EDLEM - Chapitre 34 - Hua Che, tu ne peux pas t'enfuir !

 

Lu Mingfeng affronta seul trois grands maîtres : Mu Qiniang, Chu Changfeng et Xie Wanting. Plus tard, des membres de la Secte Chiyao et de la Secte de l'Épée Wuji rejoignirent le combat. À cela s’ajouta l’Ancien Qianyang, qui avait enduré de nombreuses injustices et finit par saisir l’occasion pour renverser la situation. L'issue du combat était déjà évidente.

Hua Che ne s’inquiétait pas pour la bataille qui se déroulait dans le royaume secret. À cet instant, il se sentait étourdi et faible, et n’avait pas la force de dire à Chu Binghuan « pose moi ». Il n’eut pas d’autre choix que de laisser Chu Binghuan le porter.

La situation à l’intérieur du royaume secret se propagea à travers la Secte Immortelle Shangqing en l’espace d’une demi-journée, choquant tous les disciples.

Les cultivateurs venus participer au tournoi d’arts martiaux voyaient leur foi s’effondrer. L’immortel qu’ils avaient tant admiré et vénéré s’était révélé sous un tel jour. Passant du choc initial à la déception, ils finirent par ressentir une colère intense.

Le sentiment d’avoir été trompés était insupportable. Des dizaines de milliers de disciples étaient furieux, et encerclèrent de leur propre chef le Pavillon Shangqing, attendant que Lu Mingfeng sorte pour le déchiqueter en morceaux !

Chu Binghuan transporta Hua Che vers la cour où se trouvait le Palais de Lingxiao. En passant par la Porte Chui Hua (NT : porte des fleurs tombantes), Hua Che — habituellement direct et sans retenue — enlaça soudainement le cou de Chu Binghuan, posant sa tête sur son épaule avec une intimité inhabituelle.

Chu Binghuan trembla de tout son corps. Il entendit Hua Che lui murmurer doucement à l’oreille : « Serre-moi plus fort, d’accord ? Si tu me laisses tomber, comment vas-tu me faire un petit garçon dodu ? »

Chu Binghuan : « ... »

Chu Binghuan toucha le front de Hua Che et, comme il s’y attendait, il était brûlant.

Chaque fois qu’il avait de la fièvre, Hua Che se mettait à dire des choses insensées, ses paroles étaient décousues et hors propos.

Chu Binghuan le déposa sur le lit, tirant une couverture pour le couvrir. Cette fièvre soudaine était accablante, et en un rien de temps, Hua Che dériva dans un état de demi-conscience.

*

Dans sa torpeur, Hua Che vit de nombreuses personnes : Lu Mingfeng avec un sourire sinistre, Lu Yao épuisé et la voix rauque, Yin Wuhui avec une expression étrange et ambiguë, et même Grand-mère Jiang, les larmes aux yeux, le réconfortant doucement malgré sa propre douleur évidente.

Après la catastrophe de la Secte Immortelle Shangqing, Hua Che fit face à l’assaut de plusieurs sectes immortelles, incapable de se défendre.

Il avait abandonné. Au final, leurs chemins étaient irréconciliables. Il avait tenté de se réconcilier auparavant, essayé de coexister pacifiquement, mais il comprenait maintenant à quel point il avait été naïf.

Yin Wuhui avait prévu tout cela depuis longtemps. Bien que son ton exprimât une certaine pitié, son visage était empli de malveillance. « Le fils du Seigneur Démon, osant imaginer s’allier avec les sectes immortelles. Que ressens-tu maintenant ? Es-tu satisfait de leur réaction ? Même dans cette situation, refuses-tu encore d’abandonner ? »

Yin Wuhui continua à parler, remplissant ses paroles de malédictions à l’égard des cultivateurs des sectes immortelles. Il tentait de convaincre Hua Che de rester dans le Hall du palais Fen Qing, de s’unir avec lui pour parvenir à une domination éternelle.

