La Dame sous la Pluie
Après avoir pris contact avec Tan Zaozao, Ruan Nanzhu identifia rapidement les indices concernant Tan Zaozao.
C'était la troisième porte de Tan Zaozao, et dans l'ensemble, la difficulté n'était pas très élevée, mais il fallait tout de même rester prudent. Cette fois, l'indice ne comportait que quatre mots : La Dame sous la Pluie.
Avant de donner l'indice, Ruan Nanzhu avait déjà fait ses devoirs et avait brièvement informé Lin Qiushi des informations générales sur La Dame sous la Pluie. La Dame sous la Pluie était un portrait peint par une artiste ukrainienne. Le portrait représentait une femme portant un chapeau noir, au visage pâle, les yeux fermés. La pluie coulait le long de ses joues et du bord de son chapeau. Vêtue de noir, elle semblait revenir d'un enterrement, son visage impassible dégageant une froideur hivernale.
(NT : ‘La Dame sous la Pluie’ est un portrait peint par une artiste surréaliste ukrainienne, Svetlana Telets en 1996, qui a eu une certaine notoriété en raison de son histoire mystérieuse et des rumeurs de malédiction qui l'entourent.)
Lin Qiushi avait également vu cette peinture, bien sûr une imitation. Bien que la femme sur le tableau ait les yeux fermés, si on l'observait attentivement, on avait l'impression qu'elle les ouvrait. Le ton général de la peinture était très sombre, imprégné d'une humidité pluvieuse.
L'histoire de cette peinture était également particulière. Elle avait été vendue à trois acheteurs différents, et les trois avaient finalement choisi de la retourner. Ils avaient tous affirmé qu'après avoir acheté la peinture, une femme vêtue de noir les suivait comme une ombre, même dans leurs rêves.
La femme se rapprochait de plus en plus, jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus supporter cette situation et retournent précipitamment la peinture à l'artiste.
Cette peinture n'était vraiment pas agréable à regarder. Après l'avoir vue, Lin Qiushi a fermé la page web.
Ruan Nanzhu, assis à côté de lui, lui tendit un bracelet en argent et lui dit de le porter au poignet pendant les prochains jours. Cependant, il y avait une chose à noter : dès qu'il entrerait dans la porte, il devait immédiatement retirer le bracelet et ne pas le laisser voir aux autres.
« C'est pour éviter que les membres d'autres organisations ne le remarquent ? » demanda Lin Qiushi.
« Oui, » répondit Ruan Nanzhu. « C'est une raison, mais il y en a une autre. »
Lin Qiushi demanda : « Laquelle ? »
Ruan Nanzhu regarda le bracelet : « Parce que ce bracelet est un objet maudit. »
Lin Qiushi : « ... »
Ruan Nanzhu : « Ah, au fait, ton piercing est aussi maudit, mais son effet est moins puissant.»
Lin Qiushi toucha instinctivement le piercing sur son oreille. Depuis que Ruan Nanzhu le lui avait imposé, il n'avait presque pas ressenti sa présence et ne l'avait pas remarqué. En entendant cela, il fut un peu surpris : « Un objet maudit ? »
Ruan Nanzhu : « Oui, mais ne t'inquiète pas, il est presque inutile maintenant. Il sert généralement à localiser des gens. »
Ruan Nanzhu ayant dit cela, Lin Qiushi hocha la tête, rassuré.
Cependant, en parlant d'objets maudits, Lin Qiushi n'avait toujours pas trouvé comment utiliser le carnet que Ruan Nanzhu avait rapporté de la porte. La seule chose certaine était que le carnet ne pouvait pas enregistrer de contenu, car tout ce qui y était écrit disparaissait inexplicablement.
Ruan Nanzhu déclara : « Ne te presse pas, tu peux explorer lentement l'utilité de ce carnet. »
Lin Qiushi acquiesça.
