SAYE - Chapitre 114 - Tu m'as tellement manqué.

 

"Jiang Cheng," Zhao Ke tapota son lit, "allons à la bibliothèque plus tard."

"Tu peux y aller avec Qiqi," Jiang Cheng était assis en tailleur sur son lit, le regard rivé sur son téléphone, "je te rejoindrai dans un moment."

"Il est de mauvaise humeur, je ne sais pas où il est parti déprimer," dit Zhao Ke.

"Hm?" Jiang Cheng jeta un coup d'œil à Zhao Ke.

La personnalité de Zhang Qiqi était comme son visage—toujours détendue et insouciante. Il était surpris qu'une personne comme lui se sente déprimée.

"Les résultats n'ont pas été comme il l'espérait," expliqua Zhao Ke. "Allons à la bibliothèque, si tu veux jouer sur ton téléphone, tu pourras le faire là-bas. Si on y va tard, on devra attendre pour avoir des places."

"Juste pour ça?" Jiang Cheng hésita un moment avant de se lever du lit. "Le test n'était pas si important que ça, non? Je n'ai rien préparé et ça ne m'a même pas affecté."

"Mais même sans préparation, tu as eu un meilleur score que lui," dit Zhao Ke.

"… Oh," soupira Jiang Cheng. "Eh bien, je dois avoir une force, non ? C'est juste que c'est ma spécialité."

"Eh bien, d'autres appellent ça avoir un sens de l'urgence," dit Zhao Ke en sortant de leur chambre. "Ferme la porte à clé."

Jiang Cheng ferma la porte à clé et se rendit à la bibliothèque avec Zhao Ke.

Un sentiment d’urgence.

Il l'avait aussi. Il n'avait même pas besoin de regarder autour de lui ses autres camarades de classe ou les étudiants plus âgés ici, il lui suffisait de regarder les trois autres personnes dans leur dortoir pour ressentir un sentiment d'urgence.

Il sortirait aussi—pour se promener ou pour manger et faire une pause—mais il laisserait toujours de larges plages horaires pour étudier.

Jiang Cheng n'avait jamais été comme ça avant. Pour un étudiant qui révisait à la dernière minute comme lui, c'était seulement dans ce genre d'environnement qu'il pouvait ressentir ce sentiment d'urgence. Tout le monde autour de lui avançait, alors il n'osait pas s'arrêter.

Bien qu'il commençait aussi à ressentir un autre type d'urgence, qui était…

Il tâta sa poche pour son téléphone. Tout à l'heure, il avait vérifié ses comptes, le montant sur la carte n'était pas aussi abondant qu'avant. Il devait commencer à envisager la question de gagner de l'argent. Il aurait théoriquement pu commencer à s'en soucier au prochain semestre, mais Gu Fei connaissait très bien sa situation financière. Il devait créer des revenus avant que Gu Fei ne commence à lui envoyer de l'argent.

Le téléphone de Zhao Ke sonna. "Jie?"

"Hey, petit bon-à-rien——" La voix de la grande sœur de Zhao Ke résonna fort de l'autre côté. Même à côté de lui, Jiang Cheng pouvait entendre sa voix traînante l'appelant par... son surnom ?

"Quoi." Zhao Ke devait être très habitué à ce nom, sa réponse était calme.

Jiang Cheng donna un peu plus d'espace à Zhao Ke et sortit son propre téléphone, le regardant pendant qu'il marchait.

Il n'y avait aucun message de Gu Fei, qui était déjà très familier avec ses horaires quotidiens. Il attendrait généralement jusqu'après dix heures du soir pour contacter Jiang Cheng, et à tout autre moment, c'était Jiang Cheng qui envoyait le premier message quand il avait du temps libre.

Il n'était pas encore habitué à ce genre de vie, mais le sentiment insupportable qu'il avait ressenti les premiers jours, comme s'il était rôti sur un feu ouvert, ce qui ne lui donnait envie que de revenir d'où il venait, avait quelque peu diminué. Cependant, il ne pouvait pas se défaire de l'addiction de regarder des photos de Gu Fei chaque jour.

