MISVIL - Chapitre 117 - Ouvre les yeux

 

"Wuhuan, ce monde n'est pas si terrible..."

 

Le ciel s’embrasa de nuées rouges, les flammes jaillirent du corps de la créature, et d’innombrables écailles noires en feu chutèrent au sol, frappant les toits et menaçant les vies précieuses ainsi que les matériaux de recherche. Song Qingshi déploya aussitôt une barrière de feu mystique pour protéger l’institut et la bibliothèque, y abritant tous les médecins et les serviteurs de la Vallée de la Médecine.

La créature aperçut la barrière de feu mystique, repéra sa présence et se rua vers lui avec fureur.

De gigantesques lianes rouges surgirent du sol, déchirant la terre, s’élançant vers le ciel pour entraver l’assaut de la créature. Puis, en fusionnant avec le feu de lotus écarlate, elles tissèrent un immense réseau de feu, enveloppant les salles d’élevage des souris blanches et les différents laboratoires, transformant chaque lieu essentiel en une sphère protectrice de lianes.

Tenant fermement l’épée sacrée forgée par la lumière du mérite, Song Qingshi monta sur le lotus écarlate et s’élança, déterminé, vers Yue Wuhuan.

La créature, sentant la puissance de la lumière du mérite, entra dans une frénésie. Une nouvelle fois, des lames de magie noire jaillirent de son corps pour anéantir la menace. Les artefacts et l’épée de Yue Wuhuan avaient été détruits au cours du combat. Le feu du phénix qui brûlait en lui redoubla d’intensité, formant neuf longs fouets. Les ombres de ces fouets, innombrables, frappèrent sans relâche, dissipant les lames avant qu’elles ne puissent se condenser.

La magie noire se rassemblait et se dispersait, puis se recomposait encore.

Les lianes de sang lacérèrent les écailles de la créature, pénétrèrent dans sa chair et absorbèrent en continu sa puissance.

Des filets de magie noire s’infiltrèrent dans le corps de Yue Wuhuan, atteignirent son esprit et ravivèrent une multitude de souvenirs obscurs.

Ces souvenirs honteux, ces scènes répugnantes, ces paroles obscènes, ces séparations déchirantes… tout cela se rejouait sans fin devant ses yeux.

L’air devint de plus en plus vicié. L’odeur de pourriture rendait la respiration difficile.

Il ne pouvait plus réprimer la haine dans son cœur, ni empêcher son esprit de s’effondrer. Dans ses yeux de phénix, autrefois dorés, un rouge sanglant s’alluma, et les flammes du phénix s’élevèrent à nouveau… Elles s’étendirent, recouvrant peu à peu tout le ciel. C’étaient des flammes capables de réduire l’âme en cendres. Il voulait brûler ce monde souillé, se brûler lui-même, et ramener toute chose au néant.

Song Qingshi cria : « Wuhuan ! Arrête ! »

Les flammes autrefois pures s’étaient teintées de noir. Le cœur de Yue Wuhuan était noyé dans le chaos, il n’entendait plus rien.

Song Qingshi parvint enfin jusqu’à lui, essayant de purifier la souillure qui s’épaississait dans les flammes et de l’en tirer.

La créature dans le ciel venait d’achever la formation de ses lames noires. Des myriades de lames s’abattirent sur eux.

Dans le corps de Song Qingshi, les deux lotus — l’un noir, l’autre rouge — s’épanouirent, formant une double barrière pour protéger les deux hommes.

Mais sa puissance était bien inférieure à celle de la créature.

Sous les assauts des lames, les lotus fanèrent et se désintégrèrent à grande vitesse.

La créature fondit sur eux, lames en avant, prête à frapper.

Si Yue Wuhuan mourait, les flammes du phénix deviendraient incontrôlables, envelopperaient le monde entier et le réduiraient en cendres.

Dans un cri désespéré, Song Qingshi s’écria : « Général An ! Ne commettez pas une erreur que vous regretterez ! »

La pupille verticale rouge sang trembla légèrement. En entendant ce nom, la conscience enfouie de la créature lutta pour refaire surface. Une expression de souffrance traversa son visage, et son attaque ralentit peu à peu.

