SAYE - Chapitre 104 - « Câlin. » Dit Gu Fei.

 

 

Les larmes de Jiang Cheng ne coulaient pas, elles jaillissaient, sans interruption et sans pause, entièrement incontrôlées, s’échappant follement. Il pouvait même sentir très clairement ses larmes suivre une, puis deux trajectoires distinctes le long de ses joues, qui se fusionnèrent très rapidement en une zone entière de larmes mouillées.

Pendant tout ce temps, Jiang Cheng avait l'impression d'avoir éliminé toutes les distractions. Mis à part étudier, il n'avait pensé à rien d'autre. Tout au plus, il avait-il besoin par habitude de pouvoir repérer Gu Fei du coin de l'œil, pour se sentir ancré.

À part ça, il n'avait aucune pensée superflue dans son esprit. Ce n'est que lorsqu'il écoutait les conversations de ses camarades de classe aujourd'hui qu'il a découvert que quelqu'un d'autre était également tombé malade dans la classe d'à côté, et qu'il y avait eu une bagarre qui s'était déroulée du troisième étage au rez-de-chaussée, causant tout un raffut. Mais il n'en savait rien.

Pendant tout ce temps, son esprit avait été complètement rempli à ras bord et ses nerfs étaient tendus. Jusqu'à maintenant.

Tous les lourds fardeaux avaient été posés, toute la pression rejetée, et toutes les émotions pouvaient revenir dans son corps. Il avait l'impression que le récipient fermé dans lequel il résidait s'était soudainement ouvert. Ce qu'il voyait de ses yeux, entendait de ses oreilles, vivait, ressentait, tout cela devint soudainement clair, encore plus clair qu'avant.

Et c'est avec ces sens renouvelés qu'il vit le visage fatigué de Gu Fei et entendit sa voix affaiblie. C'était comme si Jiang Cheng avait seulement réalisé tout le stress varié et accumulé que Gu Fei avait porté pendant ces derniers mois.

Il pouvait à peine supporter le remords et la douleur qu'il ressentait en ce moment.

Jour après jour, Gu Fei s'était occupé de sa propre maison, du magasin, tout en se consacrant à lui. Il devait trouver du temps à passer avec Gu Miao ; trouver du temps pour surveiller le magasin, pour refaire les stocks ; il cherchait des recettes tous les jours pour s'assurer que Jiang Cheng recevait une nutrition adéquate par ses repas, et tenait compagnie à Jiang Cheng pendant qu'il étudiait...

Jiang Cheng avait toujours pensé qu’étudier était un travail difficile, il se sentait toujours fatigué, mais il n'avait jamais remarqué à quel point cela devait être fatigant pour Gu Fei - travaillant jour et nuit tous les jours, lui tenant toujours compagnie jusqu'à minuit, ne dormant qu'après qu'il se soit endormi, et se réveillant toujours avant qu'il ne se réveille.

Comparé à son propre type de "fatigue" plus simple, celle de Gu Fei était de loin la plus difficile à supporter.

"Je suis désolé," Jiang Cheng tint Gu Fei, et sentit tout son corps brûler comme un petit four, projetant des vagues de panique dans son propre cœur. "Je suis tellement désolé, Gu Fei."

"J'avais peur que tu dises ça." Peut-être que Gu Fei s’était enfin détendu, ou que la fièvre lui montait vraiment à la tête, mais sa voix commençait à devenir rauque. "'Je suis désolé' et tout ça, j'avais peur que tu dises ça."

"Je..." Jiang Cheng baissa la tête et essuya ses larmes contre l'épaule de Gu Fei, mais dès qu'il eut fini d'essuyer, plus de larmes jaillirent presque sans interruption. "Je n'ai vraiment jamais envisagé si tu te sentais fatigué tout ce temps."

"Moi-même, je ne me sentais même pas fatigué," Gu Fei frotta doucement le dos de Jiang Cheng. "En outre, beaucoup de gens tombent malades après les examens..."