"Je ne veux pas y aller, je n'aime pas les petites filles… Bien sûr, tu n'es pas une petite fille. Hein ? Tu es une grande fille," dit Zhao Ke. "Et d'ici à ce que tu finisses l'université, tu seras une vieille fille. Je pense peut-être que tu ne devrais pas poursuivre un doctorat, tu… Je ne veux vraiment pas y aller, je ne veux pas donner des cours particuliers, ce n'est pas comme si j'avais besoin d'argent… Je n'ai pas besoin de ce genre d'expérience… Peut-être que tu peux recommander quelqu'un d'autre…"

"Donner des cours particuliers ?" demanda Jiang Cheng en se tournant.

"Hm ?" Zhao Ke se retourna vers lui. "Toi ?"

"Est-ce que je peux ?" demanda Jiang Cheng.

"D'accord, attends, mon colocataire est intéressé—oui, il est dans les trois premiers de notre année, pourquoi ne te rappellerais-je pas plus tard." Zhao Ke raccrocha et se tourna vers Jiang Cheng. "Tu es vraiment intéressé ?"

"Mhm," Jiang Cheng hocha la tête. "C'est quoi ce boulot de cours particuliers si important qu'il faut faire des allers-retours pour des recommandations ?"

"Un enfant de la famille d'une amie de ma sœur, une petite fille en deuxième année de lycée. Ils ont spécifiquement demandé quelqu'un qui étudie dans une école d'élite," expliqua Zhao Ke. "Ils paient plutôt bien. En général, tu ne trouveras pas un boulot qui paie si bien par toi-même. Si tu es intéressé, je le dirai à ma sœur."

"Pourquoi ne pas embaucher directement un professeur d'une école d'élite s'ils ont de l'argent ?" Jiang Cheng ne comprenait pas ce que les parents pensaient.

"La fille ne le veut pas bien sûr, elle veut quelqu'un de son âge. Ses parents la chouchoutent et ne refusent aucune de ses demandes," expliqua Zhao Ke. "De plus, les professeurs d'école d'élite ne veulent pas nécessairement faire du soutien individuel,"

"Oh," Jiang Cheng réfléchit un moment, "je le ferai."

"Alors je le dirai à ma sœur," conclut Zhao Ke.

Jiang Cheng avait l'impression de ne pas encore avoir compris cette évolution. Soudainement, il y avait une solution à son problème d'argent… C'était un peu incroyable. Cela voulait dire que Zhao Ke était un Fuwa—non—cela voulait dire que Jiang Cheng lui-même était un Fuwa. (NT : mascotte des jeux olympiques 2008, et par extension porte chance)

Fuwa Chengcheng.

"C'est une affaire conclue alors. Je te donnerai le numéro de ma sœur, tu pourras la contacter directement."

Zhao Ke envoya à Jiang Cheng les coordonnées de sa sœur. "Tu es sûr d'avoir le temps pour tout ça ?"

"Yep," répondit Jiang Cheng en jetant un coup d'œil à la carte de contact que Zhao Ke lui avait partagée. Le nom qu'il avait donné à sa sœur était… "une vieille dame".

Jiang Cheng soupira, "Comment s'appelle ta sœur ?"

"Zhao Jin," répondit Zhao Ke.

"Zhao Jing ?" demanda Jiang Cheng.

"Jin," répéta Zhao Ke. "… 'Jin' comme amusement ?" demanda Jiang Cheng.

"Mhm," confirma Zhao Ke. "Le nom est gaspillé pour elle, car elle n'est pas très amusante. Elle est seulement animée quand elle se moque de moi."

Jiang Cheng ricana en enregistrant le numéro de Zhao Jin dans son téléphone.

"Ton argent de poche ne suffit pas à couvrir les dépenses ?" lui demanda Zhao Ke.

"Ce n'est pas ça." Jiang Cheng hésita un moment. "Je suis seul."

"Oh." Zhao Ke lui jeta un coup d'œil et ne dit rien d'autre.

"Eh bien, pas exactement seul," Jiang Cheng y réfléchit un instant et réalisa que ce qu'il avait dit n'était pas tout à fait exact, "je…"

"Ouais, j'ai compris, vous êtes deux," le coupa Zhao Ke. "Mec, peux-tu avoir un peu de limite quand tu abuses les célibataires ? Pas besoin de saisir chaque opportunité comme ça."

Jiang Cheng ne continua pas, et au lieu de cela, il rit longuement.

*

"Donner des cours particuliers ?" Gu Fei fut surpris. "N'es-tu pas déjà très occupé avec l'école ? Je pensais que tu venais de finir avec cette évaluation ou quelque chose comme ça il y a quelques jours ? Tu n'as pas le Test d'Anglais du Niveau 4 du Collège le semestre prochain ?"

