Dinghai - Chapitre 33 – Attaque du camp

 

 

« L’épouse est déjà vieille », déclara Chen Xing. « C’est vraiment une bénédiction du ciel qu’elle ait accouché en toute sérénité. »

Xiang Shu prit la parole avec désinvolture : « Le roi Akele a eu un jour un autre fils. Celui-ci prit part à une bataille contre les Rouran et y mourut. C’est pourquoi je pensais que je devrais venir jeter un œil. Après tout, Che Luofeng ne peut échapper à sa responsabilité dans cette affaire. »

Chen Xing : « … »

Il n’était pas étonnant qu’en mentionnant les Akeles, l’expression de Che Luofeng fût si étrange.

« Combien de fois ce genre de situation s’est-il produit à l’extérieur de la Grande Muraille ? » Chen Xing tourna légèrement la tête pour regarder Xiang Shu.

« Beaucoup », répondit Xiang Shu avec indifférence. « C’est encore plus féroce que les conflits entre les Hus et les Hans dans le Sud. Il y a toujours eu des luttes intestines entre les Hus à l’extérieur de la Grande Muraille. Au cours des dix ou vingt dernières années, ça a toujours été soit "je te tue, soit tu me tues". Bien que tout le monde semble vivre en harmonie au sein de l’ancienne alliance Chi Le, en réalité, des querelles sanglantes opposent toutes les tribus. »

Chen Xing réfléchit un moment, puis déclara : « Ainsi, peu importe l’endroit ou se situe la tribu, il y a toujours un besoin d’éducation, de lois et d’ordre. »

« C’est plus facile à dire qu’à faire », murmura Xiang Shu, perdu dans ses pensées. « Réconcilier les Rouran et les Akeles a déjà demandé beaucoup d’efforts, et Che Luofeng… » En disant cela, Xiang Shu soupira à nouveau.

Après un moment de silence, Chen Xing ne put s’empêcher de demander : « Che Luofeng ne viendrait pas chercher des ennuis avec les Akeles, n’est-ce pas ? »

« Cela dépend de lui », répondit Xiang Shu en fronçant fortement les sourcils. « Il y a trois ans, le premier guerrier rouran qui mourut de la main d’un Akele s’appelait Zhou Zhen. Pour Che Luofeng, c’était… »

« Un frère », compléta Chen Xing, se rappelant une conversation qu’il avait entendue par inadvertance à Chi Le Chuan concernant le passé des Rourans.

« Pas seulement ça », reprit Xiang Shu. « Zhou Zhen était le chéri de Che Luofeng. Ils formaient un couple. »

Chen Xing fut surpris : « Une fille ? Surnommée Zhou ? Ou une Han ? »

« Un homme », répondit Xiang Shu. « De filiation mixte, Han et Rouran. Frère Zhou Zhen avait deux ans de plus que moi, et quand le roi rouran régnait encore, ces deux-là étaient inséparables, comme l’ombre et la lumière… »

Chen Xing murmura : « C’était seulement pour le garder près de lui. »

Chen Xing était allongé sur le côté, face à Xiang Shu. Ce dernier se tourna et changea de position, s’allongeant avec l’oreille contre l’oreiller en bois, faisant face à Chen Xing.

« La façon dont ces deux-là se regardaient ne laissait aucun doute », déclara Xiang Shu avec désinvolture. « Je ne veux plus en parler. »

Chen Xing ressentit soudain une émotion indescriptible et éprouva un peu de sympathie pour Che Luofeng. Trois ans plus tôt, lors du grand combat, les Akeles avaient perdu leur prince aîné, mais dans le même temps, Che Luofeng avait également perdu son amant. Chen Xing n’avait simplement pas imaginé que, trois ans après la mort de Zhou Zhen, Che Luofeng eût finalement reporté son affection sur Xiang Shu, son Anda.

Il semblerait que Xiang Shu fût bien conscient du fait que Che Luofeng aimait les hommes, mais il n’avait jamais dévoilé ce fait.

« Je pense que Che Luofeng… »

Le ton de Xiang Shu devint plus dur : « J’ai dit, je ne veux plus en parler. »

« Tu le traites très bien », déclara Chen Xing, un peu amer.

« Veux-tu être frappé à nouveau ? » demanda Xiang Shu dans l’obscurité.

Chen Xing n’eut d’autre choix que de se taire.

