SAYE - Chapitre 112 - il comprit soudainement ce que ressentaient ces personnes agaçantes qui ne pouvaient pas s'empêcher de montrer leurs enfants.

 

Jiang Cheng n'avait pas ouvert un autre manuel depuis les examens, même le guide d'inscription n'avait reçu qu'un coup d'œil rapide de sa part. Il ne savait pas ce qu'il devait lire à la bibliothèque. Zhao Ke et les autres n'étaient pas là pour lire non plus. Ils étaient venus seulement pour "se pointer" et se familiariser avec l'environnement. Après tout, la bibliothèque était un endroit très motivant.

Jiang Cheng était plutôt abasourdi lorsqu'il est entré là pour la première fois. Ses nerfs complètement détendus furent soudainement tendus en un seul instant. La bibliothèque était grande et belle. En empruntant les mots qu'ils utilisaient souvent dans les rédactions d'école primaire : elle était spacieuse, lumineuse et propre, avec des tables et des chaises disposées en rangées ordonnées... Et des canapés. Jiang Cheng alla s'asseoir sur l'un d'eux. C'était confortable.

Tout le monde dans la bibliothèque était très silencieux. Le groupe de Jiang Cheng avait mis leurs téléphones en mode vibreur, et en se promenant pour découvrir les lieux, ils ne se parlaient pas non plus, se contentant de tourner la tête pour regarder autour d'eux.

En cet instant, les différents types de livres soigneusement rangés sur d'innombrables étagères n’irritaient pas Jiang Cheng. Au contraire, il ressentait seulement une vague sensation de pression.

Avoir passé presque toute une année à travailler jours et nuits l'avait amené à obtenir la lettre d'acceptation qu'il recherchait, mais ce n'était que le premier pas. Strictement parlant, ce n'était même pas un pas.

"Allez, allons prendre un café, puis dîner." Zhao Ke avait emprunté quelques livres pour se familiariser avec le processus de prêt.

"Qu'as-tu pris ?" demanda Jiang Cheng doucement. Lui-même n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait emprunter à ce stade.

"... Des romans." Zhao Ke lui montra les couvertures.

"Je pensais que tu allais prendre des livres de référence dans notre domaine." Jiang Cheng était un peu surpris.

"Il y aura suffisamment de lectures dans notre avenir pour te rendre malade," remarqua Zhao Ke. "Tout ce que je veux faire pour l'instant, c'est lire de la fiction."

"Oh," répondit Jiang Cheng.

Zhao Ke était un grand fan de café. Il venait à peine d’inviter Jiang Cheng à un café le matin, et il proposait déjà d'y retourner. Les gars voulaient payer chacun pour eux-mêmes, mais Zhao Ke ne céda pas. Il dit que c'était son idée, donc il devait payer l'addition.

Après un autre café, Jiang Cheng avait pratiquement perdu toute envie de’abosorber autre chose. Il n'avait pas faim et n'avait pas d'appétit. Cependant, afin de remplir la mission de se familiariser avec la nourriture du campus, il suivit quand même le groupe pour deux autres visites de cafétéria. Quand ils eurent fini de manger et qu'ils retournèrent dans leur dortoir, il était tellement tourmenté qu'il avait l'impression qu'il pourrait tout vomir à tout moment.

Il s'allongea sur sa couchette et envoya un message à Gu Fei. "J'ai trop mangé,"

Gu Fei ne répondit pas. À cette heure, il devait probablement dîner avec Gu Miao.

À part lui et Zhao Ke, les deux autres personnes dans leur chambre étaient toutes les deux au téléphone. On aurait dit qu'ils appelaient leurs petites amies respectives ; leurs voix débordaient d'affection. Le gars qui dormait sur le lit superposé en face de Jiang Cheng s'appelait Lu Shi. Jiang Cheng trouvait que le nom évoquait visuellement un solide tronc de pont. En réalité, Lu Shi ne ressemblait pas du tout à son nom (NT : Lu  : rude, Shi :  : solide). Il était grand et dégingandé, le genre de corpulence qui se briserait facilement en deux si Gu Fei le poussait ne serait-ce qu'un peu.