"Je n'ai pas besoin de me préparer pour le Niveau 4," la voix de Jiang Cheng était aussi arrogante que d'habitude lorsqu'il dit cela, "et ce soutien ne prend pas beaucoup de temps. Ce n'est que deux fois par semaine le week-end."

"Il te reste combien d'argent ?" demanda Gu Fei.

Gu Fei avait une assez bonne idée des finances de Jiang Cheng. Il pensait que Jiang Cheng devrait en avoir encore un peu, et il prévoyait d'envoyer un peu d’argent avant octobre, de la somme qu'il avait obtenue de la vente du magasin. Il n'avait pas prévu que Jiang Cheng obtienne un emploi à temps partiel si rapidement.

"J'ai de l'argent," répondit Jiang Cheng avec un sourire. "Je t'envelopperai une grosse enveloppe rouge pour le Nouvel An."

"Tu peux juste t'envelopper toi-même," remarqua Gu Fei.

Jiang Cheng ricana en réponse. "Sans gêne."  

Gu Fei pouvait deviner que Jiang Cheng était de plutôt bonne humeur aujourd'hui. Il ne restait que quelques jours avant les vacances. Quand il se souvint de ce fait, l'humeur de Gu Fei s'améliora aussi.

"N'es-tu pas sorti prendre des photos dernièrement ? La collection sur les aciéries ?" lui demanda Jiang Cheng.

"Non, celles d'avant suffisent. Je vais travailler sur leur traitement dans les prochains jours puis les envoyer pour qu'ils choisissent," expliqua Gu Fei. "Je continuerai avec les séances de modèle après les vacances."

"D'accord." Jiang Cheng réfléchit un instant, puis rit à nouveau. "J'achèterai mon billet demain, n'oublie pas de venir me chercher."

"D'accord." Gu Fei sourit.

"Sur ta moto," continua Jiang Cheng.

"D'accord." acquiesça Gu Fei.

Le 1er octobre approchait, et les jours qui le précédaient furent éprouvants, mais pas impossibles.

Gu Fei ouvrit le placard de Jiang Cheng et regarda à l'intérieur. Au moment où Jiang Cheng partirait à nouveau, il devrait prendre des vêtements chauds avec lui. Les jours devenaient déjà plus frais.

Gu Fei passa ses mains sur les vêtements dans le placard et sortit l'une de ses propres vestes. Jiang Cheng avait pris deux vestes appartenant à Gu Fei, et, il n'en avait laissé qu'une de celles que Gu Fei l portait souvent. Quand celle-ci devrait être lavée, il devrait en porter une de celles de Jiang Cheng. Alors qu'il allait remettre la veste en place, l'ourlet inférieur effleura sa jambe, et il sentit qu'il y avait quelque chose dans l'une des poches.

Il glissa sa main à l'intérieur et toucha ce qui semblait être une enveloppe. Il la sortit et, en y jetant un coup d'œil, fut stupéfait. C'était une enveloppe rouge plutôt épaisse.

« Bonne chance et Fortune »

Il ouvrit l'enveloppe et en tira une liasse de billets. À ce stade, il n'avait pas besoin de deviner pour savoir que c'étaient de l'argent que son petit ami, le candidat Jiang Cheng, lui avait laissé. Et peut-être par crainte que Gu Fei ne l'accepte pas, il avait même utilisé le même moyen que lui pour le lui livrer.

Gu Fei sourit et compta l'argent. Même le montant était le même. Il prit une photo de l'argent et de l'enveloppe et l'envoya dans la conversation, accompagnée d'un message qu'il avait copié de Jiang Cheng :

-merci petit ami !

-muack muack de rien !

La réponse de Jiang Cheng arriva rapidement, suivie immédiatement par un autre message de sa part.

-dis, ne trouves-tu pas que ce « bonne chance et fortune » est bien plus sincère que « je te souhaite une longue vie » !

-super sincère !

Gu Fei rit longuement. Ce jour-là, il était un peu ailleurs et avait pris l’enveloppe rouge dans leur magasin, pensant qu'il en avait attrapé une qui disait « Accomplissement académique ». Ce n'est que lorsque Jiang Cheng lui a envoyé une photo qu'il a réalisé qu'il avait attrapé un « Je te souhaite une longue vie ».