En entendant cela, Hua Che ne put s'empêcher de rire. « Je vais le répéter. Tu n’as contribué à rien, et pourtant tu voudrais avoir un fils. Où dans le monde trouve-t-on des choses si bon marché ? »

Yin Wuhui dit d’un ton pressé : « Après tout ce que j'ai dit, tu refuses toujours de rester ? Ils te traitent ainsi, et tu ne veux toujours pas abandonner ? »

« J’ai abandonné. » répondit calmement Hua Che. « Mais en quoi cela te concerne-t-il, Seigneur Démon ? Parce que j’ai renoncé aux sectes immortelles, cela signifie-t-il que je devrais nourrir de l'espoir dans la voie démoniaque ? Ma mère a dit que mon nom signifie ‘pur et innocent’, sans être entaché par la poussière ; mon esprit doit être aussi vaste et libre que dix mille miles de ciel dégagé, sans nuages sombres ni pluie triste, toujours doux et clair. Même si le ciel et la terre me rejettent, même si les cent sectes de la voie immortelle m’assiègent, jamais je ne m’allierai à des cultivateurs démoniaques assoiffés de sang comme toi ! »

Sur ces mots, Hua Che s’en alla.

Il ne voulait pas être associé à l’obscurité de Yin Wuhui et ne pouvait pas continuer à marcher aux côtés des sectes immortelles. Il avait déjà réfléchi à ce qu'il ferait ensuite.

Puisqu’il avait déjà été expulsé de la secte, autant retourner dans le monde des mortels, retrouver Grand-mère Jiang, et de retrouver tout le monde de l’auberge pour manger, boire et s'amuser pour le restant de sa vie. Après vingt ou trente ans, lorsque Grand-mère Jiang viendrait à disparaître, il l’accompagnerait dans ses derniers jours. Ensuite, il trouverait un magnifique paradis, s’installerait tranquillement et cultiverait paisiblement en tant que cultivateur solitaire. Avec un peu de chance, dans cent ans, il pourrait atteindre l’immortalité !

Le plan de Hua Che semblait parfait. Bien que les cultivateurs des sectes immortelles le haïssent jusqu’à l’os et réclament sa mort, tant qu’il ne les provoquait pas et qu'il trouvait un coin reculé ou s’installer, ils ne pourraient pas le retrouver.

Si tu ne peux pas te permettre de provoquer, tu peux te cacher, non ?

Mais ce qui surprit Hua Che, c'est qu'il ne cherchait pas à créer des ennuis avec les autres, et pourtant, d'autres vinrent le provoquer.

Hua Che retourna à Hangzhou, et à peine entré dans la ville, il entendit les murmures des habitants. Ils disaient des choses comme « tellement pitoyable », « attaqués par des bandits », « tout couverts de sang, terrifiant », et d'autres propos similaires. Hua Che eut un mauvais pressentiment.

En un instant, il arriva au Manoir de l’Ivresse, et ce qui l’accueillit le laissa totalement stupéfait.

Du sang.

Partout où son regard se posait, il y avait du sang et des corps éparpillés. Des corps gisaient de façon désordonnée dans les chambres, dans la cour, sur les escaliers, ou affalés sur des tables et des chaises brisées. Les taches de sang allaient des éclaboussures, traînées, noircis depuis longtemps, au rouge écarlate encore frais, continuant de couler...

Tout le Manoir de l’Ivresse était rempli d'une odeur nauséabonde de sang. Il n'y avait ni cris, ni hurlements, seulement le silence, l'air lourd d’un désespoir suffocant.

Même les poules et les chiens n’avaient pas été épargnés.

Hua Che se mit à trembler de manière incontrôlable. Il fit un pas en avant, raide, examinant chaque corps un par un. Il y avait des jeunes filles, de vieux hommes, des ouvriers, et même des aides de cuisine.

Cent trente-huit vies, toutes perdues.

Qui avait fait cela ? Qui était derrière ce massacre ?

Était-ce Yin Wuhui ? Parce qu’il n’avait pas accepté les exigences de Yin Wuhui, avait-il pris sa revanche sur tout le monde à l’Auberge de l’Ivresse ?

Hua Che sentit son cœur se briser une fois de plus.

