Serait-ce eux ? La main de Shi Hai s'est-elle déjà étendue jusqu’ici ?
Xiang Shu devint soudainement très épuisé pour une raison inconnue. Malgré cela, il demeurait lucide. Chen Xing le soutint vers l'arrière-cour et l’aida à s'allonger sur un lit de malade dans la salle Huichun. Xie Daoyun vérifia son pouls avant de regarder Chen Xing en silence.
« Avez-vous été en contact avec quelqu'un ces jours-ci ? » demanda Xie Daoyun.
Chen Xing répondit : « Nous sommes arrivés à Jiankang avant-hier. Nous avons vu beaucoup de monde, mais nous n'avons croisé aucun… individu étrange. »
Xie Daoyun posa à nouveau la question : « Qu'avez-vous mangé ? »
Chen Xing se rappela que pendant leur séjour chez la famille Xie, leur nourriture et leurs boissons avaient été normales. Hier, à Dongzhe, Xiang Shu ne but pas le thé qui leur fut servi, alors que Chen Xing en avait beaucoup bu. Plus tard dans la nuit, ils burent seulement du vin chez Feng Qianjun, et il était impossible que Feng Qianjun les ait piégés.
Chen Xing répondit, et ce n’est qu’alors que Xie Daoyun comprit que Chen Xing était l’invité de la maison de son petit oncle.
Chen Xing tenait la main de Xiang Shu et injecta la lampe du cœur dans les méridiens de son corps. Curieusement, rien n'était anormal. « Ce n’est pas possible… »
Xie Daoyun ne répondit pas.
Xiang Shu ne s'endormit pas ; il leva simplement son autre main et frotta l’espace entre ses sourcils avec son pouce.
Chen Xing dit : « Xiang Shu, te sens-tu somnolent ? »
« Pas somnolent, » répondit Xiang Shu en fronçant les sourcils. C'était juste qu'il n’avait plus de force. « Rentrons d'abord, ba. »
À ce moment-là, Gu Qing entra avec un bol de soupe médicinale épaisse. Chen Xing sentit une forte odeur de ginseng. Xiang Shu dit : « Je n'ai pas besoin de boire ça. Je n'ai pas sommeil. Ce n'est pas la peste. »
« Essaie de le boire ? » insista Chen Xing.
Xiang Shu sembla un peu irrité ; il leva la main pour l'éloigner. Cependant, Chen Xing ne le laissa pas faire. « Je vais te nourrir, sois obéissant. »
Xie Daoyun observa la relation entre les deux hommes puis tourna les yeux vers Gu Qing. Cette dernière sourit à contrecœur et hocha la tête en direction de Xie Daoyun, comme pour dire : « C’est comme tu le penses. »
Xie Daoyun fronça légèrement les sourcils, visiblement inquiète.
Xiang Shu céda : « Très bien, je vais le boire moi-même ! »
Chen Xing savait que Xiang Shu n’aimait pas montrer sa faiblesse devant les autres, alors il ne le força pas. Après que Xiang Shu eut bu la soupe, il se sentit immédiatement rafraîchi.
« Quelles sont les herbes qui composent cela ? » demanda Chen Xing à Xie Daoyun.
« Racine de ginseng, écorce de gutta-percha, racine de cardère de l'Himalaya, fruit de babchi... » Xie Daoyun énuméra plus de dix noms d'herbes d’affilée, toutes des toniques avec de forts attributs yang. « Ordonnance du maître. »
Xiang Shu se leva après avoir bu le médicament ; il ne voulait plus rester à la clinique.
Chen Xing se leva après lui. En tout cas, ce qu'il avait voulu savoir, Xie Daoyun devait avoir à peu près deviné à ce stade, et donc, il ne pouvait que s'excuser auprès d'elle. Xie Daoyun ne leur demanda pas les frais de médicaments. Elle ordonna à Gu Qing de raccompagner les deux hommes, de préparer une voiture et de les renvoyer à la résidence Xie.
