MISVIL - Chapitre 95 – Cela vaut la peine d'être étudié

 

Dans cette vie, dans la prochaine, et dans celle d’après encore, il ne voulait plus jamais quitter Feng Jun.

 

Les méthodes éducatives du Seigneur Divin étaient très brutales. Il jetait les gens dans des situations périlleuses pour se battre, risquer leur vie, et les ramenait à peine vivants pour les soigner. Une fois guéris, ils devaient recommencer... La vallée de la Médecine faisait depuis longtemps partie des sectes de la sphère d'influence du Pic Inextinguible. Tous les élixirs spirituels du monde s’y trouvaient, attirant les meilleurs médecins, dont les compétences en soins étaient extrêmement élevées.

Bai Zihao avait tenu bon grâce à sa volonté, luttant à maintes reprises au bord de la mort, puis, à force d’échecs, il avait fini par trouver la voie de cultivation qui lui convenait le mieux. Plus tard, sur indication du Seigneur Divin, il fonda le Pavillon Vent et Neige, contrôlant fermement la région du Continent du Nord, utilisant des missions de primes pour recueillir des renseignements, éliminant ainsi de nombreuses forces souterraines remuantes, ainsi que certains rats et traîtres corrompus.

Durant cette longue période sombre, Bai Zihao fut le tueur le plus impitoyable sous les ordres du Seigneur Divin, exécutant chaque ordre sans jamais échouer. Tout le monde craignait de figurer sur sa liste de morts.

Kong Muhua était très irrité.

Après que Bai Zihao ait commencé à recevoir la formation du Seigneur Divin, Bai Zihao ne pensait plus qu’à la cultivation et aux missions. Il se sentait comme une belle personne reléguée au palais froid, épuisant tous ses charmes pour obtenir une faveur, un destin véritablement triste et pitoyable.

À l’époque, lorsque Bai Zihao découvrit que Kong Muhua était un grand démon ancien sous les ordres du Seigneur Divin, il rejeta toute la responsabilité sur le Seigneur, pleurant et s’excusant longuement. Bien que Bai Zihao se sentit un peu gêné et mal à l’aise, il finit par tourner la page et ils réussirent à se réconcilier.

Bai Zihao s’entraînait sans relâche, se blessant souvent, et il n’était pas rare qu’il perde une main ou un pied. Être ramené par le Seigneur Divin à moitié mort était également monnaie courante.

Kong Muhua en souffrait, mais comprenait son besoin de puissance et le soutenait dans ses efforts.

Au début, Bai Zihao était maladroit et commettait beaucoup d’erreurs. Kong Muhua le suivait discrètement, déguisé, lui donnant des indices de façon subtile, veillant à son chevet lorsqu’il était gravement blessé et inconscient, ou le soutenant par des louanges flatteuses lorsqu’il perdait confiance, l’encourageant à persévérer.

Il réussit ainsi à s’installer en douceur dans ce cœur blessé.

Après que Bai Zihao ait réussi à cultiver jusqu'au stade de l’Ama naissante, il fit timidement une déclaration à Kong Muhua, avec l’intention qu’ils deviennent un jour des compagnons taoïstes.

Kong Muhua jura qu’il était trop excité à ce moment-là. Il prit accidentellement une forme masculine imposante au lit. Bai Zihao, un peu confus par l’alcool, ne remarqua pas que la belle personne avait changé de forme. Il coopéra, se laissa toucher, s’affaiblit, émettant des gémissements mêlant refus et désir.

Comment Kong Muhua aurait-il pu résister ? De plus, fier de prouver que les démons avaient des talents innés bien supérieurs à ceux des humains, il s’y donna à fond.

Au début, Bai Zihao souffrait et se débattait, mais il fut écrasé par la puissance du grand démon ancien. Puis il s’y habitua, et ses cris devinrent de plus en plus envoûtants, prononçant des paroles contradictoires, tout en s’agrippant fermement. Lorsqu’il était excité, il proférait même des propos obscènes, reconnaissant que Kong Muhua surpassait son ancien époux indigne par cent fois au lit.

Kong Muhua s’amusa toute la nuit, rassasié et très satisfait.

Le lendemain, Bai Zihao remit son pantalon et changea brusquement d’attitude, l’accusant de mensonge et exigeant une rupture.