Soudain, il entendit un faible bruit provenant du sol.

Hua Che regarda en bas, choqué. Là, à ses pieds, se trouvait quelqu’un qui avait encore un souffle de vie… Grand-mère Jiang !?

Parmi tous les cadavres, quelqu'un était encore en vie. Hua Che était presque euphorique. Il aida rapidement la vieille Bao à se relever et lui demanda avec urgence : « Grand-mère, qui a fait ça ? Dis-moi qui a fait ça ! »

Vieille Bao ouvrit les yeux, du sang et des larmes coulants. Son regard était vide, son corps immobile.

Bien qu'elle ne soit pas encore morte, elle n'était plus vraiment une personne vivante. Il ne restait qu'une trace de conscience, sur laquelle Hua Che se concentra immédiatement pour plonger dans ses souvenirs.

À travers les yeux de vieille Bao, il vit le visage d’un disciple important d’une certaine secte immortelle, du nom de Miao.

« Parle ! Où est Hua Qingkong ? Remets-le-nous rapidement. Si tu le caches, tu seras coupable en même temps que lui ! »

Vieille Bao était pétrifiée par cette scène. Ce n’était pas un, mais plusieurs disciples de différentes sectes immortelles qui avaient fait irruption par la porte principale. À en juger par leurs tenues, ils appartenaient à divers pavillons et sectes, formant un groupe redoutable qui avait encerclé le Manoir de l’Ivresse.

« De quoi parlez-vous ? Je n’ai aucune idée de ce que vous racontez. Cet enfant n’a-t-il pas été accepté comme disciple de la Secte Immortelle Shangqing ? Si vous le cherchez, allez à la Secte Immortelle Shangqing. Qu'est-ce que cela a à voir avec moi ? » rétorqua vieille Bao.

Plusieurs jeunes filles tremblaient derrière elle, ajoutant : « Exactement ! Nous ne sommes que des femmes ordinaires. Votre intrusion dans des résidences privées et vos intimidations sont totalement déraisonnables ! »

Miao Jianxiu ricana. « Arrêtez de faire semblant d’être ignorantes ! Hua Che a massacré la Secte Immortelle Shangqing, tuant impitoyablement le Chef de Secte Lu et causant la mort prématurée de cinq mille disciples. Nous sommes ici pour venger l'Ancien Lu Yao et rendre justice. Nous déchirerons ce criminel en morceaux ! »

« Impossible ! » s'exclama une courtisane en descendant précipitamment l’escalier, incrédule. « Vous devez vous tromper. Che’er ne tuerait jamais quelqu'un, il ne le ferait pas ! »

D’autres jeunes filles acquiescèrent : « C'est vrai, nous avons vu cet enfant grandir. Comment pourrions-nous ne pas connaître son caractère ? »

« Il doit y avoir un malentendu ici, un grief non résolu ! »

Miao Jianxiu répliqua : « Très bien, vous parlez toutes en faveur de ce criminel. Vos intentions sont vraiment sinistres. Seriez-vous toutes ses complices ? »

Le visage de tout le monde pâlit. « Immortel, s’il vous plaît, ne dites pas de telles absurdités ! »

« Absurdités ? Ce jeune maître sait bien ce qu'il en est. Lorsque Hua Che était enfant, affamé et sans nourriture, n'avez-vous pas toutes tendu la main à ce fils de prostituée ? Mais savez-vous qui est son père biologique ? C'est le Seigneur Démon sanguinaire et meurtrier ! Haha, vous le saviez toutes depuis longtemps, n'est-ce pas ? Vous avez protégé le fils du Seigneur Démon, et maintenant que les ennuis arrivent, vous essayez encore de le défendre. Pensez-vous que nous sommes des idiots ? »

« Amenez-les ! Encerclons tous ceux qui sont sous l’influence ‘démoniaque’ de Hua Che. Si nous ne les éliminons pas maintenant, ils deviendront ses alliés à l'avenir et sèmeront le chaos dans le monde ! »

Ils n’étaient que de simples mortels, sans aucun pouvoir. Si les cultivateurs voulaient les tuer, ce serait aussi facile que d’écraser une fourmi.