« Peux-tu arrêter d’être si méchant ? » Chen Xing rassembla son courage, puis ajouta : « Xiang Shu, je sais que ce n’est pas vraiment ce que tu es. »

Xiang Shu : « … »

Lorsqu’il avait appris pour la première fois les actes de Xiang Shu par Zhu Xu, Chen Xing l’avait inconsciemment considéré comme un homme Hu féroce, violent et assoiffé de sang. Cependant, à mesure qu’il le connaissait, il découvrit progressivement que Xiang Shu n’était pas du tout un homme agressif.

Lorsqu’il avait été pris en embuscade au milieu de la nuit dans les rues de Chang’an, il avait choisi de battre en retraite pour éviter que les soldats en patrouille ne perdent la vie face à des ennemis puissants. Chaque fois qu’il devait se battre au corps à corps, il s’appuyait presque entièrement sur sa propre puissance martiale, frappant les points de pression de ses adversaires pour les maîtriser sans les tuer. De plus, jusqu’à présent, la seule fois où Chen Xing l’avait vu tuer quelqu’un, c’était la princesse Qinghe. Et même dans ce cas, en y repensant, il n’y avait vraiment pas eu d’autre choix.

L’expression de Xiang Shu devint soudainement étrange.

Depuis son retour à Chi Le Chuan, Xiang Shu avait sérieusement essayé de maintenir l’ancienne alliance et d’assurer que chaque tribu coexiste pacifiquement. Pour lui, cette responsabilité était d’une importance capitale. Peu importe les différends entre les Akeles et les Rourans, Xiang Shu n’avait jamais pris parti. Et maintenant, il aidait les Akeles.

C’était pourquoi…

« Je pense toujours que ta méchanceté n’est qu’une façade », déclara Chen Xing, établissant la vérité par cette remarque. « C’est simplement parce que tu dois établir ton prestige en tant que Grand Chanyu, pour que toutes les tribus de l’ancienne alliance te respectent et te craignent. Utiliser la force brutale pour les maîtriser est donc devenu une habitude pour toi, n’est-ce pas ? »

Xiang Shu se leva soudainement. Chen Xing recula immédiatement, craignant que Xiang Shu ne le frappe à nouveau.

Mais Xiang Shu enfila simplement sa robe sans dire un mot, attacha sa ceinture et sortit de la tente.

« Xiang Shu ! » Chen Xing se leva à son tour et murmura sombrement : « Nous ne pouvons vraiment pas avoir une conversation convenable, n’est-ce pas ? »

Il réalisa qu’il devait avoir raison. Xiang Shu était, en effet, une personne au cœur doux et tendre. Il ne ressemblait en rien à un homme Hu.

« Sors vite ! » Xiang Shu ouvrit le rideau de l’entrée de la tente, fronça les sourcils, puis ordonna : «Mets tes vêtements ! »

Chen Xing : « ??? »

Tard dans la nuit, alors que tout le camp des Akeles dormait encore profondément, un faible tremblement se fit sentir au loin. Xiang Shu fut le premier à détecter l’anomalie. Il saisit immédiatement son épée, la mit sur son dos et se précipita dans la tente royale du roi Akele, criant fort dans la langue xiongnu. En un instant, presque tous les habitants du camp se réveillèrent.

Un tourbillon soufflait dans la tempête de neige pendant la cinquième veille de la nuit. Chen Xing courut dans un état second. Xiang Shu avait déjà conduit les guerriers Akeles à patauger dans la neige et à encercler le camp pour le protéger.

« Il n’y a rien ! » cria Chen Xing.

« Va à l’arrière ! Reste avec l’épouse ! » Xiang Shu prépara son arc et encocha une flèche. Tous les hommes étaient extrêmement nerveux, car ils percevaient une odeur étrange dans le vent. Le vent froid avait une odeur piquante, mais Chen Xing discerna une autre senteur, légère et inquiétante.

C’était… l’odeur nauséabonde de cadavres !

Les Akeles crièrent fort dans la langue xiongnu. Xiang Shu dit quelque chose avec colère au roi Akele, qui paniqua aussitôt. Ils marchèrent dans la neige et se mirent en formation de combat. Immédiatement après, Xiang Shu tourna la tête, tira son arc et décocha la première flèche vers la tempête de neige !

Un cri angoissé retentit, suivi d’un hurlement misérable d’un guerrier Akele, qui fut jeté à terre par un cadavre vivant surgi de l’obscurité.

« Pourquoi sont-ils ici aussi ? » cria Chen Xing.