-attends juste, à l'avenir je te donnerai une enveloppe rouge encore plus grande !

-ok !

*

Jiang Cheng appela Zhao Jin et organisa de commencer à donner des cours particuliers à la lycéenne après les vacances d'octobre. Cependant, il devait quand même aller rencontrer la famille dans les prochains jours.

« Je ne viendrai pas avec toi cette fois », dit Zhao Ke. « Je ne veux pas voir ma sœur. Tiens, pourquoi ne lui donnerais-tu pas ça pour moi ? »

Zhao Jin était en première année de master à l'université B. Se tenant devant les portes de l'université B avec la boîte de gâteau que Zhao Ke lui avait demandé d'apporter, Jiang Cheng appela Zhao Jin. Peu de temps après avoir raccroché, il vit une fille sortir de l'intérieur des portes.

D'un coup d'œil, il put dire que c'était la sœur aînée de Zhao Ke. Ils se ressemblaient, tous les deux grands et à la peau claire. Ce n'est que lorsqu'il vit les vêtements qu'elle portait que Jiang Cheng crut vraiment que le style abstrait des vêtements conçus par Ding Zhuxin avait effectivement un marché. Ça avait plutôt bonne allure sur Zhao Jin.

« Jiang Cheng ? » Zhao Jin s'approcha de lui et demanda.

« Oui. » Jiang Cheng acquiesça et lui tendit la boîte de gâteau. « Zhao Ke m'a demandé de te le donner. »

« Bordel. » Zhao Jin ouvrit la boîte et regarda à l'intérieur. « J'ai entendu dire que dans votre dortoir, celui dont il est le plus proche c’est toi ? »

« Probablement », répondit Jiang Cheng. C'était probablement vrai, puisque au moins Zhao Ke n'avait pas de petite amie.

“Avec un goût comme celui-ci,” Zhao Jin lui montra le gâteau à l'intérieur, “comment pourrais-tu être proche de lui ? Vous n'êtes que tous les deux dans votre chambre ?”

Jiang Cheng jeta un coup d'œil au gâteau sur lequel était dessiné un panda très laid. “Il a peut-être… fait ça lui-même. Il a mentionné il y a quelques jours qu'il y avait une boulangerie DIY près du campus.”

“J'ai fixé le rendez-vous à 15 heures, on arrivera pile à l'heure en y allant en voiture.”

Sans couvert, Zhao Jin sortit le gâteau avec sa main, le coupant en deux et lui tendant une moitié. “Tiens.” “Merci beaucoup de te donner cette peine, mais j'aurais pu y aller moi-même.”

Jiang Cheng prit une bouchée du gâteau, qui avait bon goût. “Ce n'est pas une peine, l'un de mes aînés se dirige là-bas donc il nous donnera un coup de main,” dit Zhao Jin. “Je vais en profiter pour faire du shopping.”

“Oh,” répondit Jiang Cheng.

“J'ai passé tout ce temps à me maquiller, je ne peux pas gaspiller tout ça,” ajouta Zhao Jin.

“… Ah.” Jiang Cheng hocha la tête.

Une voiture arriva et s'arrêta à côté d'eux.

“Monte.” Zhao Jin fourra le gâteau dans sa bouche, se nettoya les doigts avec sa langue et s'installa sur le siège passager avant. Jiang Cheng hésita un instant, puis sortit un mouchoir et s'essuya les doigts avant de monter à l'arrière.

“Le camarade de classe de mon petit frère, Jiang Cheng,” le présenta Zhao Jin. “Voici mon aîné, le plus beau des trois mecs de notre programme, Xu Xingzhi.”

“Bonjour,” soupira Xu Xingzhi avant de se tourner et de hocher la tête vers Jiang Cheng.

“Bonjour aîné,” dit Jiang Cheng. “Je suis désolé pour le dérangement.”

“C'est sur mon chemin,” dit Xu Xingzhi.

C'était la première fois que Jiang Cheng se rendait à plus d'un kilomètre du campus depuis son inscription. En regardant par la fenêtre de la voiture, la vue lui semblait étrange, il avait l'impression qu'il pouvait cligner des yeux et se perdre à la seconde suivante. Il décida qu'en rentrant dans sa chambre, il devait vraiment vérifier comment venir ici depuis le campus.