« Tu te sens mieux ? » Chen Xing était inquiet — moitié pour Xiang Shu, moitié pour lui-même. Après tout, dans son esprit, Xiang Shu avait toujours été une figure omnipotente. Cela lui avait fait progressivement oublier qu'il avait un corps humain — de la chair et du sang qui devait manger, boire et dormir. Quand il vit soudainement qu’il semblait malade, il paniqua immédiatement et s’inquiéta profondément. À l’intérieur de la voiture, il vérifia tout le temps le pouls de Xiang Shu.
Xiang Shu réfléchit et ne répondit pas à Chen Xing. Après que Chen Xing l’eût appelé plusieurs fois, Xiang Shu revint à lui. Lorsqu’il croisa le regard de Chen Xing, il semblait légèrement en colère. « Je t'ai dit, je n’ai pas sommeil. Tu ne me crois pas ? »
Chen Xing acquiesça simplement. Il ne savait pas quoi faire pour le moment et espérait juste que ce n’était pas un problème grave.
« J’enquêtais sur les allées et venues de Kjera il y a environ deux ans. Lorsque je partis de Luoyang pour le sud, je rencontrai exactement la même situation, » expliqua Xiang Shu. « Cela me conduisit à être fait prisonnier par l'armée Jin. »
Chen Xing écarquilla les yeux.
Il se souvint alors qu’il s’était également interrogé pendant un moment sur cet événement. Avec le niveau de compétence de Xiang Shu, comment avait-il bien pu être capturé ?
« J’ai perdu toutes mes forces en un instant, » Xiang Shu fronça les sourcils.
« Que s’est-il passé ensuite ? » demanda Chen Xing, surpris.
Xiang Shu pensa à voix haute : « Je ne sais pas, peut-être que je récupérai après avoir pris tes médicaments, ou peut-être que j’étais déjà rétabli avant même de te rencontrer. Mais comme les Hans ne fournissaient ni nourriture ni eau, je ne pus me libérer. Après avoir été capturé et transféré à Xiangyang, je suir resté faible pendant longtemps. »
Xiang Shu leva la main, essayant de soulever sa large épée. Il parvint à peine à la lever ; il était évident que ses mouvements étaient lents et manquaient de force.
« C’est comme si tout à coup, ma force se dissipait complètement, » murmura Xiang Shu. « Quel est le problème ? Chen Xing, veux-tu te calmer ? »
« Je... Qu’est-ce qui ne va pas avec moi ? » Chen Xing était perdu. « Est-ce que j’ai l’air paniqué ? »
Xiang Shu fronça les sourcils et dit : « On dirait que tu as la peste. Puisque j’ai pu récupérer la dernière fois, je suis sûr que cette fois ce sera aussi la même chose. »
Chen Xing se calma un peu. « Je... c'est parce que j'ai un peu peur. »
Chen Xing prit la main de Xiang Shu. Alors que celui-ci l'observait un instant. Finalement, Chen Xing se calma progressivement et dit : « Prenons un jour de congé et voyons, ba. »
Ce jour-là, Chen Xing observa attentivement l'état de Xiang Shu et soupçonna qu'il s'agissait d'une sorte de maladie qui ne pouvait être éradiquée. Cela le rendait de plus en plus confus, car Xiang Shu n'était pas aussi somnolent que ce que Xie Daoyun avait décrit. Son expression resta la même et il semblait juste légèrement fatigué ; peut-être ne souffrait-il pas de la peste. Cependant, cela pouvait aussi être dû à la constitution robuste de Xiang Shu, ce qui rendait les symptômes moins évidents.
Cette nuit-là, Chen Xing emménagea dans la chambre de Xiang Shu et dormit sur le canapé.