En toute honnêteté, ce paon avait déjà déployé ses plumes et lui avait même offert la plume de sa queue ! Où était la tromperie ?

Kong Muhua ne révélait jamais sa vraie forme démoniaque ni sa forme masculine. Son apparence et son comportement étaient ceux d’une fille délicate.

Bai Zihao avait l’habitude de le considérer comme une fille, incapable de comprendre que celui qu’il aimait était en fait une personne excentrique qui préférait les habits féminins aux tenues masculines. Il avait oublié la question du déploiement des plumes du paon et, ignorant que son corps restait aussi sensible et libertin qu’avant, il devint honteux et furieux à la révélation de la vérité au lit. Il refusa désormais tout rapport avec un homme et voulut s’éloigner de cet abîme de désirs.

Suivant la voie de la glace et de la neige, son cœur était plus froid que la normale. Il abandonna sans hésiter les sentiments pour se consacrer entièrement à sa carrière.

Kong Muhua était furieux au point d’en avoir mal au ventre, allant partout pleurer sur ce mauvais garçon qui profitait de tout sans reconnaître sa responsabilité. Pourtant, il n’y avait rien à faire. Bai Zihao était conciliant sur tout, sauf sur les affaires entre hommes. Il refusait même d’admettre ses sentiments. Ne pouvant pas devenir un paon femelle, Kong Muhua s’accrocha désespérément, chassant les rivaux, multipliant les avances, réussissant parfois une ou deux fois.

L’admiration de Bai Zihao pour le Seigneur Divin était connue de tous. S’il s’agissait d’ordre du Seigneur Divin, il était prêt à affronter mille dangers.

La confiance mystérieuse de Kong Muhua envers le Seigneur Divin faiblit un peu en sa présence. Bien que le Seigneur Divin paraisse froid et insensible, détestant les sentiments, son frère Zihao était si beau qu’avec le temps, il pourrait bien s’éprendre. Dans ce cas, Kong Muhua ne pourrait être que l’héroïne tragique, allant pleurer chaque jour sous la tour Wutong.

Maintenant, le Seigneur Divin voulait prendre une épouse, et tout le monde était ravi, sauf que le Seigneur Divin tardait, peut-être faisait-il face à des obstacles.

Kong Muhua était paniqué, voulant voler là-bas pour enseigner au Seigneur Divin les cent huit façons de gagner les faveurs, aider à éliminer tous les rivaux, pousser la déesse dans le carrosse nuptial, conclure rapidement la cérémonie, et la porter directement au lit du Seigneur Divin. Malheureusement, il ne savait pas qui était la déesse, et ne pouvait que s’impatienter.

Après avoir entendu son récit, Bai Zihao sourit longtemps, très content : « Il faut féliciter le Seigneur Divin d’avoir enfin obtenu ce qu’il désirait après tant d’attente. »

À l’époque, il avait été curieux de l’amour entre le Roi de la médecine et Yue Wuhuan, il avait lu beaucoup d’histoires, mais était trop timide pour se renseigner. Maintenant que le Roi de la médecine était sorti de sa cultivation à huis clos, il voulait aussi trouver l’occasion de voir cet homme intéressant, et en profiter pour découvrir la vérité.

Sa dette de gratitude envers le Seigneur Divin était aussi lourde qu'une montagne. Il sentait que le Seigneur Divin retenait tout depuis des années, prêt à exploser comme un volcan. Le Roi de la médecine ressemblait à un bois sans émotions qui ne comprenait pas les sentiments amoureux...

Bai Zihao toucha de nouveau son poignet droit, pensant malicieusement que, tous deux ayant une racine spirituelle simple de type eau, il devrait peut-être apprendre au Roi de la médecine comment rendre heureux le Seigneur Divin.

« Le Seigneur Divin sera sûrement ravi... »

Kong Muhua, découvrant qu’il savait qui était la déesse, s’attacha à lui avec joie, faisant des câlins, et faisant des scènes pour aller la trouver.

Bai Zihao remarqua que cet énergumène ne tenait pas en place, touchant partout, se comportant comme un enfant gâté. Il regarda le cadavre puant à côté, puis la grotte sale et dégoûtante, se fâcha, attrapa ce paon doré sans vergogne, et le jeta impitoyablement dans la neige.