"Ne sois pas fâché contre moi," Jiang Cheng fit de son mieux pour contenir ses larmes ; il pouvait à peine parler correctement en pleurant comme ça, il ne pouvait pas s'empêcher de trembler à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Il embrassa le cou de Gu Fei, mais quand ses lèvres touchèrent la peau brûlante de Gu Fei, les larmes à peine contrôlées rompirent de nouveau leur barrage. "Ne sois pas fâché contre moi."

“Je ne suis pas fâché contre toi,” sourit Gu Fei. “Pourquoi serais-je fâché contre toi ? Je n'ai même pas fait le lien avec toi.”

“Arrête de parler,” Jiang Cheng le serra fort. “Ça me fait mal au cœur de t'entendre parler comme ça.”

“Mhm,” répondit Gu Fei, et ne dit plus rien.

Les yeux fermés, Jiang Cheng tint Gu Fei serré dans ses bras, il ne relâcha sa prise que lorsqu'il sentit que son bas du dos devenait raide. Mais Gu Fei ne bougea pas. Jiang Cheng se tourna et réalisa que Gu Fei s'était endormi contre son épaule.

Jiang Cheng appuya une main contre le dos du canapé pour rester stable, tandis qu'il tenait Gu Fei de l'autre main et qu’il l’allongeait lentement sur le canapé. Ensuite, il courut dans la chambre et apporta un petit oreiller, le fourrant sous la tête de Gu Fei. Il apporta également une couverture et la drapa sur Gu Fei, l'enveloppant bien serré.

Après avoir fait tout cela, Jiang Cheng se tint au milieu du salon, incertain de ce qu'il devait faire ensuite.

Il resta perdu pendant un moment, puis alla mouiller une serviette avant de la poser soigneusement sur le front de Gu Fei.

Il voulait à l'origine utiliser une serviette glacée, mais Gu Fei dormait si profondément qu'il ne voulait pas risquer de le réveiller.

Après avoir marché en rond dans la pièce, Jiang Cheng apporta un petit tabouret, le plaça devant le canapé, et s'assit là en fixant le visage de Gu Fei.

Le visage de Gu Fei était encore rouge, bien que Jiang Cheng ne puisse pas dire si c'était à cause de la fièvre ou dû au fait d'être complètement enveloppé. Cela pourrait aussi être les deux. Il se pencha pour prendre le thermomètre et vérifia à nouveau la température de Gu Fei.

Elle était toujours de 38,3 degrés, guère différent d'avant. Bien sûr, il n'y aurait pas beaucoup de changement en quelques minutes seulement.

Après un moment, il retira la serviette. En si peu de temps, la serviette était déjà chaude au toucher. Il alla dans la salle de bain et la trempa à nouveau dans l'eau froide avant de l'essorer, puis la replaça sur le front de Gu Fei.

Gu Fei avait toujours été en très bonne santé. Dans la mémoire de Jiang Cheng, il n'avait jamais vraiment été malade auparavant, pas même avec un petit rhume. Mais pour les gens qui ne tombent jamais malades, quand ils le deviennent, c'est avec une force colossale.

Jiang Cheng vérifia la température de Gu Fei deux fois de plus, une fois elle indiquait 38,3, et l'autre fois c'était 38,4.

Merde. Ça continue de monter !

Il avait du mal à rester assis en place, quand il se souvint que Gu Fei avait dit que les thermomètres numériques n'étaient pas précis, alors il sortit rapidement dehors, sauta sur son vélo, et pédala fort vers la clinique communautaire.

Il devait acheter un thermomètre à mercure, et en chemin aller à la clinique communautaire pour voir s'il pouvait obtenir des médicaments.

Il venait d'arriver à la clinique, quand il vit Li Yan sortir du magasin de la famille de Gu Fei, sortir son téléphone et composer un numéro alors qu'il s'accroupissait sur le perron.