Les jours suivants, Lin Qiushi concentra son énergie sur l'indice, mais les informations sur La Dame sous la Pluie étaient rares. La peinture avait été interdite d'exposition, car lors de son exposition, de nombreux spectateurs avaient ressenti des troubles émotionnels, voire des hallucinations visuelles et auditives. L'artiste original avait également développé de graves problèmes mentaux. Bien sûr, la version officielle était que l'artiste avait utilisé des matériaux et une toile contaminés par des produits chimiques lors de la création de l'œuvre. Mais personne ne savait si c'était vraiment la vérité.
L'emplacement actuel de la peinture était également un mystère, mais il était probable qu'elle ait été mise sous scellés.
Tan Zaozao avait également appris l'indice concernant sa porte. Elle était détendue, totalement différente de Xu Xiaocheng, qui fondait en larmes au moindre bruit dans le monde des portes.
Tan Zaozao expliqua que c'était grâce à ses talents d'actrice. Ruan Nanzhu écouta et laissa échapper un rire froid.
« Pourquoi ris tu ? » demanda Tan Zaozao, un peu vexée.
Ruan Nanzhu répondit : « Quoi, je n'ai même pas le droit de rire ? »
Tan Zaozao grogna et demanda : « Tu vas encore te déguiser en femme cette fois ? »
Ruan Nanzhu : « Non. »
Tan Zaozao : « Pourquoi pas... » Elle semblait un peu déçue.
Ruan Nanzhu : « Il n'y a pas de raison. »
Pendant qu'ils discutaient, Lin Qiushi était assis à côté, en train de manger discrètement une glace. Tan Zaozao tourna son regard vers lui et dit d'un ton câlin : « Lin Lin, persuade-le de continuer à se déguiser en femme. »
Lin Qiushi : « ... Est-ce que ça a une importance ? »
Tan Zaozao soupira : « Quel dommage de ne pas profiter d'un tel potentiel. »
Lin Qiushi : « ... » Il avait l'impression que Tan Zaozao avait un autre motif.
*
Bientôt, le moment d'entrer dans la porte arriva. Comme il ne s'agissait que de la troisième porte, Tan Zaozao ne maîtrisait pas très bien le timing. Un soir, alors que Lin Qiushi dormait paisiblement dans son lit, il se réveilla soudainement, ressentant une palpitation. C'était comme si sa chambre familière s'était transformée en un autre endroit.
En effet, dès qu'il ouvrit les yeux, il vit que les murs avaient disparu et que douze portes l'entouraient, formant un cercle autour de lui.
Lin Qiushi se leva rapidement, s'habilla, trouva la troisième porte, prit une profonde inspiration et tourna la poignée.
Le décor changea instantanément.
Après un bref vertige, tout autour de lui avait changé.
Lin Qiushi vit apparaître un grand château ancien, qui semblait avoir plusieurs siècles, entouré d'une épaisse végétation et de grilles de fer qui l'encerclaient complètement.
Lin Qiushi se tenait à côté des buissons, seul. Après être entré dans la porte, il n'oublia pas les instructions de Ruan Nanzhu et retira immédiatement le bracelet de son poignet.
C'était la première fois qu'il se retrouvait seul après être entré dans une porte. Heureusement, rien de trop effrayant ne se produisait immédiatement après l'entrée. Lin Qiushi observa les environs tout en se dirigeant vers le château.
L'endroit était très désolé. Les buissons n'avaient pas été taillés depuis longtemps et étaient les mauvaises herbes sauvages étaient luxuriantes, certains lierres commençant à obstruer la vue, presque menaçants. Au-delà des grilles, un épais brouillard semblait avertir les gens de ne pas s'en approcher.
Alors qu'il arrivait à l'entrée du château, Lin Qiushi entendit des pleurs provenant de l'intérieur.
« À l'aide, à l'aide ! » C'était la voix d'une jeune fille, qui semblait complètement effondrée. Ses pleurs étaient déchirants et rauques, suscitant la pitié.