« Général An, réveillez-vous, » supplia Song Qingshi sans relâche. « Ce n’est pas votre véritable nature. »

Il offrit ce qu’il lui restait de lumière du mérite. Des éclats scintillants s’enroulèrent autour des griffes d’An Long. Une partie de la magie noire qui les recouvrait se détacha, révélant deux écailles noires luisantes d’un éclat éclatant. Il voulut encore lui transmettre plus de pouvoir de purification, pour dissiper cette apparence hideuse et permettre à l’orgueilleux dragon noir de retrouver la raison.

Mais, après mille réincarnations, il avait déjà épuisé tout le mérite accumulé. À présent, il ne lui restait plus rien…

Quand les véritables écailles du dragon apparurent, An Long cessa son attaque. Il leva les yeux vers son corps déformé et hideux, puis poussa un rugissement furieux, déchirant son propre corps avec frénésie.

Un cri clair de dragon s’éleva, transperçant les nuées, ébranlant le ciel et la terre.

Yue Wuhuan sortit de sa torpeur au son du rugissement. Voyant la scène, il saisit l’épée de mérite des mains de Song Qingshi, puis fendit l’armure souillée avec le feu du phénix, déchira les écailles épaisses, et enfonça violemment l’épée dorée dans le cœur du dragon noirci par la magie. Il en extirpa le noyau démoniaque noir.

L’épée disparut dans le noyau. Celui-ci explosa aussitôt. La puissance pure et bienveillante de l’épée émit une lumière douce et purificatrice, dissipant toute obscurité.

Le cœur noir retrouva peu à peu une teinte rouge écarlate. Le corps déformé se désagrégea lentement dans l’éclat doré. Enfin, tout se transforma en nuée sombre, qui se dissipa peu à peu dans les cieux.

Lorsque la nuée se fut totalement dispersée, elle laissa apparaître l’âme d’un général en armure noire. Son visage était droit et résolu, son esprit indomptable, son allure fière et intrépide, debout avec noblesse entre ciel et terre…

Tel était le véritable visage d’An Long.

Il adressa un sourire à Song Qingshi : « Heureusement, je n’ai pas commis la même grave erreur une troisième fois. »

Yue Wuhuan fixa cette âme familière. La douleur dans son esprit s’intensifia — il sentait qu’il était sur le point de se souvenir de quelque chose de très important.

L’âme d’An Long devenait de plus en plus pâle. Juste avant de se dissiper totalement, il tendit la main et la posa doucement sur l’épaule de Yue Wuhuan. Il regarda ces yeux perdus dans la douleur de la réincarnation, et murmura en guise d’adieu : « Reviens, mon frère. » (NT : xiongdi (兄弟), frère d’armes)

*

Le tonnerre s’affaiblit peu à peu. Les nuages noirs ne s’étaient pas encore dissipés. Le ciel restait sombre.

Yue Wuhuan regarda longuement l’endroit où An Long avait disparu, puis se laissa guider par Song Qingshi, qui le tenait par la main. Ensemble, ils montèrent à bord d’un navire magique et retournèrent au Pic Inextinguible.

La guerre faisait toujours rage, les combats ne cessaient pas.

La beauté du Pic Inextinguible avait depuis longtemps été détruite. Le sol était creusé de profondes fissures, les montagnes s’étaient effondrées, ensevelissant la terre sous des décombres. Les arbres étaient réduits en cendres, la vie massacrée, le sang coulait en rivières. Partout régnait la violence, partout s’étalait la laideur...

Song Qingshi le mena jusqu’au point culminant du Pic Inextinguible.

Un vent fétide souffla, Yue Wuhuan ferma les yeux, se couvrit le nez, peinant à respirer.

« Wuhuan, ne rejette pas cela », supplia Song Qingshi en saisissant sa main pour l’empêcher de bouger. « Ouvre les yeux, regarde bien ce monde... »

Mille trois cent cinquante cycles de réincarnation, autant d’échecs répétés.

Il ne lâcherait jamais cette main...

Touché par la détermination de Song Qingshi, Yue Wuhuan ouvrit enfin les yeux. Lentement, il étendit son esprit, le mêla à celui de milliers d’oiseaux pour les envoyer dans toutes les directions, essayant de se connecter à ce monde...

*

Au pied de la falaise du Pic Inextinguible.

Le paon doré était couvert de blessures, ses magnifiques plumes de queue entièrement détruites, son souffle faible.

