MISVIL - Chapitre 52 -  Destinés à être ensemble

 

Un oiseau blanc, enfermé dans une somptueuse cage, observait en secret avec envie les ailes libres qui traversaient le ciel.

 

Bai Zihao rongeait ses ongles, visiblement agité.

Jin Feiren avait été blessé à la jambe par un loup de feu dans le domaine secret de l’Extrême Flamme en voulant le protéger. La blessure était grave. Bien que des médicaments spirituels aient permis de contenir la propagation du poison ardent, celui-ci devait encore se dissiper lentement. Cependant, endurer chaque jour la sensation d’être brûlé par des flammes infernales était une torture qui durerait deux longues années. Rongé par la culpabilité, Bai Zihao veillait attentivement sur lui, supportant son tempérament de plus en plus irritable...

La perle d'eau spirituelle pouvait apaiser la douleur causée par le poison ardent. Mais cet objet était extrêmement rare et était un objet consommable. Après d’innombrables recherches, il n’avait toujours rien trouvé.

Heureusement, un Monstre d’Eau Millénaire était apparu dans le Lac Yueyin et avait été chassé avec succès par la secte des Dix-Mille insectes et la Vallée de la Médecine…

Jin Feiren était depuis longtemps méfiant à l’égard de la Vallée de la Médecine. Il n’aurait jamais imaginé que Yue Wuhuan parviendrait à séduire l'Immortel roi de la Médecine, devenant ainsi son disciple personnel et gagnant sa faveur. Il savait aussi très bien ce qu’il avait fait subir à Yue Wuhuan par le passé et ne pouvait pas croire que ce fou ne nourrissait aucune rancune. Pourtant, ce que pensait Yue Wuhuan n’avait aucune importance. Ce qui comptait, c’était l’opinion de Song Qingshi.

En théorie, le véritable coupable était Xie Que. Le Manoir du Phénix D'Or avait acquis des esclaves en toute légalité, sans enfreindre les lois ni les règles morales du monde des immortels. Une personne raisonnable ne viendrait pas lui chercher querelle pour cela. Après tout, même s’il ne l’avait pas acheté, Yue Wuhuan aurait quand même fini dans un pavillon de plaisirs. Avec son apparence, son destin n’aurait pas été différent.

Mais le problème était que l'Immortel roi de la Médecine n’avait pas l’esprit très rationnel. Il agissait souvent de façon imprévisible, et nul ne savait ce qu’il pourrait faire.

Si cela n’était pas nécessaire, Jin Feiren ne voulait pas provoquer la Vallée de lai Médecine. Même si la Vallée était insignifiante, sans influence et que son maître était peu sociable, Song Qingshi restait le plus grand médecin du monde immortel. En de nombreuses années, il avait sauvé des gens dans toutes les grandes sectes. Même s’ils ne l’appréciaient pas forcément, personne ne voulait se retrouver sans lui en cas de besoin. Quant aux précieuses pilules médicinales produites par la Vallée de lai Médecine, elles étaient irremplaçables.

Certes, il demandait des honoraires élevés et ne soignait que lorsqu’il en avait envie, mais une vie ne pouvait pas être échangée contre de l’argent.

L’Ancien Niu de la Secte des Cinq Montagnes, qui avait un pied dans la tombe, lui devait sa survie.

Madame Ling Miao de l’Île Changkong avait obtenu une Pilule de Rajeunissement et retrouvé sa jeunesse et sa beauté. Elle n’avait que des éloges pour lui.

Et ce genre d’exemples était innombrable…

Yue Wuhuan avait beau être devenu fou au fil des années, il n’avait jamais cherché à s’opposer au Manoir du Phénix D'Or ni montré la moindre intention de vengeance.

l'Immortel roi de la Médecine, quant à lui, était au stade de l’Âme naissante et possédait un feu toxique inné ainsi que l’héritage du Vénérable Nie. Il sortait rarement, et nul ne savait combien d’atouts il gardait en réserve. L’éliminer coûterait un prix bien trop élevé, sans compter le risque de s’attirer la colère des fanatiques de la Secte des Dix-Mille Insectes.

