Indice
Ensuite, ils allèrent chez deux autres familles dont les enfants avaient disparu.
Après une série de questions, ils découvrirent rapidement le point commun entre ces trois enfants : avant leur disparition, tous avaient affirmé qu’ils étaient suivis, même si les parents n’avaient pas pris leurs paroles au sérieux.
La mère de l’un des enfants disparus pleura à chaudes larmes et s’exclama, pleine de remords : « Je le regrette tellement… Si, à ce moment-là, j’avais cru ses paroles, elle ne serait pas portée disparue. Tout est de ma faute, tout est de ma faute… Je ne suis pas une mère compétente… »
Ruan Nanzhu la réconforta doucement puis dit : « Puis-je vous demander si vous avez le moindre indice concernant sa disparition ? Si vous en avez, pourriez-vous nous le dire ? Peut-être pourrons-nous, grâce à cela, retrouver votre enfant plus tôt. »
En entendant ces mots, la mère resta silencieuse un instant, puis dit à voix basse : « Des indices… Il y a une rumeur selon laquelle, en périphérie de notre ville, se cache un monstre… Bien sûr, ce ne sont que des rumeurs, personne ne l’a jamais rencontré en personne. »
Ruan Nanzhu : « Un monstre ? Quel genre de monstre ? »
« Je ne sais pas. » dit la mère. « Nous ne savons pas non plus à quoi ressemble ce monstre. Mais il se dit que cette chose aurait une silhouette très grande… »
C’était là tout ce que cette mère savait.
Cependant, grâce aux questions de Ruan Nanzhu, ils apprirent aussi que cet enfant aimait beaucoup aller jouer près de l’usine de conserves. Bien que ses parents le lui aient interdit à de nombreuses reprises, elle s’y rendait souvent en cachette. Et l’endroit de sa disparition semblait justement être cette usine de conserves déjà condamnée…
Il semblait bien que l’usine de conserves soit un lieu important.
Lin Qiushi et Ruan Nanzhu tombèrent d’accord : ils allaient manger quelque chose de simple à midi et, dans l’après-midi, iraient voir l’usine.
Le repas avait toujours un goût désagréable : plusieurs plats étaient préparés avec du poisson, et une forte odeur de poisson flottait dans l’air. Au centre de la table se trouvaient quelques boîtes de conserve de poisson ouvertes, qui paraissaient presque plus appétissantes que le reste.
C’est pourquoi plusieurs personnes y goûtèrent et affirmèrent que c’était plutôt bon.
À cause des résultats de l’enquête du matin, Lin Qiushi, lui, se méfiait totalement de ces conserves. Il grignota seulement un peu, puis prit son téléphone pour organiser ses pensées. Heureusement, dans ce monde-ci, son identité était celle d’une jeune muette : personne ne venait lui adresser la parole, on le considérait comme invisible.
Lin Qiushi en profita pour se détendre.
C’était le deuxième jour depuis leur entrée dans la porte. Certains essayaient encore de convaincre Ruan Nanzhu de former une équipe avec eux, et dans leurs propos, on sentait toujours du mépris envers Lin Qiushi.
Certains parlaient avec un peu de retenue, d’autres étaient très directs, disant que cette fille était muette, incapable de crier en cas de problème, et qu’il ne servait à rien de perdre du temps avec elle. Qu’il valait mieux changer de partenaire.
En entendant cela, Lin Qiushi faillit se lever et leur lancer une bordée d’insultes, mais il se força à se contenir. Il imita alors le jeu d’acteur de Ruan Nanzhu et prit une apparence pitoyable.
Ainsi, Ruan Nanzhu, comme touché par sa fragilité, refusa les autres propositions.
Néanmoins, Ruan Nanzhu semblait un peu agacé par ces sollicitations. Il attrapa Lin Qiushi et l’emmena rapidement hors du réfectoire.
« Pourquoi tiennent-ils tant à vouloir s’allier avec toi ? Serait-ce parce que tu es beau ? » Lin Qiushi, en marchant vers l’usine, était vraiment intrigué.
« Les êtres humains cherchent toujours à éviter le danger et à se rapprocher des bénéfices.» répondit Ruan Nanzhu. « Dans un endroit où l’on peut perdre la vie à tout moment, lorsqu’ils croisent quelqu’un de plus fort qu’eux, ils essaient naturellement de se rapprocher. »
Lorsqu’ils furent assez près de l’usine de conserves, une forte odeur de poisson leur parvint.
