KOD -Chapitre Chapitre 57 – Le chapeau noir

 

Haut-de-forme

 

Après avoir informé le maire de la découverte du corps de l’enfant, tous trois se rendirent une nouvelle fois à l’usine de conserves.

Cependant, lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit où le corps avait été trouvé la veille, Lin Qiushi remarqua que l’endroit où le corps aurait dû se situer était désormais vide, ne laissant que le tronc d’arbre creusé comme preuve que les événements d’hier n’étaient pas un hallucination, mais avaient réellement eu lieu.

Constatant cela, Ruan Nanzhu fronça légèrement les sourcils, prêt à s’expliquer, mais le maire, comme s’il s’y attendait déjà, soupira et avoua : « En fait, nous ne les retrouvons généralement pas… » Ils étaient incapables de retrouver les enfants ou les corps ; les enfants disparaissaient simplement de la ville et ne réapparaissaient jamais, donc même si un corps disparaissait, ce n’était pas surprenant, surtout qu’une nuit avait passé depuis hier.

Ruan Nanzhu fixa pensivement le tronc d’arbre.

Plus tard, le maire s’en alla, mais Ruan Nanzhu ne montrait toujours pas l’intention de partir. Lin Qiushi savait qu’il voulait vérifier l’intérieur de l’usine de conserves une fois de plus et resta tranquillement à côté à attendre.

« Tu crois que ce Spectre élancé a soudain changé de comportement, pourquoi ? » dit Ruan Nanzhu. « Est-ce qu’il est vraiment devenu plus fort ? »

Lin Qiushi secoua la tête pour indiquer qu’il ne pouvait pas en être sûr.

« Allons voir à l’intérieur. »

Ruan Nanzhu et Lin Qiushi entrèrent dans l’usine de conserves par une porte latérale.

L’usine était fermée depuis longtemps.

Toutes les machines étaient couvertes de rouille. Lin Qiushi vérifia et confirma que l’électricité était coupée ; ni les machines ni l’éclairage ne pouvaient fonctionner.

Le regard de Ruan Nanzhu s’attarda sur les machines de mise en conserve. Lin Qiushi suivit son regard mais ne vit rien. Cependant, il sentit que Ruan Nanzhu avait remarqué un détail. Ruan Nanzhu s’avança vers les machines et dit : « Ces machines ont été utilisées il y a quelques jours seulement. »

Lin Qiushi : « …Tu es sûr ? Mais il y a de la rouille dessus. »

Ruan Nanzhu : « Je ne sais pas comment elles ont été utilisées. » Il regarda autour de lui et dit : « Ça donne vraiment un sentiment désagréable. »

C’était en effet perturbant. Dès qu’il entra, Lin Qiushi eut l’impression que quelqu’un le regardait, mais il ne pouvait pas identifier la source du regard.

Ruan Nanzhu sembla se souvenir de quelque chose : « Cet homme au chapeau, que crois tu qu’il va lui arriver ? »

Lin Qiushi : « Peut-être qu’il va disparaître ? Ou peut-être mourir ? »

Ruan Nanzhu sourit simplement et ne répondit pas.

À ce moment-là, Lin Qiushi pensa qu’il souriait juste pour plaisanter, mais lorsqu’il repensa l’homme au chapeau cet après-midi-là, il comprit enfin pourquoi Ruan Nanzhu avait souri.

*

L’homme portant le haut-de-forme noir avait commencé à changer d’une manière très étrange.

Ses bras et ses jambes devinrent fins et longs, sa taille augmenta, et bien que ses traits du visage restaient similaires, ils devinrent très flous, presque impossibles à distinguer clairement.

Pour quelqu’un qui n’avait pas les indices, cette scène aurait pu sembler simplement étrange et terrifiante, mais Lin Qiushi et Ruan Nanzhu comprenaient parfaitement ce que signifiait la transformation de l’homme : son corps se transformait en celui du Spectre élancé.

Ses bras et ses jambes devinrent souples et longs comme des serpents, son corps grandit encore et encore, son visage devint complètement blanc, tous ses traits semblant être incrustés dans la peau.