« Tu peux arrêter de pleurer ? Ça fait plus d'une heure que tu pleures, » dit quelqu'un avec impatience. « Si tu ne me crois pas, sors et vois par toi-même si tu peux partir d'ici. »
En entendant cela, Lin Qiushi comprit immédiatement la situation. C'était probablement le moment classique qui se produisait chaque fois qu'il entrait dans le monde de la porte, où les nouveaux arrivants paniquaient.
Les gens qui arrivaient dans ce monde pour la première fois avaient souvent du mal à s'adapter, , essayant toujours de rationaliser l'impossible, et leurs réactions pouvaient être très variées.
Pensant à cela, Lin Qiushi poussa la porte du château et entra.
À l'intérieur, cinq personnes étaient déjà rassemblées dans le hall du rez-de-chaussée, debout ou assises. En voyant Lin Qiushi entrer, elles ne le saluèrent pas, leurs expressions étant principalement froides ou méfiantes.
Lin Qiushi s'assit à un endroit et commença à observer les alentours. Très vite, il repéra la personne qu'il cherchait.
Dans un coin de la pièce, un bel homme vêtu d'un T-shirt et d'un jean était assis. Bien qu'il soit dans un coin, il attirait facilement l'attention à cause de sa beauté, en particulier la petite tache en forme de larme près de son œil, qui ajoutait une touche de charme. Bien qu'il ait l'air distant et difficile à approcher, son aura oppressante, les gens autour de lui ne pouvaient s'empêcher de le regarder.
Lin Qiushi comprit vaguement une autre raison pour laquelle Ruan Nanzhu se déguisait en femme. Les belles femmes attiraient naturellement le regard mais étaient courantes, alors qu’un homme aussi beau attirait facilement l'attention, voire des regards inappropriés.
Ruan Nanzhu remarqua également son regard. Il jeta un coup d'œil froid à Lin Qiushi avant de détourner les yeux.
La fille qui sanglotait était clairement une nouvelle arrivante. Elle venait d'entrer dans ce monde et ne pouvait pas accepter cette scène étrange, alors elle exprimait sa peur par des pleurs.
Assise sur un canapé, elle pleurait sans cesse, jetant des regards effrayants et méfiants aux gens autour d'elle,et balbutiait avec inquiétude : « Où suis-je ? Laissez-moi partir, s'il vous plaît ! Est-ce une émission de télévision ? Je ne veux plus jouer, je vous en supplie— »
« Je t'ai déjà dit que ce n'est pas une émission de télévision, tu nous casses les oreilles avec tes pleurs, » cria un jeune homme, exaspéré, ne pouvant plus supporter les sanglots de la jeune fille. « Si tu veux pleurer, va pleurer ailleurs, mais ne nous embête pas ici ! »
La fille s'arrêta net de pleurer en entendant cela. Elle regarda l'homme, dont l'expression féroce la fit se retenir, son visage devenant rouge alors qu’elle ravalait ses sanglots.
Face à cette scène, les autres firent semblant de ne rien voir. En réalité, accepter rapidement la réalité était la meilleure chose à faire, mais face à un changement d'environnement aussi brutal, la plupart des gens avaient du mal à s'adapter rapidement.
La porte du château s'ouvrit, et des personnes commencèrent à entrer une à une.
Tan Zaozao fut la dernière à entrer. Elle portait une longue robe orange avec une fleur blanche épinglée sur sa poitrine, son expression était pitoyable, et elle sanglotait de temps en temps.
C'était vraiment dommage que quelqu'un lui ait déjà volé son rôle avant même qu'elle ne puisse montrer l'étendue de ses talents d'actrice. La nouvelle arrivante pleurait depuis plus d'une heure sans s'arrêter, et après s'être fait crier dessus par l'homme, elle ne resta silencieuse que cinq minutes avant de recommencer à sangloter, son corps tremlant. Les oreilles de Lin Qiushi étaient depuis longtemps engourdies par ses pleurs.