Cette odeur était extrêmement désagréable. Pour quelqu’un qui n’aimait pas le poisson, deux bouffées suffisaient à donner la nausée.
L’usine se trouvait à la toute périphérie de la ville. Ici, il n’y avait aucun signe d’habitation : pas de bâtiments le long de la route, seulement quelques arbres clairsemés et des buissons touffus. Derrière les arbres s’étendait un brouillard dense, comme pour leur rappeler de ne pas franchir la limite.
Selon le maire, l’usine avait cessé sa production quelques années auparavant, et à présent, le lieu était plongé dans un silence absolu. Ruan Nanzhu sortit ses outils et ouvrit sans difficulté la grande porte rouillée à l’entrée. Tous deux entrèrent alors un derrière l’autre.
« Cette usine est assez grande. » remarqua Lin Qiushi en balayant les alentours du regard. La première chose qui frappa sa vue fut une immense cour, recouverte d’herbes folles d’un mètre de haut, preuve qu’il n’y avait pas eu de passage depuis longtemps. Dans la cour se dressaient aussi quelques arbres morts, sur lesquels perchaient des oiseaux aux plumes noires. De loin, ils semblaient être des corbeaux, mais à y regarder de plus près, ils étaient bien plus grands…
«Mm. » répondit Ruan Nanzhu qui marchait devant.
Lin Qiushi ajouta : « Se pourrait-il que tous aient disparu ici ? Ou bien qu’ils aient été emmenés ici après leur disparition ? »
Ruan Nanzhu : « Je ne sais pas. Cherchons d’abord des indices. »
Lin Qiushi hocha la tête.
Ils avancèrent, et alors qu’ils s’apprêtaient à pénétrer dans les bâtiments, Lin Qiushi fit une découverte.
Ce fut un accident : son pied buta contre une pierre, il trébucha de plusieurs pas, puis, baissant la tête par réflexe, il remarqua autre chose à côté de la pierre.
« Qu’est-ce que c’est ? » s’écria Lin Qiushi. Il s’accroupit pour examiner de plus près le sol argileux. « …Ce sont des empreintes de doigts ? »
En entendant sa voix, Ruan Nanzhu regarda dans la même direction.
Le sol était couvert d’empreintes de mains. À première vue, elles semblaient posées au hasard et de manière grossière. Mais en y prêtant attention, on voyait qu’il s’agissait plutôt d’un signal de détresse : quelqu’un avait été traîné au sol. Et dans sa lutte, il avait tenté de s’agripper à ce qu’il trouvait, s’accrochant désespérément à la terre, laissant ainsi une multitude de marques.
Suivant prudemment ces traces, Lin Qiushi avança, tandis que Ruan Nanzhu l’accompagnait, observant les environs.
Bientôt, Lin Qiushi arriva au bout de la piste. Là se dressait un immense arbre mort, d’au moins deux mètres de diamètre, semblant dépérir depuis très longtemps. Il tapota et frappa l’écorce, fronçant les sourcils : « C’est creux à l’intérieur… Se pourrait-il qu’il y ait quelque chose ? »
Ruan Nanzhu examina l’arbre : « C’est possible. » Après tout, les empreintes s’arrêtaient justement devant cet arbre.
Il sortit alors un petit couteau de sa poche et commença à entailler le tronc. L’arbre, déjà partiellement pourri, céda facilement sous la lame acérée.
Mais lorsque Ruan Nanzhu retira son couteau, Lin Qiushi inspira brusquement.
Sur la lame, il y avait une trace rougeâtre : du sang.
« Merde. » Lin Qiushi laissa échapper un juron, son expression un peu embarrassée. « …Tu n’aurais quand même pas tué l’indice, si ? »
Ruan Nanzhu : « … » Il resta silencieux un moment, puis fit calmement : « Je ne l’ai pas fait exprès. »
Lin Qiushi : « … »
Ruan Nanzhu : « Mais si c’était une personne vivante, elle aurait forcément réagi. Et puis, cet arbre n’a pas de trou, comment une personne pourrait-elle entrer là-dedans ? »
C’était vrai. Lin Qiushi se passa la langue sur ses lèvres sèches : « Alors ouvrons-le pour voir. »
Ruan Nanzhu acquiesça. Cette fois, il évita d’enfoncer la lame trop profondément. Il inséra seulement la pointe puis força sur les côtés, creusant bientôt une ouverture qui révéla ce qu’il y avait à l’intérieur.