"C'est bon, tu peux venir me rendre visite pendant les vacances du 1er octobre", disait Lu Shi d'une voix très douce. "On s’amusera pendant quelques jours, puis je t'accompagnerai chez toi... Eh bien, je reviendrai tout seul... c'est bon, le voyage n'est rien. Tu as fait le voyage aussi, n'est-ce pas..."

C'était plutôt tendre. Jiang Cheng sourit et jeta un coup d'œil à côté de lui à Zhao Ke. En tant que seul célibataire de leur dortoir, Zhao Ke cliquait frénétiquement en consacrant toute son attention à Lian Lian Kan.

En face du lit de Zhao Ke se trouvait Zhang Qiqi. Il avait non seulement un nom mignon, mais il était aussi une personne mignonne ; son visage était rond comme celui d'un collégien. Il avait parlé tranquillement au téléphone tout ce temps, mais tout à coup, il éleva la voix et dit anxieusement : "Ne pleure pas, non ne pleure pas, si tu pleures alors j'aurai envie de pleurer aussi. Et on ne peut même pas se serrer l'un contre l'autre en ce moment pendant qu'on pleure..."

"Tu peux serrer un oreiller," dit Zhao Ke. "Si un seul ne suffit pas, je peux t'en prêter davantage."

Cela fit rire Jiang Cheng.

"Eh Jiang Cheng," dit Zhao Ke en posant sa souris après avoir échoué à un niveau, "est-ce qu'il y a des clubs auxquels tu veux adhérer ?"

"Des clubs ?" Jiang Cheng se souvint de la pile de tracts qu'il n'avait jamais pris le temps de regarder. "Je... ne sais pas. Pas vraiment."

"Certains d'entre eux semblent assez intéressants," constata Zhao Ke. "Je veux rejoindre un club qui implique de l'exercice physique."

"Je vais juste courir ou quelque chose le matin," dit Jiang Cheng. "Quels clubs envisages-tu de rejoindre ?"

"Je..." Zhao Ke se tourna pour regarder Lu Shi et Zhang Qiqi, puis dit à voix basse : "Je veux tricoter un pull pour ma fille idéale."

"Hm ?" Jiang Cheng ne comprenait pas.

"Il y a un club de tricot," fit Zhao Ke en faisant un geste de tricot avec ses mains. "Toutes sortes d'artisanat avec de la laine."

"Je pensais que tu voulais faire de l'exercice ?" Jiang Cheng était confus.

"Je le veux," dit Zhao Ke. "Mais la fille idéale est plus importante. Je peux rejoindre les deux clubs."

"Donc tu veux aller faire des pulls ?" demanda Jiang Cheng.

"Tricoter, pas seulement faire des pulls," le corrigea Zhao Ke. "Mon rêve..."

"Tu devrais y aller alors." Jiang Cheng hocha la tête.

"Ça semble assez intéressant, je pense," dit Zhao Ke.

"Je pense que peut-être tu ne devrais pas te fixer des objectifs trop élevés," dit Jiang Cheng. "Tu peux commencer par quelque chose de simple."

"Une écharpe ?" se demanda Zhao Ke. "C'est trop ordinaire."

"Et un pull n'est pas ordinaire ?" Jiang Cheng le regarda.

"Y a-t-il quelque chose entre les deux ?" se demanda Zhao Ke en se penchant en arrière sur sa chaise. "Par exemple..."

"Laisse-moi te montrer quelque chose." Jiang Cheng se leva. C'était à ce moment-là qu'il comprit soudainement ce que ressentaient ces personnes agaçantes qui ne pouvaient pas s'empêcher de montrer leurs enfants.

Un certain individu agaçant qui ne cessait de se vanter de son conjoint grimpa sur son lit et prit la poupée ensoleillée à côté de son oreiller. (NT : voir chapitre 55)

Jiang Cheng n'avait pas apporté beaucoup de bagages avec lui quand il était venu ici. Il voulait apporter le labyrinthe que Gu Fei avait fait pour lui, mais c'était trop lourd. À la fin, il n'avait apporté que la poupée ensoleillée.

"Une poupée ensoleillée ?" Zhao Ke la tenait dans ses mains, choqué. "Elle est vraiment bien faite."

"Cela devrait être plus facile qu'un pull, non ?" dit Jiang Cheng. "C'est du crochet."