Si Jin Feiren s’inquiétait au point de vouloir frapper en premier contre la Vallée de lai Médecine par crainte d’un simple ancien esclave et d’un danger hypothétique, il ne ferait que se couvrir de ridicule. Il n’y gagnerait rien, et cela ternirait même sa réputation. Cela n’en valait pas la peine...

Jin Feiren était tiraillé.

Mais cette blessure causée par le loup de feu lui offrait une opportunité de tester la situation.

Il envoya donc Bai Zihao, chargé de somptueux présents, présenter ses respects et obtenir coûte que coûte le perle d’Eau Spirituelle, dans le but de sonder la position de la Vallée de lai Médecine.

*

Le soleil couchant teintait le ciel d’un rouge sanglant lorsque Yue Wuhuan apparut enfin dans la cour.

Une robe de brocart écarlate, un masque doré semblable à des ailes, de magnifiques yeux de phénix, une silhouette élancée…

Il était éblouissant, tel un véritable phénix, bien plus resplendissant que lorsqu’il vivait au Manoir du Phénix D'Or.

Bai Zihao, ébloui, perdit brièvement ses moyens. Il voulut le saluer, lui adresser quelques mots de retrouvailles, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Avant d’être vendu au Manoir du Phénix D'Or, il avait grandi dans un village simple et paisible. Il n’avait jamais imaginé qu’il existait des hommes destinés à la soumission. Jin Feiren l’avait choisi et forcé à apprendre à servir les hommes. La première personne qu’il avait vue dans cette situation, c’était Yue Wuhuan. La scène de l’époque...

Pour lui, qui n’avait jamais connu ce genre d’épreuves, c’était une vision terrifiante. Il avait pleuré, tenté de fuir, en vain. Il avait été contraint d’observer son propre avenir se dessiner sous ses yeux, sombrant presque dans le désespoir.

Yue Wuhuan, tel un spectre sortant des enfers, leva les yeux vers lui et esquissa un sourire.

Bai Zihao ne comprenait pas ce qui le faisait sourire, mais il se sentit irrésistiblement attiré...

Il n’avait jamais vu une personne aussi belle. On aurait dit une fleur envoûtante poussant au sommet d’un amas d’ossements dans les abysses du péché, une beauté ensorcelante capable de faire oublier toute souillure. Son corps parfait attirait tous les regards. Il savait qu’il ne devait pas le fixer, mais il ne pouvait s’en empêcher. Pire encore, une sensation étrange s’éveillait en lui.

Ce n’est que plus tard qu’il comprit : c’était du désir. Il éprouvait du désir pour les hommes…

Une fissure venait d’apparaître dans les chaînes qui enserraient son cœur. Son orgueil commençait à se briser…

Lorsque Jin Feiren l’embrassa à nouveau, il abandonna toute résistance et tenta de supporter ce qui lui arrivait.

Dans ses moments de souffrance, une image revenait sans cesse dans son esprit : le sourire de Yue Wuhuan.

Un être aussi exceptionnel avait sombré en enfer.

Alors, à quoi bon ses maigres révoltes ?

Quelques jours plus tard, il revit Yue Wuhuan. Ce dernier avait provoqué la colère de Jin Feiren pour une raison inconnue. En guise de punition, il avait été fouetté, puis traîné dans la prison noire, où il devait rester enfermé trois jours sans nourriture. C’était l’endroit que tous les esclaves redoutaient le plus : sombre, humide, exigu, infesté de rats. Les blessures s’y infectaient rapidement, et la douleur y devenait insoutenable…

Bai Zihao s’y rendit en cachette, emportant de la nourriture et des médicaments pour lui.

Les gardes, conscients de sa faveur auprès de Jin Feiren, acceptèrent ses pots-de-vin et fermèrent les yeux.

Il réussit à se glisser dans la prison. Yue Wuhuan était allongé sur le lit de pierre glacé. Ses longs cheveux noirs étaient épars, sa robe de soie rouge souillée de sang, méconnaissable. Pourtant, il semblait détendu, fredonnant doucement une berceuse familière, l’une de celles que toutes les mères chantent à leurs enfants…

Voyant Bai Zihao entrer, il se redressa, méfiant.

Bai Zihao glissa silencieusement ce qu’il avait apporté à l’intérieur. Il voulait parler, mais aucun mot ne lui vint.