À leurs oreilles résonnèrent les cris désespérés et pitoyables, des cris qui secouaient les cieux. Le sang inonda à plusieurs reprises les carreaux, transformant chaque personne vivante en cadavre sans vie.

« Ne tuez pas cette vieille dame ! Gardez-la en vie pour attirer Hua Che à sa mort ! »

D'abord recroquevillée sous la table, tremblante, Grand-mère Jiang, en entendant cela, trouva soudain du courage et se jeta sur l’épée du cultivateur. Si le cultivateur n’avait pas réagi rapidement, avec la puissance de cette épée immortelle, la tête de Grand-mère Jiang aurait été séparée de son corps.

« Maudite vieille femme, tu ne veux pas être utilisée comme otage, tu cherches la mort, hein ? » Le cultivateur libéra un lien céleste, attrapant brutalement les cheveux de Grand-mère Jiang et lui levant la tête. « Ton jeune maître a massacré tant de gens. Même si on le réduisait en cendres, ce ne serait pas suffisant ! Et toi, criminelle qui as élevé le fils d’un démon, tu es tout aussi coupable ! Une fois que nous en aurons fini avec Hua Che, nous t’enverrons directement sous terre pour le rejoindre ! »

La conscience de plus en plus faible finit par se disperser, et la vieille Bao, les yeux grands ouverts, rendit l’âme.

Tremblant, Hua Che se releva péniblement, ne sachant pas ce qui l’avait fait trébucher, son corps couvert de sang. Il se traîna jusqu’au jardin arrière où, sur le mur d’ombre, des mots étaient écrits avec du sang frais : « Hall de Shangqing ».

Ils avaient emmené Grand-mère Jiang au Hall de Shangqing, où ils prévoyaient de tenir une cérémonie pour commémorer Lu Mingfeng et les âmes des disciples de la secte avec le sang de Grand-mère Jiang et de Hua Che !

Hua Che retourna à la Secte Shangqing, épée à la main. En bas du Mont Kunlun, le disciple principal de Lu Mingfeng, vêtu de vêtements de deuil, le regarda avec une férocité glaciale. Il attrapa un panier en bambou à proximité, jeta l’argent rituel en l’air avec force et déclara : « À partir d’ici, tu dois monter la montagne en te prosternant ! »

Les montagnes ancestrales s’étendaient à perte de vue, et la Secte Shangqing se trouvait au sommet le plus élevé du Mont Kunlun. Le sentier de la montagne était accidenté et difficile, même pour marcher, alors avancer en se prosternant était une épreuve inimaginable.

Hua Che ricana froidement, une lueur glaciale dans les yeux. « Devant qui veux-tu que je me prosterne ? Lu Mingfeng ? »

« Prosterne-toi devant ton maître décédé et les cinq mille disciples que tu as tués ! » Le disciple principal parlait avec le cœur brisé, tremblant de tout son corps. « Ta vieille servante t'attend dans le Hall de Shangqing ! »

Grand-mère Jiang était là-haut. Peu importe la haine ou l'humiliation qu'il ressentait, il n'avait pas d'autre choix que d'obéir.

Depuis le pied de la montagne, il s'agenouilla et se mit à avancer. Du lever au coucher du soleil, quand il atteignit la Plateforme de Shangqing, son corps inférieur n’était plus qu’un amas de chair et de sang, ses genoux ressemblaient à des pastèques écrasées. Il tenta de se lever mais retomba à cause de la douleur.

Il n'avait pas le temps de se soucier de la douleur, car son esprit était entièrement concentré sur Grand-mère Jiang.

Grand-mère Jiang était solidement attachée, agenouillée au centre de la Plateforme de Shangqing, couverte de blessures innombrables. Hua Che ne pouvait imaginer combien de souffrances elle avait enduré en montant.

Il ressentait seulement un feu brûler en lui, de plus en plus intense, consumant presque ses organes internes.

« Petit maître... » sanglota Grand-mère Jiang, incapable de se contrôler.

