MISVIL - Chapitre 115 – Méchant antagoniste
La serrure des souvenirs enfermés dans l’esprit de Song Qingshi se desserra
Pendant plusieurs jours de pluie continue, des cas d'infection par une maladie de malédiction diabolisante sont apparus un peu partout dans le monde. Le monstre incarné par An Long, aidé par le maître caché, profita de la puissance du Dao céleste pour quitter le gouffre sans fin.
Peut-être que, pour inverser la trajectoire du destin devenu incontrôlable et reprendre le monde entre ses mains, il avait utilisé trop de puissance, ne pouvant plus se soucier des détails insignifiants ; ou bien, à cause de l’explosion du système, une mauvaise évaluation des points avait provoqué une réaction en chaîne, effaçant tous les échecs passés et libérant le porteur de la mission...
La serrure des souvenirs enfermés dans l’esprit de Song Qingshi se desserra.
Des milliers de souvenirs de réincarnations affluèrent, menaçant de briser son océan de conscience.
Il sombra dans un coma fiévreux.
*
La vallée de la Médecine appartient au Pic Inextinguible. Le docteur Cheng n’était pas le seul médecin à avoir péri lors de cet épisode d’infection : trois villages furent touchés par la maladie maléfique. Près du village Mohe, le chef de la secte Tianhuo, informé et impitoyable, rassembla tous les villageois de Mohe et toutes les personnes en contact avec eux, les enfermant dans le village avant de tous les exterminer, brûlant les corps afin de couper la source de la contagion.
Le village Qianhe, plus isolé, vit les moines du temple Jiuxing, au cœur compatissant, hésiter, se contentant d’isoler le village, récitant des sutras chaque jour, enseignant les principes de la vie et de la mort, encourageant à accepter le destin et à bien préparer les funérailles. La majorité des villageois acceptèrent la réalité, croyant que mourir de la maladie les mènerait au paradis pur. Cependant, une minorité, ne se croyant pas infectée, ne crut pas ces paroles : avec leurs familles, ils franchirent les montagnes, évitant les points de contrôle, s’échappant discrètement par des sentiers étroits, cachant leur identité pour se rendre dans d’autres villages ou villes.
La situation la plus grave se trouvait à TongyangCheng, située dans le Nanling, où Huang Abao avait vécu. Personne ne savait alors ce qu’était la maladie maléfique. En chemin, les habitants des villages et des villes, voyant cette fille et son père pauvres et malades, avaient souvent tendu la main, donnant des repas ou un peu d’aide.
La clinique du roi Médecin était la meilleure dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres, fréquentée par beaucoup de médecins, apprentis, garçons cueilleurs de plantes... Bien que le docteur Cheng ait envoyé un rapport d’urgence et des informations, Luo, le seigneur de TongyangCheng, était têtu et égoïste, il persista à cultiver dans sa retraite pour renforcer son noyau primordial, refusant de croire à cette maladie absurde.
Bientôt, des faibles parmi les mortels tombèrent malades, devenant fous et tuant leurs proches ; ensuite, ce furent des mortels en bonne santé, des cultivateurs ordinaires, et finalement même la concubine du seigneur de la ville Luo montra des taches noires sur son corps...
TongyangCheng sombra dans la panique et les habitants s’enfuirent en masse.
Lorsque le seigneur de la ville Luo comprit et sortit de sa retraite pour tenter de contrôler la situation, mais il était déjà trop tard : la ville était en plein chaos, des tragédies éclataient partout. Ils détestaient Huang Abao, détestaient la clinique du roi médecin, détestaient leur propre malchance. Chacun voulait frapper le premier, tuer les étrangers, tuer les malades suspects, pour éviter d’être attaqué par les infectés.
La bonté fut vomie, la morale jetée aux oubliettes, l’éthique disparut : chacun se transforma en bête sauvage, regardant avec méfiance chaque personne autour de lui, même ses proches.
En un instant, toute la région du Nanling devint un véritable enfer sur terre.
Après avoir reçu les rapports du docteur Cheng et d’autres régions, la vallée de la Médecine envoya des centaines d’oiseaux transmetteurs pour informer le Pic Inextinguible et les différentes sectes.
Le Pic Inextinguible ordonna rapidement de bloquer les voies de communication du Nanling.
Les villes et sectes encore épargnées fermèrent immédiatement leurs portes, interdisant toute entrée ou sortie.
La porte Tianwu, située à la frontière entre le continent Zhongzhou et le Nanling, avait souffert de la dernière vague démoniaque qui avait affaibli son énergie primordiale. De plus, de nombreuses personnes avaient obtenu des opportunités dans la formation de Mo Yuan, tous étaient en retraite fermée, ne quittant pas la secte.