Tôt le matin du jour suivant, Xiang Shu se réveilla comme d'habitude. Chen Xing se dit "Dieu merci", se leva et vérifia le pouls de Xiang Shu ; il était normal et battait régulièrement.
« Comment te sens-tu ? » demanda Chen Xing.
Xiang Shu se leva, tenta de soulever son épée large, puis dit : « Pas bon. Il est même difficile de faire un mouvement. Si un ennemi arrive, ce sera très gênant. »
En disant cela, Xiang Shu et Chen Xing échangèrent un regard ; tous deux étaient conscients du danger. Chen Xing marmonna : « Cela pourrait-il être eux ? Les hommes de Shi Hai sont-ils arrivés ici ?»
Xiang Shu répondit : « Peut-être pas. Au moins jusqu'à présent, personne n'est encore venu me déranger. Peut-être qu'ils n'ont pas découvert mon état d'affaiblissement et se cachent toujours dans l'ombre. Cependant, nous devons être très prudents et prendre cela au sérieux. Après avoir écouté ce que Feng Qianjun avait dit l'autre jour, je n'arrêtais pas de penser que quelque chose n'allait pas. Il est impossible pour Shi Hai d'abandonner le Sud. Il devait avoir Jiangkang en tête dès la guerre de Xiangyang. »
Au début, Chen Xing soupçonnait que la peste était liée à Shi Hai. Même si Shi Hai ne l'avait pas fait personnellement ou en envoyant ses hommes à Jiangnan, la propagation de la peste était entièrement causée par les démons de la sécheresse. Pourtant, une quantité considérable d'informations compliquées interféra avec son jugement et le fit réfléchir: cette affaire n'avait-elle aucun rapport avec les démons de la sécheresse ?
Depuis le début, ai-je mal interprété les choses ?
Chen Xing commença à percevoir une sorte de danger inconnu caché sous la ville agitée et animée de Jiangkang. En supposant que le subordonné de Shi Hai se soit déjà caché à Jiangnan et était prêt à renverser la cour Jing, satisfaite de son territoire, mais que la mise en œuvre de son plan n'ait pas été aussi fluide qu’elle l’avait été dans le Nord, alors tout ce qui s'était passé prendrait sens.
« Tu as raison, » admit Chen Xing, « je l'ai pris à la légère. »
Xiang Shu hocha la tête ; il semblait que sa présence n’était pas du tout diminuée par la perte de force. Chen Xing remarqua également que seule la force physique de Xiang Shu avait été érodée ; son esprit restait aussi clair qu’avant – ne ressemblant pas du tout à la description habituelle de « perdre à la fois ses âmes yin et yang ».
Ainsi, Chen Xing révisa son ordonnance et demanda à une personne de la famille Xie d’aller acheter les ingrédients du médicament. Il exclut plusieurs médicaments prescrits par Xie Daoyun ; il se concentra principalement sur l’amélioration de la force physique.
Xie An vint vers eux comme d'habitude, invitant Chen Xing et Xiang Shu à prendre le repas avec lui. Chen Xing commença à demander s'il y avait des traces de personnes étranges à Jiangkang, Danyang, Kuaiji et Moling au cours de l'année écoulée.