La Plateforme de Shangqing était bondée. Ceux qui avaient participé au massacre, ivres de sang, étaient présents, tout comme les disciples en deuil de Shangqing, chacun le fixant de leurs yeux pleins de ressentiment, de dégoût, de haine, et même de répugnance.

Hua Che dit : « Combien de fois dois-je le répéter ? Je n’ai pas tué ces cinq mille disciples de la Secte Shangqing ! Si vous avez tant de haine, allez brûler le palais Feng Qing et cherchez Yin Wuhui ! Qu’est-ce que cela a à voir avec les autres ou les innocents dans ce bâtiment ? »

Un épéiste nommé Zhang Shan répliqua furieusement : « Même si ce que tu dis est vrai, même si c’était effectivement l’œuvre de Yin Wuhui, et alors ? Cela prouve-t-il ton innocence ? Les dettes des pères doivent être payées par les fils ! Les péchés commis par Yin Wuhui doivent légitimement être supportés par toi ! »

Dettes du père ? Compensation par le fils ?

Juste parce qu'il avait hérité de la lignée de Yin Wuhui, méritait-il de subir cette calamité, et l'Auberge de l’Ivresse méritait-elle d'être impliquée ?

Hua Che eut un petit rire, un sourire glacial se dessinant sur ses lèvres exsangues. « Ne suis-je pas injustement accusé ? Vous êtes tous remplis d'une indignation vertueuse. Si vous voulez me torturer et me réduire en cendres, oserais-je vous demander : ai-je tué vos parents ou massacré toute votre famille ? »

Un vieux taoïste ferma les yeux. « Un moustique passe près de toi sans te piquer, et pourtant tu voudras le tuer. »

Les yeux de Hua Che s'éteignirent progressivement, remplis de désolation et de sarcasme. Il esquissa un sourire plein de fierté. « Je comprends maintenant. Je suis né coupable, né pour mourir ! Même s'il n'y avait pas eu cette affaire avec Lu Mingfeng, même si cinq mille vies n'avaient pas été perdues, je mériterais quand même la mort ! »

Fils d’un seigneur démoniaque, si remarquable, craint de tous, préparé au pire, éliminé comme une menace potentielle.

Plutôt que de dire qu'ils le haïssaient, il serait plus juste de dire qu'ils le craignaient.

Ils craignaient que Hua Che ne rejoigne le Palais Fen Qing, qu'il ne devienne la main droite de Yin Wuhui. Comment le champion du tournoi d'arts martiaux pendant trois sessions consécutives ne pourrait-il pas être redouté ?

Hua Che laissa échapper un rire amer, son regard devenant sans précédent impitoyable et malveillant. « Vous voulez éliminer une menace future. Venez me tuer alors ! Ceux de l'auberge et Grand-mère Jiang sont innocents ! »

Le cultivateur semblait attendre ce moment, rugissant de fureur, « Et que dire des cinq mille disciples innocents de Shangqing ? Ils t'ont protégé, étaient de connivence avec toi, et sont donc coupables et doivent être punis ! »

« Se venger de moi, détruire mon refuge, tuer ceux que j'aime. » La colère de Hua Che se transforma en rire.

C'est ça, le chemin des immortels ?

C'est ça, la secte renommée que tout le monde loue ?

Finalement, Lu Yao, longtemps incapable de bouger, fut soutenu par quelqu'un et cria d'une voix rauque : « Hua Che, le disciple renié de Shangqing, ambitieux et traître, a trahi son maître et ses ancêtres, en collusion avec le Palais Fen Qing et Yin Wuhui pour nuire aux cinq mille disciples de Shangqing. De tels crimes sont intolérables et méritent la punition ultime ! »

La Plateforme de Shangqing était équipée d'une ancienne formation, conçue d'abord pour empêcher les attaques des cultivateurs démoniaques et contre-attaquer avec cette formation antique ; ensuite, pour nettoyer la secte, en traitant spécifiquement avec ces disciples impardonnables.