Xiang Shu hurla : « Retirez-vous sur la berge ! Chen Xing, pars en premier ! »

Chen Xing : « Je ne le ferai pas ! Pourquoi le devrais-je ? »

En un instant, Xiang Shu balaya les environs et déclara froidement : « Les Akeles savent depuis longtemps qu’il y a des démons de la sécheresse dans le Nord. »

« Quoi ? » Chen Xing regarda, abasourdi, et réalisa que la situation était en effet suspecte. Lorsque les Akeles virent les démons de la sécheresse, non seulement ils ne paniquèrent pas, mais ils battirent en retraite tout en tirant des flèches, comme s’ils avaient déjà combattu ces créatures.

Comme il était difficile d’allumer des torches dans la tempête de neige, tout était plongé dans l’obscurité. Le camp tomba aux mains de l’ennemi, des appels et des cris de douleur retentirent, et personne ne savait combien de cadavres vivants les entouraient, tapis dans la nuit noire. Chen Xing alluma immédiatement la lampe du cœur, éclairant une petite zone devant lui.

Il y avait des milliers de cadavres vivants ! Et il ignorait combien d’autres se cachaient derrière, prêts à fondre dans la neige.

Heureusement, parce que Xiang Shu avait posé son oreille sur l’oreiller en bois, il avait détecté le tremblement du sol. Sinon, s’il s’en était rendu compte un peu plus tard, le camp des Akeles n’aurait pas échappé à l’assaut des cadavres vivants.

Quelqu’un souffla dans une corne à l’intérieur du camp, et les Xiongnus fuirent en vagues successives. Le roi Akele mit le feu aux tentes, les flammes illuminèrent le ciel, gênant les mouvements des cadavres vivants. Chen Xing écarta les mains, et en un instant, un rayon de lumière jaillit. Les cadavres vivants attaquants reculèrent d’abord, poussèrent un cri sauvage, puis recommencèrent à traquer les Akeles dispersés !

Xiang Shu décocha ses flèches successivement, et Chen Xing lança un sort. Comme une pluie torrentielle, des flèches brillantes transpercèrent le groupe de cadavres vivants, dégageant la zone devant les deux hommes. Lorsque son carquois fut enfin vide, Xiang Shu saisit sa grande épée et balaya l’espace devant lui. Chen Xing attrapa les rênes d’un cheval en criant : « Monte sur le cheval !»

Xiang Shu monta sur le cheval, et Chen Xing déclara : « Tu veux toujours me dire de me cacher ? Tu peux tuer l’ennemi si je me cache, hein ? »

« Tais-toi ! » hurla Xiang Shu. « Va secourir les gens ! Dépêche-toi ! »

Chen Xing contrôlait le cheval ; dans la tempête de neige, il était difficile de voir quoi que ce soit, et le cheval xiongnu, de nature féroce, s’agita, effrayé. Chen Xing dit : « Ce cheval n’écoute pas les ordres, ah ! »

Xiang Shu encercla la taille de Chen Xing de son bras gauche, saisit les rênes, puis chargea dans le groupe de cadavres vivants. Les cadavres vivants poursuivaient les Akeles à l’arrière du groupe en retraite. Voyant que les femmes et les enfants de tous âges, qui couraient à pied, allaient être rapidement rattrapés, Xiang Shu s’écria soudain : « Lumière ! »

Chen Xing posa sa main sur la main droite de Xiang Shu, qui tenait l’épée, et y injecta la lumière de la lampe du cœur. Une lumière brillante jaillit soudain de la lourde épée, illuminant la nuit noire !

La lumière était plus éblouissante que jamais, et lorsque Xiang Shu agita son épée, une onde de choc éclata, renversant immédiatement le groupe de cadavres vivants devant lui !

Xiang Shu arrêta soudain son cheval et descendit sur la berge. Les Akeles s’étaient déjà enfuis au bord de la rivière Xarusgol. Xiang Shu attrapa le roi Akele par le col et l’interrogea avec colère, vidant le visage du roi de toute couleur.

Chen Xing : « Que se passe-t-il ? Laisse-le partir ! Les démons de la sécheresse reviennent ! »

Xiang Shu relâcha le roi Akele. Il ramassa une corde, la mit sur son épaule, puis pointa vers son dos, suggérant de se dépêcher et de traverser la rivière. Chen Xing, à côté de Xiang Shu, forma un cercle avec ses mains et commença à lancer des sorts, libérant la lampe du cœur. Soudain, depuis la rive sud de la rivière Xarusgol, un cri en langue tiele se fit entendre.

« Les renforts arrivent ! » dit Chen Xing. « Continuons-nous à nous battre ? »

Xiang Shu ordonna : « Retire-toi ! » Peu après, il attacha une extrémité de la corde autour de sa taille et lança l’autre extrémité à Chen Xing.

« Le temps de ta vengeance est venu ! » déclara Xiang Shu. « Lâche la si tu veux jouer avec moi ! »

Chen Xing tenait la corde, le visage déconcerté.

