EDLEM - Chapitre 56 - Alors qu’ils allaient atteindre le point de non-retour, Chu Binghuan s’arrêta.
Même s’il voulait se rebeller, Chu Binghuan n’osait plus le faire sous les exhortations mêlant douceur et menace de Hua Che.
Il valait mieux purifier les démons intérieurs le plus tôt possible. Hua Che n’avait pas le temps de ramener Chu Binghuan à la base principale du Dao immortel pour une expulsion de démons. Tous deux choisirent donc en même temps la source glacée à l’arrière de la montagne du Palais Fen Qing.
Chu Binghuan, en tant que guérisseur, pouvait purifier son âme et son corps sans être guidé par qui que ce soit. Il savait déjà ce qu’il devait faire.
Hua Che, n’ayant pas besoin de donner d’instructions, érigea une barrière puis s’assit en tailleur à l’extérieur pour veiller sur lui.
Depuis qu’il avait quitté la Brume Pourpre de l’Eau de Jade, quelque chose n’allait pas. Il sentait une énergie étrange s’agiter en lui, comme un bébé forcé de réciter les Quatre Livres et les Cinq Classiques.
Hua Che entra en méditation, cherchant à intégrer cette puissance étrangère plutôt qu’à l’expulser.
Il ne sut pas combien de temps s’écoula ainsi, jusqu’à ce qu’il entende une voix familière. Comme s’éveillant d’un profond rêve, il ouvrit les yeux et vit que c’était bien Chu Binghuan.
En le regardant, il constata que la marque sanglante sur son front avait disparu, mais la noirceur résiduelle qui l’entourait semblait encore hésiter à se dissiper.
Hua Che, quelque peu paniqué, demanda : « Quelle heure est-il ? »
Chu Binghuan ne répondit pas à cela. Il demanda plutôt, avec inquiétude : « Tu te sens mal ? »
Hua Che secoua la tête. À part un léger vertige, il ne ressentait rien. La faiblesse initiale avait complètement disparu.
Chu Binghuan se détendit un peu.
Hua Che expira et dit avec sérieux : « Oublie-moi. Dépêche-toi de purifier tes démons intérieurs. »
Chu Binghuan obéit et entra bientôt en méditation.
*
Près d’une année passa en un éclair.
Lorsque Chu Binghuan se réveilla de nouveau, l’aura démoniaque avait complètement disparu. Il regarda Hua Che, le cœur rempli de culpabilité, ne sachant par où commencer.
Le vénérable premier grand maître du digne Dao immortel se sentait comme un enfant qui venait d'apprendre à parler.
L’un levait les yeux vers le ciel, l’autre le regardait fixement, jusqu’à ce que Hua Che, contemplant la lune solitaire, murmure inconsciemment : « Petit glaçon, la Brume Pourpre de l’Eau de Jade m’a montré beaucoup de choses. »
Chu Binghuan sortit de la barrière, s’assit à côté de Hua Che et prit son poignet pour lui prendre le pouls tout en demandant : « Quelles choses ? »
« Le Lotus Rouge. »
La main de Chu Binghuan se figea, la couleur déserta le bout de ses doigts. « Tu… tu sais ? »
Hua Che le regarda. « La Brume Pourpre de l’Eau de Jade est vraiment un objet magique. »
Chu Binghuan tressaillit, presque incapable d’affronter Hua Che. « Est-ce que tu m’en veux ? Est-ce que tu lui en veux… ? »
Hua Che : « Ce ‘lui’, c’est Madame Mei ? »
Chu Binghuan ne confirma mais ne nia pas non plus.
« Elle nous a séparés, alors bien sûr que je lui en ai voulu, mais… » Hua Che sourit calmement. « Le passé est le passé. Ne nous y accrochons pas dans cette vie. T’a-telle infligé le ‘Lotus Rouge’ dans cette vie ? Non, elle ne l’a pas fait. Et avec l’expérience de ta vie passée, tu ne la laisseras certainement pas réussir une nouvelle fois. Personne ne peut plus te restreindre maintenant, et personne ne peut t’arrêter. »
Chu Binghuan sentit une amertume infinie et une grande tendresse l’envahir. Il prit affectueusement Hua Che dans ses bras. « Pas étonnant que tu sois le fils du Maître de Secte Xie. »
Doux, magnanime, joyeux et libre.
Pur et sans tache, épargné par le monde, comme un ciel clair, vaste et libre, sans nuages ni pluie, toujours doux et lumineux.
Blotti dans les bras de Chu Binghuan, sentant sa présence, Hua Che décela en lui un parfum auquel il était profondément attaché.
Dans son esprit, il ne pouvait s’empêcher de réentendre le cri presque désespéré de Chu Binghuan : « Je veux juste Hua Che. Pourquoi est-ce si difficile ? »
« Ce n’est pas difficile. » Hua Che entoura la taille de Chu Binghuan de ses bras. « Dans cette vie, plus personne ne pourra s’interposer entre nous. »
Chu Binghuan sentit un pincement au nez, les larmes lui montèrent presque aux yeux. Il serra Hua Che encore plus fort contre lui. « Nous avons tous deux passé la vingtaine maintenant. »
Hua Che ferma les yeux. « Oui. »
Chu Binghuan déposa un doux baiser sur les deux paupières de Hua Che. « Une fois les affaires du Palais Fen Qing réglées, nous nous marierons. »
Un sourire satisfait s’épanouit sur les lèvres de Hua Che. « D’accord. »
« Pour ne pas nous perdre le soir de nos noces, familiarisons-nous d’abord avec les lieux. »
« Hein ? »
Avant que Hua Che n’ait eu le temps de réagir, Chu Binghuan le poussa sur le lit sans lui donner la moindre explication.