« Non, » répondit Xie An après avoir réfléchi, « Quel est le problème ? J'ai entendu dire que tu étais allé voir Daoyun hier ? »
Chen Xing et Xiang Shu avaient eu une simple discussion plus tôt et avaient décidé de partir aujourd’hui pour mener une enquête sérieuse. Il ne pouvait plus y avoir de délai, alors il répondit : «Ces jours-ci, nous ne vous dérangerons plus. Nous devons sortir. »
Xie An dit à Chen Xing : « J'ai envoyé quelqu'un à Kuaiji il y a quelques jours pour identifier l'endroit où se trouvaient les documents de la Lame Acala. Je pense qu'ils seront de retour aujourd’hui, ou dans un ou deux jours. Attendez un peu plus longtemps ? »
Xiang Shu répondit : « Le problème en cours est plus important, alors gardez cette information pour le moment. Peut-être que nous pourrons aussi les rencontrer à Kuaiji. »
Xie An fut sur le point de dire quelque chose, mais hésita. Après un moment, il demanda à nouveau : « Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour aider ? Pourquoi êtes-vous si pressés de partir ? »
En fait, Chen Xing ne soupçonnait pas Xie An. Si Xie An complotait vraiment contre eux, il n’aurait pas attendu jusqu’à ce moment. Cependant, moins les gens étaient au courant de cette affaire concernant Xiang Shu perdant toutes ses forces, mieux c'était. En conséquence, il se contenta de dire que c'était lié à la peste. Lorsque Xie An entendit ces mots, il hocha la tête sans hâte. Juste à ce moment, Xie Daoyun arriva avec Gu Qing.
« Ça va mieux ? » dit Xie Daoyun dès qu’elle entra. Elle hocha la tête vers Xie An en geste de courtoisie avant d’aller vérifier le pouls de Xiang Shu puis jeta un coup d'œil à Chen Xing. Chen Xing secoua lentement la tête.
« Frère Xiang ne se sent pas bien ? » demanda Xie An.
« Ce n’est pas le cas », répondit immédiatement Chen Xing.
Xie Daoyun vérifia et constata qu’il était relativement le même qu’hier. Il n’était pas somnolent — ce n’était pas comme s’il était vraiment infecté par la peste. Cela les rendit vraiment confus.
Immédiatement après, Xie An reçut une autre visite. C’étaient les gérants de la banque Dongzhe, mais cette fois ce n’était pas Wen Zhe qui était venue, mais un homme.
La maison de Xie An était vraiment animée ce jour-là. Ils rencontrèrent une personne qui portait un coffre, rempli à ras bord de titres de propriété. Il dit à Xiang Shu : « Shulü daren, ce sont des titres de propriété que notre dame nous a ordonné d’apporter. Il n’y a vraiment pas assez d’argent à la banque, nous ne pouvons donc apporter que les soldes des industries que nous avons ouvertes à Jiankang, Kuaiji et autres lieux de l’année précédente. Qu’en pensez-vous ? »
Xie An fut stupéfait en l’écoutant. Chen Xing agita ses mains pour lui signaler de ne pas poser de questions pour le moment. Après avoir vu les titres de propriété, il lui sembla que lorsque Wen Zhe était retourné pour faire ses calculs, elle avait découvert que la banque n’avait pas assez de liquidités. Ou peut-être qu’elle ne voulait tout simplement pas vider tout l’argent pour Xiang Shu, alors elle pensa à cette astuce.
« Mettez-le simplement ici. » Le regard de Xiang Shu n’était pas différent de l’habituel, « Combien reste-t-il après calcul ? »
Le porte-parole répondit respectueusement : « Les titres de propriété et les industries ici valent cent millions de liang d’argent, et il reste encore deux cents millions de liang à payer. Madame a demandé à Shulüdaren de nous accorder encore six mois de temps. »
« Hey ! Petit oncle ! » Xie Daoyun redressa rapidement le dos de Xie An. Ce dernier faillit s’évanouir après avoir entendu ces mots.
« Bien. » Xiang Shu vit que l’autre partie avait même sorti des titres de propriété ; elle semblait assez sincère. Ce n’était pas bon de trop mettre la pression sur les gens, alors il accepta de prolonger le délai. La personne qui était venue avait peut-être anticipé depuis longtemps qu’il dirait cela et continua précipitamment la conversation. Il sortit un stylo et du papier et dit joyeusement : « S’il vous plaît, laissez une note ici afin que cet humble puisse faire son rapport à son retour. »
« Ce que j’ai dit, moi Shulü Kong, n’est pas fiable ? » demanda Xiang Shu froidement. « Tu devrais repartir maintenant, ou je pourrais simplement changer d’avis. »
Cette personne ne put que reculer timidement. Juste au moment où il quittait le manoir Xie, une autre personne arriva. C’était Feng Qianjun.