Il y avait dix personnes, moitié hommes, moitié femmes dans l’enceinte du chateau. Parmi eux, il y avait deux nouveaux : la fille qui pleurait comme une héroïne tragique depuis deux heures sans s'arrêter, et un jeune homme aux cheveux noirs qui tremblait dans un coin.
Une fois tout le monde arrivé, un son de cloche sourd résonna dans le château. Au coin de l'escalier apparut un homme vêtu d'un costume de majordome noir.
L'homme s'avança au milieu d'eux et leur adressa un sourire bienveillant : « Vous êtes enfin arrivés. Ma maîtresse vous attend depuis longtemps, s'il vous plaît. »
Après avoir dit cela, il se tourna et se dirigea vers le deuxième étage.
Ceux qui avaient de l'expérience savaient que c'était le moment de recevoir les indices. Ils le suivirent de près. Les deux nouveaux, bien qu'ils ne comprennent pas ce qui se passait, n'osèrent pas se séparer du groupe et se mêlèrent à la foule pour monter au deuxième étage.
Le château était immense. Rien que l'escalier menant au deuxième étage était particulièrement long. Ils traversèrent un long couloir étroit, éclairé faiblement par des lampes à huile. Sous chaque faible source de lumière, des peintures à l'huile étrangement singulières étaient suspendues.
Pourquoi ces peintures semblaient-elles si particulières ? Tout simplement parce que le sujet de chaque œuvre était à peine reconnaissable. Un instant, la peinture semblait capturer un paysage, et l'instant d'après, elle donnait vie à la silhouette d'un être humain. Les couleurs, éclaboussées de manière erratique sur la toile, créaient une image déformée, évoquant un sentiment de malaise et de perturbation chez ceux qui les observaient.
Le sol du château, recouvert d'un épais tapis, étouffait le bruit des pas. À part les murmures étouffés des flammes vacillantes des lampes à huile, le couloir était plongé dans un silence déconcertant, dépourvu de tout autre bruit ou voix.
Au bout du couloir se trouvait une porte en bois, légèrement entrouverte. Le majordome s'arrêta devant la porte, s'inclina et fit un geste pour les inviter à entrer.
Ruan Nanzhu marchait en tête. Il franchit le pas et entra dans la pièce.
Lin Qiushi le suivit de près et vit la scène à l'intérieur.
C'était une salle à manger. Au centre de la pièce se trouvait une immense table recouverte de divers plats d’apparence succulente. Au bout de la table se tenait la maîtresse de maison dont le majordome avait parlé — une femme mince et élancée, vêtue d'une longue robe noire et coiffée d'un chapeau noir. Son visage était pâle, d’un blanc cadavérique, et ses yeux noirs semblaient anormalement grands. Dans la lumière tamisée, ils ressemblaient à deux trous noirs sans fond. Ses lèvres, peintes d'un rouge vif, s'étiraient en un sourire subtil — si on pouvait appeler cela un sourire.
Cette scène était vraiment dérangeante. Tout le monde se tut, y compris la nouvelle arrivante qui avait pleuré sans arrêt. Même elle s'arrêta, effrayée.
« S'il vous plaît, » la voix du majordome résonna à nouveau. « Profitez bien ce délicieux festin. »
Ruan Nanzhu fut le premier à bouger. Il s'assit sur une chaise au hasard, prit une serviette humide et se nettoya les mains.
Lin Qiushi prit place à côté de lui.
Les autres commencèrent à s'asseoir un à un. Une fois tout le monde installé, la maîtresse de maison prit une clochette et la secoua, annonçant le début du repas. Elle ne parla pas du tout, et son expression étrange ne changea pas. Elle prit silencieusement ses couverts et commença à manger lentement les plats sur la table.
Lin Qiushi l'observa du coin de l'œil. Il remarqua que les mains de la femme semblaient anormalement grandes par rapport à sa silhouette émaciée, avec des articulations saillantes et des ongles d'un gris terne. Ces mains noueuses tenaient délicatement les couverts froids, découpant avec soin un steak saignant dans son assiette avant de le porter à sa bouche rouge sang, le sang de la viande coulant de ses lèvres.