Cette transformation s’était produite en une seule journée, ce qui était vraiment effrayant.

Lin Qiushi vit la scène et détourna silencieusement le regard.

À sa surprise, Ruan Nanzhu se leva soudain, s’essuya la bouche avec un mouchoir et se dirigea directement vers l’homme au chapeau.

L’homme ne parla pas mais leva ses yeux à peine visibles pour le regarder.

Le geste suivant de Ruan Nanzhu effraya Lin Qiushi. Il sourit, saisit soudainement le haut-de-forme noir et le tira avec force —

« Ah !!! » Un cri aigu sortit de la bouche de l’homme. Lin Qiushi resta bouche bée. Il douta même de ce qu’il voyait. Le chapeau semblait être fusionné avec la chair de l’homme, et le geste de Ruan Nanzhu consistait en fait à arracher un organe sur la tête de l’homme, d’où le cri si déchirant.

L’homme sembla ressentir une douleur extrême, ses yeux exprimant la colère.

Ruan Nanzhu lâcha calmement le chapeau et s’excusa : « Désolé, je trouvais juste que ton chapeau était tellement beau que je n’ai pas pu m’empêcher de le regarder de plus près. »

La colère de l’homme s’apaisa après le compliment. Il murmura : « Je… le trouve… beau aussi. »

Ruan Nanzhu se tourna alors et s’éloigna.

Les autres dans la salle à manger virent la scène et se libérèrent enfin de leur état d’étonnement, réalisant que l’homme au chapeau n’était pas normal. Leurs regards étaient désormais remplis de peur.

L’homme mangea puis quitta la salle à manger. Les gens regardèrent son dos et chuchotèrent entre eux.

« Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Qu’est-ce qui se passe avec lui ? Comment a-t-il pu devenir comme ça… »

« Pourquoi personne n’a remarqué qu’il était anormal jusqu’à maintenant… est-il en train de se transformer en monstre… »

« C’est terrifiant, il n’y a aucun moyen de se protéger. »

De tels commentaires étaient innombrables, mais Lin Qiushi et Ruan Nanzhu restaient calmes.

Lin Qiushi tapa à Ruan Nanzhu : On y va voir ?

Ruan Nanzhu réfléchit un instant : « Tu attends ici, je vais aller voir. »

Lin Qiushi : Allons-y ensemble.

Ruan Nanzhu pinça le visage de Lin Qiushi : « Je t’ai dit d’attendre ici, alors attends, petite muette obéissante. »

Ruan Nanzhu était ferme, et Lin Qiushi ne put que hocher la tête en signe d’accord.

Ruan Nanzhu se leva et sortit, probablement pour suivre la trace de l’homme.

Lin Qiushi, n’ayant plus d’appétit, se leva pour retourner dans sa chambre, mais en arrivant à la porte, quelqu’un attrapa son bras. Lin Qiushi se retourna et vit Wang Tianxin.

Wang Tianxin plissa les yeux en le regardant, son regard était très mauvais : « Oh, petite muette, ton ami n’est pas là, hein ? »

Lin Qiushi garda un visage froid. Il observa la salle à manger en réfléchissant à comment il pourrait se sortir de cette situation, et s’il devait frapper Wang Tianxin ici.

Heureusement, il n’eut pas à trouver de solution : Wang Tianxin, conscient de la situation, tira Lin Qiushi vers un coin de la pièce.

Lin Qiushi fit semblant d’être impuissant, se laissant tirer tout en affichant une expression de peur.

« N’aie pas peur, c’est très amusant, ce genre de choses. » Wang Tianxin sourit de manière extrêmement malveillante. Voir Lin Qiushi effrayé le stimulait davantage.

Après tout, la personne devant lui ne parlait pas ; peu importe ce qu’il ferait…

Des mots extrêmement vulgaires sortirent de sa bouche. « Il t’a déjà eue, hein ? » dit Wang Tianxin. « Je te garantis que je suis meilleur que lui… »

Lin Qiushi regarda autour de lui, et une fois certain qu’il n’y avait personne, il adressa un sourire à Wang Tianxin.