Il se trouvait que Feng Qianjun passait par là ; lui qui était bien informé avait manifestement déjà entendu parler de ce qui s’était dit. Il demanda en entrant : « Frère Xiang, ça va ? »
Tout le monde dans la salle lui fit signe des yeux, seul Xie An voulut inconsciemment courir. Feng Qianjun dit avec impatience : « Je ne poursuivrai plus ta dette Xie daren, je te laisse tranquille pour une autre année ! »
Après un demi-shichen, dans la chambre de Xiang Shu.
Chen Xing faisait ses bagages et Feng Qianjun était assis, observant le teint de Xiang Shu. Xiang Shu fronça les sourcils et demanda : « Qu’est-ce que tu fais encore ici ? »
« Comment pouvais-je ne pas venir ? » Feng Qianjun paniqua après que Gu Qing lui ait raconté les événements de la nuit dernière. Il se leva tôt le matin pour envoyer quelqu’un voir ce qui se passait, et il se précipita pour vérifier la situation dès qu’il vit Xie An revenir du tribunal. « Tu étais en train de boire chez moi avant-hier, puis hier encore tu as eu un accident, comment pourrais-je ne pas venir ? »
Xiang Shu répondit : « Cela n’a rien à voir avec ton vin, j’en suis sûr. »
Feng Qianjun demanda : « Vous allez vous diriger vers Kuaiji maintenant ? »
Chen Xing répondit : « Nous ne pouvons plus attendre les nouvelles de Xie Shixiong, nous devons partir dès que possible. »
Feng Qianjun annonça de manière décisive : « Je vais vous accompagner. »
Chen Xing regarda Xiang Shu et Xiang Shu hocha la tête ; c’était aussi l’intention de Feng Qianjun de découvrir où se trouvait Shi Hai. Actuellement, Xiang Shu n’avait pas d’énergie, cela devrait donc être plus sûr avec Feng Qianjun avec eux.
Ainsi, Feng Qianjun alla d’abord s’occuper de certaines affaires, et les trois partirent pour Kuaiji cet après-midi-là.
*
Quelque part sous terre, de nombreuses rivières souterraines sinueuses se rassemblèrent. Lorsque leurs eaux traversèrent les basses terres, elles libérèrent des éclairs de lumière, illuminant l'obscurité. Sur les rives, de chaque côté du courant, s’étendait un tapis de fleurs étranges et luminescentes.
Cette mer florale baignait l’espace sombre d’un halo bleuâtre. Sur les pétales reposaient des papillons aux ailes diaphanes, diffusant une lumière blanche. Ces particules lumineuses s’éparpillèrent depuis le centre du champ de fleurs par vagues, créant une atmosphère presque irréelle.
Au cœur de cette mer florale, sur un haut-fond cerné par les rivières, surgit une structure complexe occupant près d’un acre de terre. Elle puisait sans relâche son énergie dans les milliers de papillons souterrains, dont la lueur pulsait en un ballet d’éclats et de palpitations soudaines.
Au centre de cette formation, gisait un immense serpent noir, sa tête ornée d’une corne brisée. Un flot incessant de gaz sombre s’enroulait autour de son corps, tandis que ses yeux, mi-clos, semblaient dissimuler une conscience latente.
Wen Zhe se tenait en retrait, une petite horloge en main, observant silencieusement le serpent.
« Conformément à vos ordres d’hier, la puissance du réseau de dragons a été renforcée, annonça-t-elle en arquant légèrement un sourcil. Mais je ne comprends toujours pas à quoi cela sert. »
« Une expérience », répondit l’homme derrière elle.
