MISVIL - Chapitre 79 – Transmigration une fois de plus

 

Il sentit l’aura spirituelle du sang de phénix.



Song Qingshi transmigra de nouveau lors de l’explosion.

Au moment de l’explosion, il reçut une mission étrange d’un système : éliminer le plus maléfique des antagonistes du monde de la cultivation, le censuré du Pic Inextinguible.

Qu’étaient ces caractères illisibles ? Il était un étudiant en sciences, pas doué en compréhension écrite… il ne comprenait rien.

Song Qingshi, couvert de sang, resta longtemps étendu au sol, hébété.

Il se souvenait vaguement que c’était probablement une erreur de sa part qui avait provoqué l’explosion du système. Il ne se rappelait pas exactement ce qu’il avait fait, mais ces choses de grande dimension étaient vraiment trop fragiles, non ? Est-ce que tous les systèmes explosaient aussi facilement ?

Quoi qu’il en soit, revenir à la vie était une bonne chose. Les problèmes qu’on ne sait pas résoudre, on les garde pour plus tard.

Song Qingshi bougea difficilement un doigt. Tout son corps le faisait souffrir. Ses côtes semblaient cassées, son abdomen était blessé, et d’autres blessures avaient été causées par l’explosion. Sa tête aussi lui faisait affreusement mal, remplie de fragments de mémoire désordonnés : à certains moments, il se croyait étudiant en médecine atteint de la sclérose latérale amyotrophique, à d’autres, médecin dans le monde de la cultivation, et parfois même un grand maître fondateur de secte ?

Dans un coin de sa mémoire flottait une silhouette rouge floue. Rien que d’y penser, il se sentait à la fois doux et prêt à pleurer. C’était quoi, ça ?

Un fruit de Bouddha écarlate ?

Ce fruit faisait goûter toutes les saveurs du monde : parfois doux à en écœurer, parfois si âpre qu’on en pleurait.

Song Qingshi y réfléchit sérieusement. Non, cela ne ressemblait pas à un objet, mais plutôt à une personne ou un souvenir. Il analysa calmement sa situation, mit de côté cette question trop difficile, et se concentra sur le problème immédiat : comment survivre.

Il fouilla dans sa mémoire à la recherche de connaissances utiles, mais son sac à objets était vide de toute pilule de soin. Il était trop gravement blessé pour effectuer des gestes précis, son dantian était endommagé, la circulation de son pouvoir spirituel était perturbée, et la plupart de ses techniques de soin étaient donc inutilisables.

Soudain, la pluie tomba, froide et douloureuse, sur son corps.

Song Qingshi avait envie de pleurer tant la douleur était intense, mais il se retint, lutta pour ramper sur le côté. Malheureusement, ses os étaient tous brisés, et après un long effort, il n’avait presque pas bougé. Finalement, il perdit trop de sang, et sa conscience s’évanouit peu à peu…

Dans la brume de l’inconscience, il ne savait combien de temps avait passé, lorsqu’une ombrelle verte apparut au-dessus de sa tête. Une branche le piqua au visage.

« Hé ? Hé ? Tu es mort ? »

Song Qingshi tenta de demander de l’aide, mais il ne parvint qu’à produire un faible gémissement : « Mm… »

La personne poussa un soupir, posa l’ombrelle, et lui mit dans la bouche une pilule inconnue.

Song Qingshi sentit le monde tourner, puis sombra dans l’inconscience.

*

Quand il se réveilla à nouveau, il découvrit qu’il était couché dans un lit confortable, sous une couverture douce. Ses blessures avaient été sommairement traitées. À côté, sur un petit poêle de terre rouge, une marmite en argile dégageait une odeur médicinale. Si son nez ne le trompait pas, cela devait contenir : os de cerf, liane de lune, sable chantant rouge et herbe céleste ? Toutes des herbes utilisées pour nourrir l’énergie vitale, reconstituer le sang et favoriser la guérison.

Il se perdit dans ses pensées.