Zhao Ke la regarda un moment puis lui rendit la poupée. "Tu l'as faite ?"

"Non." Jiang Cheng remit la poupée ensoleillée à côté de son oreiller, la regarda un moment et tapota sa tête avant de revenir en bas.

"Ton..." Zhao Ke jeta un coup d'œil aux deux autres gars à proximité - ils étaient tous les deux encore plongés dans leurs conversations téléphoniques - "copain l'a faite ?"

"Mhm." Jiang Cheng sourit légèrement.

"Génial," acquiesça Zhao Ke, "maintenant je ne m'inquiète plus."

"Hm ?" Jiang Cheng le regarda, perplexe.

"Je me demandais si ce serait trop efféminé pour un mec de rejoindre le club de tricot," dit Zhao Ke. "Maintenant je ne m'inquiète plus."

"Oh." Jiang Cheng le regarda. "Il n'est certainement pas efféminé, mais je ne peux pas dire avec certitude que tu deviendrais efféminé juste en rejoignant un club de tricot."

Zhao Ke le regarda en silence.

"Probablement pas," dit Jiang Cheng.

"Je le pense aussi," dit Zhao Ke.

*

Gu Fei ne lui envoya pas de message en retour, ce qui rendit Jiang Cheng un peu agité toute la nuit.

Il savait que Gu Fei devait être occupé. Chaque fois que Gu Miao passait deux jours sans voir Gu Fei, il devait jouer avec elle pendant longtemps quand il rentrait.

Aujourd'hui, cependant, était différent de d'habitude. Jiang Cheng devait se mordre les dents pour ne pas envoyer plus de messages à Gu Fei. Il se coucha sur son lit et écouta Lu Shi et Zhang Qiqi parler de leurs copines.

Ce n'était pas une conversation à laquelle il pouvait nécessairement participer, car ce qu'il avait, c'était un petit ami.

Zhao Ke non plus ne participait pas à cette conversation, car il n'avait qu'une fille de rêve.

Après plus d'une heure de conversation, les deux autres commencèrent à partager des photos de leurs copines respectives. "Enfin, on commence à comparer les photos," dit Zhao Ke de nulle part.

"Quoi ?" demanda Zhang Qiqi.

"Rien." Zhao Ke continua à jouer à son jeu.

Jiang Cheng ferma les yeux et rit tout seul sur son lit pendant longtemps.

Ce n'est qu'après 22 heures qu’il reçut enfin une réponse de Gu Fei sur son téléphone.

-Tu es déjà endormi ?

-Non

La vitesse de sa réponse était probablement la plus rapide qu'il n'ait jamais tapée de sa vie. Ses doigts étaient de simples ombres virevoltantes sur le clavier.

-Er-Miao a fait des histoires aujourd'hui, je viens tout juste de prendre une pause

-Que se passe-t-il avec elle ?

-Après le dîner, elle a finalement réalisé que Cheng-ge n'était plus là, et cela l'a contrariée, elle a déchiré ses livres et ses blocs à dessin, a piqué une crise.

Jiang Cheng jeta un coup d'œil à l'heure. Il s'était écoulé un certain temps entre l'heure du dîner et maintenant. Il n'osait pas imaginer le genre de crise de colère que Gu Miao avait eue, ni comment Gu Fei avait finalement réussi à la calmer.

-Mieux maintenant ?

-Ouais, elle va mieux maintenant, elle dort déjà.

-Tu dois être fatigué ?

-Pas particulièrement, je m'y suis habitué.

-Peux-tu prendre une photo et me l'envoyer, tu me manques plus que jamais en ce moment.

Gu Fei n'a pas répondu, mais peu après, il a envoyé une photo. Jiang Cheng jeta un coup d'œil et a ri, bien que le rire n'ait pas duré plus d'une seconde. Sur la photo, Gu Fei était torse nu et assis sur son lit, adossé à la tête de lit. Le large sourire sur le visage de Gu Fei a fait éclater le désir réprimé de Jiang Cheng en un instant.

-Merde. Que dois-je faire. J'ai envie d'acheter un billet pour rentrer là-bas maintenant.

-Ne le fais pas, je viendrai te voir après mon entraînement militaire.

-Vraiment ?