Wang Ziye apparut alors sur la berge extérieure, juste au-delà du cercle lumineux des fleurs. À ses côtés, trois guerriers en armure noire émergèrent lentement des eaux. Wen Zhe, surprise, se retourna et aperçut, à son grand étonnement, trois rois démons de la sécheresse se matérialiser devant elle.
« Quelle expérience ? » demanda-t-elle à nouveau. « Il était sur le point d’achever son raffinement, et vous décidez soudain de renforcer le réseau des dragons ? Shi Hai-daren, que comptez-vous faire ? »
Dans la main de Wang Ziye reposait un éventail noir. D’un geste nonchalant, il l’agita et déclara d’un ton détaché : « Le réseau de dragons est désormais à pleine puissance, et il va nous permettre de confirmer l’identité d’une personne. Les faits ont déjà prouvé que ma supposition était correcte, mais il est toujours prudent de ne rien laisser au hasard. »
Wen Zhe haussa un sourcil avec mépris. « Est-ce vraiment nécessaire ? Envoyer trois personnes… pour moi ? »
Elle dévisagea les trois rois démons avec une expression sceptique.
« Sous-estimer l’ennemi est une erreur grossière, » répondit Wang Ziye. « C’est ainsi que Feng Qianyi, Zhou Zhen et Zhou Yi furent vaincus. Deux rois démons de la sécheresse en ont également payé le prix. Mon Seigneur a donné ses ordres, Wen Zhe. Ne renverse pas le bateau dans le caniveau. »
« Peu probable, » répliqua-t-elle. « Le ressentiment accumulé par la Cloche Luohun est limité. À ce rythme, l’énergie puisée par les fleurs de l’âme dans les veines de la terre ne tiendra peut-être pas longtemps. »
« Ne t’en fais pas, » répondit Wang Ziye. « Ils n’ont actuellement aucun mana. Quels sont leurs mouvements ? »
« L’exorciste quitta Jiankang aujourd’hui. »
Wang Ziye hocha lentement la tête.
« Je vois. Même si la vérité est à portée de main, une dernière confirmation ne fait jamais de mal. Je vais aller à leur rencontre. »
« Sois prudent », lui rappela Wen Zhe.
D’un simple geste, Wang Ziye entraîna avec lui les trois rois démons de la sécheresse, laissant Wen Zhe seule pour surveiller l’endroit. Après un moment, elle pénétra dans le réseau de dragons, effleura doucement l’œil du serpent géant et laissa transparaître une expression étonnamment douce.
*
Deux jours plus tard, sur le chenal reliant Jiankang à Kuaiji.
« Xiang Shu, ça va ? » demanda Chen Xing.
L’épée de Xiang Shu était attachée dans son dos. Il chevauchait aux côtés de Chen Xing et Feng Qianjun, qui guidaient leur monture à travers les forêts de montagne. Le printemps recouvrait Jiannan d’un épais manteau de verdure, et les collines en terrasses offraient un paysage apaisant, empreint de sérénité.
Feng Qianjun ralentit son cheval et jeta un regard à Xiang Shu. « Tu te souviens ? Il y a un peu plus d’un an, nous étions dans la même situation, en route pour Chang’an. Sans qu’on s’en aperçoive, une année entière s’est déjà écoulée. »
Xiang Shu ne répondit pas. Chen Xing, inquiet de le voir s’évanouir de nouveau, ralentit délibérément l’allure.
« J’aurais dû rester à Jiankang, finit par dire Xiang Shu. Je ne fais que vous ralentir. »
Chen Xing fronça les sourcils. « Comment peux-tu dire ça ? »
« Je ne peux m’empêcher d’être inquiet d’avoir laissé les artefacts magiques à Xifeng, » avoua Xiang Shu. « Mais te laisser partir seul à Kuaiji m’inquiète encore plus. »
Feng Qianjun : « Hé, frère Xiang, j’ai tout entendu. Il s’avère qu’à tes yeux, je ne suis même pas une personne… »
Xiang Shu : « L’argent. »
« Non ! » cria aussitôt Feng Qianjun. « Gege, je ne suis pas une personne ! Je pars immédiatement en éclaireur pour vous ! »
Avant de quitter la ville, Chen Xing et Xiang Shu avaient caché temporairement le miroir Yin Yang, le tambour Zheng et cet ensemble d’anneaux dans une pièce secrète de la banque Xifeng. Si un imprévu survenait, ils craignaient que ces artefacts magiques ne soient à nouveau perdus.