« Pourquoi ? » demanda Bai Zihao, qui avait dressé une barrière de glace pour arrêter les attaques. Ses forces et son énergie spirituelle étaient épuisées, il vacillait en marchant. Il savait combien Kong Muhua tenait à ses plumes et à son apparence. Il passait son temps à se regarder dans les miroirs, et ne supportait pas d’en perdre une seule sans pleurer trois jours durant. Pourtant, pour le protéger, son corps n’était que blessures, et il ne s’était jamais plaint.

Kong Muhua répondit doucement : « Je te l’ai dit, je t’aime. »

Bai Zihao dit : « Mais je t’ai maltraité... tant et tant de fois... »

Kong Muhua sourit : « Je sais bien. Tu m’aimes. »

Les yeux de Bai Zihao s’embuèrent. Il serra les dents et dit : « Je suis désolé. »

« Ne pleure pas », murmura Kong Muhua en levant péniblement la main pour essuyer ses larmes. «Quand nous nous sommes rencontrés, tu pleurais toujours, tu étais triste, effrayé... Je n’aimais pas ça. Alors, j’ai voulu te faire rire, t’énerver, pour que tu oublies ces chagrins, que tu ne sois plus accablé... »

Il n’avait jamais aimé personne, n’avait jamais poursuivi personne. Il ignorait les règles humaines, se comportait de manière capricieuse, semait désordre et chaos.

Il allait sans doute encore se faire rejeter...

« Je ne suis plus beau, je n’ai plus de queue », dit Kong Muhua en contemplant ses plumes calcinées. Pour la première fois de sa vie, il perdit confiance en lui. Il tenta de convaincre Bai Zihao : « Je n’ai plus le droit de me chercher un partenaire. Mais toi, ne tombe pas amoureux de ce Dapeng, c’est une brute. Et n’aime pas Bi Fang, c’est un oiseau de bois sans intérêt. Attends-moi deux cents ans, le temps que mes plumes repoussent, alors je... »

Bai Zihao se pencha et l’embrassa, puis lui demanda avec sérieux : « Je n’ai pas de queue déployable pour te courtiser. Puis-je tout de même te demander de t’unir à moi ? »

Kong Muhua resta figé. Il lui fallut un long moment pour réagir, puis il s’écria avec empressement : «D’accord, je t’épouse ! »

Bai Zihao corrigea : « On devient compagnons taoïstes. »

« Mais... les robes de mariée sont si belles. J’aimerais en porter une. »

« Alors, porte-la. »

« Je peux la broder moi-même ? »

« Pourquoi es-tu soudain si plein d’énergie ? Tu es vraiment blessé ? »

« Ma queue a disparu... Mon cœur est profondément blessé... »

« Espèce de... »

« Tu me l’as promis, tu ne peux plus revenir en arrière ! »

Bai Zihao serra fortement le paon doré dans ses bras. Il n’enviait plus les divinités : lui aussi avait quelqu'un dans ce monde qui ne voulait pas le voir triste .

*

Au nord, dans le camp rebelle.

Les cultivateurs discutaient de la manière d’attaquer le Pic Inextinguible, de tuer le Seigneur divin et ses partisans.

L’Immortel Ma se moqua : « Je croyais ce Seigneur divin si pur, et voilà qu’il préfère les hommes. On dit qu’il vient de s’unir au Seigneur alchimiste. Pff, on raconte aussi que chaque année, le Pic Inextinguible verse une fortune à la Vallée de la Médecine pour leurs recherches. Peut-être que ce soi-disant Seigneur alchimiste vend son corps contre de l’or ? Je me demande à quoi il ressemble... Une fois que nous aurons pris le sommet, je me ferai un plaisir de... »

Sa gorge fut soudainement saisie. Il ne put terminer sa phrase.

Au sommet du camp des rebelles siégeait l’Immortel Cui, un démon cultivé à la personnalité instable, lunatique. On racontait qu’il avait été trahi par ses pairs des milliers d’années auparavant, perdant femme et foyer, que des démons intérieurs l’avaient rongé. Plus tard, grâce à un coup du destin, il s’était tourné vers la voie démoniaque, avait tué ses ennemis, et fondé la secte des Âmes Errantes. Son pouvoir avait atteint le stade de de la Fusion du Corps. Ennemi juré du Pic Inextinguible, il avait rejoint les rebelles comme l’une de leurs forces principales.

À présent, il avait la main autour du cou Ma, le flatteur de service, et demanda à voix basse : « Comment se fait-il que je ne sois pas au courant... que le partenaire du Seigneur divin est le Seigneur alchimiste ? Song Qingshi ? »

Ma hocha désespérément la tête.