“Li Yan !” appela Jiang Cheng.

“Hein ?” Li Yan se retourna. “Pourquoi es-tu là tout seul ? J'étais en train d'appeler Gu Fei, est-ce que...”

“Ne l'appelle pas !” Jiang Cheng sauta de son vélo. “Il dort maintenant, il a de la fièvre !”

“De la fièvre ?” Li Yan raccrocha, un peu surpris. “Il a de la fièvre ? Sa constitution est solide comme celle du Roi des Singes, comment peut-il avoir de la fièvre ?” (NT : le roi des signes est un personnage de la littérature classique chinoise ‘ La Pérégrination vers l'Ouest’ , disciple et protecteur du moine Tang Zang, il est connu pour sa force, sa rapidité et ses pouvoirs magiques extraordinaires)

« Qui sait si le Roi des Singes n'attrape jamais de fièvre ? » dit Jiang Cheng. « Ce n'est pas comme si tu étais la Princesse à l’éventail de Fer... » (NT : démone antagoniste du même ouvrage, possédant un éventail magique)

« Et alors, même si je l'étais », dit Li Yan en soupirant. « Quelle est sa température ? »

« Trente-huit point quelque chose. Je m'inquiétais que les thermomètres numériques ne soient pas précis, alors je suis venu acheter un de ces thermomètres à mercure », dit Jiang Cheng en fronçant les sourcils.

Li Yan entra dans la clinique avec lui. Le médecin donna à Jiang Cheng un thermomètre à mercure et deux pilules pour faire baisser la fièvre, puis dit : « Il y a pas mal de gens qui tombent malades après les examens, cela ne devrait pas être trop grave. Il peut prendre le médicament plus tard, mais assurez-vous qu'il boit beaucoup pour éviter la déshydratation. Si sa fièvre est encore élevée ce soir ou si elle monte, vous pouvez le ramener ici pour vérifier s'il y a d'autres problèmes. »

Jiang Cheng prit le thermomètre et les médicaments, et en sortant de la clinique, se souvint enfin de demander à Li Yan : « Alors pourquoi es-tu venu ici ? »

« Eh bien, je pensais que nous pourrions tous manger ensemble maintenant que tu as terminé tes examens », dit Li Yan. « Qui aurait cru qu'il tomberait malade. »

Jiang Cheng le regarda. « Alors... »

« Oh, ne t'occupe pas de moi, rentre vite et prends soin de lui », dit Li Yan en regardant l'heure. « Je veillerai ici. Je fermerai le magasin plus tard. »

« Où est sa mère ? » demanda Jiang Cheng.

« Dès que je suis arrivé, elle est partie avec Er-Miao acheter des vêtements, avec son petit mari », expliqua Li Yan.

« Oh. » Jiang Cheng hocha la tête, puis demanda à nouveau après être monté sur le vélo. «Alors pour les œufs à la vapeur... »

« Quelle vapeur, quels œufs ? Il ne devrait probablement pas manger de nourriture aussi riche en protéines s'il a encore de la fièvre », interrompit Li Yan, puis ajouta après avoir réfléchi : « En termes de nourriture, tu peux juste prendre du congee (NT : porrige à base de riz), des nouilles simples, ou quelque chose comme ça. »

« Ça doit être horrible au goût », soupira Jiang Cheng. « Pourra-t-il le manger ? »

« Ne t'inquiète pas, il est très doué pour supporter les choses désagréables », dit Li Yan. « Il pourrait même manger de la merde s'il n'y a pas d'odeur. »

« Hé ! » Jiang Cheng le regarda, puis laissa échapper un grand soupir.

"C'est la vérité", sourit Li Yan. "Tu devrais te dépêcher de rentrer."

Les paroles de Li Yan étaient grossières, mais il semblait dire la vérité. Gu Fei était vraiment doué pour supporter les choses désagréables. Peu importe ce que c'était, il pouvait le supporter, et toujours sans faire le moindre bruit.