Après avoir reçu la nouvelle, Yuwen Yan remercia d’abord ses ancêtres, puis le seigneur divin, avant de rassembler les anciens pour rouvrir le grand dispositif de protection de la montagne, bloquant entièrement Tianwu, montant personnellement la garde et interdisant toute entrée ou sortie.
L’île de Xian Ling était une secte directement rattachée au Pic Inextinguible, située sur la voie principale entre le Nanling et Zhongzhou.
C’était la secte la plus puissante dans le monde des immortels, majoritairement composée de cultivatrices...
Quelques jours auparavant, un enfant de six ans fut rejeté par la mer sur la rive, tenant un tonneau en bois. Les cultivatrices de l’île de Xian Ling le recueillirent et le soignèrent avec attention. Quand l’enfant se réveilla, il raconta en sanglots qu’il venait de TongyangCheng, que son père avait soudainement décidé d’emmener sa famille en bateau pour une sortie, qu’en chemin le père était tombé malade, tuant sa mère et sa sœur avant d’essayer de le tuer lui aussi, et que sa sœur, de ses dernières forces, l’avait jeté avec le tonneau dans la mer...
L’enfant pleurait, demandant sa mère, tandis qu’une légère marque noire apparut sur son bras.
Il était trop tard pour l’île de Xian Ling…
Dame Nian posa la lettre envoyée par Buwu Zhidian, prit une coupe de médecine sur la table, la souffla doucement pour la refroidir, puis la fit boire à l’enfant, souriant : “Ne pleure pas, tu es le plus courageux des enfants, tu verras ta mère.”
Son sourire était doux, comme celui d’une mère.
L’enfant arrêta enfin de pleurer, avala le médicament, puis demanda : “Est-ce que je pourrai vraiment revoir ma mère ?”
Dame Nian lui donna un bonbon, le berçant jusqu’à ce qu’il s’endorme : “Ne crains rien, dans quelques jours, je t’emmènerai.”
Elle remonta sa manche, et sur son poignet blanc apparaissaient également de légères marques noires. La maladie maléfique ne laissait aucune trace visible et ne pouvait être combattue par la cultivation ou la force spirituelle.
Sur l’île Xian Ling, beaucoup de femmes et d’enfants à la constitution fragile présentaient des symptômes. La seule consolation était qu’aucun d’eux n’était sorti de l’île récemment.
Les cultivatrices responsables de la contamination s’agenouillèrent devant la porte, elles aussi atteintes par la maladie. Il ne servait plus à rien de s'excuser, elles ne souhaitaient qu’une chose : mourir.
“Levez-vous, vous n’avez pas le droit de pleurer !” Dame Nian releva fièrement la tête, redressa son dos et déclara d’une voix forte : “Secourir les enfants en détresse est la règle de l’île Xian Ling. Vous avez suivi cette foi, en quoi est-ce faux?! Levez-vous toutes ! Xian Ling est une place stratégique: même si nous devons mourir, ce sera une mort digne ! Diffusez mes ordres : activez le dispositif Verrou céleste, prison terrestre, bloquez Xian Ling, les mers et les routes, n’autorisez personne à partir. Si nous ne trouvons pas de remède à la maladie maléfique, nous serons la dernière ligne de défense de Zhongzhou, empêchant la maladie de se répandre vers Nanling et Xian Ling !”
“La maladie commence par des taches noires, qui se répandent peu à peu, menant au coma, puis à la transformation en démon.”
“Si une camarade sombre dans le coma, tuez-la à l’épée avant qu’elle ne soit complètement transformée !”
“Peu importe l’identité, les liens, l’âge ou le rang ! Agissez immédiatement !”
“Je ne ferai pas d’exception !”
“...”
Parmi les cultivatrices de l’île Xian Ling, beaucoup étaient orphelines ou avaient été sauvées de maltraitances. Dame Nian les avait élevées avec soin, leur enseignant l’art de l’immortalité et les formations magiques. Elles la considéraient comme une mère, elles se considéraient comme des sœurs, leur attachement était profond. Cet ordre cruel les fit éclater en sanglots.
“Soyez courageuses, n’ayez pas peur. N’avez-vous pas toujours dit qu’il fallait vous battre pour ne pas perdre face aux cultivateurs masculins qui méprisent les femmes ?” Dame Nian sortit un mouchoir pour essuyer les larmes une par une, souriant avec des yeux embués de larmes : “Aujourd’hui, nous ne céderons rien aux hommes, montrons au monde la puissance des cultivatrices.”
Sur l’île Xian Ling, 1823 vies défendirent farouchement Zhongzhou.