L’Immortel Cui, furieux, lui brisa le cou : « Pourquoi ne m’a-t-on pas dit ça plus tôt ?! »

Les autres cultivateurs furent stupéfaits, sans comprendre.

« Autrefois, rongé par mes démons, sans le sou et sans espoir, c’est le Seigneur alchimiste qui m’a offert une pilule d’oubli du monde. Grâce à elle, j’ai vaincu mes démons et rebâti ma vie. Je lui dois tout. Je n’ai jamais oublié cette dette », dit Cui avec un sourire terrifiant. « Aujourd’hui, l’occasion est parfaite. Vous voulez attaquer la Vallée de la Médecine ? Tuer le Seigneur alchimiste ? Ha ! Je vais faire de vos têtes mon offrande de gratitude. »

Il déploya sa bannière d’invocation des âmes, libérant des vagues de spectres vengeurs, des cris de fantômes.

Les disciples de la secte You Hun obéirent sans attendre.

Pris de court, les autres clans furent massacrés, jetés dans un chaos total.

L’Immortel Cui riait aux éclats, détruisant sans pitié les rangs des rebelles.

Un acte de bonté autrefois offert dans l’indifférence, aujourd’hui, il le rendait au centuple.

*

Au pied de la montagne du Mont Tianwu, de jeunes épéistes se disposaient en formation, empêchant les rebelles de la cité de Lingxin d’avancer.

Le seigneur de Lingxin, homme au tempérament colérique, était rongé par l’inquiétude : sa fille bien-aimée souffrait de la maladie de la malédiction diabolisante. Grâce à l’écorce de l’arbre bodhi, il parvenait à gagner du temps, mais son impatience grandissait. Il conduisit les cultivateurs de Lingxin en direction du Pic Inextinguible, afin de rejoindre les forces qui combattaient le Seigneur divin. En voyant ces épéistes inconscients lui barrer la route, il s’écria : « Êtes-vous devenus fous ? C’est le Pic Inextinguible qui a causé cette malédiction démoniaque ! Il faut tuer le Seigneur divin pour que les symptômes disparaissent ! »

Yuwen Yu se tint droit, l’épée à la main : « Ce n’est pas le fait du Seigneur divin ! »

Le seigneur de Lingxin rugit : « Après la période des ténèbres, les démons impurs sont apparus ! Si ce n’est pas lui, alors qui donc ?! »

Yuwen Yu insista : « Ce n’est pas le fait du Seigneur divin ! »

Le seigneur de Lingxin, furieux, lança : « Espèce de garnement insensé, dégage d’ici ! »

Yuwen Yu, maladroit de nature, ne savait pas bien argumenter, mais ne recula pas d’un pas : « Ce n’est pas le fait du Seigneur divin ! »

Le seigneur de Lingxin ricana avec mépris : « Une petite secte comme le Mont Tianwu, oserait-elle défier Lingxin ? Fais venir ton aîné ! »

« Inutile d’appeler. » Yuwen Yan arriva en volant, escorté d’anciens et d’épéistes, la voix froide : «Son père est ici. »

Le seigneur de Lingxin contenait sa colère, et d’un ton arrogant déclara : « Désormais, le Pic Inextinguible est l’ennemi public numéro un du monde. Si le Mont Tianwu veut le défendre, alors je réduirai ces sept montagnes en ruines ! »

Derrière lui se tenaient des dizaines de milliers de cultivars de Lingxin. Le Mont Tianwu ne comptait qu’environ mille membres. Ce combat était une folie qui ne pouvait que conduire à leur destruction.

Yuwen Yu s’approcha de son père, la voix plaintive : « Père... »

« Nous sommes épéistes », dit Yuwen Yan en lui caressant les cheveux avec douceur, « Nos épées doivent être maniées avec une foi inébranlable, et un courage face à l’adversité. Yu’er, tu as bien agi. Si tu cherches seulement à survivre en reniant la vérité, en te soumettant à l’ennemi, alors tu ne mérites pas ton épée. »

Le visage du seigneur de Lingxin s’assombrit.

Yuwen Yan dégaina son épée et cria : « Épéistes du Mont Tianwu, dégainez ! Formez vos rangs ! »

Des milliers d’épées jaillirent de leurs fourreaux, leurs lames étincelantes dégageant une aura meurtrière.