Il pouvait même imaginer la manière dont Gu Fei regarderait face le riz congee et les nouilles simples - mécontent, mais terminant calmement un bol entier. Et il ressentit donc une autre vague de chagrin. « Ont-ils des nouilles dans leur magasin ? » demanda Jiang Cheng. « Comme une sorte de nouilles vraiment fantaisistes et vraiment savoureuses ? »

« ... Attends ici, je vais te les chercher », dit Li Yan en retournant rapidement dans le magasin. Il revint rapidement avec un sac en plastique contenant un pot de nouilles, ainsi que quelques bouteilles d'assaisonnement. « Celui-ci, je l'ai fait il y a un moment, la texture est vraiment lisse. Et ces assaisonnements, toutes sortes de sauces. C’est délicieux-ça, tu peux les ajouter selon ton goût. »

« D'accord. » Jiang Cheng accrocha le sac au guidon et retourna rapidement vers son appartement sur le vélo.

Gu Fei dormait encore. Apparemment, il ne s'était pas réveillé.

Jiang Cheng posa les choses dans la cuisine avant de sortir et de mouiller à nouveau la serviette dans de l'eau froide, et de la placer sur le front de Gu Fei.

Le thermomètre numérique indiquait 38,2 degrés, ce qui n'était pas très différent d’avant. Jiang Cheng souleva très soigneusement les couvertures, essayant de glisser le thermomètre à mercure sous les aisselles de Gu Fei. Juste au moment où sa main toucha le bras de Gu Fei, ce dernier gémit doucement : « Hmmm ? »

“Continue de dormir. Dors” murmura immédiatement Jiang Cheng à voix basse. « Je prends juste ta température. »

« Cheng-ge, » marmonna Gu Fei son nom de manière incohérente.

« Hm ? » répondit Jiang Cheng en positionnant le thermomètre.

« Je ne me sens pas bien, » murmura Gu Fei les yeux fermés. Sa voix était encore rauque, et son ton contenait une note plaintive.

Rien qu'à l'entendre, Jiang Cheng ne pouvait presque plus le supporter. Il  se sentait le cœur douloureux, comme si quelque chose griffait à l'intérieur de sa poitrine, et son nez picotait par vagues.

« Je sais, je sais, » Jiang Cheng tira la couverture sur lui et lui caressa doucement le visage. «Sois encore un peu patient. J'ai acheté des médicaments, plus tard tu pourras manger quelque chose puis prendre les médicaments, et tu te sentiras mieux. »

« Quel genre de nourriture ? » demanda Gu Fei.

« J'ai croisé Li Yan tout à l'heure, » raconta Jiang Cheng. « Il a dit que lorsque tu as de la fièvre, tu ne peux manger que des aliments fades, comme du riz congee ou des nouilles. »

« Ce salaud, » dit Gu Fei à voix basse. « Il doit le faire exprès. »

« Alors, que veux-tu manger ? Je te le ferai ? » demanda Jiang Cheng.

Gu Fei laissa échapper quelques grognements et murmura quelque chose d'inintelligible, puis s'endormit à nouveau. Jiang Cheng en conclut que Gu Fei critiquait ses compétences culinaires. Bien qu'avec du riz congee et des nouilles... il n'aurait aucun problème avec ceux-ci. Après tout, il cuisinait souvent des nouilles pour lui-même.

Cependant, Gu Fei n'avait pas dit ce qu'il voulait manger avant de s'endormir à nouveau, alors Jiang Cheng se leva, alla dans la cuisine et mit d'abord le congee. Pour du riz congee, il suffit de mettre du riz et de l'eau ensemble, puis de régler le cuiseur à riz sur le mode congee. C'était facile. Juste au moment où il appuya sur le bouton, son téléphone sonna dans sa poche.