Quand Lin Qiushi vit ce que contenait l’arbre, il recula instinctivement, le visage blême.
À l’intérieur du tronc, un enfant était enchâssé, comme fondu dans l’arbre. Son corps entier semblait intégré au bois. Mais ce qui frappait le plus, c’était son abdomen béant, ouvert d’une large entaille. Il n’y avait pas de sang visible, mais Lin Qiushi comprit aussitôt qu’il n’était plus en vie.
Ruan Nanzhu pencha la tête : « Il y a un sac en plastique derrière lui. »
Quiconque n’avait pas vu les indices de la porte n’aurait pas compris. Mais Lin Qiushi savait déjà, avant d’entrer, de quoi il retournait. Il comprit presque immédiatement ce que signifiait ce sac : les entrailles de l’enfant avaient été retirées et placées à l’intérieur.
C’était exactement ce que le Spectre Elancé aimait faire.
« Je pense que les quelques enfants restants sont voués à une fin tragique. » soupira Lin Qiushi.
Ruan Nanzhu : « Très probablement. »
Il avait l'habitude de voir la mort, et observait à présent d’un air impassible le cadavre à l’intérieur du tronc d’arbre, cherchant à découvrir d’autres indices.
Lin Qiushi regarda autour de lui. Il avait le sentiment que les deux enfants disparus se trouvaient aussi dans l’usine de conserves, mais il ignorait dans quel recoin ils avaient pu être cachés.
Alors qu’il pensait à cela, Ruan Nanzhu recula soudain d’un pas précipité, comme s’il venait d’apercevoir quelque chose d’anormal.
Lin Qiushi fut interloqué. « Qu’y a-t-il ? »
Ruan Nanzhu resta silencieux un instant, puis désigna le cadavre du doigt.
Lin Qiushi leva les yeux et eut la même réaction que lui : les yeux de l’enfant s’étaient ouverts à un moment indéterminé, et ils les fixaient à présent, ternes, avec le froid détachement des morts.
Un frisson parcourut Lin Qiushi. Il eut un petit rire forcé : « Ce ne serait pas un mort-vivant, par hasard ? »
Ruan Nanzhu : « On ne peut pas l’exclure. » Il leva les yeux vers le ciel. « La nuit tombe, il vaut mieux arrêter nos recherches. Nous en reparlerons demain. Pour aujourd’hui, rentrons. »
« Oui. » Lin Qiushi approuva la proposition de Ruan Nanzhu. Après tout, dans le monde des Portes, la nuit était extrêmement dangereuse.
« Partons. Demain, nous parlerons de cet enfant aux habitants du village, » suggéra Ruan Nanzhu. « Je suis curieux de voir leur réaction. »
L’usine de conserves était relativement éloignée de leur logement, et ils se hâtèrent de rentrer à l’auberge avant la tombée de la nuit.
Tous se réunirent dans la salle à manger et mangèrent en silence, échangeant parfois quelques mots à propos des indices découverts ce jour-là.
Lin Qiushi picorait distraitement quand, soudain, un tumulte s’éleva parmi le groupe. Il leva la tête et aperçut un homme dont le nez saignait.
« Oh, pourquoi un saignement de nez tout à coup ? » dit son compagnon. « Vite, prends du papier pour t’essuyer. »
« Je ne sais pas ce qui se passe, » répondit l’homme. « Je mangeais tranquillement et ça a commencé à couler… »
Il se leva pour aller aux toilettes. Lin Qiushi et Ruan Nanzhu échangèrent un regard, et chacun lut une certaine inquiétude dans les yeux de l’autre.
Lorsqu’un Spectre élancé s’en prenait à une victime adulte, certains présages apparaissaient toujours : cauchemars, hallucinations, et parfois saignements de nez ou crachements de sang.
Le saignement soudain de cet homme était-il un hasard ou bien un avertissement ?
L’homme revint rapidement, et son nez avait cessé de saigner. À présent, il pestait contre la mauvaise qualité de la nourriture de l’auberge.
Constatant qu’il ne se passait rien de plus, Lin Qiushi se leva pour quitter la salle. Ruan Nanzhu le suivit jusqu’à leur chambre.
De retour dans la chambre, Lin Qiushi s’allongea sur le lit et réfléchit aux indices, son téléphone en main.
Ruan Nanzhu s’assit près de lui et relut le journal de Lauren.