Wang Tianxin crut qu’il avait accepté. Il s’apprêtait à retirer la veste de Lin Qiushi, lorsque la petite muette devant lui, avec ses lèvres fines, dit d’une voix ferme : « Pas question. Je vais te tuer. »

Cette voix appartenait à un homme. Wang Tianxin fut figé sur place à l’instant où il l’entendit.

Mais cette stupeur ne dura qu’un instant, car il se rendit vite compte qu’il n’était pas de taille face à la personne en face de lui.

Lin Qiushi ne se battait pas souvent, mais étant un homme adulte, il fit tomber Wang Tianxin facilement, qui était vidé par l’alcool et le désir.

Wang Tianxin se retrouva à terre, tout tremblant, écrasé par le pied de Lin Qiushi.

Lin Qiushi dit : « Tu disais que tu étais meilleur que lui ? C’est ça ? Imbécile, relève-toi ! »

Wang Tianxin faillit pleurer. Jusqu’ici, il pensait que Lin Qiushi était faible et sans défense, mais il découvrait maintenant que la personne qui semblait faible et sans défense était en réalité lui-même. Il n’était absolument pas de taille face à cette muette… enfin, ce travesti !

Wang Tianxin supplia : « Désolé, désolé, je me suis trompé… Frère, je me suis trompé ! » Il implorait sans cesse, le visage rempli de supplication.

Lin Qiushi : « Qui est ton frère, Wang Tianxin ? Écoute-moi bien : si tu oses encore me harceler ou raconter ce qui s’est passé aujourd’hui, je te tuerai. » Il se pencha près de l’oreille de Wang Tianxin et dit froidement : « Ici, tuer quelqu’un n’est même pas illégal. »

Wang Tianxin frissonna et hocha vigoureusement la tête pour montrer qu’il avait compris.

Lin Qiushi expira, remit de l’ordre dans ses vêtements et redevint, quelques instants plus tard, la petite muette fragile et pitoyable.

Il lança un regard à Wang Tianxin et se détourna pour partir.

Wang Tianxin le regarda s’éloigner, complètement hébété.

Quand Lin Qiushi revint à la salle à manger, Ruan Nanzhu était déjà revenu. En le voyant entrer, il demanda : « Où étais-tu ? »

Lin Qiushi tapa : Ce Wang Tianxin a essayé de profiter de moi, je l’ai tabassé.

Ruan Nanzhu sourit légèrement en lisant le message : « Impressionnant. »

Les autres le regardèrent avec un mélange d’émotions, on ne savait pas si leur pensée venait de l’état légèrement désordonné des vêtements de Lin Qiushi.

Heureusement, quelqu’un dans le groupe, inquiet, s’approcha avec précaution et informa Ruan Nanzhu que Lin Qiushi avait été emmené par quelqu’un.

Ruan Nanzhu, ce bâtard, probablement pris par son rôle de protecteur, frappa sur la table et s’exclama : « Ma protégée, il ose la toucher ! » Il se leva furieux et partit. Peu de temps après, les hurlements de Wang Tianxin se firent entendre dehors, accompagnés de supplications désespérées.

Lin Qiushi but une gorgée d’eau et fit comme s’il n’avait rien entendu. Ce type indiscipliné méritait bien d’être remis à sa place.

L’homme au chapeau, sorti plus tôt, avait totalement disparu, sans laisser de trace dans la ville, probablement pour sa mort prochaine.

Lin Qiushi s’y attendait déjà et n’en fut pas surpris. Cependant, à la tombée de la nuit de ce jour-là, il fit une étrange rencontre.

Ruan Nanzhu prenait sa douche et Lin Qiushi se tenait près de la fenêtre, regardant la forêt et le brouillard dense dehors.

La nuit venait à peine de tomber, la lumière était faible, et la forêt enveloppée de brume rendait la vision difficile.