La porte s’ouvrit, un jeune garçon en vêtement vert entra avec une théière au bec de grue. Le voyant éveillé, il fut surpris. « J’ai vraiment réussi à te sauver ? Un miracle ! »

« La méthode de suture de la plaie est mauvaise, les nœuds sont mal faits, et pour la jambe… tu as cousu de travers. En plus, c’est une articulation, tu devrais utiliser un fil plus résistant, sinon ça va céder », observa Song Qingshi en identifiant toutes les erreurs médicales. Puis, en jetant un œil à la théière de potion, il s’inquiéta qu’on veuille lui faire boire de force, et ajouta rapidement : « La liane de lune est utilisée pour réguler les hormones après l’accouchement, pour les femmes, pas adaptée aux hommes. Le sable rouge est trop chaud, il ne convient pas aux patients gravement blessés, ça provoque des hémorragies... »

S’il n’était pas mort, c’était probablement parce que cette décoction n’avait pas encore été administrée.

« C’est ma première fois en soin, je n’ai pas d’expérience. T’avais l’air d’avoir perdu tout ton sang, comme une femme en couche, alors j’ai voulu te requinquer », répondit le jeune garçon, rouge de honte. Il posa rapidement la théière, tapota ses manches, feignant l’indifférence. Puis, en se donnant un air important, il déclara : « De toute façon, même s’il y a eu des ratés dans le traitement, c’est quand même moi qui t’ai sauvé avec ma brillante médecine ! »

Song Qingshi réfléchit : « C’était quoi, la pilule que tu m’as donnée ? »

Le garçon répondit : « Une pilule protectrice du cœur à huit trésors. »

Song Qingshi le fixa d’un air indéchiffrable.

Le garçon leva les mains : « Bon, d’accord, j’avoue que je suis nul en médecine, je rate tous mes examens. C’est la pilule qui t’a sauvé. »

Cette pilule avait protégé son cœur et réparé partiellement ses veines et ses artères. Après quelques jours de repos au lit, il récupéra un peu de force. Il demanda au garçon deux pilules contre la douleur et un anesthésique, puis, à force de volonté, se leva pour recoudre correctement ses blessures. Ensuite, il lui demanda de retirer la liane de lune et le sable rouge de la recette, et de les remplacer par de l’herbe parfumée de lune, à cuire à feu doux.

Le jeune garçon s’appelait Song Jincheng. Il avait des sourcils en forme d’épée, des yeux brillants, une allure solaire, il était agé d’environ seize ou dix-sept ans, au stade de construction de fondations. Il semblait naïf et un peu bavard. Même sans question, il racontait déjà sa vie : « Tu t’y connais un peu en médecine ? Tu connais la Vallée de la Médecine ? C’est la plus grande école de médecine du monde de la cultivation ! Beaucoup de grands médecins viennent de là, comme l’Immortel Docteur Pu ou l’Immortel Docteur Luo… »

Song Qingshi réfléchit un moment, perplexe : « La Vallée de la Médecine ? Ce n’est pas un petit endroit minable ? »

Dans sa mémoire, ce lieu existait aussi, mais il était pauvre, petit et délabré, rien à voir avec ce que décrivait Song Jincheng. Il ne connaissait pas non plus ces Immortels Docteurs… Peut-être des grands experts encore plus doués que lui ? Il fallait absolument les rencontrer un jour pour apprendre à leurs pieds.

« Tu viens de la campagne ou quoi ? » s’étonna Song Jincheng. « La Vallée de la Médecine est immense ! Elle n’impose aucune condition de talent, d’âge ou de sexe, elle ne regarde que l’intelligence. Beaucoup d’humains et d’hybrides s’y inscrivent. Des centaines de milliers pour quelques centaines de places. Ceux qui réussissent sont des génies super brillants ! »

Song Qingshi resta bouche bée.

C’était donc la meilleure école de médecine du monde de la cultivation ? Le paradis des intellos ? Il ne voulait plus faire de mission… il voulait étudier !

Tout excité, il réfléchit un instant, puis réalisa une incohérence : « Toi aussi, tu es médecin de la Vallée de la Médecine ? »

Si tous leurs étudiants avaient ce niveau-là, c’était un peu inquiétant…

« J’y suis né. Mes parents sont médecins là-bas, donc j’y ai grandi… » répondit Song Jincheng, le visage encore plus rouge. Il tenta de détourner la conversation, et lança fièrement : « Mon arrière-grand-mère est super célèbre ! Tu connais Madame Qing Luan ? Une légendaire guérisseuse ! Elle a répandu la médecine à travers le monde, soigné les mortels, accepté plein de disciples, et a peu à peu transformé la Vallée telle qu’on la connaît aujourd’hui. Une femme immortalisée dans l’histoire ! »

Donc c’était un héritier de troisième génération, entré sans passer d’examen.