-Comment pourrais-je te mentir là-dessus, notre entraînement est après-demain, seulement 3 jours, le vendredi soir suivant je pourrai venir te voir.

-D'accord.

Après avoir discuté un moment, Jiang Cheng se sentit beaucoup plus ancré. Puis il regarda de nouveau la photo de Gu Fei pendant un moment. Gu Fei pouvait être rayonnant sur la photo, mais Jiang Cheng pouvait quand même voir la fatigue dans ses yeux et leurs cernes.

-Va te coucher, tu n'as pas bien dormi depuis des jours.

-En fait, je suis assez somnolent. Tu vas te coucher ? Ou vas-tu rester éveillé et parler à ton colocataire ?

-Je n'ai pas parlé, les deux parlent de leurs petites amies, je ne peux pas vraiment me joindre à eux.

-Hahahhaha.

-S'ils continuent à parler de leurs petites amies sans arrêt demain, alors je devrai commencer à leur parler de mon petit ami.

-Noooon, ne le fais pas~

-Si, je le ferai.

-Nooooon, monsieur, ne le fais pas~

-... pars, mauviette.

-La mauviette insulte le dur.

-Tu dors ou pas, je pensais que tu étais vraiment fatigué.

-Je vais dormir maintenant.

-Bonne nuit, petit ami.

-Bonne nuit, petit ami.

Après que Gu Fei se soit endormi, les lumières dans leur dortoir se sont également éteintes. Jiang Cheng a continué à jouer sur son téléphone pendant encore un petit moment, faisant glisser son doigt de gauche à droite, et finalement a parcouru toute sa collection de photos de Gu Fei, avant de finalement se calmer.

Fatigué.

Gu Fei n'avait pas bien dormi ces derniers jours, et lui non plus.

Peu importe que ce soit un nouvel environnement, avec toutes sortes de nouvelles personnes et de nouvelles choses. Pour quelqu'un comme lui qui ne prêtait jamais beaucoup attention à son environnement, s'habituer à un nouvel environnement était une tâche très fatigante.

Sauf que Lu Shi et Zhang Qiqi continuaient à discuter tranquillement l'un avec l'autre. Jiang Cheng pensait que les deux allaient sans aucun doute devenir de bons amis qui se diraient tout.

"Allons nous coucher", dit Zhao Ke depuis son lit, sa voix stable et son ton égal. "Ou vous voulez parier que je vous rôtirai tous les deux vivants dans la minute qui suit."

"La fureur d'un célibataire", dit Jiang Cheng en riant.

"Plutôt furieux." Zhao Ke semblait avoir trouvé un briquet quelque part, et avec un "clic", l'a allumé et l'a agité dans sa main. Les deux personnes de l'autre côté de la pièce ont mis fin à leur conversation entre rires, et la pièce est retombée dans le silence.

*

"Où es-tu ?" demanda sa mère anxieusement au téléphone. "Je n'arrive pas à calmer Er-Miao ! Dépêche-toi de rentrer !"

"D'accord, je serai à la maison dans cinq minutes." Gu Fei a sauté du lit. Il était un peu sonné par le sommeil, il était juste après six heures du matin et il était encore un peu endormi, mais entendre les cris en colère de Gu Miao à travers le téléphone, même pendant une seconde, a suffi à le réveiller complètement.

De la sortie de la porte à son retour à la maison, cela lui a pris moins de dix minutes. La première chose qu'il a entendue en franchissant la porte, furent les cris de Gu Miao, qui n'étaient plus stridents mais un peu enroués - elle avait clairement crié pendant un bon moment.

"Ton frère est de retour !" Leur mère a agrippé les épaules de Gu Miao et l'a tournée vers la porte. "Er-Miao, regarde, ton frère est de retour !"

Gu Miao s’arrêta de crier et resta immobile à sa place.

"Er-Miao." Sans même changer ses chaussures, Gu Fei s'est approché et s'est accroupi devant elle. Lorsque sa main toucha le bras de Gu Miao, il put sentir que tout son corps était tendu et raide.

Ce n'était pas une crise de colère. Gu Miao tendait tout son corps quand elle était nerveuse et anxieuse.

Il frotta les bras de Gu Miao continuellement tout en lui parlant : "Er-Miao, Er-Miao - grand frère est là - Er-Miao..."