« Tout ira bien », déclara calmement Chen Xing. « Parfois, je peux aussi vous protéger. Ma chance a toujours été grande, alors restez près de moi. »
Ils traversèrent un canyon. Feng Qianjun, qui marchait en tête, ralentit soudain le pas.
Chen Xing et Xiang Shu s’arrêtèrent derrière lui.
« Qu’as-tu deviné tout à l’heure ? » demanda Feng Qianjun. « Chen Xing, tu penses que c’était Shi Hai qui a rendu frère Xiang malade, n’est-ce pas ? »
Chen Xing réfléchit un instant avant de répondre : « Peut-être, mais il nous faut encore des preuves pour confirmer cette hypothèse. »
Feng Qianjun poursuivit : « Qu’a dit Xie An exactement ? Pourquoi a-t-il envoyé des gens enquêter à Kuaiji pour vous ? »
Chen Xing : « ??? »
Xiang Shu : « … »
Feng Qianjun poussa son cheval en avant. Lorsqu’ils atteignirent le fond du canyon, ils aperçurent un cadavre livide suspendu à un arbre près d’un ruisseau. Il portait des vêtements du peuple Jin, et une plaque pendait à sa ceinture.
Ils descendirent tous les trois de cheval. Feng Qianjun arracha la plaque et la lut : « Lin, ministre des Affaires intérieures de la dynastie Jin. »
Chen Xing fixa l’inscription et s’exclama : « Il appartenait au ministère de l’Intérieur ?! C’était un subordonné de Xie An ! Comment est-il… mort ici ?! »
Soudain, le cadavre poussa un rugissement sinistre. Ses yeux troubles s’ouvrirent d’un coup, et il se jeta sur Chen Xing !
« Fais attention ! »
Bien que Xiang Shu fût privé de ses pouvoirs martiaux, sa réaction ne se fit pas attendre. Il écarta vivement Chen Xing. Ce dernier, le cœur battant, leva les mains et invoqua la lampe du cœur.
Dès que la lumière toucha le cadavre, il hurla de terreur. Son cou toujours suspendu à l’arbre, il se débattit violemment, incapable de fuir, son apparence devenant plus effrayante encore.
Perché sur les hauteurs du canyon, Wang Ziye, qui observait la scène depuis le début, trouva cela fascinant et éclata de rire.
Derrière lui, les trois rois démons de la sécheresse attendaient, leurs épées en main.
Wang Ziye agita son éventail et ordonna : « Allez-y. »
Aussitôt, les rois démons s’inclinèrent, se transformèrent en ombres et s’élancèrent du sommet de la falaise !
L’instant d’après, Feng Qianjun dévia brusquement son bras gauche derrière lui et pressa son bras droit contre sa taille avant de dégainer ses deux épées d’un geste fulgurant. Xiang Shu se retourna et, d’un coup d’épaule, projeta Chen Xing sur le côté, l’entraînant avec lui dans sa chute.
Les trois rois démons de la sécheresse tirèrent leurs épées au même instant, chacun visant un adversaire. Sans même se retourner, Feng Qianjun croisa ses lames dans son dos pour bloquer l’attaque. De son côté, Chen Xing, plaqué au sol par Xiang Shu, roula sur lui-même pour esquiver de justesse.
Feng Qianjun eut juste le temps de crier : « Une attaque ennemie ! Partez vite ! »
Traducteur: Darkia1030
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