SAYE - Chapitre 129 - Un chaton femelle—nommée Cheng-ge.
Jiang Cheng entra dans son appartement pour trouver Pan Zhi debout devant le réfrigérateur.
"Tu cherches quelque chose à manger ?" demanda Jiang Cheng en s'approchant.
"Non." Pan Zhi fixait le réfrigérateur complètement vide qui n'était même pas branché sur une prise électrique. "Je suis juste en train d'assister en direct au spectacle de moi mort de faim planté devant un réfrigérateur."
"Attends encore une demi-heure et on sortira manger," proposa Jiang Cheng.
"Tu ne dînes pas avec Gu Fei ce soir ?" Pan Zhi referma la porte du réfrigérateur et se tourna vers lui.
"Nan," répondit Jiang Cheng. "Le Nouvel An arrive et il a beaucoup de choses à faire dans la maison d'ici là, des achats à faire et du ménage à faire. Et oh... Il nous a invités chez lui pour le dîner du Nouvel An."
"D'accord." Pan Zhi retourna dans le salon et s'effondra sur le canapé. "Tu as dit oui ?"
"Ouais." Confirma Jiang Cheng.
"Alors allons faire des courses de fin d'année demain. Tu as une excuse, mais je ne peux pas me pointer les mains vides, c'est le Nouvel An après tout," dit Pan Zhi.
"Demain..." Jiang Cheng hésita. "Je dois d'abord aller avec Gu Fei pour acheter un chat pour Gu Miao."
Pan Zhi fut surpris et le fixa intensément pendant un moment. "Vous vous êtes réconciliés?"
"Non," dit Jiang Cheng.
"Oh," fut la réponse de Pan Zhi.
Jiang Cheng alluma la télévision, bien qu'il n'y ait rien à regarder à cette heure de la journée. Il la mettait généralement sur une chaîne locale pour avoir les informations en arrière-plan, la plupart du temps ennuyeuses, mais de temps en temps, il y avait des choses intéressantes.
"Cheng’er," Pan Zhi dit son nom après quelques minutes de nouvelles. "Je pense."
"Uh huh," répondit Jiang Cheng, les yeux toujours rivés sur l'écran.
"Vous feriez mieux de vous réconcilier tous les deux," soupira Pan Zhi. "Je me suis senti mal à l'aise pour toi ces derniers jours. Pas besoin de te retenir si tu ne peux pas."
"Non," dit Jiang Cheng.
"Mec," Pan Zhi ne put s'empêcher d’ajouter, "il semble que ni l'un ni l'autre ne pouvez lâcher prise, et tu ne sembles pas être le genre à être têtu pour une question de fierté."
"Comment tu sais ça ?" rétorqua Jiang Cheng.
"À cause de notre lien intergénérationnel intense," dit Pan Zhi. "Bien sûr que je le sais."
Jiang Cheng resta silencieux un moment, fixant la télévision, puis finit par lâcher : "Il doit venir vers moi."
"Quelle différence ça fait ?" demanda Pan Zhi. "Puisqu'il a initié la rupture, il doit aussi initier la réconciliation ?"
"Je ne suis pas sûr de comment expliquer ça." Jiang Cheng fronça les sourcils.
"Avec ta bouche, un mot à la fois," cosneilla Pan Zhi. "Comme ça."
Jiang Cheng se tourna vers lui.
"Profond, non ?" Pan Zhi s'applaudit.
Jiang Cheng glissa un peu sur le canapé, étendant ses jambes et les posant sur la table basse.
"Notre problème ne concerne pas vraiment le fait que Gu Miao s'améliore ou non, et ce n'est pas non plus à propos de la relation à distance ou quoi que ce soit d'autre," expliqua-t-il. "C'est à propos de Gu Fei lui-même. En grandissant, il... Je ne sais pas comment dire ça, tu connais cette histoire ? Quand un éléphanteau est enchaîné dès sa naissance, incapable de se libérer, puis même quand il a grandi et a la force de se libérer, il refuse toujours de bouger."
"Mhm," répondit Pan Zhi.
"C'est probablement une analogie imparfaite." Jiang Cheng fronça les sourcils. C'était une simplification excessive de la situation de Gu Fei, mais même devant un vieil ami comme Pan Zhi, son instinct était toujours de cacher les blessures de Gu Fei hors de vue. "Mais tu vois ce que je veux dire ?"