Yue Wuhuan observa les objets avant d’éclater de rire, comme s’il venait d’assister à quelque chose d’amusant. « Stupide. »

Bai Zihao, déconcerté, ne comprenait pas ce qu’il avait fait de mal.

« J’ai vu trop de gens comme toi. Pleins de pitié, mais ridicules. Tu ferais mieux d’apprendre à satisfaire cet homme avec ton corps. Après tout, tu lui plais, et ton caractère est docile. Tant que tu obéis, tu souffriras moins. Rassure-toi, je trouve que ton corps est parfaitement adapté pour ça. »

Il prit distraitement le flacon de médicament entre ses doigts, le fit tourner, puis ajouta avec ironie : « Ce jour-là, n’as tu pas réagi en me regardant ? Où exactement as-tu ressenti quelque chose ? Dis-moi… ou laisse-moi deviner. Serait-ce que l’idée d’être soumis t’excite ?»

Un secret intime, brutalement mis à nu et piétiné.

Bai Zihao devint écarlate de rage et se leva en criant : « Comment peux-tu être aussi ingrat ?»

« Récupère ça, je n’en ai pas besoin. »

Yue Wuhuan lui jeta la nourriture et les médicaments à la figure et poursuivit d’un ton moqueur : « Garde-les bien. Après avoir satisfait cet homme, tu en auras besoin. »

Bai Zihao s’enfuit piteusement de la prison, détestant ce garçon plus que tout.

Yue Wuhuan le regarda froidement, puis se rallongea sans dire un mot.

La troisième fois qu’ils se rencontrèrent, ce fut sur la terrasse de Langan. Yue Wuhuan fut attaqué par un tigre démoniaque et sauvé de justesse par l'Immortel roi de la Médecine.

Bai Zihao en fut terrifié. Mais en le voyant emporté, il poussa un soupir de soulagement…

Cette nuit-là, il devint l’objet exclusif de Jin Feiren. Et c’est ainsi qu’il réalisa avec effroi que chaque mot de Yue Wuhuan était vrai. Même traité avec brutalité, il ne pouvait nier qu’il y prenait goût. Peu à peu, il s’abandonna, s’adoucit, apprit à plaire… jusqu’à sombrer totalement.

Jin Feiren était un homme orgueilleux et dominateur. Il n’aimait pas seulement posséder un corps, il voulait aussi s’emparer du cœur.

Et en vérité, il suffisait de lui obéir, de l’aimer, pour que la vie devienne bien plus douce.

Bai Zihao s’y appliqua. Il en vint même à voir Jin Feiren comme son ciel. En retour, il reçut les plus grandes faveurs.

Le jour où un moine fou attaqua, il se jeta devant Jin Feiren pour le protéger d’un coup mortel.

Jin Feiren tomba amoureux de lui, lui fit entièrement confiance. Il l’affranchit, lui offrit des ressources précieuses pour sa cultivation et de nombreux privilèges. Il n’eut plus jamais à servir d’autres hommes ni à subir de punitions. Il put même s’entraîner et partir en mission comme les autres disciples. Pour lui, Jin Feiren fit d’importantes concessions dans ses négociations avec la secte Songhe.

Bai Zihao se persuada que c’était ça, être aimé.

C’était ça, le bonheur. Il était profondément heureux.

Mais il n’arrivait pas à oublier Yue Wuhuan.

Une fois que Jin Feiren lui accorda sa pleine confiance, il commença à enquêter en secret sur lui. Et plus il en apprenait, plus il était troublé.

Pourquoi Yue Wuhuan, qui avait d’abord reçu les plus hautes faveurs de Jin Feiren, qui n’avait eu à servir qu’un seul homme pour vivre confortablement, était-il tombé si bas ?

Pourquoi, malgré sa beauté, avait-il fini comme un esclave misérable, offrant son corps au premier venu comme le plus vulgaire des objets ?

Bai Zihao ne comprenait pas. Mais il ne pouvait s’empêcher d’y penser…

Jusqu’au jour où il se réveilla, couvert de blessures, et comprit.

C’était une révolte contre Jin Feiren…

Yue Wuhuan lui avait lancé un message clair : Plutôt que de devenir l’objet exclusif de Jin Feiren, il préférait se souiller encore et encore, être jeté entre les mains de mille hommes, subir humiliation sur humiliation…

Mais jamais il ne se soumettrait. Jamais il ne lui donnerait son cœur.