Après une douzaine de fois, Gu Miao s'est lentement détendue et lui sauta dans les bras. Gu Fei l'a prise dans ses bras et l'a emmenée dans sa chambre. "Ah, tu es si lourde. Allons voir si tu as pris du poids, d'accord ? Frérot a presque du mal à te soulever maintenant."

Gu Miao ne le lâcha toujours pas même après qu’i l'ait posée sur le lit - ses mains étaient toujours serrées autour de son bras.

"Tu veux prendre le petit-déjeuner ? Je t'emmène prendre le petit-déjeuner ?" demanda Gu Fei.

"Pas partir", répondit Gu Miao très doucement.

"Ouais, pas partir." Gu Fei lui tapota le dos. "Regarde, je ne pars pas. Je suis juste là, je ne suis pas parti."

Les expressions verbales de Gu Miao étaient limitées. Mis à part des phrases simples composées d'une ou deux syllabes, en toutes ces années, Gu Fei n'avait jamais entendu d'expressions plus complexes de sa part, encore moins envers les autres. Pour tout le monde, et même aux yeux de leur mère, Gu Miao était effectivement muette.

Leur mère apporta le petit-déjeuner. Gu Miao est presque redevenue normale après avoir mangé, mais quand Gu Fei s'est préparé pour aller s'inscrire à son école, elle l'a suivi avec sa planche à roulettes sous le bras. Gu Fei savait qu'elle voulait venir, et ne l'a pas arrêtée. La région autour de l'école faisait partie du territoire de Gu Miao - elle y était allée souvent dans le passé pour choisir des laines.

"Allons-y." Gu Fei posa le pied sur la pédale et fonça, avant de siffler.

Gu Miao répondit immédiatement par un sifflet, puis rattrapa son retard sur son skateboard. Gu Fei ralentit le vélo et a laissé Gu Miao courir devant lui. Gu Fei regarda ses cheveux courts flotter au vent et laissa échapper un soupir léger.

"À gauche !" annonça-t-il lorsqu'ils arrivèrent à un virage. D'un rapide coup de pied, Gu Miao se pencha en avant et tourna avec un geste gracieux alors qu'elle virait sur la route à gauche. C'était une scène trop familière pour lui.

Sa petite sœur, filant sur son skateboard tout autour de lui. C'était la plus grande joie qu'il pouvait lui donner, dans son petit monde.

Il n'y avait jamais pensé beaucoup. Tout était ainsi, cela avait été ainsi depuis qu'il avait réalisé que Gu Miao avait un don inhabituel pour le skateboard.

Aujourd'hui, alors qu'il suivait Gu Miao, pour la première fois, il ressentit une émotion indescriptible en lui : quelque chose de piquant ; un peu amer.

" J'y vais maintenant." Gu Fei s'arrêta devant les portes de l'école normale, se penchant pour regarder Gu Miao. "Attends-moi au magasin à l'heure du déjeuner."

Gu Miao hocha la tête en le regardant. "Skate sur le trottoir sur le chemin du retour, assure-toi de rester sur le côté de la route lorsqu'il n'y a pas de trottoir, tu peux te rappeler ça ?" dit Gu Fei.

Gu Miao n'était pas aussi familière avec cette zone qu’avec leur propre quartier. Gu Miao hocha la tête.

"D'accord, vas-y." Gu Fei se redressa.

Gu Miao se tourna et roula en arrière d'un coup de pied, puis siffla. Gu Fei lui retourna le sifflet avec un sourire.

"Wouah," quelques filles qui les avaient regardés depuis les portes se mirent à crier doucement entre elles, "quelle petite fille cool !"

Alors que Gu Fei entrait, l'une d'elles s'approcha de lui. "Salut."

Gu Fei se tourna pour la regarder. La fille était un peu trop près de lui, il fit instinctivement un pas de côté.

"C'était ta petite sœur ?" demanda la fille avec un sourire.

"Mhm," répondit Gu Fei.

"Elle était géniale," dit la fille.

Gu Fei releva légèrement les coins de sa bouche avant de se retourner pour continuer à marcher. La fille le suivit. "Enchantée. Je m'appelle Luo Jiaojiao."

Gu Fei ne dit rien.