"J'ai compris," affirma Pan Zhi. "Tu veux dire qu'il a ses propres... blocages mentaux ou quelque chose comme ça. De toute façon, ça ne sert à rien de le tirer quand il ne pense pas pouvoir se libérer, il doit le vouloir lui-même, n'est-ce pas ?"
Jiang Cheng donna un pouce levé à Pan Zhi.
"Cheng-er." Pan Zhi se laissa tomber contre l'accoudoir. "C'est assez impressionnant."
"Hmm ?" fit Jiang Cheng, curieux.
"Tu paries sur la profondeur de ses sentiments pour toi ?" demanda Pan Zhi.
"C'est la seule force convaincante maintenant, il n'y a rien d'autre pour l'instant qui pourrait faire pencher la balance," déclara Jiang Cheng. "Et en plus, je pense... que ce n'est probablement pas un pari."
"Alors," Pan Zhi réfléchit, "et s'il ne peut pas se libérer ?"
Jiang Cheng le regarda. Il savait que ce serait un geste très difficile pour Gu Fei à faire, mais...
"Je n'y ai pas pensé. Je ne pense jamais à des choses comme ça." Jiang Cheng lui fit un petit sourire.
Depuis son arrivée ici, ils avaient passé toute la semaine préoccupés par le cas de Gu Miao. Ce n'est que lorsque le bruit des pétards retentit en bas que Jiang Cheng ressentit enfin l'esprit festif du Nouvel An.
Lorsqu'il essaya de se rappeler les vacances d'hiver de l'année dernière, il ne se souvenait pas vraiment du Nouvel An lui-même. Il se rappelait seulement les grandes piles de matériel d'étude empilées partout sur son bureau.
Et Gu Fei.
Le souvenir était monotone mais c'était quelque chose qu'il ne pouvait s'empêcher de rejouer encore et encore dans sa tête.
Comme une chanson qu'il fredonnerait peu importe combien de fois il l'avait entendue avant. Je te veux sur mon épaule gauche, un sourire sur ma droite...
Et lorsque Jiang Cheng tourna le coin du rez-de-chaussée de son immeuble, lorsqu'il posa les yeux sur Gu Fei se tenant à l'entrée, sa silhouette encadrée par la lumière du soleil, c'était comme si son cœur battait au rythme des doigts de Gu Fei tambourinant sur sa guitare.
Badam.
"Tu as pris ton petit-déjeuner ?" demanda Gu Fei.
"Non," répondit Jiang Cheng. "Je viens juste de me lever."
"Alors..." Gu Fei jeta un coup d'œil dans la rue. "On mange ensemble ?"
"D'accord." Jiang Cheng hocha la tête. Il vit Gu Miao descendre la rue sur son skateboard et sourit. "Bonjour, Er-Miao."
Gu Miao fit claquer bruyamment des doigts en passant à toute vitesse devant eux et fila devant.
"Est-ce que tu lui as dit qu'on allait chercher un chat ?" demanda Jiang Cheng.
"Je lui ai dit," répondit Gu Fei. "Il y a quelques animaleries dans le coin de la rue des restaurants, on verra s'ils en ont un adapté."
"Mais sinon... elle ne sera pas contrariée ?" Jiang Cheng était un peu inquiet.
"Xu Xingzhi a dit qu'il est important qu'elle apprenne progressivement à gérer des émotions comme la déception," expliqua Gu Fei en ajustant son col. "Alors on va essayer."
"D'accord." Jiang Cheng hocha la tête.
Tous les deux se promenèrent lentement jusqu'aux stands de petit-déjeuner de la rue suivante. Jiang Cheng n'y avait pas mangé depuis son retour, et là, il se surprit soudainement à regretter le marchand de stands qui l'appelait toujours " l'étudiant numéro un " d'une voix forte.
" Etudiant numéro un!" Le marchand de stands les repéra de loin et agita la main. "Vous êtes de retour !"
"Ouais." Jiang Cheng sourit.
"Même maintenant tu continues à venir ici pour le petit-déjeuner, hein," dit l'homme. "Vous êtes entré à l'Uni R pourtant ! Comment se compare leur petit-déjeuner au mien ?"
"Le vôtre est meilleur," assura Jiang Cheng.
Le marchand de stands rit, sa voix résonnant.