Ce n'était pas trop loin et il n'y avait pas beaucoup de circulation en route. Le trajet leur prit un peu plus de vingt minutes.

“Nous sommes arrivés, allons-y.” Zhao Jin ouvrit la porte de la voiture. “Merci.”

“Merci,” dit Jiang Cheng en ouvrant la porte de la voiture.

“De rien.” Xu Xingzhi se retourna pour lui faire face. Ce n'est qu'à ce moment-là que Jiang Cheng vit son visage. Xu Xingzhi portait des lunettes et avait... de toute façon, il n'était pas aussi beau que Gu Fei. Gu Fei avait aussi l'air extrêmement beau lorsqu'il portait des lunettes, et devenait encore plus séduisant avec le temps.

La famille qui cherchait un tuteur semblait plutôt aisée, à en juger par l'apparence de leur maison. Et en regardant leur fille, il était évident qu'elle avait été plutôt gâtée, et appartenait à la catégorie des enfants un peu trop gâtés.

Sa mère l'a appelée deux fois, mais elle n'a même pas fait un son d'acquiescement. Jiang Cheng discutait avec ses parents depuis plus de dix minutes quand elle est enfin sortie de sa chambre.

"Tu obtiens vraiment de bonnes notes ?" La fille s'effondra paresseusement sur le canapé et posa sa question à Jiang Cheng, sans même un salut.

"Ça dépend de à qui je me compare," répondit Jiang Cheng.

"Et par rapport à moi," dit-elle. Jiang Cheng ne comprenait pas d'où cette fille tirait sa confiance totalement infondée. Il prit un ensemble de copies d'examen à proximité et le tapota du bout des doigts. "Je n'ai jamais obtenu une note aussi basse de toute ma vie."

La fille cligna des yeux, puis se mit à rire bruyamment de plaisir. Elle rit longtemps avant de dire enfin, "C'est si bas que ça ? C'est la meilleure note que j'ai obtenue jusqu'à présent."

"Très bas." Affirma Jiang Cheng.

"Peu importe." Elle se leva et retourna dans sa chambre, se tournant vers sa mère avant de fermer la porte. "Je n'ai aucun problème avec ça, mais juste deux fois par semaine et pas plus."

"Elle a toujours été comme ça depuis qu'elle est petite," le visage de sa mère était pour une raison quelconque empreint de satisfaction, "un vrai caractère."

"… Ouais." acquiesça Jiang Cheng.

"Je suis juste contente qu'elle soit d'accord. Je connais Zhao Jin depuis deux ans maintenant, donc je fais confiance aux personnes qu'elle recommande," dit la mère contente. "En plus, elle a dit que tes notes sont encore meilleures que celles de son frère."

"Ah." Jiang Cheng ne savait pas trop comment poursuivre cette conversation.

"Tiens," elle sortit une enveloppe, "voici le salaire d'un mois. Les mois suivants seront également payés d'avance. Merci pour ton travail."

"Merci tante." Jiang Cheng accepta l'enveloppe.

*

"Nous sommes ici," Gu Fei pointa la carte posée sur la table et dit à Gu Miao. "Juste ici - je te l'ai déjà dit, tu te souviens ?"

Gu Miao était étalée sur la table en regardant la carte, son expression indiquait qu'elle ne comprenait pas vraiment.

"Nous sommes ici," Gu Fei dessina un cercle sur la carte avec un stylo, puis traça une autre ligne le long de la voie ferrée, "et Cheng-ge est ici."

Le mot "Cheng-ge" attira brièvement l'attention de Gu Miao, et ses yeux s'attardèrent un moment sur la carte.

"Cette carte est trop grande, donc notre Er-Miao ne peut pas encore la comprendre." Gu Fei sortit une carte de la ville du tiroir et l'étala, pointant du doigt. "Ici, c'est l'aciérie."

Gu Miao fixa la carte. Gu Fei voulait vérifier si elle regardait la carte ou son doigt, alors il déplaça son doigt. Les yeux de Gu Miao bougèrent avec lui. Puis il retira son doigt. Le regard de Gu Miao se déplaça rapidement vers le haut également. Malgré un léger sentiment de déception, il ne put s'empêcher d'être amusé en même temps.

"Comment se fait-il que tu sois juste comme un chat."

Gu Miao le regarda et lui fit un petit sourire.

"Er-Miao," Gu Fei posa son menton dans une main et la regarda à son tour, "Cheng-ge sera de retour dans quelques jours, es-tu contente ?"