En tâtonnant pour le trouver, il ne regarda même pas l'écran en le sortant et décrocha immédiatement. Il craignait qu'un autre appel ne réveille Gu Fei.

« Qui est-ce ? » demanda-t-il.

« Quoi ? Cheng-er ? » C'était la voix de Pan Zhi qui venait de l'autre bout. « Tu as supprimé mon numéro ? »

« Pourquoi supprimerais-je ton numéro ? » dit Jiang Cheng en fermant la porte de la cuisine.

« Alors pourquoi tu as demandé qui je suis ! Tu n'as pas d'affichage des numéros ? » dit Pan Zhi.

« Je n'ai pas regardé, » expliqua Jiang Cheng. « Qu'est-ce qu'il y a ? »

« ... Merde. » La voix de Pan Zhi était teintée de chagrin et d'indignation. « Je ne peux plus t'appeler sans raison ? »

« Je demandais juste, » répondit Jiang Cheng. « Bien que ce ne soit pas comme si j'appelais sans raison, j'ai une raison, » précisa Pan Zhi. « Comment ça s'est passé ? Te sens-tu particulièrement fantastique après avoir terminé les examens ? »

« C'est bien, » sourit Jiang Cheng.

« As-tu vérifié tes réponses ? Il ne devrait pas y avoir de problème pour entrer à l'université B ou quelque chose comme ça, hein ? » insista Pan Zhi.

"Je n'ai pas vérifié, mais je le saurai assez rapidement lorsque les résultats seront publiés," remarqua Jiang Cheng. "Je me sens juste plutôt bien dans l'ensemble, je ne peux pas me donner la peine de perdre mon temps à m'inquiéter pour les autres choses."

"Regarde cette énergie de surperformant," s'exclama Pan Zhi. "J'ai fait un petit calcul ; je pourrai peut-être me frayer un chemin jusqu'à un troisième niveau. De toute façon, quand le moment viendra, je me battrai avec ma mère, s'il le faut, pour aller dans la même ville que toi."

"Tu n'as pas de petite amie en ce moment, n'est-ce pas," fit Jiang Cheng. "C'est pour ça que tu veux traîner avec moi."

"Je te prioriserai même si j'ai une petite amie," rit Pan Zhi. "D'ailleurs, comment pourrais-je avoir une vraie romance en ce moment, qui sait s'il y a de meilleures filles qui m'attendent à l'université."

"À voir comment tu agis," remarqua Jiang Cheng doucement. "Aucune bonne fille ne te regardera."

"Et si l'une d'elles était juste aveugle ?" s'esclaffa Pan Zhi sans se soucier. "Oh, au fait, comment va Gu Fei ? Je lui ai même envoyé un message plus tôt pour prendre de ses nouvelles, et il n'a jamais répondu. Est-ce qu'il souffre d'avoir raté les examens ?"

"Comment pourrait-il souffrir de quelque chose comme ça," rétorqua Jiang Cheng. "Il a de la fièvre, donc il dort en ce moment... Oh oui, tu arrives à point nommé, demande à ta mère pour moi, comment rendre le riz congee et les nouilles plus savoureux."

"De la fievre ?" Pan Zhi fit une pause. "Je pensais que si l'un de vous s'effondrait après les examens, ce serait plutôt toi, comment se fait-il qu'il soit tombé le premier ? Attends une seconde, je vais demander à ma mère et ensuite je te répondrai."

C'est vrai... Si l'un d'eux devait s'effondrer après les examens, cela aurait dû être lui. Personne n'avait prévu que ce serait Gu Fei.

Il était le seul à savoir pourquoi Gu Fei était tombé malade.

Jiang Cheng se sentit terriblement coupable à nouveau en pensant qu'il n'avait réalisé pourquoi Gu Fei était tombé malade qu'après qu'il soit déjà tombé.

Il retourna dans le salon, s'assit sur le petit tabouret, et observa Gu Fei.