C'était presque le Nouvel An, ce qui signifiait que moins de gens étaient aux stands de petit-déjeuner. Jiang Cheng emmena Gu Miao à une petite table et s'assit pendant que Gu Fei allait chercher leur nourriture.
"Comme d'habitude ?" demanda Gu Fei.
"Ouais," répondit Jiang Cheng.
Il prenait toujours les mêmes choses à chaque fois qu'ils venaient : des raviolis vapeur, des petits pains à la soupe, du tofu au lait... Gu Fei apporta tout et le disposa sur la table, comme avant.
"Wang Xu a dit de passer pour des tartes à la viande si tu as le temps." Gu Fei s'assit et prit une bouchée d'un petit pain. "Tu veux y aller ?"
"Bien sûr," dit Jiang Cheng. "J'ai même une nouvelle saveur de garniture à... lui suggérer."
Gu Fei fit une pause remarquable, sourit, mais ne dit rien.
— le genre de garniture que Jiuri n'a pas dans son magasin ! Je vais lui vendre cette recette secrète quand je viendrai pour le Nouvel An haha
— Est-ce que ton téléphone a un problème ? Je n'arrive pas à te joindre, je suis plutôt libre demain, appelle-moi d'accord ?
Gu Fei avait perdu tout l'historique des conversations entre Jiang Cheng et lui. Après être passé à son téléphone de secours, seuls ces deux messages étaient restés dans la boîte de réception.
C’étaient les derniers messages que Jiang Cheng lui avait envoyés.
Gu Fei ressentait une bouffée de douleur pour Jiang Cheng à chaque fois qu'il les voyait, mais il ne pouvait pas se résoudre à les supprimer. Il avait fini par éviter soigneusement de regarder le nom de Jiang Cheng à chaque fois qu'il ouvrait ses messages.
Gu Fei se demandait comment Jiang Cheng se sentait juste maintenant en évoquant les tartes à la viande. Personnellement, il se sentirait beaucoup mieux si Jiang Cheng lui donnait une raclée, que ce soit verbalement ou physiquement.
Le pire, c'était quand Jiang Cheng faisait semblant que ça ne le dérangeait pas.
Alors qu’il était si mauvais pour ça aussi.
*
Les animaleries se trouvaient dans le rayon d'activité habituel de Gu Miao. Gu Fei voulait à l'origine l'emmener au marché aux oiseaux et aux fleurs local, mais il pensait qu'à cette période de l'année, ils avaient probablement déjà fermé pour rentrer chez eux.
De plus, Xu Xingzhi avait dit qu'ils devraient y aller doucement, étape par étape, afin que Gu Miao puisse avoir une chance de s'adapter. S'ils ne trouvaient pas un chat adapté aujourd'hui, alors ce serait le premier pas - Gu Miao apprendrait à faire face à la déception.
"Je vais... chercher la voiture. Liu Li est sorti pour réapprovisionner dès le matin, donc il devrait avoir fini maintenant," dit Gu Fei après le petit déjeuner. "Tu attends ici avec Er-Miao, d'accord ?"
"D'accord." Jiang Cheng hocha la tête.
Gu Fei partit dans la direction du magasin. Il n'avait fait que quelques pas lorsqu'il se sentit un peu mal à l'aise. Il ressentit soudainement le besoin de se retourner, mais craignait que cela soit gênant s'il le faisait.
Gu Fei ne comprenait pas comment il en était arrivé là.
De toute sa vie, il n'avait jamais été confronté à un tel dilemme, tellement perdu sur ce qu'il devait dire et comment bouger son corps.
Jiang Cheng mangeait son tofu au lait en regardant Gu Fei marcher dans la rue à grands pas. Il vit Gu Fei trébucher en tournant le coin, faisant un petit saut pour retrouver son équilibre.
Jiang Cheng sourit pour lui-même. Puis il sentit un picotement dans son nez.
Gu Fei devait traverser quelque chose de complètement différent de lui-même, pensa Jiang Cheng. Lui-même était en tumulte en attendant que Gu Fei se réveille, qu'il ouvre les yeux volontairement.
Pendant ce temps, Gu Fei luttait. Il se débattait dans cette coquille qu'il s'était construite au fil des ans. Il devait avoir peur, paniqué, perdu.