Les Akeles se retirèrent successivement à travers la rivière gelée, tandis que les cadavres vivants glissaient sur la glace, les poursuivant. Chen Xing se retira sur la rive sud et vit Xiang Shu courir plusieurs pas. Avec un pied sur un rocher de la berge, il sortit sa lourde épée, pivota son corps, puis se retourna complètement. Il balança l’épée avec toute sa force et brisa la glace avec un fracas assourdissant !

Le son résonna dans les tympans de Chen Xing, lui faisant mal. En un instant, la surface de la glace se fissura comme une toile d’araignée, puis éclata en morceaux. L’eau jaillit, projetant des flèches liquides et bloquant le chemin des cadavres vivants.

Chen Xing attrapa immédiatement la corde et tira frénétiquement. Il traîna Xiang Shu, qui était tombé dans l’eau glacée, et cria : « Tu es fou ! »

Xiang Shu surgit hors de l’eau, un sourire impitoyable et barbare aux lèvres. Tous deux tournèrent la tête vers l’eau et virent les cadavres vivants, jusque-là imparables, tomber dans l’eau l’un après l’autre. Ils ignoraient encore combien en restaient sur la rive nord, mais ils aperçurent bientôt un cadavre vivant d’une hauteur atteignant presque neuf chi, debout au bord de la rivière. Le cadavre était drapé dans une armure de cuir xiongnu et tenait un cimeterre à la main ; il semblait être le chef des cadavres vivants.

Chen Xing : « …… »

Les Tiele et les Xiongnus, appelés en renfort avec des chevaux et des chariots, étaient déjà arrivés. Avec toute la tribu Akele derrière eux, ils se retirèrent vers le sud. En un rien de temps, la tempête de neige recouvrit la zone, obstruant leur champ de vision.

Pourquoi les démons de la sécheresse étaient-ils ici aussi ? Lorsqu’il aperçut soudainement les démons de la sécheresse, le cœur de Chen Xing avait manqué un battement.

Juste un instant après que Xiang Shu fût tombé dans l’eau, ses cheveux et ses sourcils se couvrirent de morceaux de glace. Chen Xing n’eut plus le temps de poser des questions sur les Akeles. À toute vitesse, il installa Xiang Shu dans le chariot à la fin de la file et ordonna : « Allez ! Retournons à Chi Le Chuan ! »

Xiang Shu prit une profonde inspiration, mais ne put s’empêcher de frissonner. Chen Xing jeta rapidement le manteau de fourrure trempé de Xiang Shu, lui ôta ses vêtements, et essuya son corps en premier. Puis, il enleva sa propre robe extérieure, mais, doutant de son efficacité, se débarrassa également de ses vêtements intérieurs. Ne portant que son sous-vêtement, il souleva une couverture et se serra contre la poitrine de Xiang Shu, les enveloppant tous les deux dedans.

Xiang Shu enlaça immédiatement Chen Xing, enfouissant sa tête dans son épaule. Chen Xing cria : «Mon dieu ! Tellement froid, aaaaaaah ! »

La peau de Xiang Shu était glacée au-delà de toute comparaison ; il aurait pu être gelé. Le corps de Chen Xing, en revanche, était chaud, et étant embrassé par Xiang Shu de cette manière, il n’eut d’autre choix que de le supporter.

« Hu… » Xiang Shu inspira lentement.

Chen Xing tapota continuellement sa poitrine pour protéger son pouls tandis que Xiang Shu continuait d’inspirer et d’expirer. Après un court moment, il récupéra, son corps se réchauffant progressivement.

Chen Xing toucha le dos et les épaules de Xiang Shu tout en appuyant sa joue contre sa poitrine. Le vent froid à l’extérieur du chariot ouvert soufflait violemment. Chen Xing sentit à nouveau les cils de Xiang Shu, encore couverts de morceaux de glace, et pensa : Les cils de ce gars sont si longs, comme ceux d’une fille.

Xiang Shu relâcha Chen Xing un instant plus tard et déclara : « Bien, je survivrai. »

Sans expression, Chen Xing répondit : « J’aurais vraiment dû profiter du moment où tu étais encore gelé pour me venger en te battant. »

Xiang Shu : « Alors bats-moi maintenant ? Je ne riposterai pas. »

Chen Xing demanda : « Tu ne vas vraiment pas riposter ? »

Xiang Shu : « Maintenant, je ne le ferai pas, mais quand nous atteindrons Chi Le Chuan, je riposterai.»