Cette scène était trop dérangeante. Après l'avoir observée un moment, Lin Qiushi commença même à douter que la maîtresse de maison soit humaine. Il détourna les yeux de cette scène écœurante et remarqua que Tan Zaozao, assise à côté de lui, fixait également la maîtresse de maison, comme ensorcelée.
Lin Qiushi toussota doucement pour ramener l'attention de Tan Zaozao.
« Mange, » murmura Lin Qiushi.
« Oui, » répondit Tan Zaozao, réalisant son comportement étrange. Après lui avoir fait un léger signe de tête, elle baissa les yeux et commença à couper son steak, refusant de regarder l'autre plus longtemps.
Le repas était en fait plutôt bon, que ce soit l'entrée, le plat principal ou le dessert. Mais dans une telle ambiance, personne n'avait vraiment l'esprit à savourer la nourriture.
Ruan Nanzhu, quant à lui, était toujours aussi détendu. Il ne montra aucun signe d'inconfort et mangea tout ce qui était servi, y compris les fruits, laissant son assiette impeccable.
À la fin, tout le monde le regardait manger. Il ne semblait pas gêné, continuant simplement à se gaver à sa guise et, après avoir fini, s'essuya la bouche avant de poser ses couverts.
Lorsque la dernière personne eut fini de manger, la maîtresse de maison se leva et se dirigea vers la porte.
Le majordome déclara : « S'il vous plaît, suivez-moi. La maîtresse va vous montrer ce que vous attendiez depuis longtemps. »
Tout le monde se précipita pour la suivre, montant les escaliers sinueux du château.
Le château semblait avoir un nombre indéterminé étages. En montant, Lin Qiushi compta les niveaux. La maîtresse de maison les conduisit finalement au septième étage.
Elle s'arrêta au bout du couloir, ouvrit une porte et entra.
Personne n'osa entrer directement. Ils restèrent à l'extérieur pour observer.
La pièce devant eux semblait être un atelier de peinture, rempli de matériel artistique - des pinceaux de différentes tailles, des palettes en bois pour mélanger les pigments, des croquis éparpillés, des récipients de peinture, des toiles colorées, etc... Mais ce qui attirait le plus l'attention, c'était une peinture recouverte d'un drap blanc bien en évidence au centre de la pièce.
La voix du majordome résonna derrière eux : « Dans quelques jours, l'œuvre tant attendue sera terminée. Pendant cette période, veuillez garder votre curiosité sous contrôle; nous vous serions reconnaissants de ne pas vous déchaîner. Prenez plutôt le temps de profiter des autres merveilles du château. Une fois la peinture achevée, vous pourrez l'admirer à loisir. »
En entendant cela, Lin Qiushi comprit leur rôle. Ils étaient probablement des admirateurs du talent de la maîtresse de maison, et ils devaient rester ici pendant quelques jours jusqu'à ce que la peinture soit terminée. D'après les informations actuelles, la clé pour sortir était probablement liée à cette peinture.
« Ne dérangez pas ma maîtresse pendant qu'elle travaille, » poursuivit le majordome. « Il est déjà tard, veuillez retourner dans vos chambres respectives pour vous reposer. »
Il les ramena ensuite à l'étage inférieur.
Leurs chambres se trouvaient au troisième étage, une par personne. Les clés furent distribuées au hasard, avec des numéros correspondant à chaque chambre.
Lin Qiushi eut de la chance : sa chambre était en face de celle de Ruan Nanzhu. En revanche, Xu Xiaocheng fut moins chanceuse et se retrouva avec une chambre dans un coin. Elle murmura son mécontentement en tenant sa clé.
La chambre était spacieuse et joliment décorée. Cependant, que ce soit l'immense lit ou la coiffeuse ornée, tout était à couper le souffle. Toute la chambre reflétait une touche d'ancien temps, le transportant à l'ère de la Renaissance.