Ainsi, il devint une écharde plantée dans le cœur de Jin Feiren.

Jin Feiren ne prononçait jamais son nom, mais il passa pourtant un long moment à chercher et acheter de jeunes garçons qui lui ressemblaient.

Bai Zihao n’en était pas jaloux, il éprouvait même une certaine admiration…

Parce que lui en était incapable.

Plus tard, il apprit que Yue Wuhuan était devenu un disciple de la Vallée de la Médecine et qu’il jouissait des faveurs du Roi de la Médecine, menant une vie apparemment confortable. Puis, on raconta qu’il s’était mystérieusement défiguré, que son esprit avait vacillé, que son corps était couvert de cicatrices… Mais il était toujours libre.

Les esclaves du Pavillon du Phoenix d’Or ne l’aimaient guère. Il était trop beau, son allure contrastait avec tout leur monde. Ils se moquaient de lui, riaient de sa disgrâce, de sa stupidité à avoir refusé la facilité et à s’être attiré tant de souffrances.

Bai Zihao ne participait jamais à ces discussions. Dans son univers silencieux, il n’y avait que Jin Feiren.

Un oiseau blanc enfermé dans une cage somptueuse,, enviait en secret les ailes libres qui traversaient le ciel.

Mais il ne fallait surtout pas que son maître le découvre…

*

Yue Wuhuan s’approcha de Bai Zihao en souriant et lui tendit une boîte de brocart contenant une perle d’eau spirituelle. « Prends-la et rapporte-la-lui. »

Bai Zihao la saisit avec soulagement et le remercia aussitôt.

« Inutile, » répondit Yue Wuhuan avec un sourire. « J’ai entendu dire que tu allais bientôt devenir le compagnon taoïste du maître du pavillon. Je te félicite en avance. Mon maître n’aime pas les mondanités, mais la Vallée de la Médecine enverra un présent. Que voudrais-tu recevoir ? »

Les joues de Bai Zihao rosirent légèrement. « Il ne fallait pas… »

« C’est normal. Dès la première fois que je t’ai vu, j’ai su que tu étais quelqu’un de bien. »

Le regard de Yue Wuhuan s’attarda sur les cicatrices visibles à la base de son cou, puis il ajouta d’un ton sincère : « C’est une bonne chose que tu aies su capturer le cœur du maître du pavillon. Il doit vraiment t’aimer, jusqu’au plus profond de ses os. »

Bai Zihao, gêné, ajusta son col. « Oui… Je l’aime aussi. »

Yue Wuhuan le complimenta avec une franchise absolue. « Vous êtes faits pour être ensemble.»

« Merci. »

Bai Zihao fixa son masque un instant, hésita, puis demanda finalement : « Ton visage… Que s’est-il passé ? »

« Rien de grave. »

Yue Wuhuan retira son masque, révélant une face défigurée, constellée de marques horribles. « La Vallée de la Médecine abrite de nombreuses créatures venimeuses. J’ai eu la malchance de toucher par accident un serpent à face de démon dont le poison avait été modifié. Comme mon maître était en méditation, le traitement a été retardé. Et voilà le résultat. »

Sous le choc, Bai Zihao recula de deux pas. Lorsqu’il se ressaisit enfin, il murmura avec compassion : « Dans cet état… comment pourras-tu encore être favorisé ? »

Au Pavillon du Phoenix d’Or, on disait qu’il avait séduit l'Immortel roi de la Médecine grâce à sa beauté et son corps. Maintenant qu’il avait perdu son apparence, ne serait-il pas abandonné?

Yue Wuhuan remit tranquillement son masque. « Mon maître ne m’a jamais rejeté. »

Bai Zihao en fut soulagé et s’exclama : « Il est vraiment quelqu’un de bien. »

Il ne traiterait plus jamais l'Immortel roi de la Médecine de personne étrange. Après tout, il avait du cœur et ne jetait pas ceux qu’il prenait sous son aile.