« Il n’y a pas grand-chose de plus, les indices sont encore insuffisants. » La nuit tombait et Lin Qiushi, fatigué, proposa : « Dormons. »
Ruan Nanzhu accepta: « D’accord. »
Après s’être lavé, Lin Qiushi se glissa dans son lit. La brume dehors devenait de plus en plus dense.
Ruan Nanzhu s’allongea à côté de lui. Il ne dit rien, et bientôt sa respiration se fit régulière… comme s’il s’était endormi.
Lin Qiushi ferma aussi les yeux. Mais, dans le silence pesant de la nuit, le moindre bruit devenait aigu et insupportable. Son ouïe, déjà fine, perçut alors un son étranger à la chambre.
C’était le bruit de quelqu’un qui avançait dans les herbes hautes, traînant quelque chose de lourd, brisant parfois une ou deux branches.
Lin Qiushi pensa immédiatement à l’enfant aperçu dans le tronc d’arbre durant la journée, et à ses yeux blafards, vides et terrifiants.
Un froid le saisit et il se retourna lentement.
Ruan Nanzhu, qui aurait dû dormir, ouvrit soudain les yeux et le regarda fixement : « Petite muette, tu n’arrives pas à dormir ? »
Les yeux de Lin Qiushi s’écarquillèrent, mais avant qu’il n’ait pu répondre, Ruan Nanzhu se redressa et s’approcha naturellement pour s’allonger contre lui, enlaçant sa taille.
Lin Qiushi allait protester, mais Ruan Nanzhu posa doucement son pouce sur ses lèvres : «Chut, sois sage. »
Lin Qiushi : « … »
Profitant de sa stupeur, ils se retrouvèrent dans le même lit. Heureusement, le lit était assez grand pour accueillir deux hommes sans trop d’inconfort. Lin Qiushi avait d’abord voulu refuser, mais il se rappela l’identité de Ruan Nanzhu en tant qu’esprit somnifère et, après une hésitation, il ne dit finalement rien.
Dehors, dans les herbes, quelque chose continuait de rôder, cherchant une occasion.
Lin Qiushi resta tendu, attentif aux bruits, mais il finit par se laisser gagner par le calme de Ruan Nanzhu et sombra dans le sommeil.
La nuit s’écoula sans incident.
Le lendemain matin, rien ne s’était produit.
Quatorze personnes se retrouvèrent comme d’habitude dans la salle à manger.
Deux jours déjà s’étaient écoulés sans qu’aucune mort n’ait eu lieu, ce qui était particulièrement rare. Alors que Lin Qiushi y réfléchissait, il vit passer devant lui l’homme qui avait saigné du nez la veille. C’était un homme quelconque, sans trait remarquable, mais en le regardant Lin Qiushi fronça aussitôt les sourcils.
Par rapport à la veille, il portait désormais un chapeau haut-de-forme noir.
Ce couvre-chef, combiné à sa tenue décontractée, jurait affreusement. Pourtant, personne autour ne semblait y prêter attention, et pas un mot ne fut prononcé à ce sujet.
« Que regardes-tu ? » demanda soudain Ruan Nanzhu.
« Son chapeau a l’air étrange. Hier, il ne l’avait pas, n’est-ce pas ? » répondit Lin Qiushi.
À ces mots, Ruan Nanzhu fronça légèrement les sourcils. Son regard se posa sur l’homme et il l’observa un instant : « En effet, c’est très étrange. »
« Mais tout le monde trouve cela normal, » ajouta Lin Qiushi.
« Pour être honnête, » Ruan Nanzhu posa son verre de lait, « avant que tu n’en parles, moi aussi je trouvais cela normal. »
Lin Qiushi : « Hein ? »
Ruan Nanzhu : « Comment décrire cette sensation… C’est comme si ce chapeau aurait toujours dû être sur sa tête. » Il appuya son menton sur sa main et jeta un coup d’œil discret à l’homme. « Ce n’est ni déplacé ni étrange. »
Lin Qiushi : « … »
En réalité, ce chapeau était bel et bien très singulier.
Normalement, on ne portait un tel haut-de-forme noir qu’avec une tenue de cérémonie. Or l’homme portait un simple T-shirt et un jean. Dans toute la pièce, Lin Qiushi semblait être le seul à avoir remarqué cette anomalie.
