ne pouvait pas apaiser la douleur et l'angoisse causées par l’idée de perte. Il avait peur de perdre Jiang Cheng, peur de perdre les belles choses qu'il avait commencé à voir en étant avec Jiang Cheng.

Il resserra son étreinte autour de Jiang Cheng.

Ils ne pourraient jamais retrouver leur état initial, mais il avait encore du temps. Il pouvait commencer une nouvelle vie avec Jiang Cheng dans une autre direction, mais qui serait finalement similaire.

Cette nuit-là, Jiang Cheng ne dormit pas. Il se sentait plutôt confiant, il aurait dû dormir profondément, mais il avait fait une erreur de calcul.

Quand le jour se lèverait, il devrait conduire Gu Fei à la gare. Il avait toujours cru s'être habitué à ce genre de séparation, mais il ne réalisait que quand Gu Fei était vraiment à ses côtés qu'il ne pourrait jamais vraiment s'y faire.

"À quelle heure est le train?" demanda-t-il alors que l’aube arrivait.

"Je refuse de répondre," murmura Gu Fei dans son dos, le nez appuyé contre son dos. "C'est au moins la huitième fois que tu poses cette question."

"Aussi souvent que ça ?" Jiang Cheng réfléchit. "Il semble que je doive améliorer mes compétences en conversation."

"Tu n'as vraiment rien à me dire?" murmura Gu Fei encore.

"Pas vraiment," dit Jiang Cheng. "Chaque fois que je pense à cette personne qui m'a dit l'année dernière de l’oublier, j'ai envie que tu te mettes à genoux dans la salle de bains."

"Je suis désolé." Gu Fei se serra contre lui.

"Tu l'as dit huit cent fois," dit Jiang Cheng. "Je vais réfléchir à une punition pour toi à l'avenir, quelque chose de plus efficace que de parler."

"D'accord." acquiesça Gu Fei.

"Ah, au fait," après un moment de silence, Jiang Cheng se retourna et se coucha face à lui. "Quand je retournerai à l'école demain, je t'enverrai une liste de livres."

"D'accord, quelle liste de livres?" demanda Gu Fei.

"La petite amie de Qi Qi étudie le chinois à l'université des enseignants, " dit Jiang Cheng. "Je lui ai demandé la liste des cours et les livres recommandés par les professeurs. Ne disais tu pas que ton école était irrégulière ? Jette un coup d'œil à ces livres-là."

"D'accord." Gu Fei hocha la tête.

"Si tu as le temps," ajouta Jiang Cheng. "Je t'enverrai aussi des documents en anglais. Tu devrais passer le niveau quatre ce semestre, n'est-ce pas ?"

"Si j'ai le temps," sourit Gu Fei. "Vraiment."

"Je pense que puisque tu étudies déjà cette matière, autant ne pas perdre de temps, étudie tout ce que tu dois apprendre," dit Jiang Cheng.

"D'accord," répéta Gu Fei en le regardant, "tu es tellement... adorable dans ce genre de moments."

"Je pense aussi," répondit Jiang Cheng.

"Qui est Qi Qi?" demanda Gu Fei. "Est-ce un nom de famille?"

"C'est Zhang Qi Qi," dit Jiang Cheng, "Son lit est en face de celui de Zhao Ke."

"Zhao Ke, Lu Shi," dit Gu Fei, "pourquoi l'appeler Qi Qi?"

Jiang Cheng le regarda sans rien dire, puis éclata de rire après un moment, tout en se retournant et regardant le plafond.

"Pourquoi ris-tu?" demanda Gu Fei.

"Non, ce n'est rien," fit Jiang Cheng en riant toujours. "Tu n'as pas beaucoup d'expérience en matière de jalousie, n'est-ce pas? Tu es tellement sérieux à ce sujet, comme si je te devais huit cents yuans."

"Vraiment?" Gu Fei fut surpris. "Il y a d'autres modes de jalousie?"

"Je pense que c'est juste ta manière à toi, le mode Gu Fei," rit Jiang Cheng. "Tu es tellement raide."

"Je n'ai pas... encore fini," remarqua Gu Fei.

"Alors continue, je t'écoute," dit Jiang Cheng en le regardant.

"Le mur de déclarations d'amour de ton école," cita Gu Fei. "Le regardes-tu souvent?"

Jiang Cheng rit de nouveau, incapable de se contenir.

"Peux-tu être un peu plus sérieux?" Gu Fei soupira. "Je suis jaloux, tu sais."

"Je ne le regarde pas souvent, pourquoi?" demanda Jiang Cheng, hilare.

"Toutes ces personnes, est-ce qu'elles crient juste sur le mur de déclarations d'amour et c'est tout?" l’interrogea Gu Fei. "Ou est-ce qu'elles vont vraiment te trouver pour te déclarer leur amour?"

"Ah," Jiang Cheng frotta son visage, adopta une expression sérieuse et le regarda. "Certaines personnes sont venues me trouver, oui. J'ai reçu des lettres d'amour écrites à la main, des déclarations en face à face aussi..."

"Il y a des... hommes aussi?" demanda Gu Fei.

Jiang Cheng le regarda un moment. "Tu me crois vraiment?"

"Oui," dit Gu Fei en le regardant. "Tu es vraiment génial."

"Je te taquine, bien sûr que non," le rassura Jiang Cheng. "Je suis habituellement en classe, à la cafétéria, à la bibliothèque, alors tout le monde sait que je n'ai pas le temps d'accepter des déclarations d'amour. Personne ne m'a jamais rien proposé sérieusement, juste pour s'amuser. Tu peux te détendre"

"Oh," dit Gu Fei, avec une trace de soulagement dans sa voix.

Jiang Cheng sourit, puis ferma les yeux.

" Cheng ge," dit Gu Fei, "Ces paroles que tu as dites auparavant, est-ce que tu les maintiens toujours?"

"Lesquelles?" demanda Jiang Cheng.

"Quand tu as dit 'si tu me laisses tomber je te laisserai partir sans insister’, est-ce que cette parole..." Gu Fei hésita, "est-ce que tu la maintiens toujours?"

" C'est toujours valable," répondit Jiang Cheng.

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

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