Au fond du brouillard, Lin Qiushi aperçut une silhouette immense.

Elle avait au moins la taille de deux hommes, se tenant immobile dans la forêt clairsemée, semblant observer la direction où se trouvait Lin Qiushi. Ses bras et jambes n’avaient pas des proportions humaines mais ressemblaient à des membres effrayants et longs comme ceux d’une araignée. La silhouette entière paraissait grande et maigre, semblant presque être un arbre mort.

Lin Qiushi voulut détourner le regard, mais la silhouette fit un nouveau mouvement.

Elle s’approcha lentement de la fenêtre, pas à pas, visant exactement l’endroit où se trouvait Lin Qiushi.

Alarmé, Lin Qiushi voulut tirer le rideau, mais à leur contact, il sentit que leur texture n’était pas celle des rideaux de l’auberge.

Surpris, il se retourna et découvrit que la scène attendue de l’auberge avait été remplacée par un autre lieu : sa maison.

Le même salon, la même décoration, le même chat.

Lizi se tenait au centre du salon, miaulant vers Lin Qiushi.

Cette scène, censée être réconfortante, glaça Lin Qiushi. Sur le canapé, une personne identique à lui gisait. Même à distance, il pouvait dire que cette personne était morte.

Cette personne, identique à lui, était morte depuis longtemps. Le temps avait fait gonfler sa peau et du liquide vert s’échappait de tout son corps. Lizi sauta sur le cadavre, frottant et miaulant, essayant de réveiller son maître.

Mais un mort ne peut pas se réveiller. Lizi commença alors à mordre le visage du cadavre, tentant de le réveiller par la douleur, mais elle mordit si fort qu’elle fit un trou jusqu’à l’os.

Lin Qiushi comprit immédiatement : c’était l’incarnation de sa peur la plus profonde.

Il avait peur de la mort, et surtout qu’elle passe inaperçue même à la maison.

Peut-être qu’une semaine, peut-être un mois, s’écoulerait avant que les voisins ne sentent la pourriture et découvrent son corps.

Voir son propre cadavre dévoré par un chat n’était pas agréable, mais Lin Qiushi réussit à se détacher mentalement de la scène. Il se rappela que les créatures comme le Spectre élancé exploitaient les peurs humaines.

Elles savaient ce que les humains craignaient le plus : ce n’était pas le monstre lui-même, mais ce qu’il représentait… la mort.

Il est rare que quelqu’un n’aie pas peur de mourir, et Lin Qiushi n’y échappait pas.

Mais cette scène derrière lui ne pouvait pas atteindre sa peur la plus profonde. Il se retourna vers l’ombre debout dehors et dit calmement : « Désolé, je devrais peut-être te dire que j’ai déménagé. »

L’ombre s’arrêta.

Lin Qiushi ajouta : « Maintenant, j’ai beaucoup d’amis autour de moi. Si je meurs, ils le remarqueront. » Après réflexion, il ajouta : « Peut-être qu’en appelant le 120, ils pourraient me sauver. »

L’ombre resta immobile devant lui, son visage sans traits, à travers le brouillard, donnant l’impression d’un regard fixe sur Lin Qiushi.

« Donc je n’ai pas vraiment peur. » Il parlait calmement, pas pour se rassurer : « Sinon, change de cible. »

« Ploc. » Quelque chose tomba de la cime d’un arbre. Lin Qiushi fixa l’endroit et vit un haut-de-forme noir.

En voyant le chapeau, il pensa immédiatement à la personne de son groupe qui portait ce chapeau… Apparemment, ce dernier avait peu de chances de survivre.

L’ombre se pencha lentement et ramassa le haut-de-forme.

Lin Qiushi pensait qu’il allait simplement se retourner et partir, mais à sa grande surprise, il se pencha légèrement, tenant le haut-de-forme dans sa main — un salut à la manière d’un gentleman. Ensuite, il se retourna et disparut dans la brume.

Lin Qiushi resta figé, regardant son dos, l’air hébété. Jusqu’à ce qu’une paire de mains se pose sur ses épaules. Surpris, il sursauta et se retourna pour voir Ruan Nanzhu.