Un cultivateur passant vit la belle fille jetée dans la neige rester assise par terre, en pleurs, implorant le pardon, portant une expression des plus pitoyables.

Ainsi, les scandales du seigneur Bai s’enrichirent d’un nouveau chapitre.

*

Song Qingshi éternua soudain, sans raison.

Les cultivateurs de niveau de Construction de la fondation ne tombaient pas facilement malades, alors il ne s’en inquiéta pas, et continua joyeusement à trier ses échantillons. Les petits flacons en porcelaine du sac ne suffisaient pas, heureusement Feng Jun avait apporté beaucoup de petits flacons transparents, ce qui sauva la situation.

Song Qingshi se souvenait que ce type de flacon était rare et coûteux, nécessitant de les commander spécialement.

Song Jincheng se moqua encore de son côté rustre, disant que ces flacons se trouvaient partout, qu’ils n’étaient pas rares. À l’origine, la vallée de la Médecine les utilisait pour stocker des matériaux d’expériences, puis on découvrit qu’ils étaient parfaits pour d’autres substances. Le Pavillon de la Technique céleste en développa la production de masse, ainsi que de nombreux autres récipients transparents à prix abordable, que les cultivateurs pouvaient s’acheter.

Song Qingshi fut surpris, puis se baissa de nouveau, sortit un scalpel, disséqua la première créature maléfique qu’il avait capturée, puis attrapa un carnet pour prendre des notes.

Cette créature n’avait ni sang ni méridiens, sa structure osseuse différait de celle des humains. Certaines avaient un exosquelette semblable à celui des insectes articulés, d’autres n’avaient pas d’os, se déplaçant grâce à des tissus mous. La plupart avaient des pièces buccales, certaines une tête quasi humaine, mais sans expression, ce qui les rendait terrifiantes.

C’était un être mystérieux jamais vu auparavant, d’une grande valeur scientifique, un véritable défi pour la curiosité des chercheurs.

Il devenait de plus en plus excité à mesure qu'il disséquait, un sourire apparaissant sur son visage. Le scalpel dansait rapidement, découpant le démon impur en petits morceaux qu’il remit à Feng Jun, lequel les rangea soigneusement en les étiquetant. Il ne voulait même pas se débarrasser des restes, souhaitant trouver un cercueil pour les garder, puis les transporter dans un sac minuscule.

Les personnes dans l’auberge, voyant les fragments du cadavre sous les mains de Song Qingshi, furent prises de nausée, n’ayant jamais vu quelqu’un d’aussi étrange.

Ils s’éloignèrent discrètement du scalpel de Song Qingshi...

Song Jincheng, qui avait assisté à des dissections par des enseignants plus âgés, ne put supporter cela et conseilla fermement : « Cette créature apparaît souvent, ne chéris pas trop ce cadavre, il disparaîtra de toute façon d’ici quelque temps. »

« Disparaîtra ? » Song Qingshi s’anima encore plus. « Je veux rester à ses côtés et voir cela de mes propres yeux ! »

Feng Jun connaissait sa passion pour la recherche. Après avoir réfléchi à leur avenir, il pensa qu’il n’y aurait ni moments d’affection ni de tendresse ; tous deux, réunis après une longue séparation, se retrouvaient accroupis devant un cercueil, surveillant ce cadavre repoussant, prenant des notes chaque jour sur ses changements. Il aimait beaucoup Song Qingshi et avait envie de l’accompagner dans cette étude, mais au moins, ce serait préférable de le faire dans un endroit approprié...

Song Qingshi, tout joyeux, sortit des pierres spirituelles et ordonna au propriétaire de l’auberge d’acheter un cercueil.

« Ne sois pas pressé, » Feng Jun le stoppa enfin, proposant un nouveau plan : « Ici, il n’y a pas d’équipement de recherche, et Jincheng est pressé d’aller voir des amis au Pavillon de la Technique céleste. Une fois les affaires réglées, tu pourras aller à la Vallée de la Médecine voir Monsieur Yue et utiliser leur laboratoire. Il y a tout : des instruments précis pour peser, mesurer, contrôler la température, ainsi que pour congeler, chauffer, conserver. J’ai entendu dire qu’ils ont même des artefacts pour analyser la composition des matériaux... »

Song Qingshi se mit à penser que la Vallée de la Médecine était un véritable paradis terrestre. Touché par la description du laboratoire, son cœur battit un peu plus vite.