Il n'avait vraiment jamais vu Gu Fei malade comme ça, c'était une vue particulièrement pitoyable.

Le thermomètre était prêt à être retiré. Jiang Cheng hésita longtemps ; il était réticent à soulever la couverture et à risquer de déranger Gu Fei.

Ce n'est que lorsque Gu Fei bougea de lui-même qu'il saisit l'occasion de soulever rapidement la couverture et de retirer le thermomètre.

"Hmmm ?" murmura encore Gu Fei d'un air étourdi.

"T'ai-je réveillé ?" s'empressa de demander Jiang Cheng en remettant la couverture en place. "Je récupère juste le thermomètre."

"Combien est-ce ?" Gu Fei était encore dans le brouillard.

"Laisse-moi voir..." Jiang Cheng regarda le thermomètre qu'il tenait.

Le problème avec ces choses, c'est qu'on ne sait jamais exactement où regarder. Jiang Cheng le fit tourner entre ses doigts environ 7264 fois, mais il ne parvint toujours pas à voir où la ligne de mercure était censée être. Les tubes plus épais étaient plus faciles à lire, mais le médecin lui avait donné l'un des plus fins.

"Ah zut !" Anxieux, il leva le thermomètre vers la lumière, mais après un moment, il ne parvint toujours pas à trouver la marque. Plus il était agité, plus il avait du mal à le lire. Il dit d'une voix basse, un peu irrité : "Je parie que cette chose n'a jamais été conçue pour être lue par des humains !"

"Donne-moi ça," dit Gu Fei.

Jiang Cheng remit le thermomètre à Gu Fei avec résignation. "Suis-je devenu aveugle ?"

Gu Fei sourit et ne dit rien, semblant toujours assez faible. Tenant le thermomètre, il le tourna négligemment d'environ la moitié d'un tour et dit : "38.1."

“Alors le numérique est encore assez précis,” soupira Jiang Cheng en mettant le thermomètre de côté, avant de border Gu Fei. “Tu peux dormir un peu plus. J'ai fait du congee, mais si tu ne veux pas manger ça, je cuisinerai des nouilles plus tard quand tu auras envie de manger.”

“Il fait tellement chaud,” se plaignit Gu Fei.

“Tu transpires, bien sûr que c'est chaud,” Jiang Cheng s'agenouilla à moitié sur le canapé et caressa doucement le nez de Gu Fei avec son doigt. “Tu te sentiras mieux une fois que tu auras transpiré. Tu veux de l'eau ? Le médecin a dit que tu devais boire beaucoup d'eau pour ne pas te déshydrater.”

“Mhm,” répondit Gu Fei en fermant les yeux.

Jiang Cheng lui prépara un verre d'eau tiède, puis après réflexion, y mit aussi une paille. Ces pailles étaient récupérées des pots de yaourt qu'il achetait. Jiang Cheng aimait manger le yaourt avec une cuillère, alors Gu Fei retirait les pailles de l'emballage et les gardait, disant qu'elles pourraient servir un jour.

Eh bien, ce jour était arrivé.

“Tiens, mets ça dans ta bouche,” dit Jiang Cheng en s'agenouillant à côté de Gu Fei et en tapotant légèrement la paille contre les lèvres de Gu Fei.

“On dirait que tu appelles un chiot,” sourit Gu Fei.

“Bois,” sourit également Jiang Cheng. “Bois.”

Gu Fei utilisa la paille et sirota plus de la moitié du verre d'eau, puis souffla longuement. “Je peux juste avoir du congee plus tard.”

“Les nouilles ne seraient pas non plus un problème,” dit Jiang Cheng. “N'essaie pas de me prendre en considération quand tu es dans cet état.”

“C'est juste que, les nouilles que tu fais,” Avec les yeux fermés, les lèvres de Gu Fei se courbèrent. “Doivent probablement avoir un goût pire que le congee nature.”