Gu Miao hocha la tête.

"Mais Cheng-ge doit encore retourner à l'école après. Un, deux, trois, quatre, cinq," Gu Fei replia ses doigts en comptant. "Si nous ne comptons pas les jours d'arrivée et de départ, il sera ici pendant cinq jours avant de devoir partir."

Le sourire de Gu Miao disparut.

"Er-Miao," continua Gu Fei d'une voix hésitante. "Cheng-ge est parti dans un endroit très loin, loin de l'aciérie. Il doit continuer, et continuer, et prendre un train…"

"Non, pas partir," dit Gu Miao.

"Il doit partir," dit Gu Fei. "Cheng-ge ne sera pas toujours là, il doit partir. Er-Miao doit aussi partir."

Gu Miao poussa un cri aigu presque dès qu'il eut fini sa phrase. Gu Fei soupira. Il n'allait pas la consoler tout de suite, et resta assis là à la regarder. Il ne savait pas ce qu'il devait faire pour apprendre à Gu Miao à exprimer ses sentiments correctement. La colère, le mécontentement, la peur et la nervosité, Gu Miao les exprimait tous en criant.

En fin de compte, ils vivaient dans un endroit défavorisé, où il n'y avait pas d'institutions professionnelles. Le département de psychiatrie de l'hôpital ne pouvait pas être comparé à celui d'une grande ville, et il n'avait pas de protocole de traitement systématique en ce qui concernait les cas comme celui de Gu Miao.

Toutefois elle était au moins de bonne humeur chaque fois qu'elle allait à cette classe de rééducation auparavant. C'était aussi pourquoi, bien que la classe de rééducation ne soit pas nécessairement très standardisée, il voulait quand même que Gu Miao continue d'y aller. C'était un fil d'espoir au moins, surtout puisque Gu Miao n'était pas née comme ça.

Cependant, ce n'était pas bon marché. Y aller à long terme mettrait une certaine pression financière sur lui, il devait donc mettre ses comptes en ordre.

*

Il y avait pas mal d'étudiants restant sur le campus pendant les vacances du 1er octobre.

À la surprise de Jiang Cheng, à part lui, aucun des trois autres occupants de sa chambre n'allait rentrer chez lui.

"Ma petite amie de rêve ne rentre pas chez elle." La raison de Zhao Ke était très touchante. Dans le cas de Lu Shi et de Zhang Qiqi, leurs petites amies venaient passer du temps avec eux et faire un peu de tourisme en prime. Ils étaient tous deux partis pour la gare dès le matin pour aller chercher leur moitié.

Jiang Cheng était très excité aussi, mais il tint bon et ne les accompagna pas à la gare deux heures en avance juste pour s'asseoir là et attendre.

"Tu as beaucoup de choses à emporter ?" demanda Zhao Ke. "Si c'est le cas, ma sœur peut organiser un trajet pour te conduire."

"Pas grand-chose, juste un sac." Jiang Cheng se souvint du gars qui les avait conduits la dernière fois, Xu Xingzhi. "Le senior qui nous a conduits la dernière fois, c'est le petit ami de ta sœur ?"

"Ma sœur est célibataire," expliqua Zhao Ke. "Il n'y a personne dans ce monde, homme ou femme, qui puisse susciter son intérêt. Je suppose qu'elle est du genre de personne célibataire qui ne s'intéresse à personne."

"Y a-t-il d'autres types ?" demanda Jiang Cheng en riant.

"Il y a aussi le type qui n'intéresse personne," rétorqua Zhao Ke.

Jiang Cheng cligna des yeux un moment, puis éclata de rire. Il était vraiment de très bonne humeur. Alors qu'il mettait fin à la session de rire, il tapota son sac et dit : "Pourquoi ne pas m'accompagner jusqu'à l'entrée du métro."

"Non." Zhao Ke refusa catégoriquement. "Je peux t'accompagner jusqu'à l'entrée de notre dortoir, puis je dois aller à la bibliothèque.

"Allons-y." Jiang Cheng sourit.

Après avoir laissé Zhao Ke devant le dortoir, Jiang Cheng sortit son téléphone et envoya un message à Gu Fei.

-Je m'en vais, je m'en vais, je m'en vais ! (NT : il y a une coutume en Chine qui dit que les choses importantes doivent être dites trois fois)

-  Dans le train déjà, dans le train déjà, dans le train déjà ?