« Tu regardes quoi ? » demanda Ruan Nanzhu.

Lin Qiushi désigna les bois devant lui : « Je viens de voir cette chose. »

Ruan Nanzhu haussa un sourcil : « Le Spectre élancé ? »

Lin Qiushi acquiesça : « J’ai vu une des illusions qu’il crée. »

Ruan Nanzhu demanda : « Quelle illusion ? »

Lin Qiushi répondit : « J’étais mort chez moi, et mon visage était rongé par un chat. » Son ton était neutre, comme s’il racontait une histoire sans lien avec lui. « Maintenant que j’y repense, Lizi m’ignore tellement, je me demande si elle aurait… »

Ruan Nanzhu resta silencieux, désespéré devant l’attachement de Lin Qiushi pour son chat.

Quoi qu’il en soit, Lin Qiushi n’avait pas été trompé par cette chose. Il supposait que si cela s’était produit, il serait devenu le prochain à porter le haut-de-forme.

« Nanzhu, qu’est-ce qui te fait le plus peur ? » demanda Lin Qiushi.

Ruan Nanzhu répondit : « Je n’ai peur de rien. »

Lin Qiushi : « Vraiment ? »

Ruan Nanzhu sourit, enroulant ses doigts dans les cheveux noirs de Lin Qiushi et les caressant doucement. D’une voix basse et grave, il ajouta : « Vraiment. Comme toi. » Son ton était assuré, loin de toute prétention.

Lin Qiushi le crut alors.

« Dès la première porte, je l’ai remarqué. » poursuivit Ruan Nanzhu. « Lin Qiushi, tu es… vraiment fait pour cet endroit. »

Lin Qiushi haussa un sourcil : « Que veux-tu dire ? »

Ruan Nanzhu : « Au sens littéral, tu t’adaptes très bien. » Mieux même que nécessaire. Dès la première entrée dans ce monde, Ruan Nanzhu avait compris que Lin Qiushi était parfaitement en phase avec cet endroit — la probabilité de trouver quelqu'un comme lui était très faible.

Ruan Nanzhu pensa distraitement qu’il avait été chanceux.

La nuit passa ainsi, calme et silencieuse, sans vent ni pluie.

Le lendemain, seulement onze personnes apparurent dans la salle à manger — en une seule nuit, deux autres avaient disparu.

Les deux disparus étaient des filles. Il semblait qu’elles allaient bien avant de dormir, mais au réveil, elles avaient disparu.

Les autres occupants de la chambre rapportèrent que quelqu’un était venu dans leur chambre et avait ouvert la fenêtre donnant sur les bois.

« Elle a sûrement été emportée par cette chose. » dit quelqu’un. « Elle a peu de chances de survie.»

Les autres ne dirent rien, mais pensaient la même chose.

Lin Qiushi pensa à l’ombre qu’il avait vue à la fenêtre la nuit précédente. Il ne voulait pas imaginer ce qui se serait passé s’il n’avait pas résisté à l’illusion. Aurait-il disparu lui aussi, comme ces filles, dans la nuit silencieuse ?

Avant même qu’il puisse trouver une réponse, une découverte encore pire les attendait : un autre enfant avait disparu.

« Il n’y a que huit enfants en ville. » dit Ruan Nanzhu. « Je pense que les disparitions dans notre équipe ont un lien avec ces enfants. »

Lin Qiushi partageait cette opinion : « Allons visiter les enfants restants, peut-être trouverons-nous des indices ? »

Ruan Nanzhu : « Je veux vérifier à nouveau l’usine de conserves. » Après un bref échange de regards, ils trouvèrent un accord : « On se sépare ? »

Ruan Nanzhu : « Oui, mais tu ne pourras pas parler, ce sera moins pratique. »

Lin Qiushi ne voyait pas de problème : « J’ai mon téléphone. »

Ruan Nanzhu : « Très bien. Si on ne trouve rien, on revient au restaurant et on se retrouve là-bas. »

Lin Qiushi acquiesça.