"Tu dois être Gu Fei ?" dit Luo Jiaojiao en se tournant pour montrer derrière eux. "Ma meilleure amie vient de ton lycée. Elle te connaît."

"Oh." acquiesça Gu Fei.

"Oh, dis, est-ce que..." commença à dire Luo Jiaojiao, mais Gu Fei l'interrompit. "Non."

Avec cela, il s'éloigna rapidement.

"Ah—" Luo Jiaojiao ne continua pas à le poursuivre alors qu'elle laissait échapper sa voix, vraisemblablement en se lamentant avec les autres filles.

“Je t'ai dit que…” l'une d'elles a dit quelque chose à voix basse, mais Gu Fei n'a pas entendu la suite.

L'École Normale semblait assez grande un jour ordinaire, mais en entrant pour l'inscription maintenant, il réalisa qu'elle n'était pas si grande que ça. Comparé à l'inscription de Jiang Cheng, le processus des nouvelles inscriptions d'élèves ici ne prit pas beaucoup de temps.

Il n'y avait pas autant d'élèves, pour commencer. Sa spécialité n'avait qu'une seule classe, et il y avait un peu plus de 20 personnes dedans. Il ne savait pas à quoi ressemblaient les dortoirs ici, car il n'avait pas demandé à vivre sur le campus, et quand ses camarades de classe se rassemblaient pour échanger des noms et des contacts, il se tourna et sortit de l'école.

Il n'y avait rien d'autre à faire après l'inscription, et pas grand-chose à voir à propos de l'école. Il n'était pas intéressé par une visite du campus ou pour faire connaissance avec ses camarades de classe. C'était ainsi qu'il avait toujours été.

Son téléphone sonna.

– Tu es inscrit ?

– Oui, c'est fait, je retourne maintenant au magasin.

L'appel de Jiang Cheng arriva tout de suite : "Tu as déjà fini ?"

"Oui, ce n'est pas comme si j'allais vivre sur le campus, donc je n'ai pas à me soucier du dortoir", sourit Gu Fei.

"Tu n'as pas fait de visite du campus ou quoi que ce soit ? Les terrains de sport, la bibliothèque, des trucs comme ça," dit Jiang Cheng.

"Non," répondit Gu Fei. "Notre école n'a pas de bibliothèque."

"Oh," Jiang Cheng fit une pause un moment, "Ce n’est pas comme si tu irais même s'il y en avait une."

Gu Fei se mit à rire, "Mon petit ami me connaît vraiment bien après tout."

"Comment sont tes camarades de classe ? C'est une École Normale, et une spécialité en chinois aussi, donc il doit y avoir beaucoup de filles ?" demanda Jiang Cheng.

"Nous n'avons qu'une classe, vingt-six personnes au total," rit Gu Fei en donnant quelques détails. "Et vingt et une d'entre elles sont des filles."

"Ce ratio," Jiang Cheng ajouta quelques ‘tsk’, puis se mit à rire, "c’est très rassurant."

"Rassurant comment ?" demanda Gu Fei.

"Puisque tu n'as aucun intérêt pour les filles, tu préféreras rester loin d'elles." Le rire de Jiang Cheng était franchement joyeux.

"Et s'il y a quelqu'un de bien parmi les quatre autres gars ?" dit Gu Fei. "Ils ne peuvent pas être plus beaux que moi," déclara Jiang Cheng avec une grande certitude, et même pas une trace d'hésitation.

"C'est vrai," dit Gu Fei. Cette confiance extrêmement adorable était sa chose préférée chez Jiang Cheng. Quoi qu'il en soit, Jiang Cheng était toujours capable de maintenir ce genre de confiance. Même si sa confiance pouvait provenir du fait de grandir avec la désapprobation de ses parents adoptifs, quand même, sa tête était toujours haute.

Après avoir discuté un moment, les gourmands du dortoir de Jiang Cheng se lancèrent une fois de plus dans une dégustation des délices autour du campus, alors Gu Fei mit fin à l'appel. En sortant des portes de l'école, Gu Fei aperçut immédiatement Gu Miao de l'autre côté de la rue. Elle était assise sur son skateboard, regardant intensément dans sa direction.

En le voyant sortir, Gu Miao se leva de son perchoir, poussa le skateboard avec ses orteils, et se précipita vers lui, s'arrêtant seulement lorsque Gu Fei leva un doigt et le pointa vers elle.