Un vieux taoïste posa une épée sur le cou de Grand-mère Jiang, menaçant froidement : « Hua Che, n'essaie même pas de t'enfuir ! »

Hua Che, qui essayait de reculer de la Plateforme de Shangqing, suspendit ses pas.

Malheureusement, Grand-mère Jiang, qui avait versé des larmes en silence, sourit soudainement avec chaleur et douceur. "Jeune Maître, cette vieille servante s'ennuie de Mademoiselle, alors je ne vais plus t'accompagner."

Sur ces mots, Grand-mère Jiang, sans hésitation, se jeta sur la lame de l'épée, son sang jaillissant abondamment !

"Grand-mère !" s'exclama Hua Che, horrifié, ignorant l'activation de l'ancienne formation, se précipitant imprudemment vers Grand-mère Jiang, déterminé à ôter la vie du vieux taoïste.

Le sang éclaboussa partout, le couvrant entièrement.

Malgré une douleur atroce qui transperçait ses os, Grand-mère Jiang continuait de sourire. Lentement, elle leva la main et caressa doucement le visage de Hua Che. "Jeune Maître, ne pleure pas... Cette vieille servante va retrouver Mademoiselle..."

L'énergie vitale de Hua Che coulait sans cesse de sa paume vers le corps de Grand-mère Jiang, mais c'était comme des grains de sable tombant dans l'océan, disparaissant sans laisser de trace, il était incapable de la soigner, peu importe ce qu'il faisait.

L'ancienne formation avait déjà été activée, mais Hua Che ne ressentait aucune douleur. Le sang de son cœur avait cessé de couler, se transformant en un amas inerte qui se brisa en fragments, n’y laissant qu'un trou béant ensanglanté.

"Hmm." murmura doucement Hua Che.

L'âme de Grand-mère Jiang commençait à se dissiper. Elle toucha affectueusement le visage de Hua Che et sourit. "Tout le monde à l'Auberge de l’Ivresse... est aussi en chemin. Cette vieille servante n'est pas du tout seule, d'autant plus qu'au bout du chemin, il y a ta mère !"

"Hmm."

"Peu importe qu'ils ne croient pas en toi, cette vieille servante, elle, croit en toi. Cette vieille servante t'a pris en charge pendant tant d'années. Même la sage-femme qui t'a mis au monde, c'était cette vieille servante. Est-ce que cette vieille servante ne te connaît pas..."

Depuis son enfance, Hua Che avait entendu sa mère mentionner Grand-mère Jiang.

Grand-mère Jiang était aussi une personne pitoyable. Toute jeune, elle avait été vendue par son père adoptif à une troupe de théâtre, et plus tard, elle avait fini à l'Auberge de l’Ivresse. Comme son apparence n'était pas exceptionnelle, elle ne pouvait pas devenir courtisane et devait se contenter d'être servante.

Elle y travailla plus de trente ans. Plus tard, quand Hua Mei'er entra à l'auberge, Grand-mère Jiang fut affectée pour s'occuper des besoins quotidiens de Hua Mei'er.

Grand-mère Jiang sympathisa avec le sort de Hua Mei'er et admirait son caractère. Au fil des années, elle l'accompagna dans toutes les épreuves. Après que Hua Mei'er tomba enceinte, elle racheta sa liberté et partit avec Grand-mère Jiang.

Ces jours-là furent vraiment durs. Pour se racheter, elles dépensèrent toutes leurs économies. Elles n'avaient même pas les moyens d'engager une sage-femme, alors Grand-mère Jiang apprit sur le tas à aider Hua Mei'er à accoucher, coupant maladroitement le cordon ombilical, baignant et habillant Hua Che de ses propres mains, et l'enveloppant dans des langes.

Même après la mort de Hua Mei'er, Grand-mère Jiang ne quitta pas Hua Che. Elle fit des travaux pénibles, des petits travaux, utilisant ses maigres salaires pour acheter de la viande afin de nourrir Hua Che. Pour économiser, elle ne mangeait qu'un seul petit pain à la vapeur par jour, et quand elle ne pouvait plus supporter la faim, elle buvait de l'eau pour se remplir l'estomac.