Song Qingshi le félicita sincèrement : « Elle est vraiment admirable. »

Il avait toujours l’impression que Qingluan n’était pas une vieille grand-mère, mais une petite fille douce en apparence et dure à l’intérieur ?

Song Jincheng bavardait sans fin : « Mon arrière-grand-père s’appelle Song Minghong, un immortel épéiste au stade noyau d’or qui s’est cultivé à partir d’un simple mortel… J’ai entendu dire qu’il y avait encore un maître ancestral très puissant au-dessus, un ancêtre du nom de Song. C’est pour ça que mon arrière-grand-père a aussi pris le nom de Song. On dit que le Maître Ancêtre est en enfermement de vie ou de mort depuis des milliers d’années… il n’est peut-être plus de ce monde. Bref, il est interdit d’en parler dans la vallée. »

Plus Song Qingshi écoutait, plus ses souvenirs devenaient confus. Sa tête le lançait terriblement.

Song Jincheng remarqua qu’il n’allait pas bien et demanda avec inquiétude : « Ça va ? »

Song Qingshi répondit gravement : « J’ai l’impression d’avoir perdu la mémoire. »

Song Jincheng le regarda longtemps comme un idiot, puis demanda avec méfiance : « Tu ne serais pas en train de vouloir échapper aux frais médicaux ? »

Song Qingshi était perdu : « Frais médicaux ? »

« Se faire soigner, ça coûte de l’argent ! » Song Jincheng bondit d’un mètre. Il avait vu que ce type allongé par terre portait une robe magique de grande qualité, du genre jeune maître de famille aisée, donc probablement pas à court d’argent. C’est pour ça qu’il avait serré les dents et utilisé cette précieuse Pilule Protectrice du Cœur à Huit Trésors, un cadeau d’anniversaire de sa mère, fabriqué selon une ancienne formule transmise par le Maître Ancêtre Song. Les ingrédients étaient rares, et même dans toute la Vallée de la Médecine, il n’y en avait pas beaucoup. Il se mit à faire les comptes à toute vitesse. « Cette pilule est super chère, tu me dois huit cents pierres spirituelles de qualité supérieure. »

Song Qingshi comprit. Il fouilla dans son sac de moutarde, cherchant des pierres spirituelles. Après un long moment, il n’en trouva qu’une vingtaine.

Song Jincheng le fixait, les yeux ronds.

Song Qingshi rougit : « On dirait que je suis pauvre… Quelqu’un d’autre s’occupait de moi. »

Song Jincheng demanda : « Qui est aussi gentil ? »

« Je ne m’en souviens pas. » Une silhouette rouge floue réapparut dans l’esprit de Song Qingshi. Il lutta contre la douleur et dit : « J’ai l’impression que c’est quelqu’un que j’aimais beaucoup. Il me donnait souvent de l’argent de poche, m’achetait plein de belles choses. »

« Je vois », déclara Song Jincheng avec assurance. « C’est ton père ! »

Song Qingshi fut complètement abasourdi : « Vraiment ? »

« Évidemment », affirma Song Jincheng avec une logique implacable. « Même si tu as perdu la mémoire, réfléchis un peu. Qui te filerait de l’argent sans raison ? Qui serait aussi gentil avec toi ? Il n’y a que les vrais parents pour faire ça ! »

Song Qingshi pensa à sa vie avant la transmigration. Cette analyse semblait parfaitement logique !

Song Jincheng déclara généreusement : « Tu portes une goutte de sang de phénix autour du cou, ça vaut une fortune, et il y a un sort d’âme gravé dessus. Je pense que c’est parce que tu es trop bête, alors ton père te l’a mis pour ne pas que tu te perdes. Bon, reste avec moi et ne fais pas de bêtises. D’ici quelques jours, ton père viendra peut-être te chercher. Il n’aura qu’à régler l’addition. »

Song Qingshi hocha frénétiquement la tête.