Chu Binghuan avait soigneusement vérifié l’état de santé de Hua Che, s’assurant qu’il allait parfaitement bien, c’est pourquoi il osait agir ainsi.
Ce baiser n’avait rien à voir avec celui, doux, du Pavillon Huale ; il était brûlant d’intensité.
Tous deux avaient enduré trop longtemps, assoiffés l’un de l’autre à travers deux vies.
Maintenant qu’ils s’étaient enfin compris, rien ne pouvait plus les arrêter.
Ce genre de baisers et d’étreintes avait déjà eu lieu dans leur vie passée, mais à l’époque, Hua Che se trouvait dans une position de contrainte et de tentation, tandis que Chu Binghuan était rongé par la peur et l’hésitation. Tous deux avaient leurs préoccupations, leurs barrières, et leur amour était imparfait.
Mais cette fois, tout était différent. Il n’y avait plus ni retenue, ni obstacle, ils s’acceptaient entièrement.
Alors qu’ils allaient atteindre le point de non-retour, Chu Binghuan s’arrêta.
Hua Che s’y attendait !
Chu Binghuan avait quelques soucis dans sa manière de penser. Bien qu’ils soient des cultivateurs, il restait très conservateur, s’obstinant à attendre leur mariage officiel avant d’aller plus loin.
Il appelait ça « respecter Hua Che », ne pas cueillir le fruit trop tôt.
Hua Che se sentit très mécontent !
« Si tu ne voulais pas aller jusqu’au bout, pourquoi m’avoir aguiché ? » bouda Hua Che en allant prendre une douche froide, décidant secrètement de ne pas laisser Chu Binghuan le toucher la nuit de leurs noces, dans l’intention de le frustrer au maximum !
Hua Che, après avoir enfin calmé son tourment intérieur, resta perdu dans ses pensées sous la cascade. À travers le rideau d’eau, il aperçut une silhouette s’approcher lentement.
Sans avoir besoin de voir clairement, rien qu’à l’aura, Hua Che sut de qui il s’agissait : « Quoi, tu veux remettre ça ? »
Chu Binghuan, derrière le rideau d’eau, s’arrêta net et toussota maladroitement : « N’importe quoi. »
Hua Che choisit de ne pas le taquiner davantage : « Pourquoi me cherches-tu ? La guerre entre les immortels et les démons est-elle terminée ? Ou Yin Wuhui a encore perdu la tête ? »
« Non. » Chu Binghuan s’approcha d’un pas, et finit par exprimer les mots qui pesaient sur son cœur depuis si longtemps : « Je suis désolé. »
Hua Che fut pris de court. « Désolé pour quoi ? »
Chu Binghuan serra les poings, la voix rauque : « Dans notre vie précédente, c’est moi qui ai causé ta mort. »
Cette fois, Hua Che prit la chose au sérieux : « Qu’est-ce que tu racontes ? »
Chu Binghuan avait l’impression d’être découpé en morceaux, endurant une douleur déchirante alors qu’il parlait : « Dans notre vie passée, à cause de ma cruauté, tu… tu as perdu tout espoir… »
« Stop, stop ! » Hua Che sortit en grandes enjambées de derrière la cascade, des gouttelettes d’eau collant à sa peau tandis qu’il se plantait devant Chu Binghuan. « Yunmiao-Jun, est-ce que tu es en train de mal comprendre quelque chose ? Tu ne crois tout de même pas… que je me suis suicidé à cause de toi ? »
Le cœur de Chu Binghuan trembla, et il regarda Hua Che avec panique.
Hua Che faillit cracher du sang : « Qu’est-ce que tu t’imagines ? Tu penses que je suis si fragile émotionnellement, que si tu ne m’aimes pas, je vais en mourir ? »
Chu Binghuan se retrouva soudain sans voix.
Hua Che, entre amusement et exaspération, appuya fermement sur ses épaules et parla avec sérieux : « Écoutes bien. »
Il lui expliqua alors en détail toute l’histoire impliquant Lu Mingfeng, Lu Yao, et la malédiction symbiotique.
La réaction de Chu Binghuan passa de la stupeur initiale au soulagement progressif, jusqu’à ce qu’il pousse finalement un long soupir d’apaisement.
Heureusement, Hua Che n'était pas mort à cause de lui… Il n’en était pas la cause !
Hua Che éclata de rire : « Arrête de trop réfléchir, d’accord ? Dans notre vie passée, je n’ai même pas eu ton corps. Tu crois vraiment que j’aurais abandonné et que je serais mort pour ça ? »
Chu Binghuan : « … »
Traduction: Darkia1030
Edition: AymxLuna
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