“Merde,” rit Jiang Cheng. “D'accord alors. Tu peux rester ici un peu plus longtemps, je t'appellerai quand le congee sera prêt.”

“Mmn,” répondit Gu Fei, puis s'endormit rapidement à nouveau.

Pan Zhi lui avait envoyé un message :

-Ma mère a dit que les nouilles ne sont pas aussi faciles à digérer, le congee est meilleur. Une fois cuit, tu peux ajouter des légumes verts finement hachés, puis mélanger avec de la sauce aux huîtres et de l'huile de sésame, et ce sera bon. Ou prends du tofu fermenté pour accompagner.

-Remercie ta mère pour moi.

-Je l'ai déjà remerciée d'avance.

Jiang Cheng sourit et posa son téléphone sur le côté. Après avoir changé la serviette sur le front de Gu Fei à nouveau, il s'assit sur le petit tabouret et continua à fixer Gu Fei.

Il était tellement habitué à voir le stoïque Gu Fei, qui traitait les autres avec froideur et lui souriait. Et maintenant, tout à coup, en voyant Gu Fei si faible avec un sentiment de vulnérabilité indéfinissable, il ressentit également un sentiment indescriptible de tendresse dans son cœur.

Jiang Cheng voulait donner un petit baiser à Gu Fei, et un petit câlin.

Il s'approcha et toucha très doucement les lèvres de Gu Fei avec les siennes.

Gu Fei venait de boire de l'eau, et ses lèvres étaient encore un peu humides. Ce léger contact très agréable au toucher.

Ce n'est que lorsque le cuiseur à riz sonna dans la cuisine que Jiang Cheng se leva. Il prévoyait de retravailler le congee selon les instructions de la mère de Pan Zhi.

Mais peut-être qu'il était resté assis trop longtemps, et s'était levé trop brusquement, il faillit tomber quand il se retourna. Il dut se cramponner à la table à proximité pour se stabiliser et prendre un moment pour que les étoiles disparaissent de sa vue avant de courir sur la pointe des pieds dans la cuisine.

Reluquer son petit ami de la sorte devait bien être considéré une sorte de dévotion extrême.

Il lava quelques feuilles de légumes, les hacha finement, et les parsema dans le congee fini avant de remuer le tout. Ensuite, il ajouta quelques gouttes de sauce aux huîtres et d'huile de sésame. Après tout, ça devait rester relativement fade, mais juste un peu de saveur devrait suffire.

Gu Fei ouvrit les yeux lorsque Jiang Cheng posa le bol de congee sur la table basse. "Ça sent bon."

"Tu es réveillé ?" Jiang Cheng s'approcha et toucha le visage de Gu Fei. C'était toujours assez chaud au toucher.

"Mhm," Gu Fei bougea la main. "Laisse-moi goûter."

Jiang Cheng l'aida à se redresser sur le canapé, puis l'enveloppa à nouveau dans la couverture.

Gu Fei le regarda. " Comment... Suis-je censé manger ?"

"Je vais te donner à manger." Jiang Cheng prit le bol d'une main et tint la cuillère de l'autre, s'asseyant en face de lui sur la table basse.

Gu Fei ne répondit pas alors qu'il commençait à rire. En raison de son état affaibli, même son rire semblait difficile.

"De quoi tu ris," Jiang Cheng prit une cuillerée de congee et goûta un peu d'abord. À sa surprise, c'était en fait plutôt bon, bien qu'il ait à peine faim. "Ce n'est pas mal. Tiens, goûte."

"Je trouvais juste ça un peu drôle," Gu Fei ouvrit la bouche. "Hmm, pas mal. Tu as ajouté de la sauce aux huîtres ?"

"Juste un tout petit peu," précisa Jiang Cheng, lui donnant une autre cuillerée dans la bouche. "Je n'ai pas osé en mettre trop, au cas où tu n'aimes pas le goût."