Gu Fei récupéra son vélo et roula vers elle. "Ne t'ai-je pas dit de m'attendre au magasin ?"

Gu Miao ne répondit pas, elle se contenta de le regarder.

"Si frère a dit que je serai de retour pour le déjeuner, alors je reviendrai certainement," dit Gu Fei.

Gu Miao fronça un peu les sourcils et tapota le siège arrière du vélo.

"Allons-y." Gu Fei appuya sur la pédale. Gu Miao sauta sur son skateboard et saisit le siège arrière. Gu Fei se sentit soudain un peu coupable. Il se tourna légèrement et jeta un coup d'œil à Gu Miao, qui regardait droit devant avec la plus solennelle des expressions.

Il disait toujours à Gu Miao quand il ne passerait pas la nuit à la maison, quand il partait et quand il reviendrait. Les rares fois où il était parti en court voyage, il avait aussi expliqué à Gu Miao ce qui se passerait le jour même, demain et le lendemain.

Mais il ne lui avait pas dit cette fois-ci, quand il était allé à l'école de Jiang Cheng, parce qu'il ne savait pas comment lui faire comprendre le fait que Jiang Cheng partait. Il n'était pas non plus d'humeur à lui expliquer le aujourd'hui, le demain et le lendemain.

Il ressentit un petit pincement au cœur que Gu Miao refusait désormais de le laisser hors de sa vue. À ses yeux, et dans son cœur, il était son seul refuge sûr. C'était la première fois qu'il négligeait ses sentiments.

Ne pars pas.

C'est ce que Gu Miao lui demandait.

Ce n'est que là qu'il ressentit une soudaine vague de panique. Sa main trembla même un peu sur le guidon. Juste hier soir, il avait promis à Jiang Cheng qu'il irait le voir. Ce n'était pas seulement quelque chose que Jiang Cheng attendait, c'était aussi ce qu'il voulait lui-même.

Jiang Cheng manquait à Gu Fei. Il aspirait à le voir - le voir en chair et en os, le toucher, et entendre sa voix qui n'avait pas à sortir d'un haut-parleur.

Mais maintenant - il jeta un coup d'œil à Gu Miao - dans ces circonstances, comment pouvait-il faire accepter à Gu Miao le fait que son frère allait disparaître pendant deux jours et deux nuits ? Et si Gu Miao ne pouvait pas l'accepter... alors comment devrait-il le dire à Jiang Cheng ?

De retour au magasin, sa mère était au téléphone. Gu Fei alla s'asseoir derrière le comptoir et regarda Gu Miao griffonner sur une feuille alors qu'il s'absorbait dans ses pensées.

Jiang Cheng lui envoya plusieurs messages à la suite. Gu Fei ouvrit la discussion. La première chose qu'il vit était un selfie, toujours dans le style qui reposait uniquement sur la beauté de Jiang Cheng.

Ensuite, il y avait une assiette de nourriture. Gu Fei n'eut pas une vue claire de ce que c'était, car il était simultanément confronté au message juste en dessous.

-Très délicieux, je peux en manger deux à moi tout seul, nous viendrons ici ensemble lorsque tu viendras

Gu Fei fronça les sourcils et ferma la discussion. Il jeta le téléphone sur le comptoir, s'adossa à sa chaise et laissa échapper un long soupir.

"Je sors un peu," sa mère termina son appel téléphonique et dit en s'approchant de lui.

"Ne sors pas," dit Gu Fei. "Je veux dormir l'après-midi. Tu surveilles le magasin."

"Tu peux juste faire une sieste un moment dans le magasin," dit sa mère. "Ou faire venir Li Yan..."

"Tu paies Li Yan un salaire ?" demanda Gu Fei.

Sa mère leva les yeux au ciel. "Alors toi..."

"J'AI DIT QUE TU NE VAS NULLE PART !" explosa Gu Fei en donnant un coup de pied au comptoir avec un pied. "Tu vas garder la boutique cet après-midi ! Tu comprends ?!"

 

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Note du traducteur ; ils font vraiment mal au cœur  ( ´•̥̥̥ω•̥̥̥` )

 

Traducteur: Darkia1030