La maîtresse de maison semblait adorer la peinture, car même au centre de la pièce était accrochée une toile. La peinture représentait probablement le château sous la pluie, avec des tons sombres. Lin Qiushi la regarda un instant avant de la décrocher et de la poser face contre terre.
Comme l'indice était La Dame sous la Pluie, Lin Qiushi avait l'intuition que les ennuis étaient liés aux peintures.
Après s'être lavé, il se coucha. Avant de dormir, il vérifia son téléphone, sans surprise, il n'y avait aucun signal.
Il resta allongé un moment, puis, lorsque l'heure fut venue, il se leva et se dirigea vers la pièce en face de la sienne, frappnt doucement à la porte de Ruan Nanzhu.
La porte grinça légèrement, et Ruan Nanzhu ouvrit.
« Nanzhu, » dit Lin Qiushi en entrant. Il remarqua que la chambre de Ruan Nanzhu avait également une peinture, représentant probablement les buissons à l'entrée du château, sous la pluie, et tout comme la peinture dans sa propre chambre, le temps y était pluvieux et sombre.
« Oui, » répondit Ruan Nanzhu, qui venait apparemment de se laver les cheveux ;des gouttelettes d'eau s'accrochaient à ses cheveux, coulant progressivement le long de son cou. Il les essuya tout en parlant. « Tu as trouvé quelque chose ? »
« Elle ressemble trop à la Dame sous la Pluie, » dit Lin Qiushi. « C'est comme si elle était sortie de la peinture. »
Ruan Nanzhu hocha la tête : « En effet. »
Bien qu'il ne l'ait pas dit clairement, il était clair que Lin Qiushi faisait référence à la maîtresse de maison. Quiconque avait vu la peinture de La Dame sous la Pluie ne pouvait s'empêcher de faire le lien avec la femme du château : la ressemblance était tout simplement trop troublante.
Ruan Nanzhu pointa la peinture accrochée au mur : « Tu en as une dans ta chambre aussi ?»
Lin Qiushi acquiesça : « Oui, mais c'en est une différente. C'est une peinture du château. »
« Retire-la, » dit Ruan Nanzhu.
« Je l’ai déjà décrochée, » répondit Lin Qiushi. « Et Tan Zaozao, comment va-t-elle ? »
Ruan Nanzhu répondit : « J’irai la voir tout à l’heure. Si ça ne va pas, jje pourrais lui dire de venir dormir ici pour la nuit à la place.»
Lin Qiushi fit un signe de tête.
Ruan Nanzhu demanda : « Tu n’as rien à dire ? »
Lin Qiushi pensa que Ruan Nanzhu lui demandait s’il avait des indices. Il secoua la tête, indiquant qu’il n’avait rien trouvé de plus et qu’il devrait vérifier à nouveau le lendemain.
Ruan Nanzhu : « ... Bon, peu importe. »
En réalité, si possible, Lin Qiushi préférait naturellement vivre avec Ruan Nanzhu, car ainsi, ils pourraient veiller l’un sur l’autre. Mais malheureusement, cette fois, il y avait aussi Tan Zaozao à prendre en charge et protéger. Dans cet esprit, Lin Qiushi n'avait d'autre choix que d’avaler la pilule et d'accepter avec docilité les arrangements actuels.
Après avoir discuté un peu plus avec Ruan Nanzhu, Lin Qiushi retourna dans sa chambre.
Dès qu’il entra, il fut paralysé sur place, incapable de détacher ses yeux de la peinture sur le mur : la peinture qu’il avait retirée du mur était revenue à sa place...
Lin Qiushi : « ... » Il resta silencieux un moment, puis s’approcha et retira à nouveau la peinture.
Cette fois, il ne la posa pas dans un coin, mais l’enferma dans un tiroir qu’il bloqua avec une chaise.