Le vieux proxénète ne supportait plus de la voir ainsi et lui demanda si elle vivait frugalement pour économiser pour son propre cercueil.

Le sourire de Grand-mère Jiang était exceptionnellement tendre, ses yeux brillant de désir. "Cet argent, c'est pour que le Jeune Maître puisse se marier. Sans aucun soutien, le Jeune Maître ne pourra pas tenir la tête haute chez les autres."

Grand-mère Jiang ne s'était jamais mariée de toute sa vie, elle n'avait jamais eu d'enfants.

Elle considérait Hua Che comme son propre fils, lui offrant tout son cœur et son âme. Elle économisait sur tout, travaillait dur, craignant que le Jeune Maître ne soit méprisé.

Lorsque Hua Che était plein de vie et d'énergie, Grand-mère Jiang pouvait accomplir toutes sortes de travaux lourds et difficiles. Quand Hua Che était cloué au lit, Grand-mère Jiang se négligeait elle-même, veillant deux jours et deux nuits sans sommeil à son chevet, essuyant ses larmes de temps en temps, priant les dieux et les bouddhas pour que Hua Che guérisse vite.

Quand elle apprit que le Jeune Maître était devenu disciple de la secte Shangqing, elle était si excitée qu’elle alla frapper à toutes les portes pour le raconter, craignant que quelqu'un ne sache pas que son Jeune Maître avait réussi.

"Ça suffit, repose-toi un peu !" Le corps de Grand-mère Jiang devenait de plus en plus froid, et Hua Che l'enlaça instinctivement plus fort.

"N’oubliez pas ce que votre mère vous a dit." Grand-mère Jiang regarda le ciel, ses yeux perdant peu à peu leur éclat. "Pur et innocent, non entaché par la moindre poussière, vous devrez être aussi vaste et libre qu'un ciel dégagé sur des milliers de kilomètres, sans nuages sombres, sans pluie de chagrin, toujours doux et ensoleillé."

Quand la dernière trace d'énergie vitale de Hua Che fut épuisée, Grand-mère Jiang sourit et ferma les yeux.

Le silence s’installa.

Tout était parti, tout.

Qu'est-ce que cela veut dire d'être vaste et libre ? Où était la liberté, où pouvait-elle être large ?

Qu'est-ce que cela voulait dire d'être doux et ensoleillé ? Ce qu'il voyait et entendait n'était que férocité, que violence ! Au-dessus de lui, des nuages sombres, faisant face à la pluie de sang et aux vents violents, son esprit englouti dans les ténèbres.

Pourquoi !!!?

Tous les gens de l’Auberge de l’Ivresse étaient si innocents, si injustement traités !

Grand-mère Jiang l’avait élevé depuis son enfance, n’avait pas profité de quelques années de paix, et avait été détruite à cause de lui, mourant tragiquement dans une terre étrangère !

Un espoir après l’autre disparaissait de son cœur, une ambition après l’autre s’effondrait.

Les nuages sombres s’amoncelèrent dans le ciel, libérant enfin une pluie torrentielle, le tonnerre grondant, tandis que l’ancienne formation féroce dévorait complètement Hua Che.

Bien qu'il fût mort et disparu, la haine profonde et l'injustice gravée dans ses os maintinrent son esprit en vie.

Il tomba dans l'au-delà, la terre où retournent d'innombrables âmes.

On disait que le royaume des démons était sombre avec du sang s'élevant vers le ciel, mais c'était parce qu'ils ne l'avaient pas vu, ils n'étaient jamais allés véritablement dans le royaume des fantômes, ils ne savaient pas que c’était le véritable purgatoire.

Le ciel était noir, la terre rouge, le sang y stagnait depuis des milliers d’années.

Il n’y avait pas de lumière ici, l’air était imprégné de l’odeur de pourriture, sous les pieds il y avait des os brisés et des âmes errantes.

D'innombrables esprits malveillants, une folie sans fin et déchaînée, festoyaient ensemble, rugissant d’excitation, encore plus excités d’accueillir l’afflux de nouveaux fantômes.