Yuwen Yan se plaça à la tête de la formation et déclara lentement, mot à mot : « Ce n’est pas le fait du Seigneur divin ! »

Tous les épéistes résonnèrent d’une voix tonitruante, pénétrant dans les oreilles de chaque cultivateur de Lingxin : « Ce n’est pas le fait du Seigneur divin ! »

C’était la vérité à laquelle ils s’accrochaient corps et âme.

Qu’importe l’impossibilité de la tâche !

Les épéistes tirèrent leurs épées, prêts à mourir en combattant !

*

Sur l’île Xian Ling, la plupart des cultivatrices souffraient déjà de la maladie démoniaque, tenant à peine grâce à l’écorce de l’arbre bodhi.

Dame Nian portait déjà sur son corps d’innombrables taches noires entrecroisées. Assise calmement à l’ombre d’un arbre, elle regardait l’immense océan bleu, attendant la fin...

Autrefois, elle était une orpheline mendiant au bord de la route. C’est le Seigneur immortel Yan Yuan qui l’avait recueillie au sein de la secte du Dragon Rouge, prenant soin d’elle et lui enseignant divers formations et arts immortels. Plus tard, ayant perçu que sa propre vie touchait à sa fin, le Seigneur immortel Yan Yuan l’envoya sur l’île Xian Ling. Là, Dame Lingmiao, une femme douce, la consola lorsqu’elle pleurait souvent de nostalgie, lui fit apparaître des petits animaux mignons avec ses formations pour la faire sourire, louant toujours son intelligence...

Elle avait eu une vie malheureuse, née sans parents.

Elle avait eu une vie chanceuse, rencontrant tant de gens bienveillants et recevant tant de douceur.

C’est pourquoi elle voulait transmettre cette douceur, sauver des enfants tout aussi malheureux, leur offrir un nouveau bonheur.

Dame Nian regarda les taches noires sur ses mains et sanglota doucement.

Une fillette de quatre ans s’approcha, elle aussi couverte des traces de la malédiction. Elle ouvrit grand les yeux, curieuse, et demanda : « Dame Nian, que faites-vous ? »

Dame Nian essuya ses larmes et sourit : « Duoduo, que fais-tu ici ? »

Duoduo répondit avec tristesse : « Les grandes sœurs disent que Duoduo va bientôt mourir. Mais Duoduo ne comprend pas ce qu’est la mort. »

Dame Nian regarda cette enfant innocente, et ses yeux se remplirent de larmes.

Duoduo grimpa sur ses genoux : « Dame Nian, pourquoi Duoduo doit-elle mourir ? »

Dame Nian répondit doucement : « Parce que... nous devons permettre à davantage d’enfants comme Duoduo... de rester en vie. »

Duoduo réfléchit longtemps, sans bien comprendre, puis hocha la tête avec sérieux : « Alors c’est sûrement une très bonne chose. »

Dame Nian la serra fort contre elle, retenant ses larmes.

« Ne pleure pas, Duoduo n’a pas peur de mourir. »

« Je suis désolée... »

« Duoduo a menti, Duoduo a un peu peur, elle n’est pas assez courageuse. »

« Je suis désolée... »

« Duoduo veut tenir ta main. En tenant ta main, elle n’a plus peur... »

« Bien, je te tiendrai la main, nous avancerons ensemble. »

*

Pendant trois jours et trois nuits, les oiseaux survolèrent montagnes et vallées, lacs et mers, voyant maintes histoires de joies et de peines, de rencontres et de séparations...

Le son des cloches du matin et des tambours du soir, les rues animées, la diversité des vies humaines.

Yue Wuhuan vit beaucoup d’êtres ignobles, beaucoup d’ignorants trompés, mais aussi bien plus encore de personnes luttant désespérément, refusant d’abandonner ceux qu’elles aimaient. Elles s’entraidaient, s’aidaient mutuellement, vivant et mourant ensemble, inséparables.

Il vit ceux qui tenaient parole, ceux à la volonté inébranlable, ceux au cœur compatissant...

Les êtres vivants étaient plongés dans les ténèbres, cherchant ardemment la lumière.

Où se cachaient donc les véritables divinités ?

Yue Wuhuan regarda ce monde en silence.

Derrière lui, Song Qingshi, porteur de tout espoir, murmura doucement : « Wuhuan, ce monde n’est pas si terrible... »

Alors, reviens...

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

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