La nuit tomba, et le vent commença à souffler dehors. Lin Qiushi, allongé sur son lit, entendait le vent soufflant sans relâche et le bruissement des feuilles dans les arbres.
Un beau lustre en cristal était suspendu au plafond de la chambre. Lin Qiushi fixa le lustre, perdu dans ses pensées. Il savait qu’il devait dormir, mais il n’y arrivait pas. Plus il essayait de vider son esprit, plus il se sentait éveillé.
Le vent soufflait de plus en plus fort, et Lin Qiushi sentit une odeur de pluie, cette odeur particulière de l’eau tombant sur la terre sèche. L’odeur, normalement légère, devenait de plus en plus forte, au point que ses narines en étaient remplies.
Soudain, le regard de Lin Qiushi, fixé sur le plafond, s’arrêta. Une tache d’humidité était apparue, se détachant clairement sur le mur blanc. Il se frotta les yeux, mais la tache était toujours là... Ce n’était pas une illusion.
Mais au-dessus de lui, il n’y avait qu’une autre chambre, non ? Comment pouvait-il y avoir une fuite ? Un terrible sentiment de malaise envahit Lin Qiushi, alors qu'il prenait progressivement conscience de la situation inquiétante. La tache devenait de plus en plus visible, noire et e déformer comme si elle était en mouvement. Il n’osa plus rester allongé et se leva rapidement pour allumer la lumière.
Une fois la lumière allumée, Lin Qiushi regarda à nouveau le plafond, mais il n’y avait plus rien... Rien du tout.
Était-ce une hallucination ? Ou un indice ? Lin Qiushi éteignit la lumière pour vérifier, et effectivement, dans l’obscurité, la tache noire réapparut, encore plus grande cette fois, et commença à prendre une forme étrange, comme un... profil de femme.
Lin Qiushi ralluma la lumière.
Il regarda autour de lui, se leva et alla à la fenêtre, la déverrouillant et l'ouvrant.
Il avait commencé à pleuvoir dehors. La pluie était légère, mais le son des gouttes tombant sur les feuilles était très clair, créant un rythme mélodieux.
Lin Qiushi jeta un coup d’œil par la fenêtre, se concentrant sur le jardin brumeux voilé par le délicat rideau de pluie.
Cachée dans les profondeurs obscures du jardin se trouvait une silhouette sombre. Elle portait un imperméable et un chapeau rond noir, debout immobile dans les buissons, fixant le château, comme une invitée ou un propriétaire secret inspectant sa propre maison.
Mais lorsque Lin Qiushi regarda à nouveau, la silhouette sembla n’être que l’ombre d’un arbre ; la forme humaine devint vague et floue, disparaissant bientôt complètement alors qu'elle se fondait dans la silhouette de l'arbre.
Il semblait que les nerfs de Lin Qiushi commençaient à prendre le dessus sur lui, évoquant des illusions plutôt effrayantes qui trompaient son esprit.
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Note de l’auteur :
Explication sur les indices :
Une porte ne donne qu’un seul indice. Si une personne de la cinquième porte utilise une clé pour ouvrir une porte, l’indice sera celui de la sixième porte. Pour ceux qui profitent de la porte, le niveau de la porte dépend de celui de la personne qui l’a ouverte.
Si une personne porte un indice sur elle, la porte correspondra automatiquement à cet indice. Généralement, deux indices ne sont pas combinés, sauf dans des cas particuliers.
Prenons l’exemple de Tan Zaozao : elle doit entrer dans la troisième porte. Si Ruan Nanzhu porte sur lui un indice obtenu par quelqu’un dans la deuxième porte, alors la troisième porte de Tan Zaozao correspondra à cet indice.
C’est pourquoi Ruan Nanzhu emmène Li Dongyuan travailler, profitant des portes pour accumuler des indices de portes de bas niveau. C’est un peu comme farmer des matériaux dans un jeu, vous voyez ? emmmmmmmmmm.
Traducteur: Darkia1030
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