Ces derniers étaient les cibles de leurs brimades.

L'au-delà avait ses propres règles de survie, et dans les sept jours avant de pouvoir se réincarner, ils devaient faire tout leur possible pour survivre.

Cela ne ressemblait en rien à ce que les contes populaires décrivaient, avec le Roi des Enfers, ou les divinités du Yin et du Yang.

Ici, il n'y avait ni serviteurs fantômes ni juges. C'était un territoire sans loi, où les fantômes s'entretuaient ; les faibles étaient dévorés par les forts. Les plus puissants, en absorbant les âmes spirituelles, pouvaient se transformer de simples esprits en entités physiques.

Si l'on avait la chance de survivre pendant sept jours, on pouvait renaître dans le monde des mortels. Si l’on refusait la réincarnation et manquait ce moment crucial, il ne restait qu'une seule destinée : devenir un cultivateur fantôme.

Cent ans pour cultiver les os et le sang, mille ans pour cultiver la chair et la peau.

Chaque année, le 15 juillet, lorsque le Qi du Yin était à son apogée et que la Porte des Fantômes s’ouvrait en grand, c’était une chance de s'échapper et de retourner dans le monde des mortels.

Oublier le passé et se réincarner ?

Comment cela serait-il possible !

Si les gens de l'Auberge de l’Ivresse n’étaient pas morts, si Grand-mère Jiang était encore en vie, peut-être qu'il aurait choisi la réincarnation, qu'il aurait joyeusement rejeté cette lignée imposée par la force par Yin Wuhui, pour devenir une personne ordinaire dans sa prochaine vie.

Mais maintenant, il cherchait la vengeance !

Avec ce corps hideux et dégoûtant, avec une identité que le Ciel et la Terre ne pouvaient tolérer, il allait revenir en force.

Tourmenter les nouveaux fantômes était un plaisir éternel dans le royaume des fantômes. Ils gardaient l’entrée, dévorant âme après âme. Même si ces âmes spirituelles étaient plus faibles, "même les moustiques sont de la viande".

Cependant—

Une longue épée claire perça les ténèbres, la lumière éclatante et tranchante aveugla d'innombrables esprits malveillants.

Des milliers de fantômes hurlèrent, dix mille pleurèrent ensemble !

Les anciens, qui vivaient dans le royaume des fantômes depuis des milliers d’années, comprirent qu’un personnage redoutable était arrivé ici, pas un simple mortel, mais un maître immortel.

Et ce maître immortel, contrairement à d'autres grands cultivateurs, était impitoyable, sans pitié, avec une puissance féroce et glaciale. Son pouvoir était si impressionnant que personne n'osait défier sa lame.

Les esprits ordinaires, même ceux qui étaient autrefois des maîtres immortels, avaient besoin d’au moins cent ans pour devenir des cultivateurs fantômes. Mais ce nouveau venu était différent.

Il cultiva son squelette en seulement cinquante ans, et la chair et le sang en deux cents ans de plus !

En moins de trois cents ans, à l'exception de quelques parties qui n'avaient pas encore complètement poussé, il était devenu presque indistinguable des humains.

Le vieux fantôme sentit qu'il avait complètement mal compris auparavant. Il avait pensé que cette personne appelée Hua Che était un maître immortel de son vivant, mais à juger par ses actions impitoyables et décisives, il devait être un cultivateur démoniaque.

Lors de la nuit du Festival des Fantômes, tous les esprits malveillants tremblèrent et se rassemblèrent à la sortie du royaume des morts.

Ils virent une silhouette dégageant une aura féroce, avec des vents astraux balayant les nuages résiduels. Partout où il passait, l'herbe et les arbres se desséchaient. Certaines âmes, si effrayées qu'elles en oubliaient de fuir, ne firent que toucher le vent du Yin émanant de lui et se transformèrent instantanément en cendres.

Enfin, cette personne sortit de la porte du royaume des fantômes, et les dix mille fantômes applaudirent.

Cet esprit maléfique féroce était enfin parti !!!

 

Traduction: Darkia1030

Edition: AymxLuna

 

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