Jiang Cheng avala le reste de son tofu au lait et s'essuya la bouche, fixant le coin que Gu Fei venait de passer, perdu dans ses pensées.
Il ne fallut pas longtemps à Gu Fei pour revenir avec le Petit pain. Gu Miao monta joyeusement à bord, planche à roulettes à la main, et Jiang Cheng se serra après elle.
"Tout le monde est installé?" Gu Fei ferma la porte.
"Ouais," dit Jiang Cheng.
La rue des restaurants grouillait d'activité, les gens sortaient faire leurs achats préparatoires pour le Nouvel An. Alors que Gu Fei les conduisait dans la petite voiture dans la rue, Jiang Cheng regarda autour de lui et remarqua que les animaleries étaient toutes encore ouvertes. À travers les vitrines, il pouvait voir les différents chats et chiens dans leurs cages.
Gu Miao colla son visage avec excitation contre la vitre de la voiture, regardant dehors. Après que Gu Fei ait trouvé une petite place sur le côté de la rue pour garer sa voiture, elle ouvrit immédiatement la porte et sauta dehors.
Au moment où Jiang Cheng et Gu Fei la suivirent hors de la voiture, elle se tenait déjà devant la vitrine d'une animalerie, regardant à l'intérieur.
"Souviens-toi, tu veux un chat affectueux, au tempérament doux," dit Jiang Cheng.
"Ouais." Gu Fei hocha la tête, puis alla parler à Gu Miao en face à face. "Er-Miao, ne touche pas aux petits animaux sans permission, d'accord ?"
Gu Miao acquiesça, et Gu Fei l'emmena à l'intérieur du magasin. C'était probablement la plus grande animalerie du coin, avec de nombreux chats et chiens à l'intérieur. Dès qu'ils entrèrent, plusieurs chiens se mirent à aboyer en même temps.
Jiang Cheng jeta un coup d'œil à Gu Miao, qui ne semblait pas réagir. Elle regardait seulement autour d'elle avec curiosité.
"Est-ce que vous avez des chatons ?" demanda Gu Fei.
"Bien sûr, quel genre voudriez-vous ?" Le propriétaire les emmena là où étaient conservées quelques cages à chat. "Il y en a quelques-uns ici, si vous voulez une race différente, je peux vous montrer des photos. Parfois, nos clients nous demandent de les mettre en consignation pour eux."
"Un qui soit docile et affectueux," dit Gu Fei.
"Vous voulez un Ragdoll alors," dit immédiatement le propriétaire. "Les Ragdolls sont les plus affectueux."
"À quoi ressemblent-ils ?" demanda Gu Fei.
"Très jolis," dit le propriétaire. "Voulez-vous en voir un ? Je possède aussi l'autre magasin dans la rue, il y a un Ragdoll là-bas, seulement âgé de quatre mois."
"Combien cela coûte-t-il ?" Jiang Cheng en savait un peu sur les chats, alors il intervint avant que Gu Fei puisse répondre.
"Le prix est négociable, vous pouvez aller jeter un coup d'œil d'abord," dit le propriétaire.
"Combien ?" insista Jiang Cheng.
"Quatre mille cinq cents yuans, et c'est du bas de gamme." Voyant la réaction de Jiang Cheng, le propriétaire se rassit sur sa chaise.
Gu Fei était clairement pris au dépourvu. Il se tourna vers Jiang Cheng et demanda doucement : "Combien a-t-il dit ?"
"Regardons plutôt les croisements domestiques," dit Jiang Cheng. "Les races pures sont de toute façon plus difficiles à prendre en charge."
"Eh bien, il n'y aura pas de croisements domestiques affectueux, ils sont tous féroces." Le propriétaire semblait mécontent. "Certaines personnes veulent un chat au tempérament doux mais ne veulent pas payer le prix."
"Cherchons un peu plus alors." Gu Fei commença à sortir en entraînant Gu Miao avec lui.
"Allez au marché si vous cherchez un croisement domestique, qu'est-ce que vous foutez ici," lança le propriétaire derrière eux. "Ici, nous vendons des chats de compagnie."
"Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?" Jiang Cheng avait été un peu réprimé ces derniers temps, essayant de repousser violemment ses émotions et de les traiter tranquillement seul. Mais en cet instant, entendant cette réplique, une colère s'alluma soudainement en lui, et sa voix se brisa un peu. "Eh bien, tu n’es pas raffiné. On dit que les chiens n'ont de statut que comme les maîtres qui les élèvent, mais tu es vraiment spécial à te fier aux chats pour nourrir ton ego. Vaux-tu aussi quatre mille-cinq cents yuans, monsieur ?"
"Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ! Si tu ne peux pas te le permettre, ce n'est pas mon problème ! Dégage !" Le propriétaire se leva brusquement de sa chaise. "Je ne gère pas une œuvre de charité ici !"
"Cheng-ge," Gu Fei tira sur le bras de Jiang Cheng, "partons."
"Il est vrai que je ne peux pas me permettre un chat à quatre mille cinq cents yuans," dit Jiang Cheng. "Mais je peux certainement acheter quelques gars pour quatre mille-cinq cents chacun pour essuyer les sols à ma place."
Le propriétaire renversa la chaise et se précipita vers lui les yeux exorbités. "Je vais te donner un séjour à l'hôpital d'une valeur de quatre mille-cinq cents yuans !"
Bats-toi ! Frappe-le !
Tout d'un coup, ce furent les seuls mots qui restèrent dans l'esprit de Jiang Cheng. Alors qu'il se retournait pour rencontrer l'homme à mi-chemin, Gu Fei se précipitait déjà. Il bloqua le coup de poing du propriétaire d'une main, puis attrapa son col et le projeta contre le mur, un doigt pointé vers lui. "Je peux appeler une ambulance pour vous tout de suite."
La tête du commerçant heurta le mur. Ça ne fit pas beaucoup de bruit, mais Gu Fei gardait une prise serrée sur son col, ses jointures appuyées fermement contre la gorge de l'homme. Il ne fallut que quelques secondes pour que son visage devienne rouge alors qu'il luttait pour retirer les mains de Gu Fei.
"C'est le Nouvel An," avertit Gu Fei d'une voix basse, "mais si vous devez faire des ennuis, je me ferai un plaisir de vous tenir compagnie. Je suis de toute façon très contrarié en ce moment."
La série de manœuvres rapides et fluides de Gu Fei semblait voler la vedette à Jiang Cheng, mais elle lui permit également de récupérer sa raison.
"Laisse tomber." Jiang Cheng réprima sa colère et jeta un coup d'œil à Gu Miao. La petite fille ne prêtait aucune attention à la querelle qui se déroulait autour d'elle, elle était penchée en avant, les mains sur les genoux, regardant un chiot dormir dans sa cage. Il s'approcha de Gu Miao et lui prit la main. "Allons-y."
Gu Fei lança un regard furieux au commerçant pendant quelques secondes de plus avant de le lâcher.
Gu Miao n'avait probablement pas mis son cœur sur l'un des chats là-dedans, ou plus probablement, elle n'avait pas eu le temps de regarder, donc elle les suivit docilement hors du magasin d'animaux.
Jiang Cheng put entendre le commerçant les maudire après leur départ, même après avoir marché plus de cinquante pas.
Il se força à ignorer la voix de l'homme, craignant de ne pas pouvoir s'empêcher de revenir en arrière et de se battre.
C'était inutile, surtout au Nouvel An.
Pourtant, il se sentait tout engorgé, incapable d'éteindre la fureur qui bouillonnait en lui. Sa peau fourmillait du désir de balancer ses bras et de taper des pieds, ou même de rouler par terre et de crier, tout ce qu'il pouvait faire pour se débarrasser de cette irritation intérieure.
Gu Fei le suivit avec Gu Miao en remorque. Le pas de Jiang Cheng était très rapide, plein de colère, c'était un peu difficile pour eux de suivre. Gu Fei se pencha et regarda Gu Miao dans les yeux. "Er-Miao."
Gu Miao le regarda en retour.
"On va jouer là-bas un moment." Gu Fei désigna une clairière un peu plus loin. Il y avait une fontaine desséchée avec seulement quelques personnes à proximité. "Ensuite, on ira chercher un chat."
Gu Miao hocha la tête, mit son skateboard par terre et s'éloigna.
"Cheng-ge," Gu Fei rattrapa Jiang Cheng et l'appela.
"Mhm," répondit Jiang Cheng, sa voix à nouveau rauque.
Ce n'était certainement pas un mal de gorge. Gu Fei ne pouvait pas être sûr si la voix occasionnellement rauque de Jiang Cheng avait quelque chose à voir avec son état émotionnel, mais ce n'était pas un mal de gorge.