-Non, je cours actuellement vers la station de métro avec mon gros sac à dos !

-Tu as ta carte d'identité avec toi ?

-Je l'ai, je l'ai, je l'ai !

-Je me prépare à partir pour la gare.

Jiang Cheng fut surpris un instant, puis appela Gu Fei. "Tu pars maintenant ? Tu n'as pas besoin d'y aller plusieurs heures à l'avance même si tu rampes jusqu'à la gare."

"Oui," répondit Gu Fei avec un sourire. "Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose de mieux à faire. Er-Miao est dehors en train de jouer avec Li Yan. Pour moi, il n'y a pas de différence entre attendre à la maison ou attendre à la gare."

Jiang Cheng arriva à la gare et réussit à ne pas se perdre en entrant. Après tout, le fait d’emmener Gu Fei à la gare la dernière fois lui avait laissé une forte impression. Il envoya un autre message à Gu Fei après s'être assis dans le train.

-Ah, j'ai tellement hâte de rentrer !

-Ah, je me languis du retour de mon homme !

Gu Fei avait joint une photo à son message. Sur celle-ci, il portait un casque, prêt à monter sur sa moto pour se rendre à la gare. Jiang Cheng fixa la photo pendant très longtemps. À l'époque, lorsqu'il était dans ce train, le cœur plein de colère et se sentant perdu, il n'aurait jamais pu imaginer qu'un jour son cœur serait si rempli d'anxiété et d'impatience de revenir dans cette petite ville.

-Tu es déjà dans le train ? Salaud !

Pan Zhi lui envoya un message débordant de ressentiment.

-Je suis assis maintenant, on se verra une fois que je serai de retour ici.

-Ouais, c'est ça, on en parlera quand tu seras revenu, tu étais tellement occupé ces jours-ci que tu n'as même pas le temps de respirer, et tu ne me manques pas du tout.

Jiang Cheng baissa la tête et rit un moment. Après l'inscription, il n'avait réussi à trouver du temps pour rencontrer Pan Zhi qu'une seule fois pour manger ensemble. Pour être juste, il n'était pas le seul à être occupé. Pan Zhi était également débordé, surtout parce que son occupation principale n'était pas d'étudier.

Le train démarra. Jiang Cheng regarda par la fenêtre et laissa ses pensées divaguer. La vue à travers la fenêtre changeait constamment, mais il avait l'impression de ne rien voir. Son esprit était entièrement occupé par Gu Fei.

Il vérifiait pratiquement son téléphone pour l'heure toutes les cinq minutes exactement. Enfin, alors qu'il restait encore 20 minutes avant l'arrivée, il se leva tôt et se tint près de la porte avec son sac. Lorsque l'employé arriva pour ouvrir la porte, il ne voulut presque pas se pousser. Lorsque la porte s'ouvrit, il fut le premier à en sortir.

"Je suis là !" Alors qu'il avançait, il appela Gu Fei au téléphone. "Je suis là ! Je suis descendu du train et je sors maintenant !"

"Je suis juste à la porte de sortie," dit Gu Fei. "Tu me verras dès que tu sortiras."

Jiang Cheng marcha rapidement, puis après un moment, se mit à courir.

La gare était petite. Il n'y avait que quelques centaines de mètres entre le quai d'arrivée et la porte de sortie. Malgré cela, alors qu'il courait, Jiang Cheng avait l'impression que la distance était bien trop longue, comme s'il n'atteindrait jamais la fin.

Lorsqu'il aperçut la porte de sortie, il ne put plus se retenir et ne prit même pas la peine de regarder à travers. Au lieu de cela, il cria : "GU FEI !"

"Ne courez pas, pas de course !" Un membre du personnel à la sortie lui fit signe. "Pas de course !"

Quelqu'un à l'extérieur leva la main et fit signe. C'était Gu Fei.

Lorsque Jiang Cheng passa la porte et vit le sourire sur le visage de Gu Fei, il ressentit soudain un soulagement extrême, comme s'il voyait le soleil pour la première fois depuis longtemps. Serrant son sac et ignorant le monde qui les entourait, il se précipita et attira Gu Fei dans ses bras.

"Merde." Il le serra fort. "Tu m'as tellement manqué."

"Toi aussi." Gu Fei le serra en retour.

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

 

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