Ils se séparèrent alors dans la rue pour rejoindre leurs destinations respectives.

Lin Qiushi se rendit dans une vieille épicerie de la ville. Selon les rumeurs, le fils du propriétaire, un garçon de sept ans, s’y trouvait. Après que Lin Qiushi ait expliqué l’objectif de sa visite, le propriétaire se montra réticent.

« Mon fils ne rencontre pas d’inconnus en ce moment. » dit-il. « Je ne sais pas si vous pouvez garantir sa sécurité. »

Lin Qiushi le persuada patiemment : « Je comprends votre inquiétude, mais cette chose devient de plus en plus puissante. Si nous ne découvrons pas son repaire et ne l’éliminons pas rapidement, votre fils pourrait être le prochain disparu. Les autres enfants disparaissent même chez eux. »

Le propriétaire, en lisant cela, sembla un peu moins réticent.

Après de longues discussions, le propriétaire accepta enfin que Lin Qiushi parle à son fils, mais pas trop longtemps.

Soulagé, Lin Qiushi entra et vit un petit garçon assis sur le canapé, la tête baissée, jouant à un jeu.

Lin Qiushi s’avança et salua le garçon via son téléphone.

Le garçon le regarda à peine et répondit de manière évasive à toutes les questions de Lin Qiushi, jusqu’à ce que ce dernier mentionne le chapeau.

« Le chapeau… tu parles de ce haut-de-forme noir ? » L’expression du garçon se fit soudainement terrifiée. Il sembla se souvenir de quelque chose et avala bruyamment sa salive. « Je crois que je l’ai déjà vu… »

Les yeux de Lin Qiushi s’illuminèrent : « Tu l’as déjà vu ? »

Le garçon regarda avec horreur en direction de l’escalier.

Selon le propriétaire, la maison avait deux étages : le rez-de-chaussée pour l’épicerie, et le premier pour l’habitation. La chambre du garçon se trouvait au premier étage.

« Je l’ai déjà vu… » avoua le garçon en tremblant. La phrase était hachée, incohérente, mais Lin Qiushi comprit : il y avait une dizaine de jours, un haut-de-forme noir était apparu dans le coin de l’étage. Personne n’y prêta attention, et il resta là, sans que personne ne s’en occupe.

Lin Qiushi : Le haut-de-forme est à l’étage ? Peux-tu me montrer ?

Le garçon hésita un instant puis acquiesça.

Ils montèrent ensemble, et bientôt ils virent le haut-de-forme noir dans un coin du deuxième étage, exactement comme l’avait décrit le garçon.

Au moment où Lin Qiushi le vit, il sentit que quelque chose n’allait pas. Il s’arrêta, l’air méfiant : « Tu veux dire que ce chapeau était déjà là il y a dix jours ? À part ce chapeau, tu n’as rien remarqué d’anormal ? » Il ne croyait pas que l’ombre mince et longue pouvait attendre patiemment pendant dix jours chez ce garçon.

Le garçon s’arrêta aussi, impassible, et se tourna vers Lin Qiushi.

Lin Qiushi fut effrayé par son expression et s’apprêtait à parler, quand le garçon inclina la tête… qui tomba directement au sol.

Même si Lin Qiushi avait déjà vu plusieurs scènes étranges, il fut pris de court, retenant son souffle. La tête roula jusqu’en bas de l’escalier. En regardant de nouveau le haut-de-forme, Lin Qiushi vit une main pâle en sortir.

La main pâle s’allongea comme si elle cherchait quelque chose, jusqu’à repérer Lin Qiushi, et se précipita vers lui.

Lin Qiushi se retourna et courut de toutes ses forces, presque attrapé par la main. Il descendit l’escalier et vit la tête rouler devant lui, se redresser, et lui sourire largement.

Lin Qiushi : …Es tu fou ? Tu a perdu ta tête et tu souris encore, tu n’as pas de cerveau ou quoi ?



Traducteur: Darkia1030