Seulement, si Jiang Cheng refusait de lui dire, il n'avait aucun moyen d'insister sur le sujet. "Ne sois plus en colère," dit-il.
"Je ne le suis pas." Jiang Cheng éclaircit sa gorge.
Gu Fei le fixa et hésita longuement. Alors qu'ils atteignaient la fontaine, il se crispa finalement et mit son bras autour de l'épaule de Jiang Cheng.
Le corps de Jiang Cheng se raidit visiblement, sa tête se tournant avec surprise.
Gu Fei resserra sa prise, poussant Jiang Cheng vers le côté de la fontaine où il y avait moins de monde, puis se retourna et l'étreignit.
Jiang Cheng était toujours raide. Gu Fei ne lâcha pas, il frotta ses mains sur le dos et les bras de Jiang Cheng. "Il y a un autre magasin d'animaux dans la rue, niché dans le coin. Allons y jeter un coup d'œil."
"Mhm," murmura Jiang Cheng d'une voix basse.
Quelqu'un passa à côté d'eux et jeta un coup d'œil curieux dans leur direction, mais Gu Fei s'en moquait. Qu'ils regardent.
Cela n'avait plus d'importance.
Il n'avait pas vu Jiang Cheng dans cet état depuis très longtemps. Ce Jiang Cheng dans ses premiers souvenirs, dont le tempérament explosait au moindre prétexte, n'était pas apparu depuis très longtemps.
A le voir ainsi maintenant, le cœur de Gu Fei se serrait pour lui.
"Cheng-ge." Gu Fei ferma les yeux.
Remettons nous ensemble.
Les mots étaient déjà coincés à la pointe de sa langue, comme s'il suffisait qu'il ouvre la bouche pour les laisser sortir.
Sauf que.
Gu Fei serra les dents et ne fit pas un autre bruit.
Il savait pourquoi il voulait le dire, mais aussi pourquoi il ne devait pas le faire.
C'était trop décontracté. Jiang Cheng n'était pas un outil fait pour accommoder les fluctuations de son humeur, ni quelqu'un qu'il pouvait renvoyer et rappeler d'un simple mot.
S'il parlait maintenant, leur relation semblerait être une blague banale.
"Je vais bien," dit Jiang Cheng doucement. "Allons chercher un chat."
"Mhm." Gu Fei lâcha prise.
Jiang Cheng lui lança un regard, puis se tourna et appela : "Er-Miao !"
Gu Miao s'arrêta sur son skateboard et regarda dans leur direction.
"Allez, continuons," dit Jiang Cheng.
Gu Miao fit demi-tour et roula devant eux.
Jiang Cheng tapota légèrement le bras de Gu Fei avant de marcher après elle.
Gu Fei avait mal jaugé. Cet endroit au bout de la rue était un hôpital pour animaux. Ils avaient quelques fournitures pour animaux à vendre, mais ne vendaient pas de chats ou de chiens pour le moment. À l'intérieur, il y avait quelques chiots hospitalisés recevant leurs injections.
"On devrait essayer le magasin de l'autre côté ?" suggéra Jiang Cheng.
"D'accord." Gu Fei acquiesça.
Jiang Cheng allait dire à Gu Miao qu'ils partaient quand il remarqua qu'elle observait un petit chien branché à une perfusion.
"Le chiot est malade." Jiang Cheng s'accroupit à côté d'elle. "Il reçoit une piqûre... Allez, on va voir ailleurs."
Gu Miao ne bougea pas. Elle tourna la tête de gauche à droite, balayant la pièce du regard comme si elle cherchait des chats.
"Puis-je vous aider ?" demanda une jeune femme qui sortait d’une pièce.
"On cherche à acheter un chat, mais... c'est un hôpital pour animaux, non ?" demanda Jiang Cheng.
"C'est exact. Si vous voulez acheter un chat de race, nous n'en avons pas." La fille sourit. "Nous avons seulement quelques chatons placés ici, quelqu'un les a trouvés et nous les a apportés."
"Pouvons-nous... les voir ?" demanda Jiang Cheng.
"Bien sûr ».