Chen Xing : « …… »

Chen Xing sortit la tête de la couverture et jeta un coup d’œil à l’extérieur. Il regarda le groupe de chariots devant lui et demanda : « Pourquoi y a-t-il des démons de la sécheresse dans cet endroit ? Qui va me donner une explication ? »

Xiang Shu prit la tête de Chen Xing et l’enfonça dans la couverture, lui faisant signe de dormir. « Tu le sauras une fois que nous aurons atteint Chi Le Chuan. »

*

Après avoir voyagé pendant près de quatre shichen, le groupe de chariots arriva enfin à Chi Le Chuan. Dès que Xiang Shu descendit du chariot, la première chose qu’il fit fut de saisir la robe du roi Akele, de le traîner à l’intérieur de la tente royale, puis d’ordonner à tous les chefs tribaux de l’Ancienne Alliance de se réunir.

Du côté nord de Chi Le Chuan, comme s’ils devaient faire face à un grand ennemi, chaque cavalerie tribale se rassembla à l’extérieur de la plaine tout en envoyant des troupes supplémentaires patrouiller. Les barrières anti-cavalerie furent installées. Au milieu de la violente tempête de neige, les archers, leurs carquois prêts sur le dos, tenaient des torches allumées, en embuscade devant le camp, tandis que les éclaireurs étaient envoyés pour enquêter sur les mouvements suspects le long de la rivière Xarusgol.

À l’intérieur de la tente, une querelle si intense qu’elle aurait pu bouleverser le ciel éclata. Les chefs tribaux étaient tous en désaccord, incapables de communiquer entre eux, s’interrogeant et se maudissant à parts égales. Le visage du roi Akele ressemblait à une braise mourante, tandis que Xiang Shu, venant de revêtir ses habits royaux, s’assit silencieusement sur son siège de Grand Chanyu et écouta.

En les écoutant, Chen Xing comprit peu à peu la situation, mais plus il écoutait, plus il se sentait alarmé.

*

La vérité était que le roi Akele avait été attaqué par des cadavres vivants il y avait un demi-mois dans la partie orientale de la région de Barkol, ce qui les avait poussés à se retirer en panique vers Chi Le Chuan. Pourtant, chaque fois que quelqu’un posait une question, le roi Akele ne répondait que par une seule phrase ; il était clair qu’il refusait d’en dire plus.

« Pourquoi n’êtes-vous pas plus précis sur ce sujet ? » demanda furieusement le chef Loufan.

Le chef Tiele ajouta : « Lorsque le Grand Chanyu a appris que votre tribu était encerclée, il a conduit ses hommes à vous aider sans hésitation. Et c’est ainsi que vous remerciez Chi Le Chuan ?! »

« Je ne pensais pas qu’ils viendraient ici ! » répondit le roi Akele. « Comment aurais-je pu imaginer que ce groupe de fantômes des montagnes nous poursuivrait sans relâche, refusant de lâcher prise ?»

Che Luofeng, le visage rouge et enflé après avoir été frappé par Xiang Shu, se réjouit de son malheur et ricana plusieurs fois. Xiang Shu lui lança un regard menaçant, lui ordonnant de se tenir tranquille.

Chen Xing, utilisant la langue han, demanda : « Roi Akele, puisque vous le saviez depuis le début, dites-moi : l’apparition de ce groupe de cadavres vivants doit avoir un lien avec vous. Si vous ne clarifiez pas les choses maintenant, quand ils reviendront plus tard, comment les traiterons-nous ? »

Pourquoi étaient-ils si persistants à aller vers le sud ? Quel était leur but ?
Même après y avoir réfléchi des centaines de fois, Chen Xing ne trouvait toujours pas la réponse.
D'où venaient-ils ? Et où allaient-ils ?
D'innombrables questions tourbillonnaient dans l'esprit de Chen Xing.

"Xiang Shu," dit Chen Xing en fronçant les sourcils, perdu dans ses pensées. "Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment qu'il existe un lien entre l'origine de ce groupe d'ennemis de la sécheresse et le mont Erchilun, cette région où, selon la légende Xiongnu, le dragon serait tombé. Nous devons partir dès que possible et nous diriger vers le Nord."

Du pied des monts Yin, une corne retentit soudain.

Xiang Shu déclara : "Repoussons-les d'abord, nous parlerons du reste plus tard ! Préparez-vous ! Préparez-vous à vous battre !"

La neige cessa. Sur la plaine glacée qui s'étendait à perte de vue, un nombre incalculable de cadavres vivants, vêtus d'armures usées et rouillées, pataugeaient dans la neige et se précipitèrent vers Chi Le Chuan !

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

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