"Mais honnêtement," remarqua Gu Fei tout en mangeant. "Ce n'est qu'une fièvre, ce n'est vraiment pas grave."

Jiang Cheng. fronça les sourcils  "Tu es pratiquement tombé dans les pommes, et ta voix est rauque. Qu'est-ce qui compte comme grave pour toi, monsieur ?"

"J'avais juste besoin de dormir, c'est tout," dit Gu Fei.

"Tu sais quoi, Gu Fei ?" Jiang Cheng le regarda. "Je n'aime pas te voir comme ça, à te crisper et à tout garder pour toi comme un idiot."

Gu Fei le regarda sans dire un mot.

"Quoi, je me trompe ?"  Insista Jiang Cheng. "Je m'en fiche si tu te retiens devant les autres, mais pourquoi te retiens-tu devant moi ? Ne peux-tu pas te permettre d'être vulnérable devant moi ? La façon dont tu es brûlant partout, je pourrais avoir une thérapie thermique juste en te tenant dans mes bras…"

"Alors tiens-moi." dit Gu Fei.

"Hein ?" Jiang Cheng cligna des yeux.

"Calin." Répéta Gu Fei.

Le "calin" légèrement rauque, légèrement nasillard de Gu Fei, teinté du plus petit soupçon de caprice de quelqu'un demandant à être gâté, explosa pratiquement dans les oreilles de Jiang Cheng comme une petite fleur crépitante d'électricité. Son cœur se transforma instantanément en bouillie, et il pouvait à peine tenir le bol dans sa main.

"Je te tiendrai après que tu aies fini ce bol." Promit Jiang Cheng.

"Mhm." acquiesça Gu Fei.

À ce stade, Gu Fei se sentait définitivement encore assez mal. Il n'était pas habituellement un gros mangeur, mais aujourd'hui, il n'avait mangé qu'une demi-portion de congee avant d'être rassasié.

Jiang Cheng termina la moitié restante, puis alla à la cuisine et mangea un autre bol, et finalement sentit sa faim quelque peu satisfaite.

Au moment où il retourna au salon, Gu Fei était toujours assis sur le canapé enveloppé dans sa couverture, bien que ses yeux soient fermés. Jiang Cheng vérifia à nouveau sa température, cette fois elle n'était que de 38 degrés. C'était peut-être une diminution minuscule, mais au moins elle ne continuait pas à monter.

Peut-être que Gu Fei avait raison, avoir de la fièvre n'était pas vraiment grave. Cependant, l'état actuel de Gu Fei n'était pas simplement une simple fièvre, c'était la fatigue qu'il avait accumulée sur une longue période, enfin éclatée. Sinon, il ne serait pas si faible et ne s'endormirait pas si facilement comme ça.

"Hey petit cocon," Jiang Cheng posa sa main contre le front de Gu Fei. "Pourquoi ne t’allonges-tu pas, ou tu veux aller dormir dans le lit ?"

Sans un mot, Gu Fei ouvrit les yeux et regarda Jiang Cheng.

"Hm ?" Jiang Cheng le regarda en retour. "Qu'est-ce qui ne va pas ?"

Gu Fei ne parlait toujours pas. Jiang Cheng tint un concours de regards avec lui pendant un long moment avant de se rappeler soudainement,

"Ah, ahhhhhhhhhh ! Câlin, câlin. J'arrive tout de suite, j'arrive."

Il s'assit à côté de Gu Fei et le tira, avec sa couverture, dans une étreinte serrée, "Câlin de Cheng-ge."

"Chante quelque chose pour moi, Cheng-ge,"

Gu Fei s'appuya contre lui et ferma à nouveau les yeux. "Une berceuse."

"D'accord." Jiang Cheng éclaircit sa gorge. "Gentil petit lapin, ouvre la porte mon chou, dépêche-toi d'ouvrir, je veux rentrer..."

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

 

Créez votre propre site internet avec Webador