*
Dans la vallée de la Médecine, les médecins recevaient des dossiers médicaux un à un, chacun représentant la vie d’un ou plusieurs médecins : le docteur Chen, colérique et singulier, le grincheux docteur He, le docteur novice Cheng,, le docteur Zhao, doux et bienveillant, le brillant docteur Tian, le docteur Xu, souvent négligent, la doctoresse Lan, belle et intelligente...
Chaque nom figurait dans le registre des apprentis de la vallée de la Médecine, chacun étant une fierté née de cette vallée.
Certaines données étaient rigoureusement rédigées, d’autres lourdes de sens ; derrière ces chiffres froids et monotones, perçaient des gouttes de sang et de larmes, et cette liste douloureuse ne cessait de s’allonger.
Les gens de la vallée de la Médecine n’avaient pas le temps d’être attristé, ils suivaient les enseignements de leur maître : ils ne renonceraient jamais.
Les meilleurs médecins se regroupèrent, travaillant jour et nuit à l’élaboration d’un traitement. Trois médecins âgés, volontaires, devinrent des cobayes, partant vers le Sud des Monts pour expérimenter sur eux-mêmes afin de déterminer la voie de contagion de la maladie démoniaque.
Les mauvaises nouvelles s’enchaînèrent…
La maladie démoniaque n’était contagieuse ni par le contact, ni par la salive, ni par la poussière… Sa transmission était invisible, insaisissable, semblable à une présence naturelle dans ce monde. Dès qu’un patient infecté se trouvait à proximité, la contamination survenait de manière aléatoire, le déclenchement pouvait être rapide ou tardif. Les patients aux premiers stades de la maladie n’étaient pas en mesure de dire s’ils avaient été infectés.
Toutes les méthodes de prévention et de traitement échouèrent.
On découvrit cependant que l’écorce de l’arbre Bodhi et la fleur de Borah pouvaient ralentir la progression de la démonisation de quelques jours. Ces deux plantes étaient communes dans le royaume immortel et faciles à trouver. Dès que la nouvelle se répandit, on dépeça immédiatement ces arbres et cueillit ces fleurs.
Les médecins de la vallée de la Médecine poursuivaient leurs efforts, testant sans cesse de nouvelles pistes.
Ils espéraient que le vénérable Roi médecin se réveillerait rapidement pour les guider hors de cette impasse.
*
La peur extrême et le chaos absolu régnaient.
Partout dans le royaume immortel, la méfiance grandissait, toujours plus virulente.
On affirmait que ce fléau avait été provoqué par un démon impur, et que la source de ce mal était le Seigneur Divin qui se trouvait sur le trône du Pic Inextinguible ; il était cruel et impitoyable, avait tué d’innombrables innocents pendant l’ère des ténèbres, leur infligeant des supplices atroces. Ce désastre était un châtiment céleste pour les mortels.
« Il suffit de tuer le Seigneur Divin du Pic Inextinguible, d’apaiser la colère du Ciel, et la maladie démoniaque sera guérie. »
Au début, ce n’était qu’une rumeur absurde…
Mais dans le désespoir, la rumeur enfla, gagnant de plus en plus d’adeptes. De nombreuses sectes mécontentes du pouvoir du Pic Inextinguible saisirent l’opportunité pour s’allier, recrutant une armée sous la bannière de la lutte contre les démons, cherchant à renverser la tyrannie du Pic Inextinguible et à tuer ce Seigneur Divin maléfique. Ils cherchaient aussi davantage de soutiens, n’hésitant pas à inventer des mensonges, faisant passer des imposteurs pour des herboristes de la vallée de la Médecine. Ils prétendaient avec une fausse autorité que le vénérable Roi médecin était l’amant du Seigneur Divin, que ses années de retraite servaient à développer d’horribles poisons, faisant de lui le véritable responsable de la maladie démoniaque.
Plus les mensonges se multipliaient, plus les croyants étaient nombreux.
La guerre éclata partout, le monde sombra dans le chaos…
Au sommet du Pic Inextinguible, le sourire de Yue Wuhuan devenait de plus en plus moqueur.
Il envoyait ses innombrables oiseaux créés par son esprit divin parcourir les cieux, observant la laideur des mortels, les voyant, sous la manipulation du destin, nourrir des pensées perverties, voulant s’en prendre au Pic Inextinguible, à lui-même, à Song Qingshi.
Beaucoup de choses concordaient avec les souvenirs d’encre de de Mo Yuan dans son esprit. La colère brûlait dans son cœur, cette fois il ne ferait plus le moindre geste d’héroïsme dérisoire.
Un méchant antagoniste du Pic Inextinguible?
Alors que la montagne de cadavres et la mer de sang reviennent à nouveau sur eux, que le monde voie ce qu’était le véritable mal !
Traduction: Darkia1030
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