Feng Jun continua à l’attirer : « À ce moment-là, je t’enverrai quelques démons impurs vivants, enfermés dans des cages pour tes recherches. »

Song Qingshi répondit aussitôt : « D’accord. »

Feng Jun était son petit ange, tendre et attentionné. Il devait vite comprendre ces souvenirs étranges qui le tracassaient, juste pour s’assurer que cela n’aurait aucune conséquence néfaste pour Feng Jun.

Cette vie, la suivante, et celle d’après encore, il ne voulait plus jamais quitter Feng Jun.

Soudain, Song Qingshi sentit un léger tremblement sous la terre, ce qui le troubla.

Il regarda autour de lui et, voyant que tout le monde avait l’air calme, demanda intrigué : « Un tremblement de terre ? »

Hao Long secoua la tête.

Song Jincheng : « Non. »

Feng Jun sourit : « Ce n’est qu’une illusion. »

Song Qingshi se gratta la tête, se disant qu’il avait peut-être mal interprété la chose. Il abandonna ce sujet, suivant le mouvement des autres, et brûla les restes du cadavre à regret. Puis il alla soigner les blessés légers à côté. Curieusement, chaque fois que les patients voyaient son expression, ils semblaient effrayés, comme s’ils avaient vu un meurtrier. Song Qingshi se toucha le visage, suspectant d’avoir un air trop féroce. Il voulut demander de l'aide à la douce et belle Feng Jun.

Mais Feng Jun restait à côté, perdu dans ses pensées, sans prêter attention.

Song Qingshi réfléchit un moment et y renonça.

*

Dans l’abîme sans fin, sous de multiples sceaux, An Long ouvrit lentement les yeux.

Song Qingshi était parti, Yue Wuhuan avait disparu. Il avait tout perdu, amour et haine. La secte des Mille Insectes était anéantie, la forêt de Xilin détruite, il était recherché partout, condamné par tous. N’ayant plus aucun but, il errait sans but.

Lorsque le démon impur apparut, le démon dans son esprit s’éveilla, abandonnant tout contrôle, exploitant ses faiblesses mentales pour y injecter des pensées maléfiques sans fin, modifiant son corps sans cesse.

La puissance d’An Long grandit, mais il perdit son apparence humaine. De demi-démon, il se transforma peu à peu en monstre, jusqu’à perdre toute raison, ne restant que le désir de tuer...

Profitant de ses dernières bribes de conscience humaine, il demanda à Yue Wuhuan, réincarné en un Seigneur divin, de l’aider à s’enfermer dans l’abîme sans fin, permettant à l’énergie démoniaque de déformer son corps jusqu’à ce qu’il devienne une énorme créature noire composée de segments d’insecte et de masses charnues, ressemblant vaguement à un dragon, mais dont chaque partie était laide, dégageant une aura terrifiante digne d’un cauchemar.

Il s’installa sur une paroi rocheuse, exhalant une énergie énorme, appelant le gardien : « Yue Wuhuan, es-tu là ? »

De l’obscurité sortit lentement un homme vêtu de rouge, portant un masque ailé doré et tenant une lanterne nocturne. Il s’approcha, leva la tête, regarda les grandes pupilles rouges verticales et dit calmement : « Je suis là. »

Lorsqu’il scella An Long, le Seigneur divin laissa une incarnation pour surveiller le sceau. Mais l’esprit d’An Long oscillait entre lucidité et folie. Dans ses accès de rage, il ne reconnaissait personne, sauf Yue Wuhuan. Alors le Dieu Seigneur enferma avec lui ses pires souvenirs dans cet abîme sans lumière.

An Long bougea son énorme corps, tirant d’innombrables chaînes, brisant cette noirceur désespérée :

« Wuhuan, je sens qu’il est revenu. »

« Wuhuan, as-tu trouvé un moyen de me tuer définitivement ? »

« Wuhuan, dépêche-toi, sinon ce sera trop tard... »

« ... »

Cette fois, Yue Wuhuan resta silencieux longuement avant de lui répondre de la même manière :

« Je trouverai un moyen de te tuer. »

« Ne crains rien. »

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

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