Yue Wuhuan savait que Bai Zihao, enfermé au Pavillon du Phoenix d’Or pendant tant d’années, était devenu incapable de penser comme un homme libre. Comme tous les autres esclaves, il n’avait plus de discernement, vivant uniquement selon les règles dictées par Jin Feiren. Ce n’était pas surprenant.

Mais s’il était venu aujourd’hui, c’était pour une raison précise.

À l’époque, lorsque son maître était venu en visite au Pavillon du Phoenix d’Or, il préparait déjà sa propre mort sur la terrasse de Langan et n’avait pas prêté attention aux autres détails. À ce moment-là, c’était Bai Zihao qui était aux côtés de Jin Feiren. Il devait donc en savoir bien plus que lui…

Il lui posa quelques questions, puis demanda finalement : « Ce jour-là, le maître du pavillon avait-il invité cette personne ? »

Bai Zihao réfléchit un instant avant d’hocher la tête. « Oui. Mais il est parti sans prévenir. Le maître du pavillon était très mécontent et s’en est plaint pendant longtemps. »

Un sourire de satisfaction s’étira sur les lèvres de Yue Wuhuan.

Il les bénit une dernière fois, leur souhaitant amour et bonheur éternels, puis tourna les talons.

Bai Zihao rangea soigneusement la perle d’eau spirituelle, inspira profondément et retourna à ses appartements.

Mais au moment où il passait près de la fenêtre, il aperçut une silhouette bondir d’un arbre : l'Immortel roi de la Médecine.

Il se tenait devant Yue Wuhuan, l’observant de la tête aux pieds avec inquiétude, comme s’il venait de s’échapper d’un repaire de tigres et de loups, redoutant qu’il ne lui manque un morceau.

Il le chérissait vraiment.

Bai Zihao secoua la tête en souriant et s'apprêtait à fermer la fenêtre lorsqu'il aperçut l'Immortel roi de la Médecine soulever la manche de Yue Wuhuan. Il semblait avoir découvert quelque chose. Yue Wuhuan, embarrassé, tenta de retirer sa main, mais il se laissa saisir fermement.

Que se passait-il donc ?

Bai Zihao, intrigué, libéra son esprit et observa discrètement.

Il remarqua que le poignet de Yue Wuhuan portait quelques légères éraflures. Ce n’était pas grave, seulement la peau était légèrement abîmée, et la blessure avait déjà commencé à cicatriser.

Yue Wuhuan expliqua, gêné : « Maître, c’est moi qui me suis blessé par accident. Ce n’est rien, ne t’en fais pas... »

« Quand il y a du sang, il faut bien désinfecter, pour éviter l’infection. »
Song Qingshi insista. Il sortit un onguent pour les blessures de sa bourse, baissa la tête et appliqua soigneusement le remède, puis enveloppa la plaie dans un bandage, avec des gestes délicats, comme s’il craignait de lui faire mal par inadvertance. Après avoir terminé, il le recommanda sérieusement : « Fais attention à l'avenir. Ne te blesse plus. Ça peut faire mal... »

Bai Zihao regardait, stupéfait...

Comme Song Qingshi baissait la tête, Yue Wuhuan ne pouvait pas voir son expression.

Mais Bai Zihao, lui, pouvait voir ces yeux clairs, remplis d’une tristesse insondable.

Est-ce qu'il se sentait affligé par ce petit peu de douleur ?

Pourquoi ?

Bai Zihao se sentit soudainement pris au piège, son cœur se noua, et des pensées confuses envahirent son esprit.

Il était perdu, mais il ne comprenait même pas ce qui le perturbait...

Finalement, Bai Zihao quitta la petite ville et prit la route pour retourner au Pavillon du Phoenix d’Or.

Quand Jin Feiren vit la perle d’eau spirituelle, il calma le poison de flammes et, tout joyeux, le porta au lit pour le récompenser...

Ce fut la même folie habituelle, la même brutalité, la même souffrance et les mêmes plaisirs.

Il répétait sans cesse à Bai Zihao : « Je t’aime, je t’aime plus que tout. »

Bai Zihao, figé, regardait le plafond bleu de la tente, quand soudain un pensée irrévérencieuse surgit dans son esprit :

Si tu m’aimes...

Pourquoi veux-tu que je souffre ?

...

Une larme roula discrètement du coin de son œil, se posa sur son oreiller et disparut.

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

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