Elle les conduisit dans une pièce intérieure et désigna une cage garnie de rembourrage épais au fond. "Là-dedans. Nous les avons déjà vérifiés pour les maladies, ils sont tous en bonne santé et prêts à être adoptés sans frais supplémentaires. Mais ce ne sont pas des chats de race, la personne a dit qu'ils pourraient être un mélange de Persan et de domestique."
Gu Fei emmena Gu Miao jusqu'à la cage à chats. Gu Miao se pencha immédiatement et pressa son nez contre le grillage. Il y avait quatre chatons à l'intérieur, blottis ensemble en dormant.
Peut-être parce que Gu Miao avait touché la cage, l'un des chatons leva la tête et émit un son. Sa bouche était grande ouverte, mais le bruit qu'il émit était incroyablement petit.
Gu Miao se tourna immédiatement vers Gu Fei avec enthousiasme. "Ha !"
"Mhm." Gu Fei sourit.
Celui qui avait levé la tête était probablement le plus laid des quatre chatons. Il avait un visage très pointu avec une grande tache noire sur le nez, il avait aussi le poil le plus court. Mais lorsqu'ils sortirent le chaton et le posèrent seul sur un tapis, Gu Miao passa au moins cinq minutes à le fixer sans bouger.
Avec la permission de Gu Fei, elle tendit la main et caressa très délicatement la tête du chaton. Le chaton ferma les yeux et laissa échapper un miaulement très doux. "C'est le plus doux de leur portée," dit le personnel à côté d'eux. "Il est un peu laid, mais il a le meilleur tempérament, alors les trois autres aiment bien s'acharner sur lui."
Ils restèrent là pendant presque une heure, laissant Gu Miao passer du temps avec le chat. Enfin, après avoir confirmé que Gu Miao l'aimait beaucoup, et que le chaton était vraiment docile, ou plutôt extrêmement paresseux, Gu Fei décida de l'adopter.
Gu Miao était de très bonne humeur. Elle était prudente en tenant le chat dans ses bras, peut-être parce que le chat était beaucoup plus petit par rapport à Feiyang—il ne représentait qu'un cinquième de la taille de Feiyang.
Quand ils se serrèrent dans le Petit Pain, elle posa le chat sur ses genoux et caressa lentement son pelage. Pendant tout le chemin du retour jusqu’à l'appartement de Jiang Cheng, elle ne leva pas une fois les yeux.
Jiang Cheng descendit de la voiture, puis passa la tête à nouveau à l'intérieur. "Er-Miao."
Gu Miao le regarda.
"N'oublie pas de lui donner un nom," dit Jiang Cheng.
Gu Miao le regarda sans comprendre, comme si elle ne comprenait pas.
"Je lui expliquerai plus tard." Gu Fei sourit. "Elle n'a jamais donné de nom à aucun de ses jouets ou peluches auparavant."
"D'accord." Jiang Cheng tapota légèrement sur la porte de la voiture quelques fois. "Alors... je vais y aller."
"D'accord." acquiesça Gu Fei.
Il regarda Jiang Cheng entrer dans le bâtiment, puis ferma la portière de la voiture. Après être resté assis et avoir pensé pendant un moment, il se tourna vers Gu Miao sur le siège arrière. "Er-Miao, tu devrais lui donner un nom."
Gu Miao le regarda.
"Feiyang—c'est un nom. Er-Miao est aussi un nom, tout comme Gu Fei," expliqua-t-il. "Cheng-ge est aussi un nom. Comment s'appelle ce petit chaton ?"
Gu Miao resta silencieuse.
"Une fois qu'il aura un nom, alors tu pourras l'appeler par ce nom," ajouta Gu Fei. Gu
Miao réfléchit pendant un long moment, puis claqua des doigts et leva le pouce. "Hmm ?"
Gu Fei ne comprenait pas.
Gu Miao baissa les yeux et caressa le chat. "Cheng-ge," dit-elle.
"Quoi ?" demanda Gu Fei.
Gu Miao ne répondit pas.
"Son nom est Cheng-ge ?" demanda Gu Fei.
Gu Miao hocha la tête tout en continuant de caresser le chat.
"...D'accord alors." Gu Fei démarra la voiture et se mit en route pour rentrer chez eux.
Un chaton femelle—nommée Cheng-ge. (NT : ge est masculin : frère. Pour une femelle ce serait jia : soeur)
Il se mit à rire.
Traducteur: Darkia1030
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