Ruan Nanzhu dit doucement : « Je pense qu’il va mourir. »
Lin Qiushi acquiesça: « … Moi aussi. »
Les deux s’accordèrent sur ce point.
L’homme, pour sa part, ne paraissait nullement inquiet et mangeait joyeusement son petit-déjeuner. En mangeant, il raconta à son compagnon qu’il avait fait un rêve la nuit précédente.
Grâce à son ouïe, Lin Qiushi entendit sans difficulté ce qu’il disait.
« Dans mon rêve, quelqu’un m’a donné un chapeau et m’a dit que je devais absolument le porter. » Il souriait. « Je croyais que ce n’était qu’un rêve, mais le lendemain matin, j’ai découvert qu’un chapeau était accroché aux branches de l’arbre devant ma fenêtre. »
« Ce chapeau est vraiment joli, » dit son compagnon. « Et il te va parfaitement. »
Dans une situation normale, ces paroles auraient semblé n’être qu’une politesse, mais l’homme les avait dites avec un ton on ne peut plus sincère. Lin Qiushi comprit qu’il le pensait vraiment. Il trouvait réellement que le chapeau était beau, qu’il convenait à son ami, et il avait même envie de l’essayer lui-même.
Lin Qiushi jeta un coup d’œil à Ruan Nanzhu.
Ruan Nanzhu semblait comprendre ce qu’il voulait dire. Il hocha la tête, se leva et marcha vers l’homme qui portait le chapeau.
« Ta coiffure n’a-t-elle pas quelque chose d’anormal ? » remarqua Ruan Nanzhu. « Ce ne serait pas un objet maudit, par hasard ? »
Ses paroles étaient déjà très claires, pourtant l’homme afficha une expression méfiante et répondit : « Je ne le pense pas. Et si la clé de l’énigme se trouvait dans le chapeau ? »
Ruan Nanzhu haussa les épaules : « Et si ce n’est pas le cas ? »
L’homme répondit : « Alors ce n’est pas grave, ce n’est qu’un chapeau. »
Ruan Nanzhu ne dit plus rien, se retourna et partit. S’il n’y avait pas eu Lin Qiushi, il ne serait même pas venu dire cette phrase superflue. Puisque cet homme restait obstiné et refusait d’écouter, il avait déjà fait preuve de toute l’indulgence possible.
Lin Qiushi afficha un air de résignation et tapa prudemment sur son téléphone : « Si jamais je suis ensorcelé par ce truc, tu dois absolument me réveiller. »
Ruan Nanzhu esquissa un sourire à demi sérieux : « Ne t’inquiète pas, je trouverai forcément une façon de te réveiller sans te blesser. »
Lin Qiushi : « … » Pourquoi ce sourire avait-il l’air si étrange ?
L’homme au chapeau noir sortit après le petit-déjeuner avec son compagnon. En voyant son expression, Ruan Nanzhu sembla quelque peu déçu.
Au début, Lin Qiushi crut que Ruan Nanzhu regrettait, tout comme lui, que cet homme soit peut-être condamné. Mais il comprit ensuite que cet individu regrettait simplement de ne pas pouvoir voir comment il allait mourir.
« Le voir mourir me permettrait tout de même de gagner un peu d’expérience », dit Ruan Nanzhu en sortant un bonbon de sa poche. Il en mangea un lui-même et en tendit un à Lin Qiushi.
« Quel genre de bonbon est-ce ? » demanda Lin Qiushi, qui goûtait cette saveur pour la première fois.
« C’est Cheng Yixie qui les a faits. Qui sait quel goût ils sont censés avoir. » Ruan Nanzhu lui en tendit une poignée. « Prends, petite muette. »
Lin Qiushi les prit et les glissa dans sa poche.
La veille, ils avaient découvert un cadavre. Ils comptaient en parler au maire, mais en passant par la place, ils remarquèrent que les avis de recherche, qui étaient au nombre de trois la veille, étaient désormais quatre. En regardant de plus près le nouvel avis, ils découvrirent qu’un autre enfant du village avait disparu. Et ils connaissaient cet enfant : il s’agissait de la sœur de Lauren.
« Comment se fait-il qu’un autre enfant ait disparu ? » dit Lin Qiushi en fronçant les sourcils.
Ruan Nanzhu : « J’ai un mauvais pressentiment. Il n’y a que huit enfants dans ce village. »
Lin Qiushi : « … Alors, en réalité, il y a une limite de temps ? »
Ruan Nanzhu hocha la tête.