Song Jincheng s’agita en préparant l’infusion et la lui apporta. Song Qingshi goûta une gorgée et constata que les plantes secondaires étaient très mal dosées, heureusement sans conséquences graves. Il jugea que ce garçon n’avait pas fini ses études, n’était probablement pas encore diplômé, et il le questionna prudemment. Song Jincheng, embarrassé, avoua avoir raté cinq examens sur sept, qu’il avait peur de se faire gronder et qu’il s’était enfui en douce pour voyager. Il comptait aller s’amuser avec un ami aà la secte du Ciel Martial.

Song Qingshi manqua de s’étrangler avec le médicament. Dans son cœur naquit une immense compassion pour Madame Qing Luan. Comment une légende pareille avait-elle pu avoir une descendance aussi nulle ?

Il fixa froidement ce déserteur scolaire si fier de lui, se frotta la tête pour en démêler le chaos. Il se sentait de plus en plus mal à l’aise, songeait sérieusement à le ramener à la Vallée de la Médecine, lui faire faire des exercices intensifs pendant plusieurs années, lui enseigner que le travail compense les lacunes, que même les oiseaux lents peuvent voler haut… pour en faire un vrai médecin.

Était-ce un peu trop extrême comme pensée ?

Song Qingshi prit une grande inspiration, tenta d’étouffer son envie d’éduquer les cancres. Une fois ses blessures correctement traitées et sa santé lentement rétablie, il se rappela la mission étrange du système. Il décida d’en parler à ce garçon qui semblait connaître beaucoup de trucs bizarres.

Dès que Song Jincheng entendit les mots « Pic inextinguible », il paniqua. Il plaqua la main sur la bouche de Song Qingshi, regarda nerveusement autour de lui pour vérifier qu’il n’y avait rien d’anormal, puis gronda ce crétin : « Même si tu as perdu la mémoire, tu peux pas dire ça à voix haute ! On ne parle pas de cet endroit-là ! Tu dis son nom, et tu es mort… »

Song Qingshi se débattit : « Mmmph ! Quel nom ? »

« Le nom de cette montagne, celui qu’on ne doit pas prononcer. » Song Jincheng se détendit un peu en constatant qu’il ne s’était rien passé, puis ajouta : « Quand j’étais petit, ma mère m’a raconté l’histoire sombre du monde de la cultivation : des massacres de clans, des rivières de sang… une époque terrifiante. Tout le monde tremble rien qu’à l’évoquer. Même si c’est calme depuis quelques siècles… ne sois jamais curieux à propos de cet endroit. Tu n’auras pas assez de vies pour mourir autant de fois ! »

Song Qingshi brûlait d’envie de savoir ce nom, mais n’osa pas poser la question.

Song Jincheng vit son hésitation et sourit : « De toute façon, plus personne ne sait comment il s’appelait. »

Song Qingshi conclut : « Il est très fort ? »

Song Jincheng chuchota : « On dit qu’il lui manque juste une étincelle pour atteindre l’ascension. »

Song Qingshi fut complètement sonné. Il calcula l’écart entre un simple cultivateur en phase de fondation et un quasi-immortel prêt à s’élever… C’était comme envoyer un gamin de maternelle avec un couteau en plastique affronter un commando d’élite en armure !

Il calcula encore combien d’années il lui faudrait pour atteindre le niveau du Noyau doré, puis l’Âme naissante ou la Projection Astrale… et enfin ses chances de réussir cette mission…

Tant pis. Mission trop difficile. Reportée de dix mille ans. Il la reprendrait quand il aurait atteint la Projection Astrale.

D’abord, il allait étudier. Les études, c’était plus attrayant !

*

Au Pic Inextinguible, sur le trône du temple.

Le Seigneur Divin ouvrit soudain les yeux, il ressentit l’aura spirituelle du sang de phénix.

 

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L’auteur a quelque chose à dire :

Song Qingshi, l’étudiant pauvre et brillant : « Je vais sagement attendre que papa vienne payer ma rançon. »

Yue - Papa riche - Wuhuan : « ?????? »

Song Jincheng, ce super cancre qui a réussi à entraîner le directeur et le chef d’études dans son sillage.

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

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