À première vue, la mission confiée par le PNJ n’avait pas de délai. Mais ce nouvel avis de disparition donnait une impression inquiétante.
Que se passerait-il si tous les enfants du village disparaissaient ? Lin Qiushi sentait qu’il n’avait aucune envie de connaître la réponse.
Ruan Nanzhu proposa : « Allons-y, allons d’abord voir le maire. »
Ils traversèrent la place et trouvèrent le maire dans une rangée de vieux bâtiments derrière. Ils lui firent un compte rendu succinct de la découverte du cadavre la veille.
Le visage du maire devint extrêmement sérieux en entendant cela, mais Lin Qiushi perçut, derrière cette sévérité, une pointe de panique… comme s’il savait parfaitement de quoi il retournait.
« Oh, merci à vous. Nous irons sur place avec des hommes pour vérifier. » dit le maire. «C’était dans l’usine de conserves, n’est-ce pas ? »
« Oui, sous un arbre mort dans l’usine de conserves », répondit Ruan Nanzhu. « Monsieur le Maire, nous voulons réellement vous aider à retrouver les enfants. Mais si vous avez des informations et que vous refusez de nous les donner, cela complique beaucoup notre travail. » Il désigna la direction de la place. « Nous avons vu qu’un autre enfant a disparu. »
Le maire fronça les sourcils et resta silencieux.
« Allez-vous attendre que tous les enfants aient disparu pour consentir à nous dire ce que vous savez ? » dit Ruan Nanzhu.
Le maire se frotta les mains, mais demeura muet.
Ruan Nanzhu plissa légèrement les yeux. D’après ce que Lin Qiushi savait de lui, lorsqu’il prenait cette expression, cela signifiait qu’il commençait à perdre patience.
Ruan Nanzhu avait naturellement un caractère difficile. S’il avait jusqu’ici parlé doucement au maire, c’était qu’il avait déjà fait un effort pour se maîtriser.
« En réalité, nous n’en sommes pas certains non plus », dit enfin le maire, peut-être sous la pression du regard de Ruan Nanzhu. « Mais ce genre d’événement se produit plusieurs fois chaque année… »
Ruan Nanzhu changea aussitôt d’expression et afficha un sourire doux : « Oh ? Que voulez-vous dire par “plusieurs fois chaque année” ? »
« Cela signifie qu’il y a quelque chose d’étrange dans notre village, quelque chose qui semble vouloir emmener nos enfants », répondit le maire. « C’est pourquoi, chaque année à cette période, nous fermons l’école et nous disons aux enfants de rester à la maison. »
Ruan Nanzhu : « Les habitants du village sont-ils au courant ? »
Le maire secoua la tête avec embarras.
« Ils ne savent pas ? » Ruan Nanzhu parut étonné. « Alors, quel prétexte utilisez-vous pour garder les enfants à la maison ? »
Le maire dit : « Nous trouvons toujours un prétexte. Mais ce n’est pas là l’essentiel. L’essentiel, c’est que cette année, il y a eu un accident. »
Avant qu’il ne poursuive, Ruan Nanzhu compléta sa pensée : « L’accident, c’est que même en restant à la maison, les enfants ont tout de même disparu ? »
Le maire hocha la tête, le ton accablé : « Parmi les quatre enfants disparus, deux se sont volatilisés alors qu’ils étaient chez eux, et deux autres sont sortis on ne sait comment… »
Lin Qiushi pensa immédiatement au cadavre découvert dans l’usine de conserves : il semblait que cet enfant avait été pris par cette chose dans l’usine.
« Alors, nous ne savons pas exactement quel est le problème », dit le maire. « Était-ce parce que les enfants ont désobéi, ou bien est-ce que cette chose… »
Ruan Nanzhu ajouta : « … ou bien est-ce que cette chose est devenue plus puissante. »
Le maire acquiesça douloureusement.
En entendant cela, Lin Qiushi pensa aussitôt au chapeau noir qu’il avait vu ce matin… Ce chapeau était clairement lié à la créature dont parlait le maire. Mais il ne savait pas encore si cela avait un lien direct avec la disparition des enfants.
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Note de l’auteur :
Si vous ne comprenez vraiment pas le fonctionnement de l’univers, ce n’est pas grave. Tout ce que vous devez savoir, c’est que l’auteur est une petite mignonne. Joyeuse fête des Reines à toutes, ya ya ya =3=
Traducteur: Darkia1030
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